Antoine Maurice Poulitou naît le 8 novembre 1878 à Bordeaux (Gironde). Il est le fils de Françoise Rosalie Lanuza et de son époux, Mathieu Poulitou, employé.
Militaire de carrière, Poulitou est affecté au 53e régiment d’infanterie de ligne en garnison à Tarbes (Tarn). Puis, à partir de 1905, il est sergent instructeur à l’École normale de gymnastique à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).
Il est sélectionné pour participer, le 10 septembre 1905 à la traversée de Paris organisée par le quotidien sportif L'Auto et la Société d'encouragement à la natation. Qualifiée d’épreuve « monstre » dans la presse, elle se nage sur 12 kilomètres entre le pont National et le viaduc d'Auteuil et jouit d’une couverture médiatique considérable. Sept nageurs et une nageuse y sont inscrits, venant de Grande-Bretagne d’Australie ou de France. L'Auto décrit ainsi Poulitou, nouveau venu dans les courses de fond : « un gaillard de tout premier ordre, un homme courageux par excellence, qui représentera l'Ecole de Joinville où il est attaché, sa bonne ville natale Bordeaux et... la France, bien entendu ! » Un autre quotidien, La Croix, estime qu’il est « l'un des meilleurs moniteurs de notre Ecole nationale de Joinville. »
S’il est le seul joinvillais à nager, deux autres athlètes de la commune sont présents dans les bateaux suiveurs d’autres nageurs, les frères Lavogade. Les journaux mentionnent que Poulitou s’entraînait avec ardeur et était dans forme splendide. Cependant, après une heure et demi de course, Poulitou abandonne et monte à bord du bateau suiveur alors qu’il est au niveau du pont au Change, au tiers du parcours. La raison donnée officiellement est qu’il est « à bout de forces ». Cependant, la plus grande partie des journaux veut croire à une autre raison : c’est contre son gré que Poulitou est obligé de s'arrêter. Un capitaine de l'Ecole militaire de Joinville lui aurait ordonné d’arrêter, sur ordre venu du ministère la Guerre, car il aurait négligé de demander à ses chefs, avant de se mettre l’eau, une autorisation régulière lui permettant de prendre part à la course.
Entraîneur dans divers sports (boxe, gymnastique), Poulitou participe également à la préparation militaire, par exemple avec la société Le Jeune Soldat en 1906. Il assume également des responsabilités dans divers clubs, devenant en 1906 membre du comité du Cercle Athlétique de Paris et trésorier de la Société athlétique de Joinville.
Installé avenue Jamin, dans le quartier de Polangis, Poulitou épouse en juillet 1907 à Joinville Élise Mahé, qui vient du quartier voisin de Palissy.
Sans avoir d’engagement politique connu, Poulitou fréquente de nombreux radicaux-socialistes, par exemple Albert Gallas, président de la Société athlétique de Joinville et du comité radical-socialiste de la ville.
Comme nombre de ces derniers, Poulitou est franc-maçon, à l’instar d’ailleurs de bien des officiers et sous-officiers de l’école de Joinville. Le quotidien d’extrême droite La Libre Parole en recense sept en 1912. C’est d’ailleurs le lieutenant Paul-André Giansilj qui est le vénérable de la loge Germinal, installée rue Transversale à Joinville, à laquelle Poulitou est affilié. En avril 1908, il présente un rapport sur « Les productions coloniales et l’intérêt qu’elles présentent pour la métropole » au temple d’une autre loge, La Solidarité nogentaise, à Nogent-sur-Marne.
Devenu adjudant, Poulitou lance début septembre 1911 une section d'éducation militaire préparatoire à la Société d'enseignement moderne de Paris (12e arr.), initiative remarquée par la grande presse. Il meurt cependant quelques jours plus tard. Le lieu et la date exacte de son décès ne sont pas connus ; il avait 32 ans et n’avait pas eu d’enfant.
Décoré d’une médaille de bronze pour le sauvetage de trois personnes en danger de se noyer (deux en 1905 au Perreux et une l’année suivante à Joinville), Poulitou avait également obtenu en 1910 les Palmes académiques, en tant qu’officier d’académie. Il avait aussi reçu la même année la médaille d'honneur de la Ligue du bien public.

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