Suite de la biographie de Jean Béal.
Revenu à Joinville-le-Pont en 1923, Béal y exploite un café 1, rue du Canal. Il est de nouveau condamné en février 1926 à une amende pour défaut d’indication de degré d’alcoolémie sur le vin qu’il vend. Après le décès de son épouse en avril 1929, Jean Béal se remarie avec Mathilde Goursat, hôtelière, en avril 1932 à Joinville.
Tribut payé à son origine, Jean Béal est président de l’Amicale auvergnate de Joinville, société active entre 1931 et 1938, organisant des bals et sorties champêtres.
C’est lors des élections municipales de mai 1929 que Jean Béal débute son engagement politique public. Il est candidat sur la liste de Concentration des gauches, conduite par Georges Briolay, comprenant des radicaux-socialistes, des socialistes SFIO et des socialistes indépendants. Elle s’oppose à une liste de la majorité municipale sortante, se revendiquant de l’Union nationale et conduite par le maire, Stephen Durande, et à une liste communiste, pilotée par Roger Bénenson. Le cartel des gauches arrive en seconde position avec 35,9%, derrière la droite à 42,6% et les communistes, 16,0%. Béal obtient 758 voix sur 2 126 suffrages exprimés (35,7%) pour 2 969 inscrits. Au second tour, malgré le maintien des communistes, les gauches emportent 22 sièges sur 27, grâce à un apport d’une partie des voix communistes et de celles des indépendants. Briolay devient maire et Béal est élu conseiller municipal.
Au sein du conseil, Béal polémique avec Paul Hainsselin au sujet du curage du canal, appelé rivière de Polangis. Béal veut que les riverains participent aux frais de ce curage, tandis qu’Hainsselin considère que c’est une question de salubrité qui intéresse tous les habitants, pas seulement les riverains.
Lors de l’élection cantonale de janvier 1933, Béal soutient le maire radical-socialiste de Joinville, Briolay, contre le maire modéré de Créteil, Prieur, qui l’emporte. Mais dans le courant de l’année, il se désolidarise de la gestion municipale, s’inquiétant de dépenses d’équipements et votant contre le budget pour 1934, adopté finalement par 9 voix contre 6 (Provin, Galabert, Béal, Caillon, Hainsselin, Lecuirot) dans une assemblée marquée par de nombreuses défections. Béal fait partie de la commission du bureau de bienfaisance.
En avril 1935, Béal est avec René Kirbühler, président et Frédéric Bautsch, conseiller municipal, l’un des fondateurs de l’Union des républicains de Joinville, association qui lance un appel à la séparation de l’administration municipale et de la politique mais dans le même temps publie un communiqué « se souvenant des fusillades du 6 février, des scandales Stavisky et autres dans lesquels figurent des députés, des magistrats, d’anciens ministres, tous radicaux et maçons, [l’Union des républicains de Joinville] a décidé de rompre l’union précédemment établie avec les radicaux pour faire une liste composée en totalité d’éléments modérés et nationaux ». Le programme de la liste prévoit une diminution des charges écrasantes, l’atténuation des dépenses publiques, une simplification des rouages administratifs et l’application des lois sociales.
Lors d’une des dernières séances du conseil avant son renouvellement en janvier 1935, un très vif échange a lieu entre la municipalité et quatre élus qui vont rejoindre l’Union des républicains (Béal, Caillon, Herluison et Lesestre) à propos du dépassement de crédit dans la construction du magasin et des ateliers communaux, ce qui provoque un renvoi en commission de ce projet.
La liste de l’Union des républicains est conduite par Bautsch, Béal figurant en second. Elle arrive en tête, avec 32,6%, devançant les gauches radicales de Briolay, 26,7%, la liste communiste de Robert Deloche, 23,5% et les socialistes SFIO, 12,3%. Béal recueille 948 votes sur 2 856 suffrages exprimés (3,2%) pour 2 923 votants et 3 433 inscrits.
Malgré l’union des communistes et des socialistes, la droite emporte 25 des 27 sièges à pourvoir au second tour avec 39,8%, en devançant l’union de la gauche (36,6%), les radicaux étant réduits à 19,5%. Béal est élu avec 1 157 voix sur 2 899 exprimées (39,9%) pour 2 924 votants.
Bien que Bautsch ait été le leader de la liste de droite, c’est Émile Lesestre qui est élu maire. Béal devient le troisième adjoint au maire, avec Charles Chaussée, Louis Caillon et Kirbühler. Il est en charge des garages, des ateliers, de l’octroi et des marchés d’alimentation.
Continuant à jouer un rôle politique, Béal est désigné comme électeur sénatorial en octobre 1935 et en mars 1938. Il participe en janvier de cette année-là, à une délégation de la fédération des usagers de la ligne de la Bastille, présentée par André Parsal, député communiste de la circonscription, qui réclame la modernisation de cette voie ferroviaire, menacée de fermeture par la STCRP, société gérant les transports urbains. Il fait partie de la commission tentant de convaincre le préfet de ne pas obliger la commune à rembourser les emprunts souscrits par une société d’habitations à bon marché, ayant construit le groupe Égalité à Palissy avant de faire faillite.
En novembre 1941, Béal participe aux activités du Comité local d’assistance aux prisonniers de guerre et à Noël de la même année, il contribue à l’organisation du Noël du maréchal, sous l’égide du Secours national d’entraide mis en place par le régime de Vichy.
Le renouvellement du conseil municipal, décidé par arrêté préfectoral du 20 février 1942, puis celui de la municipalité, par décret du 21 le même mois, voit Béal rester à son poste. Il est toujours actif en juillet 1944, assurant, au nom de la municipalité, la distribution des prix aux enfants des écoles.
Le rôle de Béal sous l’occupation fait qu’il est arrêté par le comité local de Libération le 25 août 1944 en même temps que Lesestre, Bautsch, Kirbühler et Chaussée. Ils sont transférés au camp de Drancy. A. Dély, secrétaire du Comité d’épuration de Joinville-le-Pont, qui dépend du comité local de Libération, écrit le 13 mars 1945 une lettre à Georges Marrane, président du comité parisien de la Libération, dans laquelle il conteste leur libération qu’il trouve « pour le moins prématurée. »
Jean Béal meurt le 8 septembre 1952 à Nandy (Seine-et-Marne). Il était âgé de 69 ans et avait trois enfants de son premier mariage. Il était décoré des palmes académiques en tant qu’officier d’académie pour services rendus aux œuvres scolaires et post-scolaires depuis février 1938.

Jean Béal en 1943
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