Charles Alexandre Lavogade naît le 4 décembre 1883 à Paris (20e arr.). Il est le fils d’Eugénie Larue, couturière et de son mari, Charles Marie Raphaël Lavogade, bijoutier. Aîné d’une grande famille, puisqu’elle compte 11 enfants, Charlot Lavogade se marie civilement en août 1904 à Paris (3e arr.) avec Blanche Marie Leschot. Son père et son beau-père, Charles Leschot, sont tous deux membres du groupe d'études sociales du 4e arrondissement, affilié au Parti socialiste français après l’avoir été au Parti ouvrier socialiste révolutionnaire, et qui rejoindra la SFIO l’an suivant.
Suivant sa famille à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), vers 1900, Charlot Lavogade exerce le métier de bijoutier, à l’instar de son père et de ses trois frères Alexandre dit Bébé, Maurice et Simon. Il est sportif, participant par exemple à un cross cyclo-pédestre à Champigny-sur-Marne en mars 1903. Cependant, contrairement aux autres garçons de la famille, il n’est pas un champion de natation. Il participe cependant en août 1913 à une compétition entre familles sportives qui se déroule à Joinville. Les quatre frères Lavogade sont opposés lors d’un match d'une demi-heure à l'américaine aux quatre frères Hanouet sur une distance de 1 700 mètres. Ce sont ces derniers qui l’emportent de quinze mètres.
Spécialisé dans la bijouterie en or, l’atelier de Lavogade se situe rue Chapon à Paris (3e arr.). Il utilise pour symbole de son poinçon un compas
Résidant boulevard de l'Union au Plessis-Robinson (Seine, act. Hauts-de-Seine) depuis 1925, Charlot Lavogade est un militant actif au sein de la section socialiste SFIO de la commune au moins depuis 1929. Il est candidat lors des élections municipales complémentaires de juin 1934 aux côtés de E. Jacque, représentant de commerce et secrétaire de la section socialiste, de J. Piétri, comptable et trésorier de la section ainsi que de P. Salomon, typographe et syndicaliste. La liste socialiste obtient 124 voix, derrière celle de la majorité municipale (droite) qui en a 266, et la liste communiste avec 179. Elle devance les radicaux-socialistes (99) et les néo-socialistes (tendance Déat et Marquet, 76). Au second tour, la SFIO se désiste en faveur du Pcf, qui échoue cependant.
Lavogade est membre du conseil d'administration de la Caisse des écoles en 1934. Il est trésorier en 1935 de la section du Plessis-Robinson de la Ligue des droits de l'Homme, présidée par Vaillant et dont le doyen est le militant libertaire Jean Grave.
Après le décès de son épouse en juin 1936, Lavogade se remarie à Chatenay-Malabry avec Germaine Clarisse Angéline Bonneau en mai 1937. Il meurt Paris (14e arr.) le 14 janvier 1960. Il était âgé de 76 ans.
Il avait eu trois enfants de son premier mariage. Sa fille aînée, Charlotte, épousera Maurice Henri Cadot, maire socialiste d’Aulnay-sous-Bois (Seine-et-Oise act. Seine-Saint-Denis) en 1964.
Charles Marie Raphaël Lavogade naît le 14 mai 1857 à Paris (12e arr.). Il est le fils de Marie Clémentine Charpy, lingère, et de son époux Raphaël Simon Lavogade, garçon de magasin. La famille compte huit enfants.
Devenu bijoutier, spécialisé dans le montage de boîtes de montres, Charles Lavogade a pour symbole de son poinçon un marteau. Il se marie en février 1883 à Paris (11e arr.) avec Eugénie Larue. Ils auront onze enfants. Ils vivent dans les 20e, 19e, 4e puis 3e arrondissements de la capitale.
En décembre 1895, Lavogade répond à l’appel du quotidien La Petite République et organise une souscription en faveur des verriers de Carmaux en grève, qui fonderont avec le produit des sommes récoltées la Verrerie ouvrière d’Albi.
Il participe à la société coopérative de consommation Le Marais, accueillant en octobre 1896 la visite de délégués anglais, belges, hollandais et russes participant au deuxième congrès de l’Alliance coopérative internationale. Au début du même mois, il avait pris part, avec sa coopérative, à la fondation de l’Association générale de production alimentaire, société coopérative d'agriculteurs, de pêcheurs et d'ouvriers ferblantiers constituée à Pontoise.
En 1904, Lavogade est membre du groupe d'études sociales du 4e arrondissement, affilié au Parti ouvrier socialiste révolutionnaire (POSR). Fonctionnant déjà en 1890, le Groupe d'études sociales et de fraternité s’était transformé en 1896 en comité central électoral pour tout l'arrondissement. Le POSR, qui a rejoint le Parti socialiste français prend part à ce titre à la fondation de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) en 1905.
Tout en conservant sa bijouterie dans le quartier du Marais, rue des Francs-Bourgeois, la famille Lavogade s’installe à Joinville-le-Pont vers 1900, d’abord avenue de Palissy, dans le quartier du même nom puis dans le quartier de Polangis, toujours sur la rive gauche de la Marne, avenue Galliéni.
Les quatre fils de Charles Lavogade (Charles dit Charlot, Alexandre dit Bébé, Maurice et Simon) seront, comme lui-même, bijoutiers et auront des responsabilités associatives. Trois d’entre eux seront des sportifs de haut niveau, principalement en natation (Bébé, Maurice et Simon) et deux auront un engagement politique socialiste (Charlot) et communiste (Bébé). Parmi ses petits-enfants, Simon s’engagera dans les Brigades internationales en 1938 pendant la guerre civile espagnole ; Denis sera fusillé pour faits de résistance en 1943 ; Charlotte épousera Maurice Henri Cadot, maire socialiste d’Aulnay-sous-Bois (Seine-et-Oise act. Seine-Saint-Denis) en 1964. Son arrière-arrière-petite-fille, Delphine, militante communiste, est élue conseillère municipale d’Arcueil (Val-de-Marne) en 2014.
Charles Marie Raphaël Lavogade meurt le 7 mars 1931 à Joinville. Il était âgé de 73 ans.
Si l’on peut suivre la famille Lavogade sur onze générations, entre le 17e siècle et 2014, son origine n’est pas documentée. On peut cependant supposer, le nom Lavogade étant également présent au Brésil, une filiation portugaise, possiblement marrane. En effet, plusieurs indices laissent penser que les Lavogade ont une ascendance juive : ils vivent à Paris dans le quartier du Marais et l’un d’eux témoigne qu’en 1942, il « évite de justesse la rafle du Vél’ d'Hiv'. »
L’ancêtre commun, Jean Lavogade meurt comme son épouse, Antoinette Gentidol, avant 1706. Son fils, Nicolas, est tisserand dans le grand bourg champenois d’Arcis-sur-Aube (Aube), où il épouse, en mai 1706 Anne Bajot. L’aîné de ses six enfants, prénommé également Nicolas, naît le 19 août 1707 à Arcis-sur-Aube. Il exerce le métier de compagnon drapier et s’y marie en août 1730 Nicole Brunelot. Il signe « Nicolas de Lavogad ». Le couple aura environ 17 enfants, dont 9 au moins seraient morts en bas âge ; il s’installe à Troyes (Aube).
Son fils Denis voit le jour le 9 juillet 1743 à Troyes. Il y résidera et sera fabricant de bas. Marié à trois reprises, en 1779 avec Anne Drouard, en 1788 avec Rose Grand-Jeanny puis en avril 1796 à Troyes avec Marie Jeanne Gouley, il aura une douzaine d’enfants avec ses deux dernières épouses.
Simon, fils de Denis et de Rose Grand-Jeanny, né le 13 octobre 1793 à Troyes, exerce la profession de bonnetier. Il épouse Marie Barbe Laisné et s’installe à Paris dans le quartier du Panthéon où il meurt le 16 août 1847.
C’est la descendance de Raphaël, fils aîné de Simon qui deviendra ensuite active sur les plans politique, social et sportif. Lui-même est né à Paris le 25 janvier 1822. Il est graveur sur bois, vit rue Saint-Victor et se marie avec Marie Clémentine Charpy, mère de ses 8 enfants.
Charles Lavogade fut militant socialiste-révolutionnaire et coopérateur à Paris puis à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Ses quatre fils (Charles dit Charlot, Alexandre dit Bébé, Maurice et Simon) seront, comme lui-même, bijoutiers et auront des responsabilités associatives. Trois d’entre eux seront des sportifs de haut niveau, principalement en natation (Bébé, Maurice et Simon) et deux auront un engagement politique socialiste (Charlot) et communiste (Bébé). Parmi ses petits-enfants, Simon s’engagera dans les Brigades internationales en 1938 pendant la guerre civile espagnole ; Denis sera fusillé pour faits de résistance en 1943 ; Charlotte épousera Maurice Henri Cadot, maire socialiste d’Aulnay-sous-Bois (Seine-et-Oise act. Seine-Saint-Denis) en 1964. Son arrière-arrière-petite-fille, Delphine, militante communiste, est élue conseillère municipale d’Arcueil (Val-de-Marne) en 2014.
Nous examinerons leurs parcours dans de prochains articles.
Romain Yves Le Gallou naît le 16 octobre 1898 à Paris (14e arr.). Ses parents, Marie Anne Le Ray et Jean Marie Le Gallou, tous deux d’origine bretonne, résident à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Sa mère est infirmière et son père cheminot. Ils vivent d’abord rue des Marronniers dans le quartier du Centre de la commune puis avenue Ratel, dans le quartier de Polangis.
Alors mécanicien ajusteur, Le Gallou est mobilisé par anticipation dès avril 1917 et affecté dans son métier au 3e régiment d’artillerie coloniale. Hospitalisé plusieurs mois début 1918, il est réformé en octobre de la même année et classé dans un service auxiliaire à Dijon.
Revenu de l’armée, Le Gallou épouse Maria Eydieux à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne) et devient bijoutier.
Il est candidat en 1925, à 26 ans, sur la liste Union républicaine pour la défense des intérêts communaux, conduite par le maire sortant, Henri Vel-Durand, qui rassemble des radicaux dissidents et des personnalités libérales et conservatrices. Elle s’oppose à une liste de cartel des gauches, conduite par Georges Briolay, regroupant des radicaux-socialistes, des socialistes SFIO et des socialistes indépendants, ainsi qu’à une liste communiste. Au premier tour, l’Union républicaine a 1080 voix en moyenne, soit 47,5% des suffrages exprimés. Avec 1078 voix au second tour, la liste emporte les 27 sièges face au cartel des gauches, les communistes, qui avaient recueilli 21,1% des voix, s’étant retirés.
En décembre 1926, avec deux autres conseillers municipaux, Maurice Richard-Cugnet et Lucien Barberolle, Le Gallou s’oppose à la réfection de l’église Saint-Charles, principal lieu de culte de la ville.
Romain Yves et Maria Le Gallou ont eu une fille en 1923. La date de décès de Romain Yves Le Gallou n’est pas connue.
Eugène Alexandre Duhamel naît le 5 décembre 1863 à Rouen (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime), sur l’Île Lacroix. Il est le fils de Léonie Joséphine Duhamel, couturière, et d’un père non dénommé.
Il épouse en mai 1896 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) Catherine Madeleine Perchet, fille d’un marchand d’armement et futur conseiller municipal, Pierre Perchet. Son épouse sera membre, lors de sa fondation en 1902, de la section locale de la Société de l'allaitement maternel, principale association humanitaire à Joinville, composée principalement de femmes de notables.
Duhamel travaille en tant qu’opticien. En 1901, il est employé à la Société des lunetiers. La SL est l’ancêtre du groupe Essilor, fondée en tant que coopérative en 1849 avant d’évoluer progressivement vers une structure de société plus classique. Il est hébergé en 1901 à Joinville par un autre opticien de la Société des lunetiers, Paul Jean Bénit.
Plusieurs personnalités locales de Joinville-le-Pont ont été associés à la Société des lunetiers, notamment Francois Blaize, une des coopérateurs-fondateurs et conseiller municipal ; Eugène Videpied et Pierre Jules Tireau, militants radicaux-socialistes ; Maurice Poitevin, tué lors de la première guerre mondiale ; Émile Cornu et Paul Jean Bénit. Plus tard, Bernard Maitenaz, également joinvillais, sera aussi un des piliers d’Essilor, qui héritera une unité industrielle dans la commune de son autre ancêtre, SILOR.
En 1911, toujours opticien, Duhamel est son propre patron.
Lors des élections municipales de novembre 1919 à Joinville, Duhamel est candidat sur la liste libérale et conservatrice dite Bloc indépendant, conduite par Jules Beauvais et Georges Bitterlin, conseillers sortants. La liste s’oppose au premier tour à celle d’Henri Vel-Durand, qui rassemble des radicaux dissidents, des radicaux-socialistes et des socialistes indépendants, et à celle de Georges Laruelle, soutenue par le parti socialiste SFIO. Duhamel recueille 397 voix sur 1694 suffrages exprimés (23,4%) pour 1715 votants et 2491 inscrits. La liste se retire au second tour, l’Union républicaine et sociale de Vel-Durand emportant les 23 sièges à pourvoir.
Eugène Alexandre Duhamel meurt le 11 novembre 1946 à Joinville. il était âgé de 82 ans. Il avait eu deux filles.
Émile Auguste Cornu naît le 10 juillet 1889 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Louise Augustine Labiche, institutrice, et de son époux, le sculpteur Charles Émile Cornu.
Résidant avec sa famille pendant la première guerre mondiale à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), Émile Cornu est mobilisé, avec le grade de caporal, au sein du 4e régiment d’infanterie, où il est cité à l’ordre du régiment en septembre 1916.
Cornu va travailler dans la lunetterie comme son arrière-grand-père paternel, Louis Charlemagne Lecourbe, et son grand-père maternel, Auguste Léonard Alphonse Labiche. À l’instar de ce dernier, il rejoint la Société des lunetiers où il sera chef vendeur en 1938. La Société des lunetiers (SL), est l’ancêtre du groupe Essilor, fondée en tant que coopérative en 1849 avant d’évoluer progressivement vers une structure de société plus classique.
Plusieurs personnalités locales de Joinville-le-Pont ont été associés à la Société des lunetiers, notamment Francois Blaize, une des coopérateurs-fondateurs et conseiller municipal ; Eugène Videpied et Pierre Jules Tireau, militants radicaux-socialistes ; Maurice Poitevin, tué lors de la première guerre mondiale ; Eugène Duhamel, candidat libéral. Plus tard, Bernard Maitenaz, également joinvillais, sera aussi un des piliers d’Essilor, qui héritera une unité industrielle dans la commune de son autre ancêtre, SILOR.
Émile Cornu épouse, en première noces, Marthe Blanche Courtellemont en février 1919 à Mantes (Seine-et-Oise, act. Yvelines). Il se remarie deux ans plus tard en juillet 1921 à Bois-Colombes (Seine, act. Hauts-de-Seine) avec Hélène Marie Popelin.
En juin 1930 Émile Cornu participe à une souscription en faveur des victimes des inondations du Midi.
Les sources existantes ne permettent pas de savoir si c’est lui – qui a 39 ans – ou son père, alors âgé de 69 ans, qui est candidat sur la liste de concentration républicaine, de tendance conservatrice, conduite par le maire sortant, Stephen Durande puis militant actif au sein du groupements de droite de la commune. On se référera à la notice concernant Charles Émile Cornu.
Détenteur de plusieurs décorations, Émile Cornu avait obtenu la croix de guerre en 1916 et une médaille d'argent du travail en 1938. Peut-être est-ce lui qui qui a été récipiendaire du mérite social en mars 1938 pour services rendus à la mutualité à Paris. Il résidait depuis 1930 rue de Créteil, dans le quartier du centre de Joinville.
Émile Cornu meurt le 7 mai 1964 à Créteil (Seine, act. Val-de-Marne). Il était âgé de 74 ans.
Charles Émile Cornu naît le 1er mai 1860 à Paris (20e arr.). Il est le fils de Louise Léonie Lecourbe, plumassière, et de son mari, Louis Auguste Émile Cornu, sculpteur.
Comme son père, Charles Cornu va être sculpteur, résidant dans l’Est parisien (rue de Belleville puis rue Oberkampf), épousant en août 1888 à Paris (3e arr.) Louise Augustine Labiche, institutrice. En 1892, il a obtenu le deuxième prix du concours de la Réunion des fabricants de bronze à Paris pour une Tête de faunesse. Il est principalement ornemaniste et s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il y réside en 1916 dans le quartier de Palissy, avenue Gille, une voie nommée d’après un autre sculpteur céramiste, Jean Marie Gille (1798-1868). Son fils Émile Auguste Cornu vit avec lui.
En juin 1930 Charles Cornu participe à une souscription en faveur des victimes des inondations du Midi.
Les sources existantes ne permettent pas de savoir si c’est lui – qui a 69 ans – ou son fils, alors âgé de 39 ans, qui est candidat sur la liste de concentration républicaine, de tendance conservatrice, conduite par le maire sortant, Stephen Durande. Devancée dès le premier tour par le Cartel des gauches (radicaux-socialistes, socialistes SFIO et socialistes indépendants) qui obtient 42,8% des suffrages exprimés, la liste de droite a 38,8% tandis que les communistes se situent à 18,4%. Au second tour, les communistes reculent à 12,5%, la concentration républicaine gagne 5 élus avec 41,6% des votes, les gauches en ayant 22 avec 45,9%. Cornu, qui n’est pas élu, avait recueilli au premier tour 877 voix pour 2126 exprimées (41,2%) sur 2969 inscrits.
En novembre 1932 Cornu est membre du Comité d’union républicaine et d’action sociale, dont Émile Lecuirot devient président, et qui rassemble la plupart des tendances de la droite et du centre-droit dans la ville. Il participe en février 1935 à la transformation du comité en Union des républicains, groupement à la vocation uniquement municipale. Cornu en est nommé archiviste. La nouvelle union va progressivement se situer plus à droite, rompant en avril 1935 l’union précédemment établie avec les radicaux-socialistes, à cause, selon elle « des fusillades du 6 février, des scandales Stavisky et autres dans lesquels figurent des députés, des magistrats, d’anciens ministres, tous radicaux et maçons. »
Toujours au nom de de l’Union des républicains, présidée par René Kirbühler, Cornu signe à la même date, un Appel à la séparation de l’administration municipale et de la politique, qui réclame la diminution des charges écrasantes, l’atténuation des dépenses publiques, la simplification des rouages administratifs et l’application des lois sociales.
On retrouve en mars 1936 Cornu en tant que membre d’un Comité de conciliation républicaine et de progrès social pour le travail et la paix qui soutient la candidature d’Adolphe Chéron, député radical indépendant et ancien ministre, pour les élections législatives ; il sera battu par le communiste André Parsal.
En mars 1938, Cornu fait partie des 12 électeurs sénatoriaux, tous de droite, délégués par le conseil municipal.
Charles Émile Cornu meurt le 12 janvier 1941. Il était âgé de 80 ans. Son décès est transcrit sur l’état-civil de Joinville-le-Pont.
Louis Étienne Lheureux naît le 24 juillet 1769 à Pont-de-Saint-Maur, bourg qui dépend de la paroisse Saint-Nicolas de Saint-Maur (act. Val-de-Marne). Il est le fils de Marguerite Rémi et de son époux Jean Lheureux.
Maçon et carrier, Étienne Lheureux exploite une petite entreprise qui compte au moins 6 personnes en 1822. Il épouse en octobre 1789 Louise Julie Rousseau, toujours dans la même paroisse dont elle est également native. Ils auront trois enfants.
Ses oncles vont jouer un rôle politique majeur dans la création de la commune de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, qui se sépare de Saint-Maur-des-Fossés en février 1790. Edme Lheureux (1733-1798) cultivateur et marchand de bois, est le fondateur et premier maire (1790-1791) ; son aîné Nicolas Lheureux (1730-1806), blanchisseur, est le troisième maire (1792-1793), succédant à Jean-Charles Contour.
C’est en mai 1818 qu’Étienne Lheureux va lui aussi commencer de siéger dans l’assemblée municipale. Le maire est alors Jean Joseph Robin (1769-1837), avocat et maire de 1817 à 1821. Il est ensuite remplacé par Claude Pierre Jacmart (1781-1862), marchand de bois, ancien maire de Villiers-sur-Marne (Seine-et-Oise, act. Val-de-Marne), puis maire de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur de 1821 à 1830.
Il est possible que le mandat d’Étienne Lheureux soit renouvelé en 1824. Il est en tout cas de nouveau conseiller municipal en septembre 1828, et a alors cessé son activité professionnelle. Pendant ce mandat, après la révolution de 1830, la commune décide de changer de nom, pour marquer un trait définitif sur les revendications de Saint-Maur-des-Fossés qui continue de souhaiter le regroupement dans une commune unique des deux parties de la paroisse.
Laurent Pinson (1788–1867), marchand de bois, maire élu en 1830 après la démission de son prédécesseur, mènera le processus à bien et La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur devient Joinville-le-Pont en 1831.
Louis Étienne Lheureux meurt le 20 janvier 1832 à Joinville-le-Pont. Il était âgé de 62 ans.
Son fils aîné, Étienne François Hyacinthe Lheureux marchand fruitier, avait été proposé en février 1830 pour remplacer un conseiller municipal décédé, Antoine Cornu, père de l’époux de sa sœur.
Signatures d'Edme, Nicolas et Louis Étienne Lheureux sur un document d'état-civil de 1791
Antoine Alexandre Liou naît le 18 mai 1876 à Bourg-la-Reine (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il est le fils d’Antoinette Marie Carron et de son époux Théodore Antoine Liou, employé d’octroi.
Il va exercer le même métier que son père, vivant avec lui à Bourg-la-Reine au début du 20e siècle. C’est dans cette même commune qu’il épouse en avril 1902 Henriette Jeanne Cuillerdier. Il se remarie, toujours à Bourg, en septembre 1909 trois mois après le décès de sa première épouse, avec Émilie Chapillon, blanchisseuse. Il avait reconnu deux semaines plus tôt pour son enfant une fille née de cette dernière en avril 1908.
Après la première guerre mondiale, Antoine Liou vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis. Il est candidat lors des élections municipales de novembre 1919 sur la liste d’Henri Vel-Durand, qui rassemble des radicaux dissidents, des radicaux-socialistes et des socialistes indépendants. Elle s’oppose à une liste socialiste SFIO et à une liste libérale et emporte les 23 sièges à pourvoir au second tour. Liou recueille 750 voix sur 1694 suffrages exprimés (44%) pour 1715 votants parmi 2491 inscrits au premier tour. Après ballotage, il l’emporte avec 966 votes pour 1518 exprimés (64%) et 1537 votants.
Il joue un rôle politique significatif, étant électeur sénatorial et participant, en avril 1923, à la constitution d’un Comité d’union et d’action républicaines, rassemblant des républicains de gauche, radicaux et socialistes indépendants. Il figure dans la commission de préparation du programme de ce nouveau groupement avec le maire, Henri Vel-Durand, Félix Soulié, négociant, Georges Piot, champion d’aviron et employé de banque ainsi que François Decrombecque, ouvrier mécanicien et athlète. Le programme, présenté en mai de la même année, préconise la défense des lois scolaires laïques, la création de retraites ouvrières, des lois protectrices de l’enfance, la compression des dépenses publiques surtout militaires. Le comité s’affiche « adversaire du communisme », mais se dit favorable au syndicalisme « s’il abandonne ses idées révolutionnaires » et s’affiche « opposé à la réaction royaliste. »
Ce comité sera, entre les deux guerres, la principale formation politique locale, se positionnant de plus en plus à droite au fil des années.
Lors des élections municipales de mai 1925, Liou est candidat en 5e position sur la liste Union républicaine pour la défense des intérêts communaux, qui comprend la majorité sortante, sauf les radicaux-socialistes et les socialistes indépendants, qui ont formé une liste de cartel des gauches. La liste obtient 1080 voix en moyenne, soit 47,5% des suffrages exprimés ; tous les candidats sont élus au second tour et Henri Vel-Durand est reconduit au poste de maire. Liou se démarque de la majorité à plusieurs reprises. En 1925, il vote contre la hausse des redevances ; en 1926, il critique l’organisation du service de la voirie ; il s’oppose en 1927 à l’alignement des salaires du personnel municipal sur ceux du conseil général ; il marque ses réticences en 1928 lors de la création d’un poste de professeur de dessin pour les écoles.
Avec d’autres élus, comme Vel-Durand, son adjoint Provin, le conseiller municipal Gillot ou le conseiller général Naudin, Liou participe en juillet 1927 à une réunion de propagande des Jeunesses patriotes, mouvement fondé par Pierre Taittinger, qui « s’affirment républicaines, mais dénoncent la carence du gouvernement contre le communisme. »
Au cours du scrutin de mai 1929, Liou se présente comme radical-socialiste indépendant, en compagnie de Gillot et Gozlan. Il recueille 327 voix, soit 19% des 1715 suffrages exprimés pour 2969 inscrits. La liste du cartel des gauches de Georges Briolay arrive en tête avec 42,8%, devant la majorité sortante, conduite par Stephen Durande après le décès de Vel-Durand, qui se situe à 38,8% et les communistes de Roger Bénenson, à 18,4%. Liou n’est pas présent lors du second tour, qui voit la victoire de Briolay et de 21 de ses coéquipiers, la droite conservant 5 sièges.
En 1934, Liou est devenu le représentant à Joinville du mouvement d’Adolphe Chéron, député et ministre, la Fédération des comités républicains radicaux-socialistes et socialistes indépendants de la banlieue. Ancien radical-socialiste, Adolphe Chéron, réticent face à la logique d’alliance à gauche de la majorité du parti, avait pris son indépendance.
En octobre 1934, une élection municipale partielle est convoquée pour remplacer divers élus décédés ou démissionnaires, notamment une partie des socialiste SFIO qui avaient intégré la municipalité aux côtés des radicaux. Antoine Liou prend la tête des candidats républicains indépendants, qui ont le soutien officieux de la majorité municipale de Briolay, face à une liste de concentration républicaine, plus à droite, et à deux listes de gauche, socialiste et communiste.
La liste de Liou, avec 586 voix pour 2295 suffrages exprimés sur 2360 votants et 3225 inscrits (25,5%), Liou en ayant 571, devance les communistes (17,8%) et les socialistes (17,6%), mais elle est distancée par l’autre liste de Concentration républicaine, qui comprend également des radicaux-socialistes et des gens classés à droite (37,0%).
Ce scrutin provoque une crise au sein du groupement de des radicaux indépendants de Chéron. Ce dernier craignait la victoire de la gauche et critique l’attitude de Liou, plaidant pour l’union des républicains. Il l’exclut de la Fédération en janvier 1935.
En 1920, Antoine Liou est secrétaire de l’Union sportive de Joinville. À partir de 1923, il était le rédacteur correspondant accrédité à Joinville de l’hebdomadaire Gazette de l’Est, situé à ce moment au centre droit. Le préfet le nomme commissaire lors d’une enquête publique sur l’alignement de l’avenue du Bac, dans son quartier de Polangis, en mai 1938. À la fin de la même année, il contribue à un gala de bienfaisance au profit des colonies de vacances, du dispensaire antituberculeux et de l’Amicale de la préfecture de police.
Antoine Liou a obtenu plusieurs médailles. Il est décoré des Palmes académiques en tant qu’officier d’académie en 1911, reçoit le mérite agricole en tant que chevalier en 1912, pour l’organisation d'expositions d'horticulture puis est fait officier en 1927 comme horticulteur. Le Bey de Tunis le décore en 1925 du Nichan Iftikhar pour services rendus pendant la guerre à la main-d’œuvre coloniale et étrangère. Il s’était également vu attribuer une médaille d’honneur communale en 1925 puis une autre, de vermeil, en 1939.
Retraité de l’octroi de Paris depuis 1934, Liou vivait toujours en mai 1940 à Joinville-le-Pont, avenue de l’Île. Il avait alors 64 ans. Sa date de décès n’est pas connue.
Henri Hubert Banos naît le 7 novembre 1913 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils d’Henriette Marie Pélissier et de Charles Antoine Banos. Son grand-père maternel, Henri Pélissier, est chevalier de la Légion d’honneur, conseiller municipal de Joinville et président de la Chambre syndicale des constructeurs et loueurs de bateaux. Ses grands-parents vont l’élever, car sa mère meurt en 1926 et son père en 1929.
Vivant sur l’île Fanac à Joinville, haut lieu des sports de rivière, Henri Banos va rapidement s’affirmer comme un athlète. Âgé de 18 ans, il remporte le 64e championnat d’aviron de la Seine, disputé à Asnières en septembre 1932 dans la catégorie skiff pour les débutants n'ayant jamais couru. Il est inscrit à l’Association Sportive de la Bourse, club dont la section aviron est sous la responsabilité de Georges Piot, médaillé d’argent aux Jeux olympiques de Paris en 1924, qui vit également sur l’île Fanac.
En 1933, Henri Banos remporte plusieurs courses de débutants à Enghien, Suresnes, Lagny et Joinville puis devient champion de France junior en skiff en août à Aix-les-Bains (Savoie).
S’il devient champion de Paris puis de France en canoë en 1934, Banos connaît cette année-là des résultats plus mitigés, abandonnant à deux reprises des courses, épuisé.
L’année 1936 va être pour Henri Banos celle de la consécration. Considéré comme invincible, Vincent Saurin, détenteur du titre national en skiff, est pourtant battu par Banos, encore junior, lors des championnats de Paris à l'aviron dans le bassin de Saint-Cloud-Suresnes en juin. Il récidive 15 jours plus tard et de devient champion de France, à la surprise de la presse sportive, s’attirant la sympathie d’un large public de rameurs.
Effectuant son service militaire à l'Ecole de gymnastique de Joinville, basée dans le Bois de Vincennes, à proximité de son domicile, Banos remporte plusieurs victoires, comme celle des régates de de Joinville à l'occasion du soixantième anniversaire de la fondation de la Société Nautique de la Marne.
Bien que peu expérimenté, l’excellente forme et les réussites de Banos font qu’il est sélectionné pour les Jeux olympiques de Berlin. Avec l’équipe de France, il traverse en train l’Allemagne, pavoisée de manière extravagante à l’occasion de ces olympiades. Il ne se qualifie pas pour la finale.
Si Banos continue de briller dans les courses françaises, sa deuxième expérience internationale en lors des championnats d'Europe en août 1937 à Amsterdam se conclut encore par une élimination lors des séries. L’hebdomadaire Miroir des sports lui reproche de ne participer qu'à quelques courses chaque année, ce qui ne lui permettrait pas de prétendre porter les couleurs de la France. Cependant, à la fin du même mois, il s’impose comme champion de France en canoë à Menton.
Gagnant plusieurs courses françaises facilement en 1938, Banos est de nouveau surclassé lors des championnats d'Europe à Milan début septembre. Absent sans explication de la Coupe de Paris, épreuve internationale en skiff au cours du même mois, il se voit traiter de fantaisiste par la presse, Paris-soir critiquant son manque de sérieux. Il est cependant classé par un autre quotidien, Le Petit Parisien, vedette française de 1938 en aviron.
Affecté par la mort de son grand-père en mai 1939, Henri Banos se tient absent des bassins pendant plus d’un mois, avant de faire une rentrée victorieuse chez lui, à Joinville, en juillet. Il remporte le titre de champion de Paris en double-sculls à Juvisy et, toujours le même mois, gagne dans la même discipline à Genève. Il participe dans cette catégorie aux championnats d'Europe d'Amsterdam en septembre.
Les années suivantes voient l’étoile de Banos pâlir. Le classement des As du sport par Le Matin, en septembre 1940, le laisse loin derrière Saurin et Delaplane. Il remporte cependant, jusqu’en septembre 1942, plusieurs courses en double-sculls.
Après-guerre, Banos se retire de la compétition.
En septembre 1941, Henri Banos s’était marié à Joinville avec Paulette Brunet, autre résidente de la commune. Il avait été décoré en février 1939 de la médaille de bronze de l’Éducation physique. Il poursuit sans doute l’activité de charpentier qu’il exerçait déjà dans le garage à bateaux de son grand-père.