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12 janvier 2018 5 12 /01 /janvier /2018 00:01

Henri Célestin Poitevin naît le 13 mai 1865 à Paris (10e arr.). Ses parents sont Rosalie Pavie et son époux Eugène Zacharie Poitevin, peintre sur porcelaine.

Vivant dans un milieu artistique, Henri Poitevin va, comme sa sœur Irina, devenir peintre. Il est d’abord receveur des tramways de l’Est parisien, mais se présente comme artiste. Il illustre en 1888 des poèmes d’Albert Tinchant pour son livre, Sérénités.

Vivant à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne), il y épouse en mars 1894 Léonie Thybaut, couturière, originaire de Joinville-le-Pont. Ils rejoignent cette ville, où ils exploitent en 1908 un commerce d’articles de ménage. Il va ensuite entrer dans l’usine Pathé-Cinéma, avant 1911, où il travaille probablement à la fabrication de décors ou à l’illustration des documents. Henri Poitevin donne également des cours de dessin pour l'association philotechnique de Joinville, structure d’éducation populaire présidée par Albert Kownacki, dont il est également administrateur. Il sera décoré en octobre 1909 pour cette activité par Raymond Poincaré, membre de l’Académie française, sénateur et futur premier ministre puis président de la République.

Membre du comité radical-socialiste, où milite également son beau-père Eugène Thybaut, Henri Poitevin est candidat aux élections municipales de juin 1908 sur la liste soutenue par ce parti et conduite par le maire sortant, Eugène Voisin. Il est élu au second tour avec 577 voix sur 1188 suffrages exprimés (48,5%). Les radicaux emportent 21 des 23 sièges à pourvoir. Ils faisaient face à une liste dite socialiste évolutionniste, comportant des socialistes et des radicaux dissidents ainsi que des personnalités libérales ou conservatrices ; à une liste socialiste SFIO et à des indépendants. Un évolutionniste (Leteuil) et un indépendant (Gripon) sont élus. Le journal radical Voix des communes dresse ainsi son portrait : « Poitevin, comme les peuples heureux, n’avait pas d’histoire ; il venait d’hériter encore et jouissait paisiblement de ses revenus, un titre de conseiller lui allait bien pour occuper ses loisirs. »

Fin juillet 1909, Poitevin s’oppose publiquement, avec six autres conseillers municipaux affichant des opinions plus à droite que la majorité du conseil, à Louis Rey, qui entend assurer un contrôle des radicaux-socialistes sur l’activité communale. Avec le même groupe, il critique vivement en janvier 1910 la gestion par la municipalité d’un conflit avec un entrepreneur portuaire qui transporte des matériaux sur les voies communales, provoquant l’exaspération des riverains. Les mêmes élus s’attaquent vivement de nouveau à Louis Rey, en mars 1911, au sujet d’une affaire mettant en cause la probité d’un directeur d’école.

Vel-Durand, Beauvais, Arnaud, Watrinet, Mermet et Poitevin, voulant profiter de la tension politique, présentent leur démission en mars 1911, provoquant des élections municipales partielles en avril. Le comité radical s’abstient d’intervenir, mais avait invité ses trois membres dissidents (Vel-Durand, Mermet et Poitevin) à retirer leur démission. La presse radicale n’est pas tendre avec Poitevin, Voix des communes le considérant comme un « des élus les plus nuls » et estimant que « Poitevin, excellent mouton de Panurge, a vu ses voisins bêler, se plaindre, il fait comme eux. » Avec l’appui des libéraux et des socialistes SFIO, la liste des dissidents va l’emporter contre un groupement républicain indépendant ; Poitevin est élu au second tour, tandis que ses cinq collègues démissionnaires l’emportaient dès le premier tour.

La bataille se poursuit lors des élections municipales de mai 1912, qui voient le départ d’Eugène Voisin, maire depuis 1888 et conseiller municipal sans interruption depuis 1867. Les dissidents présentent une liste, conduite par Mermet, qui fusionne au second tour avec les socialistes SFIO et les libéraux. La liste coalisée l’emporte au second tour contre les radicaux-socialistes officiels de Georges Briolay.

Réélu, Poitevin est délégué par le maire aux écritures et authentifie les pièces et légalise les signatures des administrés. Pendant la guerre, n’étant pas mobilisé, il fait partie de la minorité d’élus qui font fonctionner la mairie. En 1916, il s’associe à ses collègues élus pour protester contre la mise en cause de la du fonds de guerre par le maire, faite dans Voix des communes. Il est chargé, avec Julien Périn, de la création d’une boucherie municipale vendant de la viande frigorifiée.

Lors du premier scrutin municipal après-guerre, en novembre 1919, Henri Poitevin fait partie de la demi-douzaine de conseillers municipaux qui sont réélus. Il figure sur la liste d’union républicaine et sociale, conduite par Henri Vel-Durand, adjoint sortant, qui comprend les dissidents radicaux, des socialistes indépendants et les radicaux-socialistes officiels. Elle s’oppose à une liste libérale et à une liste socialiste SFIO. Le maire, Mermet, décède le lendemain du second tour de scrutin. La liste Vel-Durand remporte les 23 sièges à pourvoir. Poitevin avait recueilli 847 voix sur 1694 suffrages exprimés soit juste 50%, mais il lui manquait une voix pour être élu dès le premier tour ; il était en tête de tous les candidats. Au second tour, les libéraux s’étant retirés, Poitevin obtient 973 votes sur 1518 exprimés (64,1%) sur 2491 inscrits.

Candidat à nouveau sur la liste Union républicaine pour la défense des intérêts communaux en mai 1925, Poitevin est en quatrième position. La liste, conduite par Henri Vel-Durand, s’est séparée de radicaux-socialistes et des socialistes indépendants, qui retrouvent la SFIO dans une liste de cartel des gauches. Ils font face à une liste communiste, mais les libéraux se sont ralliés à la majorité sortante. Union républicaine et sociale recueille une moyenne de 1080 soit 47,5% ; le Cartel des gauches en a 648, soit 28,4% ; le bloc ouvrier-paysan du Pcf en a 480, soit 21,1%. Tous les candidats, dont Poitevin, sont élus au second tour.

En janvier 1928, Poitevin se démarque de la majorité des élus municipaux en soutenant la création d’un poste de professeur de dessin pour les écoles ; la proposition ne recueille que quatre voix, contre neuf tandis qu’il y a deux abstentions, dont celle du maire. Il ne demande pas le renouvellement de son mandat en mai 1929.

Décoré pour son courage et son dévouement pendant les inondations de la Marne de 1910, Poitevin était également titulaire des palmes académiques, comme officier d’académie, au titre de son activité de professeur à l'association philotechnique.

Henri Célestin, qui vivait alors dans l’ancienne demeure de ses beaux-parents, avenue Gille Poitevin, dans le quartier de Palissy, meurt le 11 mars 1939 à Joinville. Il était âgé de 73 ans et avait eu deux enfants : Andrée et Maurice Gabriel, qui mourra lors de la première guerre mondiale.

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8 janvier 2018 1 08 /01 /janvier /2018 00:01

Charles Édouard Véron naît le 20 février 1859 à Grand-Rozoy, Aisne. Il est le fils d’Alphonsine Santus Salberge, marronnière (vendeuse de marrons) et de François Hippolyte Véron, domestique de labour.

Alors employé de commerce et vivant rue des Corbeaux (act. av. des Canadiens) à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), Édouard Véron épouse en mars 1885 à Ivry (Seine, act. Val-de-Marne) Julia Octavie Sevestre. Ils vont vivre dans l’artère principale de Joinville, la rue de Paris, où ils exploitent une épicerie prospère, puisqu’elle compte au moins trois employés en plus d’aides familiaux (sœur puis frère) entre 1891 et 1896.

Lors des élections municipales de mai 1904 à Joinville un Véron, sans doute Édouard, est candidat sur la liste nationaliste qui s’oppose à la municipalité sortante. Conduite par des conseillers sortants dissidents de la municipalité, Provin, Dalbavie, Raoult et Dupré, cette liste n’aura qu’un seul élu au second tour. Moulinet. Le maire sortant, Eugène Voisin, soutenu par le comité radical-socialiste, emporte les 22 autres sièges. Une liste socialiste-révolutionnaire incomplète (Lacroix, Lebègue) recueille 15% des suffrages au premier tour. La liste de droite a 31,5% des 1119 votes sur 1363 inscrits. Véron est crédité de 352 suffrages exprimés (31,5%).

Mme Véron, sans doute Julia Octavie, est en 1899 trésorière de la sous-section de Joinville de la Société de l’allaitement maternel, association humanitaire de taille modeste au plan national mais très influente à Joinville où elle est présidée par Mme Bitterlin. Elle vise à réduire la mortalité infantile de la naissance à un an, qui est « effrayante » selon le journal radical Voix des communes. La société rassemble notamment les épouses des notables locaux. Mme Véron exerce toujours cette fonction en mai 1904.

Édouard Véron vit à Joinville en mai 1908, quand sa fille Léontine Octavie se marie. Son épouse est décédée et il est devenu agent d’affaires, demeurant désormais rue Pasteur.

Charles Édouard Véron serait mort le 30 novembre 1910 dans son village natal de Grand-Rozoy. Il avait alors 51 ans.

Un homonyme vit à Joinville en 1911, Victor François Véron (1861-1929) imprimeur en papiers-peints aux usines Jougla (cinéma), mais il ne semble pas avoir joué de rôle public.

 

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4 janvier 2018 4 04 /01 /janvier /2018 00:01

Ferdinand Marie Louis Huby naît le 25 septembre 1880 à Nanterre (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il est le fils de Claudine Noël Boutonné, couturière, et de Louis Léon Huby, héritier d’une lignée d’imprimeurs.

La famille est une première fois expropriée à Paris lors de l'élargissement de la rue de la Grande-Truanderie en 1900 puis une seconde fois en 1902 à Nanterre, pour l’agrandissement de la rue du Chemin-de-fer. Le père installe son imprimerie à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) puis la cède en 1904 à son fis qui y réside désormais.

Marié en octobre 1904 à Nogent-sur-Marne avec Marie Berthe Jolivet, Ferdinand Huby prend une part active à la vie de l’Union des commerçants. Lors de l’inondation de la Marne en 1910, il prend part aux activités humanitaires.

F. Huby est l’éditeur de plusieurs ouvrages et brochures, notamment la monographie de Basile Nivelet, intitulée « Joinville-le-Pont » et parue en 1910, qui constitue le second ouvrage historique sur la ville. Il publie aussi la liste des secours aux inondés parue en septembre 1911 et les discours prononcés aux obsèques du maire Achille Mermet, le 4 décembre 1919. Il adhère en 1923 au club Joinville sportif.

L’imprimerie de Ferdinand Huby, implantée rue du Pont, est toujours active en 1933. La destruction de cette rue pour la réfection du pont en 1937 a probablement provoqué son départ.

La date de décès de Ferdinand Huby n’est pas connue. Il a eu trois enfants.

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30 décembre 2017 6 30 /12 /décembre /2017 00:01

Adelson Constant Pernez naît le 28 septembre 1843 à Leuze (Hainaut, Belgique). Il est le fils de Thérèse Nicole Lemaire et de son époux, Constant Pernez, corroyeur.

Il travaille également le cuir, s’installant à Paris (11e arr.), rue Vieille-du-Temple, où il est coupeur en chaussures et se marie, en mars 1868 avec Marie Emélie Caroline Vuillier, piqueuse de bottines.

Bien qu’ayant fait son service militaire en Belgique, Pernez est engagé volontaire en 1870 dans l’armée française qui combat les troupes prussiennes et allemandes. En mars 1889, il bénéficie d’une autorisation de résidence permanente à Paris.

Il s’installe après sa retraite à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où vit une partie de sa belle-famille. Il y réside en 1908, année où il obtient par décret sa naturalisation française en août 1908. Sa sœur et son frère s’y installent aussi.

Vers 1912, il est désigné comme administrateur du bureau municipal de bienfaisance. Pendant la guerre, il souscrit régulièrement à diverses collectes humanitaires.

Pernez est élu conseiller municipal en 1919 sur la liste de Henri Vel-Durand, qui rassemble des radicaux dissidents, des radicaux-socialistes et des socialistes indépendants et s’oppose au premier tour à une liste libérale ainsi qu’à une autre socialiste SFIO. Au premier tour, Pernez obtient 770 suffrages exprimés (45,5%) sur 1 715 votants pour 2 491 inscrits. Il est élu au second tour avec 977 voix sur 1 537 (64,4%).

Lors des séances du conseil municipal, Pernez est assidu jusqu’à ce qu’il tombe malade fin 1923. Le journal radical-socialiste Voix des communes le qualifie de « courtois et aimable ». En 1920, il est vice-président de l’Union sportive de Joinville.

Adelson Pernez meurt en cours de mandat à Joinville le 17 décembre 1924. Il était âgé de 81 ans.

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18 décembre 2017 1 18 /12 /décembre /2017 00:01

Prudent Moire naît le 14 avril 1822 à Fresnoy-le-Château (Aube). Il est le fils d’Anne Payn et de son époux Edme Moire, cultivateurs.

Lui-même est tonnelier lors de son mariage avec Jeanne Françoise Désirée Rousseau en octobre 1845 à Paris (12e arr.). Il vit rue du Marché Saint-Honoré. Il réside toujours à Paris en 1874, boulevard Saint-Germain et est alors limonadier.

En 1891, Moire est installé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), vivant de ses rentes.

En mai 1892, Moire est candidat aux élections municipales dans cette commune sur la liste du maire radical Eugène Voisin, soutenue par le comité radical-socialiste, qui remporte 22 des 23 sièges à pourvoir face à une liste plus à droite de Bocquentin et Barborin, qui fera élire un seul de ses membres.

Moire obtient au premier tour 354 voix sur 639 suffrages exprimés (55,4%) et est élu. Il sera réélu en mai 1896, toujours sur la liste radicale-socialiste d’Eugène Voisin, qui n’a pas de concurrent. Le journaliste Henry Vaudémont, dans l’hebdomadaire radical local Voix des communes, le présente en mai 1896 comme une « figure descendue d’un cadre antique venant enseigner aux modernes la sobriété de gestes et de paroles des anciens ». Il ne se représente pas en 1900.

Prudent Moire meurt le 5 avril 1907 à Joinville, à l’âge de 84 ans. Il était veuf et avait deux enfants.

 

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14 décembre 2017 4 14 /12 /décembre /2017 00:01

Suite de la biographie d’Eugène Hainsselin.

Moins de deux semaines après le scrutin municipal de mai 1912 à Joinville, Hainsselin est nommé juge de paix à Chambon (Creuse). Cependant, son prédécesseur refusant de rejoindre sa nouvelle affectation à Saint-Girons (Ariège), Hainsselin demande et obtient ce nouveau poste. Au moment de son départ en mars 1918, le journal local L’Express du Midi, saluera « la fermeté et la justice avec lesquelles il accomplit, toujours, ses délicates fonctions. »

À la fin de la première guerre mondiale, il bénéficie d’une promotion et est nommé à Saint-Omer (Pas-de-Calais), près de la zone occupée par l’Allemagne et de la ligne de front. En mars 1920, il est à Creil (Oise). Enfin, en octobre 1924, il est enfin affecté à une commune de la région parisienne, comme il le souhaitait, à Montreuil (Seine, act. Seine-Saint-Denis), où il s’installe avenue du président Wilson.

Eugène Hainsselin meurt le 6 avril 1933 à Montreuil, à l’âge de 67 ans. Il était titulaire de plusieurs médailles : officier d’académie en 1901 pour avoir pris part à l'exposition de la classe des machines-outils lors de l’Exposition universelle de Paris en 1900 ; officier de l’instruction publique en 1907 en tant que conseiller prud'homme ; Mérite agricole en 1913 pour avoir obtenu plusieurs récompenses dans les concours pour appareils agricoles ; enfin, chevalier de la Légion d’honneur en juin 1931.

Quatre enfants sont nés de son mariage avec Anne Archambaudière. L’aîné, Paul travaille dans l’industrie du cinéma et sera élu en 1929 puis en 1935 au conseil municipal de Joinville. Le second, Marcel, est employé au ministère des finances. Le troisième, Georges, est tué à l’ennemi le 17 mai 1915 à Steenstraete (Flandre occidentale, Belgique). Germaine, la cadette, vit à Montreuil quand ses parents viennent s’y installer.

Fin.

 

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12 décembre 2017 2 12 /12 /décembre /2017 00:01

Suite de la biographie d’Eugène Hainsselin.

En prévision de la fin de son mandat de conseiller prud’homme, Hainsselin, qui a abandonné son métier d’ouvrier scieur, entreprend des démarches pour se trouver une activité rémunérée. En 1904, il sollicite un emploi d'inspecteur du travail auprès du conseil général. En 1908, il espère devenir secrétaire du conseil de prud’hommes. Dans l’attente, et comme l’édition du journal L’Indépendant ne lui rapporte certainement presque rien, Hainsselin devient l’architecte de la société des Prévoyants de Polangis, coopérative de construction d’habitations à bon marché sur le boulevard de Polangis, sur un terrain acheté par Pathé-Cinéma.

L’objectif principal d’Hainsselin est cependant de devenir juge de paix, possibilité offerte aux personnes ayant présidé pendant trois ans un conseil de prud’hommes. L’attente d’un tel poste justifie la cessation de la publication de son journal L’Indépendant. Le commissaire de police de Joinville donne un avis favorable au ministre de la justice, Aristide Briand, sollicité par Hainsselin qui avait partagé au moins une estrade de meeting avec lui. En juillet 1909, il est nommé juge de paix à Pondichéry (Inde). Il s’y installe le 10 août et sa femme ainsi que ses quatre enfants le rejoignent en septembre. Les établissements français dans l'Inde comptent alors 283 000 habitants.

Le séjour colonial ne semble guère enchanter la famille. Les deux aînés rentrent en juillet 1910, les autres accompagnent Hainsselin qui rentre en mars 1911, après qu’il se soit vu accorder « un congé de convalescence de six mois à passer en France ». Rentré seul fin octobre, Hainsselin, se voit à nouveau octroyer en février 1912, un nouveau congé de convalescence de trois mois. Il n’y reviendra pas et est remplacé en juin 1912.

L’état de santé, pas plus que son statut judiciaire, ne dissuadent Hainsselin de prendre part à la campagne des élections municipales de mai 1912 à Joinville, où il est revenu s’installer avenue Pauline, dans le quartier de Polangis. Il rejoint la liste de radicaux dissidents conduite par Achille Ernest Mermet. Au second tour, cette liste fusionne avec celle des libéraux et des socialistes unifiés, pour s’opposer aux radicaux-socialistes qui, après le retrait du maire sortant Eugène Voisin, sont conduits par Georges Briolay. Hainsselin siègera sans doute très peu au conseil municipal, car il quitte la commune et sera considéré comme démissionnaire en 1915.

À suivre.

 

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10 décembre 2017 7 10 /12 /décembre /2017 00:01

Suite de la biographie d’Eugène Hainsselin.

Les travaux d’extension de la gare Montparnasse avaient provoqué l’expropriation du logement loué par Hainsselin, 47, rue du Château à Paris (14e arr.) en juin 1899. Il s’installe alors à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où il renoue avec une action politique publique. En février 1906, il participe dans la commune voisine de Champigny à une réunion de soutien au candidat du parti socialiste SFIO pour l’élection législative, Pédron. Hainsselin, qui s’affiche comme conseiller prud'homme, est chargé de développer le programme du parti, créé l’année précédente.

Mais Hainsselin s’écarte rapidement de la SFIO, dirigée localement par Émile Lebègue, reprochant à ses membres « de banqueter à la table de M. Maujan », le député radical de la 2e circonscription de l’arrondissement Sceaux. Il constitue, fin 1907 avec Théophile Leteuil, un comité socialiste indépendant. Il obtient un certain succès, puisque qu’il réunit 400 participants le 21 novembre, suscitant l’étonnement devant l’attelage des « deux fondateurs, l’un radical, l’autre révolutionnaire » dans l’hebdomadaire Voix des communes. La présidence est confiée à un entrepreneur de mécanique, Félix Valbonnet.

Hainsselin provoque aussi la création d’un éphémère comité d’action sociale en mars 1908 tandis que Leteuil monte un « comité ouvrier », en réalité animé par les cadres de l’usine Pathé-Cinéma, principal employeur de la ville. Le responsable nationaliste Nectoux propose au comité d’action sociale 12 places sur les 23 de la liste qu’il voulait constituer pour les élections municipales de mai, ce qui provoque une crise au comité socialiste indépendant et une tension entre Hainsselin et Leteuil. Ils constituent finalement une liste socialiste évolutionniste, conduite par François Provin, serrurier, et comprenant notamment René Martin, Leteuil, Valbonnet et Hainsselin.

Dans le cadre de la campagne, Hainsselin s’illustre, selon ses adversaires radicaux : « Il possède la science infuse, il excelle dans tous les genres, c’est un artiste complet » Il est présenté comme « Un don Quichotte haineux avec pour rossinante un vélo ». Il a lancé en 1907 un journal, L’Indépendant, dont il est à la fois le rédacteur, le gérant et même le dessinateur sous le pseudonyme de Croque-Bille. Diffusé à environ 200 exemplaires, centré sur Joinville, le journal s’ouvre ensuite aux communes voisines de Saint-Maur, Nogent, Champigny et Créteil. Il cesse de paraître en mars 1909.

Avec 604 voix en moyenne (65%) au premier tour des élections municipales de mai 1908, les radicaux-socialistes obtiennent 6 élus au premier tour et 15 au second ; les évolutionnistes, qui n’ont que 17 candidats, recueillent 500 voix en moyenne (28%) et ont un élu au second tour, Provin ; les 5 socialistes SFIO candidats ont 252 voix en moyenne (5%). Un isolé est également élu. Hainsselin obtient 441 voix au premier tour et 432 au second ; il n’est pas élu.

Le comité socialiste évolutionniste présente un candidat lors de l’élection au conseil d’arrondissement pour le canton de Saint-Maur en juin 1908, René Martin, fabricant de spiritueux, qui est battu par Henri Vel-Durand, radical-socialiste. Hainsselin démissionne en juillet 1908 du comité évolutionniste, suite à l’entrée de l’ancien président du comité d’action sociale, Vernière, cadre de la maison Pathé, avec lequel il se réconcilie cependant quelques jours après. En octobre, sur le pont de Joinville, Hainsselin accuse Georges Briolay, adjoint au maire, de « vivre des fonds communaux » et reçoit une gifle de sa part. Début 1909, Hainsselin, de concert avec les socialistes SFIO, les évolutionnistes et les libéraux, utilise le mécontentement des riverains du chemin de Brétigny, qui dessert le port de Joinville, pour mener une opération de déstabilisation de la municipalité radicale-socialiste.

À suivre.

 

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8 décembre 2017 5 08 /12 /décembre /2017 00:01

Suite de la biographie d’Eugène Hainsselin.

Les conseils de prud'hommes, instances discrètes jusqu’au début de la troisième République, étaient devenues en 1882 un enjeu électoral au sein du mouvement ouvrier. Le parti possibiliste de la Fédération des travailleurs socialistes de France (FTSF) voulut les investir pour appliquer les principes socialistes sur la rémunération du travail manuel. Il a pour concurrent des blanquistes et la Fédération des chambres syndicales indépendantes. En décembre 1890, sur 69 prud'hommes ouvriers parisiens, il y avait 47 possibilistes, 21 socialistes indépendants et un blanquiste-boulangiste. Le développement du syndicalisme va changer la donne. En 1896, en tant que responsable syndical, Hainsselin fait campagne pour Tavernier, candidat dans la quatrième catégorie du bâtiment. En novembre 1899, il se porte lui-même candidat, en compagnie de Chariot, charpentier. Il est élu pour trois ans le 3 décembre par 425 voix sur 657 suffrages exprimés pour 1 241 inscrits.

Lorsqu’il se représente en 1902, Hainsselin est en butte à des accusations de Morice, ouvrier charpentier, qui obtient, le 8 novembre, le soutien des chambres syndicales des scieurs à la mécanique et des charpentiers. Mais, dans des réunions à Paris, au Pré-Saint-Gervais et à Saint-Denis (Seine, act. Seine-Saint-Denis), Hainsselin réussit à retourner les scieurs en sa faveur. Arrivé en tête au premier tour, avec 228 voix sur 541 votants pour 1 130 inscrits, Hainsselin devance Morice (209 voix) et Gardery (Solidarité des ouvriers charpentiers, 102 voix). Il l’emporte au second tour en décembre grâce à 255 votes sur 532 et est élu pour six ans. La chambre syndicale des charpentiers précise que, si elle combattait la candidature Hainsselin, « c'était l'homme qui était visé et non le syndicat. »

Les relations d'Hainsselin avec ses mandants se détériorent de nouveau. Le 10 juillet 1904, sur rapport d’une commission d'enquête au sujet de la Société coopérative des scieurs découpeurs du département de la Seine, l'assemblée générale décide « de radier de la chambre syndicale le nommé Hainsselin » et « lui retire la confiance de la corporation ». Devant ce qu’elle considère comme des « faits scandaleux », elle « le somme de donner sa démission de conseiller prud'homme. »

En décembre 1905, Hainsselin soutient victorieusement la candidature de son ancien concurrent Gardery face à celle de Chariot, soutenue officiellement pas les deux syndicats de charpentiers et de scieurs. Tirant avantage de son expérience, Hainsselin va régulièrement présider le conseil de prud’hommes en alternance avec la partie patronale. En mai 1907, un Comité de vigilance unique du bâtiment est constitué, pour dénoncer le « clan spécial » qui a participé à l'élection d'Hainsselin, comprenant, outre Gardery, cinq autres conseillers Riom, Tréfaut, Bazetoux, Dartois et Dubief ainsi que d’autres militants, Durr, Pichon, Mathieu, Guellob et Carrière.

En décembre 1908, se déclarant représentant, Hainsselin sollicite le renouvellement de son poste aux élections prud'homales, mais cette fois chez les employés de commerce et non plus dans le bâtiment. Avec 99 voix pour 345 votants et 663 inscrits, Hainsselin est cependant distancé, arrivant en 4e position pour deux sièges à pourvoir et se retire avant le second tour. Il se plaint d’une « campagne de mensonges et de calomnies », à cause de sa décoration (il est officier de l’instruction publique). Selon lui, « tout citoyen décoré est pour les sectaires du syndicalisme un traître et un vendu. »

À suivre.

 

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6 décembre 2017 3 06 /12 /décembre /2017 00:01

Suite de la biographie d’Eugène Hainsselin.

Continuant son activité d’ouvrier scieur, Hainsselin est victime d'un accident de travail qui a nécessité l'amputation de trois doigts et a provoqué une incapacité de travail de neuf semaines. Il fait appel en mars 1898 à la solidarité des libres-penseurs, arguant qu’il doit subvenir à l'existence de ses trois enfants en bas âge. Il reçoit une aide prise sur la trésorerie de la Fédération et une souscription est lancée à son profit. Dans un article sur les accidents du travail après la loi française du 9 avril 1898, Paul Dramas (Le Mouvement socialiste, 1899/06/15) remarque que « les professions qui ont le plus de victimes ne sont pas celles où le développement mécanique est le plus grand. Il est certain qu'il y a moins de victimes chez les mécaniciens ou les tourneurs que chez les couvreurs ou les charretiers ». Cependant, il remarque qu’il y a une exception, celle des scieurs à la mécanique, dont il écrit, citant Hainsselin, que « 90% sont mutilés. »

Hainsselin, en tant que secrétaire général de la chambre syndicale des scieurs, découpeurs et mouluriers à la mécanique, intervient devant 1 500 ouvriers ébénistes, boulevard de Picpus, à Paris, en octobre 1898, pour soutenir leurs revendications et préconiser la grève générale de l’ameublement. En mai 1899, il est un des orateurs d’un meeting de protestation au Cirque-d’Hiver de Paris contre l'ajournement de la loi sur les accidents du travail, présidé par le député de la Guadeloupe, Hégésippe Légitimas. Parmi les intervenants, on note Marcel Sembat et Aristide Briand. En juin, il interrompt une réunion professionnelle pour emmener les participants à une manifestation pro-dreyfusarde à Longchamp (ouest de Paris) « Contre les Césarions de tout poil » et « Pour le triomphe de la République. »

Il est nommé en novembre 1899 membre de la commission mixte de patrons et d'ouvriers de sa profession, chargée de donner un avis sur le taux des salaires et durée normale de la journée de travail à Paris. C’est le début d’un long parcours dans les instances du paritarisme social français.

Quinze cents charpentiers travaillant sur les chantiers de l'Exposition universelle de Paris au Champ-de-Mars et à l’esplanade des Invalides se mettent en le 26 juin 1900. Hainsselin, qui vient d’être élu conseiller prudhomme, joue un rôle actif dans la négociation pour trouver une solution au conflit. Les ouvriers demandent que le caractère périlleux de leur travail soit reconnu et que le prix de l'heure de travail passe de 90 centimes à 1 franc. Les charpentiers jugent que leur rôle « est exceptionnellement dangereux. En effet, nous travaillons sur des pavillons qui dépassent l'élévation ordinaire des édifices; Le travail du bas n'est pas moins dangereux, car, l'exécution des pavillons étant en retard, on travaille à la fois au haut et au bas. À chaque instant, les ouvriers du rez-de-chaussée reçoivent des matériaux et des outils qui tombent de la partie supérieure ». Une sentence arbitrale rendue le 29 janvier donnant satisfaction aux revendications, la grève prend fin le même jour sur proposition de Chariot, secrétaire de la chambre syndicale des charpentiers, Baumann et Hainsselin. Les 1 200 charpentiers présents à l’assemblée générale votent la fin du conflit à l'unanimité.

Présenté en mars comme candidat au conseil supérieur du travail pour les industries du bois et bâtiment par sa chambre syndicale, Hainsselin est devancé lors du scrutin en mai par plusieurs candidats et se retire. Le 12 juin 1900, il est suspendu de ses fonctions de secrétaire de la chambre syndicale, décision confirmée par l’assemblée générale extraordinaire du 30 juin qui le remplace par Alexandre Pinson.

À suivre.

 

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