Henri Célestin Poitevin naît le 13 mai 1865 à Paris (10e arr.). Ses parents sont Rosalie Pavie et son époux Eugène Zacharie Poitevin, peintre sur porcelaine.
Vivant dans un milieu artistique, Henri Poitevin va, comme sa sœur Irina, devenir peintre. Il est d’abord receveur des tramways de l’Est parisien, mais se présente comme artiste. Il illustre en 1888 des poèmes d’Albert Tinchant pour son livre, Sérénités.
Vivant à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne), il y épouse en mars 1894 Léonie Thybaut, couturière, originaire de Joinville-le-Pont. Ils rejoignent cette ville, où ils exploitent en 1908 un commerce d’articles de ménage. Il va ensuite entrer dans l’usine Pathé-Cinéma, avant 1911, où il travaille probablement à la fabrication de décors ou à l’illustration des documents. Henri Poitevin donne également des cours de dessin pour l'association philotechnique de Joinville, structure d’éducation populaire présidée par Albert Kownacki, dont il est également administrateur. Il sera décoré en octobre 1909 pour cette activité par Raymond Poincaré, membre de l’Académie française, sénateur et futur premier ministre puis président de la République.
Membre du comité radical-socialiste, où milite également son beau-père Eugène Thybaut, Henri Poitevin est candidat aux élections municipales de juin 1908 sur la liste soutenue par ce parti et conduite par le maire sortant, Eugène Voisin. Il est élu au second tour avec 577 voix sur 1188 suffrages exprimés (48,5%). Les radicaux emportent 21 des 23 sièges à pourvoir. Ils faisaient face à une liste dite socialiste évolutionniste, comportant des socialistes et des radicaux dissidents ainsi que des personnalités libérales ou conservatrices ; à une liste socialiste SFIO et à des indépendants. Un évolutionniste (Leteuil) et un indépendant (Gripon) sont élus. Le journal radical Voix des communes dresse ainsi son portrait : « Poitevin, comme les peuples heureux, n’avait pas d’histoire ; il venait d’hériter encore et jouissait paisiblement de ses revenus, un titre de conseiller lui allait bien pour occuper ses loisirs. »
Fin juillet 1909, Poitevin s’oppose publiquement, avec six autres conseillers municipaux affichant des opinions plus à droite que la majorité du conseil, à Louis Rey, qui entend assurer un contrôle des radicaux-socialistes sur l’activité communale. Avec le même groupe, il critique vivement en janvier 1910 la gestion par la municipalité d’un conflit avec un entrepreneur portuaire qui transporte des matériaux sur les voies communales, provoquant l’exaspération des riverains. Les mêmes élus s’attaquent vivement de nouveau à Louis Rey, en mars 1911, au sujet d’une affaire mettant en cause la probité d’un directeur d’école.
Vel-Durand, Beauvais, Arnaud, Watrinet, Mermet et Poitevin, voulant profiter de la tension politique, présentent leur démission en mars 1911, provoquant des élections municipales partielles en avril. Le comité radical s’abstient d’intervenir, mais avait invité ses trois membres dissidents (Vel-Durand, Mermet et Poitevin) à retirer leur démission. La presse radicale n’est pas tendre avec Poitevin, Voix des communes le considérant comme un « des élus les plus nuls » et estimant que « Poitevin, excellent mouton de Panurge, a vu ses voisins bêler, se plaindre, il fait comme eux. » Avec l’appui des libéraux et des socialistes SFIO, la liste des dissidents va l’emporter contre un groupement républicain indépendant ; Poitevin est élu au second tour, tandis que ses cinq collègues démissionnaires l’emportaient dès le premier tour.
La bataille se poursuit lors des élections municipales de mai 1912, qui voient le départ d’Eugène Voisin, maire depuis 1888 et conseiller municipal sans interruption depuis 1867. Les dissidents présentent une liste, conduite par Mermet, qui fusionne au second tour avec les socialistes SFIO et les libéraux. La liste coalisée l’emporte au second tour contre les radicaux-socialistes officiels de Georges Briolay.
Réélu, Poitevin est délégué par le maire aux écritures et authentifie les pièces et légalise les signatures des administrés. Pendant la guerre, n’étant pas mobilisé, il fait partie de la minorité d’élus qui font fonctionner la mairie. En 1916, il s’associe à ses collègues élus pour protester contre la mise en cause de la du fonds de guerre par le maire, faite dans Voix des communes. Il est chargé, avec Julien Périn, de la création d’une boucherie municipale vendant de la viande frigorifiée.
Lors du premier scrutin municipal après-guerre, en novembre 1919, Henri Poitevin fait partie de la demi-douzaine de conseillers municipaux qui sont réélus. Il figure sur la liste d’union républicaine et sociale, conduite par Henri Vel-Durand, adjoint sortant, qui comprend les dissidents radicaux, des socialistes indépendants et les radicaux-socialistes officiels. Elle s’oppose à une liste libérale et à une liste socialiste SFIO. Le maire, Mermet, décède le lendemain du second tour de scrutin. La liste Vel-Durand remporte les 23 sièges à pourvoir. Poitevin avait recueilli 847 voix sur 1694 suffrages exprimés soit juste 50%, mais il lui manquait une voix pour être élu dès le premier tour ; il était en tête de tous les candidats. Au second tour, les libéraux s’étant retirés, Poitevin obtient 973 votes sur 1518 exprimés (64,1%) sur 2491 inscrits.
Candidat à nouveau sur la liste Union républicaine pour la défense des intérêts communaux en mai 1925, Poitevin est en quatrième position. La liste, conduite par Henri Vel-Durand, s’est séparée de radicaux-socialistes et des socialistes indépendants, qui retrouvent la SFIO dans une liste de cartel des gauches. Ils font face à une liste communiste, mais les libéraux se sont ralliés à la majorité sortante. Union républicaine et sociale recueille une moyenne de 1080 soit 47,5% ; le Cartel des gauches en a 648, soit 28,4% ; le bloc ouvrier-paysan du Pcf en a 480, soit 21,1%. Tous les candidats, dont Poitevin, sont élus au second tour.
En janvier 1928, Poitevin se démarque de la majorité des élus municipaux en soutenant la création d’un poste de professeur de dessin pour les écoles ; la proposition ne recueille que quatre voix, contre neuf tandis qu’il y a deux abstentions, dont celle du maire. Il ne demande pas le renouvellement de son mandat en mai 1929.
Décoré pour son courage et son dévouement pendant les inondations de la Marne de 1910, Poitevin était également titulaire des palmes académiques, comme officier d’académie, au titre de son activité de professeur à l'association philotechnique.
Henri Célestin, qui vivait alors dans l’ancienne demeure de ses beaux-parents, avenue Gille Poitevin, dans le quartier de Palissy, meurt le 11 mars 1939 à Joinville. Il était âgé de 73 ans et avait eu deux enfants : Andrée et Maurice Gabriel, qui mourra lors de la première guerre mondiale.