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11 juin 2018 1 11 /06 /juin /2018 01:01

Suite de la biographie de Georges Moreau

Après la parution du Monde des Prisons, l’abbé Moreau cesse d’écrire sur le système pénitentiaire. Comme il ne semble pas être en charge d’une fonction pastorale, il poursuit cependant ses travaux d’essayiste et participe à de nombreuses cérémonies, prononçant également des discours qu’il publie parfois.

En janvier 1890, Georges Moreau est ainsi à Beauvais pour discourir sur les Devoirs de la charité devant l’évêque et les autorités civiles au complet.

Il publie en 1891  une étude scientifique et religieuse, L'Hypnotisme. S’il se consacre à cette question, c’est que « L'hypnotisme est à l'ordre du jour. On en parle partout dans les salons et dans les académies, dans les journaux et dans les revues, dans les tribunaux et jusque dans les églises. »

Le livre commence par une partie historique. Elle démarre en 1778 avec arrivée à Paris de Franz-Anton Mesmer (1734-1815), théoricien du magnétisme ; elle dure jusque 1878, quand le Dr Jean-Martin Charcot débute ses conférences sur l'hypnose et l'hystérie, qui sont à l'origine de l'École de la Salpêtrière, à Paris.

Sept chapitres composent la partie scientifique. Ils sont consacrés au sommeil et ses modifications morbides ; aux sujets et manœuvres hypnotiques ; à l'école de la Salpêtrière et à l'école de Nancy ; à la suggestion ; à la suggestion mentale ; à la thérapeutique magnétique ; et enfin à la thérapeutique hypnotique.

L’ouvrage se referme sur une partie doctrinale : l'hypnotisme et la loi morale; l'hypnotisme et la loi catholique. Est-il permis d'hypnotiser? De se laisser hypnotiser ? Peut-on ne voir dans les phénomènes hypnotiques que le jeu normal des forces humaines agrandi par le sommeil nerveux? Ou l'action du démon est-elle nécessaire pour expliquer certains phénomènes ?

La conclusion scientifique se résume ainsi : Medici certant et adhuc sub judice lis est (la chose n’est pas encore résolue en médecine). La conclusion théologique est assez normande : l'Église n'est ni pour ni contre l'hypnotisme; mais elle condamne certaines pratiques et réprouve, dans les phénomènes de clairvoyance divinatoire ou de suggestion mentale, tout ce qu'on doit attribuer a l'action démoniaque.

Dans la revue Études religieuses, publiée en 1891, le jésuite Y. Mercier remarque que le travail de Moreau a été approuvé par plusieurs évêques et, s’il critique la sélectivité de la partie scientifique, il assure que l'orthodoxie de sa doctrine est complète.

Une grave question va être posée par le quotidien Le Matin qui publie un article intitulé Ève libérée dans son numéro du 15 août 1891. L’utilisation de l'hypnotisme comme anesthésique aux douleurs de l’accouchement est-elle compatible avec le verset biblique « Tu enfanteras dans la douleur » (Genèse 3.16) ?

L'abbé Moreau s’interroge d’abord : « Quelle étrange idée de venir interviewer un prêtre sur ce point délicat et tout spécial ». Il répond ensuite d’une manière générale : « L'Église n'approuve ni ne blâme aucune opinion. Elle garde prudemment le silence sur les théories et signale simplement les dangers à éviter pour la santé publique et la morale. Une science, innocente en soi, peut, à cause des abus fréquents, devenir une source de périls. »

Réinterrogé sur le risque qu’il y aurait de faire mentir la parole de malédiction adressée à Ève et à toute sa lignée, Georges Moreau considère finalement que la question ne se pose pas encore. Il attend que soit établie une vérité expérimentale. Manifestement, pour lui, la douleur n’est pas une vérité d’évangile.

À suivre

 

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