Georges Guy Gérard Legras naît le 3 juin 1927 à Tours (Indre-et-Loire). Il est le fils d’Adrienne Élisabeth Lelong et de son mari Jacques Georges Ernest Legras, voyageur de commerce. Ils vivent, avec les grands-parents paternels, rue Avisseau, dans le quartier de la cathédrale.
En 1931, la famille est installée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), au centre-ville, rue Émile-Moutier. Le père est devenu projectionniste ; il sera ensuite ingénieur du son. La ville de Joinville comporte plusieurs sites importants consacrés au cinéma (studios de production et entreprises de traitement des films notamment).
Pendant la deuxième guerre mondiale, on trouve un « Georges Legras » enregistré, sans autre précision, dans les Dossiers administratifs de résistants conservés par les archives du Service historique de la Défense.
Après le conflit, Georges Legras est assistant monteur en cinéma. Le 10 novembre 1949, il se trouve dans l’immeuble du 19, rue Saint-Georges à Paris (9e arr.). Anciennement utilisé par la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) pendant l'occupation allemande de Paris, il a été affecté après la Libération à plusieurs organisations liées au parti communiste, notamment le Front national, qui y a son siège, comme des mouvements d’anciens combattants.
Georges Legras et une de ses collègues, Ina Brocki, travaillaient au 4e étage. Ils sont retrouvés recroquevillés, complètement carbonisés, par les sauveteurs sur le palier du 3e étage. L’accident a fait une autre victime, Germaine Fromentin, et huit blessés.
Plusieurs sociétés d’exploitation de films avaient une activité dans l’immeuble : Armor, Miramar et le studio Saint-Georges. L’enquête a estimé que le feu aurait pris dans les sous-sols, suite à un court-circuit, et aurait embrasé des pellicules de film stockées dans les caves, dans des conditions non conformes à la règlementation. Il s’est ensuite propagé très rapidement dans les étages.
Georges Legras a été déclaré mort le 10 novembre 1949 à Paris (9e arr.). Il était célibataire, âgé de 22 ans et toujours domicilié chez ses parents à Joinville-le-Pont et son corps a été inhumé dans le cimetière communal de cette ville.
Des obsèques solennelles ont été organisées pour deux des trois victimes, Germaine Fromentin et Georges Legras. Elles se sont déroulées le 19 novembre à la Maison des Métallurgistes, rue Jean-Pierre-Timbaud à Paris (11e arr.). Tous les deux ont été salués comme des camarades de lutte et des militants par des dirigeants du Front National, tels Laurent Casanova, Pierre Villon. Plusieurs hauts responsables communistes étaient présents, comme Léon Mauvais et Charles Tillon.
Jacques, le père de Georges Legras, a été candidat communiste lors des élections municipales de Joinville-le-Pont en mars 1965.
Lutte contre l’incendie dans l’immeuble, L’Humanité, 11/11/1949
Jacques Georges Ernest Legras naît le 25 juillet 1903 à Paris (20e arr.). Il est le fils Blanche Ernestine Marie Denis et de son époux Georges Victor Alexis Legras. Ils vivent cours de Vincennes et son père est voyageur de commerce. Son père avait été marié une première fois en janvier 1894, mais son épouse était décédée dix jours plus tard ; il avait contracté une nouvelle union avec Blanche six mois plus tard.
La famille d’installe dans la commune de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), située de l’autre côté du Bois de Vincennes, où ils résident rue de Créteil (act. boulevard du Maréchal-Leclerc), dans le centre-ville, en 1911. Après la première guerre mondiale, pendant laquelle ni le père, trop âgé, ni le fils, trop jeune, ne sont pas mobilisés, les Legras déménagent à Tours (Indre-et-Loire), d’abord rue Bernard-Palissy puis rue Avisseau, dans le centre de la commune. Jacques épouse en décembre 1925 à Saint-Calais (Sarthe), Adrienne Elisabeth Lelong, couturière. Il est voyageur de commerce, comme son père. Suite au décès de celui-ci, en janvier 1927, puis à la naissance de leur enfant en juin, le nouveau couple et la mère de Jacques reviennent à Joinville-le-Pont.
Ils vivent dans le quartier central, rue Émile-Moutier. Toujours employé commercial en 1931, Jacques Legras devient projectionniste de cinéma ; il sera ingénieur du son en 1949. En novembre cette année-là, son fils unique, Georges, âgé de 22 ans et qui travaille également dans le cinéma, comme assistant monteur, meurt dans un incendie à Paris (9e arr.). Il se trouvait alors dans l’immeuble de la rue Saint-Georges qui abritait plusieurs organisations liées au Parti communiste, dont le Front national ; ainsi que des maisons d’édition ou des sociétés cinématographiques. Les obsèques des trois victimes du feu rassemblent de nombreuses personnalités proches du PCF.
Vivant toujours à Joinville-le-Pont, Jacques Legras est candidat, en mars 1965 lors des élections municipales sur la liste d’Union démocratique conduite par Henri Bideaux, ancien conseiller municipal et commerçant. Redevenu représentant de commerce, Legras figure en quatorzième position, avec l’étiquette communiste comme 24 des autres postulants, mais la liste comprend également un socialiste, un radical-socialiste et un républicain.
Au premier tour, la liste communiste arrive en deuxième position, avec une moyenne de 2 316 suffrages soit 29,9% des 7 758 exprimés pour 7 974 votants et 10 441 inscrits. Elle est devancée par le maire sortant, Georges Defert (divers droite), qui obtient 45,4% et précède une liste gaulliste, qui a 26,6% des votes et se retire. Au second tour, la liste communiste recueille 38,1% des bulletins déposés. Elle n’a pas d’élu.
Jacques Legras meurt le 4 février 1980 à Paris (13e arr.) où il était hospitalisé. Il résidait toujours à Joinville-le-Pont, rue des Réservoirs, était veuf et âgé de 76 ans.
Obsèques de Georges Legras, fils de Jacques Legras, 19 novembre 1949
Edith Augustine Delaby naît le 26 juillet 1926 à Paris (13e arr.). Elle est la fille de Marie Camille Lucie Luneau et de Constantin Delaby. Sa mère décède le jour même de son accouchement. Son père est mécanicien et vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).
Le bébé est confié à sa grand-mère maternelle, Marie Louise Hérault née Saugereau, veuve, vivant à La Chapelotte dans le Cher. Elle rejoint son père en été 1934 à Joinville, à l’âge de huit ans, à la mort de son aïeule. Il passe plusieurs annonces pour essayer de lui trouver une compagnie en 1934 et 1937, soulignant qu’il dispose d’un jardin anglais et d’un piano, puis se remarie en mai 1937 à Joinville avec Jadwiga Domanska. Veuve et native de Pologne, elle a francisé son prénom en Edwige Sophie. C’est elle qui va élever la jeune fille.
Pendant la deuxième guerre mondiale, son père meurt en mai 1941 à Toulouse (Haute-Garonne). Il sera reconnu en tant que « victime civile » du conflit, reconnaissance accordée aux personnes qui ont subi des préjudices directs en raison des actions de l'ennemi, des bombardements, des représailles, des actes de sabotage, ou comme victimes de la répression et des persécutions raciales ou politiques.
Restée à Joinville avec sa belle-mère à la Libération, Edith Delaby rêve, selon le quotidien France-Soir, « d’épouser un GI et partir pour le moderne pays des merveilles ». Elle rencontre le soldat Charles Blair Ellsworth d'Arcy Waterbury, citoyen des États-Unis, d’origine acadienne et natif de Terre-Neuve (Canada) avec lequel elle se fiance en novembre 1945. Leur fils Charles Bruce Delaby naît en juillet 1946 à Paris, alors que Charles Waterbury est retourné à New-York.
Pour rejoindre son fiancé, Edith Delaby embarque le 28 décembre 1946 à bord d‘un avion Constellation, quadrimoteurs à hélices construit par Lockheed, sur un vol de la compagnie TWA (Trans World Airline). L’appareil s’écrase à proximité de l’aéroport de Shannon, en Irlande, où il devait faire escale. Il emportait quatorze passagers et neuf membres d'équipage. L’avion est tombé sur une île fluviale, dans une zone marécageuse d’accès compliqué, et sa chute a provoqué une explosion violente. L’accident cause douze morts, dont neuf passagers, tous les autres étant blessés, pour la plupart grièvement.
Lors de l’arrivée des secours, une hôtesse rescapée tend l’enfant à un des premiers sauveteurs, déclarant : « Ce petit bébé s’appelle Charles. Il est le fils d’une épouse de GI. Sa mère est morte dans mes bras ». C’est ce que rapportera la presse américaine du jour.
La presse parisienne pourra rectifier les dépêches d’agence : en fait, Edith Delaby a survécu. Elle souffre de brûlures sévères et d’une fracture à la cheville. Le bébé Charles est moins grièvement atteint, bien qu’ayant une jambe cassée.
Les avions Constellation ont connu plusieurs accidents ; celui qui transportait Edith Delaby avait convoyé à Washington, début 1946, le président du conseil français, M. Léon Blum.
Edwige Delaby, sa belle-mère, rejoint Edith à Limerick, où elle est hospitalisée. Charles Waterbury vient chercher sa fiancée et son fils et embarque avec eux pour New-York le 2 mars 1947. Ils s’installent à Newark, dans le New-Jersey, Belmont Avenue et se marient le mois suivant dans la même ville. Son mari est mécanicien.
Ils s’installent ultérieurement à Newcastle, en Californie. Edwige Delaby émigre également, épouse en décembre 1947 à Manhattan (New York) avec Alexander Schwindt puis vit aussi en Californie, à Pasadena, où elle décède en septembre 1986.
Veuve en 2006, Edith Waterbury meurt le 25 mai 2013 à Newcastle (Cal.). Elle était âgée de 86 ans et mère de deux enfants.
Aline Marie Hanicka naît le 11 novembre 1933 à Varsovie (Pologne). Elle est la fille de Valéria Constance Mantey et de Witold Hanicki.
Son père est ingénieur. Il est originaire en août 1900 de Tereszky, ville située en Russie selon son état-civil, qu’il faut probablement rattacher à l’Ukraine actuellement.
Sa mère, née en juin 1899 à Paris, exerce la profession de sténodactylo, est la fille d’un directeur de l’Assistance publique de Paris, Donat Émile Mantey, qui a en charge des établissements en banlieue comme Bois-d'Arcy (Seine-et-Oise, act. Yvelines) puis en province tels Saint-Pol-sur-Ternoise (Pas-de-Calais) ou Abbeville (Somme). La grand-mère maternelle d’Aline Hanicka, Flora Valeria née Desvaux a pour sœur Anita Desvaux, militante socialiste, mariée avec Jean Laurent Frederick Longuet, journaliste, avocat, homme politique socialiste français membre de la SFIO ; c’est un des petits-fils du philosophe et rédacteur du Manifeste du parti communiste, Karl Marx.
Valéria Mantey, bien que née en France et n’ayant résidé que quelques années en Pologne, avait perdu la nationalité française ; elle la retrouvera en novembre 1937, la famille séjournant de nouveau en France, à Taverny (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise) où naît le frère d’Aline, Jean, en 1935.
Selon l’historien Jacques Girault, Aline Hanicka fréquente, après la deuxième guerre mondiale, vers 1946-1947, un groupe de jeunes animé par Yvan Craipeau. Militant syndical, ancien résistant et dirigeant d’organisations trotskistes, il est instituteur dans une école de Taverny. Elle-même deviendra également institutrice. Le groupe animé par Crépeau comprend des jeunes communistes, mais aussi des chrétiens progressistes et avait une activité principalement sportive.
C’est grâce à ce groupe qu’elle rencontre Roger Beaumont, qui sera lui aussi instituteur, et séjournant alors en sanatorium à Bouffémont (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), commune voisine de Taverny. Toujours d’après J. Girault, Roger Beaumont et ses camarades de club « suivaient de très près les actions des prêtres-ouvriers ». Il exerçait des responsabilités locales aux scouts de France. Résidant à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), il avait été adhérent aux Jeunesses du Rassemblement du peuple français (RPF, gaulliste) dans cette ville de 1947 à 1950.
Cependant, fréquentant Aline Hanicka et les membres de son groupe, il change d’opinion et rejoint le parti communiste français (PCF) en décembre 1953 ; elle-même le fait l’année suivante. Ils se marient, en mars 1954 à Joinville-le-Pont et vivent dorénavant dans cette commune.
Roger Beaumont est élu conseiller municipal de la commune voisine de Champigny-sur-Marne, où il enseignait. Après leur divorce et son remariage, il va quitter les bords de Marne pour s’installer à Sens, dans l’Yonne, où il devient inspecteur départemental de l’Éducation nationale.
Aline Hanicka conserve, selon le pédagogue Bernard Furet, la garde de leurs deux garçons. En mars 1999, elle participe à une souscription lancée dans le quotidien communiste L’Humanité aux côtés de militants communistes de Champigny.
Elle meurt le 17 janvier 2007 à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Elle était âgée de 73 ans.
Georges Pierre Lambert naît le 21 mai 1886 à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Il est le fils de Berthe Lévy et de son époux, Jules Lambert. Son père est capitaine d’infanterie de marine, basé à Rochefort (Charente-Maritime). Ses parents, tous deux originaires de Nancy, sont de confession israélite.
La famille s’installe à Vanves (Seine, act. Hauts-de-Seine). Ils résident en 1906 rue Diderot. Pierre Lambert, qui est alors étudiant en sciences, s’engage pour trois ans dans l’armée en octobre 1905. Il est cependant démobilisé un an plus tard, du fait de ses études. Il réintègre l’armée en 1907. Il est chimiste à la poudrerie nationale de Sevran-Livry (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il reste probablement en fonction pendant la plus grande partie de la première guerre mondiale, mais il reçoit cependant une blessure de guerre par balle, qui lui vaudra, en 1933, une pension d’invalidité partielle.
En mai 1918, il épouse à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) Marie Stieffel, fille d’un médecin de la commune, lui aussi d’une famille juive, qui était installée à sa naissance à Oran (Algérie), mais venait antérieurement d’Alsace. Son épouse deviendra une artiste peintre et exposera régulièrement dans les salons parisiens.
Devenu chimiste principal en 1924, Pierre Lambert est affecté en 1930 au Laboratoire central des poudres, quai Henri-IV à Paris (4e arr.). Le couple s’installe à Joinville-le-Pont avec le docteur Stieffel, rue de Paris. Ils y sont recensés en 1931 et résident là toujours en 1938.
Pendant la deuxième guerre mondiale, malgré ses origines familiales, Pierre Lambert continue son activité. Il est muté en novembre 1940 au service des industries chimiques, à Montpellier (Hérault). Il est intégré en février 1944 au corps des ingénieurs, puis est reclassé, après-guerre, dans cette même fonction rétroactivement en février 1942. Il prend sa retraite comme ingénieur chimiste en chef en mai 1946.
Fait chevalier, à titre militaire, en janvier 1931, il est promu officier de la Légion d’honneur juste après avoir quitté son poste, en juin 1943.
La base de données Léonore (Légion d’honneur) signale que son dossier a été clôturé en 1976, ce qui indique probablement que Pierre Lambert est décédé cette année-là. Il aurait eu 89 ou 90 ans et ne semble pas avoir eu d’enfants.
Il ne doit pas être confondu avec Pierre Raymond Lambert (1910-1964), employé de banque, résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, membre de la délégation spéciale à la Libération puis conseiller municipal (1944-1947) et adjoint au maire de Joinville-le-Pont (1959-1964).
Poudrerie nationale de Sevran-Livry, bâtiment de la direction (ph. Wikipédia)
Cyrille Ivanoff naît le 18 janvier 1892 à Kherson (Russie, act. Ukraine).
Selon des sources familiales, Cyrille Ivanoff suit les cours de l’école polytechnique de Kiev (Russie, act. Ukraine) et est diplômé en génie naval. Il poursuit des études en chimie et en botanique pour finalement ouvrir deux parfumeries, une à Odessa et l’autre en Pologne. D’après son petit-fils et homonyme, il aurait recueilli « une petite fortune » de son activité de parfumeur, et aurait décidé de devenir prêtre orthodoxe, dans le rite des Vieux-Croyants.
Il épouse à Kiev Marie Rouleff puis, suite à la révolution bolchévique, également d’après la chronique familiale, il fuit l’Ukraine après 1919, à bord d’un voilier avec sa famille en direction de l’empire Ottoman (act. Turquie), où il se serait présenté au patriarche grec.
Arrivé en France avec un passeport d’apatride, il s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il réside en 1927 quai de la Marne, un quartier comportant une communauté d’origine russe assez importante. En octobre 1927, il rédige un compte-rendu de la deuxième assemblée générale des Vieux-croyants à Paris, qui s’est tenue dans les locaux de l'Union de la jeunesse chrétienne (10, boulevard Montparnasse). Il signe pour le Comité de l'Église, dont l’adresse est à son domicile de Joinville.
La famille comprend les deux aînés, nés à Kherson en 1917 et 1919, et un dernier enfant, né à Paris en 1935. Cyrille Ivanoff se déclare prêtre orthodoxe russe lors des deux recensements de 1931 et 1936, tandis que l’épouse, Marie, est couturière et que l’aîné, Nicolas, qui a environ 17 ans en 1936, est alors apprenti.
Les époux et les deux plus jeunes enfants, mineurs, obtiennent en novembre 1938 la nationalité française par décret de naturalisation. Ils sont toujours domiciliés à Joinville.
Toujours si l’on suit les explications de son petit-fils, Cyrille Ivanoff se serait rendu en Lituanie, à une date inconnue, et aurait été arrêté par les autorités soviétiques qui l’auraient alors déporté dans un camp de prisonnier en Sibérie. Il serait resté détenu 20 ans, avant de pouvoir quitter l’Union soviétique avec l’appui des autorités consulaires françaises.
Ensuite, il aurait voyagé aux États-Unis. Cyrille Ivanoff serait mort en 1982, peut-être au Canada où s’était installé son fils aîné Nicolas, qui y est mort en janvier 2009.
La rue Chapsal et le quai de la Marne à Joinville-le-Pont
Isaac Lewinski naît le 30 octobre 1890 à Paris (3e arr.). Il est le fils de Pauline Zaremberg couturière, et de son époux Joseph Lewinski, tapissier. Tous les deux sont originaires de Podlachie, alors dans l’empire russe, actuellement dans le nord-est de la Pologne. Ils se sont mariés à Paris en novembre 1889. Ils vivent rue Vieille-du-Temple, dans un quartier comportant une importante communauté juive venant d’Europe orientale. Ils s’installeront ensuite boulevard Beaumarchais (quartier Saint-Ambroise, 11e arr.). Leur nom est très souvent orthographié Levinsky, parfois Levinski ou Lewinsky. Isaac prendra « Henri » comme prénom d’usage.
Le père, Joseph Lewinski, sera, à partir de 1900, marchand et loueur de meubles. Il fournira Gaumont, à Paris et Pathé-Cinéma qui dispose d’ateliers à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne), comprenant un théâtre de prise de vue. Son garde-meubles se situe à Vincennes.
La famille compte trois fils, Henri, Léon et Jules. Le premier gèrera avec son père les affaires que ce dernier développera après la première guerre mondiale ; les deux autres seront fourreurs, profession assez développée parmi les juifs immigrés de Pologne.
Henri Lewinski est de nationalité française (ses parents l’obtiendront en 1928) et est donc convoqué pour effectuer son service militaire. Il est mobilisé en octobre 1911 au 3e régiment de zouaves. En octobre 1912 il devient soldat musicien. Il retourne à la vie civile en novembre 1913, mais pour peu de temps car il est rappelé en août 1914 au début de la première guerre mondiale.
Blessé à la tête par des éclats d’obus à Craonne, lors de la première bataille de l'Aisne en septembre 1914, Henri Lewinski est réformé en décembre 1915 pour « blessure de guerre, trépanation, confusion mentale, amnésie, céphalée occipitale, hallucinations ». Son statut de réformé est confirmé en mars 1916, et il obtient en mars 1917 une pension de 300 francs du fait de son état « incohérence mentale, légers tremblements ». En juin 1930, sa dispense de service sera confirmée, en lien avec ses troubles neuropathiques.
Lorsque Pathé-Cinéma se déplace ses usines dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, en 1923, Joseph Lewinski acquiert un vaste terrain à proximité. Il y installe un dépôt, puis le transforme en petit studio avant de construire, en 1923, le premier studio de cinéma moderne de France. Il le revend à Pathé-Cinéma en 1924, qui en confie l’exploitation à Ciné-Romans.
Toute la famille s’installe à Joinville, dans le quartier de Polangis, avenue du Parc. Henri est le principal collaborateur de son père. Il s’occupe notamment des installations électriques et de la gestion d’ensemble du studio. Lorsque, fin 1923, la famille comprend qu’elle n’a pas assez de moyens pour développer l’entreprise, même après avoir ouvert une antenne à Paris, c’est Henri qui va négocier la vente de l’activité à la société Pathé-Cinéma, qui en confie l’exploitation en avril 1924 à Cinéromans. Il signe le bail des studios, la famille restant propriétaire du terrain.
À la mort de leur père, en janvier 1937, les trois frères gèrent en commun, avec leur mère, le patrimoine issu de son héritage.
Pendant la deuxième guerre mondiale, contrairement à ses frères, Henri Lewinski reste au moins un temps à Joinville, où une carte alimentaire à son nom lui est délivrée. Jules fuit d’abord à Montpellier puis à Aix-le-Bais, où il est arrêté en mai 1944, déporté et tué au camp de concentration d’Auschwitz. Léon qui l’avait accompagné en France meurt à Saint-Maur-des-Fossés en décembre 1944.
Après la deuxième guerre mondiale, Henri Lewinski vit toujours dans le pavillon familial, en compagnie de sa mère. Il prend part, en février 1947, à la constitution d’une société coopérative « ayant pour objet, par la coopération de techniciens et ouvriers, tous intéressés à la gestion et aux bénéfices de l’entreprise » dans la construction, l’aménagement, la transformation, la décoration de bâtiments, les ouvrages d’art. Elle a pour gérant l’architecte Yvon Boudet.
En juillet 1954, la commune de Joinville-le-Pont s’approprie une partie des terrains Lewinski, dont il est l’héritier, pour la construction, avenue Ratel, sur environ 3 000 m² de l’école maternelle du quartier de Polangis.
Le reste des terrains est cédé en juillet 1959 à la société Franstudio.
Henri Lewinski meurt le 13 août 1976 à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine). Il était âgé de 85 ans et ne semble pas avoir été marié.
Atelier de mécanique des studios Pathé de Joinville (ex-Lewinski)
Jean Léon Emmanuel Tallet naît le 12 septembre 1914 à Royan (Charente-Inférieure, act. Charente maritime). Il est le fils de Jeanne Louise Cadot et de son mari Emmanuel Jean Amédée Tallet, hôtelier et maître d’hôtel
Avec sa mère, Jean Tallet vit en 1926 chez sa grand-mère maternelle à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Champignol, avenue Parmentier. Ses deux parents sont devenus secrétaire dans la même entreprise, mais ils vivent séparément, son père résidant à Choisy-le-Roi (Seine, act. Val-de-Marne). Il meurt en 1932 hospitalisé à Paris, en ayant repris le métier de cuisinier.
Pour sa part, Jean Tallet suit les cours au collège à Saint-Maur puis fait des études.
C’est probablement lui qui est présenté dans la presse locale comme membre de la Ligue des Jeunesses patriotes, mouvement d’extrême-droite présidé par Pierre Taittinger. Active notamment à Joinville-le-Pont depuis 1927, la ligue y fait campagne, en mai 1935, en faveur de Léon Lesestre, candidat de la droite contre le maire sortant radical-socialiste Georges Briolay et contre la coalition socialiste et communiste. Il publie un appel dans le journal libéral l‘Union régionale : « Le devoir des JP, des membres du Front national et des nationaux est de barrer la route au Front commun et faire bloc sur la liste d’Union républicaine. »
Après son élection au poste de maire, Jean Tallet s’exprime au nom du comité d’arrondissement des Jeunesses patriotes : « Félicitations à notre ami Lesestre, menons une active propagande pour faire aboutir la révolution nationale. Le National en vente le dimanche au marché et à l’église. »
C’est encore sans doute lui qui, sous la signature J. Tallet, adresse un message de soutien au dirigeant du mouvement royaliste Action française en novembre 1936.
Toujours domicilié à Saint-Maur avec sa mère, Jean Tallet fait son service militaire, probablement en 1936. Son comportement pendant la deuxième guerre mondiale n’est pas connu ; il existe cependant un Jean Tallet, qui n’est pas identifié plus explicitement, sur la liste des Dossiers administratifs de résistants éditée par le Service historique de la Défense. Contrairement à d’autres mouvement d’extrême-droite, les organisations liées à Pierre Taittinger ont fourni des résistants à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, comme lui-même.
Ce fut le cas de Louis Richard (1896-1971), employé de chemin de fer, candidat conservateur à Joinville-le-Pont (1929), syndicaliste CFTC, décoré de la Médaille militaire. En 1935, il militait avec Jean Tallet.
Jean Tallet s’engage dans l’armée active (peut-être dès son service militaire) et devient sous-officier. Il a le grade d’adjudant en 1946. Après le décès de sa mère en 1968, il réside dans la caserne de Reuilly à Paris (12e arr.). Il y est économe en 1970.
Revenu à Saint-Maur, il épouse dans cette ville en juin 1975, à 60 ans, une de ses anciennes voisines, Simonne Francine Paudrat, sa cadette de 17 ans, qui avait suivi des études de droit.
Jean Tallet meurt le 9 juin 1994 à Saint-Maur-des-Fossés. Il était âgé de 79 ans.
Léon Lesestre, sympathisant de l’extrême-droite et maire de Joinville-le-Pont
M. Klein est un conseiller municipal élu à Joinville-le-Pont (1945-1947) sur la liste d’union des forces de gauche.
Les des premières élections municipales qui suivent la Libération de la plus grande partie du territoire national français, quelques jours avant la fin de la deuxième guerre mondiale, ont lieu le 29 avril 1945. À Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), le score est acquis dès le premier tour, et il n’y a donc pas lieu de convoquer de nouveaux les électeurs le 13 mai. Depuis septembre 1944, la commune est administrée par une délégation spéciale, composée sur proposition du Conseil parisien de Libération, après avis du conseil local de Joinville. La délégation est présidée par Robert Deloche (communiste), qui fait fonction de maire, et a des vice-présidents, jouant le rôle d’adjoints, communiste, socialiste, radical-socialiste et indépendant.
Lors du scrutin, pour la première fois, les femmes ont le droit de vote. Le conseil élu en avril 1945 reconduit 17 sortants qui siégeaient dans la délégation spéciale sur 27 élus dont une femme). On compte trois femmes parmi les 10 nouveaux élus. L’assemblée municipale se réparti entre 7 communistes, 6 socialistes SFIO, 5 radicaux-socialistes et 9 « indépendants de gauche », parmi lesquels on retrouve des démocrates-chrétiens du MRP. Deloche est réélu maire.
Un des conseillers municipaux masculins est nommé Klein et fait apparemment partie du groupe radical-socialiste.
Il est possible qu’il s’agisse de Bernard Klein, né Bernhard Dreyfus, alias Bernard Kersaint (1875-1948), voyageur de commerce, conseiller municipal radical-socialiste de Joinville-le-Pont (1929-1935), franc-maçon, animateur de manifestations sportives de lutte, boxe et aviron. Cependant, Il n’est pas inscrit sur la liste électorale de la commune pour cette année-là et, à son décès en novembre 1948, il est domicilié à Paris.
Parmi les électeurs joinvillais de 1945, on peut répertorier les personnes suivantes :
Eugène Klein naît le 17 juin 1876 à Paris (18e arr.). Il est marié à Clémence Lucienne Sternuite puis à Marie Steyer mécanicien à la compagnie des Chemins de fer du Nord. Il vivait rue de Créteil. Eugène Klein meurt le 28 avril 1952 à Paris (12e arr.).
Henri Louis Klein est né le 27 avril 1895 à Paris (10e arr.). Après avoir été blessé à plusieurs reprises pendant la première guerre mondiale, il a épousé à Joinville en juillet 1928 Suzanne Juliette Schwerzig. Il est monteur en bronze, réside avenue du Chalet et dispose pendant la deuxième guerre mondiale d’une carte d’alimentation avec son adresse à Joinville. Henri Louis Klein meurt le 9 juillet 1982 à Créteil (Val-de-Marne).
Henri Charles Klein voit le jour le 8 janvier 1887 à Reims, Marne, dans une famille de tapissiers, métier qu’il exercera à Joinville-le-Pont comme son père l’avait fait. Dispensé de service militaire et exempté pendant la première guerre mondiale pour « faiblesse générale », il vit dans le quartier de Polangis avec une partie de sa famille, avenue du Parc. Marié avec une tapissière, Renée Catherine Sarrelangue, il meurt le 3 mai 1956 à Paris (11e arr.), étant toujours domicilié à Joinville.
Maurice Pierre Klein, frère d’Henri Charles est également natif de Reims, le 29 octobre 1888. Il exerce le même métier familial, de tapissier et se marie avec Marie Thérèse Henriette Louage. Bien que signalé lui aussi comme ayant une « faiblesse organique », il effectue son service militaire puis est mobilisé au début de la première guerre mondiale dans des unités non combattantes. Il termine le conflit dans l’aviation, en tant que caporal. Il réside dans le quartier de Polangis, avenue Jamin. Décédé le 17 janvier 1973 à Créteil (Val-de-Marne).
Le fils de Maurice Pierre Klein, Pierre Jean Klein, ne figure pas sur la liste électorale conservée aux archives départementales du Val-de-Marne pour l’année 1945. Il est né le 26 août 1922 à Joinville-le-Pont. Marié avec Christiane Marcelle Aimée Morissard, il meurt le 12 juin 2020 aux Les Rosiers-sur-Loire, commune déléguée de Gennes-Val-de-Loire (Maine-et-Loire). En mars 1983, il a été élu, sous l’étiquette RPR (droite, gaulliste) sur la liste de Pierre Aubry (div. droite) qui remporta l’élection municipale de Joinville-le-Pont, face au maire sortant communiste, Guy Gibout. Pierre Klein, alors âgé de 60 ans, se présentait comme retraité. Il siégea jusqu’en 1989.
Commémoration de la fin de la guerre an mai 1945 à Joinville-le-Pont
Bernard Marie Joseph Thorel naît le 10 août 1905 à Pontlevoy (Loir-et-Cher). Il est le fils de Marie Josèphe Geneviève Madeleine Sausse et de son époux Philippe Charles Louis Thorel.
Il est le deuxième des huit enfants du couple et le premier garçon. La famille est installée en 1911 à Courbevoie (Seine, act. Hauts-de-Seine), où son père est assureur. Il meurt en février 1920, Bernard ayant 14 ans.
Bien que fils aîné d’une veuve, ce qui aurait pu lui valoir une dispense de service militaire, Bernard Thorel passe en 1925 le concours pour devenir élève-officier. Alors soldat au 24e régiment d’infanterie, il est reçu et devient sous-lieutenant. Il effectue probablement sa période dans l’armée au sein de l’École normale de gymnastique et d’escrime qui devient en décembre 1925, l’École supérieure d’éducation physique. Basée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le Bois de Vincennes, elle est rattachée, comme la totalité du Bois en avril 1929 à la ville de Paris. Thorel est nommé lieutenant de réserve en mai 1930.
Engagé dans le mouvement scout, Bernard Thorel, alias Ours des Neiges, est l’un des fondateurs en 1923 de la troupe de L’Île-Saint-Denis avec André Linsi. Il est aussi en mars 1926 le chef de la troupe dite 1re Cuts. En sommeil une partie de l’année, elle se réunit dans l’Oise avec d’autres troupes au Camp de Vieux-Moulin. En janvier 1931, Bernard Thorel crée une nouvelle troupe à Joinville-le-Pont. Il est breveté du centre de formation du scoutisme en France, qui fonctionne au château de Chamarande (Seine-et-Oise, act. Essonne).
Après avoir quitté l’armée, Bernard Thorel entreprend en 1932 des études à la Faculté de théologie de l'Institut catholique de Paris. Il est reçu au baccalauréat en 1933 et obtient cette même année des certificats de grec biblique et d'hébreu. Il reçoit, avec mention honorable, le diplôme d'études supérieures de philosophie en novembre 1934. Sa thèse, présentée en Sorbonne, est consacrée au fondateur du mouvement de jeunesse : Le scoutisme de lord Baden-Powell, méthode et vie ; elle est éditée en 1935, avec une préface d’Albert Millot, professeur de philosophie au lycée Louis-le-Grand (Paris).
Ayant connu un important développement, en passant de 10 000 scouts en France en 1920 à 72 700 en 1937, le scoutisme commence à faire l’objet de l’attention des chercheurs. Pour l’hebdomadaire Sept, Thorel montre « la cohérence et le réalisme » du scoutisme français (décembre 1936). Le quotidien catholique La Croix salue « une recherche en profondeur pour l’expliquer, une pensée qui cherche à définir une vie (décembre 1936). Thorel soutient que « l'unité profonde du scoutisme doit être recherchée dans la vie même du Chef-Scout Baden-Powell, colonial et chevalier » selon Les Essais catholiques (octobre 1938). Dans la Revue dominicaine, Ceslas Forest, résume l’ouvrage : « Le scoutisme a pour but de faire d’abord, de la génération de demain, une génération d'hommes sains et forts (…) Le but ? Nous allons dire immédiatement que c’est le service du prochain et l’accomplissement de notre devoir de citoyen. »
Ultérieurement, la thèse de Thorel a servi de référence. Émile Poulat, dans les Archives de Sciences Sociales des Religions, oppose Bernard Thorel, apologiste du scoutisme, à ses adversaires au sein de l’église catholique à son origine (1995). Dans un mémoire de master, Manon Radiguet de la Bastaïe, assure que Thorel précise les principes pédagogiques du scoutisme : le service du prochain, la progression personnelle (2018).
Thorel est également licencié en décembre 1936, toujours à l'Institut catholique.
Pendant son cursus à la Catho de Paris, Bernard Thorel est ordonné prêtre catholique en avril 1935 au séminaire des Carmes, implanté au sein de l’établissement rue d’Assas à Paris (6e arr.). Il est nommé préfet de division au collège Saint-Jean de Passy, institution privée catholique rue Raynouard, dans le 16e arrondissement de Paris. D’abord en charge de la quatrième puis de la première division, il devient préfet des sports en 1937. Pour l’historien du lycée, Jacques Houssain, il donne à cette fonction une « vigoureuse impulsion, organisant entre-autres un camp de neige dans le Jura » (2015). Dans l’hebdomadaire Benjamin, l’abbé Thorel reconnait que l’institution était très en retard en matière d’éducation physique et assure mettre « les bouchées doubles ou même triples » (janvier 1939).
S’il n’est plus directement dans le scoutisme, Bernard Thorel est cependant nommé chef de troupe honoraire en juillet 1936. Il est également nommé aumônier du clan Charles de Foucauld, qui regroupe des scouts de l’école militaire de Saint-Cyr.
Pendant la deuxième guerre mondiale, le lieutenant Bernard Thorel est aumônier des prisonniers de guerre de l’Oflag X-D, situé à Fischbek, un quartier de l’arrondissement de Hambourg-Harbourg (Allemagne). Sa « valise chapelle » est déposée au Musée de la Libération de Paris (14e arr.). Elle lui avait été offerte par Mgr Léon-Albert Terrier, évêque de Tarentaise et expédiée en 1940 par Jean Rodhain, de l’Aumônerie des prisonniers de guerre de l’église catholique à Paris. Elle porte une étiquette : « Que ma peine d'aujourd'hui comme votre sacrifice, Seigneur, serve à la libération de tous mes frères. »
Établi en mai 1941, l'Oflag X-D a été le lieu de l’invention d’un réchaud de fortune par un officier polonais, baptisé « choubinette » par des officiers belges. En juin et juillet 1942, des prisonniers français organisent une kermesse au profit du Secours national, distributeur des secours en temps de guerre. Pendant un mois, on y organise musique, théâtre, sport, jeux scouts, ventes aux enchères… Le camp est libéré en mai 1945 par les troupes britanniques.
Après son retour de captivité, Bernard Thorel reprend sa fonction de préfet des sports à Saint-Jean de Passy. Il l’exerce jusqu’en 1947. Dans la réserve de l’armée de terre, il est promu capitaine en septembre 1949.
Est-ce lui le « Bernard Thorel, directeur de colonies de vacances » qui est victime, le 22 juillet 1946, d’un accident près de Forbach ? Un autocar transportant une vingtaine d’enfants français s’est écrasé dans un ravin d’une trentaine de mètres, dans la vallée de Ia Murg, causant la mort de trois enfants. Sept autres sont blessés et, comme quatre accompagnateurs adultes, transportés à l’hôpital militaire de Baden-Baden.
Bernard Marie Joseph Thorel meurt le 8 août 1975 à Paris (15e arr.) alors qu’il était hospitalisé. Il résidait alors rue Carnot à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne). Il était toujours ecclésiastique et âgé de 69 ans.
La « valise chapelle » de Bernard Thorel, Musée de la Libération de Paris