Nicolas Rodionoff naît le 6 janvier 1886 à Ekaterinodar dans la province de Kouban en Russie (act. Krasnodar). Il est le fils de Barbe Markoff et de son époux Nicolas Rodionoff.
Selon des sources familiales, il est officier de marine, capitaine de frégate de la marine impériale russe, et quitte la Russie après la révolution bolchévique d’octobre 1917.
Arrivé en France, il travaille comme ingénieur. Selon les mêmes sources, il aurait été un temps chargé du contrôle du trafic au port de Sète (Hérault).
Dans la seconde moitié des années 1920, il vit à Paris (8e arr.), rue du Rocher, et fréquente le Cercle Les Capucines, une institution mondaine et culturelle, qui avait notamment accueilli le capitaine Dreyfus. Nicolas Rodionoff est naturalisé français par décret le 16 juin 1938. Il vit à Paris (5e arr.) avec Michel Rodionoff, employé de commerce, au 1, rue François-Mouthon.
Le 13 avril 1939 Paris (15e arr.), il épouse Cécile Marie Louise Willot, domiciliée à Enghien-les-Bains, fille d’un médecin et originaire de Valenciennes (Nord).
Nicolas Rodionoff meurt le 24 septembre 1962 à Crisenoy (Seine et Marne). Il était âgé de 76 ans et est inhumé à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne).
Édouard Léon Martin naît le 22 avril 1878 à Villabé (Seine-et-Oise, act. Essonne). Il est le fils de Léontine Louise Villéger et d’Édouard Olivier Martin, maçon son époux.
Ses parents décèdent avant sa majorité et Édouard Martin vit chez sa grand-mère à Essonnes (Seine-et-Oise, act. Essonne). Il devient employé de mairie et se marie, en décembre 1901 à Corbeil avec Catherine Léontine Greiner.
Ajourné à deux reprises pour sa faiblesse physique, il effectue un service militaire en 1902. Il s’installe ensuite à Paris (19e arr.), d’abord rue de Flandre puis rue de Nantes.
En 1909, il s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il vit dans le quartier de Polangis, avenue Bourguignon et ensuite avenue de l’Île.
Dans la commune, Édouard Martin devient vice-président de la Mutualité scolaire, une des principales structures sociales locales. Elle est alors présidée par Alphonse Depasse, dit Depasse-Laridan, fabricant de bonneterie et responsable d’organisations professionnelles.
Pendant la première guerre mondiale, qu’Édouard Martin débute dans les services auxiliaires, il est reclassé ensuite comme apte au service armé et rejoint le 34e régiment territorial d’infanterie en avril 1915. Il devient brigadier en septembre 1918.
Édouard Léon Martin meurt le 1er janvier 1919 à Bouillon (province de Luxembourg, Belgique), où il venait d’être admis dans l’ambulance 4/6. Il est déclaré mort des suites de maladie contractée en service et est inhumé dans l’ossuaire de Bouillon, tombe 1.
Le décès de Martin a été transcrit sur l’état-civil de Joinville en mars 1921. Son nom figure sur le monument aux morts de la commune sous la forme : Martin E. Son fils René est « adopté par la Nation » en octobre 1919.
Eugène Martin naît le 17 juin 1830 à Saint-Sulpice-les-Champs (Creuse). Il est le fils de Françoise Batherosse et de son mari Joseph Martin, qui résident dans le village de Chansard.
Résidant à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) Eugène Martin participe en février 1862, parmi 28 habitués du café Émile Gosset à Joinville, à une souscription pour les ouvriers de Lyon et de Saint-Étienne. Plusieurs personnalités locales y contribuent, comme Gosset, alors conseiller municipal, son frère Prince Amédée, conseiller municipal de la commune voisine de Saint-Maurice, Pierre Arnoult, marchand de nouveautés et Firmin Victor Cadot, eux aussi élus de Joinville, un célèbre tapissier-décorateur, Jean Marie Belloir, l’architecte Camus, le restaurateur Eugène Napoléon Rozier, etc.
Devenu négociant en vins, Eugène Martin obtient par décret impérial en janvier 1868 le droit d’épouser sa nièce et il se maire à Joinville en juin 1868 avec Maxence Berthe Martin, fille de son frère Jean Baptiste.
Pendant la guerre franco-prussienne de 1870, alors que la République vient d’être proclamée le 4 septembre, des élections municipales sont organisées. Le conseil municipal de Joinville comprend 16 membres ; Eugène Martin est élu, le maire, reconduit étant le conservateur Auguste Courtin et son adjoint étant Louis Ferdinand Rousseau, bonapartiste.
Pendant le siège de Paris, en décembre 1870, les habitants de la commune de Joinville sont évacués, le conseil municipal siégeant à Paris, d’abord rue du Bac puis boulevard Voltaire, tandis que le pont reliant les deux rives de la Marne est détruit et que les combats font près de 2000 morts, essentiellement militaires.
Après la défaite française, fin janvier 1871 et jusqu’en septembre, la commune est occupée par 3 000 soldats allemands (Wurtembourgeois et Bavarois) avec un état-major général de brigade et 250 chevaux.
C’est sous l’occupation qu’un nouveau scrutin est organisé, en juillet 1871. 13 des 16 sortants, dont Martin, le maire et son adjoint, sont réélus. Ils le sont de nouveau, en novembre 1874. La démission de Courtin en 1876 provoque son remplacement par Rousseau. Cependant, ce dernier est battu en janvier 1878 par une liste républicaine, conduite par Gabriel Pinson, descendant de trois anciens maires de la commune.
Martin ne siège pas dans le nouveau conseil. Il revient par contre dans l’assemblée locale en janvier 1881, lors d’un scrutin qui voit une large victoire de la liste républicaine de Pinson. Il est de nouveau réélu en mai 1884 puis, dès le premier tour, en mai 1888. Cette année-là, la liste Pinson est opposée à une liste radicale-socialiste, qui obtient trois sièges. Martin recueille 306 voix, soit environ 56% des suffrages.
L’activité de commerce de vins vaut à Martin quelques ennuis. En 1885, il est accusé d’avoir oublié de payer les droits d’octroi et doit payer une amende Le journaliste Henry Vaudémont. lui demande de démissionner dans l’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes. En août 1891 est condamné à 50 francs d’amende pour « tromperie sur la marchandise ». Il avait vendu du vieux kirsch avec une mention « de fantaisie » peu lisible, mais le breuvage n’était ni vieux, ni du kirsch. Vaudémont toujours s’émeut de cette situation: « La faute de l’un (simple particulier) ne saurait excuser la faute de l’autre, conseiller municipal. (…) Qu’il démissionne, qu’il rentre sous sa tente… »
La tension entre les deux hommes monte. Vaudémont, qui est également conseiller municipal, déclare que « quoiqu’il arrive lors de prochaines élections, je ne saurai consentir à figurer sur une liste où sera porté M. Martin ». De fait, Eugène Voisin, l’ancien adjoint étant devenu maire en remplacement de Pinson, il se présente en mai 1892 avec le soutien du comité radical-socialiste. Sa liste remporte 22 sièges, avec 70% des 639 suffrages exprimés, une liste conservatrice, conduite par Bocquentin et Barborin, a un élu avec 27%. Martin se présente en candidat isolé et se voit crédité de 284 soit 44,4%.
Lors du scrutin de mai 1896, Vaudémont, très malade, ne se représentant pas, Martin rejoint la liste Voisin qui est élue avec une moyenne de 800 voix pour 918 inscrits, sans concurrents.
Eugène Martin avait investi dans une distillerie, sise rue de Paris, à Joinville. Il meurt en cours de mandat, après près de 23 ans passés au conseil municipal, le 11 février 1900 à Joinville. Il était âgé de 69 ans.
Son fils, René Charles Martin, reprendra l’activité de négociant en vins et distillateur, tentant aussi, sans succès, d’accéder à l’assemblée locale.
René Louis Émile Martin naît le 4 octobre 1887 à Saint-Servan (Ille-et-Vilaine). Il est le fils de Fanny Berthe Morvan et de son époux, René Alexandre Martin, marin. En août 1912 à Brest. René Louis Martin, à ce moment ouvrier au port et résidant à Lambézellec (act. quartier de Brest) épouse Henriette Yvonne Marianne Callet.
Réformé et pensionné à la suite de la première guerre mondiale, René Martin, résidait rue Turenne à Brest et travaillait à l’arsenal de la ville.
En avril 1920, il est élu au bureau de l’union départementale CGT lors du congrès régional tenu à Carhaix-Plouguer. En octobre, il devient administrateur de la Maison du peuple dont la commission administrative comptait alors 7 anarchistes sur 19 membres. Il est membre des jeunesses syndicalistes et du groupe libertaire reconstitué en janvier 1921 par J. Le Gall. Martin adhéra à la CGTU, après le congrès régional de Landernau en avril 1922 et devint secrétaire de l’union locale. Dans le Syndicaliste du Finistère (août 1922), il justifia son adhésion par ce qu’il appelait « la trahison » de la majorité confédérale de la CGT pendant la guerre et rappela que « les partis politiques, communistes ou autres, doivent foutre la paix au syndicalisme ».
Cette même année 1922, Martin signe un article collectif intitulé « Plus que jamais vive Cottin », en référence à la tentative d’attentat contre Clémenceau de ce dernier. Il fut condamné à trois mois de prison avec Pierre Gouzien, Louis Marchand et Pierre Camblan. En mai 1923, Martin fut avec Gouzien et Quemerais l’un des délégués anarchistes au congrès de fondation de l’Union régionale unitaire dont Quelerais sera nommé secrétaire. Les 22-23 juillet 1923, avec Texier et Tircor, au comité confédéral national de la CGTU, il dénonça le rôle des Commissions syndicales obligeant tout syndiqué du parti communiste à appliquer la ligne du parti.
Martin était membre du Comité de défense sociale et secrétaire du Comité Sacco-Vanzetti qui organisa le 19 octobre 1921 un meeting de solidarité où prirent la parole Fister de l’union anarchiste et J. Le Gall du groupe de Brest et à l’issue duquel, un cortège se forma, se dirigea vers le Consulat des États-Unis dont les vitres furent brisées à coups de pierres.
Á l’été 1922, lors d’un meeting de soutien aux grévistes du Havre, il avait déclaré « Dans l’avenir, il faudra pouvoir descendre autant de policiers et de gendarmes qu’il y aura de victimes ouvrières ». Cette même année il participa avec L. Guérineau, C. Journet, Boudoux et G. Bastien à l’enquête sur ‘e fonctionnarisme syndical » publiée par La Revue anarchiste de Sébastien Faure.
Le 6 juillet 1923 il participait à la fondation du Comité de vigilance et d’action contre les menées fascistes d’Action française et autres groupes réactionnaires, où il représentait la CGTU ; le bureau comprenait six anarchistes et quatre communistes. Il semble qu’il ait été le secrétaire du syndicat unitaire du bâtiment et diffusait le quotidien Le Libertaire, auquel il collaborait, avec une carte de colporteur. En novembre 1923 il participait au 2e congrès national CGTU de Bourges, qui vit la prise en main par le parti communiste sur le syndicat. Au congrès de 1924, après s’être opposé vainement à ce contrôle, il quittait la CGTU et adhérait à l’autonomie. Secrétaire de la Bourse du travail autonome de Brest, il fut perquisitionné à de nombreuses reprises en particulier en juillet 1925 où la police saisit de nombreux journaux et tracts. En 1927, il réintégra la CGT.
Secrétaire du groupe anarchiste de Brest et partisan de la Plate-forme dite d’Archinov, il fut l’un des rédacteurs et l’administrateur du journal Le Flambeau (Brest, 80 numéros 1927-1934) dont le gérant était J. Treguer et qui en 1929 tirait à 3.500 exemplaires et comptait 400 abonnés. Le 9 mars 1928, suite à un article paru dans le journal et sur plainte de l’évêque, il fut condamné par le Tribunal correctionnel de Brest à 100 fr. d’amende et à 3000 fr. de dommages et intérêts qu’il ne put payer et fut emprisonné pour un an pour contrainte par corps. De la prison, il refusa que ses compagnons se cotisent pour payer les dommages et intérêts. Suite à plusieurs interventions, dont celle de la Ligue des droits de l’Homme, il fut libéré le 4 décembre 1928. Puis Martin fut le responsable de l’édition de l’ouest de Terre Libre (Brest, 1934) et collabora à l’édition parisienne de ce journal publiée par Marchal et Planche (1936-1937) et à l’édition nîmoise publiée par A. Prudhommeaux (1937-1939).
Mi-octobre 1931, Martin fut délégué de Brest au congrès de l’Union Anarchiste à Toulouse, et participa également au congrès tenu à Paris en octobre et novembre 1937. Il collabora pendant les années 1930 au journal Le Libertaire ainsi qu’à l’organe pacifiste La patrie humaine (Paris, 1931-1939). Pendant la guerre d’Espagne il fut responsable avec R. Lochu du Comité pour l’Espagne libre puis de la Solidarité Internationale Antifasciste (SIA) de Brest. En 1937 il accompagna P. Odéon à la Colonie Ascaso de Llansa, visite à la suite de laquelle il écrivit « Sauvez les gosses » (Le Libertaire, 18/03/1937).
En 1940 Martin quittait Brest et s’installait à Asnières où il rejoignit sans doute sa fille qui en 1937 avait épousé Maurice Laisant.
Selon Jean Maitron, René Martin aurait pendant la seconde guerre mondiale rejoint le Parti populaire Français (PPF) de Jacques Doriot (extrême-droite)
Martin est l’auteur d’une pièce de théâtre, La Tyrannie des Prêtres (Retour des Bancs), publiée en 1927. Elle a été jouée à plusieurs reprises dans des manifestations anticléricales.
René Martin est décédé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) le 13 décembre 1964. Il était âgé de 77 ans.
La Compagnie Générale de phonographes, cinématographe et appareils de précision (société Pathé-frères), dirigée par Charles Pathé et implantée à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne) se lança dans la fabrication industrielle de films vierges en 1906 et créa les laboratoires de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) à cette fin, dans le quartier de Palissy.
Vernière est employé de la société, qui lui confie le soin de construire des habitations à bon marché sur un terrain dont elle est propriétaire, boulevard de Polangis. La coopérative à capital variable Union des Prévoyants de Polangis est mise en place en juin 1908. C’est, en France, une des premières institutions de ce type. Son siège est fixé chez Paul Alombert, commissaire vérificateur, rue Chapsal, à Joinville.
Vernière publie des affiches, informant les joinvillais sur le projet coopératif et sa finalité.
Dotée d’un capital de départ de 30 000 francs, l’institution attire, selon la presse locale, de nombreux souscripteurs, ayant placé en octobre 1908 3 800 billets pour 19 000 francs. C’est à cette date que Vernière aurait quitté la présidence.
En 1912, le bilan de l’Union des Prévoyants de Polangis mentionne des obligations remises à la caisse des dépôts pour un montant de 66 000 francs. Un rapport de 1922 évalue ses fonds à 200 000 francs. Cependant, il semble qu’aucune construction sociale n’ait été faite par la coopérative, qui n’existe plus au moment de la constitution du conseil d'administration de l'Office public d'habitations à bon marché de Joinville en avril 1931.
Dans la société Pathé, Vernière s’occupe des relations avec la municipalité. Les relations sont difficiles, plusieurs élus et d’autres personnalités locales critiquant par exemple la construction de la cheminée. Quand l’usine demande à augmenter son stock de celluloïd, l’assentiment du conseil municipal n’est donné que sous réserve de précautions. Pour faire pression sur les élus, Vernière fait circuler un mot d’ordre de vote contre Henri Vel-Durand, candidat radical-socialiste au conseil d’arrondissement en juin 1908. Il sera cependant réélu, contre un candidat socialiste indépendant, René Martin et un socialiste SFIO, Tranchant.
En avril 1908, Vernière est président d’un comité d’action sociale qui dialogue avec les socialistes SFIO de Joinville, notamment Henri Lacroix. Il aurait été constitué en 1906, alors que Vernière avait demandé à adhérer au comité radical-socialiste. En juillet 1908, Vernière suspend son comité d’action sociale et rejoint le comité républicain-socialiste indépendant, dit évolutionniste, ce qui provoque le départ d’un de ses fondateurs, Eugène Hainsselin.
Hainsselin et Vernière vont cependant se réconcilier rapidement, et ce dernier soutient la publication du journal L’Indépendant, publié par Hainsselin, syndicaliste et ancien socialiste-révolutionnaire puis socialiste SFIO, mais qui a aussi le soutien de Gaston Méry, conseiller municipal réactionnaire de Paris, rédacteur au journal d’extrême-droite LaLibre Parole.
En octobre 1908, les évolutionnistes Hainsselin, Martin et Vernière font alliance avec Théophile Leteuil, ancien conseiller municipal radical-socialiste démissionnaire.
Vernière quitte probablement Joinville et la maison Pathé vers la fin de 1908.
Les dates et lieux de naissance et de décès d’A. Vernière, ainsi que son prénom complet, ne sont pas connus.
Lors des élections municipales de mai 1912 à Joinville, Gallas patronne une liste de droite avec Dalbavie (conservateur) et Bitterlin (royaliste). Elle fusionne pour le second tour avec la liste socialiste SFIO et les dissidents radicaux. La liste d’union emporte au second tour les 23 sièges à pourvoir (6 libéraux et conservateurs, 7 socialistes et 10 radicaux dissidents). Gallas est élu conseiller municipal et Dalbavie devient adjoint au maire, Ernest Mermet.
Pendant la campagne, Gallas s’attaque aux francs-maçons, assurant que « ceux-ci ont imposé leur volonté au comité radical ». Début 1914, Gallas est désigné à deux reprises comme électeur sénatorial.
Désigné comme candidat lors d’une réunion à Joinville en octobre 1913, Gallas se présente aux élections législatives d’avril 1914 sous l’étiquette de la Fédération républicaine, le principal parti de la droite libérale et conservatrice, dans la 2e circonscription de Sceaux. Il a cependant deux concurrents de même tendance, Jules Auffray, ancien député libéral de Paris et Léon Daboncourt, soutenu par les comités libéraux et patriotes, mais ce dernier se retire avant le scrutin.
Le député sortant Albert Thomas, socialiste SFIO, élu en 1910, dispute le scrutin de 1914 avec un radical, Adolphe Chéron. Avec 1 746 voix pour 19 490 suffrages exprimés (9,6%) sur 25 040 inscrits, Gallas arrive en 4e position et se retire au second tour en faveur d’Auffray (16,2%) tandis que Chéron (25,7%) se désiste pour Thomas (49,1%). Ce dernier est réélu au second tour et deviendra ministre plus tard.
Les premières plaidoiries mentionnées par la presse se situent en juin 1910. Mais c’est en juillet de la même année qu’il participe à un procès qui a une dimension politique certaine, celui des grévistes du Bi-Métal. La cause semble manifestement étrangère aux convictions de Louis Gallas, mais la très grande proximité entre l’usine et le domicile de ce dernier explique certainement qu’il ait été sollicité.
Le 19 janvier 1910, la majorité des 240 ouvriers se mettent en grève avec l’appui de l'Union syndicale des ouvriers sur métaux. Le syndicat est affilié à la Confédération générale du travail (Cgt), fondée en 1895 et unifiée en 1902 avec la fédération des bourses du travail. Les demandes consistent en une revalorisation des salaires. Le conflit deviendra violent, illustrant la rudesse des rapports sociaux au début du vingtième siècle. Il aura des échos à la Chambre des députés comme dans toute la presse.
Le syndicaliste-révolutionnaire Gaspard Ingweiller, qui dirige la grève en tant que secrétaire de l’Union des métaux, s’exprime ainsi : « Les métallurgistes s'étant aperçus qu'un foyer de jaunisse existait à l'usine de canalisation électrique de Joinville-le-Pont, décidèrent d'accord avec les autres organisations en grève, de prendre de vigoureuses mesures de prophylaxie pour éteindre le foyer infectieux, considérant qu'il vaut mieux prévenir que guérir ». Les jaunes désignent les non-grévistes embauchés par la direction.
En juillet 1910, la 9e chambre du tribunal correctionnel de la Seine, à Paris, juge onze membres du comité directeur de la grève pour entraves à la liberté du travail. Le tribunal s’interroge notamment sur la façon dont il faut interpréter la « machine à frictionner » annoncée dans une affiche des grévistes. Parmi les avocats, on compte des personnalités socialistes comme Jean Longuet, gendre de Karl Marx et Pierre Laval, qui deviendra plus tard premier ministre du maréchal Pétain. La presse relève l’habileté de la défense de ses clients par Me Gallas. Huit inculpés sont cependant condamnés à des peines qui vont de 15 jours de prison avec sursis à six mois fermes pour le dirigeant syndicaliste.
À suivre.
Un atelier de l'usine Bi-Métal de Joinville en 1910
Louis Henri Désiré Gallas naît le 20 juillet 1886 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).Il est le fils de Marie Geneviève Gabrielle Moreau et de son époux Désiré Prosper Aimé Gallas, négociant à Paris. La famille est établie rue du Canal.
Il fait des études à Paris, tout en pratiquant le football avec l’Union Carolingienne qui joue sur un terrain du plateau de Gravelle à Joinville.
Louis Gallas devance son service militaire en s’engageant pour trois ans dans l’armée en septembre 1905 au sein du 31e régiment d’infanterie, basé à Melun (Seine-et-Marne). Cependant, il est démobilisé un an plus tard, en tant qu’étudiant en droit avec le grade de caporal ; il est promu sergent dans la réserve en mars 1907.
Devenu avocat vers 1908, Louis Gallas soutient une thèse de doctorat en droit. Elle est publiée en 1912 et porte sur le thème Du droit de réponse en matière de Presse. Il s’inscrit comme avocat à la cour d’appel de Paris.
C’est en 1909 que Louis Gallas s’engage publiquement dans l’action politique, en faisant la campagne pour les élections législatives complémentaires dans la 2e circonscription de Sceaux (Seine) en faveur d’Émile Blondont, également, avocat à la cour de Paris, membre de la Fédération républicaine. Blondont est le candidat des républicains progressistes et libéraux dont le président est Pierre Dalbavie, futur adjoint au maire de Joinville. Gallas cosigne le programme de Blondont avec Jean Contoux ; il s’oppose à la création d’une retraite ouvrière et à l'impôt sur le revenu ; il défend par contre l'augmentation du budget de la guerre, agitant le spectre de l'Allemagne. Le scrutin est organisé parce que le député radical-socialiste, Alphonse Maujan, est devenu sénateur. Les autres candidats sont Albert Thomas, socialiste SFIO, et Amédée Chenal, radical-socialiste. Blondont arrive en troisième position avec 16,2% des suffrages exprimés, il se retire au second tour qui voit la victoire de Chenal.
Membre du comité républicain libéral, Louis Gallas devient, en mai 1909, président de la Fédération des Comités républicains indépendants de la 2e circonscription de Sceaux, qui regroupe des organisations de droite des communes de Saint-Maur, Charenton, Nogent-sur-Marne, Le Perreux ou Joinville. Il organise des conférences publiques, comme en juin à Saint-Maur sur l’impôt sur le Revenu. La fédération est affiliée à l’Alliance libérale.
Gallas est également rédacteur à l’Écho républicain, journal réactionnaire à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), dirigé par Jean Contoux. Il polémique régulièrement avec Louis Rey, chroniqueur dans l’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes, qu’il traite de « gnome au ruban rouge », se moquant de sa petite taille et mettant en doute les qualités qui lui ont valu la Légion d’honneur. Rey reproche une alliance tactique avec les socialistes SFIO contre la municipalité radicale joinvillaise, Gallas assure qu’il a toujours voté à droite. Rey prédit : « C’est l’apanage de la jeunesse riche d’être dans l’opposition ; vous êtes réactionnaire, vous deviendrez républicain, radical, c’est l’évolution », mais il assure le respecter : « On peut être adversaires et non ennemis. »
Après la disparition de l’Écho républicain, Gallas participe à la refondation, encore à Saint-Maur, d’un nouvel organe, le Courrier libéral. Il attaque un autre radical, Henri Vel-Durand, qu’il traite de juif et poursuit ses mises en cause de Rey. Au début de 1911, une crise provoque la scission du conseil municipal entre les fidèles du maire malade, Eugène Voisin, soutenu par Rey et Georges Briolay, et un groupe de dissidents comprenant notamment Vel-Durand et Ernest Mermet. Les socialistes SFIO et les libéraux de Gallas se rapprochent des dissidents.
Désiré Prosper Aimé Gallas naît le 31 décembre 1849 à Chevilly (Loiret). Il est le fils de Pauline Joséphine Fougereuse et de son époux, Louis Prosper Aimé Gallas, cultivateur.
En septembre 1885, Désiré Gallas réside à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), rue du Canal ; il est négociant à Paris et épouse Marie Geneviève Gabrielle Moreau.
La société de fabrication de produits chimiques Gallas frères, rue Sainte-Marguerite (act. rue Trousseau, Paris 11e arr.), qu’il a fondée avec un de ses frères, est déclarée en faillite en juin 1888.
Au cours du mois d’août 1893, Désiré Gallas est blessé aux jambes dans un accident ferroviaire. Un train tombe en panne dans le tunnel de Charonne sur la ligne de Ceinture, à Paris. Le train suivant n’a pas pu freiner et le tamponne ; on compte soixante blessés, mais pas de morts.
Alors qu’il a déjà 85 ans, Gallas est président en 1935 de la section Joinville-Champigny de l’Amicale des vieux de France. La section compte 550 adhérents dont 125 au groupe de Joinville en février 1936, selon le compte-rendu que fait Gallas lors de sa réunion mensuelle.
Désiré Gallas meurt le 18 mars 1936 à Joinville, où il résidait dans le quartier Schaken, avenue de Joinville ; il était âgé de 86 ans. Son fils Louis Gallas, avocat, avait été conseiller municipal de Joinville (1912-1919) et un militant conservateur actif.
Charles Escaille naît le 28 octobre 1806 à Murat (Cantal). Il est le fils de Catherine Chanson et de son époux, Charles Escaille, aubergiste. Il se fera ensuite appeler Hippolyte, certainement pour se différencier de son frère et homonyme, né trois ans plus tôt et avec lequel il s’associera.
Après avoir fréquenté l’école privée religieuse de l’abbé Poilou, rue de Vaugirard, il épouse Marguerite Sophie Mauny en juin 1834 dans l’église Saint-Denys du Saint-Sacrement de Paris (3e arr.). Ils auront trois enfants.
En février 1836, il crée avec son frère aîné Charles une société pour exploiter un commerce de nouveautés, dont il assure la gestion. Elle est dissoute en juillet 1840 et Hippolyte en assure la liquidation. Il cesse peu après son activité professionnelle et vivra de ses revenus en tant que propriétaire. Il vit rue Croix-des-Petits-Champs (3e arr.) puis rue Daval (11e arr.).
En 1851, la famille Escaille achète une résidence secondaire à Limeil, commune de Limeil-Brévannes (Seine-et-Oise, act. Val-de-Marne). Leur troisième enfant y naîtra. Quelques années plus tard, ils vont acquérir une autre résidence d’été, cette fois à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), rue du Canal.
Tiré au sort à deux reprises, Hippolyte Escaille siège dans des jurys d’assises en avril 1846 et juillet 1855. En janvier 1869, il est nommé par décret membre du conseil municipal de Joinville. Il est élu à la même fonction en septembre 1870, après la proclamation de la République, et fait partie des 16 titulaires de l’assemblée locale, dont Auguste Courtin, conservateur, est le maire. Lors du scrutin de juillet 1871, Escaille n’est pas réélu.
Pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, des combats font 2000 morts à Champigny-sur-Marne et Joinville. La population de la commune avait été évacuée et la municipalité siégeait à Paris d’abord rue du Bac (7e arr.) puis boulevard Voltaire (11e arr.). Le pont de Joinville avait été détruit. La ville a ensuite été occupée par les troupes allemandes.
Disposant d’une évidente fortune, Escaille se déplaçait fréquemment à Nice et montrait des dispositions charitables : pour les orphelins d’Auteuil (1878), les écoles chrétiennes et les pauvres de Paris (1879) ou les œuvres de sœur Rosalie (1880). Il fait, en mars 1889 une donation de 2.000 francs au Bureau de bienfaisance de Joinville, ce qui lui vaudra d’avoir son nom gravé sur la plaque des bienfaiteurs de la commune apposée en mairie en 1911.
Charles Hippolyte Escaille meurt le 18 février 1891 à Paris (8e arr.) en son domicile d’hiver, 49, avenue des Champs-Élysées. Il restait toujours inscrit sur les listes électorales de Joinville. Il était âgé de 84 ans et avait perdu son épouse l’année précédente.
Dominique Maurice Marie de Féraudy naît le 3 décembre 1859 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils d’Élodie Pauline Louise Jargois-Desgranges et de son époux, Dominique Honoré Hippolyte de Féraudy, capitaine, directeur de l’école normale militaire de gymnastique et d’escrime de Joinville, située dans le Bois de Vincennes.
La famille de Féraudy est l’une de celles subsistantes de la noblesse française d’ancien régime. Elle situe son origine en Haute-Provence à Thoard, près de Digne, (act. Alpes-de-Haute-Provence). Un de ses ancêtres serait Raymond Féraudi, troubadour, décédé à Lérins en 1324.
L’école normale militaire de gymnastique et d’escrime de Joinville, qui donnera ultérieurement naissance au bataillon de Joinville, est pionnière dans l’enseignement des sports. Après la défaite face aux armées prussienne et alliées en 1871, elle devient, sous l’impulsion de Dominique de Féraudy, devenu chef de bataillon puis lieutenant-colonel, un centre formant les éducateurs des jeunes garçons dans les lycées et collèges, avec un objectif patriotique. Maurice de Féraudy y réside jusqu’en 1872, âge de ses treize ans.
C’est quand il habite dans le Bois de Vincennes que le jeune homme s’initie à la littérature à 10 ans. Il raconte sa découverte en 1912, dans le journal Comoedia : « Un jour, un mien cousin, le comte de Féraudy, qui était membre de l’Épatant, me fit assister à une représentation de bienfaisance qui avait été organisée au théâtre des Italiens. Frédéric Febvre était inscrit au programme. Il dit La Bénédiction et j'en demeurai frappé au-delà de toute expression. En rentrant à Joinville, j'appris le poème de François Coppée et je m'efforçai d'imiter Febvre. Puis, avec la belle ténacité des seize ans que j'avais alors, j'étudiai d'autres poésies que je déclamais en cherchant à n'imiter personne. Et dans les milieux familiaux, chez les amis, dans les soirées intimes ou j'étais prié, je devins le petit jeune homme qui récite des vers. »
Malgré les réticences de son père, Maurice de Féraudy entre au Conservatoire de Paris après son baccalauréat. Il est l’élève d’Edmond Got, secrétaire doyen de la Comédie française et obtient un premier prix de comédie en 1880. Il entre lui-même, à 20 ans, à la Comédie-Française dont il est le 316e sociétaire, en devient sociétaire en 1887 puis doyen en 1929. Il reste ainsi presque 50 ans au Théâtre-Français.
Eugénie Jeanne Lainé épouse en mars 1884 à Paris (8e arr.) Maurice de Féraudy. Edmond Got figure parmi les témoins.
On voit de Féraudy dans de nombreux rôles du répertoire de la Comédie-Française, comme Le Mariage de Figaro ou Scapin. Il crée également beaucoup de pièces, dont Les Affaires sont les affaires, d'Octave Mirbeau, dans laquelle il joue plus de 2 000 fois à la Comédie-Française et ailleurs le rôle d'Isidore Lechat.
En tant qu’écrivain, Maurice de Féraudy est l’auteur d’un recueil de poésies, Heures émues, et de pièces de théâtre : Tic à tic,L’École des vieux, Le Béguin de Messaline, Leurs Amants. Il signe aussi les paroles de chansons dont une, Fascination, sur une musique de Dante Pilade Marchetti, créée par Paulette Darty, est ensuite reprise entre autres par Suzy Delair, Danielle Darrieux, Diane Dufresne, Sacha Distel ou Arielle Dombasle et, en anglais, par Nat King Cole.
De 1894 à 1905, Maurice de Féraudy est professeur au Conservatoire. Après-guerre, il tourne dans plusieurs films, comme Crainquebille (Jacques Feyder, 1923) et Les Deux Timides (René Clair, 1928). Il poursuit également, après sa retraite de la Comédie-Française, une activité dans les théâtres de boulevard parisiens.
Maurice de Féraudy se voit obligé d’éponger d’importantes dettes de son père, déclaré en insolvable en 1893. Il les évalue à 70 000 francs. Il conteste cependant une dette auprès d’un de ses collègues, Philippe Garnier, dans un procès à l’écho journalistique important au premier trimestre de 1896. Il avait donné à ce dernier une garantie écrite : « Si, soit par accident, soit par impossibilité de sa part, il ne pouvait te rembourser la somme ou partie de la somme, et s'il mourait sans être acquitté complètement vis à vis de toi, tu peux, comme je te l'ai dit de vive voix, compter sur moi. Je prendrai cette dette à mon compte et je te rembourserai, en me réservant seulement de le faire à une époque commode pour moi. »
Devant la justice, le fils assure que, son père n’étant pas mort, il n’a pas à rembourser la dette à sa place, la phrase étant copulative. Après des débats qui portent sur la comparaison avec le Mariage de Figaro de Beaumarchais, « laquelle somme de deux mille piastres je lui rendrai à sa réquisition dans ce château, et je l'épouserai par forme de reconnaissance ». Le tribunal, après de longues analyses, ne valide pas cette position dilatoire et le condamne en mars 1896 à rembourser à la place de son père.
Résidant rue Pigalle, Maurice de Féraudy meurt le 12 mai 1932 à Paris (9e arr.). Il était âgé de 72 ans, sociétaire honoraire de la Comédie française et officier de la Légion d’honneur. Il est mort des suites d’une bronchopneumonie et a été inhumé le 15 au cimetière du Montparnasse à Paris (14e arr.).