Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
4 août 2012 6 04 /08 /août /2012 00:09

Si Théophraste Renaudot est aujourd’hui un nom encore célèbre, c’est surtout parce qu’on voit en lui le précurseur de la presse française et que son nom a été utilisé pour baptiser un prestigieux prix littéraire. Mais l’homme était, d’abord, un médecin charitable, à une époque où les deux termes n’étaient pas facilement accolés, et il dut d’ailleurs lutter contre les responsables officiels de la faculté de Paris pour défendre ses idées hygiénistes.

On l’a également souvent oublié, mais Théophraste Renaudot fut le créateur du premier service public de l’emploi, d’une institution de crédit populaire et un haut responsable administratif en charge de la lutte contre la pauvreté.

Né à Loudun en 1586, protestant converti au catholicisme, médecin du roi, il entre au conseil du cardinal de Richelieu en 1624 et en devient très vite le chef.

Renaudot rédige en 1610 Sur la condition des pauvres du royaume, traité dans lequel il propose du travail pour tous et souhaite que les pauvres valides soient employés à l’entretien des rues. Il devient « médecin ordinaire » du roi Louis XIII en 1612, et « commissaire général des pauvres du royaume » en 1618.

Il crée à Paris en 1629 un Bureau d’adresses, qui est à la fois un centre de placement, un espace d’information, un lieu de diffusion de la culture et un cercle de réflexion. C’est la première forme d’un service public de l’emploi en France et, par certains côtés, une maison de l’emploi avant l’heure. Nous reviendrons, dans un prochain article, sur l’histoire de ce site.

Renaudot fonde également, le Mont-de-piété, reprenant un concept italien, qui permet aux personnes dans le besoin d’obtenir un prêt en laissant un objet en gage. L’objectif est de diminuer la pratique de l’usure.

La mort de Richelieu en décembre 1642 puis celle de Louis XIII en mai 1643 affaiblissent les positions de Renaudot. En mars 1644, le Parlement lui enlève à tous ses titres, monopoles et privilèges. Le Bureau d’adresses ferme deux ans plus tard. Il continue cependant la publication de sa Gazette et exerce la fonction d’historiographe du roi. Théophraste Renaudot meurt en 1653.

Theophraste renaudot

Partager cet article
Repost0
28 juillet 2012 6 28 /07 /juillet /2012 00:07

Émile Lebègue (1861-1932), fut graveur sur acier, militant socialiste et conseiller municipal socialiste de Joinville-le-Pont puis adhérent communiste.

Émile Charles naît à Paris (12e) le 9 juillet 1861. Il est l’aîné des onze enfants de Gervais Lebègue (1835-1913) et de Marie Barré (née en 1842). Son père, fabricant d’encriers, connaîtra une vie professionnelle difficile, puisqu’il subira deux faillites.

Lebègue se marie le 27 janvier 1887, à Montbéliard (Doubs) avec Louise Ferciot (1867-1949), dont il aura huit enfants. Il vit alors à Montrouge (Hauts de Seine) puis s’installe à Saint Maur des Fossés (Val de Marne). Entre 1896 et 1899, il est domicilié à Amiens (Somme). Il travaille toujours comme graveur sur acier.

Il revient à Joinville-le-Pont (Val de Marne) vers 1900 et est employé par Murat et Cie. Il est membre, dès sa fondation en 1905, du parti socialiste SFIO. Lebègue assure la fonction de secrétaire de l’Union des sections de la deuxième circonscription de l’arrondissement de Sceaux (alors dans le département de la Seine) en 1907, qui regroupe une grande partie de l’actuel département du Val de Marne. En 1913, il siège toujours dans le bureau de cette organisation. Il signe de nombreux articles dans l’hebdomadaire local, Le Réveil socialiste, relancé en 1906. Dans un éditorial, il souhaite que ce journal jette « dans les milieux les plus sombres, la pure clarté du socialisme » (20/01/1906).

En janvier 1907 il se retrouve dans une « situation pénible » qui justifie que, en mars, Henri Lacroix, secrétaire du groupe SFIO de Joinville, lance une souscription en sa faveur dans L’Humanité.

En 1911, Lebègue est élu conseiller municipal de Joinville-le-Pont au cours d’un scrutin partiel organisé après la démission de six membres de l’assemblée communale. Il est réélu lors des élections municipales de 1912, cette fois en compagnie de six autres membres de la SFIO, dont Henri Lacroix avec lequel il entretient des relations étroites. Le maire est Achille Ernest Mermet, radical. La commune a organisé au second tour des élections municipales « un essai de proportionnelle », avec une liste unique basée sur les résultats du premier tour. Le conseil est composé de 7 socialistes, 10 radicaux dissidents et 6 libéraux.

Lebègue était trop âgé pour être mobilisé pendant la 1ère guerre mondiale ; par contre, son fils aîné, Marius, employé de commerce, chasseur au 27e Bataillon de chasseurs alpins, meurt victime d’un obus dans les tranchées de la Royère, à Ostel (Aisne) en août 1917.

En décembre 1920, Lebègue, comme l’ensemble de la section SFIO de Joinville, rejoint le nouveau parti communiste. En 1921, il est membre du bureau en charge des Fêtes populaires de Joinville-le-Pont, organisées par les communistes.

Émile Lebègue meurt le 11 juillet 1932 à Paris (16e).

Partager cet article
Repost0
21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 00:02

Héron de Alencar, personnalité franco-brésilienne, fut un universitaire brillant et militant engagé en Amérique latine et en Europe, mais aussi en Afrique.

Francisco Héron de Alencar naît le 8 novembre 1921 à Crato, ville du Ceará, au Nord-Est du Brésil. Il poursuit des études à Fortaleza, Recife et Salvador de Bahia, où il devient docteur en médecine en 1946. Il cumulera ce titre avec un autre doctorat, en lettres cette fois-ci, obtenu en 1953. En 1947, il travaille comme journaliste à A Tarde à Salvador où il crée une rubrique de critique littéraire. Il sera également rédacteur en chef, dans la même ville, du journal O Povo.

En 1950, Héron est professeur de journalisme et de littérature contemporaine à la faculté de philosophie de l’université de Bahia. Il est nommé vice-recteur de l’université en 1951. Il soutient sa thèse sur « la littérature, concept en crise » à Salvador en 1953.

Militant à l’Union nationale des étudiants du Brésil, il participe en 1948 à la fondation du Centre d’études et de défense du pétrole et de l’économie nationale, un mouvement anti-impérialiste. Il est nommé conseiller du gouverneur de l’État de Pernambouc, Miguel Arraes, dirigeant historique de la gauche brésilienne.

Obtenant une bourse de séjour en France, Héron de Alencar enseigne la littérature et la civilisation brésiliennes entre 1955 et 1960 à La Sorbonne.

Reprenant ses fonctions universitaires à Bahia, il y dirige le Jornal da Bahia. En 1962, l’anthropologue Darcy Ribeiro l’associe à la fondation de l’université de Brasilia. Il y crée un Centre de culture populaire.

Le 1er avril 1964, Héron participe au lendemain du coup d’État militaire à la création d’une Commission de vigilance universitaire puis se réfugie à l’ambassade du Mexique à Rio de Janeiro. Il est déchu de son poste le 9 mai après l’occupation de l’université par l’armée et contraint à l’exil. Le 10 juin, il participe à la création de l’Organisation des syndicalistes brésiliens exilés (OSBE), où il s’occupe du journal Correio Brasilense. Il séjourne en 1965 à Cuba et en Tchécoslovaquie avant d’obtenir l’asile politique en France.

L’anthropologue Roland Colin confie à Héron de Alencar la responsabilité du département formation de l’IRFED, un organisme d’éducation au développement fondé par le prêtre dominicain Louis-Joseph Lebret. L’IRFED est alors à Paris un lieu important de rencontres d’étudiants et chercheurs venant du Tiers-monde.

Réalisant de nombreuses missions internationales, Héron prend part en 1969, aux côtés d’un autre brésilien, l’architecte Oscar Niemeyer, à la mise en place de l’université de Constantine en Algérie. Il se charge de la définition des programmes de sciences humaines.

Ses derniers travaux portent sur une autocritique du rôle de l’intellectuel, après les mouvements qui ont bouleversé la communauté étudiante, notamment en France, au cours de l’année 1968. Il publie L’Université pour quoi faire? à Paris en 1970 où il exprime des positions inspirées de l’œuvre de Gramsci.

Atteint d’un cancer, Héron retourne à la fin de 1971 au Brésil (toujours sous le régime militaire). Il se rend directement de l’aéroport à l’hôpital, escorté par la police, et il y meurt, le 1er janvier 1972 à Rio de Janeiro.

Partager cet article
Repost0
14 juillet 2012 6 14 /07 /juillet /2012 00:06

La conférence européenne des organisations de soldats (European Conference of Conscripts Organisations, ECCO) est un groupement d’associations et syndicats de soldats européens, qui a fonctionné de 1979 à 2002.

L’origine est une conférence qui s’est tenue à Malmö (Suède) en 1979. Des organisations d’appelés du contingent de neuf pays européens y ont participé: Allemagne fédérale, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Norvège, Pays-Bas, Suède.

Certaines de ces organisations, comme aux Pays-Bas, sont des syndicats reconnus officiellement (VVDM) ; d’autres, comme Information pour les droits du soldat (IDS) en France sont des associations légales, mais dont l’activité dans les casernes est interdite.

ECCO est une plateforme d’échange d’informations et de conduite d’actions commune pour la défense des droits des appelés du contingent, qui constituaient la majorité des armées dans les année 1980. La fin des régimes communistes en Europe de l’Est augmentera le nombre d’organisations adhérentes à ECCO. Mais la professionnalisation rapide des armées conduira à la disparition de plusieurs des mouvements qui constituaient la conférence, comme IDS en France.

ECCO a organisé, chaque année une conférence internationale. Il y en aurait eu 21.

La seconde s’est tenue à Utrecht (Pays-Bas) en 1980. La troisième a été réunie au printemps 1981 en France, à Saint-Prix (Val-d'Oise). Elle a été préparée par IDS, et des soldats français du contingent y ont pris part clandestinement.

Entre les conférences, une structure de coordination fonctionne, baptisée Steering committee. Une feuille d’information paraît à partir de 1981, baptisé ECCO Neswsheet. Elle se transforme en un bulletin de meilleure qualité en 1991, sous le nom de ECCO-Echo. Trois numéros sont publiés chaque année, à environ 600 exemplaires.

ECCO a d’abord été basée aux Pays-Bas. En 1992, de structure informelle, ECCO se transforme en association et est rebaptisée European Council of Conscripts Organisations (conseil européen des organisations d’appelés), gardant le même sigle. Le président est, au en 1994 et 1995, Gielt Algra ancien président du VVDM des Pays-Bas (1992 - 1993).

Le Vereniging van Dienstplichtige Militairen (VVDM) des Pays-Bas a été le principal pilier pour la constitution d’ECCO puis son fonctionnement. Il a réuni jusqu’à 80% des quelques 24 000 appelés du contingent du pays et avait rassemblé dans une manifestation en 1974 8 000 soldats. Le VVDM était adhérent à la centrale syndicale FNV. La fin de la conscription néerlandaise, décidée en 1993, va entraîner en 1996 la disparition du VVDM.

Le siège d’ECCO a été transféré en Suède en 1996. La dernière rencontre s’est tenue en 2002. ECCO a cessé de fonctionner en 2003.

Au cours de son existence, ECCO s’est efforcé de soutenir le développement des structures de type syndical dans les pays d’Europe germanique où ils étaient autorisés, d’appuyer les organisations des pays latins, dont le statut légale était plus incertain (France, Espagne, Portugal, etc.). À partir de 1990, ECCO concentrera ses efforts sur le soutien aux organisations des pays d’Europe orientale et à la Turquie.

En septembre 1991, ECCO a adopté une Charte sociale européenne pour les appelés (European Social Charter for Conscripts). Elle a été remise à jour en septembre 1996, sous le nom de Charte européenne sur les droits des appelés (European Charter on the Rights of Conscripts). Les chartes, s’appuyant sur la déclaration universelle des droits de l’Homme, affirmaient que « les appelés sont des citoyens sous l’uniforme » ce qui impliquait que leur soient reconnus le droit d’expression, celui de s’associer et de former ou rejoindre des organisations syndicales.

L’humour a été une part non négligeable de la communication des organisations membres. En 1991, ECCO a publié un recueil de dessins illustrant la vie et les luttes des soldats dans les différents pays (ECCOMICS, Syllepse, Paris, 1991).

 

ECCOMICS

Partager cet article
Repost0
7 juillet 2012 6 07 /07 /juillet /2012 00:07

Sergio Regazzoni (1943-2009), a été responsable d’organisations catholiques et d’associations de développement.

Il est né le 4 novembre 1943 dans le Tessin (Suisse). Issu d’une famille de langue italienne, catholique et pauvre, il quitte l’école à 17 ans. Son premier salaire lui permettra d’offrir un réfrigérateur à ses parents, selon le poète indonésien Tentang Om JJ. Kusni.

De nationalité suisse, Sergio Regazzoni résidait principalement en France. Il pratiquait couramment six langues : italien, français, anglais, espagnol, portugais et allemand. Militant de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC), Sergio Regazzoni devient membre du comité exécutif international puis trésorier de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne Internationale, basée à Bruxelles (Belgique) de 1969 à 1977. Il contribue au démarrage de la JOC italienne.

Il participe ensuite à l’activité du Mouvement pour la coopération internationale (MCI), à Genève (Suisse), où il assure notamment le soutien à des projets au Vietnam ainsi qu’à l’accueil de réfugiés latino-américains.

Il entre au CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement) en 1984 où il est en charge des partenariats avec l’Asie, et suit notamment des projets en Indonésie, à Timor oriental, au Vietnam, en Chine et au Laos.

Sergio Regazzoni prend en 1994 la direction du Centre Lebret – Foi et Développement, fondé en 1971 par Vincent Cosmao. Il reste directeur du Centre International Développement et Civilisations - Lebret-Irfed, lors de la fusion en 2004 avec l’association IRFED International, créée en 1958 par le père Louis-Joseph Lebret. Il quitte ses fonctions officielles en 2007.

Il est décédé le 30 juillet 2009 à Évry (Essonne, France). Un livre, publié en 2012, rend compte de son itinéraire de militant. Pour son auteur, François Bellec, « Sergio développait l’idée que "tout homme est mon frère" et que l’Église devait se montrer solidaire sans arrière-pensée de conquête, y compris religieuse. » 

Ø      SergioRegazzoni, la solidarité n’a pas de frontières par François Bellec. 366 pages. Prix : 22 € (port gratuit). À commander auprès de l’éditeur : Les Editions de la Toison d’Or, 178, boulevard Pasteur 94360 Bry sur Marne (Tél : 06 28 61 3766).

 

Reggazoni_sergio_livre.jpg

Partager cet article
Repost0
30 juin 2012 6 30 /06 /juin /2012 00:07

Suzanne Archambault de Montfort, née Feingold, (1904-1977) est une résistante et patronne de presse française.

Suzanne est née le 2 janvier 1904 à Paris. Elle assure avant la seconde guerre mondiale la fonction de secrétaire de l'Alliance israélite universelle (AIU).

Suzanne Feingold participe à la création de La France Continue, un mouvement de résistance avec notamment Henri et Annie de Montfort, l’écrivain Paul Petit, l’historien Émile Coornaert et la poète Marietta Martin.

La France Continue édite un journal clandestin dont treize numéros paraissent entre juin 1941 et février 1942. Il accueille des contributions de Raymond Burgard tandis que Paul Petit rédige les éditoriaux. L’Alliance israélite universelle s'est intéressée financièrement à la publication. Pour Renée Poznanski, « La Francecontinue est, avec L'Université libre et Témoignage chrétien un des rares journaux résistants à dénoncer la situation faite aux juifs » (*).

Le réseau est démantelé en février 1942, avec l’arrestation suite à une dénonciation de plusieurs de ses membres comme Raymond Burgard, Marietta Martin et Paul Petit qui mourront en Allemagne. Annie de Montfort, arrêtée à Grenoble en 1943, meurt en déportation en 1944.

Suzanne Feingold poursuit son action clandestine, sous le pseudonyme de « Perrin ».

En 1944, elle participe à la reconstitution du secrétariat général de l’AIU, en tant que secrétaire des écoles. Elle est chargée de renouer le contact avec le Service des œuvres françaises à l’étranger (SOFE).

Avec René Cassin, un des dirigeants de l’AIU, Henri de Montfort et Suzanne Feingold font paraître l’hebdomadaire Ici Paris dans la continuité de La France continue.

Le premier numéro paraît le 13 juin 1945. Le nom a été choisi en référence au message d’ouverture de Radio Londres, station de la France libre basée en Angleterre : « Ici Londres, les Français parlent aux Français. »

Le professeur René Cassin, personnalité de l’Alliance israélite universelle, est associé à la fondation de la nouvelle revue dont il est actionnaire. Il rédige un article dans le premier numéro. Suzanne Feingold est présidente et directrice de la publication. En guise de maxime, Henri de Montfort a choisi une phrase de Georges Clemenceau : « Dans la paix comme dans la guerre, le dernier mot appartient à ceux qui ne se rendent jamais... »

Dès 1946, Ici Paris devient un journal populaire, sans contenu politique. L’évolution se fait sous l’impulsion de Suzanne Feingold, qui change complètement la formule, et publie par exemple des pages d'horoscopes, des confidences amoureuses, des échos sur la vie privée des vedettes (**).

Suzanne épouse en avril 1946 à Neuilly-Plaisance (actuellement en Seine-Saint-Denis) Henri de Montfort, qui devient secrétaire général de l’Académie internationale de science politique et d’histoire constitutionnelle. Elle participe à la fondation, en 1966, de l'association des Amis de Milosz‎, qui travaille à la diffusion de l’œuvre du poète français d’origine russe Oscar Venceslas de Lubicz-Milosz.

Suzanne de Montfort est décédée le 1er mai 1977.

(*) Propagandes et persécutions. La résistance et le "problème juif", 1940-1944, Fayard, Paris, 2008.

(**) Louis Guéry Visages de la presse: histoire de la présentation de la presse française du XVIIe au XXe siècle Victoires, 2006.

Partager cet article
Repost0
23 juin 2012 6 23 /06 /juin /2012 00:02

Militante d’extrême gauche, elle adopta le nom de Marx, celui de son premier époux ; pacifiste activiste, elle prit l’état-civil de Paz, son deuxième conjoint. Mais Magdeleine fut aussi un écrivain de grand talent, féministe et défenseure des droits des noirs américains.

Magdeleine Legendre naît le 6 juillet 1889 à Étampes. Elle épouse l’écrivain de tendance socialiste Henry Marx (1885-1954).

Magdeleine participe à la Ghilde Les Forgerons, une communauté d'amis née en 1911 parmi d'anciens élèves du lycée Chaptal à Paris. Le groupe, composé de jeunes de tendances socialistes ou anarchistes, est animé par Luc Mériga (pseudonyme de Maurice Liger, un biographe de Jean Jaurès). Il lance « l'Action d'Art », prenant de nombreuses initiatives culturelles et publiant la revue La Forge. Influents dans les milieux pacifistes pendant la première guerre mondiale, Les Forgerons ne résisteront pas au conflit qui divise le socialisme français après-guerre et conduira à sa division en 1920.

Magdeleine Marx rejoint un autre groupe littéraire, engagé à gauche, le mouvement Clarté, animé par Henri Barbusse et Paul Vaillant-Couturier. Elle fait partie de la poignée de Français qui, comme l’expliquera une de ses compagnes de séjour, fait le « voyage aventureux » en Russie (1920-1922) (*). Elle publie en 1923 un reportage enthousiaste sur ses six mois au pays de Lénine « C’est la lutte finale ! »

Après s'être séparée de Henry Marx, Magdeleine épouse Maurice Paz, l'un des fondateurs du Parti communiste français. Il s’en sépare avec la montée du stalinisme, et devient dirigeant de l’Opposition de gauche, proche de Léon Trotski, avant de se brouiller très vite avec lui.

Magdeleine Paz s’engage fortement en faveur des écrivains menacés, comme le Russe Victor Serge. Elle réussit à convaincre Magdeleine Paz, lors du Congrès international des écrivains pour la défense de la culture (Paris, 1935), André Gide et Romain Rolland d’intervenir en sa faveur auprès des autorités soviétiques. Grâce à leur intercession et à la campagne internationale en sa faveur, Victor Serge obtiendra l'autorisation de quitter l’URSS et s’installera en Belgique.

Comme Maurice Paz, Magdeleine adhère au parti socialiste SFIO où elle figure dans la minorité de gauche. Mais son principal engagement se fait dans le mouvement pacifiste et pour les droits de l’Homme. Elle participe à la fondation en 1935 du Comité de liaison contre la guerre et l’union sacrée avec l’écrivain Jean Giono, la philosophe Simone Weil ou le syndicaliste-révolutionnaire Pierre Monatte. Elle est membre en 1936 du bureau du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes.

Adhérente à la Ligue des droits de l’Homme, elle s’en retire suite au refus de celle-ci de condamner la situation en Union soviétique lors du congrès d’Avignon en 1938. Elle fonde en septembre 1938, avec Yvonne Hagnauer et Jeanne Alexandre La Ligue des femmes pour la Paix, en réaction aux tensions occasionnées par la rencontre de Munich des dirigeants français et anglais avec Hitler. Ce sera son dernier engagement public, car elle se retire de toute activité politique après l’entrée en guerre en 1939.

Magdeleine, qui divorce de Maurice Paz en 1947, se consacre à son travail d’écrivain. Elle met en avant les thèmes féministes et s’attache à la situation des Noirs américains. Elle traduira de nombreux livres, notamment de l’anglais, ainsi que quelques films. On lui doit notamment une biographie de George Sand (La vie d’un grand homme, Corréa, 1947) et plusieurs romans, comme Frère noir (Flammarion, 1930), Une seule chair (Corréa, 1933) ou Femmes à vendre (Rieder, 1936).

Magdeleine Paz meurt le 12 septembre 1973, dans le 16e arrondissement de Paris.

(*) Hélène Brion en « Russie rouge » (1920-1922), Une passagère du communisme, Le Mouvement social, no 205 –2003/4

 

Frere-noir.jpg

Partager cet article
Repost0
16 juin 2012 6 16 /06 /juin /2012 00:07

Joseph Gungl, est un compositeur et chef d'orchestre hongrois.

Joseph Gungl (József Gungl), né le 1er décembre 1810 à Zsámbék, est un hongrois de langue allemande. Il travaille à partir de 1834 comme hautboïste et chef d'orchestre d'une fanfare militaire autrichienne puis fonde son propre ensemble en 1843 à Berlin. Il conduit des tournées de concerts en Russie et aux États-Unis. Il est nommé maître de chapelle à la cour impériale (Kaiserlicher Hofkapellemeister).

En 1868, il crée dans la station thermale de Bad Reichenhall, en Bavière, un orchestre de valse hongrois-allemand, qui existe encore aujourd’hui un siècle et demi plus tard sous le nom de Bad Reichenhaller Philharmonie. Il crée, selon l'Académie autrichienne des sciences, un genre musical, la « musique de cure » qui se joue dans les kiosques et sur les scènes des établissements de bains.

Gungl enseigne ensuite la musique à Schwerin, en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale. Il a composé plus de quatre cents valses, polkas, mazurkas et marches. Ses œuvres les plus populaires sont la valse de concert Rêves sur l’océan (Träume auf dem Ozean) et la marche hongroise (Ungarische Marsch) qui a été transcrite pour piano par Liszt.

Il est également l’auteur de la Valse des hydropathes (Hydropathen-valsh), une pièce dont le nom frappa le poète et romancier français Émile Goudeau (1849-1906). Ce dernier intitula le club littéraire parisien qu’il anime entre 1878 et 1880 « Les Hydropathes ». Parmi les membres de ce mouvement, on compte le journaliste libre-penseur Henri Vaudémont, conseiller municipal de Joinville-le-Pont.

Joseph Gungl décède le 31 janvier 1831 à Weimar (Allemagne).

Gungl_Joseph.jpg

Image du site de la Bnf (Gallica).

Partager cet article
Repost0
9 juin 2012 6 09 /06 /juin /2012 00:03

Information pour les droits du soldat (IDS), est une association française fondée en 1974 et disparue après 1992, qui a milité pour que les soldats du contingent puissent s’organiser en syndicat.

Le mouvement des soldats est né en France au début des années 1970 après le grand mouvement de refus de la réforme du service militaire, préparée par Michel Debré en 1973. Au cours de la campagne pour l'élection présidentielle française de 1974, 6000 soldats signent une pétition appelée « Appel des 100 », demandant l'amélioration des conditions de vie et l'introduction des libertés d'association et d'expression dans les casernes. Dans les années qui suivirent, des centaines de comités de soldats clandestins se sont constitués dans la plupart des unités de l'armée française stationnées en France et en Allemagne. Selon Antoine Rauzy (*), la Sécurité militaire en aurait compté 97 pour la seule année 1975 ; lui-même évalue leur nombre à 114 entre mai 1974 et mars 1976.

Avec le concours de la Confédération française démocratique du travail (Cfdt), IDS essaie de transformer certains des comités en syndicat de soldats comme à Besançon en 1975. Des tentatives sont faites, en 1975, pour toucher les militaires d’active, mais elles ont peu de résultat. Le mouvement des soldats s'est cependant développé jusqu'au début des années 80. Il fait cependant face à une forte répression, plusieurs procès étant intentés notamment pour « provocation de militaires à la désobéissance » et « injures envers l’armée. »

IDS est animé par des militants de gauche, notamment des membres de l'Alliance marxiste révolutionnaire (AMR), du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) et du Parti socialiste unifié (PSU). Des étudiants du Mouvement d'action syndicale (MAS) contribuent aussi à son activité.

IDS publie de 1974 à 1986 le journal Le Soldat, qui est distribué en kiosques en 1980 et 1981. Il reste interdit dans les casernes jusqu’en 1982, date à laquelle les mesures de censure de la presse sont supprimées par le gouvernement de Pierre Mauroy (Ps) ; elles touchaient jusqu’alors des titres généralistes classés à gauche (Libération, L’Humanité) comme des hebdomadaires satiriques (Le Canard enchaîné).

En mars 1978, deux appelés, membres d’IDS se présentent aux élections législatives, dont Jacky Mamou, futur président de Médecins du Monde, alors médecin-aspirant au 75e RI de Noyon (Aisne), qui est candidat dans le Puy-de-Dôme.

Le 27 mai 1979, à l’occasion des premières élections européennes, IDS organise un meeting de « soldats syndicalistes » européens à Joinville-le-Pont (Val de Marne). Un appelé du 1er RT (Paris) y prend la parole, à visage découvert. Trois organisations syndicales avaient apporté leur soutien à cette réunion (la CGT, la CFDT et la Fédération de l’Éducation nationale, FEN) il ne sera pas inquiété. L’amiral Antoine Sanguinetti se prononce publiquement pour le droit syndical aux armées.

L’association IDS est toujours active en 1992. Elle disparaît avec la réduction puis, en 2001, la suppression du service militaire en France.

Parmi les responsables d’IDS, on comptait notamment Bertrand Jullien, Nicolas Baby, Jean-Luc Bennahmias, Gilles Buna, Patrice Finel, Laurent Lecoin, Jacky Mamou, Patrick le Tréhondat, Patrick Silberstein et Benoit Willot.

IDS participe en 1979 à Malmö (Suède) à la constitution d'une Conférence européenne des organisations de soldats, ECCO (European Conference of Conscripts Organisations) et en sera un des membres actifs. En octobre 1981, IDS organise la troisième conférence européenne d’ECCO en 1981 à Saint-Prix (Val-d'Oise). Structure informelle au démarrage ECCO, basée aux Pays-Bas, ECCO devient une organisation formelle en 1992, est rebaptisée European Council of Conscripts Organisations et transfère son siège en Suède. Elle était encore active en 2002 puis cesse ensuite de fonctionner.

(*) Antoine Rauzy : L’apparition et l’extension des comités de soldats en France dans les années 70 (mai 1974-mars 1976), mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Paris I, UFR d’histoire, janvier 1999.

 

IDS_1981.jpg

Partager cet article
Repost0
2 juin 2012 6 02 /06 /juin /2012 00:01

Annie de Montfort, écrivain et résistante, est décédée au camp de concentration de Ravensbrück. Selon la plaque commémorative à son nom apposée dans la collégiale Saint-Martin de Montmorency (Val-d’Oise), elle est « morte pour la France et la Pologne. »

Annie, née Arthémise Deguirmendjian-Shah-Vekil, voit le jour le 16 décembre 1897 à Paris. Son père et sa mère, d’origine arménienne, son nés en Turquie et ont fui le pays suite au génocide de 1915. Annie fait des études de médecine et s’installe à Paris pendant le premier conflit mondial.

Elle épouse en 1919 Henri Archambault de Montfort, un spécialiste des questions de l'Est européen, professeur à l'Institut des hautes études internationales et au Centre d'études polonaises de Paris, avec lequel elle publiera plusieurs livres. Ils auront quatre enfants.

Visitant avec son époux l’Europe du Nord-Ouest, Annie de Montfort est co-fondatrice en 1919 de l'Association France-Pologne et en devient la déléguée générale.

Annie de Montfort s’engage très tôt dans la Résistance dès le début de la guerre avec son mari Henri de Montfort, alors directeur des services de l’Institut de France. Ils fondent un journal d’inspiration catholique, La France Continue avec plusieurs intellectuels, comme les écrivains Marietta Martin et Paul Petit, l’historien Émile Coornaert ou le professeur Raymond Burgard.

Douze numéros du journal paraissent entre juin 1941 et février 1942. Imprimé avec soin, au ton violemment anti-Vichy, le journal est un des premiers à évoquer avec précision le sort des Juifs. Son attachement aux valeurs chrétiennes fait qu’il touche, avec dix mille exemplaires diffusés clandestinement, un public différent des réseaux de gauche.

Le réseau est démantelé en février 1942, avec l’arrestation de plusieurs de ses membres. Raymond Burgard, Marietta Martin et Paul Petit mourront en prison en Allemagne en 1944, après avoir été condamnés à mort suite à un simulacre de procès.

Annie de Montfort, qui échappe à la rafle de 1942, continue son activité clandestine. Selon la Société historique et littéraire polonaise et la Bibliothèque polonaise de Paris, Annie est liée au réseau F2 polonais. Pour Henry Aurenche (*), « l'émigration polonaise restée en France s'était groupée, en grande partie, dans le département de l'Isère. Grenoble devint le centre de résistance polonaise et Annie de Montfort y avait de nombreux amis. »

Elle est arrêtée le 18 mars 1943 à Grenoble par la Gestapo italienne pour ses activités de résistance. Elle parvient, d’après Henry Aurenche à assurer la fuite d’un de ses fils, engagé comme lui dans la lutte anti-nazie, et à détruire les documents en sa possession.

Après quelques jours de détention à Grenoble, elle fut transférée à San Remo puis Marseille et Fresnes (Val de Marne) où elle arriva le 23 avril 1943. Elle y resta jusqu'au 22 janvier 1944, date de son transfert vers le camp de transit de Compiègne d’où elle part pour l'Allemagne le 31 janvier 1944.

Elle fait partie des 959 femmes déportées par le transport 175 vers le camp de Ravensbrück. Elle y porte le matricule 27576.

À Ravensbrück, Annie de Montfort participe à la mise en place de structures de résistance avec notamment Émilie Tillion, mère de Germaine Tillion, sociologue et habitante de Saint-Maur-des-Fossés. Les instigatrices du mouvement mènent une action d’éducation. Annie de Montfort organise des conférences sur le vieux Paris et sur l’histoire de la Pologne.

Malade, Annie de Montfort entre au Revier, le dispensaire du camp, le 6 novembre et y meurt le 10 novembre 1944. Germaine Tillion, également internée à Ravensbrück, témoigne qu’Annie de Montfort « quelques minutes avant sa fin, appelait un chauffeur imaginaire. »

Marietta Martin, autre femme écrivain, également engagée dans le mouvement La France Continue meurt le lendemain. La région parisienne était déjà libérée depuis trois mois.

Annie de Montfort a été décorée après sa mort, à titre militaire, de la Légion d’honneur et de la croix d’or polonaise du mérite avec glaives. Son nom figure au Panthéon de Paris, parmi ceux des écrivains morts pour la France.

Parmi les œuvres d’Annie de Montfort, on lira toujours avec intérêt et curiosité deux guides « Pologne », l’un publié chez Hachette, dans la collection « Les Guides Bleus » à Paris en 1939, l’autre repris aux Éditions Nagel à Genève et publié en 1964. Ils témoignent d’une époque où la Pologne avait une toute autre extension territoriale, et rend compte d’un patrimoine en partie disparu.

Elle témoignait d’un « haletant effort de création, continu et réfléchi » dans la Pologne de l’entre-deux guerres.

* Henry Aurenche, in Association des écrivains combattants : Anthologie des écrivains morts à la guerre (1939-1945), Albin Michel, Paris, 1960

Montfort_Annie.jpg

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Polmorésie, blog d’histoire
  • : Histoire politique, économique, culturelle et sociale au travers des acteurs qui ont se sont engagés dans la vie publique.
  • Contact

Recherche

Liens