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25 juin 2020 4 25 /06 /juin /2020 00:01

Maurice Kouznietzoff naît le 11 novembre 1914 à Paris (12e arr.). Il est le fils de Fanny Wald et de Salomon Kouznietzoff, cordonnier, qui se marieront en mai 1921 à Paris (11e arr.). Ils sont d'origine russe et polonaise et seront naturalisés français en 1926.

Employé de bureau, Maurice Kouznietzoff épouse Thérèse Litman en mars 1940 à Paris (18e arr.). Il est alors mobilisé dans l’armée française.

Maurice Kouznietzoff fut, selon son épouse (lettre, 14/11/2011) « arrêté à Paris le 20 août 1941, alors qu'il traversait en vélo la place de la République pour se rendre à la compagnie d'assurances où il travaillait, il fut arrêté par deux agents qui lui demandèrent ses papiers. Malheureusement pour lui, ils étaient marqués par le tampon qui avait été infligé pour tous les Juifs, les agents ne voulurent plus le laisser partir. Ce fut, hélas, le début de nos malheurs ». Il est pris dans la seconde grande rafle qui touche les juifs de la capitale, onze mois avant celle dite du Vel d'Hiv.

Odette Bagno raconte (Une rafle mal connue : le 20 août 1941, GenAmi, septembre 2004) : « Le 20 août 1941, toutes les entrées de stations de métro entre la place de la République et la Nation avaient été fermées et les voyageurs étaient prévenus que les rames ne desservaient pas les stations intermédiaires. Plus tard nous avons appris que les Juifs arrêtés avaient été conduits au camp de Drancy inauguré à cette occasion.

« Par la suite, il a été dit que cette rafle était la conséquence d'un attentat commis contre un membre de l'armée allemande. Le 11e arrondissement avait sans doute été choisi car, composé en grande partie d'immeubles vétustes, sans confort, habités par des ouvriers, il était supposé abriter beaucoup de communistes. »

Le 20 août et les jours suivants, il y aurait eu 4 232 arrestations, dont 1 500 citoyens français. Une autre rafle avait déjà eu lieu le 14 mai, et une autre suivra le 12 décembre 1941. Les trois débouchent sur l'arrestation et l'internement par la police française de 8 700 étrangers en zone occupée.

Interné à Drancy puis déporté à Auschwitz le 22 juin 1942, Maurice Kouznietzoff fait partie des 29 survivants sur les 999 personnes qui composèrent le convoi n° 3.

Son épouse, Thérèse Kouznietzoff témoigne (Guillaume Bruneton, Drancy 2007) : « Mon mari a ouvert le camp de Drancy après s’être fait arrêter dans le onzième [arrondissement de Paris]. Il n’y avait rien, c’était un bâtiment en construction pour les gendarmes. Il n’y avait rien, pas de cloisons, rien du tout et donc lui il a souffert terriblement. Il est resté un an à Drancy et puis après il a été déporté à Auschwitz, alors comme il a été dans les premiers déportés… donc il a souffert terriblement. »

Après son retour en d’Auschwitz en1945, il devient assureur conseil à Montreuil-sous-Bois (Seine, act. Seine-Saint-Denis). En 1962, il est secrétaire de la société L'Alliance mutualiste de Paris. Il est décoré à ce titre.

En compagnie de son épouse, il adhère à l’Association des Déportés internés, résistants et patriotes du Val-de-Marne (ADIRP). Il en est le trésorier en 2003.

Maurice Kouznietzoff meurt le 3 mai 2003 à Saint-Mandé (Val-de-Marne). Il était âgé de 88 ans et était père de deux filles.

Son nom est inscrit sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris, mais de manière erronée en tant que « Moïse Kouznietzoff. »

Thérèse Kouznietzoff à Joinville-le-Pont en 2010

 

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21 juin 2020 7 21 /06 /juin /2020 00:01

Yves Marie Le Page naît le 25 janvier 1844 à Brest (Finistère). Il est le fils de Marie Félicité Le Page, lingère, et de Pierre Ovide Bonheur, fusilier au 1er régiment d’infanterie marine. Ses parents ne sont pas mariés, mais ils procèdent à sa reconnaissance en novembre 1844 à Brest. Ensuite, Yves Marie utilisera le patronyme de Bonheur. Il vit avec sa mère à Landerneau (Finistère).

Il sert pendant plusieurs années, au moins entre 1867 et 1870, dans la marine de guerre, comme matelot chef de pièce dans l’artillerie de marine en 1867. Il est sur le bateau Le Jura en 1868. Devenu quartier-maître, il embarque sur le Rochambeau, cuirassé à coque en fer, construit à New-York, qui, avec 115 mètres, est le plus long navire jamais construit en bois. Enfin, il est second maître sur la frégate Thémis en 1870. En 1902, au moins six sommes qui lui étaient dues par la marine au titre de son activité militaire étaient non réclamées.

Le premier mariage de Bonheur a lieu en novembre 1867 à Landerneau (Finistère) pendant son service militaire à Landerneau. Il épouse Anne Marie Perrine Piton. Elle meurt l’année suivante, juste après avoir donné naissance à un fils, qui décède lui-même à 11 ans, toujours à Landerneau où il vivait chez sa grand-mère maternelle.

Sans doute sur les conseils de son oncle Louis Benoit Bonheur, garde-cimetière au Père-Lachaise, Yves Marie Bonheur vient à Paris après la guerre franco-prussienne et se fait embaucher également dans l’administration parisienne des cimetières. Il continuera d’exercer cette fonction jusqu’en juillet 1890. Il vit dans le 20e arrondissement, rue du Repos, (adjacente au cimetière du Père-Lachaise) puis en 1875 à Choisy-le-Roi (Seine, act. Val-de-Marne), route de Choisy (qui dessert le cimetière parisien de cette ville). Il épouse en juillet  1875 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) Léonie Catherine Thime, fille d’un cordonnier, libre-penseur et militant radical-socialiste, Eugin Thime (1830-1904). Ils vivent de nouveau rue du Repos.

Après sa retraite, Yves Marie Bonheur devient employé d’octroi en 1892 à Joinville-le-Pont. Il vit route de Brie (act. avenue Galliéni) dans le quartier de Polangis. Il a eu sept enfants avec sa seconde épouse.

Yves Marie Bonheur meurt le 8 janvier 1893 à Joinville. Il était âgé de 48 ans. La très longue nécrologie que lui consacre l’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes constitue, outre l’état-civil ou les données sur son activité militaire et professionnelle, la principale source d’information sur les engagements publics de Bonheur.

La notice est incluse dans la rubrique régulière intitulée Bulletin maçonnique et de libre-pensée, rédigée par Henry Vaudémont. Les obsèques de Bonheur, dont le lieu n’est pas précisé, eurent probablement lieu à Joinville. Elles furent organisées « suivant ses principes et en dehors de toute pompe mystique, d’une façon purement laïque ».

Henry Vaudémont, président du groupe La Raison du canton de Charenton, conseiller municipal de Joinville-le-Pont, a retracé la vie de cet « humble et digne », citant Proudhon : « Dieu, c’est le mal. »

Émile Pasquier, secrétaire-général de la Fédération française de la Libre-Pensée ainsi que de l'Union des républicains radicaux socialistes de Sceaux, a fait une allocution en tant que secrétaire du député Jules Ferdinand Baulard, radical-socialiste, « Bonheur, ce travailleur modeste, ce libre-penseur convaincu, avait su de bonne heure se débarrasser de tous ces vieux préjugés qui sont la négation de la dignité humaine. »

Brisson-Joly, ancien conseiller général de la Seine et animateur de la Fédération française de la libre-pensée a formulé des considérations qui « n’ont certes pas été du goût de tout le monde. Mais nul n’a eu la goujaterie de désapprouver bruyamment ». Vaudémont remarque que « C’est un grand, un immense progrès au point de vue moral. La tolérance s’acclimate décidément chez nous. Et les gens qui, au nom de leur liberté, réclament le droit de croire en dieu, commencent à nous reconnaître, à nous, le droit de ne pas y croire. »

Le cuirassé Rochambeau

 

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19 juin 2020 5 19 /06 /juin /2020 00:01

Henri Hippolyte Bonnefoy, naît le 4 octobre 1844 à Bissia (act. Boissia, Jura). Il est le fils de Marie Thérèse Victorine Vauchez et de Pierre Germain Bonnefoy, cultivateurs. Son père meurt le mois suivant sa naissance.

Après avoir servi dans le 24e régiment d'infanterie, probablement au cours de la guerre de 1870-1871 avec la Prusse, Bonnefoy est démobilisé à Rouen en février 1872. Il termine des études de pharmacie et en sort, diplômé comme pharmacien de 1e classe, en juin 1874.

Il s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il est, en 1878, membre du comité de Saint-Maur-Joinville de la société française de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge), dont le docteur Élie Bitterlin est le président.

Le quotidien Le Siècle (1878/01/08) évoque son élection au conseil municipal de Joinville lors du scrutin de janvier 1878 qui voit la victoire du républicain Gabriel Pinson contre le bonapartiste sortant, Louis Ferdinand Rousseau. Cependant, les autres listes d’élus ne mentionnent pas son nom, et il n’est pas non plus cité au cours du mandat.

C’est sans doute Henri Bonnefoy qui fait partie des fondateurs, comme vice-président, de la Société de la flotte de Nogent-Joinville, club d’aviron et de voile sur la Marne en 1888, mais il avait déjà quitté la commune en 1887 pour s’installer à Deuil (Seine-et-Oise, act. Deuil-la-Barre, Val-d’Oise).

Dans cette commune, il participe à la création de l’association Les Amis réunis de Deuil, adhérente à l’Union des sociétés de tir de la région de Paris. Il fait très régulièrement des concours de tir, en France et à l’étranger, et est régulièrement signalé comme étant un bon compétiteur. Il est président de la société de de Deuil en 1891 puis devient, après avoir quitté la commune, président d’honneur en 1893. Il continuera, toute sa vie, à se prévaloir de ce titre.

Vice-président de l’Union des sociétés de tir de la région de Paris en 1892, Bonnefoy va exercer cette fonction jusqu’en 1902. Il est également, à partir de membre du conseil d’administration de l’Union nationale des Sociétés de tir, fonction qu’il exercera jusqu’à son décès.

Ayant quitté Deuil, Bonnefoy s’établit à Paris rue de Lancry et rue des Vinaigriers. Il continue de pratiquer le tir sportif à un rythme très élevé, établissant plusieurs records au fusil, contribuant également au contrôle des manifestations et étant perçu comme un bon technicien par ses camarades de sport.

Il quitte de nouveau Paris en 1910, pour s’établir à Romainville (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il reprend une pharmacie rue Saint-Germain.

Ne négligeant pas ses engagements sportifs, il est en 1913 directeur de tir de la société d'éducation physique et de tir L'Espérance de Romainville.

Pendant la première guerre mondiale, il poursuit son travail de pharmacien et ses responsabilités associatives.

Henri Hippolyte Bonnefoy meurt le 30 janvier 1918 à Romainville, à son domicile rue Veuve-Aublet. Il était âgé de 73 ans. Il avait été décoré des Palmes académiques comme officier d’académie en 1901 et comme officier de l’instruction publique en 1906 et disposait également d’une décoration pour ses activités militaires.

Le journal Le Tir national rend hommage à sa compétence après sa disparition puis, encore en 1921, à son rôle dans la formation des tireurs.

 

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17 juin 2020 3 17 /06 /juin /2020 00:01

Louis Jules Debeuré naît le 7 janvier 1831 à Triconville (Meuse). Il est le fils de Marguerite Anne Julie Devraine et de son époux Nicolas Debeuré, tisserand.

Il est cordonnier à Paris, où il épouse en avril 1854 (6e arr.) Marie Anne Justine Bousquet. Au cours des années 1860, il devient doreur sur métaux et vit dans le 11e arrondissement de Paris, dans le quartier de la Folie-Méricourt. Il installa sa société de dorure au mercure dans le même quartier, rue de Nemours.

Au début des années 1880, Debeuré est propriétaire d’une maison de campagne à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), route de la Brie (act. av. Galliéni), dans le quartier de Palissy. Il va s’impliquer dans la vie locale.

Il est d’abord membre de la fanfare locale mais il s’en retire, en octobre 1884, pour consacrer tout son temps à la société d’escrime et de tir Les Volontaires de Joinville et Champigny, fondée le même mois. Dans le contexte de la défaite encore récente de la France face aux troupes prussiennes et allemandes en 1870, de nombreuses sociétés de ce type voient le jour. Celle de Joinville et Champigny démarre avec une centaine d’adhérents. Elle en compte 163 en 1866, dont 38 tireurs actifs.

L’objectif de ces organismes de tir, de gymnastique et d'exercices militaires est patriotique. Mais, dans un contexte où la montée de forces populistes est sensible, le conseiller général du département de la Seine, Faillet, qui fait approuver en novembre 1887 une subvention pour Les Volontaires de Joinville et de Champigny précise : « Quoique nous ne soyons pas boulangistes, nous sommes disposés à venir en aide à toutes les sociétés de cette nature qui ont pour objet la défense de la France démocratique. »

Si le démarrage de la société fut rapide, la vie associative va s’avérer très compliquée. En 1885, le propriétaire du stand, le cafetier Vingdlet, se brouille avec Debeuré. L’assemblée générale de fin d’année est agitée, avec la démission du porte-drapeau après une pétition de 32 signataires. Le journaliste radical-socialiste Henry Vaudémont essaie « de donner de l’entrain à la société ». Mais il témoigne en juin 1888 : « J’essuyai presque autant de déboires que Debeuré lui-même, ce qui n’est pas peu dire. »

Lors des élections municipales de mai 1888 à Joinville, Debeuré est candidat sur la liste du républicain modéré Gabriel Pinson, maire sortant. La lise emporte dès le premier tour 17 des 21 sièges à pourvoir, et en récupère un de plus au second tour, tandis que les radicaux-socialistes en obtiennent trois, derrière Alphonse Demeestère. Avec 283 voix, Debeuré est le dernier des élus du premier tour.

Un mois après le scrutin, le maire réélu meurt. La désignation d’Eugène Voisin pour le remplacer est l’occasion d’un rapprochement entre la majorité municipale et les radicaux. Debeuré, libre-penseur affirmé, comptait de nombreux amis parmi ces derniers. Il est désigné, en décembre, comme membre du bureau de bienfaisance, en charge du fonctionnement du fourneau.

Louis Jules Debeuré meurt le 5 janvier 1890 à Joinville, dans sa maison de campagne. Il était âgé de 59 ans et vivait de ses rentes depuis 1888. Il avait semble-t-il eu deux enfants, dont une fille morte très tôt.

Debeuré est inhumé au Père-Lachaise, en présence de beaucoup de joinvillais et de commerçants du quartier de la Folie-Méricourt. Le député radical-socialiste Jules Ferdinand Baulard, l’adjoint au maire de Joinville, Honoré Jullien et l’ancien conseiller général et militant de la libre-pensée Brisson-Joly prononcèrent des discours au cimetière parisien du Père-Lachaise, où il eut des obsèques civiles. Henry Vaudémont, ancien vice-président de la société de tir, malade, fit lire un message.

Route de la Brie, Joinville-le-Pont

 

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15 juin 2020 1 15 /06 /juin /2020 00:01

Suite de la biographie de Jacques Hollande

Après la fin de la Mission de Paris, le chanoine Jacques Hollande redevient curé de l’église de la Sainte-Trinité (Paris, 9e arr.) en novembre 1957. Lors de son installation par le cardinal Maurice Feltin le ministre de la justice Robert Lecourt est présent et l’orgue est tenu par le compositeur Olivier Messiaen.

Il sera le porte-parole du clergé parisien lors des travaux préparatoires au concile Vatican II en 1964. Après le concile, en 1965, les prêtres-ouvriers sont à nouveau autorisés.

En 1958, Hollande participe à une cérémonie du cinquantenaire de la paroisse de Sainte-Anne de Polangis, à Joinville-le-Pont, dont il avait été le curé pendant la deuxième guerre mondiale. Il avait gardé un lien avec cette paroisse, et c’est lui qui, en octobre 1953, avait installé le père Jean Lamour qui remplaçait l’abbé Bauller, lui-même successeur de Hollande.

En novembre 1953, le chanoine Hollande était le seul ecclésiastique figurant sur une liste de 50 personnes représentant « l’élément dynamique de la nation », selon l’hebdomadaire L’Express. Il figurait en compagnie du général de Gaulle, des sportifs Émile Allais et Maurice Herzog, du couturier Christian Dior, du comédien Jean-Louis Barrault, des éditeurs Gallimard et Julliard, du publicitaire Bleustein-Blanchet, de l’industriel Marcel Dassault et de deux femmes, dont l’écrivaine Simone de Beauvoir.

Les descendants d’Henri Dubois-Fournier organisaient des rencontres régulières et publiaient, dans les années 1950, un bulletin régulier, La Cordée du Patriarche. Jacques Hollande y participe régulièrement, assurant en juin 1956 « (…) Il y a un sens de l’autorité à maintenir dans la famille (…) La soumission loyale aux directives du Saint-Siège fait partie du trésor moral dont nous avons hérité. (…) Le sacrifice commence, écrivait le Patriarche [Dubois-Fournier] par « la grande loi du travail qui est celle de Dieu, celle de la nature. »

Il exerçait toujours son ministère paroissial en 1970.

Dans les nombreuses conférences et prêches qu’il avait donnés, l’abbé Hollande voulait mieux faire connaître le monde du travail au sein de l’église catholique. Devant les congrégations hospitalières et charitables, en juin 1948, il soutient « qu’un travail inhumain, à un rythme accéléré, appelle des loisirs violents et que si ce travail était plus humain, les loisirs populaires le seraient aussi ; car au fond, le régime économique actuel abrutit, animalise et tue l’esprit… » En octobre la même année, il veut ouvrir des perspectives « vers un monde nouveau » devant les Filles de Saint-François de Sales missionnaires. Pend l’avent 1949, il disserte sur « les pauvres jugent l’histoire ».

Le chanoine Jacques Hollande décède le 28 décembre 1991 à Paris (14e arr.). Il était âgé de 90 ans.

Fin

La Mission de Paris en janvier 1944 à Lisieux

 

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11 juin 2020 4 11 /06 /juin /2020 00:01

Suite de la biographie de Jacques Hollande

Le premier poste paroissial l’abbé Hollande est celui de vicaire de Saint-Joseph-des-Épinettes, dans le 17e arrondissement de Paris. C’est sans doute à ce moment qu’il devient aumônier de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC).

Du fait de ses liens familiaux et d’amitié, il est amené à célébrer plusieurs mariages mondains, comme celui en novembre 1931 de son frère cadet, Jean Hollande avec Jacqueline de Lesparda, également descendante, comme leur mère, de la noblesse d’empire.

Toujours vicaire, il rejoint Sainte-Jeanne d’Arc de Levallois-Perret (Seine, act. Hauts-de-Seine) en juin 1934. Il semble sensible aux thèmes politiques conservateurs, puisqu’il participe, en février 1936, dans le quotidien L’Écho de Paris, à une « souscription nationale pour l’organisation et la propagande politique. »

Au cours de la deuxième guerre mondiale, l’abbé Hollande est rappelé en août 1939 et affecté au 153e régiment d’artillerie à pied. Il est hospitalisé l’hôpital Legouest de Metz en novembre puis envoyé en convalescence. En mars 1940, il est rayé des cadres.

C’est sans doute vers ce moment qu’il est nommé premier vicaire de la paroisse parisienne de Notre-Dame-de-Lorette (9e arr.).

Après le décès en fonction du père Lucien Lachambre (1899-1942), Hollande devient en juillet 1942 curé de Sainte-Anne de Polangis à Joinville-le-Pont. La paroisse est à cheval sur les communes de Champigny et Joinville, où elle dessert également le quartier de Palissy. Il rencontre probablement deux figures des mouvements d’action catholique, Henri Melchior militant à la JOC et futur dirigeant du Secours catholique, qui vit alors à Joinville ou Paul Bacon, premier secrétaire général de la JOC, qui sera résistant, député et ministre, et qui réside dans la commune voisine de Saint-Maur-des-Fossés.

L’abbé Hollande quitta rapidement ce premier poste de responsable paroissial car, en janvier 1944, le cardinal Suhard, archevêque de Paris l’appelle à rejoindre la Mission de Paris qu’il vient de créer et le nomme supérieur de cette institution hors-normes en mars la même année.

À suivre

Jacques Hollande en 1944

 

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9 juin 2020 2 09 /06 /juin /2020 00:01

Début de la biographie de Jacques Hollande

Jacques Hollande naît le 13 février 1901 dans le 16e arrondissement de Paris. Il est le fils de Ghislaine Berthier de Lasalle (1877-1935) et de Jules Edmond Louis Hollande (1866-1921). Par son père, il descend d’Henri Dubois-Fournier (1768-1844), commerçant du nord de la France qui mena de nombreuses missions pour le rétablissement de l’Église catholique après la Révolution française. Par sa mère, il était lié aux princes Murat. Son étoile le plaçait donc plutôt parmi les couches les plus aisées de la société française. De grande taille pour l’époque (1 mètre 85), il avait les yeux verts et les cheveux châtains.

Pendant la première guerre mondiale son père, officier, est fait prisonnier au tout début du conflit, en août 1914. Le pape Benoît XV ayant obtenu de l’Allemagne le transfert en Suisse de certains détenus malades, Jules Hollande est envoyé dans le sanatorium de Leysin (Vaud), atteint d’une pleurésie. Au nom de son frère et de ses deux sœurs plus jeunes, Jacques Hollande, âgé de 14 ans, écrit le 8 février 1916 une lettre au pape : « Nous sommes quatre enfants français très reconnaissants à Votre Sainteté de l'initiative que vous avez eu la paternelle bonté de prendre en faveur de prisonniers malades. Notre père, après dix-sept mois d'une dure captivité en Allemagne, ayant été atteint de pleurite, a été hospitalisé en Suisse. Comme il est le premier officier de l'armée française qui y ait été amené, nous considérons comme notre devoir de remercier Votre Sainteté de nous conserver la vie de notre père (…) ». Le journal du Vatican, Osservatore Romano, qui publie la lettre, estime qu’il s’agit d’« une fleur parmi les épines ». Plusieurs publications catholiques saluent un « beau geste d’enfants ». Jules Hollande, capitaine et décoré de la Croix de guerre, mourut dans le centre de convalescence de Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais) des suites de sa maladie en juillet 1921.

En novembre 1920, après deux ans à la Faculté des Lettres de l'Institut catholique de Paris, il entre au séminaire du diocèse catholique de Paris à Issy-les-Moulineaux (Seine, act. Hauts-de-Seine). La circonscription diocésaine comprenait à cette époque la ville-capitale ainsi que l’essentiel des trois actuels départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne).

Bien qu’éligible à un sursis pour le service militaire, Hollande y renonce et est incorporé dans le 153e régiment d’artillerie à pied en mai 1922. Il est nommé brigadier en septembre puis maréchal des logis en mai 1923. Dans la réserve, il est promu sous-lieutenant en juillet 1925 puis lieutenant quatre ans plus tard.

Après la fin de sa période à l’armée, Jacques Hollande reprend ses études au séminaire et est ordonné prêtre le 18 décembre 1926 par le cardinal Dubois, archevêque de Paris. Il célèbre le lendemain sa première messe en l'église Saint-Honoré d'Eylau à Paris (16e arr.). Hollande poursuit des études de droit canonique à l'Institut catholique de Paris et est reçu comme lecteur en décembre 1931.

À suivre

Henri Dubois-Fournier, ancêtre de Jacques Hollande

 

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5 juin 2020 5 05 /06 /juin /2020 00:01

Eugène Auguste Delawarde naît le 12 mai 1848 à Paris (8e arr.). Il est le fils de Marguerite Julie Leconte et de son mari Jean Baptiste Marin Delawarde.

Engagé dans la marine de guerre impériale française, Delawarde embarque en 1867 sur la corvette Dupleix, commandée par le capitaine de vaisseau Bergasse Dupetit-Thouars. Le bateau arrive à Yokohama en février 1868, au cours de la révolution japonaise. Le 8 mars, une chaloupe à vapeur envoyée à terre à Sakai, près d'Osaka, est attaquée par des samouraïs du prince de Tosa. Un officier et dix marins sont tués. Dupetit-Thouars exige réparation. Mutsuhito, l’empereur du Japon (qu’on désigne alors en France sous le nom de Mikado), qui vient d’inaugurer l’ère Meiji et souhaite améliorer ses relations avec les pays étrangers, décide de lui donner satisfaction. Les coupables sont arrêtés et vingt d'entre eux sont condamnés à la peine capitale. L'exécution a lieu le 14 mars, cependant après la décapitation des onze premiers samouraïs, Dupetit-Thouars demande la grâce des autres. Il acquiert ainsi une réputation dans l’entourage du monarque, auquel le Dupleix rendra, pour la première fois de la part d’un navire occidental, les honneurs protocolaires réservés aux souverains le 16 avril 1868.

Bien que blessé, Delawarde réussit, avec un officier et quatre autres marins, à rejoindre le vaisseau. Il obtiendra un confortable dédommagement, se montant à 20 000 francs, somme très conséquente à cette époque (équivalente à environ 60 000 euros). Le ministre de la marine et des colonies leur confère en mai 1868 la médaille militaire « en récompense de la courageuse énergie dont ils ont fait preuve lors de l’agression. »

Toujours matelot sur le Dupleix, Delawarde apprend, alors qu’il est en Cochinchine (act. Vietnam), le lancement d'une souscription pour la reconstruction du palais de la Légion d'honneur, détruit lors de la révolution de la Commune de Paris le 23 mai 1871. Il décide de souscrire pour une somme de 500 francs, ce qui le place en tête d’une liste de souscription publiée le 8 décembre 1871 et fait sans doute de très loin de lui le plus gros contributeur, parmi les titulaires de la médaille militaire, gérée par la chancellerie de la Légion d'honneur. En effet, la plupart des dons des décorés de cette médaille se situent entre un et dix francs, ne dépassant que très rarement vingt francs.

Lorsque le grand chancelier, Joseph Vinoy, reçoit le courrier de Delawarde, il est incrédule s’étonnant qu’un matelot de 3e classe puisse avoir une telle somme. Il s’adresse au ministre de la marine et des colonies, Louis Pothuau, craignant une mystification. Finalement, c’est après leur retour en France en fin d’année 1871, le capitaine Dupetit-Thouars qui le conduit lui-même à la chancellerie, où il remet la somme au général Vinoy. Le quotidien Le Figaro fit un récit très détaillé de cette affaire le 9 décembre 1871.

Devenu serrurier, vit dans le quartier des fabricants de meubles à Paris (12e arr.) d’abord rue Beccaria puis rue Crozatier. Il épouse en juin 1872 Julia Hélène Eugénie Leclerc, âgée de tout juste 16 ans. Leur relation ne semble pas simple, car lors de la naissance de leur deuxième fille, en septembre 1875, l’état-civil le mentionne comme père mais précise « résidence inconnue. »

Il renoue cependant avec son épouse et s’installe dans le 18e arrondissement, boulevard Ornano. Eugène Jules Maurice Delawarde meurt le 8 décembre 1947 à Paris (18e arr.), un mois avant la naissance de son fils.

Ce dernier, Eugène Delawarde (1882-1947), est officier d’artillerie, graveur puis entrepreneur de transports. Il fut secrétaire général du Comité d’union républicaine et d’action sociale de Joinville-le-Pont (conservateur). Il a été décoré de la Croix de guerre et fait chevalier de la Légion d’honneur.

 

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2 juin 2020 2 02 /06 /juin /2020 00:01

Ernest Barberolle naît le 16 octobre 1861 à Paris (5e arr.). Il est le fils Marie Dauphin, couturière, et de son mari époux Marie Barberolle, employé. Il est d’abord sertisseur puis joailler rue de Turbigo à Paris (3e arr.). Il épouse, vers 1890, Jeanne Marie Camille Desportes.

L’activité sportive de Barberolle commence à l’aviron en 1881. Après avoir été rameur, Barberolle est barreur dès le printemps 1882 pour les équipes de la Société nautique de la Marne (SN Marne), installée sur l’île Fanac à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dont les couleurs sont bleu et blanc. Il pèse alors 49 kilos, un poids qu’il dépassera un peu au cours de sa carrière, mais en 1936, il est encore mesuré à 52 kilos. Il est de taille réduite (1 m. 55) et était surnommé Petit Barberolle, son faible poids et la sûreté de son coup d'œil en firent un barreur émérite selon ses camarades. Dans le « monde léger » des barreurs, il est considéré comme un roi par Germain Chaussat en 1921.

Barberolle, 1901, à gauche

Entre 1893 et 1897, se réoriente vers le cyclisme sur route comme sur piste, de nouveau avec un club de Joinville-le-Pont, le Vélo-Club de Joinville. Il est sprinter, remportant un course sur piste au vélodrome de l’Est à Paris en juillet 1897.

Pour se rapprocher de son lieu d’entraînement, la famille Barberolle déménage à Joinville et s’installe sur l’île Fanac en 1910 ou 1911. Barberolle revient à l’aviron.

La SN Marne est une des plus prestigieuses formations de l’aviron français. Un des moments forts de la saison est le match par bateaux de huit rameurs et un barreur, qu’elle dispute au printemps contre le Rowing club de Paris. En 1938, la presse calcula que Barberolle avait gagné deux fois le match en qualité de rameur, barré vingt et une fois le huit de la SN Marne et obtenu quatorze fois à la victoire.

Sélection aux Jeux olympiques d'été de 1920 à Anvers, Ernest Barberolle dispute avec Gabriel Poix et Maurice Bouton l'épreuve d’aviron de deux avec barreur. Ils remportent la médaille d'argent. Il est alors âgé de 58 ans. Les journaux le qualifient de scientifique, rusé et fougueux. Vers cette époque, Barberolle abandonne son activité de joailler.

Au cours des années 1930, avec son avancée en âge, la popularité de Barberolle augmente. Il est qualifié de maître barreur par une athlète, Mlle Chevassus, dont il barre l’embarcation. La presse remarque qu’il est inamovible, soulignant la façon dont il coordonnait ses rameurs en hurlant dans son porte-voix. L’âge n’empêche pas Barberolle d’avoir un comportement sanguin. Ainsi, après le match à huit rameurs entre la SN Marne et le Rowing-Club de Paris en 1936, remporté par les joinvillais, Boutteny, président du Rowing-Club, reproche à Barberolle d'avoir légèrement coupé la ligne du bateau du Rowing après le pont de Saint-Cloud. En réplique, le barreur frappa le dirigeant d'un coup de poing. Selon les journaux, « l'incident n'eut pas de suite, mais Barberolle mit assez de temps à se calmer. »

À 78 ans, Barberolle participe encore au match annuel de mai 1938. C’est semble-t-il sa dernière participation à une course officielle.

Déjà en 1926, le quotidien La Presse considérait que « l’ancêtre est chaque année plus jeune ». Dans un long portrait qu’il lui consacre en octobre 1927, H. Coutance, dans le même journal, considère que « Barberolle c'est tout le rowing parisien ». Il passe sa vie sur l’eau, « quelquefois en canoë, d'autrefois il se contente d'une barquette qu'on dirait construite pour un enfant », il est « affable, gai luron. »

Ernest Barberolle meurt le 5 septembre 1948 à Joinville. Il était âgé de 86 ans et avait eu deux filles. Outre sa médaille olympique, Ernest Barberolle avait obtenu une médaille d'or de l'Éducation physique en mai 1938.

Son neveu, Lucien Barberolle (1885-apr. 1950), graveur-ciseleur, fut conseiller municipal de Joinville-le-Pont (1925-1929), de tendance républicain socialiste indépendant (centre-droit) ; il était également peintre et sculpteur, décoré de la Croix de guerre.

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31 mai 2020 7 31 /05 /mai /2020 00:01

Didier Dessein naît le 6 juin 1825 à Chassigny (Haute-Marne). Il est le fils Jeanne Lejour et de son mari, Jean Baptiste Dessein, cabaretier.

Le premier mariage de Dessein se déroule à Paris (3e arr.), quelques jours avant le déclenchement de la révolution de février 1848 qui renverse la monarchie de Juillet et installe la deuxième République. Il épouse Anne Joséphine Adèle Grassot, fille du patron chez lequel il était apprenti ferblantier, et reprend cette même année la fabrique de jouets de son beau-père, qui avait été fondée en 1823. Cependant, sa femme meurt trois ans plus tard.

Les deuxièmes noces de Dessein ne dureront pas non plus. Marié en mai 1852 à Paris (3e arr.) avec Sophie Catherine Chalmard, il est de nouveau veuf en mars 1854. Dessein se remarie en avril 1855, toujours à Paris (3e arr.) avec Anne Augustine Symon.

Le magasin de bimbeloterie, rue des Gravilliers, vend notamment des petits soldats en métal ou des maisons de poupée ; il est déplacé en 1863 rue Chapon, toujours dans le 3e arrondissement. Il eut pendant longtemps beaucoup de peine à lutter contre la concurrence allemande. Cependant, la société se développa, fabricant de nouveaux produits comme des chemins de fer ou des bateaux à vapeur miniatures, qu’elle fut parmi les premières à vendre. La manufacture obtint une médaille d’or lors de l’exposition universelle de Paris en 1867.

En 1874, Didier Dessein déposa un brevet pour des « perfectionnements dans la fabrication des jouets mécaniques roulants », essentiellement pour des locomotives motorisées à roues.

Dessin extrait du brevet de Didier Dessein

En 1880, on comptait 200 ouvriers et ouvrières dans la fabrique ; elle exportait en Allemagne des articles que précédemment elle importait, par exemple de soldats de plomb d’infanterie ou de cavalerie, posés sur des supports en bois. Didier Dessein confia la direction à son beau-fils, Georges Potier, issu du premier mariage de sa troisième épouse. Ce dernier poursuivit l’exploitation, fondant la marque DS. Il fit breveter une méthode de fabrication par impression chromolithographique.

Au cours de l’exposition universelle de 1878 à Paris, Didier Dessein est membre du jury. Son entreprise reçoit de nouveau une médaille d’or. Après le décès de Georges Potier en mars 1884, la fabrique sera reprise par Edmond et Fernand Lefèvre et adoptera la marque FV-DS. À l’issue d’un regroupement avec cinq autres producteurs, la société Le Jouet de Paris (JEP) est fondée en 1901.

Les Dessein acquièrent, avant 1875, une résidence secondaire à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), probablement située 6, rue Vautier dans une zone résidentielle du centre-ville. Didier Dessein contribue cette année-là aux secours aux victimes des inondations de la Marne.

Lors d’élections municipales partielles, organisées à Joinville en 1879 pour compléter le conseil suite à plusieurs démissions, D. Dessein est élu en compagnie de l’opticien Pierre Bigot (1820-1903) et du joailler Louis Legendre (1848-1894). Le maire est le républicain modéré Gabriel Pinson (1835-1888), restaurateur.

En septembre 1879, Dessein se range aux côtés du maire dans le conflit qui déchire le conseil municipal à propos d’une initiative d’Alphonse Demeestère, qui a lancé une souscription en faveur d’un ancien communard, libéré et malade, Alfred Morandy. La majorité de l’assemblée locale adopte une motion dans laquelle douze élus (sur 21) « blâment sévèrement le citoyen Demeestère » avec lequel se solidarisent, par contre, les élus les plus progressistes comme Diot et Vaudey.

Lors des élections municipales générales de 1881, Dessein n’est pas réélu à Joinville. Il est nommé administrateur du bureau de bienfaisance du 3e arrondissement de Paris et continuera d’exercer cette fonction les années suivantes.

Didier Dessein meurt le 6 juin 1885 à Paris (11e arr.), jour de son 60e anniversaire. Il résidait boulevard Voltaire dans cet arrondissement depuis qu’il avait cessé son activité industrielle en 1876. Il avait eu une fille avec sa troisième épouse.

Maquette de bateau à vapeur de l'atelier de Didier Dessein, vers 1860

 

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