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7 décembre 2020 1 07 /12 /décembre /2020 00:01

Début de la biographie de Justin Mauran

Pierre Justin Mauran naît le 9 juin 1817 à Réalmont (Tarn). Il est le fils de Rose Félicité Jalguès (ou Salguès) et de son mari Pierre Jean Mauran, 38 ans, charpentier.

Devenu prêtre vers 1846, il séjourne dans une petite ville du Midi puis devient missionnaire apostolique. Parti de Paris pour Nantes (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique), il embarque sur le navire la Marie le 3 mars 1847 et atteint Port-Louis (île Maurice) le 28 mai puis Saint-Denis (île Bourbon, act. île de La Réunion) le 5 juin.

Dans une relation de son voyage, il critique la vente d’esclaves malabars (indiens) à Maurice. La question de l’esclavage est très présente dans son ouvrage. Il témoigne : « J’ai vu Bourbon pendant l’esclavage, je l’ai vu après l’émancipation ». Il rapporte les propos d’une ancienne esclave sur sa relation avec ses anciens maîtres. Devenu curé de la paroisse de La Possession, faisant partie de la commune de Saint-Paul, l’abbé Mauran constate que « l’émancipation des esclaves arrêta le commerce, causa une gêne générale. »

Selon l’historien Prosper Ève, spécialiste de l'esclavage à Bourbon, Justin Mauran fait partie, avec cinq autres prêtres, des propagateurs des idées « insensées » de Sarda Garriga, nommé en 1848 par Victor Schœlcher, commissaire général de la République à La Réunion pour y mettre en application le décret de l'abolition de l'esclavage. Sarda Garriga s’oppose aux propriétaires et décrète l’abolition de l’esclavage le 20 décembre 1848. Il est relevé de ses fonctions, et quitte La Réunion en mai 1850.

La Possession, l'église

Pour sa part, l’abbé Mauran quitte l’Île de La Réunion en octobre 1849. Son récit, signalé par nombre de publications catholiques, mêle quelques avis sur ce qu’il a vu avec des textes plus poétiques ou des cantiques. Il évoque son bonheur d’avoir été curé de campagne. Le directeur de la Bibliographie Catholique, l’abbé Bérault des Billiers se plaint que dans le livre « il est dit fort peu de choses de l'Ile-de-France et de l'Ile-Bourbon » et qu’il y a trop d’incohérences entre les diverses parties de l’ouvrage, qui inclut une histoire édifiante de d’Adolphe et Marie, enfants d’un comte sans aucun lien avec La Réunion, de même que plusieurs harmonies en vers, dédiées à la vierge Marie. Une édition séparée d’Adolphe et Marie paraît à Paris en 1853.

Rentré en France en octobre 1849, Justin Mauran est affecté à l’église Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle à Paris (2e arr.). Le curé est Jean Brice Portalès, que l’abbé Mauran connaît depuis 1847. Il lui consacre, en 1854, peu avant sa disparition en janvier 1855, un livre intitulé Le bon Pasteur.

Second vicaire à Neuilly (Seine, act. Hauts-de-Seine) en 1849, l’abbé Mauran publie des articles dans des revues religieuses, notamment consacrées Souvenirs du cap de Bonne-Espérance en 1852, où il raconte l’histoire du vicomte Numa de Castel, qu’il qualifie de « catholique en terre protestante ». En août 1852, dans La Voix de la vérité, il publie une longue tribune de Questions aux partisans de la nouvelle doctrine dite Traditionalisme, dans laquelle il fait appel à la raison, soulignant qu’elle vient aussi de Dieu. Il est nommé, en février 1859 vicaire à Saint-Pierre-du-Gros-Caillou, église de Paris (7e arr.).

Il dispose certainement d’une certaine liberté dans l’exercice de son ministère, puisqu’il est à Marseille en 1860, où il rencontre la famille Coutel, coupe de chaudronniers, originaires d’Aurillac (Cantal). L’épouse entend parler d’une rumeur qui circule dans ce département, depuis 1850 au moins, selon laquelle un certain Antoine Trin, parti depuis longtemps pour l’Amérique, venait de mourir dans l’État de New-York, laissant une succession de 24 millions de dollars soit cent vingt millions de francs. Elle l’identifie comme étant son oncle.

Sans disposer de plus d’informations, l’épouse en question se rend à New-York (États-Unis), en octobre 1860, où, ne parlant pas l’anglais, elle ne recueille qu’un renseignement vague du consulat français sur le fait que son parent se serait fait appeler lord Trin of Lioukand, ce qu’elle assimile à une traduction de Lieucamp. De retour à Marseille, elle confie en novembre de la même année, les recherches à deux personnes, avec qui elle promet de partager les sommes à percevoir : M. Gilet, chef d’institution à (école) Marseille et l’abbé Justin Mauran.

Pour mener leurs travaux, ils engagent le couple Coutel à emprunter 25 000 francs, dont Gilet prend 15 000 et Mauran 10 000, ce qui lui permet de payer les frais de son voyage de dix-huit mois aux États-Unis. Il raconte qu’il a « trouvé de grandes difficultés, de grands obstacles. Le premier était mon ignorance du langage et des formes judiciaires. J’ai dû avoir recours à un avocat qui m’a promis de réussir ». Cependant, le déclenchement de la guerre de Sécession, en avril 1861, a, selon lui, rendu ses démarches impossibles, bien qu’il assure que « cette succession existe et qu’on la retrouvera. »

Le couple Coutel poursuit, en novembre 1862, Gilet et Mauran devant le tribunal de police correctionnelle. Cependant, il est acquitté, ayant soutenu qu’il n’était pas l’auteur de la rumeur et qu’il avait bien reçu, et suivi, les instructions du couple Coutel.

À suivre

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