Eugène Martin naît le 17 juin 1830 à Saint-Sulpice-les-Champs (Creuse). Il est le fils de Françoise Batherosse et de son mari Joseph Martin, qui résident dans le village de Chansard.
Résidant à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) Eugène Martin participe en février 1862, parmi 28 habitués du café Émile Gosset à Joinville, à une souscription pour les ouvriers de Lyon et de Saint-Étienne. Plusieurs personnalités locales y contribuent, comme Gosset, alors conseiller municipal, son frère Prince Amédée, conseiller municipal de la commune voisine de Saint-Maurice, Pierre Arnoult, marchand de nouveautés et Firmin Victor Cadot, eux aussi élus de Joinville, un célèbre tapissier-décorateur, Jean Marie Belloir, l’architecte Camus, le restaurateur Eugène Napoléon Rozier, etc.
Devenu négociant en vins, Eugène Martin obtient par décret impérial en janvier 1868 le droit d’épouser sa nièce et il se maire à Joinville en juin 1868 avec Maxence Berthe Martin, fille de son frère Jean Baptiste.
Pendant la guerre franco-prussienne de 1870, alors que la République vient d’être proclamée le 4 septembre, des élections municipales sont organisées. Le conseil municipal de Joinville comprend 16 membres ; Eugène Martin est élu, le maire, reconduit étant le conservateur Auguste Courtin et son adjoint étant Louis Ferdinand Rousseau, bonapartiste.
Pendant le siège de Paris, en décembre 1870, les habitants de la commune de Joinville sont évacués, le conseil municipal siégeant à Paris, d’abord rue du Bac puis boulevard Voltaire, tandis que le pont reliant les deux rives de la Marne est détruit et que les combats font près de 2000 morts, essentiellement militaires.
Après la défaite française, fin janvier 1871 et jusqu’en septembre, la commune est occupée par 3 000 soldats allemands (Wurtembourgeois et Bavarois) avec un état-major général de brigade et 250 chevaux.
C’est sous l’occupation qu’un nouveau scrutin est organisé, en juillet 1871. 13 des 16 sortants, dont Martin, le maire et son adjoint, sont réélus. Ils le sont de nouveau, en novembre 1874. La démission de Courtin en 1876 provoque son remplacement par Rousseau. Cependant, ce dernier est battu en janvier 1878 par une liste républicaine, conduite par Gabriel Pinson, descendant de trois anciens maires de la commune.
Martin ne siège pas dans le nouveau conseil. Il revient par contre dans l’assemblée locale en janvier 1881, lors d’un scrutin qui voit une large victoire de la liste républicaine de Pinson. Il est de nouveau réélu en mai 1884 puis, dès le premier tour, en mai 1888. Cette année-là, la liste Pinson est opposée à une liste radicale-socialiste, qui obtient trois sièges. Martin recueille 306 voix, soit environ 56% des suffrages.
L’activité de commerce de vins vaut à Martin quelques ennuis. En 1885, il est accusé d’avoir oublié de payer les droits d’octroi et doit payer une amende Le journaliste Henry Vaudémont. lui demande de démissionner dans l’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes. En août 1891 est condamné à 50 francs d’amende pour « tromperie sur la marchandise ». Il avait vendu du vieux kirsch avec une mention « de fantaisie » peu lisible, mais le breuvage n’était ni vieux, ni du kirsch. Vaudémont toujours s’émeut de cette situation : « La faute de l’un (simple particulier) ne saurait excuser la faute de l’autre, conseiller municipal. (…) Qu’il démissionne, qu’il rentre sous sa tente… »
La tension entre les deux hommes monte. Vaudémont, qui est également conseiller municipal, déclare que « quoiqu’il arrive lors de prochaines élections, je ne saurai consentir à figurer sur une liste où sera porté M. Martin ». De fait, Eugène Voisin, l’ancien adjoint étant devenu maire en remplacement de Pinson, il se présente en mai 1892 avec le soutien du comité radical-socialiste. Sa liste remporte 22 sièges, avec 70% des 639 suffrages exprimés, une liste conservatrice, conduite par Bocquentin et Barborin, a un élu avec 27%. Martin se présente en candidat isolé et se voit crédité de 284 soit 44,4%.
Lors du scrutin de mai 1896, Vaudémont, très malade, ne se représentant pas, Martin rejoint la liste Voisin qui est élue avec une moyenne de 800 voix pour 918 inscrits, sans concurrents.
Eugène Martin avait investi dans une distillerie, sise rue de Paris, à Joinville. Il meurt en cours de mandat, après près de 23 ans passés au conseil municipal, le 11 février 1900 à Joinville. Il était âgé de 69 ans.
Son fils, René Charles Martin, reprendra l’activité de négociant en vins et distillateur, tentant aussi, sans succès, d’accéder à l’assemblée locale.
La rue de Paris à Joinville

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