Célestin Alexis Narcisse Chauveau naît le 22 mars 1881 à Saint-Victor-de-Buthon (Eure-et-Loir). Il est le fils de Régina Céline Gouache, qui sera ultérieurement employée des Postes, et de son mari Eugène Célestin Chauveau, instituteur. Ils s’installent ensuite à Lèves, commune de la banlieue de Chartres, dans le même département, où ils résident en 1896. Le père, Eugène Célestin Chauveau, y est directeur d’école, impliquée dans la vie locale, et décoré des Palmes académiques.
Célestin Chauveau fait des études au lycée Marceau, à Chartres. C’est dans cette même ville qu’il s’engage pour trois ans dans l’armée en février 1901. Il rejoint le 102e régiment d'infanterie où il est promu en septembre caporal puis en août 1902 sergent. Il est affecté en décembre de la même année à l’École normale de gymnastique de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) avec la fonction de secrétaire de trésorerie. Il renouvelle ensuite son engagement à chaque échéance et reste dans la même école, où il est promu sergent major vaguemestre en décembre 1905.
À Grandvilliers (Oise), en décembre 1906, Célestin Chauveau épouse Jeanne Adèle Berquier, employée des Postes. Ils vivent dans le centre-ville de Joinville, rue de Paris. Chauveau poursuit son activité à l’École gymnastique de Joinville, et est nommé adjudant vaguemestre en janvier 1914.
Toujours militaire d’active, Célestin Chauveau est retransféré au début de la première guerre mondiale, en août 1914, dans son unité d’origine, le 102e RI. Il est tué à l’ennemi lors de la bataille de l’Aisne le 25 septembre 1915 à Aubérive-sur-Suippe (Marne). Il était âgé de 34 ans et père d’un enfant.
Déclaré Mort pour la France, il est cité à l’ordre du corps d’armée pour avoir entraîné « bravement sa section à l’assaut des tranchées ennemies ». En novembre 1920, il reçoit, à titre posthume, la Médaille militaire.
Le nom de Célestin Chauveau figure sur les monuments aux morts de Joinville-le-Pont et du lycée Marceau de Chartres. Son corps est transféré au cimetière de Lèves. Sur sa tombe, le sculpteur Alberto Cappabianca, qui résidait dans cette commune, a gravé un médaillon en pierre.
École de gymnastique et d’escrime de Joinville (Arch. dép. Val-de-Marne)
Edith Augustine Delaby naît le 26 juillet 1926 à Paris (13e arr.). Elle est la fille de Marie Camille Lucie Luneau et de Constantin Delaby. Sa mère décède le jour même de son accouchement. Son père est mécanicien et vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).
Le bébé est confié à sa grand-mère maternelle, Marie Louise Hérault née Saugereau, veuve, vivant à La Chapelotte dans le Cher. Elle rejoint son père en été 1934 à Joinville, à l’âge de huit ans, à la mort de son aïeule. Il passe plusieurs annonces pour essayer de lui trouver une compagnie en 1934 et 1937, soulignant qu’il dispose d’un jardin anglais et d’un piano, puis se remarie en mai 1937 à Joinville avec Jadwiga Domanska. Veuve et native de Pologne, elle a francisé son prénom en Edwige Sophie. C’est elle qui va élever la jeune fille.
Pendant la deuxième guerre mondiale, son père meurt en mai 1941 à Toulouse (Haute-Garonne). Il sera reconnu en tant que « victime civile » du conflit, reconnaissance accordée aux personnes qui ont subi des préjudices directs en raison des actions de l'ennemi, des bombardements, des représailles, des actes de sabotage, ou comme victimes de la répression et des persécutions raciales ou politiques.
Restée à Joinville avec sa belle-mère à la Libération, Edith Delaby rêve, selon le quotidien France-Soir, « d’épouser un GI et partir pour le moderne pays des merveilles ». Elle rencontre le soldat Charles Blair Ellsworth d'Arcy Waterbury, citoyen des États-Unis, d’origine acadienne et natif de Terre-Neuve (Canada) avec lequel elle se fiance en novembre 1945. Leur fils Charles Bruce Delaby naît en juillet 1946 à Paris, alors que Charles Waterbury est retourné à New-York.
Pour rejoindre son fiancé, Edith Delaby embarque le 28 décembre 1946 à bord d‘un avion Constellation, quadrimoteurs à hélices construit par Lockheed, sur un vol de la compagnie TWA (Trans World Airline). L’appareil s’écrase à proximité de l’aéroport de Shannon, en Irlande, où il devait faire escale. Il emportait quatorze passagers et neuf membres d'équipage. L’avion est tombé sur une île fluviale, dans une zone marécageuse d’accès compliqué, et sa chute a provoqué une explosion violente. L’accident cause douze morts, dont neuf passagers, tous les autres étant blessés, pour la plupart grièvement.
Lors de l’arrivée des secours, une hôtesse rescapée tend l’enfant à un des premiers sauveteurs, déclarant : « Ce petit bébé s’appelle Charles. Il est le fils d’une épouse de GI. Sa mère est morte dans mes bras ». C’est ce que rapportera la presse américaine du jour.
La presse parisienne pourra rectifier les dépêches d’agence : en fait, Edith Delaby a survécu. Elle souffre de brûlures sévères et d’une fracture à la cheville. Le bébé Charles est moins grièvement atteint, bien qu’ayant une jambe cassée.
Les avions Constellation ont connu plusieurs accidents ; celui qui transportait Edith Delaby avait convoyé à Washington, début 1946, le président du conseil français, M. Léon Blum.
Edwige Delaby, sa belle-mère, rejoint Edith à Limerick, où elle est hospitalisée. Charles Waterbury vient chercher sa fiancée et son fils et embarque avec eux pour New-York le 2 mars 1947. Ils s’installent à Newark, dans le New-Jersey, Belmont Avenue et se marient le mois suivant dans la même ville. Son mari est mécanicien.
Ils s’installent ultérieurement à Newcastle, en Californie. Edwige Delaby émigre également, épouse en décembre 1947 à Manhattan (New York) avec Alexander Schwindt puis vit aussi en Californie, à Pasadena, où elle décède en septembre 1986.
Veuve en 2006, Edith Waterbury meurt le 25 mai 2013 à Newcastle (Cal.). Elle était âgée de 86 ans et mère de deux enfants.
Bernard Marie Joseph Thorel naît le 10 août 1905 à Pontlevoy (Loir-et-Cher). Il est le fils de Marie Josèphe Geneviève Madeleine Sausse et de son époux Philippe Charles Louis Thorel.
Il est le deuxième des huit enfants du couple et le premier garçon. La famille est installée en 1911 à Courbevoie (Seine, act. Hauts-de-Seine), où son père est assureur. Il meurt en février 1920, Bernard ayant 14 ans.
Bien que fils aîné d’une veuve, ce qui aurait pu lui valoir une dispense de service militaire, Bernard Thorel passe en 1925 le concours pour devenir élève-officier. Alors soldat au 24e régiment d’infanterie, il est reçu et devient sous-lieutenant. Il effectue probablement sa période dans l’armée au sein de l’École normale de gymnastique et d’escrime qui devient en décembre 1925, l’École supérieure d’éducation physique. Basée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le Bois de Vincennes, elle est rattachée, comme la totalité du Bois en avril 1929 à la ville de Paris. Thorel est nommé lieutenant de réserve en mai 1930.
Engagé dans le mouvement scout, Bernard Thorel, alias Ours des Neiges, est l’un des fondateurs en 1923 de la troupe de L’Île-Saint-Denis avec André Linsi. Il est aussi en mars 1926 le chef de la troupe dite 1re Cuts. En sommeil une partie de l’année, elle se réunit dans l’Oise avec d’autres troupes au Camp de Vieux-Moulin. En janvier 1931, Bernard Thorel crée une nouvelle troupe à Joinville-le-Pont. Il est breveté du centre de formation du scoutisme en France, qui fonctionne au château de Chamarande (Seine-et-Oise, act. Essonne).
Après avoir quitté l’armée, Bernard Thorel entreprend en 1932 des études à la Faculté de théologie de l'Institut catholique de Paris. Il est reçu au baccalauréat en 1933 et obtient cette même année des certificats de grec biblique et d'hébreu. Il reçoit, avec mention honorable, le diplôme d'études supérieures de philosophie en novembre 1934. Sa thèse, présentée en Sorbonne, est consacrée au fondateur du mouvement de jeunesse : Le scoutisme de lord Baden-Powell, méthode et vie ; elle est éditée en 1935, avec une préface d’Albert Millot, professeur de philosophie au lycée Louis-le-Grand (Paris).
Ayant connu un important développement, en passant de 10 000 scouts en France en 1920 à 72 700 en 1937, le scoutisme commence à faire l’objet de l’attention des chercheurs. Pour l’hebdomadaire Sept, Thorel montre « la cohérence et le réalisme » du scoutisme français (décembre 1936). Le quotidien catholique La Croix salue « une recherche en profondeur pour l’expliquer, une pensée qui cherche à définir une vie (décembre 1936). Thorel soutient que « l'unité profonde du scoutisme doit être recherchée dans la vie même du Chef-Scout Baden-Powell, colonial et chevalier » selon Les Essais catholiques (octobre 1938). Dans la Revue dominicaine, Ceslas Forest, résume l’ouvrage : « Le scoutisme a pour but de faire d’abord, de la génération de demain, une génération d'hommes sains et forts (…) Le but ? Nous allons dire immédiatement que c’est le service du prochain et l’accomplissement de notre devoir de citoyen. »
Ultérieurement, la thèse de Thorel a servi de référence. Émile Poulat, dans les Archives de Sciences Sociales des Religions, oppose Bernard Thorel, apologiste du scoutisme, à ses adversaires au sein de l’église catholique à son origine (1995). Dans un mémoire de master, Manon Radiguet de la Bastaïe, assure que Thorel précise les principes pédagogiques du scoutisme : le service du prochain, la progression personnelle (2018).
Thorel est également licencié en décembre 1936, toujours à l'Institut catholique.
Pendant son cursus à la Catho de Paris, Bernard Thorel est ordonné prêtre catholique en avril 1935 au séminaire des Carmes, implanté au sein de l’établissement rue d’Assas à Paris (6e arr.). Il est nommé préfet de division au collège Saint-Jean de Passy, institution privée catholique rue Raynouard, dans le 16e arrondissement de Paris. D’abord en charge de la quatrième puis de la première division, il devient préfet des sports en 1937. Pour l’historien du lycée, Jacques Houssain, il donne à cette fonction une « vigoureuse impulsion, organisant entre-autres un camp de neige dans le Jura » (2015). Dans l’hebdomadaire Benjamin, l’abbé Thorel reconnait que l’institution était très en retard en matière d’éducation physique et assure mettre « les bouchées doubles ou même triples » (janvier 1939).
S’il n’est plus directement dans le scoutisme, Bernard Thorel est cependant nommé chef de troupe honoraire en juillet 1936. Il est également nommé aumônier du clan Charles de Foucauld, qui regroupe des scouts de l’école militaire de Saint-Cyr.
Pendant la deuxième guerre mondiale, le lieutenant Bernard Thorel est aumônier des prisonniers de guerre de l’Oflag X-D, situé à Fischbek, un quartier de l’arrondissement de Hambourg-Harbourg (Allemagne). Sa « valise chapelle » est déposée au Musée de la Libération de Paris (14e arr.). Elle lui avait été offerte par Mgr Léon-Albert Terrier, évêque de Tarentaise et expédiée en 1940 par Jean Rodhain, de l’Aumônerie des prisonniers de guerre de l’église catholique à Paris. Elle porte une étiquette : « Que ma peine d'aujourd'hui comme votre sacrifice, Seigneur, serve à la libération de tous mes frères. »
Établi en mai 1941, l'Oflag X-D a été le lieu de l’invention d’un réchaud de fortune par un officier polonais, baptisé « choubinette » par des officiers belges. En juin et juillet 1942, des prisonniers français organisent une kermesse au profit du Secours national, distributeur des secours en temps de guerre. Pendant un mois, on y organise musique, théâtre, sport, jeux scouts, ventes aux enchères… Le camp est libéré en mai 1945 par les troupes britanniques.
Après son retour de captivité, Bernard Thorel reprend sa fonction de préfet des sports à Saint-Jean de Passy. Il l’exerce jusqu’en 1947. Dans la réserve de l’armée de terre, il est promu capitaine en septembre 1949.
Est-ce lui le « Bernard Thorel, directeur de colonies de vacances » qui est victime, le 22 juillet 1946, d’un accident près de Forbach ? Un autocar transportant une vingtaine d’enfants français s’est écrasé dans un ravin d’une trentaine de mètres, dans la vallée de Ia Murg, causant la mort de trois enfants. Sept autres sont blessés et, comme quatre accompagnateurs adultes, transportés à l’hôpital militaire de Baden-Baden.
Bernard Marie Joseph Thorel meurt le 8 août 1975 à Paris (15e arr.) alors qu’il était hospitalisé. Il résidait alors rue Carnot à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne). Il était toujours ecclésiastique et âgé de 69 ans.
La « valise chapelle » de Bernard Thorel, Musée de la Libération de Paris
Albin Hippolyte Rousselet naît le 19 août 1857 à Orléans. Il est le fils de Faustine Scolastique Marceau et de son marié, Hippolyte Antoine Rousselet, tailleur d’habits.
Il entreprend des études de médecine à Paris et est, de ce fait, ajourné pour son service militaire. Du fait d’importants problèmes de vue, il est définitivement réformé en octobre 1880.
Au cours de cette décennie, il publie des articles scientifiques, fréquemment en collaboration avec Marie-Rose Astié de Valsayre, musicienne, publiciste et officière de santé, femme puis veuve en 1881 du docteur Astié, qui travaillait notamment pour la préfecture de police. Ils sont tous les deux pris à partie, en 1884, par un journaliste du quotidien Le Cri du peuple, qui critique notamment les positions féministes de cette dernière. À partir de 1886 et jusqu’en 1893, il sera son compagnon, la presse faisant état de leur mariage puis de leur divorce, qui furent tous deux purement symboliques et non légaux. Au début des années 1890, ils vécurent une partie du temps à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où sa compagne avait acquis un pavillon, rue de la Liberté.
En 1888, Albin Rousselet publie des Notes sur l'ancien Hôtel-Dieu de Paris, dans lesquelles il relate « la lutte des administrateurs laïques contre le pouvoir spirituel » et dénonce les « abus et désordres commis par les religieuses et les chapelains de 1505 à 1789 ». Ses propos seront prisés dans les milieux anticléricaux, et il fera une conférence en novembre 1895 sur ce thème devant le groupe Étienne-Dolet, cercle de la Libre-Pensée du cinquième arrondissement de Paris.
Il poursuit ses travaux au sein de la Policlinique de Paris en rédigeant, avec le docteur Bourneville, un Manuel de l’Assistance publique à Paris en 1889. Il plaide, en 1891, pour une révision de la législation relative aux aliénés. Pour mieux informer sur les questions d’assistance et d’hygiène, des institutions charitables et de prévoyance, il participe au sein de la Policlinique à la création d’un journal médical mensuel, baptisé L’Assistance. Il en deviendra le rédacteur-en-chef.
Après plusieurs articles en 1892 et une brochure sur les secours publics en cas d'accidents, il convainc de la nécessité d’une organisation d’un point de vue médical, et plus seulement dans les postes de police. Il est un des fondateurs de la Société des secouristes français, dont il sera le vice-président jusqu’à la fin de sa vie.
En 1890, Albin Rousselet avait été à l’initiative de la création de la première école d’ambulancières et d’ambulanciers. Il participe, en 1893, à l’organisation des écoles d’infirmiers et d'infirmières de Paris.
Albin Hippolyte Rousselet meurt le 20 décembre 1909 à Orléans. Il était âgé de 52 ans et décoré des Palmes académiques comme officier d'académie en 1892 puis comme officier de l’instruction publique en février 1896.
Il était l’auteur de six ouvrages sur l’histoire de l’Hôtel-Dieu de Paris (1888), la législation relative aux aliénés (1891), les asiles pour les femmes enceintes (1892), Théophraste Renaudot (1892), les secours publics en cas d'accidents (1892) et les ambulances urbaines (1894).
Léon Auguste Prodhon naît le 14 janvier 1873 à Issy-les-Moulineaux (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il est le fils de Marie Philomène Baron et de son mari Louis François Prodhon, tous deux journaliers.
En 1886, la famille est installée à Vieux-Moulins (Haute-Marne), où son père est meunier. Comme ses frères, Léon Prodhon le sera aussi, jusqu’à ce qu’il s’engage dans l’armée pour quatre ans, en mars 1892 à Langres (Haute-Marne). Il sert dans le 31e régiment d’infanterie, où il devient caporal en mars 1893 puis sergent en février 1895. Il est démobilisé en mars 1896. En avril 1896, il a repris la meunerie quand il épouse à Romorantin (act. Romorantin-Lanthenay, Loir-et-Cher) Maria Richetin, fille d’une aubergiste et d’un facteur des postes.
Les nouveaux époux s’installent à Paris (11e arr.), avenue de la République et Léon est employé de commerce. Il est recruté en juillet 1899 à la direction des recherches de la préfecture de police de Paris et nommé inspecteur. Promu secrétaire suppléant au commissariat du quartier de La Roquette (11e arr.) en 1904, il passe comme secrétaire en 1905 à celui de Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis), poste qui fait de lui l’adjoint du commissaire.
Il occupe cette fonction en mai 1905 quand son deuxième fils, René, 4 ans, est chez sa grand-mère à Romorantin. Il joue dans la rue avec une petite fille qui le tenait par les mains et le faisait tourner autour d’elle. Mais elle le lâcha brusquement et il se brisa la colonne cervicale. La mort fut instantanée.
Léon Prodhon revient au secrétariat d’un commissariat de Paris, au quartier des Quinze-Vingts (12e arr.) en juin 1907. Il réussit en novembre 1908 le concours qui permet de devenir officier de paix et commissaire de police. En février 1910, pendant les inondations historiques de la Seine, il sauve cinq personnes de la noyade, mais se blesse grièvement à la jambe droite, et doit être secouru par son chef, le commissaire Boulineau.
Prodhon est nommé, en mai 1910, inspecteur principal des gardiens de la paix. Il obtient cinq mois plus tard le titre de commissaire de police des communes de la Seine et occupe son premier poste à Aubervilliers (Seine, act. Seine-Saint-Denis).
Il doit se saisir, en juillet 1911, des suites d’un conflit social – qui, comme beaucoup d’autres, pendant cette période, est violent. Des grévistes, terrassiers de la Compagnie des chemins de fer du Nord assaillent un train, qui transportait des non-grévistes vers un chantier au Bourget. Mais l’un d’eux se défend avec un revolver et blesse grièvement à la tempe un charpentier. Alors que de graves incidents éclataient dans plusieurs chantiers de la région, Prodhon fit arrêter le « renard », ou « jaune », un ouvrier italien, qui avait tiré.
Transféré à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), en avril 1913, il prend en charge une vaste circonscription, couvrant des communes plus peuplées comme Nogent-sur-Marne, Saint-Maur-des-Fossés et Champigny-sur-Marne. Le commissariat compte une trentaine d’employés. Il remplace Louis Gourdel.
Promu commissaire de police de la Ville de Paris, Prodhon est affecté en février 1914 au quartier de la Gare (13e arr.), cédant son ancien poste à Michel Émile Francisque. Léon Prodhon reste à son poste pendant la première guerre mondiale et est affecté en février 1916 au quartier de la Maison-Blanche, dans le même arrondissement.
Après la fin du conflit, il rejoint en juin 1922 le quartier du Pont-de-Flandre (19e arr.). Il y exerce toujours en mai 1930. Il prend sans doute sa retraite quelque temps après et va vivre avec son épouse dans le Loir-et-Cher.
Léon Auguste Prodhon meurt le 11 juillet 1947 à Romorantin. Il était âgé de 74 ans et père de trois enfants. Il avait été décoré à quatre reprises pour des actes de courage et de dévouement : en mai 1907, février et mai 1910 puis mai 1918, où il avait reçu une médaille d’argent.
Le Moulin des Pères, de la famille Prodhon, à Vieux-Moulins
Après la fin du conflit mondial, va s’impliquer dans une activité politique. Il est membre en 1920 de la Fédération nogentaise du mouvement royaliste Action française, qui comprend un groupe dédié à Joinville-le-Pont, dans lequel ou trouve deux autres médecins, les docteurs Jean et Georges Bitterlin, ainsi que la fille de ce dernier, Marie Watelet. Giroux se manifeste régulièrement en répondant à des appels à souscription jusqu’en février 1926. Son épouse se joint parfois à lui, de même que les filles et gendres de cette dernière.
Étant déjà, avec le docteur Pierre Vallat, un des médecins conseil de la Société d’allaitement maternel depuis 1909, il joue le même rôle, encore avec Vallat, auprès de la Société des mutilés à la fondation de sa section joinvillaise en février 1919. En août 1926, il fait un don à la municipalité de Joinville en faveur des sapeurs-pompiers.
Le quotidien L’Ami du peuple accuse, en janvier 1929, le docteur Giroux d’être un « médecin marron », exploitant avec sa famille une clinique à Joinville-le-Pont à l’enseigne du Vainqueur de la Marne. Cependant, l’affaire n’est reprise par aucun autre organe de presse et le quotidien en question ne donne guère de précision, évoquant simplement une perquisition qui aurait porté sur la comptabilité de l’établissement. Lancé par le parfumeur François Coty, L’Ami du peuple connut un grand succès au tournant des années 1930, avec une tonalité antiparlementaire, nationaliste et antisémite.
Les époux Giroux hébergent régulièrement, dans leur vaste pavillon, les filles de Julie Iribe, notamment à l’occasion de pertes d’une de leurs époux ou de divorces. Ils hébergent certains de leurs enfants. Ainsi, ils logent en 1926 Anne et Jean, enfant de Marie Louise et de son deuxième époux, le comédien André Roanne. S’y ajoutent en 1931 Camille, enfant de l’aînée, Adrienne et de son second marié, l’industriel Théodore Rodrigues-Ely.
S’ils sont proches des filles nées du mariage de Julie avec le colonel Lavoisot, les époux Giroux refusent, cependant, en octobre 1930 d’épouser la querelle de Marie Louise avec son troisième conjoint, le comédien Pierre Renoir. Pour défendre ce qu’elle estimait être ses droits patrimoniaux, Marie Louise avait, en l’absence de son époux, déménagé 70 œuvres du père de celui-ci, le peintre Pierre Auguste Renoir. Les Giroux ne voulurent pas les stocker chez eux, et la justice les mit sous séquestre.
Quittant la proche banlieue, Auguste Giroux installe à Barbizon (Seine-et-Marne) une Maison de repos et de convalescence pour enfants de moins de quinze ans. Il loue d’abord la villa Bernard puis, devant l’extension des jeunes accueillis, la villa Serge. Dans cette cité des peintres, les époux Giroux sont toujours en compagnie d’une maisonnée nombreuse : Adrienneet Pierre Lestringuez, la première fille de Julie, qui se faisait appeler Touroura, le second scénariste et leurs deux filles, Edmée et Camille. Il y avait également Anne Marie Rahou, fille du comédien André Roanne et de Marie Louise.
La villa Bernard accueillit de nombreux visiteurs, dont l’industriel André Citroën, le poète Jean Cocteau, l’écrivain Jean Giraudoux, le fondateur des Ballets russes Diaghilev, la créatrice de mode Coco Chanel ou le prince Constantin Andronikoff, écrivain religieux, et interprète de plusieurs présidents de la République (Charles de Gaulle, Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing).
La maison de convalescence fonctionnait toujours en 1939.
Auguste Giroux meurt le 9 août 1953 à Portel (act. Portel-des-Corbières, Aude). Il était âgé de 79 ans. Il avait été décoré des Palmes académiques comme officier d’académie en janvier 1905.
Auguste Paul Almire Giroux naît le 29 juillet 1874 à Châteauneuf-sur-Loire (Loiret). Il est le fils de Juliette Marie Chaignot et de Paul Auguste Giroux, négociant en vin.
Il effectue des études secondaires au lycée Henri-IV à Paris (5e arr.). Il commence à y pratiquer le rugby, alors désigné sous le nom de football-rugby, jouant principalement au poste de trois-quarts centre. Les équipes des lycées parisiens sont parmi les principales promotrices de ce sport. Il remporte, avec son équipe, le championnat interscolaire en février 1894.
Cette même année, il remporte pour la première fois un titre de champion de France avec le Stade français. Il obtiendra six titres avec ce club parisien. Pour un autre joueur, Demeure, Giroux était « le modèle des trois-quarts. »
Il est sélectionné pour les Jeux olympiques de 1900 qui se déroulent à Paris et accueillent un petit tournoi, puisqu’il se limitera à deux matches, que remporte l’équipe de France qui remporte le tournoi devant l’Allemagne et l’Angleterre. Le dernier match, qui fait office de finale, oppose les français de l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques aux anglais de la Mooseley Wanderers. Giroux est titulaire et l’équipe de France, vainqueur 27 à 8, devient championne olympique.
L'équipe de France de rugby olympique en 1900
Poursuivant des études de médecine à la faculté de Paris en même temps que son parcours sportif, Giroux intègre, en 1903, une équipe de vétérans au Stade français, tandis qu’il soutient une thèse sur Le purpura et les maladies infectieuses la même année. Il s’intéressera ultérieurement aux maladies des enfants. Il avait effectué un service militaire d’un an en 1895-1896 puis est nommé, dans la réserve, officier comme médecin aide-major.
Après son diplôme, Auguste Giroux ouvre un cabinet à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier en plein développement de Polangis. Il retrouve le mode sportif, par exemple à l’occasion des championnats du monde de natation organisés dans la commune en août 1905, où il participe au service médical.
Le mariage d’Auguste Giroux avec Jeanne Julie Iribe est célébré à Paris (9e arr.) en septembre 1909. Il est l’occasion d’une entrée dans le milieu artistique, dont la famille ne sortira plus. Auguste Giroux choisit comme témoin un comédien, Louis Ravet, pensionnaire de la Comédie française et résidant sur l’île Fanac, à Joinville. Julie Iribe fait appel à son frère, Paul Iribe, peintre et dessinateur, futur directeur de journaux.
Julie Iribe, native de Séville et de nationalité espagnole, est la fille d’un ingénieur civil des mines, Jules Iribe, qui contribua au percement du canal de Panama puis se lança dans le développement de l'exploitation minière à Madagascar. Revenu en France, il fut ensuite rédacteur du quotidien parisien Le Temps avant de diriger des établissements sanitaires à Hendaye (Basses Pyrénées, act. Pyrénées-Atlantiques) puis Paris. C’est dans la capitale malgache, Tananarive, que Julie Iribe se maria une première fois avec le futur colonel Louis Lavoisot qui, après une dernière mission en Indochine, mourut à son retour en France en 1908.
Ils avaient eu trois filles, après avoir vécu avec Auguste et Julie Giroux à Joinville-le-Pont, qui épousèrent des comédiens. La seconde, qui porta le nom de scène de Marie Louise Iribe, fut également actrice, metteuse en scène et réalisatrice de cinéma.
L’inondation séculaire de la rivière Marne, qui traverse Joinville, au premier trimestre 1910 se répandit dans les deux-tiers du quartier où résidait Giroux. Il fut mobilisé dans les commissions constituées, dans sept secteurs de la ville, d’un conseil municipal, un architecte et un médecin, pour mettre en place le service de désinfections. Ce sont ces commissions qui donnaient, ou non, la permission de réintégrer les logements abandonnés, et organisait la désinfection des boues et immondices.
Pendant la première guerre mondiale, Auguste Giroux fut d’abord affecté à un hôpital militaire ouvert à Fontainebleau. Il rejoignit, en février 1917, le 45e régiment d’artillerie puis, en novembre 1918, à la gare sanitaire des Aubrais, près d’Orléans (Loiret), d’où il sera démobilisé en février 1919.