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27 juin 2023 2 27 /06 /juin /2023 01:01

Napoléon Pacifique Orsatti naît le 25 septembre 1858 à Quenza (Corse, act. Corse-du-Sud). Il est le fils de Marie Rosine Balési et de son mari Augustin Orsatti, propriétaire. Les deux familles comptent parmi les notables du village, le père étant à sa naissance adjoint au maire. Napoléon Pacifique est le dernier des neuf enfants de la famille.

Un de ses frères étant mort en service, il est dispensé de service militaire. À l’exemple d’un autre membre de la fratrie, son aîné de six ans, Joseph Mathieu Orsatti (1852-1918), qui sera commissaire divisionnaire et chevalier de la Légion d’honneur, Napoléon Pacifique Orsatti vient vivre à Paris et est embauché à la préfecture de police comme inspecteur, gardien de la paix, en 1883.

Il devient secrétaire suppléant des commissariats de police en septembre 1890 puis, en mai 1892, secrétaire, fonction qui fait de lui l’adjoint du commissaire de police, à Gentilly (Seine, act. Val-de-Marne). Il est transféré en août 1893, dans la même fonction, au quartier du Faubourg du Roule à Paris (8e arr.). Il est promu en octobre 1897 inspecteur principal des gardiens de la paix.

Nommé commissaire de police des communes de la Seine, il obtient en octobre 1898 son premier poste à Saint-Ouen (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il prend ensuite en septembre 1901 la responsabilité du poste de Joinville-le-Pont où il succède à Maximilien Parnet. L’effectif du commissariat est d’une trentaine d’agents. Sa circonscription comprend des villes plus importantes que celle du siège : Bry-sur-Marne, Champigny, Nogent-sur-Marne, Le Perreux et Saint-Maur-des-Fossés.

En septembre 1902, il procède à ce que le Journal des débats qualifie comme une « épuration », procédant suite à « une battue » à l'arrestation de « vingt vagabonds et gens sans aveu. »

Le Petit Journal assure, en février 1902, qu’il résout un conflit agricole « avec une sagesse à rendre jaloux Salomon lui-même ». Une femme a fait paître, sans autorisation, son veau sur le champ d’un propriétaire de Champigny. Pour la faire partir, il frappe la dame avec un gourdin et la blesse ainsi à la tête, puis abat la bête avec le même instrument. Le mari arrivé aux cris de son épouse, atteint l’agresseur de son épouse dans les fesses avec une fourche. Une quarantaine de personnes, témoins et victimes, vociférantes, se présentent au commissariat. Pour son herbe, le propriétaire réclame 20 francs et demande que le mari soit poursuivi pour coups et blessures. Pour son veau, la femme veut 200 francs et exige que l’homme soit poursuivi pour l'avoir frappé. Orsatti les convainc tous qu’ils n'ont « aucun intérêt à se poursuivre mutuellement » et les renvoie devant le juge de paix du canton pour fixer le prix du dommage supporté par l'un et par l'autre.

Les obsèques, en mai 1902, de Laurent Graillat, conseiller municipal, de Saint-Maur-des-Fossés, juge prud’homme, syndicaliste et militant du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire, provoquent l’inquiétude de la préfecture de de police. Orsatti a l’ordre de déployer un important service d’ordre. Il se rend à la maison mortuaire pour interdire le déploiement du drapeau rouge apporté par les militants, ce qui provoquera une légère bagarre. La cérémonie se déroulement cependant sans incidents supplémentaires, avec un cortège de 700 personnes, encadré par une soixantaine de policiers et des gendarmes.

En août 1902, Napoléon Pacifique Orsatti, qui vit dans rue du Pourtour-des-Écoles, épouse Anne Marie Léontine Colin, résidente dans la commune voisine de Saint-Maurice,

Suite au refus d'autorisation de leur établissement d'enseignement privé de Joinville, le commissaire Orsatti va porter en avril 1903 à la communauté catholique des frères de Saint-Gabriel une notification de devoir se disperser d’ici à début août.

Promu commissaire de police de la Ville de Paris, Orsatti laisse le commissariat de Joinville à Victor Rogeaux et prend en janvier 1904 la responsabilité du quartier du Pont-de-Flandre (19e arr.).

Le 5 avril 1904, Napoléon Pacifique Orsatti meurt à son domicile du 126, rue de Flandre. Il s’est suicidé, ce qui provoque un émoi attesté par des dizaines d’articles de la presse parisienne mais aussi de province. Le Journal des débats mentionne « une crise de neurasthénie ». L’Intransigeant raconte qu’il s’est tiré un coup de revolver dans la tête, assis dans un fauteuil de la chambre à coucher ; découvrant le cadavre, son épouse se serait saisie de l’arme et aurait voulu en faire usage contre elle, mais fut retenue par le concierge ; selon le quotidien, il laissait une lettre dans laquelle il disait simplement qu’il se tuait pour échapper aux soucis de la vie. Pour Le Radical, qui le décrit comme un « magistrat correct et courtois », ; selon ses intimes, « il refusait obstinément de se soigner » et leur aurait dit : « Je ne suis pas guérissable ; lorsque cela n'ira plus, je me ferai sauter la cervelle ! »

Après une cérémonie en l’église Saint-Jacques-Saint-Christophe de La Villette (19e arr.), il est inhumé au cimetière parisien de Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis) en présence du préfet de police Louis Lépine. Le président du Conseil (premier ministre), Émile Combes, salua sa mémoire.

Le village Quenz, Corse du Sud

 

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