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28 août 2021 6 28 /08 /août /2021 00:01

Suite de la biographie de René Girot

À partir de septembre 1931, la famille Girot vit à Argenteuil (Seine-et-Oise, act. Val-d’Oise) dans le quartier d’Orgemont. C’est une cité-jardin construite à partir de fin 1929 dans le cadre de la loi Loucheur. Il est électricien monteur de lignes pour la Compagnie parisienne de distribution d’électricité.

S’impliquant très vite dans la vie locale, René Girot est membre du parti républicain socialiste, qui rassemblait des socialistes indépendants qui avaient refusé d'intégrer le Parti socialiste SFIO et se revendiquaient d'Aristide Briand et de Paul Painlevé. Le 30 juin 1932, il devient secrétaire général de la Fédération des comités républicains socialistes de Seine-et-Oise qui se constitue sur son initiative. Il préside le congrès fondateur, le 27 août qui se tient au Comité républicain socialiste d'Argenteuil. René Girot plaide pour « l'union de toutes les forces de gauche. »

Toujours à Argenteuil, Girot met en place une section locale des Jeunesses laïques et républicaines (JLR), qu’il préside. Elle réclame « que se poursuive avec vigueur la politique de laïcité, de justice sociale et de paix réclamée énergiquement par les jeunes générations » et « proteste contre l'insuffisance des locaux scolaires dans la commune et en particulier à Orgemont », son quartier. Les JLR, fondées en 1924 ont compté comme membres Jean Zay, Jean Moulin, André Morice, Félix Gouin ou Edouard Daladier. Elles ont comme président d’honneur Anatole France et Lucien Victor-Meunier, un notable franc-maçon. Même si elles ont perdu de la vigueur, les JLR existent encore au 21e siècle. Une partie du mouvement de l’éducation populaire, comme la Ligue de l’enseignement ou la fédération des Auberges de jeunesse, se situent dans sa continuité. C’est la section des JLR d'Argenteuil qui convie, en mai 1933, Gaston Monnerville, député de la Guyane et futur président du Sénat.

Chez les républicains socialistes, Girot est réélu président de la Fédération de Seine-et-Oise lors du deuxième congrès qui se tient en novembre 1933 à Argenteuil en présence de Maurice Violette, sénateur et ancien ministre. René Girot mène campagne, en décembre cette année, en faveur de la constitution d'un bloc républicain en Seine-et-Oise et assure à Cernay que « le devoir des élus de gauche, qui est de se grouper autour du président [Camille] Chautemps pour entreprendre la réorganisation de l'État et la restauration de l’économie nationale », alors président du conseil (premier ministre) radical-socialiste.

La fusion des partis socialiste de France, socialiste français et républicain-socialiste est approuvée en février 1935 par la fédération de Seine-et-Oise, de laquelle René Girot est toujours le dirigeant, mais désormais avec le titre de secrétaire général, l’avocat Gabriel Freyssenge étant président.

Au cours des élections municipales de mai 1935, quatre listes de gauche et deux listes de droite sont présentes au premier tour à Argenteuil. On compte une liste regroupant les radicaux-socialistes et les socialistes français, « dont les éléments sont presque tous francs-maçons » selon le quotidien L’Ami du peuple. Elle recueille 3,3% des suffrages exprimés et se retire avant le second tour, qui voit la victoire des communistes face aux sortants de droite.

Un congrès national des trois partis, Socialiste de France, Socialiste français et Républicain socialiste donne naissance, en novembre 1935 à Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis), à la nouvelle Union socialiste républicaine (USR). Girot devient membre de la commission de propagande au sein de la délégation permanente. La réunion constitutive de la Fédération de Seine-et-Oise de l’USR se tient en décembre en présence d’une quinzaine de groupes, principalement situés dans le Nord et l’Ouest du département (Aulnay-sous-Bois, Argenteuil, Montlignon, Eaubonne, Chatou). René Girot est désigné comme président.

Le congrès restreint se tient début janvier 1936 à Paris, au siège de l’USR, sous la présidence de René Girot, avec une intervention de Marcel Déat. Il acte l’adhésion des groupes issus des fédérations des partis républicain socialiste et socialiste de France (le parti socialiste français n’ayant pas de structure locale). L’assemblée décide d'adhérer au Front populaire de Seine-et-Oise, l’USR étant, après les radicaux-socialistes, les socialistes SFIO et les communistes, la quatrième composante de l’alliance.

En février 1936, René Girot préside également la fondation de la fédération de l’Oise de l’USR, dont il devient aussi le dirigeant. La commission exécutive approuve également l’adhésion au Front Populaire du département.

Au plan local, René Girot crée et préside en février 1936 l’union cantonale d'Argenteuil de l’USR, qui regroupe les comités d'Argenteuil, Orgemont, Houilles, Carrières et Franconville. Il accompagne, au ministère de l'air, une délégation d'ouvriers des grandes usines d'aviation de la région parisienne qui revendiquent un contrat collectif. Organisée par l'Union syndicale des métaux de la CGT réunifiée, la députation est reçue au cabinet de Marcel Déat, ministre et dirigeant de l’USR.

Le premier congrès de la Fédération de Seine-et-Oise de l’USR se tient à Aulnay-sous-Bois (act. Seine-Saint-Denis) le 15 mars 1936. Il condamne « la violation du pacte de Locarno par le gouvernement hitlérien d'Allemagne » et proteste « avec la dernière énergie contre ce nouvel attentat du fascisme à la paix mondiale ». Enfin, « le Congrès maintient qu'il ne peut y avoir de salut pour la démocratie que dans l'entente et la collaboration effective des partis de gauche, tant sur le plan électoral que sur le plan gouvernemental ». René Girot est reconduit à la tête de la structure fédérale avec le titre de secrétaire général et est parfois aussi désigné comme secrétaire fédéral. Toujours en mars 1936, René Girot préside le groupe Aristide Briand qui réunit des travailleurs de l’aviation et est basé à Goussainville (act. Val-d’Oise). Sa femme en sera la dirigeante en 1938.

Après le premier tour des élections législatives de 1936, la fédération de l’USR « décide à l'unanimité le désistement de ses candidats et invite ses militants à voter pour les candidats du Front Populaire, désignés au scrutin de dimanche dernier par le suffrage universel. »

Une scission d'un groupe autonome, conduit par Jeannot, a lieu en septembre 1936. René Girot lance un « Appel aux sympathisants » soulignant que l’USR est la formation « dont le programme s'identifie le mieux avec celui du Front populaire. »

René Girot participe en octobre 1936 au congrès de Nancy de l’USR et est reconduit à sa délégation permanente. Le deuxième congrès fédéral de l’USR se tient le 11 octobre à Goussainville, dont le maire est le Dr Rousseau, adhérent au mouvement. Une quarantaine de sections y participe. René Girot est reconduit dans ses fonctions. Il poursuit également sa responsabilité à la tête de la fédération de l’Oise, qui semble avoir une ampleur limitée.

Le second congrès de la Fédération de Seine-et-Oise de l’USR, organisé à Goussainville en novembre 1936, permet à Girot de préciser sa conception de l’organisation politique : « Dans tout rassemblement de partis, c'est toujours le parti le plus discipliné, le plus cohérent qui prend la tête et entraîne les autres dans son sillage. C'est ce qui est arrivé pour le Cartel des gauches où nous avons vu le parti socialiste être la locomotive entraînant le convoi. C'est ce qui est arrivé à l'Union nationale, où nous voyons l'Union républicaine démocratique prendre la tête. C'est ce qui arrive aujourd'hui avec le parti communiste. Pour éviter d'être ainsi entraînés d'un côté ou de l'autre, nous devons être nous-mêmes et constituer un parti cohérent, organisé et solide. »

Lors de la manifestation du rassemblement populaire à Paris en novembre 1936, Girot représente l’USR aux côtés du ministre de la santé Henri Sellier (SFIO), de Maurice Thorez (PCF), d’Archimbaud (parti radical) ou de Benoit Frachon (CGT).

Des élections municipales complémentaires, organisées en janvier 1937 dans le village de La Rue-Saint-Pierre (Oise) suite au décès du maire USR voient René Girot constituer une liste de Défense des intérêts communaux et de concorde républicaine. Il échoue à se faire élire.

Plusieurs manifestations du Front populaire mobilisent René Girot au cours du premier semestre 1937 à Chevreuse, Goussainville, Arnouville, Saint-Chéron, Vernouillet, Neuville-en-Hetz, Dourdan. Il se présente, une nouvelle fois, à des élections municipales partielles, à Goussainville en mai, dont le maire est un de ses compagnons de l’USR, le docteur Rousseau. Mais la liste USR est devancée par celle du PCF et talonnée par la SFIO. Respectant la discipline républicaine, elle se retire avant le deuxième tour. Girot est cependant reconduit, le même mois, à la présidence du groupe Aristide Briand de l’USR, basé à Goussainville. Mais il convoque la commission de discipline, accusant un membre local de la formation de « très vif espionnage. »

Planifié en juillet 1937 le 3e congrès fédéral de l'USR a lieu à Dourdan. René Girot, constate la difficulté de mise en place de structures communales, puisqu’il compte 40 comités locaux sur 692 communes. Il plaide pour la création d’unions cantonales. Il s’inquiète aussi de l’arrivée de ce qu’il appelle « les épaves que nous envoient les autres partis ». René Girot est redésigné en tant que secrétaire fédéral.

Au cours de l’été 1937, René Girot et sa fille, Jeanne ou Jeannine, portent secours sur la plage de Brighton à Cayeux-sur-Mer à une femme qui s'enlisait. Ils reçoivent une mention honorable pour acte de courage et de dévouement.

Lors d’une élection cantonale en octobre, Girot représente l’USR dans le canton de Marly-le-Roi ; il se contente d’un score très modeste avec 1,1% des suffrages exprimés. C’est la dernière trace dans la presse nationale de sa collaboration avec l’Union socialiste républicaine.

En 1938, le quotidien La Liberté, qui défend les intérêts du Parti populaire français (PPF), mentionne la présence d’un « camarade Girot » dans plusieurs réunions de propagande : à Champagne-sur-Oise en février, à Enghien-les-Bains en octobre, où il est désigné comme  délégué de district et Épinay en Aveyron, où il a le titre de délégué fédéral. Son prénom n’est pas mentionné ; cependant, le même journal évoque en décembre également le Cercle populaire radioélectrique français, basé à Saint-Denis – cité dont le dirigeant du PPF Jacques Doriot, avait été le maire – et invite les « militants et sympathisants » dudit parti à s’y inscrire. Fondé par des dissidents communistes, le PPF était devenu, en 1938, une formation de tendance fasciste, qui s’engagea dans la collaboration avec les occupants allemands.

Au cours de la deuxième guerre mondiale, Girot est, de nouveau, inscrit maritime au Havre en mai 1940.

Un scellé, conservé aux archives nationales, constitué par la 1ère brigade spéciale de Paris mentionne « une fausse carte d'identité n°7371 établie au nom de Girot, René, portant la photographie de l'inculpé et le timbre apocryphe du commissariat d'Argenteuil trouvé sur l'inculpé ». Le document, qu’il n’a pas été possible de consulter, porte la date de 1940.

René Girot est signalé en mai 1958 au Bureau maritime militaire de Toulon (Var). Il demeure à Pelissanne (Bouches-du-Rhône) où il meurt le 19 novembre 1964, à l’âge de 65 ans. Son épouse y décède en mars 1997, dans sa 98e année. Ils avaient eu au moins deux filles.

Fin

René Girot, 1937

 

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