Albert Jules Gallas naît le 28 décembre 1865 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Julie Michel, journalière, et de son époux Jacob Gallas, modeleur.
La famille vit ensuite à Meaux (Seine-et-Marne) puis à Bar-sur-Aube (Aube) entre 1874 et 1880. Albert Gallas étudie au collège de Bar-sur-Aube où il obtient de bons résultats, notamment les deux premiers prix d’excellence en 1878 (année préparatoire) puis en 1879 (enseignement spécial).
Revenue en 1881 à Meaux, les Gallas sont en 1886 résidents à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne) puis en 1891 dans la commune voisine de Joinville-le-Pont. Le domicile familial du centre de la commune, allée des Marronniers, accueille les huit enfants survivants, dont Albert est l’aîné, ainsi que le mari de sa sœur cadette et son jeune enfant.
Après son mariage en avril 1893 à Joinville avec Marie Émelie Huardeau, fille d’une libraire musicale du quartier, les époux Gallas s’installent avec les deux enfants nés avant leur union dans le quartier de Polangis, où il exploite une fonderie de cuivre 7, boulevard de Polangis.
À partir de 1904, Gallas va jouer un rôle significatif dans l’action publique locale. Il est président, en 1908, de la Société Athlétique de Joinville. Il est également correspondant de l’hebdomadaire radical Voix des communes depuis décembre 1907 ; il contribue toujours à la chronique joinvillaise du principal journal local encore en août 1909.
Son engagement principal est au sein du comité radical-socialiste. Cette organisation existe depuis au moins 1885, en tant qu’instance électorale, et est devenue en 1902 une structure permanente du parti radical-socialiste. Gallas en est le président depuis au moins 1907 et jusqu’en 1911.
Pendant cette période, le radical-socialisme est la tendance politique dominante dans la commune et dans l’ensemble de la 2e circonscription de l’arrondissement de l’arrondissement de Sceaux, dans le département de la Seine. Le député, Adolphe Maujan, comme le conseiller général, Conrad Auguste Gross, et le conseiller d'arrondissement Henri Vel-Durand, sont radicaux. En 1908, 21 des 23 élus du conseil municipal, dont le maire, Eugène Voisin, sont également radicaux. Le comité compte 80 adhérents en 1910, soit 5% des 1 590 électeurs inscrits l’année précédente. Le journal Voix des communes est un puissant vecteur d’opinion.
Très à gauche par rapport au reste du radicalisme et fortement anticlérical pendant ses premières années, le comité radical-socialiste est cependant plus modéré depuis le début du 20e siècle. Il s’est séparé des socialistes, qui faisaient liste commune avec lui jusqu’en 1888.
Le poids du radicalisme s’était construit à la fin du 19e siècle, qui avait vu la circonscription et le canton échapper à la montée du populisme boulangiste, contrairement au reste de la banlieue parisienne ; les radicaux joinvillais y avaient joué un rôle majeur : Jules Ferdinand Baulard (conseiller municipal puis conseiller général puis député pendant 12 ans), Alphonse Demeestère, conseiller municipal et président du comité radical-socialiste de la circonscription ainsi qu’Henry Vaudémont, conseiller municipal et rédacteur en chef de Voix des communes.
Mais, sous le mandat de Gallas, cette hégémonie va progressivement disparaître. En 1909, le joinvillais Henri Vel-Durand a l’investiture officielle des radicaux-socialistes, mais c’est Auguste Marin, également radical, mais dissident, maire de Saint-Maur-des-Fossés, qui est élu. En 1910, Maujan étant devenu sénateur et s’éloignant des radicaux-socialistes officiels, son successeur Amédée Chenal ne se représentant pas, le radical Adolphe Chéron est battu par le socialiste Albert Thomas.
Quant à Joinville-le-Pont, la vieillesse du maire Eugène Voisin, qui ne veut pas se représenter en 1912, va précipiter une crise au sein du conseil municipal et du groupe radical.
Dès 1908, l’ambition de Vel-Durand se heurte au point de vue d’autres élus, comme Louis Rey, le principal propagandiste du groupe et teneur de la rubrique joinvillaise de Voix des communes ou Georges Émile Briolay, adjoint d’Eugène Voisin. Gallas défend la légitimité du groupe contre les tentatives de Vel-Durand et affirme haut et fort que c’est bien le comité qui patronne la liste.
En février 1909, lors d’une réunion électorale radicale pour l’élection législative partielle, le journal Voix des communes doit constater que si les responsables officiels, Gallas, Rey et Briolay sont là, de nombreux radicaux sont absents. L’échec législatif de 1910 et les tensions dans le groupe amènent quatre démissions dans le groupe, dont trois élus (Watrinet, Arnaud et Beauvais).
Plusieurs affaires locales sont prétextes à de violentes mises en cause. Sept conseillers municipaux donnent leur démission et six d’entre eux (Watrinet, Mermet, Poitevin, Arnaud Vel-Durand et Beauvais) sont candidats à leur réélection en mai 1911. Ils l’emportent, face à une liste du comité radical-socialiste sur laquelle figure le successeur d’Albert Gallas, qui a démissionné en mars de la présidence du comité, Henri Goujon. La liste des dissidents avait le soutien à la fois des socialistes SFIO et des libéraux, dont le leader est l’avocat Louis Gallas, non parent avec Albert.
Bien que démissionnaire, Gallas continue de défendre la municipalité sortante et de plaider pour une renaissance du groupe radical, polémiquant avec les dissidents. Mais les élections municipales générales de mai 1912 verront la défaite des radicaux face à leurs trois adversaires, coalisés au second tour. Pour la première fois depuis une quarantaine d’année, aucun radical officiel ne siègera au conseil municipal de Joinville.
Après avoir perdu en mai 1898 sa fille, âgée de 11 ans, Albert Gallas voit son deuxième enfant, Henri, mourir en juillet 1911, à 22 ans ; il travaillait avec lui à la fonderie de Polangis.
Albert Gallas était titulaire, depuis 1909, de la médaille de l’instruction et de l’éducation populaire. Son décès est transcrit sur le registre d’état-civil de Joinville le 31 décembre 1930. Il était dans sa 66e année.

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