Suite de la biographie d’Albert Duquenne
Mobilisé pendant la deuxième guerre mondiale, Duquenne se présente en mars 1943 comme « un Français qui revient d’Allemagne, et qui, soldat en 1939-40, a passé deux années dans les stalags. »
Des combats et de son séjour outre-Rhin, Duquenne revient avec un sentiment favorable au nouveau régime. Il rejoint en effet le Rassemblement national populaire (RNP), formation collaborationniste, fondée par Marcel Déat en février 1941 sur une ligne politique néo-socialiste et pro-allemande.
En novembre 1942, Duquenne est le délégué général du Front social du Travail (FST) pour la région parisienne. Il s’agit d’une structure interne au RNP, qui promeut une forme corporatiste d’organisation des forces productives. Il siège au comité directeur national du FST, dont il est délégué à l'organisation en février 1943. L’intervention de Duquenne est mentionnée dans une quinzaine de réunions publiques du RNP et du Front social du Travail, y compris dans plusieurs villes de province.
La section troyenne du RNP invite Duquenne, en mars 1943 pour animer une soirée cinématographique sur le thème « Un voyage en Allemagne » avec une causerie sur les conditions de vie des travailleurs allemands. Le quotidien Le Petit Troyen assure que « la salle du conseil municipal de l’hôtel de ville était comble ». La soirée commença avec des vues touristiques des villes, paysages et monuments allemands, dont « Munich, métropole de l’art allemand et berceau du national-socialisme » et « Berlin, capitale du Reich. »
Seul orateur, Duquenne explique qu’avant la guerre, il appartenait au parti SFIO, et pendant des années, il a mené le combat pour améliorer le sort des travailleurs. Dès 1938, il aurait, selon le compte-rendu « constaté l’effort des juifs et de la haute finance en vue de déchaîner un conflit qui eût pu être évité. »
Après tous ces évènements, M. Duquenne explique avoir voulu « connaître la vérité » et est allé en Allemagne.
On lui avait dit que, là-bas, la liberté n’existait plus ; que les valeurs intellectuelles étaient réduites au silence ; qu’une dictature impitoyable faisait tout ployer son joug ; que les classes laborieuses étaient réduites à l’esclavage. Duquenne assure que « Rien de plus faux que ces allégations. »
Arrivé en Allemagne, M. Duquenne indique avoir observé la vie de l’ouvrier. « Il a vu partout des êtres calmes, propres, bien vêtus et soignés de leur personne. Il a aussi apprécié la camaraderie dont font preuve les ouvriers allemands vis-à-vis des français, les premiers ne manifestant aucun sentiment de haine à l’égard des seconds. »
Poursuivant, Duquenne assure que « Là-bas, tout est propre, gai, accueillant, l’ordre règne et la comparaison sur l’état du travailleur n’est pas en faveur de notre pays ! L’ouvrier jouit en Allemagne d’une grande sécurité au point de vue de la défense de ses intérêts ». L’orateur fait ressortir « cette sorte de camaraderie qui règne entre les ouvriers et les directeurs des usines, qui souvent partagent les repas des travailleurs, à l’usine même ou dans les restaurants communautaires. »
En conclusion, Duquenne appelle à « combattre les efforts du Juif et du bolchévisme ; et de notre côté, lutter pour l’avènement du vrais socialisme. De l’autre côté de la frontière, on nous tend la main : le devoir des Français est de répondre à ce geste. Il ne faut plus que dans les deux pays, de nouveaux monuments aux morts soient élevés. Les architectes ont des tâches plus nobles à quoi s’adonner. Que tous nos efforts soient consentis vers le socialisme et vers la construction de la paix. »
Selon Le Petit Troyen, « des applaudissements répétés saluèrent la fin du discours de M. Duquenne ». Assez curieusement, la réunion se termina avec la projection d’un film « montrant la vie des fauves en liberté dans un jardin zoologique. »
En novembre 1943, Duquenne prend part aux « assises nationales du monde du travail » organisée par le FST en faveur d’une « véritable construction socialiste », qui se tienne au Palais de la Mutualité et à la Maison de la Chimie à Paris. Il est également de porte-parole d’une autre structure du RNP, l'Union des Vieux Travailleurs.
Outre ses fonctions au plan national, Duquenne est responsable de la section de Champigny-Joinville du RNP. La permanence du RNP se tient près de chez lui.
Malgré l’évolution de la situation en France, Duquenne reste fidèle à son engagement au sein de l’organisation de Marcel Déat même après l’arrivée des alliés en France. Il est ainsi l’orateur de réunions, qui se tiennent à Paris (19e et 10e arr.) les 7 et 8 juillet 1944, au cours desquelles doivent être « données les dernières informations politiques et les directives du Parti concernant la situation intérieure française. »
Albert Amédée Duquenne meurt le 2 février 1971 à Paris (15e arr.). Il était âgé de 68 ans, exerçait alors le métier de voyageur représentant placier, et demeurait rue Hippolyte-Maindron à Paris (14e arr.). Il était décoré de la Croix de guerre 1939-1940.
Fin
Meeting du RNP en 1943. Duquenne, de dos

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