Marie-France Skuncke est née en 1924 à Varsovie (Pologne). Elle est la fille de l’économiste et ministre polonais Adam Rosé et de Lucie, née Martin.
Diplômée en mars 1944 de l’école d’interprètes de Genève, où sa famille était réfugiée, elle travaille auprès de l'armée française d'occupation à Berlin puis est engagée par les autorités américaines en janvier 1946 en prévision du procès de Nuremberg où seront jugés les grands chefs nazis.
Malgré la tension liée aux enjeux du tribunal, et bien qu’il y avait un roulement incessant de partants et d’arrivants dans les équipes, l’esprit de camaraderie était en général excellent parmi les traducteurs recrutés. Marie-France témoigne que le soir « on s’est beaucoup amusé ». Les interprètes étaient logés soit à l’hôtel, soit dans des villas réquisitionnées. Leur rémunération dépendait de leur rattachement : ceux qui avaient la chance de dépendre des Américains et d’être payés en dollars s’en sortaient très bien (c’était le cas de Marie-France), ceux relevant d’autres gouvernements ou forces armées nettement moins.
Le procès sera une grande première, avec la véritable apparition de la traduction simultanée, à peu près inconnue jusqu’ici ; des équipes de traducteurs en cabine sont organisées pour la première fois. Marie-France Rosé comprend l’importance de cette technique pour l’avenir. Elle plaide pour qu’une formation spécialisée se mette en place et contribue à construire une pédagogie.
Ayant épousé l’économiste suédois Sven Skuncke, Marie-France travaille notamment pour l’Unesco à Paris. Elle participe à la création de l’Association internationale des interprètes de conférence (AIIC) en 1953. Elle meurt en octobre 2007.
Une cabine d’interprète au procès de Nuremberg