Début de la biographie d’Henri Thomas
Henry Alexandre Thomas naît le 7 octobre 1854 à Noizé (act. Plaine-et-Vallées, Deux-Sèvres). Il est le fils d’Orélie Eulalie Henry et de son époux Alexandre Charles Thomas, menuisier.
Devenu maréchal ferrant, Henri Thomas épouse Marie Léontine Audiger, couturière, en février 1880 Saint-Martin-le-Beau (Indre-et-Loire), village où réside son frère cadet, Eugène Thomas, menuisier. Le couple s’installe à Gentilly (Seine, act. Val-de-Marne), route de Fontainebleau, dans le quartier du Kremlin-Bicêtre.
La vie municipale est marquée par un débat sur la séparation des deux entités de la commune, le vieux Centre de Gentilly et le nouveau quartier du Kremlin-Bicêtre, devenu le plus peuplé. Lors des élections municipales de juin 1888, la liste soutenant la séparation emporte les 14 sièges de la section du Kremlin-Bicêtre, tandis que les représentants du Centre ont 13 sièges. Charles Clément devient maire, Henri Thomas est premier adjoint et Étienne Malet deuxième adjoint.
Après les démissions des élus du Centre, un scrutin partiel est organisé ; les électeurs portent les noms de Sadi Carnot, président de la République, Charles de Freycinet, président du conseil ou Eugène Poubelle, préfet de la Seine, qui sont donc proclamés élus, avant l’annulation du scrutin. Un nouveau vote en juin 1891 donne des résultats comparables, avec par exemple la pseudo-élection de Jean Casimir-Perier, ancien ministre.
Lors des élections municipales générales de mai 1892, le quartier du Centre réélit des conseillers fictifs (Carnot, de Freycinet, Cavaignac, Poubelle…) tandis que l’équipe municipale sortante est reconduite par les électeurs du Kremlin-Bicêtre. Clément reste maire, Thomas et Malet adjoints. Il faut attendre septembre 1892 pour que de véritables conseillers municipaux soient élus dans le quartier du Centre.
Si la querelle territoriale reste dominante, la municipalité essaie tout de même d’avoir une action sociale. Elle lance ainsi une souscription pour financer des crèches municipales en janvier 1893.
La grande affaire, dont Thomas à la charge, est celle des zoniers. Les anciennes fortifications entourant Paris, toujours classées « zone militaire » mais non utilisées, ont vu surgir de nombreuses cahutes misérables avec notamment de petits commerces. En janvier 1894, le ministre de la guerre, le général Mercier, prit la décision d’expulser les familles installées dans ces lieux.
Ayant pris en main la cause des zoniers, Thomas multiplie les démarches, notamment auprès du ministère de la guerre. Il est reçu, à sa demande, le 4 mai 1895 par le président de la République, Jean Casimir-Perier. Il obtient, à plusieurs reprises, un délai pour repousser les expulsions des zoniers et leur permettre de rester sur place « après avoir aménagé eux-mêmes leurs baraquements conformément aux exigences réglementaires » selon la presse nationale, qui couvre largement l’évènement.
Le frère d’Henri, Eugène Thomas, est venu également s’installer à Gentilly. Il devient le responsable local du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire, réformiste, dirigé par Jean Allemane.
Lors des élections municipales de mai 1896, les deux frères Thomas sont sur des listes opposées. Eugène conduit, dans les deux sections, une liste du parti ouvrier qui s’oppose à la séparation. Dans celle du Kremlin-Bicêtre, la liste des sortants séparatistes, sur laquelle figure Henri, obtient 17 des 19 sièges à pourvoir. Thomas est reconduit comme premier adjoint, Clément comme maire et Malet comme deuxième adjoint. Eugène Thomas n’est pas élu, même si sa liste emporte deux sièges.
Le 13 décembre 1896, une loi décide la séparation des deux parties du territoire et transforme le quartier du Kremlin-Bicêtre en une municipalité distincte. Tirant les conséquences de la scission, Une délégation spéciale est créée pour remplir les fonctions de conseil municipal. Charles Clément, en tant que président, fait fonction de maire, tandis qu’Henri Thomas et Étienne Malet, vice-présidents, conservent leur rôle d’adjoint.
Les premières élections municipales de la nouvelle commune du Kremlin-Bicêtre ont lieu en février 1897. Trois listes sont en concurrence : la liste républicaine de la municipalité élue en 1896, sur laquelle se retrouve sans doute Henri Thomas, une liste des intérêts économiques, composée de commerçants et de rentiers, et la liste du parti ouvrier, conduite par Eugène Thomas. Cette dernière obtient tous les sièges à l’issue du second tour, et Eugène Thomas devient maire du Kremlin-Bicêtre jusqu’à son décès en 1919 ; il est également conseiller général du canton de Villejuif. Il obtient une certaine notoriété par son activité anticléricale, interdisant les processions et le port de la soutane dans sa ville par arrêté.
À suivre
La zone du Kremlin-Bicêtre (Rol)
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