Suite de la biographie d’Ernest Jouin
En reprenant, en 1920, la publication de la Revue internationale des sociétés secrètes (RISS), Mgr Ernest Jouin utilise le terme « judéo-maçonnerie ». Il participa, en 1928, au congrès de la Ligue anti-judéo-maçonnique.
Il publie notamment, en 1920, les Protocoles des sages de Sion, un faux qui sert de prétexte à la littérature antisémite pendant la période hitlérienne comme postérieurement. Ernest Jouin ne nie pas qu’il pourrait s’agir d’un faux, mais se contente d’affirmer que leur contenu est vrai : « La véracité des Protocoles nous dispense de tout autre argument touchant leur authenticité, elle en est l'irréfragable témoin. »
En avril 1924 le pape Pie XI lui confia le titre, honorifique, de protonotaire apostolique.
Une partie des écrits de Mgr Jouin furent réunis en quatre volumes entre 1920 et 1929 sous le titre Le Péril judéo-maçonnique. La RISS étant devenue après-guerre, une revue de référence des milieux catholiques intransigeants ou d’extrême droite, elle souleva l’intérêt des publications de gauche ou de la Ligue internationale contre l’antisémitisme.
Selon l’historien Stéphane François le savoir-faire issu de la RISS sera utilisé pendant la deuxième guerre mondiale, notamment par le Service des sociétés secrètes de Bernard Fäy, le Service de police de Jean Marquès-Rivière ou le Centre d’action et de documentation d’Henri Coston.
Sa postérité aliment également les théories complotistes. Ainsi, Ernest Jouin considérait l'assassinat de l’archiduc François-Ferdinand d'Autriche lors de l'attentat de Sarajevo le 28 juin 1914, un des évènements à l’origine de la première guerre mondiale, comme le fruit d’un complot préparé par des loges de francs-maçons. Il dénonça également une tentative d'infiltration maçonnique au Vatican dans l’entourage du pape Léon XIII.
Ernest Jouin meurt le 27 juin 1932 à Paris (8e arr.). Il était âgé de 87 ans, était entré dans les ordres depuis 70 ans et prêtre depuis 64 ans. Son hagiographe, le chanoine Sauvêtre, proposa en 1957 de le béatifier mais le processus n’alla pas plus loin.
Si l’ancien prêtre Joinvillais exerça une influence conséquente sur les extrémistes de l’époque, il reste encore aujourd’hui une référence pour certains complotistes ou pour des publications racistes, qui aiment à reproduire ses nombreux écrits.
Un Cercle Ernest Jouin fonctionna à partir de mars 1934. Il a pour président Jacques de Boistel, collaborateur de la RISS. En 1935, il s’entretient avec le président portugais Salazar de la dissolution de la franc-maçonnerie récemment promulguée par son gouvernement. Il publie, en janvier 1943, La Judéo-maçonnerie et les événements contemporains.
La RISS parut jusqu’en 1939. Une partie de ses contenus est rééditée à diverses reprises. Au début du 21e siècle, la diffusion des œuvres de l’abbé Jouin reste significative tandis que l’influence de la RISS est toujours notable sur les thèses complotistes contemporaines. Elle a été rééditée par les éditions Saint-Rémi.
Fin

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