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24 août 2020 1 24 /08 /août /2020 00:01

Jules Marie Ferdinand Rousseau naît le 6 novembre 1837 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Désirée Catherine Nicole Lavenue et de son mari Louis Ferdinand Rousseau, professeur. Son grand-père maternel est Jean Marie Molette, instituteur de l’école qui porte son nom et dans laquelle son père est employé. C’est un établissement privé, créé en 1825, qui fut probablement la première structure pérenne d’éducation dans la commune. L’institution est reprise en 1851 par Ferdinand Rousseau et porte désormais son nom.

En 1857, il fait l’acquisition d’un vaste terrain, rue de Paris, en limite de Joinville et Saint-Maur, le parc du Parangon, qui accueillit notamment Mme de Lafayette. L’école se développe et atteint 300 élèves. Pour accompagner son développement, Ferdinand Rousseau décide de proposer, outre un enseignement classique, confié à son beau-fils Théodore Rousseau, de mettre en place un enseignement professionnel, dont Jules Rousseau est responsable. L’établissement du Parangon est désormais nommé institution Rousseau-Quirot.

Selon l’historien Georges Bousquié, qui fut élève du Parangon, « Jules Rousseau fut un merveilleux organisateur de l'orientation et de l'enseignement professionnel. Son école est une des premières écoles libres en France où l'on ait donné cet enseignement. Il en avait compris l'urgente nécessité, pour répondre aux besoins nouveaux de l'industrie. Mais, grand psychologue et soucieux de la formation de l’esprit des enfants, il savait les inconvénients, intellectuels et moraux, des procédés de spécialisation hâtive. Aussi il n'eût jamais abaissé l'éducation au niveau d'un dressage utilitaire. Cet enseignement professionnel, il le voulait élevé, méthodique, « classique à sa façon» disait-il. »

Tandis que son père en est le capitaine, Jules Rousseau est sergent-major de la garde nationale et des sapeurs-pompiers de la commune de Joinville en 1868. En avril 1870 à Joinville, Jules Rousseau épouse Marie Valentine Guillemot, fille d’un vigneron et tisserand de Grésigny, Côte-d'Or. Ils auront un fils.

Pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, le Parangon accueille une ambulance (hôpital auxiliaire) qui recueille 270 blessés. Selon l’historien Jean Roblin, les villages de Saint-Maur-des-Fossés et Joinville-le-Pont, situés à proximité immédiate du champ de la bataille de Champigny reçoivent une « véritable pluie de fer » entre novembre 1870 et janvier 1871. Le Parangon arborait sur son toit le drapeau de la Croix-Rouge ; il fut épargné au début. Mais, le 9 janvier, un obus éclata dans l’escalier du bâtiment occupé par Jules Rousseau et son épouse. Femmes et enfants furent envoyés à Paris. La famille Rousseau prend en charge une trentaine de familles joinvillaises obligées de se réfugier dans la capitale pendant le siège avec la quasi-totalité de la population du village.

Durement touchée, Joinville a notamment perdu le pont qui a été détruit par l’armée française en décembre 1870 pour empêcher, en vain, l’avancée allemande. La bataille de Champigny, qui se dispute en partie à Joinville dans la zone, encore largement non habitée de Polangis, fait environ 2 000 morts dans les deux armées.

Joinville est occupé depuis fin janvier 1871 par près de 3 000 soldats allemands, majoritairement Wurtembourgeois au début puis Badois et Bavarois ensuite. À la rentrée scolaire de l’automne 1871, alors que les troupes d’occupation viennent juste de quitter la commune où elles sont restées près de six mois, il n’y a que trois élèves dans l’école du Parangon. Mais l’activité reprend progressivement, avec la reconstruction des bâtiments. Le père de Jules, Ferdinand Rousseau, siège au conseil municipal sous le second empire puis devient adjoint au maire Auguste Courtin (conservateur) avant de le remplacer en 1875. Il sera battu, sous l’étiquette bonapartiste, aux élections municipales de 1878.

Des scouts dans la cour du Parangon

Devenu veuf, Jules Rousseau se remarie en avril 1884 avec Désirée Colette Guillemot, maîtresse de pension à Joinville et sœur cadette de son ancienne épouse. Il doit pour cela obtenir l’autorisation du président de la République en vertu de l’article 162 du code civil, qui prescrit les mariages entre frères et sœurs. Ils auront une fille. Ses témoins sont ses trois frères (Nicolas Quirot, Léon Rousseau et le docteur Henri Rousseau) ainsi que son neveu par alliance, Ernest Mermet, professeur de chimie au lycée Charlemagne, chef de laboratoire à l’école Centrale et futur maire de Joinville. Son beau-père, Pierre Guillemot, est maire du village de Grésigny-Sainte-Reine (Côte-d'Or).

Le mois suivant, en mai 1884, Jules Rousseau est candidat au conseil municipal. Il figure sur la liste républicaine du maire sortant, Gabriel Pinson, qui recueille une moyenne de 310 voix au premier tour, soit environ 85% des suffrages exprimés, face à des candidats réactionnaires qui en ont 15%. Jules Rousseau est élu au second tour. Au cours du mandat, il devient secrétaire (ou syndic) du conseil, complétant le bureau municipal qui comprend le maire et les deux adjoints. En avril 1888, il ne prend pas position lors de la question qui oppose la majorité laïque des élus locaux au conseil de fabrique, gestionnaire de la paroisse. La majorité décide d’engager des poursuites, estimant les comptes inexacts, tandis que quatre conseillers s’y opposent. Rousseau fait partie des trois absents.

Les élections municipales générales de mai 1888 voient s’opposer les républicains modérés, derrière Gabriel Pinson, avec les radicaux-socialistes, alliés à quelques socialistes-révolutionnaires, guidés par Alphonse Demeestère. Jules Rousseau soutient le maire sortant. La liste républicaine a obtenu 17 sièges, contre 4 radicaux. Elle a en moyenne 302 voix. Le mieux élu est Rousseau qui, avec 372 votes, devance ses colistiers y compris le maire et ses adjoints. Il redevient secrétaire du conseil. Le mois suivant, Gabriel Pinson meurt en fonction. La presse locale donne Jules Rousseau en tant que favori pour prendre sa succession. Cependant, au cours d’un vote tendu en août 1888, c’est le premier adjoint, Eugène Voisin, qui l’emporte face à Jules Rousseau. Rousseau quitta la salle absolument seul et paraissant très abattu, selon témoignage de Charles Pâquet, petit-fils d’Eugène Voisin. Il démissionna fin 1889.

À ce moment, avec le décès de son père et de son demi-frère, Jules Rousseau devient le seul dirigeant de l’école du Parangon. Depuis 1885, les remises de prix, organisées chaque année fin juillet ou début août, sont des évènements bénéficiant d’une forte couverture de presse.

En matière sociale, Jules Rousseau prend la présidence de la société de Saint-Nicolas, basée dans la commune voisine de Saint-Maur. Il est également président de la délégation cantonale, en charge de l’enseignement public pour la circonscription de Charenton-le-Pont.

Jules Rousseau meurt le 27 mai 1897 à Joinville. Il était âgé de 59 ans et décoré des Palmes académiques, d’abord comme officier d’académie puis en tant qu’officier de l’instruction publique.

Une voie de la commune de Joinville-le-Pont est baptisée impasse Jules-Rousseau. C’est son frère, le docteur Henri Rousseau, qui prend sa succession à la tête de l’école.

Jules Rousseau

 

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