Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 octobre 2020 2 13 /10 /octobre /2020 00:01

Nicolas Émile Deiber naît le 13 mars 1847 à Neufchâteau (Vosges). Il est le fils de Marie Anne Villemont et de Joseph Deiber, tailleur d’habits.

Devenu employé de banque au Comptoir d’escompte de Neufchâteau, Émile Deiber épouse en octobre 1869 à Goussaincourt (Meuse) Adeline Sophie Mélinat, dont le père, ancien coiffeur, est hospitalisé à l’établissement des Incurables (act. hôpital Bicêtre, Paris) et dont la mère vit à Versailles (Seine-et-Oise, act. Yvelines).

Peut-être Deiber combat-il pendant la guerre de 1870-1871, qui oppose la France à plusieurs États allemands, dont la Prusse. Il est officier dans la réserve, affecté au 80e régiment territorial d’infanterie comme sous-lieutenant en 1878. En mai 1884, il est promu au grade de capitaine dans la même unité.

La famille est installée en 1873 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), rue Bernier, dans le quartier du Centre, où naissent leurs deux filles. Émile Deiber est chef comptable dans la société des Forges de Saint-Maur, implantée dans la commune et dirigée par Alphonse Pilté. Elle emploie 150 ouvriers. Deiber témoigne devant le tribunal civil de la Seine en faveur de Pilté, qui agissait comme président de la caisse de secours des Forges de Joinville, contre un des employés blessé ; l’affaire est jugée en leur faveur en appel en 1878.

Cette même année, Deiber et Pilté font partie d’un groupe de républicains de la commune qui décident de s’opposer au maire sortant, bonapartiste, Ferdinand Rousseau. La liste emporte 20 des 21 sièges à pourvoir, le dernier échéant à un orléaniste. Gabriel Pinson, républicain modéré, est élu maire. Un conflit éclate au sein du conseil, en septembre 1879 ; Alphonse Demeestère, qui sera plus tard le dirigeant du comité radical-socialiste de la circonscription, veut porter secours à Adolphe Morandy, ancien lieutenant des Francs-tireurs pendant la guerre franco-allemande de 1870 et officier sous la Commune de Paris en 1871, récemment amnistié et malade. Il lance une souscription, ce que conteste le maire. Deiber est signataire avec la majorité de la motion du conseil municipal du 27 septembre 1879, dans laquelle les élus « blâment sévèrement le citoyen Demeestère. »

Pour prendre la suite d’Alphonse Pilté, Deiber s’associe avec Julien Grand, administrateur, et devient directeur d’une nouvelle société, au capital de deux millions de francs, formée en juin 1879, la Société anonyme des forges, laminoirs et aciéries de Seine-et-Rhône, basée à Joinville, spécialisée dans les fers de ferraille. L’entreprise gère également les forges, laminoirs et aciéries d’Oullins (Rhône). Deiber devient ainsi maître de forges.

En janvier 1881, Deiber est réélu conseiller municipal de Joinville, sur la liste de Gabriel Pinson ; les éléments les plus radicaux, dont Demeestère, ne sont pas reconduits. C’est Deiber qui, au nom de la municipalité, prononce le discours pour l’inauguration des écoles communales, au moment où l’instruction publique devient obligatoire. Il conclut en assurant que « l'instruction était la compagne obligée de la liberté ». Le délégué du préfet, M. Roux, fait l'éloge de Joinville, considérant qu’il s’agissait de « la commune la plus instruite du département ». Elle accueillait déjà un important établissement privé laïc, le Parangon.

Selon l’historienne Michelle Perrot, Deiber, conseiller municipal républicain, « passe parmi ses ouvriers pour un royaliste ennemi des ouvriers ». Elle raconte l’anecdote suivante, qu’elle ne date pas : « Aux forges de Joinville-le-Pont, où sévit le chômage, les ouvriers ayant proposé de ne travailler que quinze jours pour employer tout le monde, le directeur Debert [Deiber] les apostrophe : Vous voulez travailler quinze jours ? – Oui – Eh bien ! Vous ne travaillerez pas du tout ; foutez-moi le camp. »

La dissolution de la Société des Forges laminoirs et aciéries de Seine-et-Rhône est décidée par les actionnaires en mars 1885. Deiber est désigné comme un des deux liquidateurs. Il vend aux enchères l’usine d’Oullins. L’usine de Joinville sera elle exploitée par la société Édouard Martin, Ducamp et Cie avant de rejoindre, en 1892, la Compagnie française du Bi-Métal.

Quittant les bords de Marne, Deiber s’installe rue du Parc-Royal, dans le quartier du Marais à Paris (3e arr.), où il reprend un atelier de fabrication de timbres élastiques et en caoutchouc. Il présente ses produits lors de l'exposition universelle de 1889 à Paris.

Revenant aux activités métallurgiques en 1896, il fonde la société Deiber et Allagnier avec son gendre, Alphonse Allagnier. Elle est basée à Alfortville (Seine, act. Val-de-Marne), un peu en aval de Joinville. Il constitue en outre la société Deiber, Grondard et Cie pour fabriquer des bandages de roues, des chaudières et réservoirs. Ils rachètent, en 1897 un train circulaire pour le bandage des roues sans soudure. Au cours de l'exposition universelle de 1900 à Paris, elle est gratifiée d’une médaille d'or.

Nicolas Émile Deiber meurt le 13 février 1901 à Paris (3e arr.). Il était âgé de 53 ans et père de deux filles. Décoré des Palmes académiques, il était officier d’académie depuis 1881 et avait été fait ensuite officier de l’instruction publique. L’entreprise qu’il dirigeait en tant que maître de forges deviendra les Forges et laminoirs d’Alfortville en 1901.

L'usine métallurgique de Joinville-le-Pont en 1907

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Polmorésie, blog d’histoire
  • : Histoire politique, économique, culturelle et sociale au travers des acteurs qui ont se sont engagés dans la vie publique.
  • Contact

Recherche

Liens