Suite de la biographie de Louis Rey
Après la victoire des dissidents, une des premières décisions du nouveau conseil municipal fut de donner congé, en août 1912, à Louis Rey et à son épouse qui louaient une propriété communale dans le quartier de Polangis, rue des Platanes, après en avoir doublé le loyer. Rey avait obtenu un bail d’une ancienne propriétaire, puis celle-ci avait à son décès légué l’immeuble à la ville, qui avait maintenu le locataire dans les lieux avant d’en faire usage. La famille Rey déménage alors quai Hector-Bisson (act. quai Gabriel-Péri), dans une maison nommée Villa des flots, près du barrage sur la Marne.
Homme aux engagements multiples, Louis Rey avait besoin d’organes de presse pour s’exprimer. Il écrivit dans un quotidien national, Le Voltaire, dans les années 1880. Il eut ensuite une rubrique dans le Bulletin commercial puis dirigea une publication professionnelle, le Bulletin vinicole, dans laquelle il n’hésitait pas à prendre des positions politiques. Après son installation à Joinville-le-Pont, il s’intéressa à la presse locale
L’hebdomadaire Voix des communes, fondé en 1883, fut jusqu’en 1935 (avec deux arrêts de parution au début puis à la fin de la première guerre mondiale) le premier puis un des principaux journaux d’information locale sur la partie Nord de l’actuel Val-de-Marne, couvrant principalement les communes des cantons de Charenton-le-Pont, Saint-Maur-des-Fossés et Nogent-sur-Marne.
Au sein de l’hebdomadaire, une chronique hebdomadaire consacrée à Joinville-le-Pont est créée en juin 1884 et assurée, jusqu’à sa mort en 1896, par Henry Vaudémont. Elle est poursuivie, de manière irrégulière jusque l’été 1901 par Félix Salmon puis par Louis Dehné (alias Ludovic) qui l’assure jusqu’à sa disparition en juillet 1902. Louis Rey devient le chroniquer pour Joinville à partir du 25 juillet 1908. Il avait, les mois précédents, envoyé plusieurs courriers déjà publiés. Pendant cette période, le directeur Alfred Westphal
Alfred Westphal (1869-1928), négociant et industriel était le trésorier de la Ligue des droits de l’Homme. Protestant, il était responsable radical à Charenton, président du Comité central d’union et d’actions républicaines de la 2e circonscription de Sceaux en 1909. Il avait repris la Voix des communes en 1907 après la mort de son président-fondateur, Gaston Meynet, ancien maire d’Alfortville. Il le maintint en tant qu’organe du parti radical-socialiste.
Étant le doyen des rédacteurs de Voix des communes, c’est Rey qui préside à une réunion de toute la rédaction chez Alfred Westphal en mai 1911. Il poursuit sa chronique jusqu’en décembre 1916 et peut-être au premier semestre 1917 (mais la collection pour cette année-là n’est pas conservée aux archives du Val-de-Marne).
Rey avait, comme Henry Vaudémont avant lui, l’ambition de jouer un rôle politique sans nécessairement se mettre au premier plan. S’il n’avait pas le talent littéraire de son prédécesseur, il avait cependant l’art du dialogue théâtralisé. Il publie ainsi, sous le pseudonyme d’Ironiste d’abord puis d’Un radical-socialiste ou d’EB, Les aventures du balai, dans lesquelles il met en scène ses adversaires Eugène Hainsselin et Théophile Leteuil, satyre en 13 épisodes de la vie politique locale en 1908-1909.
Ses critiques acerbes lui valent parfois quelques ennuis. Ainsi, quand en septembre 1908 il traite le conseiller municipal indépendant, le Dr Gripon, de « morphinomane », c’est le rédacteur en chef du journal radical, A. Deyres, qui doit présenter des excuses. La même année, à une date inconnue mais probablement fin novembre, il rencontre en duel Eugène Hainsselin, qui publiait le journal l’Indépendant, qui n’est pas sorti vainqueur de la rencontre, selon Rey. En août 1912, reprochant au responsable d’un petit journal conservateur, Jean Contoux, d’avoir publié une liste de francs-maçons de la région à partir de documents volés, il le traite de « fripon ». Jean Contoux se plaint auprès du gérant de ne pas pouvoir provoquer Rey en duel, car, comme il a 65 ans, il se « couvrirait de ridicule ». Mais il entend demander à Westphal de lui rendre raison « aussitôt qu’il sera rentré de vacances. »
À suivre
Signature de Louis Rey en 1909

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