Jean Marie Gille naît le 16 fructidor an 6 (2 septembre 1798) à Paris (8e arr.). Il est le fils de Marie Catherine Nel (ou Vel) et de son époux Louis Gille.
La jeunesse de Gille a fait l’objet de plusieurs récits, au caractère peut-être partiellement légendaire. Charles Robin, dans son Histoire illustrée de l'exposition universelle de Paris en 1855 décrit son point de départ : « M. Gille fut un pauvre apprenti. Jusqu’à vingt-cinq ans, simple ouvrier bijoutier, qu’épouvantait surtout la peur de l’avenir. Un jour, sentant que ce n’était point sa vocation, il résolut de changer d’état. Pour toute fortune, il avait cinq francs. Acheter avec ses cinq francs des porcelaines fêlées, les revendre, tel fut son début. Un peu plus tard, il parvint à conquérir une échoppe. Avec le temps, la patience et le travail, l’échoppe devint une boutique, puis un magasin, puis une fabrique qui sera bientôt l’une des gloires du pays. »
Le journaliste du quotidien de Bordeaux La Gironde, P. Barrué, raconte en juillet 1867 : « Enfant, il a enduré toutes les souffrances qu’on put imaginer : la faim, le froid, la maladie. Le récit de ses années d’apprentissage arracherait des larmes aux moins compatissants. Faible, chétif, malingre, abandonné de tous, il eut un moment l’envie folle d’aller chercher le calme et le repos sous les flots verdâtres que la Seine roule au milieu de la grande cité. Par bonheur il était de la race des gens fortement trempés que l’adversité fait plier sans les abattre ; il détourna la tête, et revint dans sa mansarde, après s’être juré de lutter jusqu’au bout. »
L’état-civil de Paris, reconstitué après sa destruction en 1871, livre deux dates pour le mariage de Jean Marie Gille avec Didière Julie Anne Mercier à Paris, octobre 1825 ou janvier 1827. Ils vivent à ce moment rue du Temple à Paris (3e arr.), endroit où est situé le commerce de son frère aîné, Armand Gille. C’est probablement pour se différencier de lui que Jean Marie Gille se fit appeler « Gille jeune » dans sa carrière professionnelle.
Armand Gille (1794-1881) fait commerce d’articles de porcelaine et est également peintre. En février 1832, il s’adresse à la chambre des députés pour lui proposer de mettre en place une caisse de chômage, gérée et surveillée par la Banque de France, en utilisant le fait que les ouvriers doivent, en France, avoir un livret pour être employé. Chaque ouvrier toucherait un franc par jour sans emploi, sous forme d’avance sur son travail à venir. Lorsqu’il reprendrait une activité, une retenue serait faite sur ses journées. Gille suggère que le capital de départ de la caisse soit souscrit par des individus. Si l’assemblée qu’applaudir les vues philanthropiques d’Armand Gille, elle écarte le projet, dont le coût lui paraît élevé et par ce qu’elle craint que ce système aurait « pour résultat de détourner, au moins quelquefois, les ouvriers d’un travail fructueux ». Elle s’inquiète aussi du rôle de collecteur que l’on ferait jouer aux chefs d’ateliers.
Pour sa part, Jean Marie Gille, qui assiste son frère dans la boutique familiale, ouvre en 1829 un second point de vente, rue Meslay à Paris (3e arr.) où il fait du louage de porcelaines à domicile pour les noces, repas ou soirées, s’engeant à faire les livraisons deux heures après la demande.
Lucien Barberolle naît le 11 octobre 1885 à Corbeil (Seine-et-Oise, act. Essonne). Il est le fils de Sophie Debacker et de son époux Albert Jean Barberolle, graveur sur métaux. Son oncle, Ernest Barberolle, barreur d’aviron avec la Société nautique de la Marne (Seine, act. Val-de-Marne) a été médaillé d’argent aux Jeux olympiques de 1920 à Anvers (Belgique).
Devenu également graveur-ciseleur, après son service militaire (1906-1908), Barberolle épouse en octobre 1909 à Paris (14e arr.) Jeanne Marguerite Descoins, couturière. Ils s’installent dans le 3e arrondissement, rue Commines puis rue des Filles-du-Calvaire, et auront trois enfants.
Pendant la première guerre mondiale est mobilisé comme caporal dans l’infanterie, puis comme sergent fourrier. Il est cité à l’ordre du régiment en avril 1915 en tant que « Agent de liaison qui n’a cessé sous un feu très intense et très meurtrier d’assurer son service ». Il est décoré de la Croix de guerre. À partir de novembre 1915, il est détaché dans plusieurs usines : Chambeyre à La Guéroulde (Eure), Delage à Courbevoie puis Sanglet à Villeneuve-la-Garenne (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il est ensuite affecté à des fonctions administratives et démobilisé en avril 1919.
Après-guerre, l’activité de Barberolle se développe et il se présente désormais comme industriel. Il est présenté, en 1925, comme l’inventeur de la combinaison d'une photographie vitrifiée et d'un miroir, qu’il intitule « photo-émail-miroir » et qui est appréciée par la presse spécialisée. Il installe son activité rue de Saintonge, toujours à Paris (3e arr.).
En octobre 1924, Barberolle prend en location une maison en bord de Marne à Joinville-le-Pont, quai Hector-Bisson (act. quai Gabriel-Péri), dans le quartier de Palissy. Il s’implique rapidement dans la vie locale. Il soutient l’activité du Club athlétique de Joinville (CAJ), pour lequel il finance un plongeoir pour son bassin de natation, situé quai Hector-Bisson. Il crée également un Challenge Lucien Barberolle, course d’une heure par relais de trois nageurs, organisé à Joinville de 1927 à 1929.
Lors des élections municipales de mai 1925 à Joinville, Barberolle est candidat sur la liste d’Union républicaine pour la défense des intérêts communaux, conduite par le maire sortant Henri Vel-Durand (radical dissident), qui comprend essentiellement des personnalités libérales et conservatrices. Son programme veut que les lois de laïcité soient « appliquées sans rigueur et sans sectarisme », se prononce pour le maintien de l’octroi appliqué pour l’entrée des marchandises dans la commune, et appelle à l’économie dans les dépenses budgétaires. La liste fait face à deux concurrents : le Cartel de gauche, rassemblant radicaux-socialistes et socialistes SFIO, conduit par Georges Briolay, et la liste du Boc ouvrier et paysan (BOP, communiste). Au premier tour, l’Union républicaine obtient 1 080 voix soit 47,5% des 2 275 suffrages exprimés pour 2 310 votants sur 2 761 inscrits. Le cartel des gauches en a 648 (28,4%) et les communistes 480 (21,1%). Au second tour, malgré le retrait de la liste communiste, l’Union républicaine emporte les 27 sièges à pourvoir avec 1 078 voix. Barberolle est élu conseiller municipal.
Pour les élections cantonales (pour le conseil général du département de la Seine) de juin 1925, Barberolle est candidat dans la 2e circonscription de Saint-Maur-des-Fossés, qui comprend les communes de Créteil, Bonneuil, Joinville et une partie de Saint-Maur. Sous l’étiquette de républicain indépendant, Barberolle recueille au 1er tour 163 voix soit 5,8% des 2 814 suffrages exprimés pour 2 842 votants sur 5 553 inscrits. Il ne se présente pas au second tour où est élu le républicain de gauche (centre-droit) Naudin devant le radical-socialiste Avet et le communiste Muller.
À l’automne 1927, Barberolle le bail de sa maison de Joinville et s’installe à son atelier, rue de Saintonge. Il est candidat pour les élections législatives d’avril 1928, sous l’étiquette de républicain socialiste indépendant (centre droit) dans son arrondissement, se présentant comme commerçant. Il collecte au 1er tour 115 voix soit 0,7% des 15 910 votants sur 18 981 inscrits. Il ne se présente pas au second tour où est élu le républicain de gauche (droite) Louis Puech.
Ayant quitté la région parisienne pour Toulouse en 1933, Lucien Barberolle y est élus en novembre de la même année vice-président et délégué à la propagande de la 17e légion des Croix de guerre dont Louis Deffès, mutilé de guerre et titulaire de la Médaille militaire, est le président.
Après la deuxième guerre mondiale, Lucien Barberolle est membre en tant que sculpteur-graveur de la société des Artistes occitans indépendants. Il participe à plusieurs salons, notamment en 1947 et 1950 à Toulouse. Il présente des panneaux gravés et ciselés, des sculptures en cire et en bronze ainsi que des peintures. Une de ses œuvres, exposée en 1947, s’intitule Le Maquisard.
Barberolle vit rue des Polinaires à Toulouse. La date de son décès n’est pas connue.
Après la victoire des dissidents, une des premières décisions du nouveau conseil municipal fut de donner congé, en août 1912, à Louis Rey et à son épouse qui louaient une propriété communale dans le quartier de Polangis, rue des Platanes, après en avoir doublé le loyer. Rey avait obtenu un bail d’une ancienne propriétaire, puis celle-ci avait à son décès légué l’immeuble à la ville, qui avait maintenu le locataire dans les lieux avant d’en faire usage. La famille Rey déménage alors quai Hector-Bisson (act. quai Gabriel-Péri), dans une maison nommée Villa des flots, près du barrage sur la Marne.
Homme aux engagements multiples, Louis Rey avait besoin d’organes de presse pour s’exprimer. Il écrivit dans un quotidien national, Le Voltaire, dans les années 1880. Il eut ensuite une rubrique dans le Bulletin commercial puis dirigea une publication professionnelle, le Bulletin vinicole, dans laquelle il n’hésitait pas à prendre des positions politiques. Après son installation à Joinville-le-Pont, il s’intéressa à la presse locale
L’hebdomadaire Voix des communes, fondé en 1883, fut jusqu’en 1935 (avec deux arrêts de parution au début puis à la fin de la première guerre mondiale) le premier puis un des principaux journaux d’information locale sur la partie Nord de l’actuel Val-de-Marne, couvrant principalement les communes des cantons de Charenton-le-Pont, Saint-Maur-des-Fossés et Nogent-sur-Marne.
Au sein de l’hebdomadaire, une chronique hebdomadaire consacrée à Joinville-le-Pont est créée en juin 1884 et assurée, jusqu’à sa mort en 1896, par Henry Vaudémont. Elle est poursuivie, de manière irrégulière jusque l’été 1901 par Félix Salmon puis par Louis Dehné (alias Ludovic) qui l’assure jusqu’à sa disparition en juillet 1902. Louis Rey devient le chroniquer pour Joinville à partir du 25 juillet 1908. Il avait, les mois précédents, envoyé plusieurs courriers déjà publiés. Pendant cette période, le directeur Alfred Westphal
Alfred Westphal (1869-1928), négociant et industriel était le trésorier de la Ligue des droits de l’Homme. Protestant, il était responsable radical à Charenton, président du Comité central d’union et d’actions républicaines de la 2e circonscription de Sceaux en 1909. Il avait repris la Voix des communes en 1907 après la mort de son président-fondateur, Gaston Meynet, ancien maire d’Alfortville. Il le maintint en tant qu’organe du parti radical-socialiste.
Étant le doyen des rédacteurs de Voix des communes, c’est Rey qui préside à une réunion de toute la rédaction chez Alfred Westphal en mai 1911. Il poursuit sa chronique jusqu’en décembre 1916 et peut-être au premier semestre 1917 (mais la collection pour cette année-là n’est pas conservée aux archives du Val-de-Marne).
Rey avait, comme Henry Vaudémont avant lui, l’ambition de jouer un rôle politique sans nécessairement se mettre au premier plan. S’il n’avait pas le talent littéraire de son prédécesseur, il avait cependant l’art du dialogue théâtralisé. Il publie ainsi, sous le pseudonyme d’Ironiste d’abord puis d’Un radical-socialiste ou d’EB, Les aventures du balai, dans lesquelles il met en scène ses adversaires Eugène Hainsselin et Théophile Leteuil, satyre en 13 épisodes de la vie politique locale en 1908-1909.
Ses critiques acerbes lui valent parfois quelques ennuis. Ainsi, quand en septembre 1908 il traite le conseiller municipal indépendant, le Dr Gripon, de « morphinomane », c’est le rédacteur en chef du journal radical, A. Deyres, qui doit présenter des excuses. La même année, à une date inconnue mais probablement fin novembre, il rencontre en duel Eugène Hainsselin, qui publiait le journal l’Indépendant, qui n’est pas sorti vainqueur de la rencontre, selon Rey.En août 1912, reprochant au responsable d’un petit journal conservateur, Jean Contoux, d’avoir publié une liste de francs-maçons de la région à partir de documents volés, il le traite de « fripon ». Jean Contoux se plaint auprès du gérant de ne pas pouvoir provoquer Rey en duel, car, comme il a 65 ans, il se « couvrirait de ridicule ». Mais il entend demander à Westphal de lui rendre raison « aussitôt qu’il sera rentré de vacances. »
Tout en continuant à résider à Paris, Louis Rey prend en location une maison à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Palissy, d’abord avenue Naast puis dans une propriété municipale inoccupée, rue des Platanes. Il y réside, avec son épouse, principalement aux beaux jours.
À partir de 1908, Rey, s’il conserve des activités dans le 4e arrondissement de Paris, en particulier comme membre de la commission scolaire où il siège depuis 1887 et est encore réélu en 1908, va cependant inscrire son activité politique dans sa nouvelle résidence.
Lors des élections municipales de mai 1908, il est présent sur la liste du comité radical-socialiste de Joinville, qui est présidé par Albert Gallas. La liste comprend, derrière le maire Eugène Voisin. Elle s’oppose à deux listes incomplètes, celle du comité socialiste évolutionniste qui comprend d’anciens socialistes comme Eugène Hainsselin et des personnalités plus à droite comme Provin ou Leteuil, et une autre qui a le soutien du parti socialiste SFIO, nouvellement constituée, conduite par Henri Lacroix.
Les 23 candidats radicaux obtiennent 604 voix en moyenne soit 45% des votants. Les 17 évolutionnistes recueillent 500 suffrages (37%) et les 5 socialistes SFIO 252 (18%). Il y a 6 élus au premier tour. Au total, la liste radicale gagne 21 sièges, les opposants évolutionnistes en ont un et il y a un indépendant. Louis Rey est élu au second tour avec 574 voix soit 48,2% des 1 189 votants.
Au sein du conseil municipal, il devient le porte-parole des radicaux, dont l’influence est contestée tandis que le maire, Eugène Voisin, au pouvoir depuis 1888 et dont la santé se dégrade, voit son autorité baisser. Rey polémique, au conseil et par journaux interposés, avec les élus et groupes d’opposition. François Provin, l’élu de la liste évolutionniste, prendra d’ailleurs prétexte du comportement de Rey pour démissionner en novembre 1908 : « je ne saurai siéger au conseil avec le sectaire qui nous traite de ratapoils et de ratichons ». L’autre élu indépendant, le docteur Gripon, qui a au premier semestre 1909 des ennuis familiaux et judiciaires, s’indigne que Rey soit « un intriguant prétentieux et borné. »
Conseiller actif, Rey tient le compte des réalisations, comparant par exemple en septembre 1908 ce qui a été fait par rapport à ce que demandaient les programmes des trois listes. Il s’intéresse en particulier à ce qui touche aux enfants, écoles et patronage, ainsi qu’à l’organisation de séjours pour les enfants de Joinville à la montagne, en l’occurrence dans son Ardèche natale. Rey s’intéresse aussi à l’hygiène publique et à la vie associative. Dans ce domaine aussi, il n’échappe pas à la controverse : ainsi, il encense la société de l’Allaitement familial, laïque, mais est accusé de calomnie pour avoir considéré que l’Union des mères de famille, catholique, faisait un tri parmi les personnes secourues.
Gardien de la ligne politique, Rey est élu électeur sénatorial en décembre 1908. En mars 1909, le conseil municipal et le comité radical et radical-socialiste organise un banquet en l’honneur de la médaille de chevalier de la Légion d’honneur que reçoit Rey et des Palmes académiques qu’obtient un autre radical, Georges Briolay, adjoint au maire.
Une élection partielle étant rendue nécessaire par l’élection au sénat d’Adolphe Maujan Rey soutient le candidat radical Amédée Chenal contre le socialiste SFIO Albert Thomas, appelant les républicains à voter « contre le représentant de la lutte de classes, pour celui qui représente la solidarité de tous les français dans la République sociale ». Il est élu.
À partir de mai 1909, un problème de voirie va dégénérer en crise politique locale. Un entrepreneur, Castella, utilise une rue de Joinville, le chemin de Brétigny (act. avenue du Président-Wilson), pour faire circuler des tombereaux de boues depuis le port sur la Marne provoquant une dégradation de la chaussée. La ville veut qu’il paie les réparations, ce qu’il conteste longtemps. Tous les opposants se retrouvent pour attaquer la majorité municipale, et notamment Rey : les socialistes, les royalistes, les libéraux… Ils utilisent des arguments parfois contradictoires, accusant parfois la ville de ne rien faire, s’inquiétant d’autres fois qu’elle menace une activité qui procure des emplois.
La majorité municipale éclate en juillet 1909 sur un prétexte. Rey voulait organiser un compte-rendu de mandat uniquement auprès de ceux qui avaient voté pour la liste radicale, mais sept de ses colistiers protestent, estimant avoir à rendre des comptes à tous les électeurs. Lors de cette réunion, finalement ouverte à tous, un socialiste traita Rey de « petit Clémenceau », il répliqua « vous êtes une caricature de Jaurès. »
Après avoir visité l’exposition nationale 1909 à Saint-Cloud (Seine, act. Hauts-de-Seine) en septembre, Rey propose d’en organiser une en 1910 à Joinville. Il met en place un comité ad-hoc, mais le projet n’aboutira pas.
La polémique avec l’opposition ne cesse pas ; en novembre 1909, Rey s’en prend au socialiste SFIO Émile Lebègue, lui reprochant d’avoir un arriéré d’impôt, assurant qu’être un « mauvais contribuable amoindrit son autorité de censeur ». Lebègue lui reproche d’être logé dans une propriété communale. Rey répond : « il m’accuse d’être petit et gros, comme si ça l’excusait d’être long et maigre. J’acquitte depuis 6 ans mon loyer à la commune, il n’a pas payé ses taxes. »
Toujours violemment anticlérical, Rey fait adopter une protestation contre l’exécution du pédagogue et anarchiste espagnol Francisco Ferrer, après l’insurrection de Barcelone. Il propose en janvier 1910 de créer un square ou un jeu de boules sur le terrain autour de l’église, ce qui est contesté par le curé, qui fait remarquer que le terrain accueille déjà la morgue.
L’affaire du chemin de Brétigny, que Rey croyait résolue fin 1909, continue cependant en janvier 1910. Une réunion publique, à laquelle participent les sept conseillers municipaux qui se sont détachés de la majorité radicale, exige que, à défaut d’exécution des travaux le 31 janvier, la municipalité démissionne. Cependant, une violente inondation de la Marne touche Joinville ce même mois, laissant tous les quartiers riverains sous les eaux pendant plusieurs semaines.
Malgré le contexte de submersion, la campagne électorale pour les élections législatives générales de mai 1910 est lancée. Face au socialiste Albert Thomas et à un libéral, Daboncourt, le parti radical-socialiste a investi Louis Bonnet, ancien adversaire à l’épée de Rey, mais qui sont réconciliés. Bonnet n’arrive qu’en deuxième position, loin de Thomas. Bonnet s’efface mais un radical indépendant, Adolphe Chéron, se présente au second tour. Rey avait annoncé que, si Bonnet devait se retire, il voterait pour Thomas « parce qu’il est trop intelligent pour ne pas évoluer une fois élu ». S’il dit regretter le vote il assure : « nous ne désespérons pas de la République radicale-socialiste ». Il change cependant d’avis : « J’abandonne Thomas pour venir à Chéron, préférant la grive républicaine au merle des unifiés ». La situation n’est pourtant pas très claire, car si Chéron est soutenu par les radicaux de la circonscription, du fait d’un accord fédéral, Thomas a le soutien du parti radical-socialiste. Thomas est élu. Il sera ministre pendant la première guerre mondiale puis maire de Champigny et directeur du Bureau international du travail après-guerre. Rey n’est pourtant pas peiné du résultat : « Thomas est élu, vive Thomas ! C’est un homme d’une haute culture intellectuelle. Thomas jaunira. C’est le lot des unifiés qui ont quelque chose dans le cerveau que de ne pas rester esclave du syllabus guesdiste ». Les revirements de Rey ont cependant des conséquences locales dont il témoigne dans la rubrique qu’il tient au sein de l’hebdomadaire Voix des communes : « Des évolutionnistes et des ratapoils sont venus dimanche dernier entre 11h et minuit crier sous ma fenêtre avenue des Platanes Vive Thomas !, m’invectivant et me criant de donner ma démission du conseil municipal et conspuant Voix des communes. »
L’échec législatif, dans une circonscription acquise aux radicaux depuis le retour au scrutin majoritaire en 1889, provoque des incidents. Plusieurs commerçants joinvillais assurent, selon Rey « Nous voilà débarrassés des radicaux ! » ou « les démissions pleuvent chez le président Gallas, c’est la débandade ». Reconnaissant la crise, Rey tente de la relativiser. Sur 80 adhérents au comité radical, il compte quatre démissions dont celles de trois élus.
La fin de l’inondation et celle de la période électorale relance de nouveau l’affaire du chemin de Brétigny. Rey est toujours l’objet d’attaques de ses adversaires : le conservateur Louis Gallas parle de lui comme d’un « petit gnome (vous le reconnaîtrez facilement au ruban rouge qui orne, on ne sait trop pourquoi d’ailleurs, sa boutonnière) ». Quant au socialiste Lebègue, il le traite « d’échappé de séminaire, zouave en rupture de courage, chimiste raté, empereur de carton, comédien de la salle des trois escobardes, habile jésuite, petit garçon… ». Rey assure n’avoir jamais mis les pieds au séminaire et compter quelques amis dans le parti SFIO.
La gestion de l’inondation devient aussi une source de polémique. Théophile Leteuil, candidat aux élections de 1908 sur la liste évolutionniste, se proclame président d’un Groupement des sinistrés de Joinville et met aussi en cause la gestion de la caisse des écoles. Rey récapitule attitude « girouettesque » : boulangiste en 1889, radical en 1900, évolutionniste en 1908, socialiste en 1909, proche des libéraux en 1910. Il regrette ces changements, car Leteuil fut son parrain lorsqu’il arriva à Joinville – qu’il lui fournissait du vin « excellent. »
En 1911, la crise s’accentue chez les radicaux avec la démission de leur président local Albert Gallas. L’un d’entre eux s’inquiète : « Y aura-t-il en 1912 une liste radicale et radicale-socialiste ? Y aura-t-il seulement un comité radical ? J’ai peur que non. Dès à présent, ce comité n’existe plus. Ce n’est même plus l’ombre d’un comité ». La réunion de compte-rendu de mandat du conseil municipal le 16 février met en scène la fracture, quatre dissidents (Watrinet, Vel-Durand, Mermet et Arnaud) se faisant applaudir à la fois par les socialistes et les évolutionnistes. Lebègue (SFIO) dénonce « l’incurie et la mauvaise gestion municipale » et appelle la municipalité à démissionner. À 23h, les conseillers municipaux qui, l’hiver, habitent Paris, demandent la permission de se retirer pour prendre leur train : c’est le départ de Guelpa, Roux, Boileau, Nivelet et Rey, tous fidèles du maire Eugène Voisin, souffrant. Des cris de « démission ! démission ! » fusent de la part des unifiés, évolutionnistes et libéraux.
Le libéral Louis Gallas considère que les quatre dissidents « ne veulent plus obéir servilement aux injonctions de la franc-maçonnerie » et reprend dans Le Courrier libéral des assertions de Lebègue qui considère Rey « comme un dégoûtant et répugnant personnage, ayant été chercher la Légion d’honneur qui orne sa boutonnière dans une officine louche de placement gratuit ». Rey assure que « Si la loi de 1904 sur l’abolition des bureaux de placement payant, trafic honteux du travail des prolétaires, a été votée, j’en suis le premier artisan. (…) Sept ans avant la loi de 1884 sur les syndicats, je créais des associations ouvrières et j’y instituai des offices de placement mutuel qui ont été honorées de récompenses aux expositions universelles de 1889 et 1900, économie sociale. Le ministre du travail voulut bien reconnaître la part prise par moi à cette émancipation des travailleurs. »
Un dernier évènement va renforcer la confusion au sein du conseil municipal. Rey dénonce un scandale avec des faits répréhensibles se passant depuis deux ans dans une classe de l’école de Polangis, dénoncés par une mère d’élève. Avec le directeur de l’école, les élus dissidents – qui sont devenus six – reprochent à Rey d’avoir mis l’affaire sur la place publique alors qu’il ne s’agissait que d’enfantillages ; il répond « Que la divulgation ne soit pas correcte, soit ; elle était nécessaire, les scandales ont cessé ». Il assure qu’il défend « la moralité des enfants des pauvres. »
Sept conseillers municipaux ayant démissionné en avril 1911, il devient nécessaire d’organiser des élections municipales complémentaires en mai. Rey qualifie les démissionnaires de « saxons ». Six d’entre eux se représentent. Anciens radicaux, ils ont désormais le soutien des socialistes unifiés et des libéraux. Rey s’étonne de l’attitude d’Henri Vel-Durand, l’un des plus en vue et futur maire de Joinville : « J’ai défendu Vel-Durand quand il était attaqué et qualifié de juif (…) Vel-Durand renierait son meilleur ami, s’il en avait, pour servir ses intérêts ». Les démissionnaires sont réélus face à une liste constituée par des commerçants. Rey assure que la réorganisation du parti radical-socialiste s’impose et annonce vouloir démissionner. Un de ses amis, Paul Guelpa, conseiller municipal, lui envoie une lettre ouverte formulée ainsi : « à SM Rey, empereur de Joinville. Malgré les objurgations de vos amis, vous persistez à rester démissionnaire ? Vous, le fougueux polémiste, vous resteriez étourdi au premier choc ? Descendez de votre trône, soyez le citoyen Rey. Vous prétendez être la cause directe de l’élection des dissidents ; leur succès est une victoire d’intrigues unifiés-réactionnaires. La majorité républicaine du conseil a besoin d’union. »
Répondant à Paul Guelpa, Louis Rey assure « J’ai ri de bon cœur. Pendant 3 ans, nous avons fait notre devoir, rempli notre mandat. J’ai dépensé sans compter mon activité et mon temps, j’ai pris à cœur mon rôle de conseiller municipal. J’ai défendu la municipalité et le conseil municipal attaqués par Lebègue et Leteuil. Je reste empereur, c’est autrement gai que de siéger à côté d’un croquemort comme vous allez être obligé de le faire. Vive Joinville, à bas les Saxons et leurs alliés les calotins ! » S’il ne démissionne pas, il ne siègera plus au conseil municipal.
Le comité radical-socialiste est en désarroi et son bureau démissionne tandis que certains membres demandent l’exclusion des élus dissidents. Vel-Durand répond qu’en attaquant Rey il attaque celui qui voulait être le maître du conseil municipal et qui attaquait tout le monde. Georges Briolay devient le nouveau président du comité. Diot, conseiller municipal, rejoint les sept opposants.
Pour les élections municipales générales de mai 1912, Rey assure qu’il n’est pas candidat. Il soutient par contre le comité radical-socialiste qui compte, selon lui, près de 100 adhérents et appelle « à l’union des radicaux ». Rey approuve « Soldat discipliné du parti, j’obéis, je veux oublier les attaques qui m’ont meurtri parce que j’avais fait mon devoir, j’espère que les citoyens Vel-Durand, Mermet et Poitevin, qui se recommandent du parti, feront de même et nous aideront à combattre la liste que Dalbavie est en train de recruter pour mettre hors de la mairie les républicains radicaux-socialistes dont ils font partie. »
Présentant son propre rôle, Rey indique « L’on m’a présenté aux électeurs de Joinville comme le maire occulte, une espèce d’éminence grise. (…) c’est me faire beaucoup d’honneur, me prêter beaucoup de pouvoirs, il n’en est rien. »
Les élections municipales de mai 1912 voient, au second tour, la victoire d’une alliance inédite entre trois listes présentes au premier tour : les dissidents radicaux, les libéraux et conservateurs et les socialistes SFIO contre la liste radicale conduite par Georges Briolay. Un des dissidents, Ernest Mermet, devient maire.
André Georges Roger Cyrille Dunet naît le 5 décembre 1927 à Paris (12e arr.). Il est le fils de deux domestiques, Damir Odette Georgina Alliaume, qui vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) et Georges Marcel Auguste Dunet, résidant à Évreux (Eure).
En 1931, la famille s’installe dans le nouvelle cité de 385 logements installée dans le quartier de Palissy à Joinville, rue de l’Égalité, par la société d’Habitations à bon marché (HBM) de Montreuil. Georges Dunet est devenu cantonnier de la ville de Paris, tandis que Damir Dunet est employée de la société cinématographique Pathé, implantée dans le même quartier.
Selon sa notice nécrologique, publiée dans le magazine municipal de Joinville, André Dunet « partira à Paris peu avant la guerre. Homme d’engagements, il luttera contre les Allemands et, à la Libération, il rejoindra la Croix-Rouge. »
Après la deuxième guerre mondiale, André Dunet devient un responsable syndical, d’abord dans sa branche professionnelle, les Postes, Télégraphes et Téléphones (PTT). Il est responsable de la fédération des PTT de la Confédération générale du travail (CGT) en 1962. En avril 1952, en tant que membre du Conseil économique, il fait partie d’une délégation française qui se rend à la Conférence économique internationale de Moscou. Le Conseil économique, ancêtre du Comité économique, social et environnemental, avait été ré par l’article 25 de la constitution du 13 octobre 1946 qui fondait la 4e République ; c’est un lieu de débat autour de la reconstruction et de la modernisation économique de la France.
En 1975, André Dunet est un collaborateur permanent du bureau confédéral de la CGT, attaché au secteur international, où il a en charge les relations avec « l’Europe non-socialiste », certaines organisations internationales (Organisation internationale du travail, Organisation des Nations-Unies, Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture – FAO) ainsi qu’avec la Fédération syndicale mondiale (FSM), d’obédience communiste. Il est chargé du Bulletin de presse international.
En 1981 et jusqu’en 1990, André Dunet est secrétaire de la commission OIT de la CGT et siège régulièrement à Genève, ville-hôte de l’institution. Il intervient ainsi en 1987 au cours d’un d’une conférence pour examiner les suites de la Déclaration de l’OIT sur l’apartheid en Afrique du Sud. Pour le polémiste Jean Montaldo (La Maffia des syndicats, Albin-Michel, Paris, 1981) André Dunet est, en tant que délégué de la FSM un « agent de formation » de l’influence communiste au sein des syndicats et des organisations internationales.
En mars 1981, André Dunet est nommé membre du Comité économique et social des Communautés européennes, siégeant à Bruxelles, où il remplace Georges Croese. Il met en cause à plusieurs reprises l’orientation politique de l’Europe, faisant par exemple en 1987 une déclaration sur « Chômage, austérité, flexibilité, remise en cause des acquis sociaux ».
Il reprend la même critique en 1988 : « la commission européenne n’entend nullement modifier ses choix et orientations en matière sociale. La rigueur et l’austérité demeureront... » Il démissionne de sa fonction en mai 1988 et est remplacé par Joël Decaillon.
André Dunet s’était réinstallé à Joinville en 1973, dans une nouvelle résidence gérée par l’Office municipal d’habitations à loyers modérés (HLM). Il s’agit cependant d’un groupe de standing plus élevé, des immeubles à loyer normal, situé rue Hippolyte-Pinson, dans le centre-ville. Il crée l’amicale des locataires de la résidence, dont il assumera la présidence pendant 36 ans.
L’amicale est, comme plusieurs autres à Joinville, affiliée à la Confédération nationale du logement (CNL), structure proche du parti communiste. André Dunet apparaît comme le principal responsable de la CNL sur Joinville. C’est lui qui conduit les listes de la CNL lors des élections au conseil d’administration de l’OPHLM municipal entre 1983 et 2010. Sa liste, qui est souvent seule en lice, remporte généralement les trois sièges à pourvoir, sauf en 1992 où elle n’en a que deux avec 79% des suffrages exprimés. Dunet est constamment réélu administrateur.
En 1987, avec son colistier Georges Sicre, André Dunet s’oppose à la vente de logements HLM, souhaitée le conseil d'administration de l'office à l’instigation du maire, Pierre Aubry (divers droite). Le préfet lui donne raison en mai 1992, mais avant cette date, 150 appartements avaient été vendus.
Apparaissant régulièrement aux côtés des élus communistes de la ville, André Dunet participait également aux souscriptions lancées par le quotidien du PCF L’Humanité, par exemple en 1997, 1999 et 2006
André Dunet est mort le 17 octobre 2019 à Créteil (Val-de-Marne). Il était âgé de 91 ans et résidait toujours à Joinville-le-Pont.
Roland Louis Martin naît le 13 décembre 1925 à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils d’Aline Lebel et de son mari Eugène Louis Martin, mécanicien tourneur.
Ils vivent route de Joinville (act. av. Roger-Salengro). Le père meut en décembre 1930 et Roland est alors élevé par sa mère et sa grand-mère maternelle.
Pendant la deuxième guerre mondiale, Roland Martin rejoint la Résistance à l’occupation nazie et est membre des Forces françaises de l’intérieur (FFI).
Le 20 août, le comité de libération de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), commune voisine de Champigny, sort de la clandestinité et occupe la mairie. Le 22 les FFI, les FTP et les cheminots résistants dressent des barricades sur le pont de Joinville et rue Chapsal, à l'entrée de la commune. Le 25 août, alors que Paris est déjà libéré, une violente bataille s'engage à Joinville.
Au début de l'après-midi, une unité allemande, repliée sur le fort de Champigny, veut détruire la barricade de la rue Chapsal défendue par des volontaires, venus des communes voisines. Elle entend faire sauter le pont pour protéger sa retraite et ralentir la progression des alliés.
Des barricades s'élèvent rue de Paris. Des renforts FFI viennent de Nogent, de Saint-Maur, de Saint-Maurice et de Champigny tandis que les Allemands ripostent à la mitrailleuse lourde et au canon. La bataille pour le pont de Joinville fait rage tout l'après-midi. Vers 19 h, un char américain venu de la gare reçoit la reddition des soldats allemands.
Au soir du combat, on relève une quinzaine de morts, et de nombreux blessés dont quatre mourront ensuite. Roland Martin tombe les armes à la main face aux Allemands à la hauteur du 48, avenue Gallieni. Des plaques commémoratives apposées en différents sites de Joinville rappellent le souvenir des 19 disparus : Georges Arkhangeslsky, Joseph Belbéoch, Gaston Belny, Eugène Bonnard, Alexandre Buchou, Jules Charon dit Siki, Marie Chevrier, Pierre Demont, Jean Dewilde, Eugène Dumont, Émile Dupuis, Juliette Josselin Demarcy, Marcel Fournier, Pierre Metz, Émile Pilz, Cyrille Poitevin, Georges Tabouret et Jean Viacroze.
Le lundi 28 août les obsèques des victimes sont célébrées solennellement, en présence d'une foule considérable.
La mention « Mort pour la France » est apposée sur l’état-civil.
Le nom de Roland Martin a été donné à une rue de Champigny-sur-Marne. Son nom figure également sur le monument aux morts de Champigny et sur une plaque apposée à Joinville près du lieu de sa mort, 48 bis, avenue Galliéni.
La Compagnie Générale de phonographes, cinématographe et appareils de précision (société Pathé-frères), dirigée par Charles Pathé et implantée à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne) se lança dans la fabrication industrielle de films vierges en 1906 et créa les laboratoires de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) à cette fin, dans le quartier de Palissy.
Vernière est employé de la société, qui lui confie le soin de construire des habitations à bon marché sur un terrain dont elle est propriétaire, boulevard de Polangis. La coopérative à capital variable Union des Prévoyants de Polangis est mise en place en juin 1908. C’est, en France, une des premières institutions de ce type. Son siège est fixé chez Paul Alombert, commissaire vérificateur, rue Chapsal, à Joinville.
Vernière publie des affiches, informant les joinvillais sur le projet coopératif et sa finalité.
Dotée d’un capital de départ de 30 000 francs, l’institution attire, selon la presse locale, de nombreux souscripteurs, ayant placé en octobre 1908 3 800 billets pour 19 000 francs. C’est à cette date que Vernière aurait quitté la présidence.
En 1912, le bilan de l’Union des Prévoyants de Polangis mentionne des obligations remises à la caisse des dépôts pour un montant de 66 000 francs. Un rapport de 1922 évalue ses fonds à 200 000 francs. Cependant, il semble qu’aucune construction sociale n’ait été faite par la coopérative, qui n’existe plus au moment de la constitution du conseil d'administration de l'Office public d'habitations à bon marché de Joinville en avril 1931.
Dans la société Pathé, Vernière s’occupe des relations avec la municipalité. Les relations sont difficiles, plusieurs élus et d’autres personnalités locales critiquant par exemple la construction de la cheminée. Quand l’usine demande à augmenter son stock de celluloïd, l’assentiment du conseil municipal n’est donné que sous réserve de précautions. Pour faire pression sur les élus, Vernière fait circuler un mot d’ordre de vote contre Henri Vel-Durand, candidat radical-socialiste au conseil d’arrondissement en juin 1908. Il sera cependant réélu, contre un candidat socialiste indépendant, René Martin et un socialiste SFIO, Tranchant.
En avril 1908, Vernière est président d’un comité d’action sociale qui dialogue avec les socialistes SFIO de Joinville, notamment Henri Lacroix. Il aurait été constitué en 1906, alors que Vernière avait demandé à adhérer au comité radical-socialiste. En juillet 1908, Vernière suspend son comité d’action sociale et rejoint le comité républicain-socialiste indépendant, dit évolutionniste, ce qui provoque le départ d’un de ses fondateurs, Eugène Hainsselin.
Hainsselin et Vernière vont cependant se réconcilier rapidement, et ce dernier soutient la publication du journal L’Indépendant, publié par Hainsselin, syndicaliste et ancien socialiste-révolutionnaire puis socialiste SFIO, mais qui a aussi le soutien de Gaston Méry, conseiller municipal réactionnaire de Paris, rédacteur au journal d’extrême-droite LaLibre Parole.
En octobre 1908, les évolutionnistes Hainsselin, Martin et Vernière font alliance avec Théophile Leteuil, ancien conseiller municipal radical-socialiste démissionnaire.
Vernière quitte probablement Joinville et la maison Pathé vers la fin de 1908.
Les dates et lieux de naissance et de décès d’A. Vernière, ainsi que son prénom complet, ne sont pas connus.
Pierre Allaire est né le 30 octobre 1894 à Paris (5e arr.). Il est le fils de Maria Vantuycom, professeur de piano et de son mari, Gabriel Allaire, agent d'affaires.
Pierre Allaire est instituteur en 1914, année où il devrait faire son service militaire, mais il est ajourné d’un an pour « faiblesse ». Il réside avec sa famille depuis une quinaine d’années à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), d’abord dans le quartier de Palissy, avenue Gille, puis dans celui de Polangis, rond-point de Polangis (act. place de Verdun).
Après le déclenchement de la première guerre mondiale, il s’engage pour la durée du conflit et est incorporé, en septembre 1914, au 78e régiment d’infanterie. Nommé caporal en novembre de la même année il est cité à l’ordre du régiment pour avoir, en avril 1915 à Flirey (Meurthe-et-Moselle) « participé courageusement à conquérir et conserver les tranchées ennemies ». Il est ensuite nommé sergent en mai.
Il est une première fois blessé à son poste de combat en septembre 1915, dans les combats du Labyrinthe, entre Neuville-Saint-Vaast et Écurie (Pas-de-Calais). Il a une plaie pénétrante au pied gauche, due à un éclat d’obus. En septembre 1916, il est sous-lieutenant et affecté au 90e régiment d’infanterie. Le 10 avril 1918, il a un poumon perforé par balle lors de sa troisième blessure dans des combats autour de la ferme de l’Espérance à Saint-Hilaire-le-Grand (Marne). Il est cité pour avoir entraîné « sa compagnie entière à l'assaut d'une tranchée ennemie au chant de la Marseillaise et s'en est emparé ». Il est promu en septembre 1918 et confirmé dans son grade à titre définitif en juin suivant. Il est mis en congé en septembre 1919.
Marié à Joinville le 25 février 1918 avec Jeanne Méresse, il est veuf dès le mois d’octobre. Pierre Allaire se remaria dans la commune le 26 septembre 1922 avec sa belle-sœur, Marthe Juliette Méresse. Il enseigne dans l’école publique de Joinville.
Du fait des lésions pulmonaires liées à sa blessure par balles, il obtient une pension en février 1929, au taux d’invalidité de 10%, porté à 30% en mars 1937 suite à une aggravation.
Il quitte la région parisienne pour s’installer, en 1931 à Daglan (Dordogne) puis à Bergerac, dans le même département, où il réside rue de Reims en 1936. Il revient à Joinville fin 1937 et enseigne dans la nouvelle école du quartier de Polangis, baptisée Jules-Ferry lorsqu’elle est inaugurée par Jean Zay, ministre du Front populaire, en 1938.
Sans doute mobilisé comme officier au début de la deuxième guerre mondiale, il est mis en non disponibilité début octobre 1939 et renvoyé dans ses foyers. Il s’engage dans la résistance et fut homologué au titre des Forces françaises de l’intérieur (FFI).
Suite au conflit, il enseigne de nouveau au groupe scolaire de Polangis jusqu’en 1947.
Il est candidat en octobre 1947 sur la liste socialiste SFIO de Léon Berthet lors des élections municipales à Joinville-le-Pont. Elle s’oppose à une liste de droite et à une autre regroupant communistes et radicaux ; elle obtient un siège sur 27. Il devient conseiller municipal le 14 novembre 1951, en remplacement de Léon Berthet, démissionnaire.
Ses fonctions cessèrent dès le 19 janvier 1952 en raison de son état de santé. Il sera remplacé par Victor Hochet*. Le maire était alors le communiste Robert Deloche*.
Pierre Allaire est mort le 11 avril 1960 à Paris (13e arr.) où il était hospitalisé. Il était âgé de 63 ans et résidait toujours, avec sa seconde épouse, avenue des Lilas à Joinville.
Il avait été nommé chevalier de la Légion d’honneur le 6 juin 1920 ; il était titulaire de la Croix de guerre avec étoile de bronze. La voie de Joinville où il résidait porte désormais le nom d’avenue Pierre Allaire. Il avait également reçu en février 1931 une mention honorable de la Mutualité comme collecteur de la Mutualité scolaire de Joinville.
Maria Louisa Élisa Clara Désirée Vantuycom naît le 16 octobre 1863 à Alger. Elle est déclarée comme étant de père et mère non dénommés. Sa mère est probablement Élisa Vantuycom, qui donnera naissance, en juillet 1869 Alger, toujours sans père nommé, à un garçon déclaré comme Henri Gustave Arthur Désiré Vantuycom.
Lauréate du Conservatoire de musique, devenue professeur de piano, Louise Vantuycom épouse en avril 1894 à Paris (5e arr.) Gabriel Marie Louis Allaire, agent de contentieux. Ils avaient déjà donné naissance à un fils, Paul Raymond Allaire, né en février 1893, et résidaient 23, quai de la Tournelle, dans le même arrondissement.
Outre ses cours, Mme Allaire accompagne fréquemment des manifestations publiques. Ainsi, en avril 1900, elle joue lors de la fête d'inauguration de La Jeunesse de Reuilly, association amicale des anciens élèves de l'école de garçons de la rue de Reuilly, à Paris (12e arr.) en présence de Louis Lucipia, président du Conseil municipal.
En octobre 1900, elle se voit offrir un prix par le président de la République au cours d’une assemblée de l'Association philomathique, dont son mari est un des responsables.
La famille Allaire s’étant installée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), d’abord avenue Gille, dans le quartier de Palissy, puis dans le quartier de Polangis, Louise Maria Allaire va enseigner le chant dans les écoles et donne également des cours à l’Association philotechnique, une société d’enseignement populaire. Chaque année, elle donne un concert avec ses élèves et la société philarmonique municipale.
En avril 1905, elle participe, avec M. Lechevalier, à la création de l’Union artistique, pour faciliter l’organisation de soirées musicales. Elle donne par exemple un concert pour la caisse des écoles en février 1906, une soirée en faveur des familles des victimes de la catastrophe aux mines de Courrières en mars la même année ou pour les réfugiés de Sicile en janvier 1909.
Son engagement en faveur des écoles publiques lui vaut la sympathie des militants laïques. L’hebdomadaire Réveil socialiste titre ainsi en mars 1906 : « Bravo, madame Allaire, pour vos bonnes œuvres, bravo aussi pour tous les artistes, petits et grands. »
Louise Maria Allaire meurt le 19 mars 1926 à Joinville. Elle était âgée de 62 ans et résidait avenue du Château (future avenue Foch) dans le quartier de Polangis. Elle était titulaire des Palmes académiques comme officier d’académie depuis juillet 1901.
Ses deux fils furent instituteurs : Paul Allaire devint militant mutualiste ; Pierre Allaire s’illustra comme officier pendant la première guerre mondiale où il est sérieusement blessé, fut résistant pendant la deuxième guerre mondiale puis conseiller municipal de Joinville-le-Pont en 1951-1952. Il a été décoré de la Croix de guerre et de la Légion d’honneur et son nom a été donné une voie de Joinville-le-Pont, la rue Pierre-Allaire.
Gabriel Marie Louis Allaire naît le 17 août 1854 à Saint-Genis-de-Saintonge (Charente-Inférieure, act. Charente-Maritime). Il est le fils de Louise Roullet et de son mari, Pierre Christophe Allaire, négociant.
En mai 1887, une fille, Georgette Rosa Barthe, naît à Paris (4e arr.) de Rosalie Eugénie Barthe, avec laquelle Gabriel Allaire a vraisemblablement eu une relation. Il ne reconnaîtra pas officiellement Georgette Barthe, mais il en sera le tuteur après la mort de sa mère et représentera le conseil de famille pour son mariage en novembre 1907 à Joinville-le-Pont, alors qu’elle est domiciliée chez lui.
Marié en avril 1894 à Paris (5e arr.) avec une professeure de piano, Maria Louise Élisa Clara Désirée Vantuycom, Gabriel Allaire avait déjà eu avec elle un fils, Paul Raymond Allaire, né en février 1893. Ils résidaient quai de la Tournelle. Alors directeur de contentieux, Allaire se mettra ensuite à son compte.
Après la naissance d’un nouveau fils en octobre 1894, la famille va s’installer à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Palissy, avenue Gille.
Comme son épouse, Gabriel Allaire va s’engager dans des activités d’éducation populaire. Il donne des conférences sur des questions liées à l’agriculture au sein de l'association philomathique de Paris, œuvre gratuite d'enseignement populaire et d'assistance médicale, dont le siège est rue de la Verrerie. Elle a été fondée en 1894 par Léonce Dariac, haut fonctionnaire, membre du cabinet du ministre de l'Agriculture.
Il devient secrétaire général de l’association en décembre 1902 ; il en est le vice-président en 1911.
Dans sa commune de résidence, Gabriel Allaire est membre du bureau de bienfaisance. Il est particulièrement actif pendant les grandes inondations de la Marne au 1er trimestre 1910. Allaire s’occupe notamment de la délivrance de laisser-passer pour accéder aux maisons, afin d’éviter les cambriolages et de la réquisition de braseros, placés dans les rues, pour faciliter la vie des rescapés.
Il est membre du comité radical-socialiste de la commune, et prend donc probablement part à la campagne électorale pour les élections municipales de mai 1912, qui voient – alors que le maire sortant, Eugène Voisin, ne se représentait pas – la défaite de la liste de la municipalité radicale sortante face à une coalition de radicaux dissidents, conservateurs, libéraux et socialistes SFIO.
Gabriel Allaire meurt le 3 septembre 1918 à Joinville. Il était âgé de 64 ans. Pour ses activités éducatives, il avait été décoré en du mérite agricole, comme chevalier en juillet 1902 puis officier en janvier 1908, ainsi que des Palmes académiques, d’abord officier d’académie en juillet 1904 puis officier de l’instruction publique en mai 1911.
Ses deux fils furent instituteurs : Paul Allaire devint militant mutualiste ; Pierre Allaire s’illustra comme officier pendant la première guerre mondiale où il est sérieusement blessé, fut résistant pendant la deuxième guerre mondiale puis conseiller municipal de Joinville-le-Pont en 1951-1952. Il a été décoré de la Croix de guerre et de la Légion d’honneur et son nom a été donné une voie de Joinville-le-Pont, la rue Pierre-Allaire.