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21 mai 2020 4 21 /05 /mai /2020 00:01

Suite de la biographie de Jean-Marie Gille

Bien qu’il n’ait pas, à notre connaissance, de formation particulière en matière scientifique ou technique, Jean Marie Gille, qui est toujours marchand de porcelaines et s’est installé rue du Temple à Paris (3e arr.), va déposer un grand nombre de brevets d’invention. L’Institut national de la propriété industrielle (INPI) en comptabilise huit, plus deux améliorations de brevets déjà déposés. Le premier brevet, en août 1832, concerne un système de chauffage par la vapeur pour des fauteuils creux et des chauffe-pieds.

En septembre 1840, Gille fait breveter un réflecteur transparent destiné à éclairer les numéros des maisons (au moyen de lampes à huile), et un siphon ventilateur pour allumer le feu dans les cheminées. En 1850, il invente une application au feu de l'argenture sur la porcelaine dite biscuit.

C’est la décoration des pièces qu’il produit, puisqu’il est désormais fabricant depuis 1839, que Gille fait protéger en 1854 : « obtention, à l'aide du laminoir, de la presse emporte-pièce ou rouleau à main, de la broderie et de la gravure en porcelaine et autres ornements, tels que feuilles, fleurs, figures, etc. »

Il est à l’origine en 1856 d’une nouveauté qui connaîtra un certain succès, même si les supports métalliques émaillés ont une diffusion beaucoup plus grande : celle des plaques en porcelaine contenant l'indication du nom des rues et autres renseignements utiles.

La vie à l’intérieur des maisons l’intéresse également, avec le brevet déposé en août 1857 pour « application de la porcelaine blanche et décorée aux patères, servant à accrocher toute espèce de choses ». En juin 1862, c’est un curieux encrier-calendrier qui est le fruit de son imagination.

Enfin, il revient en novembre 1863 au décor sur porcelaine avec l’application de de diamants, perles et pierreries montés dans des chatons métalliques.

C’est en 1837 que Gille crée sa fabrique, qu’il installe rue Paradis-Poissonnière à Paris (10e arr., act. rue de Paradis) tout en conservant sa boutique de la rue du Temple. En 1844, elle emploie 160 ouvriers et est réputée pour la qualité du travail, qui concerne surtout des figures en biscuit et des pièces décoratives recouvertes d’une application d’argent. Cette même année 1844, il expose une cheminée en porcelaine « charmante pour les boudoirs ». Les marques utilisées sont « Gille Jeune Fabricant à Paris » en creux, ou bien un cachet en creux ou en pâte bleue au monogramme GJ. S’installant comme un producteur d’objets de luxe, Gille se fournit en matière première à Limoges et vend également du cristal de Sèvres. Ses productions acquièrent une réputation artistique, confortée par sa participation très fréquente à des salons. .

Gille participe, au moins à partir de 1843, aux expositions nationales organisées à Paris au palais des Champs-Élysées. Il y présente une Sainte-Famille d'après Murillo et un Paysage. En 1844, il revient avec une Tête de Christ, un tableau de fruits et un autre de fleurs. Toujours en 1844, il réalise pour un bateau à vapeur plusieurs tableaux représentant l’histoire de Gil-Blas, inspirée du roman picaresque du siècle précédent.

L’aspect technique du travail de l’atelier de Gille est souligné dans la presse, notamment professionnelle. Sa maîtrise de la cuisson fait qu’il produit des statuettes de grandes dimensions.

Pendant la période révolutionnaire de 1848, en attente d’une reprise du commerce, Gille réalise selon le quotidien Le Constitutionnel (1849/07/31) « des essais coûteux » afin d’incruster de porcelaine dans les meubles en bois ou à des objets en marbre et bronze ainsi que sur des lampes. Le 28 février, il avait été signataire d’une lettre de 17 négociants en porcelaine parisiens qui annonçaient qu’ils avaient « repris leurs travaux habituels », « afin de conserver ce travail aux ouvriers » et « pour raffermir l'ordre et la » confiance que tout bon citoyen doit appeler de tous ses vœux ». Puis, avec l’installation du régime napoléonien et le fort accroissement de la bourgeoisie, l’activité de Gille va connaître son apogée.

La première Exposition universelle à laquelle participe Gille est celle de Londres en 851. Il y obtient une médaille de seconde classe pour un chambranle en porcelaine. En août 1853, un incendie considérable détruit la fabrique Gille à Paris.

Probablement pour assurer sa publicité et conforter sa position, Gille réalise un buste de Louis Napoléon Bonaparte, d’après un modèle du sculpteur Jean-Auguste Barre, dont le premier exemplaire est installé, en novembre 1852, dans la mairie - achevée l’année précédente - de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est ensuite envoyé à celui devenu peu après l’empereur Napoléon III, puis exposé à l’Hôtel-de-ville de Paris lors d’un bal en février 1854.

Lors de l'Exposition universelle de Paris en 1855, Gille recueille une médaille de 1e classe, en particulier pour une Immaculée Conception grandeur nature et une Fontaine à tritons. Il est également fait chevalier de la Légion d’honneur, par l’empereur lui-même, selon le journal La Lumière. Sa nomination porte le motif suivant : « Ancien ouvrier – Progrès et développement dans l’industrie de la porcelaine, et services rendus à la classe ouvrière ». Elle correspond à l’idéologie de la monarchie, le prince Napoléon, président de la commission impériale, ayant déclaré : « chez nous, le soldat peut devenir général, grand industriel le simple ouvrier ! »

Membre du Conseil des Prud'hommes pour les produits chimiques déjà en 1855, et réélu encore en 1865 à cette fonction, Gille défend une conception sociale du monde ouvrier, en particulier pour la promotion de caisses de retraite pour la vieillesse avec certains autres employeurs, comme les sociétés de chemins de fer, la compagnie des Omnibus ou la manufacture de glaces de Saint-Gobain. Gille retient 5% des salaires de ses employés et double leurs cotisations de sa propre caisse.

En couronnement de son ascension sociale, Gille est nommé, en juillet 1858 fournisseur officiel de l’impératrice Eugénie

À suivre

Figurines de l'atelier Gilles Jeune

 

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19 mai 2020 2 19 /05 /mai /2020 00:01

Début de la biographie de Jean-Marie Gille

Jean Marie Gille naît le 16 fructidor an 6 (2 septembre 1798) à Paris (8e arr.). Il est le fils de Marie Catherine Nel (ou Vel) et de son époux Louis Gille.

La jeunesse de Gille a fait l’objet de plusieurs récits, au caractère peut-être partiellement légendaire. Charles Robin, dans son Histoire illustrée de l'exposition universelle de Paris en 1855 décrit son point de départ : « M. Gille fut un pauvre apprenti. Jusqu’à vingt-cinq ans, simple ouvrier bijoutier, qu’épouvantait surtout la peur de l’avenir. Un jour, sentant que ce n’était point sa vocation, il résolut de changer d’état. Pour toute fortune, il avait cinq francs. Acheter avec ses cinq francs des porcelaines fêlées, les revendre, tel fut son début. Un peu plus tard, il parvint à conquérir une échoppe. Avec le temps, la patience et le travail, l’échoppe devint une boutique, puis un magasin, puis une fabrique qui sera bientôt l’une des gloires du pays. »

Le journaliste du quotidien de Bordeaux La Gironde, P. Barrué, raconte en juillet 1867 : « Enfant, il a enduré toutes les souffrances qu’on put imaginer : la faim, le froid, la maladie. Le récit de ses années d’apprentissage arracherait des larmes aux moins compatissants. Faible, chétif, malingre, abandonné de tous, il eut un moment l’envie folle d’aller chercher le calme et le repos sous les flots verdâtres que la Seine roule au milieu de la grande cité. Par bonheur il était de la race des gens fortement trempés que l’adversité fait plier sans les abattre ; il détourna la tête, et revint dans sa mansarde, après s’être juré de lutter jusqu’au bout. »

L’état-civil de Paris, reconstitué après sa destruction en 1871, livre deux dates pour le mariage de Jean Marie Gille avec Didière Julie Anne Mercier à Paris, octobre 1825 ou janvier 1827. Ils vivent à ce moment rue du Temple à Paris (3e arr.), endroit où est situé le commerce de son frère aîné, Armand Gille. C’est probablement pour se différencier de lui que Jean Marie Gille se fit appeler « Gille jeune » dans sa carrière professionnelle.

Armand Gille (1794-1881) fait commerce d’articles de porcelaine et est également peintre. En février 1832, il s’adresse à la chambre des députés pour lui proposer de mettre en place une caisse de chômage, gérée et surveillée par la Banque de France, en utilisant le fait que les ouvriers doivent, en France, avoir un livret pour être employé. Chaque ouvrier toucherait un franc par jour sans emploi, sous forme d’avance sur son travail à venir. Lorsqu’il reprendrait une activité, une retenue serait faite sur ses journées. Gille suggère que le capital de départ de la caisse soit souscrit par des individus. Si l’assemblée qu’applaudir les vues philanthropiques d’Armand Gille, elle écarte le projet, dont le coût lui paraît élevé et par ce qu’elle craint que ce système aurait « pour résultat de détourner, au moins quelquefois, les ouvriers d’un travail fructueux ». Elle s’inquiète aussi du rôle de collecteur que l’on ferait jouer aux chefs d’ateliers.

Pour sa part, Jean Marie Gille, qui assiste son frère dans la boutique familiale, ouvre en 1829 un second point de vente, rue Meslay à Paris (3e arr.) où il fait du louage de porcelaines à domicile pour les noces, repas ou soirées, s’engeant à faire les livraisons deux heures après la demande.

À suivre

Buste de Jean-Marie Gille

 

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17 mai 2020 7 17 /05 /mai /2020 00:01

Suite de la biographie de Charles-Pierre Chapsal

Charles-Pierre Chapsal fut de nouveau élu maire lors du scrutin de juin 1852, après le coup d’État du 2 décembre 1851, conduit par le président de la République, Louis-Napoléon Bonaparte.

Il y avait, sur la partie du Bois de Vincennes qui faisait partie, à ce moment, du territoire de la commune de Joinville-le-Pont, des locaux désaffectés, les redoutes de la Faisanderie et de Gravelle. Le ministère de la Guerre y fonde en 1852 un centre d'instruction de gymnastique et d'escrime ouvert aux officiers (30 sous-lieutenants) et à des sous-officiers (à raison d'un par régiment) appelés à jouer le rôle d'instructeurs dans l'armée de terre et éventuellement dans les établissements scolaires (dont l’enseignement était partiellement militarisé). La première promotion de 120 hommes entre en juillet 1852 dans les bâtiments de la Faisanderie. L’école accueillera ensuite le bataillon de Joinville et, démilitarisée, deviendra ensuite l’INSEP.

Pour décorer la mairie, inaugurée en octobre 1851, il a fait appel au fabricant de porcelaine, Jean-Marie Gille, également conseiller municipal, pour réaliser un buste grandeur nature du prince-président d’après un modèle du sculpteur Jean-Auguste Barre. La statue est inaugurée en novembre 1852 avec le corps d’officiers de l’école normale de gymnastique, le conseil municipal, la compagnie locale de la garde nationale et le sous-préfet de Sceaux. La cérémonie sa conclut au cri de « Vive l'empereur ! » Louis-Napoléon Bonaparte se fera proclamer empereur le 2 décembre de la même année, sous le titre de Napoléon III.

Après l’instauration du second Empire, Chapsal est une nouvelle fois réélu au conseil municipal en 1855 et est désigné comme maire. Il devient en outre, en novembre 1855 membre du conseil d'arrondissement de Sceaux, du département de la Seine.

Joinville était une des très rares communes de la région parisienne à ne pas disposer de commune, étant toujours rattachée, comme avant la révolution française de 1789, à la paroisse Saint-Nicolas de Saint-Maur. Chapsal fait voter en 1856 la construction d’une église, dont il apporte, avec sa femme, une partie du financement.

Alors qu’il exerce toujours ses fonctions, Charles-Pierre Chapsal meurt le 27 janvier 1958 à Joinville, dans son château de Polangis. Il était âgé de 71 ans.

Dans son testament, Chapsal légua une somme de 80 000 francs, dont les intérêts devaient être employés en secours annuels de 100 à 300 francs versés « aux plus dignes des instituteurs de la banlieue de Paris (arrondissements de Sceaux Saint Denis) ». Ceux de Paris, mieux payés, en avaient été exclus.

Une rue de Joinville-le-Pont porte son nom. L’église du centre de la commune, ouverte en 1860, a été baptisée Saint-Charles-Borromée.

Charles Chapsal était chevalier de la légion d’honneur. Son fils adoptif, Auguste Courtin, prit sa succession à la mairie de Joinville et au conseil d’arrondissement puis devint maire de Salbris (Loir-et-Cher). Le fils de ce dernier, André Courtin, fut lui aussi maire de Salbris.

Fin

La tombe de la famille Chapsal à Joinville

 

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15 mai 2020 5 15 /05 /mai /2020 00:01

Suite de la biographie de Charles-Pierre Chapsal

Le mariage de Charles Pierre Chapsal avec Anne Adélaïde Favray a lieu en mars 1808 à Paris (11e arr.). Un fils va naître en 1809 de leur union, François Charles. Il meurt, au cours d’un déplacement à Hyères (Var) en février 1831 à 21 ans.

Ce drame familial s’ajoute à une autre péripétie. Vers le 25 décembre 1825 naît à Rennes (Ille-et-Vilaine) un enfant de parents non dénommés qui est appelé Auguste Courtin, selon jugement de janvier 1846 du tribunal civil de la Seine (Paris).

Plusieurs biographes présenteront Auguste Courtin comme l’enfant naturel de Charles Pierre Chapsal. L’état-civil mentionne qu’il est l’enfant adoptif de son épouse, Anne Adélaïde Favray, et il sera l’unique héritier de celle-ci à sa disparition.

En septembre 1835 Charles-Pierre Chapsal et son épouse se portent acquéreurs du domaine de Polangis à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) auprès de Jean-Claude Moynat. Moynat (1763-1837) était un riche agent de change, reconnu notable de la ville de Paris en l’an 9 puis conseiller municipal de Joinville-le-Pont (1834-1837). Il avait acquis le château et la ferme attenante en mars 1824. Au moment de son acquisition, le territoire de la rive gauche de la Marne n’était peuplé, outre le domaine, que d’une douzaine maisons dans le hameau du Bout du Pont. Le lieu était réputé « sauvage, giboyeux et poissonneux » selon Bousquié et avait abrité quelques célébrités, comme Mirabeau ou le maréchal Oudinot.

Les époux Chapsal vivent à Polangis avec une domesticité assez importante (six personnes en 1836 et en 1841). Ils résident en compagnie de leur fils adoptif, Auguste Courtin, recensé comme « Émile Chapsal. »

Disposant d’un patrimoine conséquent, Chapsal figure sur la liste des électeurs de la commune, établie sur des bases censitaires, qui comprend 61 hommes en 1837 et 96 en 1848, sur la base d’un électeur pour dix habitants. À la veille de la révolution qui met fin à la monarchie de Juillet, Chapsal, homme de lettres, est de loin le premier contribuable, avec une fortune double de celle de l’ancien maire, l’épicier Jean Émile Lemaire, et quadruple d’un futur maire, le fabricant de glaces Apollon Delaherche. La fortune de Chapsal est évaluée, en 1843, à 50 000 francs.

Chapsal obtient 6 voix sur 37 votants pour 61 inscrits lors du scrutin municipal de Joinville en mai 1837 ; c’est l’instituteur Jean Marie Molette qui est élu. Un deuxième vote le même jour lui donne 8 voix derrière François Marie Rousseau.

Lors des élections suivantes, en juin 1840, Chapsal est élu, avec 25 voix sur 43 votants pour 64 inscrits. Le maire est, depuis 1830, Laurent Nicolas Pinson, fils d’un des premiers maires de la commune, Laurent François Pinson. En juillet 1843 Chapsal réussit une sorte de coup d’État, ayant demandé la radiation du maire au tribunal d’instance. Pinson se plaint en février d’être attaqué « par un riche propriétaire, membre du conseil municipal » et préfère démissionner en compagnie de son adjoint, Pierre Bainville.

Nommé maire par arrêté préfectoral en juillet 1843, Chapsal choisit comme adjoint le frère de l’ancien maire, Hippolyte Pinson.

Lors des dernières élections censitaires, en juin 1846, Chapsal est réélu par 49 voix sur 50 votants pour 67 inscrits. Il conserve Hippolyte Pinson comme adjoint. Après l’établissement de la deuxième République, Chapsal est réélu lors du scrutin qui se tient le 3 juillet 1848 au suffrage universel masculin. Il se retire début décembre 1848, pour des raisons non connues, et laisse la place à Apollon Delaherche qui assure l’intérim en tant que conseiller municipal délégué, Pinson restant adjoint. Delaherche devient maire en mars 1850 et le reste jusqu’en juin 1852.

A suivre

Portrait de Charles Pierre Chapsal par Sophie Lemire

 

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13 mai 2020 3 13 /05 /mai /2020 00:01

Début de la biographie de Charles-Pierre Chapsal

La date de naissance de Charles-Pierre Chapsal est imprécise, l’état-civil de Paris ayant été en grande partie détruit. Les sources situent sa naissance en 1787 ou 1788 à Paris mais la date de 1787 est la plus généralement admise. Il est le fils Marie Prudhomme et de son époux Pierre Chapsal.

L’identité de son père n’est pas précisée dans les notices biographiques et la défaillance de l’état-civil parisien ne permet pas à ce jour de le retrouver. Il s’agit peut-être du lieutenant d’infanterie Pierre Chapsal, engagé dans la Garde municipale, né en juin 1769 à Paris, qui fut blessé et fait prisonnier lors des combats des troupes napoléoniennes en Espagne à Bailén (Andalousie) ; il quitta l’armée en 1812.

Après avoir été employé à l’hôtel de ville de la capitale, selon certaines sources, Chapsal est en 1808 maître d'études au collège Louis-le-Grand à Paris (5e arr.). Il est aussi secrétaire de Charles-Pierre Girault-Duvivier, grammairien et auteur d’une Grammaire des grammaires parue en 1811.

Âgé de 20 ans, Chapsal rédige un Nouveau dictionnaire grammatical puis, l’an suivant, un essai sur les Principes d'éloquence de Marmontel, consacré à Jean-François Marmontel (1723-1799), encyclopédiste proche de Voltaire.

Les travaux de Chapsal intéressèrent François Noël (1755-1841), ancien professeur de Louis-le-Grand et inspecteur général de l'Instruction publique après avoir été commissaire général de police et préfet sous le Consulat. Noël et Chapsal s’associèrent pour produire ensuite de nombreux ouvrages. Selon le Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle (Larousse), « Le nom de Chapsal est en second en tête du livre, bien qu'il soit avéré aujourd'hui qu'il en est le principal auteur; mais, encore peu connu, il dut abriter son obscurité derrière le nom de Noël célèbre déjà par ses ouvrages, et auquel son titre d'inspecteur général de l'Université donnait une grande influence dans les conseils de l'enseignement. »

Après des Leçons anglaises de littérature et de morale en 1817, qui connurent un certain succès, le grand-œuvre des deux auteurs furent la Nouvelle grammaire française, éditée en 1823 et qui connut une diffusion considérable, avec des rééditions très fréquentes jusqu’à la fin du 19e siècle.

Les deux auteurs produisirent ensuite des déclinaisons de leurs travaux comme un Nouveau Dictionnaire de la langue française en 1826, des Leçons d'analyse grammaticale en 1827 et la même année des Leçons d'analyse logique. Ils cosignèrent en 1829 un Traité des participes et firent la même année un Abrégé de grammaire française. En 1830, ils produisirent un Cours d'études des belles-lettres, de la mythologie, de l'histoire et de la géographie.

En effet, Chapsal était professeur de belles-lettres, d'histoire et de géographie. Il fit partie, en 1821, des fondateurs de la Société de géographie, l'une des plus anciennes sociétés savantes françaises et la première institution de ce type en matière géographique au monde. Elle était présidée par Pierre-Simon de Laplace et comptait également parmi ses membres Champollion, Cuvier, Dumont d'Urville, von Humboldt ou Monge.

L’œuvre principale de Charles Pierre Chapsal et François Noël, la Nouvelle grammaire française, a connu 80 éditions en France de 1823 à 1889, a été édité également au Québec et en Belgique ainsi qu’une traduction américaine en 1878.

Après le décès de François Noël en 1841, Chapsal devint le seul titulaire des droits d’auteurs, qui continuaient à être importants. Il publia encore quelques ouvrages grammaticaux, comme des Modèles de littérature française en 1841 ; une Syntaxe française en 1842 et en 1850, avec Ambroise Rendu, une Méthode pour faire l'application des principes de la grammaire.

Pour le Dictionnaire de Larousse, la Grammaire de Chapsal est disposée avec méthode et rédigée clairement, « donnant tant bien que mal, mais toujours avec une assurance magistrale, la raison des choses à côté de la formule naïve ». Pour l’historien Georges Bousquié, l’ouvrage avait, « à défaut de science et de critique sérieuse, l'habileté et le goût de la simplicité ». De ce fait, il aurait eu « l'utilité de vulgariser l'analyse et de donner une vive impulsion à l'étude du français. »

Les contrefaçons furent nombreuses, en France et à l'étranger, Chapsal engageant plusieurs actions en justice en France comme en Belgique.

En 1838, les grammairiens Charles Martin, Louis-Nicolas Bescherelle et Edouard Braconnier font paraître une Réfutation complète de la grammaire de MM. Noël & Chapsal. Ils veulent démontrer que « les règles si difficiles de MM. Noël et Chapsal sont entièrement fausses, parce qu’elles sont contraires au génie de notre langue ». Mais, en septembre de cette même année, Chapsal obtient le retrait du livre qu’il estimait diffamatoire. Un autre grammairien, M. Gillard essaie de leur faire concurrence avec son propre manuel, considérant « la grammaire de MM. Noël et Chapsal, jugée désormais fort incomplète et même inexacte dans beaucoup de règles ». M. Bonneau édite un libelle, Récréations grammaticales, dans lequel il attribue à Chapsal « 190 barbarismes, fautes de français ou règles fausses ». La dispute des grammairiens porte par exemple sur ce cas : Chapsal recommande de dire « Ce cheval est méchant, n'y touchez pas ! », tandis que Bonneau veut « ne le touchez pas. »

A suivre

 

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9 mai 2020 6 09 /05 /mai /2020 00:01

Édouard Robert Gente naît le 11 juillet 1921 à Melun (Seine-et-Marne). Il est le fils de Léontine Huri et de Robert Gente. Son père, Robert Gente (1898-1973), prisonnier à la fin de la première guerre mondiale, devient fonctionnaire du ministère des anciens combattants, d’abord affecté à l'office départemental de Seine-et-Marne puis nommé en juillet 1943 secrétaire général de l'office départemental d'Ille-et-Vilaine. Il a été fait chevalier de la Légion d’honneur en juillet 1949. Il meurt à Joinville-le-Pont (Val-de-Marne).

Devenu policier, Édouard Gente aurait été, selon son témoignage, actif dans la résistance interne à la police. Il épouse Lucie Thomas, avec laquelle il aura un fils avant son décès en 1955.

Après la deuxième guerre mondiale, il est militant syndicaliste dans la Police nationale et est, en tant que brigadier, membre de la commission administrative paritaire des gardiens de la paix du département de la Seine (puis de Paris) de 1960 à 1969. Dans ses prises de position ultérieures, il est un ardent défenseur des forces de sécurité aux services du citoyen. Il critique la constitution de polices municipales, estimant que « ça ressemble à la police, ça s’appelle police, mais ce n’est pas la police. »

Édouard Gente, alors brigadier au poste de police de l’Hôtel de Ville de Paris, place Baudoyer, livre, en novembre 1986, un témoignage sur la répression meurtrière, par la police française, d'une manifestation d'Algériens organisée à Paris par la fédération de France du FLN le 17 octobre 1961. C’est l’historien Jean Luc Einaudi qui raconte : « De temps en temps, il est de garde au CIV. Il n’aime pas y aller. Les bâtiments sont d’anciens garages construits par l’occupant allemand dans le bois de Vincennes. C’est gris et triste. Il a un peu peur aussi : si les Algériens se révoltaient ? Dieu merci, se rassure-t-il, ils ne bougent pas. « J’ai vu des gars, se souvient-il, qui avaient combattu dans l’armée française pendant la guerre, eh bien ils étaient là comme les autres… » Si Édouard Gente n'aime pas aller à Vincennes, c'est aussi parce qu'il a honte. « Ces pauvres types, se rappelle-t-il, les trois quarts étaient là parce qu'ils avaient été ramassés. Mais qu'est-ce qu'ils avaient fait ? Rien. Le seul tort qu’ils avaient, c’était d’être Nord-Africains. »

Installé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avait rejoint tout jeune le parti socialiste SFIO. Il continue à militer dans sa commune au nouveau parti socialiste, fondé en 1971, où il se faisait avec constance l’avocat de l’union de toute la gauche.

En 1977, Gente est élu conseiller municipal sur la liste de gauche conduite par Guy Gibout, communiste. La liste d’union de la gauche, rassemblant le parti communiste, le parti socialiste, le PSU et les radicaux de gauche (MRG) obtient au 1er tour le 13 mars 1977 3 079 voix, soit 39,9% des 7 725 suffrages exprimés pour 7 875 votants sur 10 636 inscrits. Elle devance quatre listes de droite. Au second tour, elle l’emporte face au maire sortant, Jean Pierre Garchery par 4 035 voix (51,3%) contre 3 836.

Annulée sur décision judiciaire, l’élection municipale partielle de 1978 confirme la victoire de la liste de gauche, par 4 179 voix soit 53,6% sur 7 798 suffrages exprimés pour 11 021 inscrits. Édouard Gente devenait maire adjoint chargé des personnes âgées et du jumelage.

Malgré la défection d’une partie des militants du PS, du PSU et du MRG, qui forment une liste autonome, Gente est, comme la majorité des socialistes joinvillais, en faveur du soutien à une nouvelle candidature du maire sortant Guy Gibout en mars 1983 et figure sur sa liste. Ce dernier est battu par Pierre Aubry (div. droite). Lors des élections législatives de 1988, Gente figure dans le comité de soutien à la candidature d’Henry Morel, socialiste, qui est battu par le maire de Nogent-sur-Marne, Roland Nungesser (RPR, droite).

En préparation des élections municipales de mars 1995, Gente fait partie de la délégation de la section socialiste de Joinville qui négocie un éventuel accord avec la section communiste. Il plaide en faveur d’une union derrière l’ancien maire, mais les négociations n’aboutissent pas ; le candidat socialiste, Henri Sécail, devance, avec 14,3% des suffrages exprimés, le communiste Guy Gibout, qui en a 10,7% tandis que le maire sortant de droite, Pierre Aubry, est réélu.

Édouard Gente meurt le 27 avril 2004 à Créteil (Val-de-Marne). Il était âgé de 82 ans et résidait toujours à Joinville. Son fils, Robert Gente, a été ingénieur commercial dans l’aéronautique et s’est installé dans la région de Toulouse.

Édouard Gente (second à partir de la gauche) avec Guy Gibout (à droite)

 

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7 mai 2020 4 07 /05 /mai /2020 00:01

Julien Aimé Auguste Delorance naît le 12 avril 1886 à Merville (Nord). Il est le fils Victor d’Arthémise Virginie Lesimon et de son époux, Aimé Delorance, nacellier, originaire de Belgique. En 1906, il vit à Watten (59£), où sa mère est marchande de légumes, et est constructeur de bateaux. Il se marie à Épône (Seine-et-Oise, act. Yvelines) en octobre 1919 avec Marie Françoise Bourse. Ils auront trois filles.

À partir de 1920, les Delorance vivent à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne) puis, en 1926, dans la commune voisine de Joinville-le-Pont et en 1923 dans celle limitrophe de Champigny-sur-Marne.

D’abord charpentier construisant des bateaux, activité en vogue sur les bords de Marne où le nautisme est prisé, Delorance devient ensuite menuisier à Paris.

En 1932, il appartient à la section de Joinville du parti socialiste SFIO. Il souscrit pour le quotidien de cette formation, Le Populaire, et dans une collecte de « défense socialiste et républicaine pour la paix et le désarmement. »

Julien Delorance meurt le 6 décembre 1946 à Champigny-sur-Marne. Il était âgé de 60 ans.

Bateaux sur la Marne

 

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5 mai 2020 2 05 /05 /mai /2020 00:01

Émile Jean Desportes naît le 24 octobre 1840 à Paris (8e arr.). Il est le fils de Louise Florentine Talabas et de son époux, François Desportes, employé de commerce.

Devenu lui-même employé de commerce, Émile Desportes épouse en mai 1863 à Tonnerre (Yonne) Louise Victorine Hullin. Ils auront trois enfants.

Installé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), Desportes y retrouve son cousin Jean Ferdinand Lucot (1831-1885), entrepreneur propriétaire et conseiller municipal (1870-1874; 1876-1878 puis 1881-1885). Il réside dans le quartier du Centre, allée des Marronniers (act. rue Eugène Voisin). Sa propriété est qualifiée de château Les Marronniers.

Desportes est convoqué en mars 1888 comme juré dans un jury d’assises. Il participe également avec de nombreux élus au bal donné par la Fanfare municipale au profit des pauvres en avril de la même année.

C’est en juillet 1890 qu’Émile Desportes crée une société littéraire, musicale et dansante à Joinville, L’Espérance, dont il est le président avec comme vice-président le journaliste et conseiller municipal radical-socialiste Henry Vaudémont. Son mandat sera cependant court, puisqu’il laisse Vaudémont présider la première séance ce même mois et cède dès le mois suivant la place de président au maire, Eugène Voisin tandis que le député, Jules Ferdinand Baulard, également radical-socialiste, devient président d’honneur et que Vaudémont reste vice-président. Paul Desportes, fils d’Émile, est nommé trésorier. Jules Alger, négociant, succède fin août à Eugène Voisin, sans doute sous la pression de la préfecture qui voyait d’un mauvais œil qu’il assume une telle fonction, alors qu’il était entrepreneur de fêtes et maire de la commune. L’Espérance donne un grand bal en octobre 1890 puis semble cesser son activité.

Sur le plan politique, Desportes est le secrétaire de la séance publique de compte-rendu de mandat du conseil municipal en octobre 1891. Il s’agit d’une première dans la commune, voulue par Henry Vaudémont et ses camarades radicaux-socialistes. La séance est présidée par le Baulard.

En février 1895, Desportes est membre du comité directeur du Vélo-Club de Joinville, présidé par Laforest.

Émile Desportes meurt le 11 mars 1895 à Joinville. Il était âgé de 54 ans. Après son décès, sa veuve Louise Desportes devint membre en 1904 du comité joinvillais de la Société pour la propagation de l'allaitement maternel, principale organisation humanitaire locale. La Société rassemble principalement des épouses d’élus radicaux. Sa fille cadette, Jeanne, épousa le vice-champion olympique d’aviron, Ernest Barberolle, barreur du club emblématique de Joinville, la Société nautique de la Marne.

Joinville en 1885

 

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3 mai 2020 7 03 /05 /mai /2020 00:01

Lucien Barberolle naît le 11 octobre 1885 à Corbeil (Seine-et-Oise, act. Essonne). Il est le fils de Sophie Debacker et de son époux Albert Jean Barberolle, graveur sur métaux. Son oncle, Ernest Barberolle, barreur d’aviron avec la Société nautique de la Marne (Seine, act. Val-de-Marne) a été médaillé d’argent aux Jeux olympiques de 1920 à Anvers (Belgique).

Devenu également graveur-ciseleur, après son service militaire (1906-1908), Barberolle épouse en octobre 1909 à Paris (14e arr.) Jeanne Marguerite Descoins, couturière. Ils s’installent dans le 3e arrondissement, rue Commines puis rue des Filles-du-Calvaire, et auront trois enfants.

Pendant la première guerre mondiale est mobilisé comme caporal dans l’infanterie, puis comme sergent fourrier. Il est cité à l’ordre du régiment en avril 1915 en tant que « Agent de liaison qui n’a cessé sous un feu très intense et très meurtrier d’assurer son service ». Il est décoré de la Croix de guerre. À partir de novembre 1915, il est détaché dans plusieurs usines : Chambeyre à La Guéroulde (Eure), Delage à Courbevoie puis Sanglet à Villeneuve-la-Garenne (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il est ensuite affecté à des fonctions administratives et démobilisé en avril 1919.

Après-guerre, l’activité de Barberolle se développe et il se présente désormais comme industriel. Il est présenté, en 1925, comme l’inventeur de la combinaison d'une photographie vitrifiée et d'un miroir, qu’il intitule « photo-émail-miroir » et qui est appréciée par la presse spécialisée. Il installe son activité rue de Saintonge, toujours à Paris (3e arr.).

En octobre 1924, Barberolle prend en location une maison en bord de Marne à Joinville-le-Pont, quai Hector-Bisson (act. quai Gabriel-Péri), dans le quartier de Palissy. Il s’implique rapidement dans la vie locale. Il soutient l’activité du Club athlétique de Joinville (CAJ), pour lequel il finance un plongeoir pour son bassin de natation, situé quai Hector-Bisson. Il crée également un Challenge Lucien Barberolle, course d’une heure par relais de trois nageurs, organisé à Joinville de 1927 à 1929.

Lors des élections municipales de mai 1925 à Joinville, Barberolle est candidat sur la liste d’Union républicaine pour la défense des intérêts communaux, conduite par le maire sortant Henri Vel-Durand (radical dissident), qui comprend essentiellement des personnalités libérales et conservatrices. Son programme veut que les lois de laïcité soient « appliquées sans rigueur et sans sectarisme », se prononce pour le maintien de l’octroi appliqué pour l’entrée des marchandises dans la commune, et appelle à l’économie dans les dépenses budgétaires. La liste fait face à deux concurrents : le Cartel de gauche, rassemblant radicaux-socialistes et socialistes SFIO, conduit par Georges Briolay, et la liste du Boc ouvrier et paysan (BOP, communiste). Au premier tour, l’Union républicaine obtient 1 080 voix soit 47,5% des 2 275 suffrages exprimés pour 2 310 votants sur 2 761 inscrits. Le cartel des gauches en a 648 (28,4%) et les communistes 480 (21,1%). Au second tour, malgré le retrait de la liste communiste, l’Union républicaine emporte les 27 sièges à pourvoir avec 1 078 voix. Barberolle est élu conseiller municipal.

Pour les élections cantonales (pour le conseil général du département de la Seine) de juin 1925, Barberolle est candidat dans la 2e circonscription de Saint-Maur-des-Fossés, qui comprend les communes de Créteil, Bonneuil, Joinville et une partie de Saint-Maur. Sous l’étiquette de républicain indépendant, Barberolle recueille au 1er tour 163 voix soit 5,8% des 2 814 suffrages exprimés pour 2 842 votants sur 5 553 inscrits. Il ne se présente pas au second tour où est élu le républicain de gauche (centre-droit) Naudin devant le radical-socialiste Avet et le communiste Muller.

À l’automne 1927, Barberolle le bail de sa maison de Joinville et s’installe à son atelier, rue de Saintonge. Il est candidat pour les élections législatives d’avril 1928, sous l’étiquette de républicain socialiste indépendant (centre droit) dans son arrondissement, se présentant comme commerçant. Il collecte au 1er tour 115 voix soit 0,7% des 15 910 votants sur 18 981 inscrits. Il ne se présente pas au second tour où est élu le républicain de gauche (droite) Louis Puech.

Ayant quitté la région parisienne pour Toulouse en 1933, Lucien Barberolle y est élus en novembre de la même année vice-président et délégué à la propagande de la 17e légion des Croix de guerre dont Louis Deffès, mutilé de guerre et titulaire de la Médaille militaire, est le président.

Après la deuxième guerre mondiale, Lucien Barberolle est membre en tant que sculpteur-graveur de la société des Artistes occitans indépendants. Il participe à plusieurs salons, notamment en 1947 et 1950 à Toulouse. Il présente des panneaux gravés et ciselés, des sculptures en cire et en bronze ainsi que des peintures. Une de ses œuvres, exposée en 1947, s’intitule Le Maquisard.

Barberolle vit rue des Polinaires à Toulouse. La date de son décès n’est pas connue.

 

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1 mai 2020 5 01 /05 /mai /2020 01:01

Albert François Dély naît le 2 avril 1901 à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Clarisse Lucie Parpaix, coupeuse en photographie et de son époux François Dély, plombier qui vivent rue des Tournelles.

Pendant la première guerre mondiale, Dély est mécanicien. Son service militaire est effectué de 1921 à 1923 dans l’artillerie, au sein des troupes françaises d’occupation en Allemagne dans la région rhénane. Il vit alors à Saint-Maurice, commune voisine de Saint-Maur.

Pendant sa période aux armées, il épouse en octobre 1922 à Joinville-le-Pont, autre commune très proche, Madeleine Louise Georgette Payel ; il s’en séparera en février 1927 pour épouser, en mars 1928 de nouveau à Joinville, Renée Georgette Ridard. Ils auront deux enfants.

Depuis 1925, Dély vit à Joinville, dans le quartier de Polangis, avenue Papin. Devenu électricien, il s’oriente vers les nouveaux moyens de communication qui se développent : d’abord la radio puis le cinéma. En 1931, il est employé par les studios Ciné-Romans de Joinville ; son épouse est également engagée comme monteuse de films par la firme Gaumont, à Paris.

Se présentant comme cinéaste, opérateur de prises de vue et ingénieur du son, Dély est en 1937 à Barcelone, en pleine guerre d’Espagne, alors que les forces républicaines font face à l’armée franquiste, avec l’appui de brigades internationales.

Pendant la deuxième guerre mondiale, Dély reçoit une affectation spéciale au ministère du commerce et de l’information. Il est démobilisé en juillet 1940.

À la fin de l’occupation allemande, sans doute fin août ou début septembre 1944, le comité local de libération de Joinville-le-Pont crée un comité d’épuration. Selon une instruction du comité parisien de libération et les arrêtés préfectoraux du 29 août et du 6 septembre 1944, qui les entérinent, « Les Comités de Libération n'ont pas qualité pour suspendre, révoquer ou nommer un fonctionnaire. Ces prérogatives appartiennent à l'autorité préfectorale ou municipale, mais il appartient aux Comités de Libération, par l'entremise du Comité d'épuration, de hâter la constitution des dossiers des suspects. »

L’historien Serge Wolikow signale que le secrétaire du comité d’épuration de Joinville est A. Dély. Il s’agit très probablement d’Albert François Dély ; cependant, son fils, Georges Albert Lucien Dély (1925-2017), résistant au sein des Forces françaises de l’intérieur, aurait éventuellement pu également faire usage de son deuxième prénom et être donc ainsi désigné.

A. Dély, en tant que secrétaire du comité d’épuration de Joinville, écrit une lettre à Georges Marrane, président du comité parisien de la Libération, le 13 mars 1945. Le comité avait arrêté, dès la fin de l’insurrection, Lesestre, Béal, Kirbuhler, Bautsch et Chaussée, qui composaient le « bureau municipal nommé par Vichy et qui a siégé pendant l’occupation ». Ils avaient été transférés à Drancy. Le comité trouve leur libération « pour le moins prématurée. »

Albert François Dély meurt le 7 février 1974 à Chartres (Eure-et-Loir). Il était âgé de 72 ans.

Usine de cinéma à Joinville

 

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