Osanne Marie Louise Nègre naît le 18 décembre 1934 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Elle est la fille de Marie Louise Bergasa y Gallardo et de son époux, Raymond Nègre, décorateur de cinéma aux studios Pathé de Joinville. La famille vit dans le quartier de Polangis, d’abord place Mozart à Joinville-le-Pont, ensuite rue Charles-Infroit à Champigny-sur-Marne.
Élève de l'École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d'art de Paris de 1947 à 1953, elle intègre ensuite l'École nationale supérieure des beaux-arts en 1954 et 1955. Elle signera ses œuvres de son seul prénom, Osanne. Elle se spécialise en gravure, qu’elle pratique à l’eau-forte de 1956 à 1960. Elle utilise également la lithographie qu’elle apprend auprès de Jacques Hallez à Marseille. Le graveur franco-américain Henri Goetz l'initie en 1984 à la gravure au carborundum.
Osanne, 2013, Villevaudé
Osanne est l’auteure des vitraux de la chapelle Notre-Dame-de-Jérusalem, construite à Fréjus (Var) par Jean Triquenot et Edouard Dermit sur les plans du peintre et poète Jean Cocteau.
Plusieurs expositions personnelles ont eu lieu à Aix-en-Provence (1959), Paris (1979, 1983, 2002), Villevaudé et Courtry (Seine-et-Marne, 2013) ainsi que Montpellier (2017). Son œuvre gravée a été présentée depuis 1985 à la Fiest et au Saga (Paris), à Art Basel (Bâle, Suisse), ainsi qu’aux foires de Londres, Francfort, Düsseldorf et New York. Elle a signé les gravures de deux albums, Un jeune enfant vêtu d’une robe éclatante de Joseph Guglielmi (Encrages, 1988) et La Pelote d’épingles de Philippe Lefranc (Le Méridien, 1988).
Elle réalise des costumes et des décors pour la télévision (ORTF) et une dizaine de spectacles, par exemple de Lucky Luke et Dugudu, pièce de Jean-Pierre Giordanengo d'après les albums de Morris et René Goscinny, mise en scène par Jacques Falguières, présentée à Marseille (1965) et Aix-en-Provence (1966), ou Les Baigneuses de Californie, pièce de Jean-Jacques Varoujean, mise en scène par Roland Monod (Paris, 1986).
Osanne Nègre meurt le 14 janvier 2020 au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne). Elle était âgée de 85 ans et résidait avenue Jauzier-Koestler à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne). En 1980, elle avait obtenu le prix de gravure du ministère de la culture.
Son frère, Alain Nègre, a également été, comme leur père, décorateur de cinéma.
Raymond Jean Léon Nègre naît le 13 juillet 1908 à Domjulien (Vosges). Il est le fils de Marcelle Rachel Léontine Dalby et de son époux Jules Nègre, ciseleur. La sœur de Jules Nègre épouse le frère de Marcelle Dalby, dont les parents vivent à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).
Mirabelle de Domjulien, dessin Raymond Nègre
C’est dans cette commune que Raymond Nègre va vivre dans les années 1930. Il réside d’abord quai du Barrage, puis place Mozart, dans le quartier de Polangis, à proximité des studios Pathé où il est décorateur pour le cinéma. Peut-être est-ce lui qui bénéfice, en 1921 et 1922, d’une remise des frais d’externat dans le collège Chaptal à Paris (act. lycée Chaptal, 8e arr.)
En juillet 1933, il épouse à Joinville Marie Louise Pilar Bergasa y Gallardo. Ils vivent en 1937 toujours dans le quartier de Polangis, mais dans la commune voisine de Champigny, rue Charles-Infroit.
Spécialiste des trucages, Raymond Nègre signe les décors de plus de 60 films, notamment parmi ceux tournés aux studios de Joinville entre 1937 et 1971. Il travailla comme assistant pour deux des chefs-d’œuvre de Marcel Carné, Les Enfants du paradis et Drôle de drame, puis fut le chef-décorateur de nombreux films d'André Berthomieu comme L’Ange de la nuit (1944) ou La Femme nue (1949). Il collabora aussi avec Jacques Becker (Dernier Atout, 1942) et travailla pour la télévision.
Il a réalisé des croquis qui sont publiés dans la brochure Trucage et effets spéciaux propres aux décors (CST, 1978).Ils sont repris pour illustrer les effets spéciaux utilisés dans les films au sein du Dictionnaire technique du cinéma (Vincent et Christophe Pinel, Nathan, 1996, rééd. Armand Colin, 2016).
Le Pouldu, par Raymond Nègre
Raymond Nègre meurt le 7 juillet 1985 à Créteil (Val-de-Marne). La commune de Joinville-le-Pont a dénommé « allée Raymond-Nègre » une voie du quartier de Palissy. Elle se situe sur le site des anciens studios de cinéma.
Sa fille, Osanne Nègre (1934-2020), fut artiste peintre et graveuse. Son fils, Alain Nègre (né en 1937), également décorateur de cinéma, a déposé les archives de son père au département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France en 2008. Elles comprennent notamment des croquis faits pendant sa collaboration avec Abel Gance et Jean-Christophe Averty.
Daniel Chagnon naît le 30 mars 1929 à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils d’Adrienne Renz et de Marcel Chagnon.
Ses parents exploitent dans le quartier de Polangis, à Joinville-le-Pont, une guinguette, le Petit-Robinson. Jouissant d’une évidente aisance, Marcel Chagnon fut le premier du quartier à disposer d’un véhicule automobile.
La famille de son père est originaire de Corrèze. Sa mère est issue de deux familles ayant une grande réputation dans le milieu du cirque, en France pour sa grand-mère, et en Allemagne pour son grand-père. Léopold Renz était un écuyer-voltigeur ; Gabrielle Carré a été danseuse de l'Opéra de Paris et dresseuse de chiens.
Très doué en matière sportive, Daniel Chagnon envisageait de rejoindre l’école des sports de Joinville, institution nationale d’origine militaire, située dans le Bois de Vincennes. Pendant son service militaire (1948-1949), il intègre le Groupement sportif interarmées, ancêtre du Bataillon de Joinville, où il devient moniteur.
Pendant la deuxième guerre mondiale, sa mère, selon des témoignages de l’ancien maire communiste de Joinville, Robert Deloche, et de l’historien local Michel Riousset, Adrienne Chagnon, toujours propriétaire du Petit-Robinson, prend une part active à la Résistance. Après la Libération, elle est une des toutes premières conseillères municipales, élue en 1945 à Joinville lorsque les femmes obtiennent le droit de vote.
Daniel Chagnon va être très rapidement attiré par les métiers du cirque. Des cousins de sa mère, Tilly et Henry Rancy, ayant fait construire une villa avenue Racine, à proximité de chez eux, par l’entreprise de maçonnerie de son grand-père. Le cirque Rancy était un des plus célèbres de France pendant l’entre-deux guerres. En 1946, parès le redémarrage des tournées du cirque Rancy, Daniel Chagnon accompagne sa cousine Sabine Rancy qui l’initie à l’équitation. Ils se marient à Lyon, en mars 1950, dans une cérémonie de prestige célébrée par Édouard Herriot, maire de la ville et ancien président du conseil.
Pour lancer sa carrière circassienne, Daniel Chagnon adopte le pseudonyme de Dany Renz. Il s’initie aux différents arts du cirque, avec ses beaux-parents mais aussi Gustave Fratellini pour l'acrobatie ou Philippe Ricono pour la voltige ainsi que le dressage de fauves avec les Bouglione ou le trapèze volant avec les Rénolds et les Antarès. Jongleur, il fait également, à l’occasion, des numéros de clown.
Avec son cheval comédien Dynamite, Dany Renz devient un écuyer-voltigeur reconnu internationalement. Il présente des numéros qui vont avoir une forte notoriété, comme Robin des bois dans lequel il mêle voltige, danse classique, tir à l’arc et cinq à sept sauts périlleux consécutifs sur un cheval au galop. Il reçoit en 1955 à Toulouse l’Oscar du cirque. Il fait partie de la troupe qui représente le cirque français à Moscou en 1958. En 1961, il monte un nouveau numéro, Kid Callagan.
À la retraite de Tilly et Henry Rancy en avril 1964, le cirque Sabine Rancy est créé et Dany Renz devient de la société Monde et Cirque qui le gérait. Avec 5 000 places, leur chapiteau était le plus grand de France. Il continue cependant son activité artistique avec Zorro (1965), La Veuve joyeuse (1967), Féérie au Népal (1968) et Tarass Boulba (1969), pour lequel il est gratifié en 1969 à Madrid d’un second Oscar.
Dany Renz meurt le 17 juin 1972, officiellement à Brioude (Haute-Loire). Cependant, selon le journaliste et écrivain Roger Parment, il serait en fait décédé à Clermont-Ferrand. Vers 0h30, Dany Renz, en voulant aider le cornac à embarquer dans sa remorque l’éléphante Chiquita, est mortellement blessé. Hospitalisé d’abord à Issoire puis à Clermont, il décède le matin même. Le soir, Sabine Rancy donna sa représentation avant d’annoncer sa disparition.
La cérémonie religieuse eut lieu le 21 juin en l’église Saint-Anne de Polangis, à Joinville-le-Pont. Dany Renz était revêtu de l’habit bleu de nuit qui avait été son costume de marié et que l’on avait pailleté pour la scène. L’éléphante Chiquita avait été abattue, et son cheval Dynamite mourut en 1973 à Lisieux.
Sabine Rancy poursuit seule l’exploitation du cirque puis se remarie en 1975 avec Ary Larible, grand nom du cirque italien.
Marie Joseph Sauvêtre naît le 27 mai 1862 à Chaudefonds-sur-Layon (Maine-et-Loire). Il est le fils de Françoise Piffard et de son époux Charles Sauvêtre, charron.
Vers 1873, Joseph Sauvêtre vit à Angers et fréquente le petit patronage paroissial de la cathédrale Saint-Maurice initié par le jeune vicaire Ernest Jouin. Il profite des promenades dans la campagne environnante. Il prend part également aux petits spectacles organisés dans ce cadre, La Grammaire d’Eugène Labiche ou l’opérette Les Deux petits Savoyards de Nicolas Dalayrac et gardera ensuite un goût évident pour la mise en scène. Joseph Sauvêtre restera toute sa vie très lié à l’abbé Jouin. Ce dernier raconte, en 1918, l’anecdote suivante : « Je lui avais donné sa première leçon de latin et j'y mis une telle chaleur qu'il faillit s'en évanouir d'émotion. Je cessai du coup mes fonctions pédagogiques. Dès lors, je suis devenu le pourvoyeur des écoles des petits et des grands séminaires. »
De fait, l’abbé Jouin étant devenu en 1875 vicaire de l’église Saint-Etienne du Mont à Paris, il fait venir Joseph Sauvêtre au petit séminaire de Notre-Dame des Champs, dont il fut un des plus brillants élèves selon la presse. Il poursuivit ses études au séminaire Saint-Sulpice, toujours à Paris puis fut ordonné prêtre en 1885.
À ce moment, l’abbé Jouin est curé de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Le tout nouvel abbé Sauvêtre, qui n’a pas de fonction officielle, le rejoint et s’occupe notamment du catéchisme dans la paroisse.
Toujours sans attribution bien définie, Sauvêtre suit Ernest Jouin, nommé second vicaire de l’église Saint-Augustin à Paris (8e arr.) en août 1886. Ce n’est que cinq ans plus tard, en mars 1891, qu’il est à son tour vicaire à Saint-Augustin. Au départ de l’abbé Jouin en 1894, il se voit confier la direction du patronage paroissial, fondé par ce dernier et qui a pris une certaine ampleur.
Retrouvant une cure, celle de Saint-Médard (Paris, 5e arr.), Ernest Jouin fait de nouveau appel à son disciple, et obtient qu’il soit nommé, en juin 1895, second vicaire de sa nouvelle paroisse. Il se charge d’œuvres caritatives. Il met également en scène les pièces musicales produites par l’abbé Jouin, notamment La Nativité et La Passion, des mystères chantés qui jouissent d’une certaine réputation, malgré les réticences d’une partie de l’épiscopat. Après le départ de Jouin pour la cure de Saint-Augustin en 1898, Sauvêtre, resté à Saint-Médard, poursuit ses représentations et est nommé premier vicaire.
Quittant le centre intellectuel de Paris, l'abbé Sauvêtre est nommé curé à Saint-Ouen (Seine, act. Seine-Saint-Denis) en janvier 1907. L’archevêque de Paris, le cardinal Richard, décide de dédoubler certaines paroisses des quartiers populaires du département de la Seine : Montreuil, Asnières, Clichy et le quartier de Clignancourt à Paris (18e arr.) sont concernées. Sauvêtre devient ainsi le premier curé de l'église neuve Notre-Dame du Rosaire. Le quotidien socialiste L’Humanité, qui note cette nomination alors qu’il n’évoque pas habituellement les mouvements du clergé, fait remarquer que « la séparation a libéré l'évêque de l'obligation de demander une autorisation » pour faire cette modification des circonscriptions du culte catholique, ce qui était le cas jusqu’en 1905.
Dans sa nouvelle paroisse, l'abbé Sauvêtre s’efforce de promouvoir le « théâtre chrétien », moyen selon lui de concourir « au relèvement moral de la classe ouvrière ». Il ouvre, en novembre 1908 la salle Jeanne-d'Arc. Il y représente de nouveau en décembre 1909 puis en janvier 1911 La Nativité et en mars 1910 La Passion. Le quartier culturel Comoedia remarque en voyant La Passion en avril 1911 qu’il s’agit d’un « spectacle, d'amateurs, qui, avec des facilités de mise en scène bien utilisées, a été non sans raison applaudi. »
Il accueille aussi en février 1910 une pièce sociale de Noyal-Méricour, Notre pain quotidien, qui raconte les épisodes d'une grève ou, en mars 1912, Joseph, opéra biblique d’Étienne Mehul.
Joseph Sauvêtre s’implique également dans le domaine social. Il fait ouvrir une chapelle, dédiée au Sacré-Cœur de Cayenne, dans un quartier très populaire où vivent de nombreux cheminots. Il lance, en décembre 1913 dans le quotidien conservateur L’Univers un appel en faveur des habitants de « la zone » : « Là, vivent un millier de familles, sans autre abri que des baraquements dont se contenteraient à peine des animaux. Là, dans une promiscuité funeste, vivent des familles de huit et dix personnes. Là, des vieillards abandonnés attendent vainement leur admission dans quelque asile; là, des orphelins, sollicitent d'être recueillis ; là, des femmes chargées de quatre, cinq et six enfants, demandent du pain et des vêtements pour leurs pauvres petits ». Il appelle « les désœuvrés et les riches » qui « passent dans leurs équipages et automobiles pour aller au champ de course » à soulager ces « misères sans nom. »
Il préside en avril 1914 une réunion de propagande de la section de Saint-Ouen du syndicat des employés, pilier de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) et encourage ses paroissiens à se syndiquer.
L’évêque d’Angers ayant accepté le départ d’Ernest Jouin pour Paris, il devient en 1875 vicaire de Saint-Étienne-du-Mont, église paroissiale de la montagne Sainte-Geneviève (5e arr.). C’est un quartier estudiantin, avec la Sorbonne, l’école Polytechnique, la faculté de droit ou le collège de France, ainsi que cinq collèges ou lycées. Deux années plus tard, il est chapelain de la basilique Sainte-Geneviève, toute voisine, où il se charge de prédication, tout en reprenant des études théologiques, qui lui permettront, en septembre 1879, d’obtenir le grade de maître en théologie et le diplôme de docteur, délivré à l’abbaye de Flavigny. La basilique devait être désacralisée et redevenir le Panthéon en 1880.
Atteint d’une pleurésie, l’abbé Jouin était en ce qui le concerne parti en convalescence à Arcachon (Gironde), où il assume quelques fonctions au sein de l’église Saint-Ferdinand pendant un séjour de 18 mois. De retour à Paris début 1882, L’abbé Jouin est nommé curé de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en juillet.
Il prend la succession de l’abbé Georges Moreau (1842-1897), prêtre et essayiste, qui allait ensuite, en tant qu’aumônier en prison acquérir une certaine réputation en affichant son opposition à la peine de mort et aux mauvais traitements dont étaient victimes les prisonniers. Le nouveau curé rejoint une paroisse récente, puisque créée en 1860. Il n’a probablement pas de vicaire, mais un de ses anciens élèves du patronage d’Angers, l’abbé Joseph Sauvêtre, vient le rejoindre, sans fonction officielle. Il restera son ami pendant toute sa vie et sera son biographe.
À Joinville-le-Pont, Ernest Jouin a affaire à plusieurs élus républicains et radicaux, comme le maire, Gabriel Pinson, le restaurateur Honoré Jullien ou Jules-Ferdinand Baulard, ancien ouvrier devenu industriel, un temps communard et ardent défenseur de la cause laïque. Conseiller municipal de Joinville depuis 1881, ce dernier devint conseiller général de Charenton en 1884, puis député en 1889. Les relations virent à la confrontation.
Le nouveau curé hérite d’un conflit, provoqué par un contrôle, en 1881, des comptes du conseil de fabrique qui gère les fonds de la paroisse par le secrétaire général de la mairie, Fontaine. Les élus municipaux trouvaient que les recettes des pompes funèbres, perçues par le prêtre, responsable de la morgue municipale, étaient maigres. L’audit établit qu’il manquait à l’appel 1 200 francs. Le curé répondit qu’il avait mis cette somme dans sa poche, « ainsi que ça se fait toujours ». Il refusa de reverser les fonds ; l’archevêque de Paris assura qu’il n’avait fait que « suivre un usage ancien commun aux paroisses suburbaines ». En conséquence de ce refus, la municipalité décida de supprimer l’indemnité de logement versée au prêtre, qui ne disposait pas d’un presbytère. Dans un souci d’apaisement, l’archevêque nomma, en juin 1882, l'abbé Moreau aumônier de l'hôpital militaire Beaujon à Paris.
Plutôt que de chercher la conciliation, l’abbé Jouin va se lancer dans un combat juridique épique, transformant son bureau en un cabinet de conseil. L’affaire des recettes des pompes funèbres sera clôturée par une lettre du ministère de l’intérieur et des cultes de mars 1884 : « il y a lieu de prendre acte de l’aveu de M. l’Archevêque qui reconnaît qu’une bonne comptabilité ne saurait admettre cet usage ». Cependant, l’administration conclut : « mais la restitution des sommes perçues soulèverait de nombreuses difficultés ». Par contre, plusieurs questions connexes occuperont les tribunaux parisiens.
À la demande du conseil municipal, le ministre décide de dissoudre en février 1885 le conseil de fabrique qui, outre le curé et le maire, membres de droit, comprend des deux délégués du préfet et trois personnes nommées par l’archevêque. Un nouveau conseil doit être composé et le préfet nomme sur proposition du maire, deux francs-maçons notoires, Jules Ferdinand Baulard et Honoré Jullien, tandis que l’archevêque tarde à nommer ses remplaçants. Ayant à faire approuver le budget, le curé convoque, en avril, le maire et les membres de l’ancien conseil révoqué. Mais le maire, Gabriel Pinson, vient avec les nouveaux désignés. La séance se termine par des cris et des échauffourées, qui l’amènent à porter plainte pour avoir été jeté à terre. Lors du premier procès en juillet 1885, Jules Ferdinand Baulard indiquera que les membres révoqués les ont traités de « canailles, libres-penseurs, francs-maçons, buveurs d'absinthe et de vermouth » tandis que l’abbé Jouin assure que le maire a qualifié ses supporteurs de misérables et de voleurs.
Un des fabriciens est condamné en première instance à six jours de prison, peine commuée en appel en novembre en 16 francs d’amende. Après cassation en janvier, ils écopent tous de 25 francs d’amende en février 1886. En dernière instance, le conseil d’État confirme les peines, la révocation des membres du conseil et la qualification de « rébellion contre la loi » de leur attitude.
Pendant les péripéties judiciaires, l’abbé Jouin avait diffusé une Lettre aux paroissiens, tandis que le conseil municipal répliquait en diffusant le courrier du préfet révoquant le conseil de fabrique, dont les anciens membres publiaient une Lettre à la population dénonçant des « cabales montées par M. le maire à tous les carrefours de la commune » et « un parti prix haineux. »
À côté de son combat contre les autorités municipales, l’abbé Jouin obtient l’installation, en novembre 1883, d’une communauté de Servantes des pauvres, venues d’Angers, sous la conduite de mère Agnès (Modeste Bondu). Les trois premières sœurs, en plus de leur fonction de garde-malades, auraient obtenu des conversions : « des agnostiques, une protestante, des juifs, un franc-maçon » selon le biographe d’Ernest Jouin.
Il est également proche des sœurs Céleste et Caroline Amiel, issues d’une famille qui a compté plusieurs conseillers municipaux et un célèbre peintre portraitiste. Elles font don à la paroisse d’une maison, devenue le presbytère.
Manifestement inquiet de la tournure prise par l’affrontement politique entre le curé et les élus, l’archevêque tente de convaincre l’abbé Jouin de demander son déplacement. Il finit par décider de le nommer vicaire de l’église Saint-Augustin à Paris en juillet 1886. Une pétition, diffusée en particulier par les sœurs Servantes des pauvres et les demoiselles Amiel et qui aurait eu 900 signatures, avait demandé son maintien.
Commentant, en 1917, son départ de Joinville, l’abbé Jouin l’interpréta ainsi : « Je fus chassé par une municipalité franc-maçonne pour avoir fondé les sœurs Servantes des pauvres. »
Thérèse Litman naît le 30 octobre 1919 à Paris (18e arr.). Elle est la fille de fille Fanny Moscovitch et de Sroul Litman, tous deux tailleurs et d’origine roumaine, qui vivent rue Burq. Ils seront naturalisés français en janvier 1930.
Fanny Litman
En mars 1940, elle épouse à Paris (18e arr.) Maurice Kouznietzoff. Elle est alors modiste et ils vivent rue de la Folie Regnault, dans le 11e arrondissement.
Son époux est arrêté, le 20 août 1941, lors de la seconde grande rafle qui touche les juifs de la capitale, alors qu’il traversait à vélo la place de la République pour se rendre à son travail. Interné à Drancy, il fut déporté à Auschwitz le 22 juin 1942 ; il fait partie des 29 survivants sur les 999 personnes qui composèrent son convoi.
Thérèse Kouznietzoff est arrêtée sur dénonciation le 14 juillet 1944, alors qu’elle se rendait à une manifestation patriotique place de la République.
Comme son mari, elle est internée à Drancy, puis déportée par le dernier convoi à quitter le camp parisien pour Auschwitz le 31 juillet 1944, qui porte le n° 77. Thérèse Kouznietzoff compte parmi les 283 rescapés sur les 1300 personnes de son convoi en avril 1945.
Elle témoigne dans le documentaire de Guillaume Bruneton : « Le 14 juillet 1944, je me rappellerais toujours de la date. Je descendais la rue de la Roquette avec ma voisine d’en dessous. Je descendais au marché. Et le matin elle me dit, « Thérèse ! », puisque je m’appelle Thérèse, « Thérèse, on descend au marché ! », alors…moi je lui dis non, je n’avais rien à acheter, moi toute seule… alors elle me dit, « si, si, viens avec moi ! » enfin, et tout, et c’est là qu’il y a deux miliciens qui sont arrivés derrière moi et… qui m’ont arrêtée, ils m’ont demandé mes papiers, j’avais bien sûr des faux papiers mais… ils ont demandé à moi, mais ils n’ont pas demandé à la dame qui était avec moi. Et il m’a dit : de toute façon ça, ne sert à rien de dire non. J’avais été dénoncée. »
En compagnie de son époux, elle adhère à l’Association des Déportés internés, résistants et patriotes du Val-de-Marne (ADIRP). Il en est le trésorier à sa mort en 2003. Elle en est restée la secrétaire générale jusqu’à la dissolution de cette association, en novembre 2013.
Installée à Joinville-le-Pont (Val-de-Marne), Thérèse Kouznietzoff est secrétaire générale de la section de Joinville de l’ADIRP. En 2009, elle est membre du conseil d’administration de l’union départementale des associations d’anciens combattants (UDAC).
Elle a été nommée membre de la Commission nationale des déportés et internés politiques en 1998. Thérèse Kouznietzoff avait adhéré en 1999 à l’association des Amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation (AFMD) présidée par Marie-Claude Vaillant-Couturier.
Toute menue, elle témoignait chaque fois qu’on la sollicitait dans les écoles et participait à toutes les manifestations du souvenir, avec sérieux, mais en apportant à chaque fois un sourire qu’on sentait plein d’espoir. Selon l’ancien président du conseil général du Val-de-Marne, Gaston Viens, lui aussi résistant, « Thérèse était une grande dame, fragile, mais forte. »
Thérèse Kouznietzoff meurt le 23 décembre 2013 à Créteil (Val-de-Marne). Elle était âgée de 94 ans et mère de deux filles. Elle est incinérée au crématorium de Champigny-sur-Marne, le 30 décembre ; ses cendres sont déposées au cimetière de Joinville-le-Pont.
Gaston Viens, ancien maire d’Orly, président du conseil général du Val-de-Marne et dernier président de l’association départementale des anciens déportés résistants et patriotes, lui a rendu hommage : « C’est comme résistante que Thérèse Kouznietzoff a été dénoncée et arrêtée en 1944 par la police de Vichy et c’est comme juive qu’elle a été déportée ». Viens, ancien déporté à Buchenwald, souligna son rôle dans la vie associative des anciens déportés et dans le témoignage, notamment dans les collèges. Il précisa également son rapport à la religion : « Elle était née juive, mais n’était pas croyante. Elle était laïque et républicaine. »
Un décret de mai 1999 l’avait faite chevalière de l’Ordre du mérite en tant que « membre d’une commission pour les déportés et résistants, 63 ans d’activités professionnelles et associatives. »
Yves Marie Le Page naît le 25 janvier 1844 à Brest (Finistère). Il est le fils de Marie Félicité Le Page, lingère, et de Pierre Ovide Bonheur, fusilier au 1er régiment d’infanterie marine. Ses parents ne sont pas mariés, mais ils procèdent à sa reconnaissance en novembre 1844 à Brest. Ensuite, Yves Marie utilisera le patronyme de Bonheur. Il vit avec sa mère à Landerneau (Finistère).
Il sert pendant plusieurs années, au moins entre 1867 et 1870, dans la marine de guerre, comme matelot chef de pièce dans l’artillerie de marine en 1867. Il est sur le bateau Le Jura en 1868. Devenu quartier-maître, il embarque sur le Rochambeau, cuirassé à coque en fer, construit à New-York, qui, avec 115 mètres, est le plus long navire jamais construit en bois. Enfin, il est second maître sur la frégate Thémis en 1870. En 1902, au moins six sommes qui lui étaient dues par la marine au titre de son activité militaire étaient non réclamées.
Le premier mariage de Bonheur a lieu en novembre 1867 à Landerneau (Finistère) pendant son service militaire à Landerneau. Il épouse Anne Marie Perrine Piton. Elle meurt l’année suivante, juste après avoir donné naissance à un fils, qui décède lui-même à 11 ans, toujours à Landerneau où il vivait chez sa grand-mère maternelle.
Sans doute sur les conseils de son oncle Louis Benoit Bonheur, garde-cimetière au Père-Lachaise, Yves Marie Bonheur vient à Paris après la guerre franco-prussienne et se fait embaucher également dans l’administration parisienne des cimetières. Il continuera d’exercer cette fonction jusqu’en juillet 1890. Il vit dans le 20e arrondissement, rue du Repos, (adjacente au cimetière du Père-Lachaise) puis en 1875 à Choisy-le-Roi (Seine, act. Val-de-Marne), route de Choisy (qui dessert le cimetière parisien de cette ville). Il épouse en juillet 1875 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) Léonie Catherine Thime, fille d’un cordonnier, libre-penseur et militant radical-socialiste, Eugin Thime (1830-1904). Ils vivent de nouveau rue du Repos.
Après sa retraite, Yves Marie Bonheur devient employé d’octroi en 1892 à Joinville-le-Pont. Il vit route de Brie (act. avenue Galliéni) dans le quartier de Polangis. Il a eu sept enfants avec sa seconde épouse.
Yves Marie Bonheur meurt le 8 janvier 1893 à Joinville. Il était âgé de 48 ans. La très longue nécrologie que lui consacre l’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes constitue, outre l’état-civil ou les données sur son activité militaire et professionnelle, la principale source d’information sur les engagements publics de Bonheur.
La notice est incluse dans la rubrique régulière intitulée Bulletin maçonnique et de libre-pensée, rédigée par Henry Vaudémont. Les obsèques de Bonheur, dont le lieu n’est pas précisé, eurent probablement lieu à Joinville. Elles furent organisées « suivant ses principes et en dehors de toute pompe mystique, d’une façon purement laïque ».
Henry Vaudémont, président du groupe La Raison du canton de Charenton, conseiller municipal de Joinville-le-Pont, a retracé la vie de cet « humble et digne », citant Proudhon : « Dieu, c’est le mal. »
Émile Pasquier, secrétaire-général de la Fédération française de la Libre-Pensée ainsi que de l'Union des républicains radicaux socialistes de Sceaux, a fait une allocution en tant que secrétaire du député Jules Ferdinand Baulard, radical-socialiste, « Bonheur, ce travailleur modeste, ce libre-penseur convaincu, avait su de bonne heure se débarrasser de tous ces vieux préjugés qui sont la négation de la dignité humaine. »
Brisson-Joly, ancien conseiller général de la Seine et animateur de la Fédération française de la libre-pensée a formulé des considérations qui « n’ont certes pas été du goût de tout le monde. Mais nul n’a eu la goujaterie de désapprouver bruyamment ». Vaudémont remarque que « C’est un grand, un immense progrès au point de vue moral. La tolérance s’acclimate décidément chez nous. Et les gens qui, au nom de leur liberté, réclament le droit de croire en dieu, commencent à nous reconnaître, à nous, le droit de ne pas y croire. »
Henri Hippolyte Bonnefoy, naît le 4 octobre 1844 à Bissia (act. Boissia, Jura). Il est le fils de Marie Thérèse Victorine Vauchez et de Pierre Germain Bonnefoy, cultivateurs. Son père meurt le mois suivant sa naissance.
Après avoir servi dans le 24e régiment d'infanterie, probablement au cours de la guerre de 1870-1871 avec la Prusse, Bonnefoy est démobilisé à Rouen en février 1872. Il termine des études de pharmacie et en sort, diplômé comme pharmacien de 1e classe, en juin 1874.
Il s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il est, en 1878, membre du comité de Saint-Maur-Joinville de la société française de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge), dont le docteur Élie Bitterlin est le président.
Le quotidien Le Siècle (1878/01/08) évoque son élection au conseil municipal de Joinville lors du scrutin de janvier 1878 qui voit la victoire du républicain Gabriel Pinson contre le bonapartiste sortant, Louis Ferdinand Rousseau. Cependant, les autres listes d’élus ne mentionnent pas son nom, et il n’est pas non plus cité au cours du mandat.
C’est sans doute Henri Bonnefoy qui fait partie des fondateurs, comme vice-président, de la Société de la flotte de Nogent-Joinville, club d’aviron et de voile sur la Marne en 1888, mais il avait déjà quitté la commune en 1887 pour s’installer à Deuil (Seine-et-Oise, act. Deuil-la-Barre, Val-d’Oise).
Dans cette commune, il participe à la création de l’association Les Amis réunis de Deuil, adhérente à l’Union des sociétés de tir de la région de Paris. Il fait très régulièrement des concours de tir, en France et à l’étranger, et est régulièrement signalé comme étant un bon compétiteur. Il est président de la société de de Deuil en 1891 puis devient, après avoir quitté la commune, président d’honneur en 1893. Il continuera, toute sa vie, à se prévaloir de ce titre.
Vice-président de l’Union des sociétés de tir de la région de Paris en 1892, Bonnefoy va exercer cette fonction jusqu’en 1902. Il est également, à partir de membre du conseil d’administration de l’Union nationale des Sociétés de tir, fonction qu’il exercera jusqu’à son décès.
Ayant quitté Deuil, Bonnefoy s’établit à Paris rue de Lancry et rue des Vinaigriers. Il continue de pratiquer le tir sportif à un rythme très élevé, établissant plusieurs records au fusil, contribuant également au contrôle des manifestations et étant perçu comme un bon technicien par ses camarades de sport.
Il quitte de nouveau Paris en 1910, pour s’établir à Romainville (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il reprend une pharmacie rue Saint-Germain.
Ne négligeant pas ses engagements sportifs, il est en 1913 directeur de tir de la société d'éducation physique et de tir L'Espérance de Romainville.
Pendant la première guerre mondiale, il poursuit son travail de pharmacien et ses responsabilités associatives.
Henri Hippolyte Bonnefoy meurt le 30 janvier 1918 à Romainville, à son domicile rue Veuve-Aublet. Il était âgé de 73 ans. Il avait été décoré des Palmes académiques comme officier d’académie en 1901 et comme officier de l’instruction publique en 1906 et disposait également d’une décoration pour ses activités militaires.
Le journal Le Tir national rend hommage à sa compétence après sa disparition puis, encore en 1921, à son rôle dans la formation des tireurs.
Louis Jules Debeuré naît le 7 janvier 1831 à Triconville (Meuse). Il est le fils de Marguerite Anne Julie Devraine et de son époux Nicolas Debeuré, tisserand.
Il est cordonnier à Paris, où il épouse en avril 1854 (6e arr.) Marie Anne Justine Bousquet. Au cours des années 1860, il devient doreur sur métaux et vit dans le 11e arrondissement de Paris, dans le quartier de la Folie-Méricourt. Il installa sa société de dorure au mercure dans le même quartier, rue de Nemours.
Au début des années 1880, Debeuré est propriétaire d’une maison de campagne à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), route de la Brie (act. av. Galliéni), dans le quartier de Palissy. Il va s’impliquer dans la vie locale.
Il est d’abord membre de la fanfare locale mais il s’en retire, en octobre 1884, pour consacrer tout son temps à la société d’escrime et de tir Les Volontaires de Joinville et Champigny, fondée le même mois. Dans le contexte de la défaite encore récente de la France face aux troupes prussiennes et allemandes en 1870, de nombreuses sociétés de ce type voient le jour. Celle de Joinville et Champigny démarre avec une centaine d’adhérents. Elle en compte 163 en 1866, dont 38 tireurs actifs.
L’objectif de ces organismes de tir, de gymnastique et d'exercices militaires est patriotique. Mais, dans un contexte où la montée de forces populistes est sensible, le conseiller général du département de la Seine, Faillet, qui fait approuver en novembre 1887 une subvention pour Les Volontaires de Joinville et de Champigny précise : « Quoique nous ne soyons pas boulangistes, nous sommes disposés à venir en aide à toutes les sociétés de cette nature qui ont pour objet la défense de la France démocratique. »
Si le démarrage de la société fut rapide, la vie associative va s’avérer très compliquée. En 1885, le propriétaire du stand, le cafetier Vingdlet, se brouille avec Debeuré. L’assemblée générale de fin d’année est agitée, avec la démission du porte-drapeau après une pétition de 32 signataires. Le journaliste radical-socialiste Henry Vaudémont essaie « de donner de l’entrain à la société ». Mais il témoigne en juin 1888 : « J’essuyai presque autant de déboires que Debeuré lui-même, ce qui n’est pas peu dire. »
Lors des élections municipales de mai 1888 à Joinville, Debeuré est candidat sur la liste du républicain modéré Gabriel Pinson, maire sortant. La lise emporte dès le premier tour 17 des 21 sièges à pourvoir, et en récupère un de plus au second tour, tandis que les radicaux-socialistes en obtiennent trois, derrière Alphonse Demeestère. Avec 283 voix, Debeuré est le dernier des élus du premier tour.
Un mois après le scrutin, le maire réélu meurt. La désignation d’Eugène Voisin pour le remplacer est l’occasion d’un rapprochement entre la majorité municipale et les radicaux. Debeuré, libre-penseur affirmé, comptait de nombreux amis parmi ces derniers. Il est désigné, en décembre, comme membre du bureau de bienfaisance, en charge du fonctionnement du fourneau.
Louis Jules Debeuré meurt le 5 janvier 1890 à Joinville, dans sa maison de campagne. Il était âgé de 59 ans et vivait de ses rentes depuis 1888. Il avait semble-t-il eu deux enfants, dont une fille morte très tôt.
Debeuré est inhumé au Père-Lachaise, en présence de beaucoup de joinvillais et de commerçants du quartier de la Folie-Méricourt. Le député radical-socialiste Jules Ferdinand Baulard, l’adjoint au maire de Joinville, Honoré Jullien et l’ancien conseiller général et militant de la libre-pensée Brisson-Joly prononcèrent des discours au cimetière parisien du Père-Lachaise, où il eut des obsèques civiles. Henry Vaudémont, ancien vice-président de la société de tir, malade, fit lire un message.
Après la fin de la Mission de Paris, le chanoine Jacques Hollande redevient curé de l’église de la Sainte-Trinité (Paris, 9e arr.) en novembre 1957. Lors de son installation par le cardinal Maurice Feltin le ministre de la justice Robert Lecourt est présent et l’orgue est tenu par le compositeur Olivier Messiaen.
Il sera le porte-parole du clergé parisien lors des travaux préparatoires au concile Vatican II en 1964. Après le concile, en 1965, les prêtres-ouvriers sont à nouveau autorisés.
En 1958, Hollande participe à une cérémonie du cinquantenaire de la paroisse de Sainte-Anne de Polangis, à Joinville-le-Pont, dont il avait été le curé pendant la deuxième guerre mondiale. Il avait gardé un lien avec cette paroisse, et c’est lui qui, en octobre 1953, avait installé le père Jean Lamour qui remplaçait l’abbé Bauller, lui-même successeur de Hollande.
En novembre 1953, le chanoine Hollande était le seul ecclésiastique figurant sur une liste de 50 personnes représentant « l’élément dynamique de la nation », selon l’hebdomadaire L’Express. Il figurait en compagnie du général de Gaulle, des sportifs Émile Allais et Maurice Herzog, du couturier Christian Dior, du comédien Jean-Louis Barrault, des éditeurs Gallimard et Julliard, du publicitaire Bleustein-Blanchet, de l’industriel Marcel Dassault et de deux femmes, dont l’écrivaine Simone de Beauvoir.
Les descendants d’Henri Dubois-Fournier organisaient des rencontres régulières et publiaient, dans les années 1950, un bulletin régulier, La Cordée du Patriarche. Jacques Hollande y participe régulièrement, assurant en juin 1956 « (…) Il y a un sens de l’autorité à maintenir dans la famille (…) La soumission loyale aux directives du Saint-Siège fait partie du trésor moral dont nous avons hérité. (…) Le sacrifice commence, écrivait le Patriarche [Dubois-Fournier] par « la grande loi du travail qui est celle de Dieu, celle de la nature. »
Il exerçait toujours son ministère paroissial en 1970.
Dans les nombreuses conférences et prêches qu’il avait donnés, l’abbé Hollande voulait mieux faire connaître le monde du travail au sein de l’église catholique. Devant les congrégations hospitalières et charitables, en juin 1948, il soutient « qu’un travail inhumain, à un rythme accéléré, appelle des loisirs violents et que si ce travail était plus humain, les loisirs populaires le seraient aussi ; car au fond, le régime économique actuel abrutit, animalise et tue l’esprit… » En octobre la même année, il veut ouvrir des perspectives « vers un monde nouveau » devant les Filles de Saint-François de Sales missionnaires. Pend l’avent 1949, il disserte sur « les pauvres jugent l’histoire ».
Le chanoine Jacques Hollande décède le 28 décembre 1991 à Paris (14e arr.). Il était âgé de 90 ans.