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8 mai 2023 1 08 /05 /mai /2023 01:01

Charles Philippe Wilfrid Carpin naît le 28 décembre 1858 à Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), au domicile de son grand-père maternel, rue des Bordeaux. Il est le fils de Julie Virginie Charlotte Boissenot et de son époux, Anthelme Carpin, commissaire de police, alors en poste à Bellac (Ain). La famille de son père possède des domaines agricoles, notamment viticoles, dans le même département, à Virignin. Peu après sa naissance, son père devient négociants en vin à Charenton.

Comptable dans une librairie de la rue Bonaparte, Charles Carpin doit prendre en charge en novembre 1878, sa mère et son frère, revenus des États-Unis où ils avaient suivi leur père. Le jeune Louis, qui aidait dans l’exploitation viticole de Greenville, en Caroline du Sud, avait attrapé une fièvre typhoïde. Ils vivent boulevard de Reuilly à Paris (12e arr.).

Pour éviter à Charles de devoir faire un service militaire et l’autoriser, ainsi, à continuer à contribuer à l’entretien de la famille, Luis, après son rétablissement, s’engage en mars 1879 dans l’armée.

La librairie qui employait Charles fait faillite en 1881 et, la même année, il est embauché comme secrétaire suppléant de commissariat de police, reprenant l’activité qui fut celle de son père, mais dans le ressort de la préfecture de police de Paris. En 1886, il est secrétaire du commissariat du quartier Saint-Merri à Paris (4e arr.). Il est nommé commissaire de police à Joinville-le-Pont en mars 1886. Il prend la succession de François Auguste Douçot, promu à Paris, selon la progression classique dans cette fonction.

Dans cette fonction, il aura notamment à gérer en septembre et octobre 1886 l’affaire Cabis, du nom d’un gendarme, Eugène Cabis. Ce dernier tue un jeune homme, Albert Dufeutrelle qui se promenait avec son amie dans un petit massif forestier annexe du Bois de Vincennes. L’évènement provoque un émoi considérable dans la presse. Cabis est traduit, comme militaire, devant un conseil de guerre, qui l’acquitte mais il est ensuite obligé de quitter la gendarmerie.

En tant que commissaire, Carpin interroge le gendarme après le meurtre et décide de ne pas l’arrêter. Son attitude lui vaudra des attaques virulentes d’une partie des journaux.

Le quotidien Gil-Blas commentait : « Que les gendarmes n'arrêtent pas les assassins, cela, est déjà désagréable, mais qu'on ne les arrête pas, du moins préventivement, lorsqu'ils assassinent, c'est peut-être un peu trop de condescendance à l'égard de leur baudrier. »

Un autre journal parisien est encore plus sévère. L'Intransigeant fustige la « négligence » du commissaire Carpin, qui n’a pas saisi le revolver de Cabis, et qu’il présente comme « un ami intime de l’assassin ». La publication, dirigée par Henri Rochefort, considère que « Carpin avait conduit l’enquête en dépit du bon sens ». Le 11 septembre, une lettre de Carpin est publiée, dans laquelle il assure ne pas avoir interrogé l’amie du jeune tué et ne pas être le supérieur de Cabis. La direction de L'Intransigeant maintient pourtant son point de vue, assurant pour conclure : « Vous feriez presque douter de votre intelligence, commissaire Carpin » mais assure s’en prendre plutôt « à l’institution policière, à ses vices, à ses scandaleuses complaisances, à ses indignes procédés de chantage sans nous soucier le moins du monde de l’obscur comparse dont nous ne faisions intervenir la mince personnalité que pour donner plus de relief à nos arguments. »

En juillet 1888, Carpin cède son poste à Marie Armand Routier de Bullemont tandis qu’il rejoint Neuilly-sur-Seine (Seine, act. Hauts-de-Seine). C’est dans cette ville qu’il épouse en décembre 1889 Marie Louise Roullier.

C’est en février 1894 qu’il sera promu à Paris (3e arr.), dans le quartier du Temple à Sainte-Avoye. Chargé en décembre 1898 du quartier Val-de-Grâce (Paris, 5e arr.), il y reste jusqu’en octobre 1911, date à laquelle il fait valoir ses droits à la retraite. En septembre 1895, son frère cadet Louis était également devenu commissaire de police à Paris.

Bien que travaillant toujours à Paris, Carpin acquiert une villa à Sarcelles (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise), rue de Paris. En mai 1909, la presse fait état d’un cambriolage chez le commissaire. Un journal local rectifiera en précisant que les malfaiteurs lui ont dérobé sept pigeons, mais n’ont pas touché aux poules et aux lapins tandis que Le Petit Parisien rectifiera son annonce précédente en précisant qu’ils n’ont « pu, malgré leurs efforts, pénétrer dans l'habitation. »

Après la mort de son épouse en janvier 1913 qui suit d’un an sa retraite, Carpin va s’installer avec son fils à Sarcelles, un bourg qui compte alors plus de 3 300 habitants.

Il participe, en novembre 1919, aux élections municipales dans la commune, sur une liste de concentration républicaine, comprenant l’Union républicaine (droite) et des personnes de centre-gauche. En l’absence du maire sortant, M. Dessaigne, elle est conduite par le Dr Galvani avec l’adjoint sortant, Daunard. Charles Carpin y figure en huitième position. La liste présente un programme limité : élever un monument aux morts, obtenir des améliorations pour le combustible, l’éclairage, le ravitaillement, la voirie, les lavoirs. Elle proclame soutenir l’Union dans le travail et la liberté. Une seule liste, incomplète, les concurrence, celle du Parti socialiste SFIO.

Lors du premier tour, la liste de concentration emporte 19 des 21 sièges à pourvoir avec de 297 à 473 voix sur environ 600 votants. Carpin est élu en septième place avec 371 suffrages. Les deux sièges en ballotage lui reviennent au deuxième tour.

Bien que le Dr Galvani ait mené la liste et soit arrivé très nettement en tête du vote, il ne se présente pas en tant que maire. Ses deux suivants, Lignez et Daunard seront élus adjoints, mais c’est Carpin qui devient maire. Il présidera en septembre 1920 aux obsèques du Dr Galvani et fera donner son nom à une voie de la commune.

En juin 1920, le nouveau maire s’émeut que « À Sarcelles, sur la place du Marais, se trouvent, depuis l’armistice, près de deux cents voitures du train et autant de cuisines roulantes et d’avant-trains de caissons. Tout cela pourrit et n’est point surveillé ». Il propose de vendre le matériel, dont, selon lui, « une grande partie pourrait être utilisée par les cultivateurs ou les entrepreneurs de transports de la région. »

Carpin inaugure en août 1921 le monument aux morts de sa commune. Il connaît une première épreuve politique en octobre la même année, avec, à l’occasion d’une élection municipale partielle pour remplacer deux départs du conseil, l’élection à des deux postes d’un communiste. Il démissionne d’une association culturelle, Tambours & clairons, dont il était membre honoraire, parce son président avait pris position pour ses opposants pendant la campagne.

Au cours d’un nouveau scrutin partiel, en avril 1923, ce sont trois radicaux-socialistes qui sont élus, tandis que la liste catholique qu’il soutenait n’arrive qu’en seconde position, talonnée par les communistes. S’estimant désavoué, le maire présente sa démission au préfet. Il est remplacé en juillet par son premier adjoint, Ernest Georges Langlois.

Charles Wilfrid Carpin meurt le 13 mars 1924 à Sarcelles. Il était âgé de 65 ans et décoré des Palmes académiques, comme officier de l’instruction publique, depuis janvier 1907.

La mairie de Sarcelles, vers 1911

 

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