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1 mai 2020 5 01 /05 /mai /2020 01:01

Albert François Dély naît le 2 avril 1901 à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Clarisse Lucie Parpaix, coupeuse en photographie et de son époux François Dély, plombier qui vivent rue des Tournelles.

Pendant la première guerre mondiale, Dély est mécanicien. Son service militaire est effectué de 1921 à 1923 dans l’artillerie, au sein des troupes françaises d’occupation en Allemagne dans la région rhénane. Il vit alors à Saint-Maurice, commune voisine de Saint-Maur.

Pendant sa période aux armées, il épouse en octobre 1922 à Joinville-le-Pont, autre commune très proche, Madeleine Louise Georgette Payel ; il s’en séparera en février 1927 pour épouser, en mars 1928 de nouveau à Joinville, Renée Georgette Ridard. Ils auront deux enfants.

Depuis 1925, Dély vit à Joinville, dans le quartier de Polangis, avenue Papin. Devenu électricien, il s’oriente vers les nouveaux moyens de communication qui se développent : d’abord la radio puis le cinéma. En 1931, il est employé par les studios Ciné-Romans de Joinville ; son épouse est également engagée comme monteuse de films par la firme Gaumont, à Paris.

Se présentant comme cinéaste, opérateur de prises de vue et ingénieur du son, Dély est en 1937 à Barcelone, en pleine guerre d’Espagne, alors que les forces républicaines font face à l’armée franquiste, avec l’appui de brigades internationales.

Pendant la deuxième guerre mondiale, Dély reçoit une affectation spéciale au ministère du commerce et de l’information. Il est démobilisé en juillet 1940.

À la fin de l’occupation allemande, sans doute fin août ou début septembre 1944, le comité local de libération de Joinville-le-Pont crée un comité d’épuration. Selon une instruction du comité parisien de libération et les arrêtés préfectoraux du 29 août et du 6 septembre 1944, qui les entérinent, « Les Comités de Libération n'ont pas qualité pour suspendre, révoquer ou nommer un fonctionnaire. Ces prérogatives appartiennent à l'autorité préfectorale ou municipale, mais il appartient aux Comités de Libération, par l'entremise du Comité d'épuration, de hâter la constitution des dossiers des suspects. »

L’historien Serge Wolikow signale que le secrétaire du comité d’épuration de Joinville est A. Dély. Il s’agit très probablement d’Albert François Dély ; cependant, son fils, Georges Albert Lucien Dély (1925-2017), résistant au sein des Forces françaises de l’intérieur, aurait éventuellement pu également faire usage de son deuxième prénom et être donc ainsi désigné.

A. Dély, en tant que secrétaire du comité d’épuration de Joinville, écrit une lettre à Georges Marrane, président du comité parisien de la Libération, le 13 mars 1945. Le comité avait arrêté, dès la fin de l’insurrection, Lesestre, Béal, Kirbuhler, Bautsch et Chaussée, qui composaient le « bureau municipal nommé par Vichy et qui a siégé pendant l’occupation ». Ils avaient été transférés à Drancy. Le comité trouve leur libération « pour le moins prématurée. »

Albert François Dély meurt le 7 février 1974 à Chartres (Eure-et-Loir). Il était âgé de 72 ans.

Usine de cinéma à Joinville

 

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6 août 2019 2 06 /08 /août /2019 01:01

Suite de la biographie d’Albert Duquenne

Mobilisé pendant la deuxième guerre mondiale, Duquenne se présente en mars 1943 comme « un Français qui revient d’Allemagne, et qui, soldat en 1939-40, a passé deux années dans les stalags. »

Des combats et de son séjour outre-Rhin, Duquenne revient avec un sentiment favorable au nouveau régime. Il rejoint en effet le Rassemblement national populaire (RNP), formation collaborationniste, fondée par Marcel Déat en février 1941 sur une ligne politique néo-socialiste et pro-allemande.

En novembre 1942, Duquenne est le délégué général du Front social du Travail (FST) pour la région parisienne. Il s’agit d’une structure interne au RNP, qui promeut une forme corporatiste d’organisation des forces productives. Il siège au comité directeur national du FST, dont il est délégué à l'organisation en février 1943. L’intervention de Duquenne est mentionnée dans une quinzaine de réunions publiques du RNP et du Front social du Travail, y compris dans plusieurs villes de province.

La section troyenne du RNP invite Duquenne, en mars 1943 pour animer une soirée cinématographique sur le thème « Un voyage en Allemagne » avec une causerie sur les conditions de vie des travailleurs allemands. Le quotidien Le Petit Troyen assure que « la salle du conseil municipal de l’hôtel de ville était comble ». La soirée commença avec des vues touristiques des villes, paysages et monuments allemands, dont « Munich, métropole de l’art allemand et berceau du national-socialisme » et « Berlin, capitale du Reich. »

Seul orateur, Duquenne explique qu’avant la guerre, il appartenait au parti SFIO, et pendant des années, il a mené le combat pour améliorer le sort des travailleurs. Dès 1938, il aurait, selon le compte-rendu « constaté l’effort des juifs et de la haute finance en vue de déchaîner un conflit qui eût pu être évité. »

Après tous ces évènements, M. Duquenne explique avoir voulu « connaître la vérité » et est allé en Allemagne.

On lui avait dit que, là-bas, la liberté n’existait plus ; que les valeurs intellectuelles étaient réduites au silence ; qu’une dictature impitoyable faisait tout ployer son joug ; que les classes laborieuses étaient réduites à l’esclavage. Duquenne assure que « Rien de plus faux que ces allégations. »

Arrivé en Allemagne, M. Duquenne indique avoir observé la vie de l’ouvrier. « Il a vu partout des êtres calmes, propres, bien vêtus et soignés de leur personne. Il a aussi apprécié la camaraderie dont font preuve les ouvriers allemands vis-à-vis des français, les premiers ne manifestant aucun sentiment de haine à l’égard des seconds. »

Poursuivant, Duquenne assure que « Là-bas, tout est propre, gai, accueillant, l’ordre règne et la comparaison sur l’état du travailleur n’est pas en faveur de notre pays ! L’ouvrier jouit en Allemagne d’une grande sécurité au point de vue de la défense de ses intérêts ». L’orateur fait ressortir « cette sorte de camaraderie qui règne entre les ouvriers et les directeurs des usines, qui souvent partagent les repas des travailleurs, à l’usine même ou dans les restaurants communautaires. »

En conclusion, Duquenne appelle à « combattre les efforts du Juif et du bolchévisme ; et de notre côté, lutter pour l’avènement du vrais socialisme. De l’autre côté de la frontière, on nous tend la main : le devoir des Français est de répondre à ce geste. Il ne faut plus que dans les deux pays, de nouveaux monuments aux morts soient élevés. Les architectes ont des tâches plus nobles à quoi s’adonner. Que tous nos efforts soient consentis vers le socialisme et vers la construction de la paix. »

Selon Le Petit Troyen, « des applaudissements répétés saluèrent la fin du discours de M. Duquenne ». Assez curieusement, la réunion se termina avec la projection d’un film « montrant la vie des fauves en liberté dans un jardin zoologique. »

En novembre 1943, Duquenne prend part aux « assises nationales du monde du travail » organisée par le FST en faveur d’une « véritable construction socialiste », qui se tienne au Palais de la Mutualité et à la Maison de la Chimie à Paris. Il est également de porte-parole d’une autre structure du RNP, l'Union des Vieux Travailleurs.

Outre ses fonctions au plan national, Duquenne est responsable de la section de Champigny-Joinville du RNP. La permanence du RNP se tient près de chez lui.

Malgré l’évolution de la situation en France, Duquenne reste fidèle à son engagement au sein de l’organisation de Marcel Déat même après l’arrivée des alliés en France. Il est ainsi l’orateur de réunions, qui se tiennent à Paris (19e et 10e arr.) les 7 et 8 juillet 1944, au cours desquelles doivent être « données les dernières informations politiques et les directives du Parti concernant la situation intérieure française. »

Albert Amédée Duquenne meurt le 2 février 1971 à Paris (15e arr.). Il était âgé de 68 ans, exerçait alors le métier de voyageur représentant placier, et demeurait rue Hippolyte-Maindron à Paris (14e arr.). Il était décoré de la Croix de guerre 1939-1940.

Fin

Meeting du RNP en 1943. Duquenne, de dos

 

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2 août 2019 5 02 /08 /août /2019 01:01

Suite de la biographie d’Albert Duquenne

Au cours de l’année 1939, Duquenne est un orateur fréquemment sollicité, y compris en province. Il est ainsi à Neuilly-Saint-Front (Aisne) puis au Mans (Sarthe) ainsi qu’à Noisy-le-Sec en janvier lors d’un rassemblement d'aide à l'Espagne républicaine ou à Mantes (Seine-et-Oise, act. Yvelines) en février. Il est à plein temps dans des activités politiques, employé par la Fédération socialiste.

Duquenne est également l’organisateur de fêtes, comme à la salle Wagram (Paris) en janvier pour les jeunes, ou à Vincennes pour la région de l'Est parisien, où Léon Blum évoqua les premières années de son enfance passées à l'école de Fontenay-sous-Bois et sur les pelouses du bois de Vincennes, avant d’appeler « aux devoirs d'hospitalité, de générosité, d'humanité » en évoquant « le martyre et l'exode du peuple catalan. »

C’est en tant que secrétaire de l'Union des sections du canton de Saint-Maur qu’Albert Duquenne conduit une réunion « contre la politique de régression sociale, pour la paix et la solidarité internationales » à Créteil (Seine, act. Val-de-Marne) en février.

Lors du congrès du Kremlin-Bicêtre (Seine, act. Val-de-Marne) en mars, les socialistes se félicitent que L'Entente des Jeunesses de la Seine soit « maintenant heureusement reconstituée, en plein essor ». Le même mois, Duquenne est à Joinville-le-Pont avec Mercier, des Petits commerçants et Jean Garchery, député de Paris et père d’un futur maire de Joinville.

On retrouve Duquenne comme organisateur d’une conférence à Alfortville avec Marcel Clerc, ex-commandant des brigades internationales en Espagne. Il intervient dans une réunion électorale à Asnières en avril. La journée d'études qu’il préside à Issy-les-Moulineaux le même mois accueille 200 jeunes autour de sujet comme le guesdisme, ta presse, les origines du 1er mai.

Le bureau de la Fédération socialiste de la Seine adopte, avant le congrès du parti, une motion qui, tout en approuvant « dans son esprit » la motion de politique générale portant les signatures de Paul Faure et Charles Spinasse, revendique que soit placé « au-dessus de tout, l'unité et la cohésion du Parti ». Ils estiment que ne sont pas suffisamment précisés les rapports avec le Parti communiste et ses filiales, « Or, ce problème est capital dans la région parisienne où le Parti, qui en a fait loyalement l'expérience, a toujours été diminué et affaibli par la pratique des actions communes ». Duquenne signe le texte en tant que membre de la section de Joinville avec Léon Berthet, qui sera adjoint au maire à la Libération.

Intervenant en juin 1939 lors d’une fête à l’occasion de la sortie du 100e numéro du journal de la section socialiste de Nogent-sur-Marne, Le Socialiste Nogentais, est qualifié dans Le Populaire de « mordant mais sincère orateur socialiste ». Le même mois, il parle lors de réunion de cheminots à La Chapelle (Paris) et Nanterre (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il est réélu membre de la commission exécutive de la Fédération de la Seine au titre de la Motion A, conduite par Gaston Allemane, député de Champigny, avec 1143 voix.

Resté en région parisienne, c’est Duquenne qui assure la réouverture des bureaux de la Fédération mi-septembre 1939. Il assure la représentation de la commission exécutive fédérale, au moins jusque fin octobre. La dernière mention le concernant dans la presse socialiste est un numéro du Populaire du 28 octobre, mentionnant sa présence à la réunion de la commission exécutive le 23.

À suivre

le service d'ordre des Jeunesses socialistes de la Seine en 1939

 

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29 juillet 2019 1 29 /07 /juillet /2019 01:01

Suite de la biographie d’Albert Duquenne

Avec Fernand Imbert, Albert Duquenne est l’un des deux secrétaires du comité fédéral mixte de l‘Entente des jeunesses socialistes de la Seine ; Imbert est le secrétaire « jeune », élu par l’assemblée générale, tandis que Duquenne est le secrétaire « adulte », désigné par la commission exécutive fédérale. Il intervient, au titre de la Fédération dans de nombreuses réunions, y compris en province (Pithiviers, août 1937). Il s’efforce de mobiliser les jeunes socialistes pour des défilés, selon l’historienne Christine Bouneau, « dans une scénographie qui cherche à mettre en valeur sinon à faire une démonstration de force. »

Suite au conflit entre la direction nationale de la SFIO et la Fédération de la Seine, dirigée par le responsable de la Gauche révolutionnaire, Marceau Pivert, et ses partisans, toutes les sections sont dissoutes. Des secrétaires provisoires sont désignés pour chaque arrondissement de Paris et chaque commune de la Seine afin de les reconstituer. Les adhérents qui veulent réintégrer le parti sont priés de s'adresser à eux et de signer l'engagement de respecter la discipline et les décisions. Le 16 avril 1938, Duquenne est désigné comme secrétaire provisoire, chargé de la reconstitution de la section de Joinville, bien qu’il réside à Champigny. Le 20 avril, il est remplacé par un adhérent joinvillais, désigné par sa section, Jean Brision. La réunion de reconstitution de la section a lieu le 29 avril au café Chez Camus.

Devenu un des secrétaires de la Fédération SFIO de la Seine, membre du bureau fédéral, Albert Duquenne intervient régulièrement auprès des partenaires. C’est ainsi lui qui répond au parti communiste, en juillet 1938, qui interpelle les socialistes au sujet de l'augmentation du prix du gaz et de l'électricité. Il renvoie la question aux élus départementaux. Quelques jours plus tard, on le voit signer une tribune, parue dans les quotidiens communiste L’Humanité et socialiste Le Populaire « Contre les pillards de Paris. »

En septembre de la même année, une ordonnance de référé du tribunal civil de la Seine permet aux socialistes de récupérer leur local fédéral, 7, rue Meslay à Paris (3e arr.), qui avait été conservé par l’ancienne direction des partisans de Marceau Pivert. Albert Duquenne et Marcel Bloch, au nom des loyalistes, accompagnent l’huissier qui fait l’état des lieux. Le Populaire considère que « le siège fédéral a été vidé et pillé. »

Le bureau de la Fédération de la Seine comprend Robert Prieur, ancien chef de cabinet de Paul Faure; l’avocat Maurice Paz, Francis Desphelippon, ex-secrétaire général de l'ARAC (anciens combattants) et Duquenne.

L’activité de Duquenne se concentre sur des interventions publiques contre le fascisme (souscription en octobre 1938, manifestation le 12 février), à la lutte contre les décrets-lois du gouvernement ou à la formation des jeunes socialistes (organisation de soirées éducatives et de journées d'études). Il préside le congrès des Jeunesses socialistes de la Seine en novembre 1938 à Champigny, où 120 délégués représentent 51 groupes.

À suivre

 

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25 juillet 2019 4 25 /07 /juillet /2019 01:01

Début de la biographie d’Albert Duquenne

Albert Amédée Lemaire naît le 16 mai 1902 à Paris (10e arr.). Il est déclaré comme fils d’Émilie Honorine Lemaire, fleuriste. Il prend le nom de Duquenne lorsque Louis Jean Duquenne, sculpteur sur bois, le reconnaît en janvier 1907. Ses parents, qui vivent jusqu’en 1907 à Paris (10e, 11e puis 12e arrondissements), s’installent en 1908 à Saint-Maur (Seine, act. Val-de-Marne), où ils se marient en août 1910 après avoir donné naissance à cinq enfants, dont deux meurent le mois précédant les noces.

Marié une première fois en mai 1931 à Villeneuve-le-Roi (Seine-et-Oise, act. Val-de-Marne) avec Marie Louise Bonis, Albert Duquenne se remarie en mai 1941 à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne) avec Régine Yvette Anne Marie Hallet, dactylographe.

Ayant donné son adhésion à la section saint-maurienne du parti socialiste SFIO en 1925, Duquenne va exercer des responsabilités dans cette formation à partir de 1933. En novembre de cette année-là, il est nommé secrétaire du comité de presse, chargé de la diffusion du quotidien du parti, Le Populaire. Il siège, en janvier 1934, au sein de commission administrative de la section locale. Il intervient comme orateur, en janvier dans la commune voisine de Bonneuil où il développe le programme du parti : nationalisation des mines, des chemins de fer, des assurances puis en octobre à Saint-Maur, dans un meeting antifasciste.

À partir de 1935, Duquenne milite principalement dans le canton de Charenton (Seine, act. Val-de-Marne), et en particulier dans la ville de Maisons-Alfort. Il est candidat, avec l’investiture de la SFIO, lors des élections législatives d’avril 1936. Il se présente dans la 5e circonscription de l’arrondissement de Sceaux (Alfortville, Charenton, Maisons-Alfort, Saint-Maurice) et recueille 2 145 voix sur 22 567 votants et 24 960 inscrits. Le communiste Marcel Capron est élu dès le premier tour.

Installé à Champigny-sur-Marne, route de Villiers, Duquenne prend des responsabilités dans la Fédération SFIO de la Seine. Il est élu en octobre 1937 à la commission exécutive lors du congrès fédéral, au titre de la motion C, qui soutient les positions de Léon Blum au niveau national et est conduite localement par Suzanne Buisson.

À suivre

Route de Villiers, Champigny

 

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13 juillet 2019 6 13 /07 /juillet /2019 01:01

Eugène Tilly nait le 4 décembre 1851 à Saint-Mihiel (Meuse). Il est le fils de Marie Vincent et de son époux François Eugène Tilly, entrepreneur de travaux publics.

Installé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), il exerce en 1879 la profession de cuisinier, probablement dans l’hôtel du quai Beaubourg exploité par Alphonse Demeestère, conseiller municipal de la commune et futur fondateur du groupe radical-socialiste local. Il épouse en octobre de cette année Émilie Guiard, employée de commerce, dont la famille réside dans la commune voisine de Saint-Maur-des-Fossés.

Se mettant à son compte, il acquiert le Café du Gaz, un hôtel meublé donnant sur la place du Marché, à l’angle des rues de Créteil et de Paris à Joinville. Le café est un lieu de retrouvailles pour les libres-penseurs de la commune et les radicaux-socialistes. Ainsi, il organise en 1888, 1891 et 1892, des « banquets gras » le Vendredi-Saint.

Pour l’élection municipale complémentaire organisée suite au décès du maire républicain, Gabriel Pinson, Tilly fait partie du « groupe d’électeurs de la commune attachés aux institutions républicaines », lancé par Ludovic Alexandre Cambier, qui soutient la candidature d’Amédée Gosset, mécanicien. Gosset est élu, étant seul candidat, avec 75% des suffrages exprimés ; cependant, un autre radical-socialiste, Bleunard, qualifié de « rouge » dans la presse locale, bien que non candidat, obtient 25% des voix.

En janvier 1889, Tilly soutient la candidature d’Édouard Jacques, président du conseil général de la Seine lors de la législative partielle face au général Boulanger, populiste, qui remporte l’élection.

Il accueille un banquet cantonal radical-socialiste en juin 1890 et souscrit avec 260 autres personnes à Joinville « Pour les affamés de Carmaux » en septembre 1895.

En novembre 1897, Eugène Tilly vend son commerce et s’installe à Saint-Maur-des-Fossés où, après la mort en janvier 1898 de son épouse, il se remarie avec la sœur de cette dernière en juin 1899 à Saint-Maur. Antoinette Louise Guiard, qui fut plumassière, travaillait ensuite au café du Gaz de Tilly à Joinville. Pour ce remariage, les nouveaux époux obtiennent une dispense de parenté, signée du président de la République, sans doute Émile Loubet, Félix Faure étant mort en février.

Eugène Tilly meurt le 21 avril 1921 à Saint-Maur-des-Fossés. Il était âgé de 69 ans.

Le Café du Gaz à Joinville

 

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30 mai 2019 4 30 /05 /mai /2019 01:01

Suite de la biographie de Robert Caudrilliers

Fin décembre 1918, à Paris (7e arr.), Robert Caudrilliers épouse Olga Marie Guillaume. Ils vivent rue Ernest-Lacoste (12e arr.). Après-guerre, il reprend son métier de journaliste reporter photographe, se spécialisant dans le sport, et notamment le cyclisme, où il devient un spécialiste renommé du Tour de France. Selon Georges Briquet, « Le bon Robert Caudrilliers qui fut, quarante ans durant, le photographe du Miroir des Sports, avait ses coins de prédilection. Sa pierre existait au début du Galibier. Ailleurs, il avait un parapet, une fenêtre du premier étage, son faux vélodrome dans les lacets de Castellane. Mais son plus beau tableau fut celui d'André Leducq qui, gagnant certain du Tour 1930, caracolait au-dessus du lot, bien soutenu par la première des équipes nationales françaises. En descendant le Galibier, alors qu'il avait la réputation d'être le plus beau descendeur connu jusqu'alors, il tomba. Une pédale cassée, le genou gauche ouvert, André Leducq paraissait incapable de repartir... Son attitude, fixée par la plaque sensible, était exactement celle du penseur de Rodin. »

En 1931, Charles Joly, directeur de la course, dont le véhicule est arrêté à un passage à niveau, commente : « c'est encore Caudrilliers qui a soudoyé le garde-barrière pour avoir un sensationnel cliché. »

Vivant à Asnières (Seine, act. Hauts-de-Seine), Caudrilliers est membre du club Asnières-Gennevilliers Sportif et donne des conférences pour le public et les jeunes sur le sport. Après son divorce, il se remarie en novembre 1931 à Asnières avec Marie Adrienne Suzanne Cugnot.

Membre de l’association professionnelle des reporters photographes et cinégraphistes, il en est d’abord trésorier puis syndic. Une des activités de l’association est la préparation d’un championnat des reporters : partant du parvis de Notre-Dame de Paris, il faut prendre un cliché 18 x 24 sur un sujet donné (par exemple, le portrait du préfet de police) et le porter, révélé, tiré et prêt au clichage, le plus rapidement possible au sommet de la butte Montmartre. Robert Caudrilliers le remporte en avril 1930 et devient ensuite un des organisateurs de la course.

Au cours de la deuxième guerre mondiale, Caudrilliers est officier de rapatriement, technicien photographe au ministère des prisonniers et correspondant de guerre détaché au grand quartier général.

Il reprend ensuite son activité de journaliste, et la vie des parisiens d’alors ; le quotidien L’Auto, en juin 1941 comment ainsi sa présence à une course automobile au sud de Paris : « Entre deux passages du Dunlop au Championnat de Paris à Montlhéry, on pouvait voir notre confrère photographe Robert Caudrilliers, du Petit Parisien, arracher frénétiquement des herbes qu'il enfouissait dans un sac... C'est que Caudrilliers habite la banlieue et élève des lapins... Et il avait pensé, non sans raison, que sur le plateau de Saint-Eutrope, II y a de quoi nourrir des armées de lapins !... »

Le 26 avril 1944, Robert Caudrilliers est un des reporters qui réalise, pour Le Petit Parisien, les photos de la visite à Paris du chef de l’État, Philippe Pétain, que le journal du 27 titre ainsi : « Le maréchal acclamé par le peuple de Paris. À Notre-Dame, le Chef de l'État, le président Laval et les membres du gouvernement ont assisté à la cérémonie à la mémoire des Français massacrés par les Anglo-Américains. »

Il ne semble pas que Robert Caudrilliers ait un engagement dans la Résistance à l’occupation, contrairement à son frère cadet, Raymond dit Aimos, acteur, tué le 21 août 1944 lors des combats de la libération de Paris.

Reprenant son activité après-guerre, Caudrilliers est le doyen des reporters photographes en 1949, après à ce moment 41 ans d’activité et à l’âge de 61 ans.

Robert Caudrilliers meurt le 26 septembre 1959 Clichy-la-Garenne. Il était âgé de 71 ans et était toujours domicilié à Asnières, rue de Prony.

Robert Caudrilliers a été fait chevalier de la Légion d’honneur en octobre 1949. Le certificat de moralité et de bonne conduite pendant la campagne 1939-1945 est signé par François Mitterrand, alors secrétaire d’État à la présidence du conseil et futur président de la République.

Il est également titulaire de nombreuses autres médaille. À titre militaire, il est décoré de la médaille de la Victoire, de la médaille commémorative française de la Grande-Guerre, de la  médaille commémorative d’Orient, de la médaille commémorative de Serbie. Il est également officier du Nicham Iftikhar (Tunisie) et officier de l'ordre du Ouissam alaouite (Maroc).

À titre civil, Caudrilliers a été gratifié des Palmes académiques en tant qu’officier d’académie en 1934. Il est également médaille d’or de l’éducation physique, médaille d'argent de la ville de Paris et médaille d'honneur du travail.

Fin

 

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28 mai 2019 2 28 /05 /mai /2019 01:01

Début de la biographie de Robert Caudrilliers

Robert Michel Fernand Caudrilliers naît le 2 août 1888 à La Fère (Aisne). Il est le fils de Blanche Armance Cloës et de son mari Joseph Caudrilliers, bijoutier.

La famille s’installe ensuite en région parisienne au début du 20e siècle. En 1910, elle vit à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), rue Krüger. Robert Caudrilliers s’intéresse au sport et est, alors qu’il n’a encore que 15 ans, secrétaire d’un club cycliste, l’US Saint-Gervais en 1904<ref>L’Auto, quotidien, 1904/05/07</ref>.

En 1908, devenu reporter photographe, Caudrilliers s’intéresse aux débuts de l’aviation. En octobre, il couvre le vol de Louis Blériot entre Toury (Eure-et-Loir) et Artenay (Loiret). Premier voyage circulaire de l’histoire, il se déroule sur un circuit d’environ 26 km avec un appareil Blériot VIII et est émaillé de deux pannes moteur.

Un peu plus d’un an plus tard, il assure le reportage du vol de Maurice Farman de Chartres à Orléans en janvier 1910 puis accompagne son frère Robert Caudrilliers, pionnier de la photographie aérienne (1/2), en avril de la même année, entre Étampes (Seine-et-Oise, act. Essonne) et Chevilly pour un trajet d’une soixantaine de kilomètres dans un bilan évoluant à 50 mètres au-dessus de la Beauce. Il inaugure ainsi le tourisme et le reportage aérien. Quelques jours plus tard, il illustre la course Londres-Manchester en aéroplane.

Malgré une faiblesse physique, Caudrilliers fait son service militaire en 1910-1912, mais dans un service auxiliaire, détaché à l’école d’artillerie de Fontainebleau (Seine-et-Marne) comme technicien photographe. Son père décède au cours de cette période en février 1911 à Saint-Maur.

Au début de la première guerre mondiale, Caudrilliers poursuit son métier de journaliste, effectuant des reportages de guerre parus en novembre 1914 dans le journal Excelsior, où il dit être « un photographe dont le métier est plutôt de manier l'objectif que d'écrire, et qui s'excuse d'être, pour une fois, sorti de son rôle ». Il décrit : « aujourd'hui que l'artillerie est la reine de la bataille, c'est une lutte souterraine que se livrent les camps adverses, et la première impression qui frappe le spectateur est celle d'un désert bruyant : on entend des coups de tonnerre, mais on ne voit âme qui vive. »

La destruction d’Arras est au programme du premier des deux voyages de presse sur le front : « Au milieu de fous ces vestiges qui arracheraient des larmes au plus insensible, une boutique est pourtant restée ouverte, doublement ouverte puisque c'est à un obus qu'elle doit d'être béante ; sur la brèche, le commerçant avisé a, de son mieux, assujetti quelques planches, sur lesquelles il a calligraphié, à l'aide d'un bout de craie, la nomenclature des articles qu'il tient à la disposition de sa clientèle : chemises, jerseys fourrés, caleçons, mouchoirs, torchons, serviettes de toilette, mains-éponges, lacets, ceintures de flanelle ‘au mètre’, cache-nez, chaussettes, blagues à tabac, cadenas, papier à lettres, couvertures de voyage, porte-monnaie, chaînes, gants de laine ‘pour femmes’, bas et chandails ‘pour enfants seulement’. Toute l'énergie d'une race n'est-elle pas symbolisée par cette originale enseigne ? Au milieu même des ravages de la mort, la vie continue. »

En février 1915, Caudrilliers est reclassé dans un service armé, en restant affecté à la photographie aérienne dans le 1er puis le 2e groupe d’aérostation. Il effectue des missions notamment dans les Balkans et en Serbie. Il est démobilisé en février 1919.

Caudrillers et Henry Farman, 1910

 

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26 mai 2019 7 26 /05 /mai /2019 01:01

Suite de la biographie d’Aimos, alias Raymond Caudrilliers

La disparition d’Aimos suscita une importante émotion dans la presse parisienne qui vient d’éclore après a disparition des journaux publiés sous l’occupation.

Le quotidien d’Aragon, Ce soir, écrit que « le si populaire acteur de cinéma Aimos a trouvé une mort héroïque au cours de l'attaque d'un convoi allemand. Depuis des années il personnifiait sur l'écran le véritable enfant de Paris. (…) Il était toujours prêt à aider les malheureux ; on connaît principalement son œuvre pour l'enfance. »

Le même journal relève la présence de près de 2 000 personnes lors de ses obsèques dans l'église Saint-Antoine de Paris (11e arr.), dont des artistes et de nombreux gosses. Un détachement des FFI présente les armes.

Le journal chrétien L'Aube salue « cet artiste au grand cœur, qui aimait les petits. »

Les circonstances du décès d’Aimos ne sont pas établies de manière précise. Plusieurs lieux parisiens, très proches, sont évoqués comme étant l’endroit de sa mort : devant le café du Cadran du Nord, rue de Dunkerque (Ce soir) ; sur la barricade de la rue Philippe-de-Girard (L'Aube) ; ou sur une barricade installée en travers de la rue Louis-Blanc, à hauteur du numéro 50 (Bertrand Beyern). L’état-civil de Paris mentionne le 2, place du Docteur-Alfred-Fournier, mais il s’agit de l’adresse de l’hôpital, où son corps a été déposé.

La patronne du Cadran du Nord raconte : « C'est devant notre café qu'il a été trouvé tué avec trois de ses camarades de combat, dans une conduite intérieure toute maculée de sang et percée comme une écumoire. Les quatre pneus étaient crevés. »

La journaliste Colette Morel évoque dans Ma vie en rouge une autre hypothèse qu’elle attribue à son père, le résistant Ange Morel : « Mon père participa à la libération de Paris, puis à la bataille du pont de Joinville, sans que je connaisse le détail de ces aventures. J’ai seulement entendu parler de deux camarades de combat. Un comédien nommé Aimos jouait les personnages populaires au destin souvent tragique. Il s’est battu là en témoignant d’une certaine inconscience, au point que mon père lui avait dit :

- Ne t’expose pas ainsi !

Il en est mort, parce qu’il voulut être Aimos jusqu’au bout. »

Cependant, le décès d’Aimos ayant été déclaré à l’état-civil le 23 août et la bataille du pont de Joinville à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) ayant eu lieu le 25, ni le lieu ni la date ne peuvent être retenus. Peut-être Colette Morel a-t-elle amalgamé dans sa mémoire plusieurs récits de son père, qui a pu participer à des combats à Paris avant de rejoindre ceux de Joinville.

L’incertitude va susciter une polémique, alimentée notamment par l’écrivain Patrick Modiano. Dans son romain Dimanches d’août, il met dans la bouche de Mme Villecourt une version de la mort d’Aimos : « Il a soi-disant été tué, à la libération de Paris, sur une barricade, par une balle perdue… (…) En fait, ça ne s’est pas du tout passé comme ça… C’est une sombre histoire… (…) C’était un règlement de comptes… A cause de certaines personnes qui fréquentaient Champigny et La Varenne pendant la guerre… Il les avait connues… Il savait des choses sur elles… Il entendait leurs conversations dans les auberges du coin… »

Le même Modiano interprète dans Paris Tendresse : « On n’a jamais pu élucider les circonstances de sa mort – ou de son assassinat – en août 1944, sur une barricade, du côté de la gare du Nord, à l’heure où les jeunes gens fêtaient la Libération, debout sur le lion de Denfert-Rochereau. Sans doute Aimos n’avait-il plus d’avenir car il en savait beaucoup trop long sur les défuntes années trente… »

Le statut de résistant d’Aimos est cependant attesté. L’état-civil de Paris porte la mention « Mort pour la France » sur son acte de décès, apposée le 1er février 1946.

Aimos est enterré à Chennevières-sur-Marne en compagnie de Renée Lefèvre (Raymond Aimos). Son nom figure sur le monument aux morts de la ville (Raymond Caudrilliers). Une plaque en hommage aux résistants du groupe de Sébastopol est apposée au 48, boulevard de Sébastopol à Paris (3e arr.) ; le nom de Raymond Aimos y est inscrit.

Fin

 

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24 mai 2019 5 24 /05 /mai /2019 01:01

Suite de la biographie d’Aimos, alias Raymond Caudrilliers

À côté de son travail artistique, Aimos s’intéresse en particulier à la boxe. Il est le président du Ring de Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis), qui revendique le titre de premier club pugilistique français chez les amateurs. Une coupe à son nom sera délivrée à partir de 1944.

Pendant la deuxième guerre mondiale, Aimos ouvre, rue Montmartre à Paris, un restaurant pour les enfants nécessiteux, baptisé L'Œuvre des Gosses. Il mobilise Charles Trenet, qui y interprète La cigale et la fourmi pour récupérer des fonds pour la cantine. Plusieurs auteurs comparent son engagement aux Restaurants du cœur de Coluche.

Son principal engagement, c’est cependant dans la lutte contre l’occupation allemande en France. Aimos rejoint le mouvement Libération-Nord. Il est membre du groupe Sébastopol, affilié au mouvement Résistance, qui s’appuie sur d’anciens cadres de Jeune République, un parti chrétien d’avant-guerre. Le groupe avait son siège à la pharmacie Canonne, boulevard Sébastopol à Paris et se retrouvait au restaurant Le Grillon, dans la même artère.

Le groupe est actif dans la lutte contre la déportation et l'aide aux aviateurs alliés. En août 1944, en lien avec le groupe Cloche des Halles, le groupe Sébastopol participe aux combats pour la libération de Paris et compte alors une soixantaine de membres.

C’est le 20 août, au cours d’échanges de tirs avec des soldats allemands, qu’Aimos va trouver la mort, près de la gare du Nord.

Une quinzaine de membres du groupe Sébastopol, soit un quart, sont disparus pendant les combats de la Libération.

Transporté à la morgue de l’hôpital Saint-Louis, son cadavre ne fut identifié, par la Croix-Rouge, que plusieurs plus tard, suite à des annonces publiées dans la presse par sa mère.

Aimos se vit reconnaître à titre posthume, en 1947, le grade de caporal dans les Forces françaises de l’intérieur (FFI).

À suivre.

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