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17 septembre 2021 5 17 /09 /septembre /2021 00:01

Dardja Nimboucheff naît le 28 mai 1875 à Novo-Alekseevskaya, village de la région du Don, en Russie.

Le village de Novo-Alekseevskaya est aujourd’hui extérieur à la République de Kalmoukie, constituée au sein de la fédération de Russie, et, selon le recensement russe de 2002, ne comprend plus de population kalmouke notable. Cependant, à l’époque de sa naissance, il était largement peuplé de Kalmouks.

Son prénom a plusieurs variantes orthographiques (Darja ou Dordji), mais il est également désigné comme Namajal. Son nom est également translittéré de différentes façons (Nimbouchoff, Nimbouchev, Nimbousheff ou Nimbushov) ; la graphie utilisée ici est celle de sa pierre tombale.

La majorité de la population kalmouke, peuple d’origine mongole, établie dans les steppes entre la plaine du Don et la mer Caspienne, est de religion bouddhiste et de rite tibétain. Nimboucheff suit une formation théologique et entreprend, en février 1911, un pèlerinage qui devait le conduite au Tibet, où réside l’autorité suprême du bouddhisme tibétain, le Dalaï-Lama. Il voyage en compagnie de deux autres étudiants, Lubsang Sharab Tepkin et Dzhamnin Umaldinov. Cependant, contrairement à Tepkin, Nimboucheff et Umaldinov n’atteignent pas Lhassa et se rendent à Urga (act. Oulan-Bator), capitale de la Mongolie et autre centre important du bouddhisme tibétain. Il y reste pendant un an.

À son retour en Kalmoukie, en 1912, Dardja Nimboucheff exerce un ministère bouddhique dans sa région d’origine. Il sera désormais désigné par le titre de Bakcha (ou Baqsi).

La révolution bolchévique de 1917 en Russie est combattue par les forces kalmoukes réunie autour du Noyon (prince) Toundoutoff, qui se range aux côtés des armées blanches. Après leur défaite en 1920, une partie de la population, et notamment les élites politiques et militaires, quittent la région et se réfugient dans divers pays d’Europe. Tous les moines bouddhistes auraient été envoyés dans des camps ou exécutés, et les temples (khourouls) détruits.

La France accueille plusieurs centaines de réfugiés, dont le prince Toundoutoff et sa mère, ainsi que Chamba Balinov, originaire du même village de Novo-Alekseevskaya, et Nimboucheff.

Présenté comme « supérieur de couvent bouddhique au Turkestan », Nimboucheff participe en décembre 1925 à la création à Paris (5e arr.) de l'Association pour l'étude des civilisations orientales, dont le siège est rue des écoles. Elle organise une fête orientale à Paris en février 1926.

C’est en tant que principal responsable bouddhiste kalmouk en Europe que Nimboucheff organise une collecte pour la construction de ce qui sera, à ce moment-là, le premier temple lamaïste en Europe, à Belgrade, où s’est installé son camarade de l’expédition en Mongolie, Umaldinov. C’est Nimboucheff qui préside la consécration de ce temple en décembre 1929.

À partir de 1923, une partie de cette communauté va s’installer sur les bords de Marne, principalement à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).

En 1931, on compte 200 personnes de nationalité russe résidant à Joinville, dont plusieurs dizaines on des noms à consonance kalmouke. Présenté dans la presse comme le grand prêtre, Nimboucheff a installé dans son logement de Joinville « un misérable khouroul » (selon Marianne), seul lieu de culte bouddhiste en région parisienne, avec un temple construit en grande banlieue à l'intention des Annamites de Seine et Seine-et-Oise, mais ne relevant pas du rite tibétain.

En décembre 1937, Nimboucheff y célèbre une cérémonie religieuse en l’honneur du prince Toundoutoff, qu’il a organisée avec Chamba Balinov.

Dardja Nimboucheff meurt le 17 janvier 1944 à Couëron (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique). Il résidait cité Bessonneau, dans cette ville industrielle où un autre groupe important de Kalmouks s’était implanté. L’annonce nécrologique publiée dans Le Phare de la Loire par M. & Mme Zacharow, ses neveu et nièce, au nom « du clergé bouddhiste, du Comité national des Kalmouks de Couëron, de l’Organisation nationale des Kalmouks Kh. T. I. et de ses fidèles », le présente comme « évêque Kalmouk bouddhiste ». Il était âgé de 68 ans et est inhumé au cimetière de Couëron.

 

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3 février 2021 3 03 /02 /février /2021 00:01

Suite de la biographie de Chamba Balinov

Alors que les forces alliées ont déjà libéré l’essentiel de l’Europe occidentale, Chamba Balinov continue son œuvre au Comité national kalmouk à Berlin. Il coopère avec le général Vlassov, dont il a une opinion très positive. Ce faisant, il s’oppose au ministère des territoires de l'Est d’Alfred Rosenberg, dont l’autorité, déjà faible au début, était encore diminuée, et à ses collègues des autres comités nationaux du Caucase ou d’Asie centrale. En août 1944, envisageant la défaite finale de l’Allemagne, ils recherchent de nouveaux alliés.

Satisfait du texte du Manifeste de Prague, signé le 14 novembre 1944, Balinov en est un des signataires en qualité de militant social. Par contre, bien qu’il en soit membre,  Balinov n’est pas content de la composition du Comité de libération des peuples russes (Komitet Osvoboždenija Narodov Rossii, KONR), où il trouve qu’une place trop grande est faite aux monarchistes russes ; à part Balinov, peu de chefs non-russes figuraient dans cette instance. Vlassov rebaptise son armée Forces armées du Comité de libération des peuples russes (VS-KONR) et change de nouveau de camp, appuyant en mai 1945 l’insurrection des partisans contre l’occupation allemande à Prague.

Le Manifeste mettait en cause « les puissances de l'impérialisme dirigées par les ploutocrates d'Angleterre et des États-Unis, dont la grandeur repose sur la persécution et l'exploitation d'autres nations et peuples » de même que « les puissances de l'internationalisme dirigées par la clique de Staline, rêvant d'une révolution mondiale et de la destruction de l'indépendance nationale d'autres pays et peuples. »

Le Comité de Vlassov réclame « Le renversement de la tyrannie de Staline ; la libération des peuples de Russie du système bolchevique et la restitution de ces droits aux peuples de Russie pour lesquels ils se sont battus et ont gagné dans la révolution populaire de 1917 ; Arrêt de la guerre et paix honorable avec l'Allemagne ; Création d'un nouveau système politique populaire libre sans bolcheviks ni exploiteurs. »

S’agissant du contexte européen, le manifeste « se félicite de l’aide de l’Allemagne à des conditions qui n’affectent ni l’honneur ni l’indépendance de notre patrie. Cette aide est actuellement la seule opportunité réaliste d'organiser une lutte armée contre la clique stalinienne. »

En mai 1945, les alliés refuseront la reddition de Vlassov et laisseront les Russes s’emparer des soldats de son armée. Les officiers généraux seront pendus, tandis que les militaires et leurs familles seront déportés en Sibérie.

En ce qui concerne Chamba Balinov, qui n’appartenait pas à une unité militaire bien qu’il ait œuvré à intégrer des bataillons kalmouks dans les forces du KONR, il échappe semble-t-il à l’arrestation et se retrouve dans un camp de réfugiés, avec le statut de « personne déplacée ». Il engage des démarches pour émigrer, tout en continuant une activité, notamment journalistique. Ainsi, sous le pseudonyme de S. Galdanov, il publie dans le quotidien de langue russe de New-York Novoe Russkoe Slovo, un article qui aura un retentissement international, « Un peuple pour qui il n'y a pas de place sous le soleil », évoquant la déportation des Kalmouks.

Une autre de ses publications, dans la revue Kaukasus, de Munich, en novembre 1951 sur le 8e anniversaire de la liquidation de la République kalmouke est reprise dans plusieurs pays, par exemple en France et aux États-Unis. Dans le Journal of Central European Affairs en 1953, Balinov évoque, à propos de l’Union soviétique poststalinienne « Une dictature sans dictateur ». Il publie à Munich, de 1947 à 1949, Kalmyk Obozreniye (Revue kalmouke).

Les six lettres au professeur Nikolay Matviychuk écrites en 1949 et 1950 montrent les préoccupations de de Chamba Balinov au sujet de sa situation. Il est au chômage et envisage de partir en France en tant que travailleur agricole ; il est nourri par un couple d’amis, les Manzhikov. Il poursuit cependant son activité politique ; il a du mal à financer la revue, bien qu’il ait obtenu l’autorisation de la publier. Espérant un appui de groupes américains, il résume ainsi les positions qu’il défend dans Kalmyk Obozreniye : « Intransigeance face au bolchevisme; revendication d’une manière démocratique de construire la vie publique ; respect des droits des petits peuples. »

S’agissant des organisations d’émigrés, Balinov, qui les fréquente ne cesse de se plaindre des divisions et des conflits internes qui sont leur lot quotidien. Il attaque en particulier l’attitude des monarchistes. Il évoque des rumeurs sur l’infiltration d’agents soviétiques dans les instances de l’émigration. Balinov a été membre du conseil d’administration du Centre pour le développement social.

Chamba Balinov réside jusqu’en 1949 dans le camp de déplacés de Pfaffenhofen, en Bavière ; il s’installe ensuite à Gilching, dans le même land. Il signale être séparé de son épouse depuis 1943. En remplacement du passeport Nansen, qu’il avait reçu à Prague en mars 1930, il a obtenu de l’OIR une carte attestant de son statut de personne déplacée en mars 1949. La fiche associée à la délivrance de sa carte est rédigée ainsi : « Jusqu'en 1930 à Prague, puis déménagé en France (confirmé par le passeport de Nansen), où il publia deux magazines. En 1943 a été transporté de force de Paris à Berlin, en Allemagne, et a reçu l'ordre de travailler dans la rédaction du journal Morgen, où il assurait la livraison des journaux aux vendeurs (confirmé par un double livret de travail). Après la guerre en avril 1945, il a fui de Berlin à la Bavière, a vécu dans le camp de personnes déplacées kalmoukes, a ensuite quitté le camp et a vécu dans un appartement privé. De 1947 à nos jours, il a été responsable du journal Kalmyk Obozreniye. Comme dans ce cas, la collaboration n'a pas été confirmée, il a été adopté sous mandat de l’OIR. »

Début novembre 1949, Balinov effectue un voyage en Suisse, à Genève, Lausanne, Berne et Zurich, pour rencontrer des responsables de l’Organisation internationale pour les réfugiés (OIR, actuellement HCR) pour plaider en faveur des kalmouks regroupés dans des camps en Allemagne et obtenir qu’ils puissent émigrer.

Concernant sa demande pour émigrer aux États-Unis, Chamba Balinov ne semble pas nourrir de crainte particulière au sujet de son passé politique, même s’il essaie suggère à son interlocuteur qu’il serait aidé si « une organisation américaine réputée, en plus d'envoyer le contrat, envoyait un certificat de ma fiabilité politique au consul américain ». Par contre, il redoute manifestement que son apparence physique soit un obstacle : « Je suis jaune pur! Je n'ai aucun moyen de surmonter cette barrière raciale ». Il s’interroge sur les stratégies adoptées par certains autres, comme assurer être de sang mêlé, ou revendiquer une nationalité russe, ce à quoi il se refuse, faisant une différence entre sa citoyenneté et son origine nationale kalmouke, qu’il revendique.

Au sujet de l’environnement dans lequel il réside en Bavière, Balinov considère les « Allemands de l'Union ouest-allemande, méprisants et haïssant les Américains » ne cachent désormais plus leurs sentiments. Il dit, avec regrets, que « Apparemment, Staline est né sous une bonne étoile: tout le monde l'aide ! » et annonce préparer un article sur « sur le coût du renversement du bolchevisme. »

Balinov a émigré aux États-Unis le 29 décembre 1955. Il élit domicile à Philadelphie, en Pennsylvanie, le principal foyer de l’émigration kalmouke dans le pays. Il y reprend une activité littéraire, notamment la traduction, sous le pseudonyme de Galdama, d’une cinquantaine de poèmes et chants kalmouks, traduits en russe, qui seront édités après sa mort.

Poursuivant ses contributions à l’histoire de son peuple, il rédige une analyse sur Les Bouddhistes kalmouks, incluse dans un ouvrage publié en anglais en 1958 par l’Institut d’étude sur l’URSS de Munich, Genocide in the USSR. Son texte est également signé Galdama. Certains de ses travaux antérieurs sont réédités sous ce nom, comme celui, datant de 1928 et repris en 1966 sur Le rôle des femmes dans la société kalmouke.

Tentant de reprendre une activité au sein de l’émigration, Balinov se trouve confronté à des luttes internes qui semblent affecter sa santé.

En 1959, Balinov est hospitalisé suite à deux crises cardiaques. Il met fin à ses jours par un coup de couteau au cœur. Chamba Balinov décède le 6 juillet 1959 à Philadelphie, selon son certificat de décès, plusieurs sources, dont Robert S. Wistrich, mentionnent une date légèrement antérieure, le 19 juin. Il était âgé de 64 ans. Il est enterré au cimetière de Saint-Vladimir's Caldbury à Jackson, New Jersey.

Fin

Chamba Balinov, vers 1949

 

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1 février 2021 1 01 /02 /février /2021 00:01

Suite de la biographie de Chamba Balinov

L’activité de Chamba Balinov pendant la période de la deuxième guerre mondiale est documentée par plusieurs textes, complétant les quatre notices biographiques connues. Un ensemble de six lettres, publiées en mai 2020, ont été expédiées, en 1949-1950 à un professeur de musique, Nikolay Vasilievich Matviychuk, né en 1890 à Tarnopol (Pologne autrichienne, act. Ternopil, Ukraine) et résident aux États-Unis. Un long entretien réalisé en octobre 1950 par un certain A. D. dans le cadre d’un programme d’enquête sur le système social soviétique, conduit par l’université américaine de Harvard ; il a été diffusé en 2007. Enfin, on compte des données enregistrées par l’Organisation internationale des réfugiés et par la Sûreté générale en France. Les lettres sont en russe, tandis que l’entretien est transcrit en anglais, bien que réalisé en russe également. Les lettres comme l’entretien prennent évidemment en compte le résultat du conflit et sont écrites dans un contexte où Balinov veut émigrer en Amérique ; cependant, les faits évoqués, confirmés par les autres données dont on dispose, apparaissent généralement crédibles.

En commençant son entretien, Balinov indique : « J'ai travaillé avec les Allemands avant la guerre ». Il situe ses contacts avec un représentant de la Wehrmacht venu à Paris pour lui parler de l'organisation du sabotage et de la propagande contre l'URSS en avril ou mai 1939. Soulignant qu’il était « toujours prêt à lutter contre le bolchevisme », Balinov envisage, avec l’appui allemand, de publier un magazine à Prague, en liaison avec des groupes opérant en Roumanie et en Bulgarie. Il se rend en Allemagne durant l'été 1939. Cependant, le pacte germano-soviétique du 23 août 1939 fait que les Allemands n’ont plus besoin de lui. Il réside cependant toujours en Allemagne et retourne en France en 1940, après l’occupation du pays par les troupes hitlériennes.

L’enclenchement de la guerre germano-soviétique, le 22 juin 1941, provoque la satisfaction de Balinov et de ses amis qui pensent qu'Hitler visait la « libération des peuples réduits en esclavage par l'URSS ». Il assure : « J'ai immédiatement fait savoir que j'étais prêt à travailler pour vaincre les Soviétiques ». Mais il note que les Allemands lui ont répondu : « nous n'avons pas besoin de vous ». Il continue donc à séjourner en région parisienne.

En novembre 1941, Balinov reçoit la visite d'un soldat allemand qui lui demande d'aller à Berlin. Là, il se voit proposer un poste à l'arrière de l'Armée rouge : avec des groupes de partisans kalmouks, qu’il va devoir recruter, il est prévu qu’il soit parachuté en territoire kalmouk. Baptisée opération Zeppelin, l’entreprise est contrôlée par le quartier général de la flotte allemande. Elle démarre à Simferopol en décembre 1941 (Crimée, act. Ukraine de jure et Russie de facto) par l’apprentissage des techniques de sabotage. Balinov fait le tour des camps de prisonniers de guerre et sélectionne des kalmouks. L’opération, prévue en avril 1942, est repoussée suite à une panne de l’avion qui devait les transporter. L’occupation de la République de Kalmoukie par les Allemands en juin 1942 rend inutile l’expédition.

Étant retourné à Berlin, la Wehrmacht détache Balinov auprès du ministère des territoires de l'Est, dirigé par Alfred Rosenberg. Cette administration, mise en place en juin 1941, entend constituer des unités spéciales, regroupant « 30 à 40 anciens émigrants respectés des petites nations » dont ils étaient originaires, dont les kalmouks. Chamba Balinov est désigné comme chef du Comité national Kalmouk. Il est envoyé sur place en octobre 1942 pour établir l'administration locale. Balinov, qui affirme avoir eu un « enthousiasme pro-allemand » assure que « le nouveau voyage m'a vraiment refroidi ». Arrivé en décembre 1942 à Elista, capitale de la Kalmoukie, il s’estime soumis à une sorte d'assignation à résidence. Alors que l'Armée Rouge avance et que les Allemands commencent à battre en retraite, Balinov dit avoir été placé en état d'arrestation pendant une semaine dans un hôtel de la ville le 31 décembre 1942, avant d’être transféré à Stavropol, où se trouvait le quartier général de l’armée allemande où il est libéré.

Au début de 1943, Balinov travaille à l’organisation du Comité national Kalmouk. Il estime qu’il comprenait « bon nombre de carriéristes se sont adaptés aux revendications allemandes » mais peu de nazis notoires ; cependant, un des adjoints de Balinov, Stepanov, fonda en 1943 à Prague un « Parti nazi cosaque ». Le comité disposait de deux pièces, dans un immeuble qu’il partageait avec quatre autres comités nationaux, et employait une vingtaine de salariés. Le comité éditait un mensuel, bilingue kalmouk et russe, et disposait d’une radio ; cependant, selon Balinov, si elle avait 4 ou 5 employés, personne ne l’écoutait. La propagande insistait sur le fait que l’Allemagne allait vaincre et qu’elle serait un protecteur décent ; ainsi, la Kalmoukie obtiendrait la liberté vis-à-vis du bolchévisme et des ploutocraties occidentales.

Selon le témoignage de Balinov, les comités n’auraient pas été très productifs. Ils constituaient « un écran et un outil de propagande, un organe contrôlé par le ministère de l'Est. Il n'y avait aucun projet d'indépendance ». Selon Balinov, il espérait que ces structures pourraient améliorer les conditions de vie épouvantables dans les camps de prisonniers de guerre et parmi les travailleurs orientaux utilisés par l’Allemagne. Pour lui, « C'était un mariage de convenance. »

La retraite des troupes allemandes entraîne le départ de 5 000 hommes et femmes du territoire de la République de Kalmoukie. Un Corps de cavalerie kalmouk (KKK), de 4 000 personnes, est constitué. Il sera utilisé par les Allemands pour combattre des partisans en Pologne en 1944, ce que Balinov dit avoir contesté, polémiquant avec le chef de ce corps, le Dr Doll, et faisant rappeler environ un millier de soldats opérant alors en Pologne.

Parmi les comités nationaux fondés par les Allemands, Balinov estime que ceux-ci s'intéressaient peu aux Kalmouks, un petit peuple, contrairement au Comité du Turkestan par exemple. Il explique avoir rarement vu des personnes occupant des postes élevés. Concernant son pays, Balinov remarque que, s’il n’a pas rencontré de véritables bolcheviks parmi les Kalmouks, Mais il y avait un « patriotisme soviétique », surtout chez les jeunes, qui se félicitaient d’avoir une république autonome, une nouvelle capitale (Elista), des écoles et une situation économique qu’ils trouvaient plus favorable.

Basé à Berlin, Balinov est employé par le journal Khalmag à partir de mai 1943. Le 27 décembre 1943, le chef de l’État soviétique, Joseph Staline, ordonne la dissolution de la République de Kalmoukie et la déportation de sa population en Sibérie et en Extrême-Orient.

En 1943-1944, seul parmi les différents comités nationaux, Balinov prend contact avec Andreï Vlassov, ancien général de l’Armée rouge, qui a fondé l’Armée de libération russe après s’être rallié à l’Allemagne. Il discute avec lui, à trois reprises, de comment continuer la lutte antisoviétique, même sans le soutien de l’Allemagne. En visitant les camps de prisonniers, Balinov tente de rallier des Kalmouks aux forces de Vlassov.

Selon les archives du Fichier central de la Sûreté générale (dit fonds de Moscou), Balinov, mentionné avec son adresse à Joinville-le-Pont, aurait été membre de la Légion des volontaires français contre le bolchévisme (LVF), créée le 8 juillet 1941. Il est à ce titre mentionné (même si son nom est partiellement masqué) dans l’ouvrage de l’historien Dominique Lormier, Les 100 000 collabos (2018).

À suivre

Chamba Balinov en uniforme, sd

 

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30 janvier 2021 6 30 /01 /janvier /2021 00:01

Suite de la biographie de Chamba Balinov

Après la défaite du général Piotr Nikolaïevitch Wrangel, successeur du général Anton Denikine à la tête de l’armée blanche, les troupes cosaques et la population kalmouke qui lui était liée quittent les steppes du Don pour un exil, via Istanbul, qui les mène en Bulgarie ou en Tchécoslovaquie.

Arrivé en 1920 en Tchécoslovaquie, pris en charge en tant que réfugié, Chamba Balinov suit des cours d'agriculture et de mécanique automobile pour l’entretien des tracteurs. Cependant, il semble plus intéressé par des travaux intellectuels. Il traduit en langue kalmouke des ouvrages du romancier russe Alexandre Pouchkine ainsi que les Essais sur l'histoire des Kalmouks du professeur Palmov. Balinov contribue à la grammaire kalmouke du professeur Kotvych (Kotwich, Kotwicz). Il participe également à la publication du manuel Honho (Honkho), anthologie de textes kalmouks.

Associé à plusieurs étudiants également d’origine kalmouke, Chamba Balinov devient secrétaire de la Commission des travailleurs culturels kalmouks. À partir de 1927, il travaille à la rédaction du magazine Вольное казачество (Wolnoje kazaczestwo, Cosaques libres). Soutenant l’idée que les intérêts du nationalisme cosaque ont complètement fusionné avec l'idéologie du nationalisme kalmouk, Balinov appuie la lutte pour l'indépendance cosaque. Plusieurs de ses articles sont édités de manière séparée, comme par exemple Sur l'origine des cosaques, diffusé en 1931.

Bien que certains textes parlent d’une arrivée en France au milieu des années 1920, le départ de Prague est sans doute plus tardif, postérieur à l’émission du passeport Nansen, qui attestait du statut de réfugié de Chamba Balinov. Ce document a été délivré dans la capitale tchécoslovaque en mars 1930.

En France, une colonie kalmouke assez importante se fixe à partir de 1924. Elle s’installe principalement autour de la ville industrielle de Couëron (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique) pour les réfugiés ayant transité par la Bulgarie et en région parisienne, notamment dans les communes de Joinville-le-Pont, Saint-Maurice, Saint-Maur-des-Fossés et Alfortville (Seine, act. Val-de-Marne) où on aurait compté environ 500 personnes, venues notamment de Tchécoslovaquie. La famille Balinov s’installe sur les bords de Marne ; Chamba réside en 1931 avec une amie polonaise, Nadieja Szyray, à Joinville, avenue de Joinville, et est manœuvre à Saint-Maurice ; le père, Nudel, est aussi manœuvre à Saint-Maurice et décède, âgé de 59 ans, en septembre 1934. En 1936, Chamba Balinov, journaliste noté comme étant sans emploi, dans le même quartier, rue du Chemin-Creux (voie disparue, située à proximité des actuels boulevard de l’Europe et rue Henri-Barbusse). Il réside en 1936 avec son frère cadet Marckoss (ou Markhous), ouvrier à Saint-Maurice, peut-être dans une tréfilerie, et son épouse Zanc. Ils sont tous les deux nés en Russie en 1900.

Poursuivant sa collaboration avec Cosaques libres, dont il est le représentant à Paris, Chamba Balinov va également publier en France deux journaux, Kovylnye Volny (Vagues de plumes) et Kazachiy Golos (Voix cosaque). Il collabore également aux revues Prométhée, qui se présente comme un organe de défense nationale des peuples du Caucase et de l'Ukraine et du Turkestan et Kaukasus (Le Caucase), qui se veut un organe de la pensée nationale indépendante et est basé à Berlin (1937-1939).

Lors de son séjour en France, Balinov se présente en porte-parole du mouvement des Cosaques libres mais ne met pas en avant la revendication d’indépendance portée par certains d’entre eux. Il plaide en janvier 1933 pour « une union plus étroite de tous les peuples opprimés de l'Orient de l'Europe afin de lutter plus efficacement contre l'impérialisme russe, rouge ou blanc. »

Présenté comme directeur de la colonie Kalmouke de Joinville de Joinville-le-Pont, Chamba Balinov est, avec le grand-prêtre bouddhiste Bakcha Nimbouchev, l’organisateur, en décembre 1937, d’une fête organisé en l’honneur du Noyon Nicolas Toundoutoff, fils et héritier du prince Danzan, mort tragiquement après son retour au pays. La cérémonie fait l’objet d’un long reportage dans l’hebdomadaire Le Monde illustré. Nicolas Toundoutoff réside avec sa mère, journaliste, à Joinville-le-Pont.

En 1936, Balinov était membre d’un Comité de réinstallation, qui avait été constitué en vue d’une implantation des Kalmouks en Mandchourie, en Chine. Il présidait l’organisation Khalmag Tanġčin Tug (Drapeau kalmouk). À partir de cette année, il se met en retrait des groupements politiques cosaques, ne soutenant plus les revendications d’indépendance posées par certains d’entre eux, comme Galzkov. Balinov concentra désormais son activité sur sa vision des intérêts du peuple kalmouk.

À suivre

Le prince héritier Nicolas Toundoutoff, noyon des Kalmouks et ses amis de la communauté de Joinville

 

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28 janvier 2021 4 28 /01 /janvier /2021 00:01

Début de la biographie de Chamba Balinov

Chamba Nudelich Balinov [Шамба Нюделич Балинов] naît le 5 mai 1895 à Novo-Alekseevskaya, Kraï de Krasnodar, région du Don, Russie. Il est le fils d’Ilyina Bembish [ou Hijin Bembich] et de son mari Nudel Balinov [ou Nudil Balinoff], une famille d’un milieu social modeste. La translittération de son nom sous la forme Chamba Balinov est la plus courante. On trouve également, principalement dans les sources anglo-saxonnes, Shamba Balinoff, Szamba Balinow en polonais et différentes variantes comme Balynov pour son nom et Samba ou Schamba pour son prénom. Plusieurs notices mentionnent une naissance en 1894, cependant la date de 1895 est confirmée par des documents officiels français et une lettre de Balinov.

La famille de Chamba Balinov est d’origine kalmouke, venant de la tribu de Jakamul (Dzhakamul), du groupe Ho Buch (Kho Bukh, Khoshuuds ou Khoshut), au sein de la région Remzhinken parmi les kalmouks du Don. Les hommes de cette communauté étaient intégrés au sein de l’armée des cosaques du Don.

Le village de Novo-Alekseevskaya est extérieur à l’actuelle République de Kalmoukie, constituée au sein de la fédération de Russie, et, selon le recensement russe de 2002, ne comprend plus de population kalmouke notable.

Ayant suivi les cours de l'école de son village natal, Chamba Balinov en ressort diplômé. En 1897, un recensement estimait que 4% des kalmouks savaient lire, un niveau bien inférieur à ceux d’autres peuples de la Russie, comme les Tatars (16%) ou les Russes (29%). Ultérieurement, Balinov sera présenté comme un autodidacte.

Chamba Balinov commence son service militaire au cours de la première guerre mondiale en tant que greffier du conseil d'administration du district de Sal, dans la ville de Salsk. De mi-1915 à avril 1917, il sert dans le 36e régiment de cosaques de Don sur le front allemand. Après la révolution, il poursuit dans le même régiment jusqu'à la fin de 1917, toujours dans la région du Don. Il rejoint un escadron basé à Salsk en juin 1918, qui a combattu avec les bolcheviks. En septembre 1918, il est affecté au 3e régiment de kalmouks du Don, qui opère dans la région. Il tomba malade en janvier 1919, et passa un mois dans un hôpital de Novotcherkassk puis obtient une permission de convalescence d’un mois. À partir d’avril 1919 et jusqu’en novembre de la même année, Chamba Balinov est traducteur de la langue kalmouk au conseil de district du district de Salsk. On le nomme, en novembre 1919, chef de la garde de la 5e section du district de Sal.

Selon l’historien Oleg Olegovich Antropov, « Dans la première moitié de 1918, l'anarchie régnait sur les vastes étendues des steppes kalmoukes, s'étendant entre la Volga et le Don, accompagnée d'éclats périodiques de conflits atteignant des massacres sanglants entre les villages cosaques, les nomades kalmouks et les villages russes. »

Territoire frontalier, la steppe kalmouke était prise en sandwich entre la région bolchevique de la Volga et le Caucase du Nord, qui était une arène de lutte acharnée entre l'armée blanche, les Soviétiques, les autorités cosaques et les gouvernements des nouvelles entités nationales.

À l'été 1918, la Grande Armée du Don déclara un État cosaque souverain tandis que l'armée allemande, occupait une partie de la région du Don, cherche à influencer certaines des nouvelles entités étatiques (Ukraine, Géorgie et Azerbaïdjan), tout en soutenant les groupes monarchistes abrités à Kiev. Le noyon (prince) Danzan Toundoutoff, ancien adjudant du Grand-Duc Nicolas, 27 ans, après avoir été élu chef des kalmouks au sein de l'armée d'Astrakhan, quitte le territoire pour la fin mai 1918 pour la Géorgie puis l'Allemagne où l'empereur Guillaume II propose de le soutenir dans la création d’une armée antibolchevique. Revenu dans son territoire, le noyon Toundoutoff tente de constituer l'Union du Sud-Est Don-Caucase, proto-État allié de l'Allemagne, mais il n’arrive pas à convaincre les autres dirigeants des peuples voisins de se rallier à lui. De plus, l'armée d'Astrakhan se trouve en concurrence, pour le recrutement des anciens officiers russes, avec l'Armée des Volontaires de Dénikine, autre chef antibolchévique. L’arrêt des financements allemands, en août 1918, conduit à un rapprochement avec les monarchistes, basés à Kiev (Ukraine).

De septembre 1918 à février 1919, le 3e régiment (celui de Balinov), défendit le district de Salsk contre les unités de l'Armée rouge opérant dans les steppes kalmoukes et assura le flanc droit de l'armée du Don, mise en difficulté par la baisse de ses ressources et des rivalités internes entre kalmouks et cosaques. Plusieurs dirigeants kalmouks devinrent partisans d’une alliance avec les bolcheviks et l'armée d'Astrakhan est dissoute dans les forces antibolchéviques de l'Armée des Volontaires le 1er mars 1919.

À suivre

Le prince Danzan Toundoutoff, noyon des Kalmouks

 

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31 décembre 2020 4 31 /12 /décembre /2020 00:01

Renée Lipkin naît le 15 octobre 1915 à Tolotchine (Russie, act. Talatchyn, Biélorussie). Son nom est parfois orthographié Sipkin. Elle émigre en France, probablement après la révolution soviétique de 1917. En juin 1938, elle épouse au Raincy (Seine-et-Oise, act. Seine-Saint-Denis) le cinéaste Alexandre Lévine.

Pendant la deuxième guerre mondiale, la famille se réfugie à Toulouse (Haute-Garonne) où elle est vendeuse et vit rue Agathoise.

Arrêtée en tant que juive, elle est internée au camp de Beaune-la-Rolande (Loiret). Elle fait partie du convoi n° 5, qui part pour le camp de concentration d’Auschwitz (Allemagne, act. Pologne) le 28 juin 1942. Elle y meurt le 3 juillet 1942, à l’âge de 26 ans.

Plusieurs membres de sa belle-famille meurent également dans le même camp de concentration : sa belle-mère Fénia Lévine, sa belle-sœur Élise, épouse Kac, et son neveu Paul Kac.

Son mari, Alexandre et son beau-frère, Marc Kac, ont participé activement à la Résistance.

Le nom de Renée Lévine est inscrit sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris. Un arrêté du 25 octobre 2012 décide d’apposer la mention « Mort en déportation » sur son acte de décès ; son nom est sous la forme « Lévine, née Sipkin (Renée). »

Son nom figure également sur le Monument aux morts du cimetière ancien du Raincy, en tant que Renée Lévine.

Toulouse, 22, rue Agathoise

 

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29 décembre 2020 2 29 /12 /décembre /2020 00:01

Alexandre Lévine naît le 2 novembre 1912 à Valenciennes (Nord). Il est le fils d’Isaac Lévine et de Fénia Beiline, des marchands forains immigrés la même année depuis Minsk (Russie, act. Biélorussie) et vivant rue des Maillets. À sa naissance, il a la nationalité russe.

Après la première guerre mondiale, la famille s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Palissy, avenue Galliéni, à proximité immédiate des studios de cinéma Pathé.

Devenu cinéaste, Alexandre Lévine est annoncé comme devant collaborer à la réalisation de Marie des Angoisses, de Michel Bernheim, en 1935. Cependant, il est embauché en mai par Gelma-Film pour assister Ladislas et Irène Starewitch, réalisateurs de cinéma d’animation vivant à Fontenay-sous-Bois (Seine, act. Val-de-Marne) ainsi que Marc Gelbart.

En septembre 1935, Alexandre Lévine annonce qu’il va tourner un film intitulé Kol Nidre (Le chant sublime), assisté de Luis Morales et René Petit. Son régisseur est Tony Brouqulère et l’administrateur Lazare Corn. La partition musicale est écrite par le compositeur Jacques Dallin. Il s’agit d’une comédie qui se déroule, au début, dans les milieux universitaires et se poursuit dans une atmosphère dramatique. Le projet est présenté comme un « film juif » par Le Journal juif et la production est assurée par Les Films Léo Cohen. La presse souligne que ce sera la première fois qu’on verra à l'écran la reconstitution complète d'un temple Israélite. En 1939, un film au titre homonyme, est réalisé aux États-Unis par Joseph Seiden.

Alexandre Lévine épouse en juin 1938 au Raincy (Seine-et-Oise, act. Seine-Saint-Denis) Renée Lipkin (dont le nom est parfois orthographié Sipkin), native de Tolotchine (Russie). Ils s’installent dans cette commune, allée de Bellevue.

Pendant la deuxième guerre mondiale, la famille se réfugie à Toulouse (Haute-Garonne) où Renée Lévine est vendeuse et vit rue Agathoise. Arrêtée en tant que juive, elle est internée au camp de Beaune-la-Rolande (Loiret). Elle fait partie du convoi n° 5, qui part pour le camp de concentration d’Auschwitz (Allemagne, act. Pologne) le 28 juin 1942. Elle y meurt le 3 juillet 1942, à l’âge de 26 ans. Plusieurs membres de la famille d’Alexandre Lévine meurent également dans le même camp de concentration : sa mère Fénia, sa sœur Élise, épouse de Marc Kac, et son neveu Paul Kac.

Séjournant sans doute lui-même à Toulouse puis à Asnières (Seine, act. Hauts-de-Seine), Alexandre Lévine s’engage dans la résistance à l’occupation allemande en France. Son activité est homologuée, avec le titre de chef de bataillon, au sein des Forces françaises combattantes et des Forces françaises de l'intérieur. Il aura sans doute rejoint l’Afrique du Nord, dans les troupes d’Henri d'Astier de la Vigerie. Revenu en France, il monte le réseau Alexandre qui a mené de nombreux combats au Raincy et ses environs.

L’historien Jean-Paul Lefebvre-Filleau raconte qu’il participe, en juillet 1944, à une rencontre dans la clinique Parot, au Raincy, où est installé l’état-major du général Jacques Chaban-Delmas. La présence de Georges Bidault et de Pierre Mendès-France est mentionnée.

Le commandant Alexandre rassemble les combattants dans le bataillon de sécurité FFI 107/22, intégré dans les troupes du général Harry, fidèle au gouvernement provisoire du général de Gaulle. Le beau-frère d’Alexandre Lévine, Marc Kac, est également un membre reconnu de la Résistance.

Après-guerre, Alexandre Lévine, de nouveau installé au Raincy, devient gérant d’une entreprise de cosmétiques, la société Rouge-Très-Bien en août 1949. Il épouse en mars 1950 à Paris (6e arr.) Jacqueline Prongué, titulaire de la médaille de la Résistance française. Ils vivent dans cet arrondissement, rue Monsieur-le-Prince.

Selon l’historien Jean Bossu, Alexandre Lévine, comme son frère Léon, est membre de la loge Europe unie (n° 64) de l’orient de Paris et de la Grande Loge Nationale Française en novembre 1961.

En décembre 1971, Alexandre Lévine est nommé administrateur du collège Sainte-Barbe, plus vieille institution privée d’enseignement subsistante à Paris.

Alexandre Lévine meurt le 26 avril 2007 à Issy-Les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) où il résidait avec son épouse. Il était âgé de 84 ans et était titulaire, depuis juillet 1947, de la médaille de la Résistance française.

Le Raincy, synagogue

 

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27 décembre 2020 7 27 /12 /décembre /2020 00:01

Élise Lévine naît le 15 octobre 1911 à Minsk (Russie, act. Biélorussie). Son prénom est parfois orthographié Élisa. Elle est la fille de Fénia Beiline et de son mari Isaac Lévine. Peu après sa naissance, la famille émigre en France et s’installe à Valenciennes (Nord), où ils vivent rue des Maillets.

Après la première guerre mondiale, la famille, agrandie de deux garçons, s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Palissy, avenue Galliéni.

En septembre 1929, Élise Lévine épouse à Joinville Marc Kac, d’origine polonaise, comptable aux studios de cinéma Paramount, dans la commune voisine de Saint-Maurice. Le frère d’Élise, Alexandre, devient cinéaste, la famille étant domiciliée tout à côté des établissements Pathé.

Vivant d’abord chez les parents d’Élise à Joinville, le couple Kac (dont le nom est fréquemment orthographié Katz), après la naissance de leur fils Paul, va s’installer dans la ville limitrophe de Champigny-sur-Marne, route de Villiers.

Au cours de la seconde guerre mondiale, les frères d’Élise Kac sont mobilisés. L’occupation allemande et la répression contre les juifs va conduire au départ des hommes, tandis qu’Élise et son fils Paul, sont revenus à Joinville chez la grand-mère.

Tous les trois sont arrêtés en tant que juifs. Ils sont internés au camp de Pithiviers (Loiret). Ils sont déportés par le convoi n° 35, parti de Pithiviers le 21 septembre 1942 à destination du camp d’extermination d'Auschwitz (Allemagne, act. Pologne). Tous les trois meurent le 26 septembre. Élise Kac était âgée de 30 ans. Sa belle-sœur, Renée Lévine, épouse d’Alexandre, était morte au même endroit en juillet la même année. Son mari Marc et son frère Alexandre, furent tous deux des résistants actifs à l’occupation allemande.

Le nom d’Élise Kac est inscrit sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris ; elle figure également sur la plaque commémorative de la mairie de Joinville-le-Pont sous la forme « Élise Katz. »

Un arrêté du 13 avril 2016 décide d’apposer la mention « Mort en déportation » sur son acte de décès.

La route Villiers à Champigny

 

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25 décembre 2020 5 25 /12 /décembre /2020 00:01

Paul Kac naît le 25 juin 1930 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est parfois désigné sous le nom de Katz. Il est fils d’Élise Lévine, immigrée de Russie et de son mari, Marc Kac, comptable aux studios de cinéma Paramount de Saint-Maurice, venant de Pologne. Comme son père, Paul Kac a à la naissance la nationalité polonaise.

Vivant d’abord chez les grands-parents maternels à Joinville, dans le quartier de Palissy, avenue Galliéni, la famille Kac va s’installer dans la ville limitrophe de Champigny-sur-Marne, route de Villiers.

Au cours de la seconde guerre mondiale, les oncles maternels de Paul Kac sont mobilisés. L’occupation allemande et la répression contre les juifs va conduire au départ des hommes de leurs domiciles, tandis Paul et sa mère sont revenus à Joinville chez la grand-mère.

Tous les trois sont arrêtés en tant que juifs. Ils sont internés au camp de Pithiviers (Loiret) puis sont déportés par le convoi n° 35, parti de Pithiviers le 21 septembre 1942 à destination du camp d’extermination d'Auschwitz (Allemagne, act. Pologne). Grand-mère, mère et fils y meurent le 26 septembre. Paul Kac était âgé de 12 ans.

Renée Lévine (née Lipkin), épouse de son oncle Alexandre, était morte au même endroit en juillet la même année. Le père de Paul et son oncle Alexandre furent tous deux des résistants actifs à l’occupation allemande.

Le nom de Paul Kac est inscrit sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris ; il figure également sur la plaque commémorative de la mairie de Joinville-le-Pont sous la forme « Paul Katz. »

Paul Kac, photographie du Mémorial de la Shoah

 

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21 décembre 2020 1 21 /12 /décembre /2020 00:01

Fénia Beiline naît le 31 mai 1887 à Mir en Russie (act. Biélorussie). La transcription française de son nom et de son prénom est très diverses. On trouve ainsi pour son prénom Fania, Fani, Fanny, Fajga, Faiga, Fejga ou Feiga et pour son nom Beilin, Beuline ou Belin. On gardera ici l’orthographe utilisée dans son acte de décès.

Vivant à Minsk (Russie, act. Biélorussie), elle épouse Isaac Lévine, originaire de la ville et leur fille aînée Élise (ou Élisa) y voit le jour en octobre 1911. Ils émigrent peu après en France, puisque leur deuxième enfant, Alexandre, est déclaré sur l’état-civil de Valenciennes (Nord) en novembre 1912. Ils vivent rue des Maillets et sont marchands forains.

Après la première guerre mondiale, la famille s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Palissy, avenue Galliéni. En novembre1926, Fénia et Isaac Lévine achètent un commerce de fleurs rue Vieille-du-Temple dans le quartier du Marais à Paris (4e arr.). Ils le revendent en mars 1927.

Malgré leur origine modeste, les enfants de la famille acquièrent une position sociale : la fille aînée Élise épouse un comptable de la commune voisine de Saint-Maurice ; Alexandre devient cinéaste, leur domicile jouxtant les studios de la firme Pathé ; enfin, Léon fait des études de droit et deviendra avocat.

En mars 1938, les deux époux sont naturalisés Français.

Au cours de la seconde guerre mondiale, les fils de Fénia Lévine sont mobilisés. L’occupation allemande et la répression contre les juifs va conduire au départ des hommes, tandis que sa fille, Élise Kac et son petit-fils Paul, qui résidaient dans la commune voisine de Champigny-sur-Marne, sont revenus à Joinville.

Tous les trois sont arrêtés en tant que juifs. Ils sont internés au camp de Pithiviers (Loiret). Ils sont déportés par le convoi n° 35, parti de Pithiviers le 21 septembre 1942 à destination du camp d’extermination d'Auschwitz (Allemagne, act. Pologne). Tous les trois meurent le 26 septembre. Fénia Lévine était âgée de 55 ans.

Renée Lipkin, épouse de son fils Alexandre, était morte au même endroit en juillet la même année. Alexandre et le gendre de Fénia Lévine, Marc Kac, furent tous deux des résistants actifs à l’occupation allemande.

Le village de Mir, dont Fénia Lévine était originaire, est l’objet d’un massacre en août 1942 ; les 719 Juifs, qui avaient été regroupés dans le ghetto de la bourgade, sont exterminés.

Le nom de Fénia Lévine est inscrit sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris et sur la plaque commémorative de la mairie de Joinville-le-Pont sous la forme « Fajga Lévine. »

Mir, l'ancienne Yeshiva

 

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