Abraham Widerker naît le 12 septembre 1908 à Mosty Małe, village situé au sud-est de Lublin (Pologne). De confession juive, il est le fils de Mordcha Widerker et de son épouse Basia Ruchla Karfenkel.
Il émigre en France, où il est enregistré en 1937 au Fichier central de la Sûreté nationale.
En avril 1940, il épouse à Paris (10e arr.) Ruchla Dwora Widnicki, également originaire de Pologne et d’une famille juive. Elle est alors âgée de 17 ans, lui en ayant 31. Ils vivent rue d’Hauteville dans cet arrondissement, quartier de la Porte-Saint-Denis.
Abraham Widerker exploite, en tant qu’artisan fourreur, un magasin situé rue des Petites-Écuries.
En application d’une loi du 10 septembre 1940, « prévoyant la nomination d'administrateurs provisoires des entreprises privées de leurs dirigeants » et d’un décret de janvier 1941, il est privé, en date du 12 juin 1941, du droit d’exploiter son activité, « Vu l'impossibilité où [il] se trouve […] d'exercer [ses] fonctions ». Un voisin, M. Theveny, demeurant rue de Paradis, en est chargé.
Il est peut-être arrêté lors de la rafle dite du Vel d'Hiv qui se déroule les 16 et 17 juillet 1942, en même temps qu’une partie de la famille de son épouse. Interné à Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis), il est déporté le 22 juillet 1942 vers le camp d’extermination d’Auschwitz, géré par l’Allemagne et situé aujourd’hui en Pologne. Il figure dans le convoi numéro 9.
Sa date de décès n’est pas connue. Également déportée à Auschwitz l’année suivante, après avoir œuvré dans la résistance à l’occupation allemande, son épouse a survécu. Le couple aurait eu deux enfants selon l’ouvrier, militant communiste et écrivain Daniel Grason.
Le nom d’Abraham Widerker figure sur le Mur des noms du Mémorial de la Shoah, rue Geoffroy l'Asnier (Paris, 4e arr.), inauguré le 27 janvier 2005 par le président Jacques Chirac et Simone Veil, ancienne déportée, ministre et académicienne française (dalle n° 118, colonne n° 40, rangée n° 1).
Probable ancien atelier de Widerker, rue des Petites-Ecuries à Paris
Léon Widnicki naît le 14 décembre 1928 à Paris (12e arr.) ; son nom est noté Wodnicki sur l’état-civil. Il est le fils de Chaja Glowinska et de son mari, Israël Widnicki, tous deux natifs de Pologne, comme ses deux sœurs aînées, Ruchla et Zandla. La famille a quitté Varsovie dans la deuxième moitié des années 1920. Si le nom de Wodnicki est mentionné sur la plupart des pièces le concernant, les membres de la famille utilisent toujours la graphie Widnicki.
À Paris, elle réside dans des lieux où se retrouve une forte communauté juive venant d’Europe orientale. En 1931, elle est rue d’Hauteville, dans le quartier de la Porte-Saint-Denis (10e arr.) puis entre 1936 et 1940 dans celui de La Roquette, rue Basfroi (11e arr.). Son père est déporté vers le camp d’extermination d’Auschwitz en juin 1942.
Comme 630 enfants du 11e arrondissement, âgé de 13 ans, Léon Widnicki est arrêté lors de la rafle dite du Vel d'Hiv qui se déroule les 16 et 17 juillet 1942. Il est transféré au camp de Pithiviers, où il est interné dans la baraque 7 (ou la 8). Sa mère est également incarcérée dans ce site, d’où elle est déportée vers Auschwitz le 31 juillet. L’association Les Fils et filles des déportés Juifs de France, signalent qu’il fait partie des 630 enfants du 11e arrondissement arrêtés lors de la rafle du Vel d'Hiv, parmi lesquels 33 sont domiciliés rue Basfroi.
Léon Widnicki quitte Pithiviers à destination d’Auschwitz le 7 août 1942 dans le convoi n° 16. Il décède à son arrivée, le 12 août, selon l’arrêté du 17/04/2012 ; le site MémorialGenWeb précise qu’il a été tué au camp de Birkenau. Mais le Service historique de la Défense mentionne pour sa part qu’il meurt le 1er avril 1943, dans un lieu non précisé.
Son nom figure sur la plaque commémorative apposée le 15 octobre 2005 dans le collège Anne Frank, rue Trousseau (Paris, 11e arr.) en tant que Léon Wodnicki. Le texte précise que « Arrêtés par la police du gouvernement de Vichy, complice de l'occupant nazi, plus de 11 000 enfants furent déportés de France de 1942 à 1944 et assassinés dans les camps de la mort parce que nés juifs. Plus de 1200 de ces enfants vivaient dans le 11e arrondissement. Ne les oublions jamais. »
Il est également répertorié sur le monument commémoratif de la rafle du Vel' d'Hiv' situé place des Martyrs Juifs du Vélodrome d'Hiver (Paris, 15e arr.), inauguré le 17 juillet 1994 par le président François Mitterrand, qui mentionne « Widnicki Léon, 13 ans. »
Le Mur des noms du Mémorial de la Shoah, rue Geoffroy l'Asnier (Paris, 4e arr.), inauguré le 27 janvier 2005 par le président Jacques Chirac et Simone Veil, ancienne déportée, ministre et académicienne française, mentionne également Léon Widnicki (sous la forme Wodnicki, Léon, dalle n° 119, colonne n° 40, rangée n° 2).
Souvenir des enfants juifs pris lors de la rafle du Vel-d'hiv'
Chaja Glowinska naît le 10 septembre 1896 à Lowicz, Pologne, commune actuellement dans la voïvodie de Lodz, qui abritait une importante communauté juive.
Elle épouse, probablement au début des années 1920, Israël Widnicki, natif de Varsovie (Pologne également), de 21 ans son aîné.
Ils ont deux filles qui naissent en Pologne : Ruchla en 1923 à Varsovie et Zandla en 1924. Ils quittent ensuite le pays et émigrent en France. Leur troisième enfant, un garçon prénommé Léon, voit le jour à Paris en décembre 1928 dans le 12e arrondissement.
La famille vit ensuite en 1931 dans le quartier de la Porte-Saint-Denis (10e arr.), rue d’Hauteville. En 1936, ils logent dans le 11e arrondissement, rue Basfroi, au sein du quartier Roquette. Israël Widnicki est tailleur, dans la maison Granet.
Comme beaucoup d’autres Juifs, et comme son mari, sa fille aînée et son fils, Chaja Widnicki est arrêtée et déportée dans le camp d’extermination d’Auschwitz, géré par l’Allemagne et situé aujourd’hui en Pologne. Un arrêté d’août 1993 fixe la date de son décès au 4 août 1942 à Auschwitz et prévoit l’apposition de la mention Mort en déportation sur son état-civil ; elle était âgée de 45 ans. Des documents antérieurs avaient établi son décès au 30 juillet 1942 à Pithiviers (Loiret). Internée au camp d’internement de cette ville, elle partit avec le troisième convoi à quitter ce lieu le 31 juillet ; son fils Léon, arrêté lors de la rafle du Vel d'Hiv (16-17 juillet), y était aussi incarcéré. Entre juin et septembre 1942, six convois emmenèrent 6 079 Juifs vers Auschwitz pour y être assassinés. Il n'y eut que 115 survivants à la Libération.
De la famille, seule sa fille Ruchla, résistante à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, reviendra de déportation ; le sort de sa seconde fille, Zandla, n’est pas connu.
Le nom de Chaja Widnicki figure (sous l’orthographe de Chaja Wodnicki) sur le Monument commémoratif du camp de Pithiviers (Loiret).
Israël Widnicki naît le 14 juillet 1875 à Varsovie (Pologne). Il épouse au début des années 1920 Chaja Glowinska, native de Lowicz (Pologne également), de 21 ans sa cadette.
Ils ont deux filles qui naissent en Pologne : Ruchla en 1923 à Varsovie et Zandla en 1924. Ils quittent ensuite le pays et émigrent en France. Leur troisième enfant, un garçon prénommé Léon, voit le jour à Paris en décembre 1928 dans le 12e arrondissement.
La famille vit ensuite en 1931 à Paris (10e arr.), dans le quartier de la Porte-Saint-Denis, rue d’Hauteville. En 1936, ils logent dans le 11e arrondissement, rue Basfroi, au sein du quartier Roquette. Israël Widnicki est tailleur, dans la maison Granet.
Comme beaucoup d’autres Juifs, et comme son épouse, sa fille aînée et son fils, Israël Widnicki est arrêté et déporté dans le camp d’extermination d’Auschwitz, géré par l’Allemagne et situé aujourd’hui en Pologne. Un arrêté d’août 1993 fixe la date de son décès au 14 juin 1942 à Auschwitz et prévoit l’apposition de la mention Mort en déportation sur son état-civil ; il était âgé de 66 ans. Son épouse fut déportée plus tard depuis le camp d’internement de Pithiviers en juillet 1942 ; son fils Léon quitta le même camp en août ; sa fille Ruchla, résistante à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, partit de Drancy en juillet 1943. De la famille, seule cette dernière reviendra de déportation ; le sort de la seconde fille, Zandla, n’est pas connu.
Marguerite Kundmann naît le 23 novembre 1914 à Paris (12e arr.). Elle est la fille de Bension Kundmann et de Chaïna Peila Frankenstein. L’orthographe des noms et prénoms des parents est variable ; on trouve notamment Koutmann et Frankestein pour les patronymes et Benzion ou Chaïna Pula pour les prénoms. Ils font également usage des formes francisées de Benjamin et Pauline.
Bension Kundmann est casquettier, originaire de Berëzovo, dans l’oblast de Tcheliabinsk, en Russie, au sud du massif de l’Oural et en limite de la Sibérie. De confession juive et disposant alors de la nationalité russe, il a pu divorcer d’un premier mariage conclu en France en décembre 1904 sur décision de l’autorité rabbinique de Paris. Il n’est pas remarié, du point de vue de l’état-civil français, à la naissance de Marguerite mais épousera sa mère en juillet 1930 à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), ce qui légitimera son origine. Toute la famille (dont Marguerite) obtient, en mars 1927 par décret la nationalité française. 1935
En mai à Paris (17e arr.), Marguerite Kundmann, qui travaille comme sténodactylographe, donne naissance à Hélène Deloche, fille reconnue par Robert Deloche. Ils sont installés ensemble, avec leur fille, en 1936 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), rue du Canal, dans le quartier du Centre.
Il est probable qu’il faille l’identifier avec Koudmann qui fait partie d’une liste de 24 collaborateurs du comité central du parti communiste français, qui participent à une souscription « Pour chasser Laval, les fascistes et les renégats » publiée en août 1935 dans le quotidien communiste L’Humanité. Parmi les autres personnes mentionnées figure Deloche.
À partir de juin 1937, Marguerite Kundmann, qui prend désormais le nom de Marguerite Deloche, devient une oratrice fréquemment mobilisée, en tant que représentante du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme. Fondé à Paris en 1934 lors du Congrès mondial des femmes, présidé par Gabrielle Duchêne. Sa section française compte alors 200 000 adhérentes. Le Comité se situe dans la continuité du Mouvement pacifiste Amsterdam-Pleyel et fait campagne en faveur du Front Populaire en France ainsi que pour les républicains espagnols.
Élu conseiller municipal communiste de Joinville-le-Pont en mai 1935, Robert Deloche devient le représentant du PCF auprès des mouvements communistes en Afrique du Nord ; il est également candidat, sans succès, aux élections législatives de 1936. Un hebdomadaire local très anticommuniste, l’Union régionale, mentionne en octobre 1937 qu’il a « déménagé, laissant femme et enfant seuls » et que ces dernière « vont aller habiter à Montreuil », où résident les parents de Marguerite.
On retrouve Marguerite Deloche à Mâcon (Saône-et-Loire) en juin 1937 puis à Bourges (Allier) en décembre la même année. Dans cette dernière ville, elle intervient au sein de l’hôtel des Syndicats pour dénoncer « le grand malheur de l’Espagne, conséquence de la préméditation fasciste ». Elle relie la situation à « une série d’attentats et d'assassinats » qui a précédé « aussi bien en Italie et en Allemagne qu’en Espagne, la révolution fasciste » et appelle à « la vigilance républicaine. »
En janvier 1938, Marguerite Deloche participe à un « grand meeting avec les orateurs de Front populaire » à Franconville (Seine-et-Oise, act. Val-d’Oise). Cette année-là, elle prend en décembre la parole dans une assemblée organisée par le Secours populaire à Suresnes (Seine, act. Hauts-de-Seine) où elle demande « la libération des papas pour les rendre à leurs enfants à l'occasion des fêtes de Noël. »
L’année suivante, elle participe à plusieurs manifestations du mouvement Paix et Liberté en janvier à Sevran (Seine-et-Oise, act. Seine-Saint-Denis) et Aubervilliers (Seine, act. Seine-Saint-Denis), dans cette dernière ville avec Charles Tillon, député et futur ministre. Elle contribue à des meetings du pour l'aide à l’Espagne républicaine en février à Paris (10e arr.) et en mars à Vendôme (Loir-et-Cher).
Le Comité mondial des femmes se dissout après le déclenchement de la deuxième guerre mondiale en octobre 1939. Le mois suivant, Marguerite et Robert Deloche se marient à Pontault-Combault (Seine-et-Marne).
Sur son attitude pendant le conflit, on dispose du témoignage de sa fille Hélène, devenue Mme Robineau et celui de Christiane Dormois, vice-présidente nationale Fédération nationale autonome des pupilles de la nation et des orphelins de guerre (FNAPOG). Du fait que Robert Deloche a été Interné pour faits de Résistance au camp de Châteaubriant, puis s’en est évadé et parce qu’elle est d’ascendance juive par sa mère, Hélène doit vivre « cachée avec sa grand-mère dans la mansarde d’un cabaretier, place de Verdun à Joinville-le-Pont. »
Christiane Dormois décrit Marguerite Deloche comme une « grande résistante parisienne », devenue agente de liaison des Francs-tireurs et partisans (FTP), mouvement de résistance proche du parti communiste.
À la Libération, d’après le récit d’Hélène Robineau, Marguerite Deloche et elle-même accueille avec sa mère les survivants de la Shoah à l’hôtel Lutétia à Paris en 1945. Elles rencontrent l’écrivain Louis Aragon dont Marguerite Deloche devient la secrétaire. Renate Lance–Otterbein, docteur en littérature, indique que c’est Marguerite Deloche qui a tapé Les Communistes, roman d’Aragon paru en 1949.
Elle publie, dans la revue Femmes françaises, proche des communistes, en juillet 1946, une nouvelle sur l’expérience de la déportation.
En tant que responsable de l’association des Amies de La Paix, Marguerite Deloche est une des organisatrices de la journée du souvenir et de la paix organisée le 11 novembre 1947 conjointement avec l’Amicale des Veuves Orphelins, Ascendants, Victimes de deux guerres, l’Association des familles des fusillés massacrés de la Résistance, le CRL, l’ARAC, les Anciens FTP-FFI, Comité Parisien de la FNDIRP, Association départementale des déportés du Travail, Association départementale des anciens prisonniers de guerre.
À Joinville-le-Pont, Robert Deloche, qui a libéré la mairie le 25 août 1944 à la tête d’un groupe de FTP, est devenue président du comité local de Libération et désigné comme faisant fonction de maire, avant d’être élu dans ce poste en 1945 puis réélu en 1947, devenant également conseiller général de la Seine la même année. Il démissionne de ce mandat en janvier 1953, est exclu du parti communiste qui met en cause « les écarts de sa vie privée », puis renonce en mars à son poste de maire ; il est remplacé par Amélie Trayaud, deux mois avant l’échéance électorale.
C’est ce même mois de mars 1953 que le divorce de Marguerite et Robert Deloche est prononcé par le tribunal civil de la Seine.
Marguerite, qui reprend son nom de Kundmann, exploite la librairie Ars Una, située boulevard Malesherbes à Paris (17e arr.) jusqu’en 1967. Elle participe à une souscription publiée en mars 1998 par L’Humanité, qui indique qu’elle réside à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).
Marguerite Kundmann meurt le 10 janvier 1999 à Paris (8e arr.). Elle était âgée de 84 ans et mère d’une fille.
Portrait présumé de Marguerite Kundmann-Deloche (arch. fam.)
Roger Henri Benenson naît le 13 avril 1900 à Paris (2e arr.). Il est le fils de Rosine Duchmann et de son mari, Salomon Benenson, tailleur. Ils vivent rue Sainte-Anne puis, rue des Moulins (1er arr.). Le père est natif de Minsk en février 1875 (Russie, act. Biélorussie) et les parents de la mère sont originaires d’Alsace et de Lorraine occupée par l’Allemagne.
En décembre 1902, Salomon Benenson est le personnage principal d’une affaire qui va susciter des dizaines d’articles dans la presse parisienne comme de province. Présenté comme « Un couturier Juif » par La Tribune française, Benenson a été coupeur chez, un grand couturier de la rue de la Paix à Paris, ce qui lui permit de se créer de nombreuses relations. Il monte sa propre affaire en 1900, visant une clientèle luxueuse, semblant réaliser de très bonnes affaires et jouissant d’une estime importante chez ses fournisseurs. Il avait une cinquantaine d’ouvriers. Le 4 décembre, il partit pour Londres visiter des clientes anglaises avec un de ses employés, mais ce dernier revint seul le 9, assurant que le patron lui avait dit qu’il « avait à faire à Southampton ». Il ne rentra pas en France, laissant ses créanciers et employés désemparés ; les premiers tentèrent de récupérer leur marchandise tandis que les seconds voulaient la garder en gage pour le paiement de qui leur était dû. La police intervint et le stock fut saisi. La presse soutint que, en octobre la même année, Benenson avait escamoté la succession d'une fillette d'une douzaine d'années dont la mère venait de mourir, soit 150 000 francs. Plusieurs journaux parlent de lui comme menant une vie dissolue, « fréquentant assidûment les music-halls et les établissements de plaisir de la Butte » Montmartre. Avant de partir, il aurait déposé une grande partie de son stock au Mont-de-Piété, établissement de prêt sur gages, et emprunté 3 000 francs à un parent. Le passif de sa faillite, jugée en 1904, était estimé par le quotidien Gil Blas à 1 200 000 francs. Le Journal estime que « Salomon Benenson, sans pouvoir prétendre aux grands premiers rôles (…) a droit néanmoins d'occuper une place prépondérante dans la galerie des escrocs célèbres. »
Rosine Benenson, restée seule avec ses deux enfants, a repris son ancien métier de coupeuse dans la confection ; la famille vit avenue Philippe-Auguste (11e arr.). Les biographes de Roger Benenson mentionnent qu’il vient d’une « famille de travailleurs manuels parisiens. »
Selon l’historien Jean Jolly, Roger Benenson « fit de brillantes études primaires », étant reçu premier à Paris à l’examen du certificat d'études, qui clôturait ce cursus. Il devient ensuite tourneur mécanicien.
Mobilisé dans le cadre du service militaire en mars 1920 au sein du 2e régiment de bombardement aérien, il sert dans l'aviation à Toul (Meurthe-et-Moselle). Il est démobilisé en mars 1922. Dans la réserve, il intègrera en juin 1930 l'école militaire d'administration de Vincennes (Paris, 12e arr.) mais ne finira pas la formation d’officier d'administration du service de l'Intendance.
D’après les historiens Jean Maitron et Claude Pennetier, Roger Benenson est membre du Parti socialiste SFIO depuis 1918. Il intègre, en octobre 1919, la Commission exécutive des Jeunesses socialistes de la Seine, où il est en charge de la propagande. Comme la majorité des adhérents de la SFIO, il passe en décembre 1920 au nouveau parti communiste.
Entre 1920 et 1926, Roger Benenson est fréquemment mobilisé comme orateur dans son département, mais également en Seine-et-Oise et Seine-et-Marne, notamment pour des réunions de recrutement. Il est parfois associé à des personnalités comme Marcel Cachin à Vincennes en novembre 1923, l’avocat Maurice Paz le même mois dans le 3e arrondissement, ou Jacques Duclos en mars 1926 dans le 12e. Il prononce aussi des conférences sur des thèmes historiques, comme en mai 1923 sur la Terreur pendant la révolution française.
Sa sœur, Yvonne Benenson, épouse Bruneau (1898-1993) est également engagée politiquement. En novembre 1920, elle est trésorière adjointe du groupe de la Jeunesse communiste du 12e arrondissement. En 1924, elle s’occupe de l’organisation locale des pupilles, Les enfants de Jean-Jaurès.
Nicolas Toundoutoff (en russe Тундутов, le nom est également transcrit sous la forme Tundutov ou Toundutov ou Tundutow) naît le 3 mars 1916 à Petrograd (Russie, act. Saint-Pétersbourg). Il est le fils de Danzan Davidovich Toundoutoff et de son épouse Xénia Alexandra Briger [ou Brieger].
Il est élevé en Kalmoukie, selon son témoignage publié en 1937. Le domaine du peuple kalmouk était, dans son enfance, trois fois plus grand que l’actuelle République autonome de la fédération de Russie. Très jeune, Nicolas Toundoutoff a un précepteur anglais, Mr Ward, mais affirme préférer les promenades dans la steppe avec son gardien principal, Sandjarik.
Son père, Danzan Toundoutoff, est un prince (noyon) des Kalmouks. Né en 1888 dans la province d’Astrakhan (Russie), il est l’héritier d’une famille établie au 17e siècle sur les plaines surplombant la mer Caspienne et le delta de la Volga, venue de l’actuelle Chine avec les Mongols Oïrats. Le prince Toundoutoff, comme ses prédécesseurs, était un bouddhiste, étroitement lié au dalaï-lama tibétain sur le plan spirituel, et proche de la cour impériale russe en matière politique, dont le territoire des kalmouks dépendait. Il est d’ailleurs éduqué au lycée de Saint-Pétersbourg. Les Kalmouks sont essentiellement nomades et éleveurs de chevaux. La famille Toundoutoff était un gros fournisseur de montures pour l’armée impériale.
Ayant une culture élevée Danzan Toundoutoff, était membre du Parti démocratique constitutionnel (monarchiste). En 1906, il fut élu membre de la Douma d'État (parlement) où il représentait les tribus nomades des provinces d'Astrakhan. Il a été décoré comme chevalier de la Légion d’honneur française. Pendant la première guerre mondiale, d’abord adjudant (adjoint) du Commandant suprême sur le front allemand, il joue le même rôle à partir de 1915 sur le front du Caucase, auprès du grand-duc dans l’état-major du grand-duc Nicolas Nikolaevich.
Après la révolution russe d’octobre 1917, le prince Toundoutoff se met à la tête des Kalmouks qui sont intégrés dans l’armée des cosaques d’Astrakhan, opposés aux forces bolchéviques ; il prend le grade de colonel. Les forces antisoviétiques reculant, Toundoutoff passe en Géorgie puis, en mai 1918, rejoint l’Allemagne où il rencontre l’empereur Guillaume II pour tenter d’obtenir son appui face aux Russes. Il rentre avec une promesse de soutien, qui perd tout effet avec la défaite allemande. Toundoutoff tente de réorganiser l’armée d'Astrakhan mais il est démis de ses fonctions, en janvier 1919, par le général Dénikine, à la tête des armées blanches luttant contre le régime au pouvoir à Moscou. Ce dernier défend l’idée d’une Russie unifiée, tandis que Toundoutoff plaide au contraire pour une fédération. En octobre 1919, il est d’abord arrêté puis expulsé.
Il se rend en novembre 1920 à Constantinople (Turquie, act. Istanbul) puis en Europe occidentale, séjournant notamment à Nice (Alpes-Maritimes) en janvier 1921.
En novembre 1922, se fiant aux appels du gouvernement soviétique et aux promesses du général Alexeï Broussilov, ancien des armées blanches, rallié à Moscou, le prince Toundoutoff retourne en Russie. Il est arrêté par la police politique (GPU), mais libéré après 17 jours d'emprisonnement. Il rédige un rapport sur le sort des Kalmouks, remis à Broussilov et à Léon Trotski. De nouveau incarcéré le 14 avril 1923, il est transféré à Moscou, condamné à mort et fusillé le 7 août 1923. La sentence est annulée par le parquet général de Russie le 13 mars 1993, Toundoutoff étant entièrement réhabilité faute de corpus delicti.
Après l’exécution de son père, Nicolas Toundoutoff quitte la Russie pour l’Allemagne, en compagnie de sa mère. Ils se rendent ensuite en France.
Sa mère, Xénia Briger, est la fille d’un général de l’armée impériale. Elle a été actrice en 1922. En 1929, elle vend de la lingerie de luxe aux américaines qui visitent Paris. Au cours des années 1930, elle collabore à plusieurs hebdomadaires féminins publiés à Paris. Après la deuxième guerre mondiale, elle enseigne à l’université de Paris.
Nicolas Toundoutoff est étudiant à l’université de Paris en 1937. Il parle le français, le russe, un peu le kalmouk, l'anglais et le tchèque. Cette même année, il réside avec sa mère à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où existe une communauté kalmouke relativement importante.
Une fête est organisée en leur honneur cette communauté, dont le journaliste Chamba Balinov se présente comme le chef, avec le grand-prêtre bouddhiste des kalmouks d’Europe occidentale, Dardja Nimboucheff, en décembre de cette année-là. Dans Le Monde illustré (18/12/1937), l’écrivain et journaliste Nicolas Brechko-Brechkovsky consacre un long article pour en rendre compte. Il qualifie Toundoutoff de « Prince-Dieu », assurant qu’il vit dans un vit à Joinville, dans un modeste appartement de deux pièces. Il assure que l’événement fait que « depuis, les Kalmouks sont confiants. Ils ne se sentent plus seuls abandonnés sur la terre étrangère ; ils ont retrouvé leur chef dynastique et échangé avec lui des promesses d'indéfectible amitié. »
Nicolas Toundoutoff épouse, vers 1939, Alexandra Garyaevna Balzanova, native d’Astrakhan et fille d’un noble kalmouk. Ils auront une fille, la princesse Marina. Il travaille comme correspondant d’un journal anglophone, sans doute l’International Herald Tribune publié à Paris.
Nicolas Toundoutoff meurt le 18 avril 2008 à Paris (8e arr.). Il était âgé de 92 ans et depuis 18 ans, la Kalmoukie (dans un espace plus réduit) avait quitté le joug soviétique pour un statut d’autonomie au sein de la Fédération de Russie. C’est le seul territoire européen à peuplement majoritairement bouddhiste.
Xénia Alexandra [ou Ksenia Aleksandrovna] Briger [ou Brieger] est la fille d’un général de l'armée impériale russe, probablement d’origine allemande. Elle est probablement née au cours des années 1890.
Elle épouse Danzan Davidovich Toundoutoff (en russe Тундутов, également transcrit sous la forme Tundutov, Toundutov ou Tundutow). Son nom d’épouse, selon l’usage russe, est Toundoutova mais elle et la presse font usage de l’orthographe Xénia Toundoutoff.
Danzan Toundoutoff est le noyon (prince) des Kalmouks. Né en 1888, il est l’héritier d’une famille établie au 17e siècle sur les plaines surplombant la mer Caspienne et le delta de la Volga, avec les Mongols Oïrats venus de l’actuelle Chine. Le prince Toundoutoff, comme ses prédécesseurs, était un bouddhiste, étroitement lié au dalaï-lama tibétain sur le plan spirituel ; c’est ce dernier qui lui a donné son prénom. Il était en matière politique proche de la cour impériale russe, dont le territoire des kalmouks dépendait. Il fut d’ailleurs éduqué au lycée de Saint-Pétersbourg. Les Kalmouks étaient essentiellement nomades et éleveurs de chevaux. La famille Toundoutoff constituait un gros fournisseur de montures pour l’armée impériale.
Danzan Toundoutoff, qui avait une culture élevée et a été fait chevalier de la Légion d’honneur française, était membre du Parti démocratique constitutionnel (monarchiste). En 1906, il fut élu membre de la Douma d'État (parlement) où il représentait les tribus nomades des provinces d'Astrakhan.
Pendant la première guerre mondiale, d’abord adjudant (adjoint) du Commandant suprême sur le front allemand, il joue le même rôle à partir de 1915 sur le front du Caucase, auprès du grand-duc dans l’état-major du grand-duc Nicolas Nikolaevich.
Après la révolution russe d’octobre 1917, le prince Toundoutoff se met à la tête des Kalmouks qui sont intégrés dans l’armée des cosaques d’Astrakhan, opposés aux forces bolchéviques ; il prend le grade de colonel. Les forces antisoviétiques reculant, Toundoutoff passe en Géorgie puis, en mai 1918, rejoint l’Allemagne où il rencontre l’empereur Guillaume II pour tenter d’obtenir son appui face aux Russes. Il rentre avec une promesse de soutien, qui perd tout effet avec la défaite allemande. Toundoutoff tente de réorganiser l’armée d'Astrakhan mais il est démis de ses fonctions, en janvier 1919, par le général Dénikine, à la tête des armées blanches luttant contre le régime au pouvoir à Moscou. Ce dernier défend l’idée d’une Russie unifiée, tandis que Toundoutoff plaide au contraire pour une fédération. En octobre 1919, il est d’abord arrêté puis expulsé.
Il se rend en novembre 1920 à Constantinople (Turquie, act. Istanbul) puis en Europe occidentale, séjournant notamment à Nice (Alpes-Maritimes) en janvier 1921. Xénia Toundoutoff quant à elle est actrice.
En novembre 1922, se fiant aux appels du gouvernement soviétique et aux promesses du général Alexeï Broussilov, ancien des armées blanches, rallié à Moscou, le prince Toundoutoff retourne en Russie. Il est arrêté par la police politique (GPU), mais libéré après 17 jours d'emprisonnement. Il rédige un rapport sur le sort des Kalmouks, remis à Broussilov et à Léon Trotski. De nouveau incarcéré le 14 avril 1923, il est transféré à Moscou, condamné à mort et fusillé le 7 août 1923. Près de 70 ans plus tard, la sentence est annulée par le parquet général de Russie le 13 mars 1993, Toundoutoff étant entièrement réhabilité faute de corpus delicti.
Après son exécution, son épouse quitte la Russie pour l’Allemagne, en compagnie de son fils Nicolas. Elle se rend ensuite en France. En 1929, la princesse vend de la lingerie de luxe aux américaines qui visitent Paris en organisant des démonstrations dans leurs chambres d’hôtel.
Elle participe aussi à la vie du milieu des exilés russes, assistant notamment aux cérémonies funéraires organisées à Nice en janvier 1929 après la mort du grand-duc Nicolas. En 1934, à Paris, elle est l’invitée d’honneur du dîner des Saisons de Paris qui veut ressusciter le chic parisien d’avant-guerre.
À partir de 1936, Xénia Toundoutoff écrit des articles pour des journaux féminins. Dans La Femme de France, elle s’intéresse d’abord à l’écrivaine « Colette et ses chats ». Elle signe aussi une petite série consacrée aux femmes des hommes célèbres (Moro-Giafferi, André Maurois, Honegger). En 1937, dans Marie-Claire, elle donne des conseils : Que faut-il manger pour être belle ? Elle précise : Mangez du Soleil (fruits et crus) ! L’année suivante, dans Ève, elle témoigne sur ce qu’était « La femme kalmouk avant qu'elle ne fût Parisienne. »
Avec son fils, alors étudiant, Xénia Toundoutoff réside en 1937 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où une relativement importante communauté kalmouke s’est étable. Une fête est organisée en leur honneur par le grand-prêtre bouddhiste des kalmouks d’Europe occidentale en décembre de cette année-là.
En 1947, Mme Toundoutoff, enseigne à l'Université de Paris pour des auditeurs de langue slave.
Les dates de naissance, de mariage et de décès de Xénia Toundoutoff ne sont pas connues.
Xénia etNicolas Toundoutoff à Joinville-le-Pont en 1937
En septembre 1923, Vladimir Tchernikoff, alors âgé de 23 ans selon le quotidien Le Petit Journal et résidant à Joinville-le-Pont, rue de Paris, est arrêté pour avoir collé des affichettes, en compagnie d’un jeune militant communiste, Louis Vincent. Les papillons antimilitaristes avaient été posés vers minuit, au sortir d’une réunion, sur les murs de Joinville. Ils engageaient les jeunes du deuxième contingent de la classe 1923, alors appelés pour leur service militaire, à ne pas se rendre à la caserne. Le commissaire de police avait fait lacérer les placards.
Le quotidien communiste L’Humanité indique qu’ils étaient membres de la Jeunesse communiste de Joinville, et précise qu’ils ont été « brutalisés et emprisonnés ». Ils furent inculpés pour « provocation de militaires à la désobéissance dans un but de propagande anarchiste » ; le quotidien socialiste Le Populaire estime qu’il s’agissait de l’application de « lois scélérates ». Mais l’organe communiste La Dépêche de l’Aube se réjouissait : « La répression gouvernementale est la preuve évidente que la propagande antimilitariste dans l’armée donne d’excellents résultats. »
L’affaire fut jugée le 9 octobre 1923 devant la 12e chambre correctionnelle du tribunal de la Seine à Paris, présidée par M. Mangin-Bocquet. Vincent était en liberté provisoire tandis que Tchernikoff, probablement eu égard à sa nationalité russe, était maintenu en détention. Leur avocat est Me André Berthon, député communiste de la Seine ; il contesta la compétence du tribunal, sans succès, et fit remarquer que le texte reproduisait un ancien appel d’Aristide Briand, devenu ensuite ministre radical-socialiste. Le substitut, M. Lehmann, dénonça l’attitude du Russe envers « la. France hospitalière ». Les deux furent condamnés à deux mois de prison et 50 francs d'amende. Tchernikoff avait déjà purgé les deux-tiers de sa peine préventivement.
Deux journaux évoquèrent le passé de Tchernikoff en Russie. Selon Le Matin, il était un « ancien soldat de l'armée Wrangel » et pour Bonsoir, un ancien officier de ladite troupe. Le général russe Piotr Nikolaïevitch Wrangel avait combattu avec les armées blanches, opposées aux bolchévistes, durant la guerre civile russe après la révolution de 1917.
Après sa libération de prison, Tchernikoff fut invité à présider une réunion des Jeunesses communistes de Joinville, le 1er novembre 1923.
La Sûreté nationale (police) avait constitué un dossier sur lui, inscrit dans le fichier central et qui est resté en usage pendant la période 1924-1927.
L’activité professionnelle, de même que le devenir de Tchernikoff après 1923 ne sont pas connus.
La Caserne, bimensuel antimilitariste publié par la fédération des Jeunesses communistes
Pierre Auguste Victor Marie Brasseul naît le 27 juillet 1909 à Degré (Sarthe). Il est le fils de Céline Laloue et de son mari, Pierre Auguste Brasseul, instituteur. Dans la ligne paternelle, son grand-père et son arrière-grand-père se prénommaient également Pierre.
Admis en 1927 à l'école normale supérieure de Saint-Cloud (Seine, act. Hauts-de-Seine), il en sort classé deuxième comme professeur de langue et littérature françaises en juillet 1931. Il participe, avec 70 autres étudiants de l’ENS, à une pétition contre les menées des mouvements d’extrême-droite en France en mars 1931. Brasseul reçoit deux bourses, de l’ENS Saint-Cloud et du Conseil général de la Sarthe pour un séjour en Angleterre au cours de l'année scolaire 1931-1932 où il est inscrit à l'Université de Londres.
Il est d’abord affecté en 1932 dans un collège du Nord puis est détaché comme professeur à l'École supérieure de commerce de Rouen (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime) de 1933 à 1938.
Selon les historiens Alain Dalançon et Jacques Girault, Pierre Brasseul adhéré au Parti communiste français en 1935 et devient en 1937 membre du comité de la région communiste de Seine-Inférieure.
À Rouen, il est secrétaire de l’association des Amis de Commune ; il participe à la vie de la section de Ciné-liberté et est un des fondateurs d’une Maison de la Culture. En août 1937, Pierre Brasseul épouse à Paris (13e arr.) Jacqueline Alexandrine Augustine Letellier, également professeure.
Muté en 1938 à l'Institut Diderot de Lille (Nord), Brasseul assure dans cette ville le secrétariat de la Maison de la Culture. En 1943, Brasseul devient enseignant au collège de Lamballe (Côtes-du-Nord, act. Côtes-d’Armor), puis, en 1944 à celui de Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). Il s’installe dans la commune voisine de Joinville-le-Pont et devient professeur au collège Lavoisier à Paris (5e arr.).
Militant dans le syndicat des professeurs des écoles primaires supérieures (SNEPS) en 1938, Pierre Brasseul rejoint à Paris le Syndicat national des collèges modernes qui a pris sa succession. Élu à la commission administrative, il s’oppose à la volonté d’autonomie de la majorité syndicale et plaide en faveur du maintien du lien avec la Confédération générale du travail (CGT). Il devient en 1949 secrétaire de la Fédération de l'éducation nationale (FEN-CGT), membre de la commission administrative du Syndicat national de l'enseignement secondaire (SNES) et milite également à la Fédération internationale des syndicats des enseignants. Il se charge notamment relations avec les enseignants des pays anglophones.
Il exerce également des mandats liés à son engagement syndical, comme celui de secrétaire de la Commission laïque permanente jusqu'en 1951 et contribue à l'organisation de comités pour la défense de la paix. Il intervient au cours de rencontres internationales d’enseignants à Varsovie (Pologne, juillet 1949) et Vienne (Autriche, juillet 1950) où il discourt sur « La coopération des enseignants et la classe ouvrière dans la lutte pour la paix et la démocratie ». Lors d'un voyage en URSS avec une délégation d'enseignants français, en octobre 1950, Brasseul rapporta qu’il avait constaté « les progrès de l'Union soviétique dans tous les domaines », mais Dalançon et Girault citent un rapport du service international du Soviet central des syndicats de travailleurs, selon lequel il s'intéressa beaucoup trop « à l'environnement », apparaissant comme « un intellectuel raffiné ».
Dans plusieurs articles en 1949 et 1950, Pierre Brasseul critique la situation faite aux syndicalistes enseignants aux États-Unis. Il présente un rapport sur « les enseignants et la lutte pour la paix » au congrès de la FEN-CGT à Montreuil en juillet 1950. Il insiste sur l’aspect nouveau que prend, selon lui, la lutte pour la paix à la suite de la campagne pour la signature de l’appel de Stockholm et de l’intervention américaine en Corée. Il insiste également sur « le rôle des agents titistes qui portent aujourd’hui leurs efforts sur le corps enseignant pour jeter le trouble et la défection dans ses rangs et sur la nécessité de démasquer le caractère de la soi-disant autonomie des dirigeants syndicaux sécessionnistes dans la lutte pour la paix qui se placent de plus en plus ouvertement sur les positions de l’impérialisme américain ». Il fait ainsi allusion aux partisans d’un communisme non stalinien, comprenant notamment les trotskistes et des dissidents. Les délégués au congrès, selon le compte-rendu qu’en donne le quotidien communiste L’Humanité, « ont stigmatisé l’attitude des agents titistes fauteurs de guerre qui essayent par la corruption et l’organisation de voyages en Yougoslavie de séparer les enseignants de la classe ouvrière et d’en faire les ennemis de celle-ci. »
Lors des élections municipales de mai 1953, Pierre Brasseul est candidat sur la liste d’Union républicaine et résistante, présentée par le parti communiste et comprenant des personnalités divers-gauche. La liste arrive en tête et obtient 10 sièges, devant deux listes de droite RGR (divers droite, 6 sièges) et RPF (gaulliste, 6 sièges également), la liste socialiste SFIO alliée aux radicaux-socialistes (3 sièges) et la liste MRP (démocrates-chrétiens, 2 sièges). Les suffrages du RGR, du RPF et du MRP permettent à Georges Defert (RGR) d’être élu maire. Brasseul n’est pas élu. Il est cependant proclamé conseiller municipal le 18 novembre 1958, suite au départ de sa fonction d’un conseiller communiste ; il démissionne rapidement, devant quitter la commune fin décembre et est remplacé au sein de l’assemblée communale par René Lehuic, tourneur sur métaux, proclamé conseiller municipal communiste le 9 janvier 1959. Son mandat prit fin avec les élections municipales générales de mars la même année.
À partir de 1951, Brasseul a cessé son activité syndicale. Il prend par contre des responsabilités dans la Mutuelle générale de l'Éducation nationale (MGEN). Une fois à la retraite, il devient responsable du club des retraités de la MGEN. À ce titre, il publie dans le quotidien Le Monde en octobre 1984 une tribune en faveur du développement des universités du troisième âge, dont il devient un spécialiste. Il préface le livre de Philippe Carre, Retraite et formation (ERES, Toulouse, 1981).
Au moment de sa création en 1981, Brasseul est vice-président de l'Union française des universités du troisième âge (UFUTA), association présidée par le professeur René Frentz (Nancy). Elle a depuis été rebaptisée Union française des universités tous âges.
Pierre Brasseul meurt le 5 septembre 1988 à Paris (10e arr.). Il était âgé de 79 ans et avait été décoré des Palmes académiques comme officier d’académie en juillet 1947.