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13 septembre 2014 6 13 /09 /septembre /2014 00:00

Le septième et dernier signataire du cahier de doléances de La Varenne Saint-Maur en avril 1789 est mentionné en tant que « Riquety » sur le manuscrit de ce document. C’est le seul dont l’identification pose un véritable problème.

L’attribution traditionnelle, derrière l’historien Émile Galtier (Le Vieux Saint-Maur, n° 3, 1925), est qu’il s’agirait d’André, Boniface, Louis Riqueti, vicomte de Mirabeau (dit Mirabeau-Tonneau, 1754-1792). Les mentions d’un rôle du député royaliste antirévolutionnaire dans la formation en 1790 de la commune de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur (future Joinville-le-Pont en 1831) sont anciennes, puisqu’on en trouve la trace dès le milieu du XIXe siècle (Joanne, Les environs de Paris, 1856 ou Parizot et Boileau, Guide du Bois de Vincennes, 1860). Ils empruntent certainement une telle affirmation à une source plus ancienne, bien que non connue.

Cependant, aucune trace de la présence du vicomte de Mirabeau à Saint-Maur, à Pont de Saint-Maur, à La Varenne ou dans l’un des écarts de la presqu’île ne peut être trouvée dans des documents d’époque ou des archives biographiques. Au contraire, la chronologie rend difficile la présence du député de la noblesse limousine à Saint-Maur. Et son positionnement à l’extrême-droite de l’Assemblée nationale rend problématique qu’il ait pu apporter un soutien à des villageois dans une querelle administrative.

Georges Bousquié (Le vicomte de Mirabeau in Le Vieux Saint-Maur, 1950) estime que, « s'il a jamais habité Polangis, il n'a dû le faire que bien peu de temps, ou bien par pur artifice on a fait entrer Polangis dans sa légende. »

Il nous semble donc que son rôle dans l’indépendance de la commune de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur doive être écarté. Il n’y a aucune raison de croire qu’il ait pu contribuer à la rédaction du cahier de doléances de La Varenne Saint-Maur, rédigé, on l’a vu, essentiellement par des agriculteurs de ladite paroisse. Par ailleurs, son positionnement politique fait qu’il est fort peu probable qu’on ait voulu se revendiquer de lui pour co-signer un texte éloigné des idées qu’il défend et mettant en cause, même sur des sujets secondaires, la noblesse qu’il représente.

La deuxième possibilité serait qu’il s’agisse de son frère, Honoré-Gabriel Riqueti comte de Mirabeau (1749-1791). Il est certain qu’il a séjourné à Polangis, dans une ferme isolée sur l’autre rive de la Marne, rattaché au village du Pont-de-Saint-Maur, entre le 21 et le 28 février 1789 (Mémoires biographiques, littéraires et politiques de Mirabeau, A. Auffray, 1834-1835). Mais à cette date il quitte l’Île-de-France pour la Provence, et il n’existe aucune preuve de son éventuel retour dans les environs. Ni le style littéraire, ni les préoccupations du cahier de doléances ne semble correspondre à ceux de Mirabeau.

Cependant, le passage de Mirabeau, même bref, a marqué les esprits du fait de la personnalité et du rôle politique majeur que joue le président de l’Assemblée nationale. S’il a résidé à Polangis pour des raisons privées, il est envisageable qu’il ait eu un contact avec certains habitants. Après sa mort, l’abbé Bauche organise dans la chapelle Saint-Léonard, de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, un service solennel à sa mémoire (Naudet, L'histoire de Fontenay-sous-Bois, 1980).

La participation de Mirabeau à la rédaction du texte du cahier de doléances n’est pas vraisemblable. Son lien avec La Varenne n’est pas établi. Cependant, des contacts entre les agriculteurs de la presqu’île et les résidents de Pont-de-Saint-Maur ont pu encourager les rédacteurs à souhaiter ajouter à leurs noms celui d’un homme politique prestigieux, qui renforce ainsi le poids de leurs revendications.

Il est en fait probable que le nom de Riqueti réfère à un autre personnage : Louis-Philippe-Gabriel Riguet. Nous examinerons sa situation dans prochain article.

Mirabeau (Honoré-Gabriel)

Mirabeau gravée par Hopwood d´après Raffet. 1847

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6 septembre 2014 6 06 /09 /septembre /2014 00:08

Le sixième signataire du cahier de doléances de La Varenne Saint-Maur en avril 1789 est mentionné en tant que « Claudin » sur le manuscrit de ce document. Il est certain qu’il s’agit de Claude Martin Claudin.

Fils d’un berger lorrain, né vers 1743, Claude Martin Claudin sera lui-même berger. Il épouse Jeanne Broisseau en octobre 1766 et aura au moins un enfant. Son épouse meurt en mars 1768 et il se remarie avec Magdeleine Simonot, avec laquelle il a au moins cinq enfants, dont Philippe François Honoré Claudin, en novembre 1775 ; ce dernier est d’abord berger, puis soldat dans l’armée napoléonienne. Philippe François est décoré de la Légion d’honneur en 1813, puis admis à la retraite en novembre 1815 après avoir produit un certificat médical attestant qu’il est « totalement usé par les fatigues de la guerre, ce qui le rend impropre au service » ; il meurt en 1823.

Bien que les listes de membres de des instances municipales de La Varenne ne soient pas connues, il est probable que Claude Martin Claudin fait partie des municipalités élues en 1790 et 1791. On le retrouve membre, en tant que notable, du conseil unifié mis en place en décembre 1791 après la fusion définitive de La Varenne et de Saint-Maur.

Le 4 novembre 1793, Claude Martin Claudin, est témoin du décès du curé de La Varenne Saint-Hilaire, Jean Baptiste Duval, 60 ans. La disparition du prêtre marque la fin spirituelle de la paroisse, deux ans après sa suppression politique.

La date du décès de Claude Martin Claudin n’est pas connue.

 

Claudin.png

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30 août 2014 6 30 /08 /août /2014 00:07

Le cinquième signataire du cahier de doléances de La Varenne Saint-Maur en avril 1789 est mentionné en tant que « Matthieu » sur le manuscrit de ce document. Il est très probable qu’il s’agisse de Claude Marin Mathieu. Si plusieurs Mathieu sont connus à la même époque dans la paroisse Saint-Nicolas de Saint-Maur (Nicolas, Jean Claude, Nicolas Hubert, Claude Hubert), Claude Marin Mathieu qui, lui, réside à La Varenne est le seul à jouer un rôle politique dans cette période.

Claude Marin Mathieu, fils de Claude et Marie Anne Besnard, épouse Marie Marguerite Joret en 1771 à la paroisse Saint-Hilaire de La Varenne. Ils auront au moins deux enfants. Il est laboureur.

Il figure peut-être dans les municipalités élue en 1790 et 1791 à La Varenne (dont les listes ne sont pas connues). Claude Marin Mathieu est ensuite notable dans la municipalité unifiée de Saint-Maur élue en décembre 1791 après la fin de la sécession de La Varenne.

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16 août 2014 6 16 /08 /août /2014 00:05

Le quatrième signataire du cahier de doléances de La Varenne Saint-Maur en avril 1789 est mentionné en tant que « Bouillon » sur le manuscrit de ce document. Jacques Maurice Bouillon est sans aucun doute celui-ci.

Né à Sézanne (Marne), dans la paroisse Saint-Denis le 22 septembre 1750. Il est le fils de François Bouillon, maître cordonnier, et de son épouse, Jeanne Margueritte Voisambert. En 1877, il épouse Françoise Gogot, née également à Sézanne-en-Brie, dans la paroisse Saint-Nicolas de Saint-Maur. Bouillon semble lié au Prince de Condé, propriétaire d’un château à Saint-Maur, puisque c’est le receveur du prince, Claude Melecot, qui figure parmi ses témoins.

Il exerce pendant la période révolutionnaire la profession d’aubergiste à La Varenne.

Comme Jean Jacques Géant est élu le 30 janvier 1790 conseiller municipal de Saint-Maur, bien qu’il défende l’option de l’autonomie de la commune de La Varenne. En effet, l’assemblée des électeurs avait décidé l’union des deux paroisses (Saint-Maur et La Varenne) en une seule commune. En juillet, Géant et Bouillon pétitionnent avec le maire de Saint-Maur, Richard, pour que le chef-lieu de canton soit situé dans cette commune et non à Charenton.

Il figure sans doute dans la municipalité séparée de La Varenne élue le 14 novembre 1790. Un an plus tard, le 3 novembre 1791, il succède Géant en tant que maire de La Varenne. La municipalité est pauvre, et ne dispose pas d’endroit où se réunir. Selon Émile Galtier (Histoire des paroisses de Saint-Maur-des-Fossés, E. Champion, 1923) le procès-verbal de l’élection dut être rédigé «sur les fonts de ladite paroisse ni banc d'œuvre, ni autre emplacement plus commode ».

Mais son mandat sera court ; le deuxième et dernier maire de la commune verra son mandat se terminer à peine un mois plus tard car, 5 décembre 1791, le Directoire du département de Paris « Arrête que la commune de La Varenne-Saint-Hilaire restera définitivement réunie avec celle de Saint-Maur ».

Jacques Maurice Bouillon devient officier municipal dans la municipalité réunifiée. Il fait fonction d'officier d'état civil. Cependant, le registre d’état-civil séparé de La Varenne ne contient que l'acte de décès du curé Jean-Baptiste Duval, mort le quatre novembre 1793, signé par Bouillon, en tant que « officier public membre du conseil général de la commune de Saint-Maur. »

Bien qu’il réside toujours à Saint-Maur avec son épouse, dont il aura au moins six enfants (trois sont morts en bas âge), Bouillon décède dans sa ville natale, Sézanne, le 25 brumaire an XII (17/11/1803). Il est alors âgé de 53 ans.

Signature de Jacques Maurice Bouillon

Bouillon.png

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9 août 2014 6 09 /08 /août /2014 00:02

Le troisième signataire du cahier de doléances de La Varenne-Saint-Maur en 1789 est nommé « Géant » sur le manuscrit de ce document. Il s’agit certainement de Jean-Jacques Géant, qui jouera un rôle actif dans la vie politique du village pendant la Révolution.

Jean-Jacques Géant naît vers 1741 dans un lieu inconnu. Il est mentionné dans les registres paroissiaux de La Varenne (paroisse Saint-Hilaire) à partir de 1762 et jusqu’en novembre 1793.

Géant, qui est laboureur, loue avant la Révolution une ferme et des terres à La Varenne pour 700 livres de rentes annuelles au duc de Bourbon.

Une grande partie de la population se prononce en faveur d’une union des deux paroisses de Saint-Maur et La Varenne, décidée au cours d’une assemblée tenue le 30 janvier 1790, où Géant est élu conseiller municipal de Saint-Maur. En juillet, Géant et Bouillon pétitionnent avec le maire de Saint-Maur, Richard, pour que le chef-lieu de canton soit situé dans cette commune et non à Charenton. Mais, malgré la fusion, Géant défend l’indépendance du territoire de La Varenne, arguant de sa taille malgré sa faible population. Selon Henry Pouvereau (Autour d'un Clocher, Le Vieux Saint-Maur, 1963) « l'argument suivant avait porté: L'autonomie est justifiée par la superficie du territoire de La Varenne, 2824 arpents, alors que Saint-Maur compte seulement 39 arpents, La Varenne ‘paraissait un limaçon portant sa coquille sur le dos’ ». Géant est élu maire de La Varenne le 14 novembre 1790, devenant le premier édile de la nouvelle commune à nouveau séparée de Saint-Maur. Il est remplacé dans cette fonction le 3 novembre 1791 par Jacques-Maurice Bouillon ; Géant devient procureur de la commune.

Le 5 décembre 1791, le Directoire du département de Paris  « Arrête que la commune de La Varenne-Saint-Hilaire restera définitivement réunie avec celle de Saint-Maur ». Géant ne figure pas dans la nouvelle municipalité réunifiée.

Deux ans plus tard, Jean Jacques Géant est le témoin du décès du dernier curé de Saint-Hilaire, le P. Jean Baptiste Duval, 60 ans, qui marque la fin de la paroisse et de l’existence autonome de La Varenne sur le plan spirituel. Géant, toujours présenté comme laboureur, a alors 52 ans.

Sa date de décès n’est pas connue.

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2 août 2014 6 02 /08 /août /2014 00:09

Le second signataire du cahier de doléances de La Varenne-Saint-Maur en 1789 est nommé « Buchot » sur le manuscrit de ce document. Plusieurs Buchot sont identifiés dans la presqu'île.

Pierre Nicolas Buchot, né en 1748, épouse Marie Louise Adélaïde Paquet en 1770 et a avec elle 5 enfants à Saint-Maur jusqu’en 1782, dernière mention de sa famille sur les registres paroissiaux. Il est peu probable qu’il soit le signataire du cahier.

Son fils Pierre (1770-1840), capitaine de dragons, décoré de la Légion d’honneur, ne semble pas avoir résidé à Saint-Maur après son adolescence ; son âge en avril 1789 (18 ans) rend de toute manière improbable qu’il ait pu signer le cahier de doléances.

Le plus vraisemblable est que le signataire soit Jean Buchot (ou Beuchot), frère de Pierre Nicolas. Il est sans doute le fils de Jean Buchot et Marie Louise, née Mouillon. Il naît vers 1740 et épouse Marie Anne Talon avec laquelle il aura dix enfants entre 1767 et 1785, dont huit sont encore vivants à la Révolution.

En 1772, Jean Buchot, qui est présenté comme journalier, est témoin lors d’un procès intenté par les passeurs officiels du port de Créteil, Louis et Jean Richard, contre un marchand de fer et de charbon du même hameau, Desjardin, qui fait traverser la Marne à un quidam et aurait injurié la femme Richard. Il se peut donc qu’il réside dans ce hameau, même si on n’en trouve pas mention dans les registres paroissiaux.

En 1789, au moment de la rédaction du cahier de doléances, il a 49 ans.

Jean Buchot, pas plus qu’aucun autre membre de sa famille, ne joue de rôle dans les municipalités constituées à partir de 1790. Il meurt le 9 pluviôse an VII (29/01/1799) à Saint-Maur-des-Fossés (la commune étant unifie depuis 1791).

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26 juillet 2014 6 26 /07 /juillet /2014 00:03

Le premier signataire du cahier de doléances de La Varenne-Saint-Maur en 1789 est nommé « Desaint » sur le manuscrit de ce document. Il s’agit, sans aucun doute, de Jean Charles Dessaint. En 1785, il est blanchisseur au port de Créteil.

Le hameau du port de Créteil, dépendant administrativement de La Varenne, comptait environ 80 habitants, dont plusieurs blanchisseurs, des marchands et au moins un passeur assurant la traversée de la Marne. Il dépendait autrefois de la paroisse Saint-Hilaire de La Varenne, mais avait été rattaché à celle de Saint-Nicolas de Saint-Maur, probablement en 1693 ; ses habitants (dont Dessaint) figurent donc dans les registres de cette dernière paroisse.

Dessaint est l’époux de Marie Judith Bégat avec laquelle il a au moins un enfant (qui ne vit que trois semaines) en août 1785. Plusieurs personnes nommées Bégat vivent au port de Créteil.

Jean Charles Dessaint ne joue pas de rôle dans les municipalités constituées à partir de 1790. Il n’y a pas de trace de sa présence à Saint-Maur ultérieurement à 1789 dans les registres.

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19 juillet 2014 6 19 /07 /juillet /2014 00:04

Nous connaissons, avec des variations orthographiques minimes, le nom des sept signataires du cahier de doléances de La Varenne-Saint-Maur (voir articles précédents).

Ce sont, dans l’ordre du manuscrit Desaint [ou Dessaint], Buchot, Géant, Bouillon, Mathieu [ou Matthieu], Claudin et Riquety.

Pour quatre d’entre eux, l’identification est certaine : il s’agit de Jean Charles Dessaint, Jean-Jacques Géant, Jacques Maurice Bouillon et Claude Martin Claudin. Le deuxième signataire est probablement Jean Buchot et le cinquième très probablement Claude Marin Mathieu.

En ce qui concerne le septième, Riquety, il n’y a aucune certitude. Émile Galtier (Le Vieux Saint-Maur, n° 3, 1925), estime qu’il s’agit d’André, Boniface, Louis Riqueti, vicomte de Mirabeau (dit Mirabeau-Tonneau) ; cependant, aucun lien entre ce député de tendance royaliste et les paroisses concernées ne peut être établi. Il pourrait s’agir d’Honoré-Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau (1749-1791) qui a séjourné à Polangis (dépendant de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur) entre le 21 et le 28 février 1789 (Mémoires biographiques, littéraires et politiques de Mirabeau, A. Auffray, 1834-1835). Mais il n’était pas présent à la date de la réunion. Il s’agirait alors d’une attribution de complaisance, pour renforcer la portée du texte.Enfin, il est imaginable qu’il s’agisse d’un autre nom, mal recopié, par exemple celui de Louis-Philippe-Gabriel Riguet, laboureur, qui sera procureur de la commune de Saint-Maur-des-Fossés en 1791.

 

Nous examinerons dans de prochains articles qui étaient ces sept signataires.

 


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12 juillet 2014 6 12 /07 /juillet /2014 00:04

Le texte que nous avons publié mentionne que les « habitants de la paroisse de Varenne-Saint-Maur-les-Fossés, tous assemblés le 14 avril 1789 ». Cette affirmation pose plusieurs questions.

Tout d’abord, de quelle paroisse s’agit-il ? Le texte parle de « la paroisse de Varenne-Saint-Maur-les-Fossés (…) qui est située dans une espèce d’île ». On sait que, sur le plan spirituel, il y avait deux paroisses : Saint-Maur, avec l’église Saint-Nicolas et La Varenne avec l’église Saint-Hilaire. Sur le plan physique, on compte quatre agglomérations : le bourg de Saint-Maur, Pont de Saint-Maur, Port de Créteil et La Varenne, plus quelques fermes isolées : Champignol, Schaken, Polangis…

Le rattachement du village du Port de Créteil, qui compterait quelques dizaines d’habitants, pose problème. Il dépend administrativement de La Varenne, cependant ses habitants sont baptisés, mariés et inhumés par le curé de Saint-Maur qui les porte sur son registre. Le rapprochement spirituel avec Saint-Maur pourrait avoir eu lieu dès 1693.

Sur le plan fiscal, on compte trois paroisses relevant de la subdélégation de Choisy-le-Roi : La Branche du Pont de Saint-Maur [future Joinville-le-Pont], La Varenne Saint-Maur, Saint-Maur (Auger, Traité sur les tailles et les tribunaux, Barrois, Paris, 1788). Sur le plan administratif enfin, la création des municipalités, arrondissements et départements en 1787 dénombre également les trois mêmes paroisses dans le département de Corbeil (Mavidal et Laurent, Archives parlementaires de 1787 à 1860, Tome 4, P. Dupont, Paris, 1879).

Trois communes sont constituées en 1790, sur la base des trois paroisses administratives, mais la municipalité de Saint-Maur contestera la formation de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur en commune séparée. Le 5 décembre 1791, les deux municipalités de La Varenne et Saint-Maur fusionnent définitivement, tandis que La Branche reste indépendante.

La population totale est estimée à moins de 1 200 personnes, dont environ 560 pour Saint-Maur, 410 pour La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, 80 pour La Varenne et un peu moins pour Port de Créteil. Le nombre d’hommes adultes doit être proche de 380.

Nous examinerons dans de prochains articles qui sont les signataires de ce cahier de doléances. Ils sont sept (Desaint, Buchot, Géant, Bouillon, Mathieu, Claudin, Riquety). Un réside au Port de Créteil, Desaint et un second probablement également, Buchot ; trois autres vivent à La Varenne Géant, Mathieu, Claudin. Bouillon est aubergiste dans le même village, même s’il est possible qu’il réside au bourg de Saint-Maur. Enfin, le septième, Riquety, n’est pas forcément résident dans la presqu’île.

Le lieu de la réunion n’est pas mentionné. Il est vraisemblable, au vu d’évènements comparables dans d’autres lieux, qu’il s’agit d’un bâtiment religieux, en l’absence de maison commune ou d’autres monuments, la date ne permettant pas de penser à une réunion en plein air. La logique plaide en faveur de l’église Saint-Hilaire de La Varenne.

Au vu du texte lui-même, nous supposerons que les rédacteurs sont les six premiers signataires, qui représentent les intérêts des résidents des bourgs de Port de Créteil et de La Varenne. La participation de représentants du bourg de Saint-Maur et de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur paraît peu probable.

La profession de six signataires est connue : deux laboureurs, un berger, un blanchisseur, un journalier et un aubergiste. Le texte du cahier mentionne sept fois les cultivateurs. Aucune autre profession n’est citée, si ce n’est pour dire que « la paroisse de Varenne-Saint-Maur est sans aucun corps de métier, ni artisans ». Au contraire, le bourg de Saint-Maur comporte un château et plusieurs maisons bourgeoises. La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur est un village dans lequel on compte plusieurs corps de métiers artisanaux et une activité commerciale forte autour du bois.

Nous estimons donc que, par la main des signataires, ce sont les agriculteurs des villages de La Varenne et du Port de Créteil qui ont pris la part majeure (si ce n’est unique) à la rédaction de ce cahier.  

Varenne-carte.png

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5 juillet 2014 6 05 /07 /juillet /2014 00:10

Nous publions ici le texte du cahier de doléances de La Varenne Saint Maur d’après la première publication imprimée, réalisée par J. Mavidal et É. Laurent en 1860 dans le tome 5 des Archives parlementaires de 1787 à 1860, revue à partir du manuscrit conservé aux Archives nationales.

« Des doléances, plaintes et remontrances des habitants de la paroisse de Varenne-Saint-Maur-les-Fossés, tous assemblés le 14 avril 1789, pour répondre aux ordres et volonté de Sa Majesté et lui mettre sous les yeux la vérité la plus étendue de cette malheureuse paroisse qui est située dans une espèce d’île.

« Art. 1er. La rivière de Marne la cernant dans tout son pourtour, elle devient malheureusement très-sujette aux inondations occasionnées par ses débordements, et qui déracinent tous les grains en partie ensemencées à l’entour de son voisinage, et transportent de la vase et du sable par places de deux pieds de hauteur, ce qui rend le sol encore plus mauvais et désagréable pour le cultivateur.

« Art. 2. Si les habitants de cette même paroisse ont le bonheur que cette rivière ne déborde pas, ils sont en crainte des années qui se suivent de sécheresse, dont l'exemple leur est arrivé depuis bien des années, de manière que le cultivateur est les trois quarts du temps en danger, ainsi que les particuliers, de perdre une grande partie de leur récolte, qui ne suffit quelquefois pas pour lui remplir ses frais d'exploitation.

« Art. 3. Cette paroisse est composée d'un sable pour son terrain très-ingrat, qui pourrait devenir plus avantageux si Sa Majesté, qui ne cherche qu'à faire le bien de ses sujets, donnait des ordres pour y faire construire un pavé qui ne coûterait pas cher, et qui faciliterait tous les habitants pour le transport des entrais dont ce terrain a grand besoin, ce qui ferait le bien général, attendu qu'il produirait ce qu'il ne produit pas; ce qui éviterait la disette dans de certaines années, et rendrait celle paroisse plus commerçante ; ce qu'il leur est impossible de faire, vu que la charge d'un cheval sur le pavé, fait celle de trois chevaux dans les mêmes sables.

« Art. 4. Il faut mettre sous les yeux de Sa Majesté la chose la plus importante, qui est le dégât du gibier dans notre plaine qui se trouve ravagée tant par le lapin que lièvre et perdrix ; et après avoir perdu son bien, l'on n'a pas le droit de se plaindre. Le prince juste et bienfaisant est dépersuadé par les gens qui l'environnent, et le malheureux cultivateur ainsi que le particulier ne peuvent pas approcher de ce bon prince qui sûrement ne leur refuserait pas la justice qu'ils réclameraient auprès de lui. L’inspecteur des chasses rit au nez du malheureux plaignant, qui préfère perdre son bien plutôt que de se mettre en justice avec un prince dont il est sûr de succomber. Le défaut de fortune le met hors d'état de suivre. Il perd son bien et passe pour un homme qui réclame ce qui ne lui appartient pas. L'on ne craint pas d'avancer cette vérité à Sa Majesté, qu'il soit rendu la justice au dernier de ses sujets, comme il la rendrait aux Messieurs gentilshommes de sa cour. Ils font plus ; ils mettent ces plaines aussi garnies de gibier comme, pourrait l'être la basse-cour d'un fort cultivateur, el pour truire en partie ce même gibier et remplir leurs amusements, ils ne cherchent pas le temps les grains soient finis d'être coupés et rentrés; ils traversent à travers les grains ou javelles qui ne sont pas encore levés, eux, tout leur monde ainsi que les chevaux qui les accompagnent à cette même chasse. Il serait à propos que Sa Majesté permit il tout cultivateur et particulier de truire tout le gibier qui se trouverait sur son terrain de telle manière qu'il lui plairait, ou que Sa Majesté rendit un édit : que les princes et seigneurs particuliers à qui appartiendrait le droit de chasser, soient condamnés, sur le rapport de deux experts pour toute décision, ce qui éviterait tous frais, et le cultivateur ensemencerait sans craindre la perte occasionnée par le gibier. Et Sa Majesté mettrait les malheureux cultivateurs et habitants il l'abri de toute tracasserie de la part de leur seigneur, qui se trouverait forcé de se renfermer dans l'édit et volonté de Sa Majesté.

« Art. 5. La paroisse de Varenne-Saint-Maur est sans aucun corps de métier, ni artisans. Il faut que les habitants aillent chercher le secours dans les paroisses voisines, et ils ne peuvent le faire sans frais, puisqu'ils sont forcés de passer la rivière.

« Sa Majesté, bonne et juste pour son peuple, voudra bien avoir égard pour les impôts de cette paroisse qui se trouve, comme il est dit ci-devant, très-endommagée. Et ces malheureux habitants déclarent à Sa Majesté la plus sincère vérité, attendu la sagesse d'un aussi bon monarque et aussi bon Roi digne de toute l’affection de son peuple.

« Signé Desaint, Buchot, Géant, Bouillon, Mathieu, Claudin, Riquety »

 

Cahier-doleances-imprime.png

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