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6 mai 2019 1 06 /05 /mai /2019 01:01

Suite de la biographie d’Alphonse Demeestère.

Le comité radical-socialiste de Joinville décide, en mai 1886 de proposer la candidature de Jules Ferdinand Baulard, ancien entrepreneur et militant républicain dès 1848, pour l’élection au conseiller général du canton de Charenton, rendu vacant par la mort de son titulaire, le docteur Decorse. Deux délégués de Joinville sont désignés pour faire partie du comité cantonal, Demeestère et Thime.

Jules Ferdinand Baulard, ancien ouvrier devenu entrepreneur, militant républicain en 1848 et sous l’empire, recueille au premier tour 39% des suffrages exprimés, face à un candidat de droite et à deux autres radicaux-socialistes. Il l’emporte au second tour avec 46%, un des deux radicaux s’étant maintenu.

Lors d’une réunion à Joinville en juin, le journaliste Henry Vaudémont plaide pour « l’alliance du parti ouvrier avec le parti radical-socialiste » afin d’assurer le succès de Baulard. En juillet, l’Union des républicains radicaux-socialistes du canton de Charenton décide d’admettre les citoyens qui déclarent adhérer à l’un des trois programmes sur lesquels se sont faites les élections de 1885 : programme de la presse radicale-socialiste, du comité central des groupes radicaux-socialistes de la Seine ou du parti ouvrier. Demeestère, devient président du comité cantonal. L’hebdomadaire Voix des communes le décrit comme « un des vieux lutteurs de la démocratie socialiste, homme modeste s’il en fut. »

En décembre 1886, toujours sous la présidence de Demeestère, l’Union cantonale lance un manifeste exposant son programme pour l’élection cantonale. Le thème central est la demande du retour à un statut de droit commun pour le département de la Seine, en séparant le conseil général départemental du conseil municipal de Paris. Mais le texte postule également « que le cumul des fonctions électives est en contradiction formelle avec les principes de la démocratie. »

En mars 1887, les commerçants pétitionnent en faveur des courses de chevaux, qui se tiennent sur les deux rives de la Marne à proximité immédiate de Joinville, dans le Bois de Vincennes et le parc du Tremblay. Le maire, Gabriel Pinson, et son premier adjoint, Eugène Voisin, démissionnent pour les soutenir (mais ils n’iront pas au bout de cette démarche). Demeestère et Diot se démarquent, soutenant que, au point de vue moral, tous les radicaux sont les adversaires jurés de ce jeu.

En décembre de la même année, l’Union des radicaux-socialistes du canton de Charenton adhère à la Fédération des groupes radicaux-socialistes de la Seine et demande à Jules Ferdinand Baulard d’être à nouveau candidat au conseil général.

Très engagé dans le mouvement de la libre-pensée et l’action anticléricale, Demeestère fait voter en mars 1888 un vœu au conseil municipal pour « que les communes puissent disposer, à leur gré, des sommes qui leur sont imposées par l’État pour le budget des cultes, soit en affectant ces sommes au service du culte ou à tout autre service de la commune qu’elles jugeront convenable ». La séparation de l’Église et de l’État interviendra 17 ans plus tard.

À suivre.

Jules Ferdinand Baulard

 

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4 mai 2019 6 04 /05 /mai /2019 01:01

Suite de la biographie d’Alphonse Demeestère.

Demeestère est de nouveau élu en mai 1884 conseiller municipal de Joinville, mais seulement au second tour et avec le plus petit nombre de voix, soit 169, quand Chéret, Voisin, et Pinson en avaient recueilli respectivement 399, 393 et 387 lors du premier tour. Cependant, Demeestère devance de beaucoup la liste conservatrice, qui obtient en moyenne 56 voix soit 15%, contre 310 pour les candidats républicains,

Au sein du conseil municipal, Demeestère défend, avec notamment le futur député radical Jules Ferdinand Baulard ou avec Henri Diot, et sous l’approbation du maire, une position anticléricale, contribuant ainsi en août 1884 à la suppression de l’indemnité de logement accordée au prêtre desservant l’église communale, l’abbé Ernest Jouin, un polémiste qui attaque violemment la franc-maçonnerie.

En tant que commerçant, Demeestère soutient la suppression de l’octroi à l’entrée de la commune et s’oppose, comme un autre restaurateur, Honoré Jullien, à l’engagement d’investissements coûteux, soutenus pourtant par la presse radicale. Avec cette dernière, et contre le maire, Demeestère plaide, en novembre 1884, pour que l’on organise les séances du conseil municipal en soirée, afin d’assurer la publicité des débats, plutôt que l’après-midi.

En mars 1885, la mort d’Alphonsine Charton, libre-penseuse, est suivi d’un enterrement civil, encore rare. Parmi les assistants, son époux Gustave Charton, Baulard, Demeestère et le journaliste Henry Vaudémont plaident pour la constitution d’une société de libre-pensée. Cependant, eu égard au faible nombre de personnes recrutés, le groupe préfère rejoindre la société de la commune voisine de Saint-Maur. Ils sont rejoints par Maxe, autre restaurateur et Thime, ouvrier bottier.

Le comité électoral de Joinville que préside Demeestère élit, en juillet 1885, quatre délégués pour le représenter au sein du comité départemental radical-socialiste de la Seine, qui siège rue Cadet à Paris (9e arr.). C’est une des premières formes d’organisation pérenne d’une structure politique non révolutionnaire en France. Demeestère et Baulard en font partie, aux côtés du lieutenant-colonel Fénelon Delobel, également conseiller municipal, et Eugène Videpied, ancien ouvrier lunetier et coopérateur, devenu propriétaire de la villa Palissy, établissement de loisirs sur la rive gauche de la Marne.

En novembre 1885, Demeestère travaille à l’organisation de son mouvement politique au niveau communal. Une réunion, de dix-neuf citoyens, tenue chez lui, créent un comité de la Ligue républicaine (qui prendra en fait le nom de comité radical-socialiste de Joinville), avec Videpied en tant que président, Baulard, vice-président, Demeestère, secrétaire, Jullien, Thime et Vaudey.

Une des premières manifestations est la tenue, en décembre 1885 à Joinville, d’une réunion électorale tenue dans le préau des écoles et présidée par Demeestère, qui accueille notamment Alexandre Millerand, futur président de la République. Elle traite de la séparation de l'Église et de l'État, la réforme des impôts et la question du Tonkin, les radicaux soutenant sa colonisation, contre les conservateurs. Plus de 300 personnes sont mentionnées par la presse nationale.

À suivre.

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2 mai 2019 4 02 /05 /mai /2019 01:01

Suite de la biographie d’Alphonse Demeestère.

Après la guerre franco-prussienne de 1870 et la Commune de Paris de 1871, Alphonse Demeestère va s’engager de nouveau dans l’action politique. En novembre 1874, une liste républicaine est constituée pour les élections municipales de Joinville ; elle comprend sept candidats, dont trois sont élus, Benoit, Cambier et Pilté tandis que Demeestère, Moignard, Pouzet et Valéry ne le sont pas.

Le conseil municipal reste en majorité conservateur, avec à sa tête Auguste Courtin. Il démissionne en cours de mandat et est remplacé par Louis Ferdinand Rousseau, bonapartiste. Lors des élections municipales suivantes, en janvier 1878, la liste du maire sortant est battue, tandis que les républicains remportent la majorité dès le premier tour, avec 16 sièges pour un seul aux royalistes orléanistes. Gabriel Pinson est élu maire et Demeestère entre au conseil municipal, accompagné de deux de ses colistiers de 1874, Pilté et Benoit, ainsi que de plusieurs radicaux.

Ce sont les suites du mouvement communard qui vont amener Demeestère à devenir la figure marquante de la gauche locale. Alphonse Demeestère lance en septembre 1879 une cagnotte pour un amnistié de la Commune de Paris résidant dans la ville, Adolphe Morandy, qui sort d’une hospitalisation. Mais le maire, Gabriel Pinson, lui conteste le droit d’organiser ladite souscription. Le quotidien populaire Le Petit Parisien rend compte de la polémique, et prend clairement position en faveur de Demeestère, annonçant même qu’il souscrit à sa pétition, qui est également relayée par d’autres journaux progressistes, comme Le Rappel. Demeestère participe à la constitution d’un sous-comité d'aide aux amnistiés à Joinville, dont la présidence est confiée au député d’extrême gauche, Alfred Talandier, élu de la Seine. Un autre conseiller municipal y participe, Louis Vaudey.

Le 27 septembre 1879, une motion est présentée au conseil municipal de Joinville par le maire, dans laquelle les élus « blâment sévèrement le citoyen Demeestère ». Elle est signée de 12 élus municipaux, mais l’un d’entre eux (Mouriez) contestera publiquement avoir donné son accord. Le Petit Parisien s’inquiète d’une telle initiative : « Nous demandons jusqu'à quel point le maire d'une commune peut se permettre d’afficher l'extrait d'une délibération du conseil municipal infligeant un blâme à l'un des membres de ce conseil. Où allons-nous? »

En 1881, Demeestère quitte le conseil municipal.

À suivre.

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30 avril 2019 2 30 /04 /avril /2019 01:01

Premier article de la biographie d’Alphonse Demeestère.

Joseph Alphonse Demeestère naît le 5 août 1816 à Paris (8e arr.). Il est le fils de Marie Thérèse Vandeplancke et de Joseph François Xavier Demeestère, tous deux d’origine flamande. Son père est natif de Courtrai, ville incluse depuis 1815 dans le Royaume uni des Pays-Bas (act. Belgique). Il ne dispose pas, ainsi, à la naissance de la nationalité française.

Il est le septième des neuf enfants du couple. Ses trois frères aînés furent serruriers à Paris, tandis que le cadet était tailleur.

Avant 1840, Alphonse Demeestère épouse Philiberte Jojot, fille de vignerons de Blannay (Yonne).

Selon la nécrologie publiée par l’hebdomadaire radical Voix des Communes, Demeestère était un républicain et libre-penseur depuis ses vingt ans, militant pendant la révolution française de 1848. C’est en avril de cette même année que, comme deux de ses frères au moins, il demande et obtient la nationalité française.

Peut-être est-ce à cause de son militantisme républicain qu’il va travailler en Angleterre après le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte en 1851 qui réinstaure un régime impérial en France. Après son retour, sous le second empire, Il se rapproche de sa famille et fabrique des bronzes trempés à l’huile dans le quartier du Marais, à Paris. Il vit rue des Petites-Écuries (10e arr.).

Le couple et leurs deux filles s’installent en 1863 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où ils exploitent un hôtel-restaurant avec chambres et appartements meublés, situé quai Beaubourg (act. quai du Barrage), sur la rive droite de la Marne. Site touristique pour les parisiens, Joinville dispose d’au moins huit hôtels en 1868.

À suivre.

 

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23 mars 2019 6 23 /03 /mars /2019 00:01

Suite de la biographie de Gabriel Pinson

C’est sous le mandat de Gabriel Pinson que la zone de Polangis sur la rive gauche de la Marne, jusqu’ici peu habitée, va devenir le principal quartier pavillonnaire de Joinville. Elle avait été, en 1870, le théâtre d’une bataille meurtrière entre les forces françaises et prussiennes. Le château de Polangis, qui appartenait aux héritiers d’Auguste Courtin, ancien maire, est vendu par eux en 1881. En 1883, un lotissement est réalisé dans le parc du château, et le bâtiment du château sera démoli en 1902. En 1886, un canal, appelé également ru de Polangis (ou Petit-Bras) est creusé, pour attirer les canotiers parisiens et les inciter à acheter les parcelles mises en vente.

À partir de fin 1887, Pinson continue son activité publique, présidant les séances du conseil municipal et participant aux cérémonies publiques. Il semble cependant réduire sa présence en mairie, probablement suite à une dégradation de sa santé, puisqu’il ne signe plus les registres d’état-civil à compter du 15 décembre.

Les radicaux-socialistes critiquent la gestion du maire, un incident éclatant lors de la session du conseil de février 1888 entre Albert Bleunard et Pinson, ce dernier menaçant de se retirer parce que Bleunard lui reproche de ne pas appliquer la règlementation à propos de l’école maternelle. L’hebdomadaire radical Voix des communes lui reproche son attitude : « Quelle sensitive vous êtes, excellent M. Pinson ! C’est de l’autoritarisme cela, et du plus détestable pour vos administrés, ils ne veulent pas vous faire de la peine, et pourtant ils voudraient pouvoir vous présenter des observations comme à une personne naturelle ! »

En avril, le comité radical-socialiste convoque les élus sortants pour leur poser cinq questions : 1) vous représentez-vous ? 2) avez-vous voté les poursuites contre le curé ? 3) êtes-vous partisan d’un sénat ? 4) en cas de changement législatif, êtes-vous favorable au maintien des appointements du curé ? 5) réunions du conseil municipal le soir ou l’après-midi ? Pinson et dix autres membres de sa majorité refusent de répondre à la convocation.

Les élections de mai 1888 opposent une liste républicaine modérée, conduite par Pinson, à une liste radical-socialiste, dirigée par Alphonse Demeestère. Les premiers obtiennent 18 élus, dont 17 dès le premier tour, les seconds en ont 3. Pinson recueille 353 voix, moins que Rousseau, Voisin et Chéret, mais est reconduit dans sa fonction de maire par 17 voix sur 21.

Gabriel Charles Eugène Pinson meurt le 20 juin 1888 à Joinville, un mois et demi après sa réélection, à l’âge de 53 ans. Son ancien adjoint, Eugène Voisin, le remplace. Pinson avait été décoré en juin 1883 d’une médaille d'argent pour actes de courage et de dévouement : « s'est signalé maintes fois par sa belle conduite, notamment lors des inondations qui ont eu lieu de 1878 à 1883. »

Avec sa mort, disparaît du conseil municipal de Joinville le nom de Pinson, qui était présent – quasiment sans interruption – depuis 1791 avec trois maires (Laurent François, Laurent Nicolas puis Gabriel et un maire adjoint, détenteur du record de présence avec 47 ans de mandat (Hippolyte).

Cependant, ce n’en est pas encore fini avec la descendance de Laurent François Pinson. Un autre de ses arrière-petits-fils, cousin de Gabriel Pinson, est élu au cours d’une élection municipale partielle en mars 1890. Albert Louis Bocquentin (1842-apr. 1903), négociant et industriel, conservateur, siègera deux ans au conseil municipal jusqu’en 1892.

Fin

Vue de Polangis

 

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21 mars 2019 4 21 /03 /mars /2019 00:01

Suite de la biographie de Gabriel Pinson

Le scrutin municipal de mai 1884 voit la victoire des candidats républicains, qui recueillent environ 85% des suffrages exprimés, contre 15% pour les conservateurs. Au sein des républicains, on note le retour d’éléments de la gauche radicale, y compris plusieurs des anciens élus écartés en 1881 comme Demeestère et Diot ou une personnalité radicale parisienne, Jules Ferdinand Baulard. Pinson lui-même est élu dès le premier tour avec 387 voix, un peu moins que ses adjoints Nicolas Chéret et Eugène Voisin.

Le renforcement du nombre des élus radicaux, joints à l’apparition d’un hebdomadaire de cette tendance, Voix des communes, couvrant l’actualité du canton de Charenton, va amener à des relations politiques plus tendues. Ainsi, une proposition de suppression de l’octroi en août 1884 met face-à-face les commerçants, qui aimeraient augmenter leurs marges, et les contribuables bourgeois, qui redoutent une hausse de leurs impôts. Elle est abandonnée. En novembre la même année, certains élus de gauche veulent que les séances du conseil municipal se tiennent en soirée, pour permettre aux public et aux élus travaillant en dehors de la ville d’y participer, mais Pinson refuse au nom de la tradition qui les fait se réunir l’après-midi.

Pinson se rapproche cependant de certains des élus les plus engagés sur la question de l’anticléricalisme, car il est lui-même franc-maçon. Ainsi, le conseil municipal entre en conflit en juillet 1884 avec le curé et le conseil de fabrique, qui gère les moyens de la paroisse. Il supprime l’indemnité de logement accordée au desservant de l’église Saint-Charles, la seule de la commune.

La lutte entre d’une part le prêtre Ernest Jouin, un intellectuel en pointe dans la lutte contre la franc-maçonnerie, et d’autre part les libres-penseurs de l’assemblée communale, va atteindre un pic en avril 1885. Suite à des irrégularités dans la comptabilité des recettes des pompes funèbres, le maire avait obtenu du ministre de l’intérieur et des cultes la dissolution du conseil de fabrique. La reconstitution d’un conseil nécessitait que le préfet et l’archevêque de Paris désignent chacun deux représentants, en sus du maire et du curé, membres de droit. Sur la suggestion de Pinson, le préfet désigna Honoré Jullien et Jules Ferdinand Baulard, deux conseillers municipaux notoirement francs-maçons et franchement anticléricaux.

Ayant besoin de faire approuver les comptes de l’exercice précédent et de voter le nouveau budget, le curé convoqua le conseil de fabrique pour le 11 avril 1885. Le maire s’y présenta accompagné de Baulard, mais il eut la surprise de voir les membres révoqués de l’ancien conseil. Il s’en étonna et, en réponse, on lui rétorqua que, le cardinal-archevêque n’ayant pas nommé ses délégués, le nouveau conseil n’était pas entièrement constitué ; par ailleurs, Ernest Jouin soutenait que, puisqu’il s’agissait d’apurer les comptes antérieurs, c’était aux fabriciens sortants de le faire.

Des échanges très tendus s’ensuivirent, les partisans de l’abbé Jouin exigeant le départ de Baulard qui avait traité le trésorier de « voleur ». Ils distribuèrent des noms d’oiseaux : « Canailles, voleurs, francs-maçons, buveurs d'absinthe » et, le maire ayant rappelé la décision préfectorale concernant le conseil dissous, le curé déclara : « je me fiche du préfet… » Les élus municipaux allaient quitter la salle quand Gabriel Pinson, qui marchait mal du fait de la goutte dont il était atteint, fut saisi au collet par le trésorier, Victor Durand, et jeté à terre.

La justice fut saisie et plusieurs procès furent organisés. S’agissant des voies de fait, Durand fut, en première instance, condamné à six jours de prison et un franc de dommages et intérêt, mesure réduite, en appel, à 16 francs d’amende. Sur la question de la légalité de la réunion du conseil de fabrique, c’est un jugement de janvier 1886, confirmé en mars par la Cour d'appel de Paris, chambre correctionnelle puis par la Cour de cassation en octobre de la même année. Les membres révoqués furent condamnés chacun à 25 francs d'amende.

À suivre

L'église Saint-Charles à Joinville

 

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19 mars 2019 2 19 /03 /mars /2019 00:01

Suite de la biographie de Gabriel Pinson

En septembre 1879, un conflit va éclater au sein du conseil municipal, opposant d’un côté les plus radicaux, derrière Alphonse Demeestère, et de l’autre la droite, derrière Gabriel Pinson.

Adolphe Morandy, ancien officier de la Commune de Paris, gracié et rentré du bagne en août 1879, est hospitalisé à l'Hôtel-Dieu, hôpital de Paris, dont il sort le 13 septembre pour s’installer à Joinville, dans un dénuement absolu selon Demeestère. Ce dernier, qui fut un révolutionnaire de 1848, décide de lui venir en aide et lance une souscription en sa faveur dans la commune. Mais le commissaire de police de Joinville le fit appeler et lui dit avoir reçu une lettre du maire ordonnant d'empêcher cette souscription. Il considère dans une lettre reprise par les quotidiens Le Petit Parisien et Le Rappel « inouï d'un maire se disant républicain qui ne voulant rien faire pour les amnistiés, empêche ses administrés de venir au secours d'un malheureux en interdisant le seul moyen de lui venir en aide d'une manière efficace. »

Demeestère raconte que, lors d’une séance du conseil municipal, il avait fait la proposition de former un comité de secours aux amnistiés. Selon lui, sa demande « fut repoussée vivement par le maire, l'adjoint et un grand nombre de [ses] collègues. »

Suite à ses interventions dans la presse, Pinson fait voter par le 27 septembre un blâme contre Demeestère, qu’il fait afficher dans Joinville. Outre Demeestère, sept autres élus locaux refusent de se prononcer en faveur du texte de Pinson qui « loue M. le maire, dont les opinions républicaines ne peuvent être suspectées, pour sa bonne administration, l'énergie avec laquelle il sait, dans une juste mesure, faire respecter ses droits, et l'impartialité avec laquelle il dirige les travaux du conseil. »

Lors des élections municipales générales de janvier 1881, Gabriel Pinson est réélu avec la majorité de ceux qui l’avaient soutenu en 1879. Par contre, ses opposants sont tous éliminés de l’assemblée communale.

Le journaliste Henry Vaudémont commentera, en juin 1884, l’élection de 1881 : « C’est inouï quelle consommation ces 4 000 habitants font de calomnies, de médisances, d’insinuations perfides, d’enquêtes sournoises. (…) On a choisi [pour le conseil municipal] des commerçants qui ne se sont même pas donné la peine de rédiger un programme. (…) Le maire, M. Pinson, n’est pas un méchant homme, il s’occupe des affaires de la commune avec autant d’ardeur que si c’étaient les siennes propres. C’est même le seul défaut que l’on ait à relever dans son caractère : il est trop zélé à faire ce qu’il croit être le bien et ne supporte pas assez la contradiction. Or comme tout homme est susceptible, il est nécessaire qu’une opposition – non point systématique, mais courtoise – lui rappelle de temps en temps qu’un excès de zèle est un défaut. Le noyau de cette opposition existe dans le conseil et nous ferons de notre mieux pour diriger ses efforts et le faire grossir si faire se peut. »

En mars 1881, Pinson est amené à témoigner au procès d’un de ses conseillers municipaux, Jean Ferdinand Lucot (1831-1885). Ce dernier, entrepreneur riche et estimé, est jugé par le tribunal de la Seine sous l’accusation de tentative d’escroquerie au préjudice de la ville de Paris. Il aurait demandé, en  novembre 1880, le paiement de travaux effectués l’année précédente. Or, sa facture avait déjà été réglée en avril. Après que Pinson ait déclaré qu’il le considérait comme « au-dessus de tout soupçon », l’ancien maire Courtin assura qu’il était d’une « exquise probité ». Un médecin vint expliquer que Lucot, à la suite d’une chute faite autrefois du haut d’un échafaudage, est resté sujet à des absences de mémoire. Il considère qu’il était dans une crise d’amnésie. Le tribunal l’acquitta.

De fin novembre 1882 à janvier 1883, la commune de Joinville fait face à une importante inondation de la rivière Marne, qui restera la crue de référence jusqu’à celle de 1910. Dans le seul quartier de Palissy, 120 maisons, sous les eaux, sont évacuées, tandis que les usines du quartier du Canal (usine des eaux de Paris, forges de Saint-Maur) sont à l’arrêt, mettant 300 ouvriers au chômage. Plusieurs journaux récoltent des fonds pour les inondés, que la mairie réceptionne.

À suivre

Marchands de fleurs à Joinville

 

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17 mars 2019 7 17 /03 /mars /2019 00:01

Début de la biographie de Gabriel Pinson

Gabriel Charles Eugène Pinson naît le 31 mai 1835 à Joinville-le-Pont, commune dont son grand-père Laurent Nicolas Pinson est alors le maire, et dont son arrière-grand-père, Laurent François Pinson fut lui-même premier magistrat quand elle portait encore le nom de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur. Il est le fils de Louise Esther Paquet et de son époux, Marie Eugène Pinson, marchand de bois.

En octobre 1857 à Montreuil (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Gabriel Pinson se marie avec Adélaïde Émelina Préaux. Ils sont alors restaurateurs dans cette commune et y résident encore en 1866.

Revenu dans sa ville natale, Gabriel Pinson prend en novembre 1874 la succession au sein du conseil municipal de Joinville d’un grand-oncle, Hippolyte Pinson, qui avait siégé pendant 47 ans au sein de l’assemblée locale. Le maire réélu est le conservateur Auguste Courtin. Pinson se situe pour sa part dans la droite modérée, soutenant un candidat de cette tendance (Gauche républicaine) lors du scrutin législatif de mars 1876. En septembre de cette même année, Courtin démissionne de sa fonction et de l’assemblée ; il quitte également Joinville. Louis Ferdinand Rousseau, bonapartiste, son ancien adjoint le remplace.

Lors du scrutin municipal de janvier 1878, Rousseau et sa majorité conservatrice sont balayés ; les seuls sortants réélus sont trois républicains, Eugène Voisin, Gabriel Pinson et Alphonse Pilté. Ils sont rejoints par plusieurs autres radicaux, comme François Blaize, Honoré Jullien ou Alphonse Demeestère. Gabriel Pinson est élu maire, tandis qu’Eugène Voisin et Jules Marchais deviennent ses adjoints.

À une époque où les monarchistes croient encore être en mesure de reprendre le pouvoir, Pinson organise en décembre 1878 une manifestation en faveur de la République à l’occasion des élections sénatoriales. Le contraste avec la municipalité précédente est salué par la presse de gauche, comme le quotidien Le Rappel.

À suivre

Joinville, la rue du Pont où demeure Pinson

 

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15 mars 2019 5 15 /03 /mars /2019 00:01

Louis Théodore Eugène Benoit naît le 28 avril 1832 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Louise Thaïs Destouches et de son époux Louis Théodore Eugène Benoit, restaurateur et marchand de vins en gros. S’il porte les mêmes prénoms que son père, il semble se faire désigner préférentiellement comme Louis Eugène (ou Eugène) tandis que ce dernier utilise plutôt Louis Théodore.

Devenu boucher, il exerce d’abord à Houilles (Seine-et-Oise, act. Yvelines) où il réside en 1856 puis à Montmartre, qui devient en 1860 un quartier de Paris (18e arr.), où il réside en 1866.

En mars 1856 à Melun (Seine-et-Marne), Louis Eugène Benoit épouse Éléonore Julienne Lagrange. Probablement après la guerre franco-prussienne de 1870, Benoit vient s’installer de nouveau dans son village natal.

Son arrière-grand-père, François Joseph Benoit (1753-1802), perruquier, fut le secrétaire-greffier de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, ancien nom de Joinville pendant la période révolutionnaire. Son père fut conseiller municipal de Joinville sous monarchie de Juillet (1834-1840). Lui-même participe en novembre 1874 une réunion de soutien à une liste républicaine, qui s’oppose à celle du maire sortant, Auguste Courtin, conservateur. Si plusieurs des promoteurs de cette liste sont battus (Alphonse Demeestère, Victor Moignard, Pouzet et Valéry), Benoit entre lui dans l’assemblée locale en compagnie de Cambier et Pilté. Courtin réélu, laissera la place en cours de mandat à Louis Ferdinand Rousseau, bonapartiste.

Ce dernier est battu lors des élections suivantes, en janvier 1878, les monarchistes sont battus et un maire républicain, Gabriel Pinson, est élu. Louis Eugène Benoit est réélu. Il semble cependant ne plus siéger au conseiller municipal en 1879 et fait peut-être partie des démissionnaires remplacés au cours d’une élection partielle cette année-là. Il s’était engagé comme sapeur-pompier dans la compagnie de Joinville.

Louis Eugène Benoit va s’installer à Crépy-en-Valois, Oise, lieu d’origine de sa mère.

Il s’y remarie, en mars 1897 avec Marie Héloïse Delabove. La cérémonie se déroule en application de l’article 75 du Code civil (mariage in extremis) qui permet, « en cas de péril imminent de mort de l'un des futurs époux » de le célébrer en dehors de la maison commune, en l’occurrence au domicile de Benoit, 58, rue Nationale. L’acte précise qu’il en est ainsi « à cause de l’état de santé du futur époux. »

Louis Eugène Benoit meurt le 7 mai 1897 à Crépy-en-Valois, un mois et demi après les noces. Il était âgé de 65 ans. Il avait été décoré d’une médaille d’argent en mai 1880 pour avoir, en Joinville de cette année « bravé tous les dangers de la débâcle des glaces de la Marne, pour porter secours aux personnes surprises par la crue subite des eaux. »

La Marne prise par les glaces (coll. Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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9 mars 2019 6 09 /03 /mars /2019 00:01

Louis Antoine Soyez naît le 13 octobre 1841 à Brie-Comte-Robert, Seine-et-Marne. Il est le vils de Françoise Anastasie Boulet et de son époux Jean Louis Soyez, vigneron.

Ses parents sont en 1869 blanchisseurs à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). Lui-même est mécanicien dans la commune voisine de Joinville-le-Pont où il épouse, en septembre 1869, Victorine Julie Robberechts.

Lors des élections municipales de janvier 1878, Louis Soyez est élu au sein du conseil municipal qui voit la victoire des républicains conduits par Gabriel Pinson sur les monarchistes de l’ancien maire, Louis Ferdinand Rousseau.

En octobre de la même année, veuf depuis l’année précédente, Louis Soyez, qui est devenu fabricant d’objets en plumes, se remarie à Joinville avec Adrienne Anaïs Ricq. Ils vivent rue du Canal. Plusieurs plumassiers sont répertoriés dans les communes environnantes et à Joinville, dont Jean Louis Frédéric Bardin auquel Soyez est lié.

Il quitte Joinville peu après et réside, auprès de ses parents, à Saint-Maur, rue du Pont-de-Créteil. En 1879, une élection partielle remplace trois démissionnaires du conseil municipal de Joinville, dont probablement Soyez, qui n’est plus mentionné dans les activités communales.

Louis Soyez meurt le 17 février 1888 à Saint-Maur, à l’âge de 46 ans. Il était de nouveau veuf et père de trois enfants.

Encyclopédie Diderot et d'Alembert, Différents ouvrages du plumassier.

 

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