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30 janvier 2025 4 30 /01 /janvier /2025 00:01

Henri Viala naît le 2 avril 1861 à Lunel (Hérault). Il est le fils de Françoise André et de son époux, André Viala, tonnelier, qui vivent rue des Remparts. Ce dernier meurt en novembre 1872, lorsqu’Henri a 11 ans.

À l’âge de 18 ans, en novembre 1879, il s’engage dans l’armée, affecté à un régiment d'infanterie. Il rejoint ensuite l'École normale de gymnastique et d'escrime de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il réside et est, en janvier 1884, promu au grade d’adjudant, exerçant la fonction de moniteur général, c’est-à-dire en charge des sports autres que l’escrime. Le quotidien héraultais Le Patriote se félicite : « enfant de Lunel, issu d'une famille de prolétaires, il a su par son travail gagner un à un ses galons à la force des poignets ! »

Le mariage d’Henri Viala est célébré à Lunel en janvier 1885 avec Jeanne Antoinette Emma Verquière, fille d’un pâtissier confiseur de la ville, qui est selon la presse locale, « renommé par ses fameux croquants. »

Lors d’une fête donnée à l'École de Joinville en juillet 1888, pour le 34e anniversaire de sa fondation, c’est l'adjudant Viala qui organise les exercices de démonstration. Après plus de 15 ans de service dans l’armée, Henri Viala prend sa retraite en juillet 1895. Il sera promu, dans la réserve, au grade de sous-lieutenant en janvier 1896 puis lieutenant en décembre 1902.

Ayant quitté l’armée, Henri Viala retourne dans sa ville natale, Lunel tout en demandant à bénéficier d’un emploi civil, parmi ceux réservés aux anciens militaires. L’année suivante, en juin 1896, il est recruté dans l’administration centrale du ministère de la guerre comme expéditionnaire.

En décembre 1900, Henri Viala est nommé par le préfet de la Seine en tant que sous-lieutenant de la subdivision de sapeurs-pompiers de Joinville-le-Pont, en remplacement d’Émile Guichard, démissionnaire. Il est promu au grade de lieutenant en décembre 1904.

Parallèlement à la direction des pompiers, Viala s’implique dans la gestion de l’importante société de secours mutuels, dont son prédécesseur avait été le fondateur en 1877. Elle organise chaque année, en novembre ou décembre, un banquet qui rassemble plus de cent personnes. Il quitte sa fonction en février 1906, remplacé par le fils de son prédécesseurs, Jules Charles Guichard. Il reste cependant actif comme administrateur de la société des sapeurs-pompiers à Joinville-le-Pont, structure de secours-mutuels.

Pendant la première guerre mondiale, Henri Viala est employé au service des munitions du ministère de la Guerre. Il meurt le 24 septembre 1918 dans sa ville natale de Lunel, à l’âge de 57 ans. Il n’avait pas d’enfant.

Décoré de la Médaille militaire en janvier 1891 pour ses services à l’école normale de gymnastique de Joinville, il avait également reçu une mention honorable pour son activité mutualiste.

Voir aussi Émile Guichard et les sapeurs-pompiers

Ancienne caserne des sapeurs-pompiers de Joinville-le-Pont

 

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24 janvier 2025 5 24 /01 /janvier /2025 00:01

Charles Laurent Huguenin naît le 25 octobre 1875 à Paris (11e arr.). Il est le fils d’Eugénie Barrot et de son mari Jean Baptiste César Louis Huguenin. Sa mère est couturière et son père employé des Postes ; il est décoré de la Médaille militaire en tant que caporal, du 2e régiment du génie en août 1866, probablement pour avoir participé à l’expédition au Mexique. Il meurt en mars 1886, quand Charles a dix ans. La famille vit rue du Faubourg-Saint-Antoine puis rue de Reuilly (12e arr.).

En 1895, Charles Huguenin a rejoint l’ancienne administration de son père, comme employé du télégraphe ; il vit avec sa mère rue des Batignolles (17e arr.). Il effectue, en novembre 1896, un service militaire plus court que la normale, en tant que fils aîné d’une veuve, au sein du 6e bataillon d’artillerie, basé à Toul, Meurthe-et-Moselle ; il est démobilisé en septembre 1897.

Des manifestations sont organisées en décembre 1899, boulevard et faubourg Montmartre, pour soutenir Paul Déroulède, qui doit être jugé pour avoir tenté de mener avec la Ligue des Patriotes en février un coup d’État, en profitant des obsèques du président de la République, Félix Faure, mais ne reçut pas l’appui de l’armée. Les protestataires d’extrême droite sont rapidement contrés par la police et 250 personnes environ sont arrêtées, dont 70 ont été maintenues en détention pour outrages, injures, rébellion ou voies de fait. Parmi elles, Charles Huguenin, télégraphiste.

Le premier mariage de Charles Huguenin est célébré en juillet 1899 avec Joséphine Marie Nugues à Paris (17e arr.). Ils divorcent en novembre 1918.

Devenu commis des Postes, télégraphes et téléphones (PTT), affecté à la ligne du Nord-Ouest, Charles Huguenin vit désormais à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il se remarie en septembre 1921 à Paris (5e arr.) avec Marcelline Prudhomme, employée des Postes. Qui vit aussi à Joinville. Ils s’installent dans le quartier de Palissy, avenue du Président-Wilson puis avenue des Familles.

Dans sa nouvelle commune, Charles Huguenin s’implique dans les activités associatives, d’abord en matière sportive. Il est un des créateurs en octobre 1919 de l’Union sportive de Joinville (USJ), présidée par Stephen Durande, futur maire de la commune. Il en devient vice-président en septembre 1920. En décembre 1937, il prend part également à la fondation de l’Amicale sportive de Palissy, basée dans son quartier.

Y apportant ses compétences techniques, il occupe également en février 1926 la fonction de secrétaire trésorier dans le Radio club de Joinville, présidé par un autre télégraphiste, René Girot. C’est en compagnie de ce même Girot, qui est d’ailleurs un de ses voisins, que Huguenin fait sur sa barque une visite par Girot de la Marne entre Neuilly-sur-Marne et Joinville en octobre 1926. Alors que la commune connaît des inondations de faible ampleur, ils constatent le peu de travaux de protection faits depuis les submersions spectaculaires de 1910. Ils préconisent la création d’une association de défense des riverains et réclament la démolition du barrage de Joinville, « maudit de tous les riverains » selon eux.

Sur le plan professionnel, Charles Huguenin est promu contrôleur en décembre 1923 et muté à la ligne PLM. Il est inscrit sur le tableau d’avancement au grade de chef de brigade pour les années 1926-1927.

Des élections municipales sont organisées en octobre 1934 à Joinville, pour pourvoir à dix sièges de conseillers municipaux devenus vacants suite à des décès et démissions depuis le scrutin de mai 1929. La vie politique locale est agitée entre la municipalité, dirigée par Georges Briolay, radical-socialiste, et qui avait été élue dans le cadre d’un groupement des gauches non communistes qui a depuis éclaté, et une droite qui s’est regroupée dans le Comité d’union républicaine et d’action sociale, présidé par Émile Lecuirot, banquier et président du club sportif local le plus prestigieux, la Société nautique de la Marne.

Sachant que le mandat des nouveaux élus sera court, puisque les élections municipales générales auront lieu en mai 1935, l’équipe municipale et la droit se mettent d’accord pour soutenir ensemble une liste dite Concentration républicaine. Elle a pour concurrents une liste du parti communiste, une autre du Parti socialiste SFIO et un Groupe indépendant, qui comprend des libéraux mais aussi des radicaux-socialistes, pas satisfaits de l’accord entre Briolay et Lecuirot. Le Groupe indépendant arrive en seconde position avec 26% des suffrages exprimés, derrière la Concentration républicaine (37%) tandis que PCF et SFIO obtiennent chacun 18%. Huguenin a recueilli 585 voix, soit 25,5% des 2 297 exprimés pour 2 360 votants sur 3 225 inscrits. Au deuxième tour, le Groupe indépendant et la SFIO retirent leurs candidatures, et la Concentration républicaine emporte les dix sièges, avec 60% des voix devant les communistes.

Le scrutin de mai 1935 se tient alors que l’alliance entre la droite et le centre gauche a éclaté. Le Groupement des gauches du maire sortant, Briolay, arrive à la deuxième place avec 27%, derrière la droite, à 33%, tandis que les communistes forts de 25% devancent les socialistes (12%). Ces deux dernières listes fusionnent, tandis que la droite et les radicaux maintiennent leurs candidatures. Cependant, trois des colistiers de Briolay, probablement inquiets de la possibilité d’une victoire de la gauche, se retirent. Huguenin, qui n’était pas présent au 1er tour, accepte de rejoindre la liste du Groupement des gauches. Elle est nettement battue, avec 20% des suffrages exprimés et aucun élu, tandis que la droite (41%) prend 25 sièges, en laissant deux à la gauche. Huguenin a obtenu 561 voix, soit 19,4% des 2 899 exprimés pour 2 924 votants sur 3 433 inscrits.

Charles Huguenin meurt le 23 juin 1954 à Joinville. Il était âgé de 78 ans et n’a, semble-t-il, pas eu d’enfant.

Tentative de coup d’État du 23 février 1899 : Déroulède saisit la bride du cheval du général Roget. Paru dans L'Illustré national (Wikipédia)

 

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16 septembre 2023 6 16 /09 /septembre /2023 01:01

Dans la commune de Joinville-le-Pont, un bureau de poste aux chevaux existait en 1837. Il s’agissait d’un établissement gérant les véhicules hippomobiles reliant Paris à Joinville et à Champigny-sur-Marne. Ces voitures transportaient des personnes mais également du courrier.

La création du premier bureau de la poste aux lettres remonte probablement à 1846 ou 1847. Il est installé quai Beaubourg (actuellement quai du Barrage), à l’angle de la rue Vautier. En décembre 1872, il est équipé du télégraphe et en juillet 1893, relié au réseau téléphonique de Paris. En mars 1930, le bureau est transféré 20, rue de Paris, en face de la mairie.

Un bureau auxiliaire est ouvert dans le quartier de Polangis en décembre 1919. Il devient un bureau de plein exercice en mars 1923.

Les dirigeants du bureau de poste de Joinville-Centre

La fondatrice du bureau fut une aristocrate lorraine, devenue veuve, Gabrielle Céline de Dombasle. C’est l’arrière-arrière-arrière-grand-mère de la comédienne et actrice Arielle Dombasle. Elle résida à Joinville pendant 19 ans et y est enterrée.

Voir :

Gabrielle Céline Bertier épouse Mathieu de Dombasle (1797-1870), directrice de la poste aux lettres de Milly (1843-env. 1846) puis de celle de Joinville-le-Pont (env. 1846-1865).

La seconde titulaire du poste fut également une aristocrate, Antonine Potrolot de Grillon originaire d’Auvergne et veuve elle aussi. Elle épousa ensuite le colonel Broutta. Elle resta en fonction plus de 30 ans et mit en place le téléphone dans son bureau.

Antonine de La Chassaigne de Sereys, épouse Potrolot de Grillon puis Broutta (1835-1913), receveuse des Postes à Joinville-le-Pont (av. 1868-1896).

La troisième directrice Marie Alexandrine Girod fut sanctionnée pour la perte d’un sac de courrier, bien que sa responsabilité n’ait pas été établie. Elle est restée en fonction 7 ans.

Marie Alexandrine Troussard épouse Girod (1851-1918), receveuse des postes en région parisienne, sanctionnée sans motif notifié.

La mutation d’office de Marie Alexandrine Girod avait ému nombre d’agents des postes. Sa successeuse, Eugénie Peauger fut une militante féministe et syndicaliste. Elle mourut en fonction après deux années (1905-1907).

Voir :

Eugénie Chégu, veuve Basséras, épouse Peauger (1860-1905), receveuse des Postes à Chaulnes, Survilliers, Rosny-sous-Bois et Joinville-le-Pont, responsable associative et mutualiste, coopératrice, syndicaliste, militante féministe, décorée des Palmes académiques.

L’agrandissement du bureau de Joinville fit qu’on y nomma un homme en 1907. Régis Clavel militant politique laïque et responsable associatif, resta en poste jusqu’en 1914.

Régis Clavel (1869-1914), receveur des Postes, responsable de la Ligue des droits de l’Homme et militant radical-socialiste à Joinville-le-Pont, franc-maçon, décoré des Palmes académiques.

Après la première guerre mondiale, le bureau de Joinville est dirigé par Lismon Tamisier, un « fervent mutualiste ». Après avoir installé en 1919 un bureau auxiliaire à Polangis, Il clôture en 1923 la période où le bureau du centre était basé quai du Barrage.

Lismon Tamisier (1861-apr. 1936), receveur des Postes de L'Isle-sur-Sorgue, Saint-Just-en-Chaussée, Neufchâtel-en-Bray et Joinville-le-Pont, décoré des Palmes académiques.

Devenu directeur du nouveau bureau de Joinville-Centre en 1923, Paul Mourlam est arrêté en 1928 pour avoir détourné des fonds du bureau afin de financer son addiction aux courses de chevaux.

Paul Mourlam (1870-apr. 1929), receveur du bureau de poste de Joinville-le-Pont, arrêté en 1928 pour détournement de fonds, décoré des Palmes académiques.

Remplaçant un prédécesseur indélicat, Henri Eymas, qui dirige le bureau de Joinville-Centre de 1928 à 1934, met également en fuite des voleurs.

Pierre dit Henri Eymas (1874-1955), receveur des Postes à Joinville-le-Pont, mutualiste.

Le dernier responsable du bureau de Joinville-Centre avant la deuxième guerre mondiale fut l’auvergnat François Alphonse Renom de 1934 à 1939.

François Alphonse Renom (1881-1963), receveur des Postes à Ardes-sur-Couze, Lamastre, Dun-sur-Auron et Joinville-le-Pont.

Les dirigeants du bureau de poste de Joinville-Polangis

Fondé en décembre 1919, le bureau auxiliaire de Joinville-Polangis est installé 2, avenue du Parc.

Du fait de ce statut, Berthe Quéru, la première responsable n’a pas le titre ni les attributions d’un receveur.

Berthe Quéru épouse Pierre (1878- apr. 1922), employée des Postes, responsable d’un bureau auxiliaire de Polangis à Joinville-le-Pont.

La création officielle du bureau de Joinville-Polangis permet la nomination en 1923 de Marguerite Bonnal. Elle est toujours en fonction en 1936.

Marguerite Pagès épouse Bonnal (1877-1970), créatrice du bureau de poste de Joinville Polangis Palissy.

Le bureau de poste de Joinville vers 1900

 

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25 octobre 2021 1 25 /10 /octobre /2021 00:01

Suite de la biographie d’Eugénie Peauger

Fondatrice en décembre 1900 de l’Association fraternelle des receveuses, dames employées des postes, des télégraphes et des téléphones, Eugénie Peauger voit son initiative très commenté, en termes très favorables, par une grande partie de la presse quotidienne et des journaux destinés aux femmes.

L’objectif de l’association, qui a le statut de société de secours mutuels, est de venir en aide aux sociétaires malades ou accidentés par le versement d’une indemnité. Mme Peauger en est la présidente.

Elle sait attirer plusieurs personnalités dans ses membres d’honneur, dont Jeanne Levayer Millerand, épouse du ministre du commerce, de l’industrie, des postes et télégraphes et futur président de la République Alexandre Millerand, Léon Mougeot, sous-secrétaire d'État des Postes et Télégraphes et son épouse, Pauline Dautel ou le préfet de la Seine et ancien directeur des Postes, Justin de Selves. Le quotidien Le Français réalise un entretien avec elle, soulignant qu’elle a « la parole précise, énergique avec un accent de douceur ». Au-delà des enjeux matériels (indemnités de maladie ou de maternité, aide aux obsèques), elle insiste sur la solidarité morale : « Si vous saviez combien le sort des employées femmes est triste le plus souvent! Quel sombre isolement dans ces bureaux de campagne, où la receveuse, où l’employée arrive inconnue et déjà suspecte, jalousée pour son instruction, pour son rôle de dame et de fonctionnaire ! Oh ! Les vilenies de petits villages : cancans, potins, calomnies — et souvent les plus graves ! Dans les villes, autre inconvénient: noyée parmi un personnel masculin bien plus nombreux, la jeune débutante courra des dangers que vous devinez. (…) Enfin nous voudrions n’abandonner nos adhérentes — pas même après la mort ! — Combien s'en vont, sans une amie, vers une tombe aussi isolée que le fut sur terre leur pauvre demeure ! (…) Nous  voulons qu’une fois mortes elles aient encore quelques camarades derrière leur cercueil, quelques simples fleurs sur leur tombe !... »

L’association compte plus de deux cents adhérentes peu après sa fondation sur sept ou huit mille receveuses ou employées. En 1901, elle étudie un projet d’orphelinat. Mme Peauger devient une interlocutrice sociale sollicitée par les personnalités officielles ; elle est ainsi consultée par la commission extraparlementaire de la révision des allocations, remises et indemnités accordées au personnel des postes en novembre 1902. La même année, en décembre, Alexandre Bérard, nouveau sous-secrétaire d'État des Postes et Télégraphes, préside l’assemblée générale de l'Association pour montrer « son intérêt au petit personnel de son administration » selon Le Petit Journal. En 1904, le groupement adhère au Conseil national des femmes françaises.

Ayant quitté son poste de Rosny-sous-Bois, Eugénie Peauger devient receveuse à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en octobre 1903. Elle réside dans l’immeuble, situé quai du Barrage.

Le bureau de poste de Joinville (peut-être avec Eugénie Peauger à droite)

En novembre 1903, Mme Peauger est vice-présidente du Congrès des receveurs et receveuses de France et des colonies qui réclame notamment des congés annuels sans frais pour les receveurs de bureaux simples soulignant que « seuls, parmi tous les employés de l’administration des Postes, les petits receveurs n’ont droit à aucun jour de repos dans l’année ». Le congrès demande également le rachat du matériel par l’administration, estimant « inadmissible que l’État, le premier des patrons, fasse payer à ses employés le matériel qui lui sert à exploiter le monopole postal. »

La constitution d’une Maison des dames des postes et télégraphes, sous forme de société coopérative en février 1904, fait appel à plusieurs collègues de l’association. Des dons de M. de Rothschild ou du Syndicat des agents de change permettent de constituer le capital de départ et l’immeuble est construit rue de Lille à Paris (7e arr.) avec comme maître d’œuvre Eugène Bliault, architecte du Musée Social, dans le style Art nouveau. Il comprend environ cent chambres meublées, un restaurant coopératif, et un vaste salon-bibliothèque ainsi qu’un jardin. Eugénie Peauger est administratrice de la société lors de sa constitution officielle en décembre 1904.

Une Fédération des associations professionnelles des postes télégraphes et téléphones de France et des colonies se constitue en juillet 1905, revendiquant 15 000 adhérents, après que le processus de regroupement ait été lancé en décembre 1904. Y participent l’association des dames ainsi que toutes les structures des receveurs, des ambulants, des personnels administratifs, des commis, des mécaniciens ou des expéditionnaires. Alors que le droit syndical n’est pas encore reconnu dans l’administration, il s’agit d’une première organisation à cette échelle à but de représentation du personnel. Mme Peauger est membre du comité exécutif du conseil fédéral.

La commune de Joinville accueille en août 1905 le championnat du monde de natation, qui se déroule en eau vive dans la Marne. La presse sportive signale le comportement de la receveuse Peauger, se félicitant de « la célérité et la diligence qu'elle mit à assurer son service. »

Eugénie Peauger meurt le 13 octobre 1905 à Paris (15e arr.), rue Dombasle, une voie parisienne baptisée en l’honneur d’un oncle d’une précédente directrice du bureau de poste de Joinville. Âgée de 45 ans, elle n’a pas eu d’enfant et était décorée des Palmes académiques comme officière d’académie depuis janvier 1902.

L'Union des dames de la Poste luis consacre, sous la signature de Spada, luis consacre une longue nécrologie, relevant qu’elle « montra un inlassable dévouement, chaque fois qu’il s’agit de combattre une injustice ou de venir au secours d’une de ses sociétaires ». Spada relève que « sa mort nous a étonnées, parce que nous ignorions que notre excellente camarade était depuis longtemps minée par le mal qui devait l’emporter. Gomment l’aurions-nous deviné ? Mme Peauger ne se plaignait pas et son activité incessante ne pouvait laisser soupçonner son état maladif. En effet, il faut remarquer qu’elle parvenait à s’acquitter de tous ses travaux, tant dans les commissions qu’à son association, en même temps qu’elle menait à bien la gestion de l’important bureau dont elle était receveuse. Elle était de ces courageuses créatures qui travaillent sans trêve et sans bruit, modestement et sans s’effrayer des charges qui leur sont imposées. »

Fin

La Maison des dames des Postes de la rue de Lille à Paris

 

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23 octobre 2021 6 23 /10 /octobre /2021 00:01

Début de la biographie d’Eugénie Peauger

Rose Marie Eugénie Chégu naît le 6 juin 1860 à La Rochelle (Charente-Inférieure, act. Charente-Maritime). Elle est la fille d’Angélique Rose Marie Olive et de son mari Joseph Chégu, portier-consigne (agent chargé de l’ouverture et de la fermeture et dépositaire des clés) au fort Saint-Nicolas. Il exerce la même fonction au fort du Mont-Valérien à Suresnes (Seine, act. Hauts-de-Seine) quand il meurt en juin 1868. Il était titulaire de la Médaille militaire et chevalier de la Légion d’honneur. De ce fait, Eugénie reçoit une éducation dans la maison des Loges, à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise, act. Yvelines).

La veuve Chégu se remariera avec Orens Portes, également portier-consigne, décoré de la Médaille militaire et chevalier de la Légion d’honneur.

Pour sa part, Eugénie Chégu épouse en août 1881 à Suresnes, où elle réside toujours au Mont-Valérien, Gustave François Jules Basséras, adjudant du bataillon de gendarmerie mobile (basé à la caserne Babylone de Paris). Il meurt en décembre 1883 à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne). Il était lui aussi décoré de la Médaille militaire.

Après avoir été aide au bureau de Suresnes, Eugénie Basséras est embauchée en mai 1886, par l’administration des Postes comme dame-employée à Puteaux (Seine, act. Hauts-de-Seine). Elle devint receveuse à Chaulnes (Nièvre) puis Survilliers (Seine-et-Oise, act. Val-d’Oise). Elle est, en 1891, receveuse du bureau de Rosny-sous-Bois (Seine, act. Seine-Saint-Denis), avec un très modeste traitement de 800 francs par an. Toujours à ce poste, elle épouse, en juillet 1893 à Rosny, Clément Ernest Marie Peauger, commis des postes dans la commune proche de Montreuil.

C’est à Rosny qu’Eugénie Peauger prend pour la première fois des responsabilités associatives. Elle est secrétaire du comité de l'Union des femmes de France, organisme caritatif qui organise en janvier 1896 une tombola au profit des rapatriés de Madagascar, soldats revenus de la campagne de conquête de l’île. C’est aussi à ce titre qu’en septembre 1902 elle secourt des ouvriers en charge de la construction d’une maison, voisine de son bureau, qui s’est effondrée.

L’essentiel de l’importante activité militante de Mme Peauger va s’exercer dans la défense des employées des Postes, sort apparaît peu enviable selon la presse féminine. Dans Le Journal des femmes, en août 1901, la publiciste et directrice de théâtre Madeleine Carlier décrit la condition des receveuses des postes.

Elle estime que « la dignité de leur vie, la conscience avec laquelle elles remplissent leurs fonctions, de plus en plus assujettissantes, sont bien faites pour inspirer un intérêt profond ».  Madeleine Carlier décrit ensuite son quotidien : « Ceux qui ne la voient qu’un instant, derrière le guichet, vendant un timbre, payant un mandat, ou momentanément assise devant l’appareil télégraphique sont peut-être tentés de juger son existence assez douce. Ils ignorent qu’à ce travail aisé s’adjoint la charge d’une comptabilité souvent écrasante, fort compliquée lorsque s’y ajoute la caisse d’un facteur receveur, dans tous les cas longue et minutieuse, exigeant presque toujours des veilles que le lever matinal rend très pénibles. Plus lourde encore que la fatigue matérielle est pour beaucoup la préoccupation d’esprit. La receveuse est responsable, et dans les bureaux où les transactions sont nombreuses la caisse parfois contient une somme considérable. Du jour où un employé des postes est devenu titulaire d’une recette — ceci bien entendu s’applique aux fonctionnaires des deux sexes — sa responsabilité commence pour ne cesser qu’a la retraite. Le receveur et la receveuse n’ont jamais une véritable vacance. Pendant le congé annuel de quinze jours que le règlement autorise, les frais du remplaçant sont à leur charge, et ils demeurent responsables de sa gestion. C’est pourquoi certaines receveuses renoncent d’elles-mêmes à ce congé que trouble la hantise de craintes harcelantes. Pour la femme, dont le gagne-pain est si rude à conquérir, la peur des difficultés avec l’administration est bien plus angoissante que pour l’homme. Il faut qu’elle le soit à un terrible degré pour les inciter à se priver d’un bref repos que la santé réclame impérieusement. Qu’on songe, en effet, au servage d’un travail de bureau qui ne comporte en France aucun arrêt de jours fériés et tient les fonctionnaires enfermés de sept heures du matin à sept heures du soir, sans parler de ceux que les courriers nocturnes obligent à se lever à deux ou trois heures du matin. »

L’inégalité entre les hommes et les femmes frappe Madeleine Carlier : « Ce labeur constant et sédentaire, qu’on peut sans nulle exagération qualifier d’esclavage, est certainement plus pénible encore pour la femme que pour l’homme. D’ordinaire le receveur est marié, a une famille; de toute façon, il sort, entretient des camaraderies, prend contact avec la vie externe. »

La condition sociale est également pointée du doigt par Madeleine Carlier : « Cette carrière, qui exige tant de sacrifices par l’assiduité ininterrompue du travail, dédommage-t-elle au moins celles qui l’embrassent par une aisance proportionnée à la somme du labeur ? Tout d’abord les débuts sont longs. Ce n’est pas aisément qu’on obtient une recette. Généralement, la postulante doit chercher à être, en premier lieu, nommée dame employée, ce qui encore exige au préalable deux années de stage comme aide et l’épreuve d’un examen. Les dames employées débutent aux appointements annuels de mille francs, sans logement ni aucun bénéfice sur les opérations du bureau. Souvent elles sont obligées d’attendre cinq, six ans et plus pour être nommées receveuses (…). La receveuse, comme la dame employée, débute à mille francs. Elle doit fournir un cautionnement de valeur égale à la première année de traitement. Elle est logée par l'administration. (…) Elle touche, pour l’entretien du bureau, une indemnité de régie, mais (…) cette indemnité ne couvre pas les frais de chauffage et d’éclairage. (…) Les receveurs et receveuses débutent aux appointements identiques ; mais, avec l’avancement, nous constatons l’injuste disproportion (…) qui, à vrai dire, existe partout sous le règne actuel du salaire inégal pour travail égal. Le traitement d’une receveuse de deuxième classe ne peut dépasser deux mille francs. C’est le bâton de maréchal des employées des postes, et encore bien peu d’entre elles le peuvent conquérir. Toutes les situations avantageuses sont réservées au personnel masculin. (…) Les confidences qui nous sont venues d’un peu partout nous permettent d’affirmer, en toute impartialité, qu’en un petit nombre de bureaux la position de quelques employées est devenue bien délicate, par suite de l’attitude des receveurs et de certains commis d’ordre. La discipline étroite qui fait du gérant d’un bureau simple ou composé le maître absolu du travail et de l’avenir de ses agents […fait] que certains misérables (…) vont jusqu’à poursuivre par les rigueurs administratives et par la calomnie celles qui ne veulent pas sacrifier leur honneur à leur position. » Des faits analogues sont, il est vrai, trop fréquents pour que de telles révélations nous étonnent. Ceux qui connaissent la vie industrielle et commerciale, l’odieuse oppression de la femme pauvre par l’homme débauché, savent de combien de hontes involontaires est parfois flétrie celle dont le gagne-pain dépend des caprices du mâle. Mais si l’infamie est trop ordinaire en nos mœurs, elle n’en suscite pas moins l’indignation et les poignantes détresses de jeunes filles (…) C’est à cette situation particulièrement douloureuse pour les femmes que va désormais porter remède une société de création récente (…) l’Association fraternelle des receveuses, dames employées des postes, des télégraphes et des téléphones (…). L’initiative en est due à Mme Peauger, receveuse des postes à Rosny-sous-Bois.

À suivre

Madeleine Carlier

 

 

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