Rémy Jules Martin naît le 19 janvier 1900 à Dadonville (Loiret). Il est le fils de Marceline Claire Garreau et de son époux, Jules Alfred Martin, qui habitent le hameau de Denainvilliers. Ce dernier est jardinier, probablement au château du lieu-dit.
Château de Denainvilliers (Wikipédia)
Étant alors cultivateur, Rémy Martin est mobilisé en mars 1920 dans le cadre de son service militaire au 8e régiment d’artillerie. Il devient brigadier en janvier 1921 puis est hospitalisé, le mois suivant, pour sept semaines à l’établissement militaire de Percy à Clamart (Seine, act. Hauts-de-Seine) pour bronchite. Démobilisé en mars 1922 il sera promu, dans la réserve, maréchal des logis en juin 1927.
À la sortie de l’armée, Rémy Martin devient gardien de la paix dans la police parisienne. Il vit d’abord dans un casernement boulevard du Palais à Paris (4e arr.). Après avoir épousé, en septembre 1923 à Isserpent (Allier) Mathilde Terrenoire, ils s’installent en 1925 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où il travaille probablement. Ils vivent d’abord dans le centre de la commune rue de Paris puis s’installeront dans le quartier de Polangis d’abord avenue Oudinot puis rue Bourguignon.
Complémentairement à son activité professionnelle, Rémy Martin est actif au sein de la société de secours mutuels dite Amicale de la préfecture de police. Il est collecteur de cette mutuelle en 1933 et délégué pour Joinville-le-Pont en 1938.
Pendant la deuxième guerre mondiale, Rémy Martin est affecté spécial à son poste au sein de la police de Paris jusqu’en juin 1944. Son épouse étant décédée en 1940, il se remarie en février 1943 à Joinville avec Joséphine Rouillé, ancienne commerçante divorcée.
Joséphine Rouillé devant son commerce, vers 1929
Après le conflit, il devient officier de paix en janvier 1955 avec le titre de brigadier-chef en juillet 1955. Il est alors à Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).
Rémy Martin meurt le 21 février 1971 à Créteil (Val-de-Marne). Il était âgé de 71 ans et père de deux enfants, issus de son premier mariage. Il avait obtenu en avril 1933 une mention honorable du fait de son activité mutualiste. Pour la même cause, il est décoré du Mérite social en mars 1938.
François Podevin naît le 8 juillet 1877 à Germigny (act. Germigny-sur-Loire, Nièvre). Il est le fils de Louise Lejot et de Jacques Podevin.
Après trois ans de service militaire de 1898 à 1901, François Podevin entre dans la police comme gardien de la paix en octobre 1902. Il est affecté à Paris (11e arr.).
Le 27 janvier 1905, Podevin est affecté au service d’ordre constitué par le préfet Louis Lépine pour encadre le meeting de la Confédération générale du Travail en réaction à la révolution en cours en Russie, et notamment aux évènements de Saint-Pétersbourg. Il est organisé dans la salle Tivoli-Vauxhall, rue de l'Entrepôt à Paris (11e arr.). Parmi les conférenciers, on note l’écrivain Anatole France, le pédagogue libertaire Sébastien Faure, le syndicaliste Alexandre Luquet ou la journaliste féministe Séverine.
Au cours de heurts avec les manifestants après le meeting, l’agent Podevin est atteint par balle à l’épaule droite, tirée par Gaston Roux, militant anarchiste. Il est transporté à l'hôpital Saint-Antoine. Le médecin-chef de la police parisienne veut l’obliger à reprendre immédiatement son service, alors qu’il en était manifestement incapable. Il est suspendu de ses fonctions et rayé de la police municipale, ce qui amène des protestations sur le comportement de l’administration vis-à-vis des policiers blessés. Par contre, il est décoré d’une médaille d'argent pour actes de dévouement. Il reprend ultérieurement son poste et est affecté en février 1907 comme gardien de la paix dans le 18e arrondissement.
En octobre 1903 François Podevin épouse à Maisons-Alfort (Seine, act. Val-de-Marne) Juliette Rapin, fille d’un employé. Après la mort de celle-ci, il se remarie en janvier 1908 à Paris (18e arr.) avec Marguerite Gransac, fille d’un palefrenier.
Resté en poste pendant la première guerre mondiale, Podevin prend sa retraite de la police fin mai 1921. Il s’installe alors à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il s’associe avec Louis Landier, propriétaire du Café de la Gare (ou Café de Paris, nom de la rue où il est installé). Il en reprend la gérance en 1924. Situé à l‘entrée du centre-ville de la commune et à proximité de l’hippodrome de Vincennes, dans le bois du même nom, et rattaché à ce moment à la commune de Joinville, le café est un des principaux établissements de la commune.
Landier connaît quelques soucis avec la justice. Il est condamné à une amende en juillet 1921 pour délit de courses et à une autre en octobre 1924 pour tentative de tromperie sur la marchandise. Ces deux délits sont amnistiés en mars 1926.
Comme avec son prédécesseur, le café Podevin accueille des manifestations liées au sport. Ainsi, la création de la section escrime de l’Espérance sportive de Joinville, en novembre 1930, se fait chez lui. Sa salle est engagée dans une compétition nationale de ping-pong en février 1935. L'assemblée générale de l'Association des entraîneurs du trotting se tient chez lui en août 1936.
En matière politique, le café sert de siège ou accueille des manifestations de différents bords. C’est le cas des Jeunesses patriotes (extrême droite en juillet et octobre 1927. La section de Joinville de la Ligue des droits de l'homme y tient une conférence publique sur « La guerre des gaz » en novembre 1930. Après une séance du conseil municipal, en juillet 1933, les élus de la municipalité du Cartel des gauches se retrouvent au café Podevin.
Régulièrement cité pour des actions caritatives, Podevin est également un membre actif de l’Union des commerçants et industriels de Joinville, qui a son siège social dans son café et dont il est trésorier en 1934, réélu en 1935.
En février 1935, Podevin est trésorier général du Comité d’union des républicains et d’action sociale, fondé en 1912, qui se transforme en Union des républicains. Groupement à vocation uniquement municipal, les fonctions exécutives sont incompatibles avec celles de membre du conseil municipal.
En avril 1935, l’Union des républicains lance un appel, signé par Podevin pour la « séparation de l’administration municipale et de la politique ». Il soutient un programme de « diminution des charges écrasantes, atténuation des dépenses publiques, simplification des rouages administratifs, application des lois sociales. »
Lors des élections municipales de mai 1935, François Podevin, débitant, est candidat sur la liste de l’Union des républicains, qui rassemble la droite locale. Au premier tour, la liste arrive en tête avec 35% des suffrages exprimés, devançant la municipalité sortante radicale-socialiste d’Émile Briolay, avec 28%, les communistes de Robert Deloche, 25%, et les socialistes, 13%. Au second tour, la liste de droite l’emporte avec 41% et 25 sièges, la liste communiste et socialiste de Front populaire recueillant deux élus et 39%, tandis que les radicaux quittent le conseil avec 20%.
Au premier tour, Podevin obtient 915 voix pour 2 856 suffrages exprimés (32%) sur 2 923 votants et 3 433 inscrits. Au second tour, 1 147 votes se portent sur son nom parmi les 2 899 exprimés (39,6%) au sein des 2 924 votants ; il est élu conseiller municipal. L’Union républicaine se félicite que « Les Joinvillais, dans le seul but de barrer la route aux communistes, ont apporté leurs suffrages en masse à la liste d’ordre de l’Union républicaine. Ils ont montré leur réprobation pour la turbulence et de la démagogie. »
Léon Lesestre, proche du Parti social français et des Jeunesses patriotes (extrême droite), est élu maire, tandis que Chaussée, Caillon, Béal et Kirbühler son adjoints. Podevin représente la commune au sein du conseil de discipline des personnels des communes suburbaines du département de la Seine à partir d’août 1935.
En février 1940, le conseil de préfecture prononce la déchéance de 162 conseillers municipaux communistes des communes de la Seine, dont les deux élus de Joinville (Robert Deloche et Paul Rouhaud). En février 1942, les autorités de Vichy nomment les membres d’un conseil municipal de 20 membres, conservant 14 des élus de 1935, dont le maire et les adjoints. Par contre, Podevin, comme le futur maire Georges Defert, n’est pas maintenu en fonction.
François Podevin meurt le 13 décembre 1962 à Pougues-les-Eaux (Nièvre), à proximité de son village natal. Il était âgé de 85 ans et avait eu au moins une fille avec sa deuxième épouse.
Marcel Louis Gaucher naît le 29 septembre 1894 à Paris (12e arr.). Il est le fils de Juliette Mathiot et de son époux Louis François Gaucher, instituteur, qui résident à La Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne).
Au début de la première guerre mondiale, Marcel Gaucher est étudiant en droit et réside chez ses parents à Bagnolet (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il est incorporé en août 1916 au 153e régiment d’infanterie. Il devient caporal en mai 1917 puis sergent le mois suivant. Pour son attitude pendant les combats, il est cité à l’ordre du régiment en novembre 1918. Gaucher est affecté en mai 1919 à la 20e section état-major et est mis en congé en septembre de la même année.
Il s’installe alors à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avenue du Bac. Juste après la fin de sa période militaire, il épouse dans cette ville Raymonde Mathilde Rigaud en septembre 1919. Il est contremaître dans l’entreprise de coupe de verre et de glaces, dirigée par son beau-père, Eugène Rigaud, et située à son adresse dans le quartier de Polangis. Il participe au bureau de la Société symphonique de Joinville dont il est archiviste en 1925.
Vers 1925, Marcel Gaucher devient rédacteur à la préfecture de police de Paris. Il y préside une société musicale, la Symphonie, qu’il fusionnera en 1935 avec le Salon artistique de la même administration, en une Association artistique s’occupant à la fois de musique et de peinture. Marcel Gaucher est lui-même peintre, orienté vers le paysage, et expose au salon annuel de la préfecture en 1934, 1937 et 1938.
La famille Gaucher s’est installée à Fontenay-sous-Bois (Seine, act. Val-de-Marne), d’abord rue Squéville puis rue Castel. En juillet 1932, Marcel Gaucher remporte un prix au Grand concours politique organisé par le quotidien l'Œuvre.
Pendant la deuxième guerre mondiale, Gaucher est affecté spécialement à la préfecture de police. Il est démobilisé de fait le 25 juin 1940. Le 6 septembre 1941, le Journal officiel publie une « Liste des dignitaires (hauts gradés et officiers de loges) de la franc-maçonnerie » dans laquelle Marcel Gaucher est présenté comme responsable de la loge L'Effort. En conséquence de cette dénonciation, l'amiral Bard, préfet de police, dans un arrêté du 26 septembre 1941, relève Marcel Gaucher de ses fonctions de sous-chef de bureau à la direction du personnel, du budget et du matériel.
Marcel Gaucher avait fondé, dès juin 1940, le premier groupe clandestin contre l’occupant à la préfecture. Il s’occupe de faux papiers et de l’organisation de dépôts d’armes.
Après son renvoi, il est recruté le 1er octobre 1941 comme agent P1 au sein du réseau Hector, mouvement de résistance fondé par Alfred Heurteaux et lié au service de renseignement de l’armée de l’air française. Le 9 octobre, il est nommé agent P2, chargé de mission 3e classe, ce qui lui vaut un grade de sous-lieutenant homologué au titre des Forces françaises combattantes.
Le réseau est démantelé au cours de l’opération Porto par l’Abwehr, service de renseignement de l'état-major allemand à Paris. 119 personnes sont arrêtées, dont 77 seront maintenues en détention, dans des lieux gardés secrets au nom de la nouvelle classification Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard).
En compagnie de son fils Jacques, également résistant, Marcel Gaucher est arrêté le 9 octobre 1941. Il est déporté depuis la gare de l’Est à Paris le 15 décembre 1941, cinq jours après son enfant. Il est successivement interné dans les prisons de Hagen, de Cologne, de Wittlich (Rhénanie-Palatinat), de Wolfenbüttel (Basse-Saxe) et de Hambourg. Il est enfin transféré au camp de concentration de Gross-Rosen (Allemagne, act. Pologne, près de Rogoźnica), où il meurt le 24 décembre 1944. Il était alors âgé de 50 ans. Son fils mourut également en déportation en avril 1945.
Pour son activité civile, Marcel Gaucher avait obtenu la médaille de bronze de la mutualité en août 1929. Il était décoré des Palmes académiques en tant qu’officier d’académie en janvier 1931 et comme officier de l’instruction publique en février 1937.
Au nom de son engagement dans la Résistance, et à titre posthume, Marcel Gaucher a obtenu la médaille de la Résistance en avril 1946 et a été fait chevalier de la Légion d’honneur en juillet 1947. Il a été cité à l’ordre de la Nation le 21 juin 1947 par le ministre de l’intérieur, Édouard Depreux.
Le nom de Marcel Gaucher figure sur la plaque commémorative des victimes civiles, située au carrefour des Martyrs-de-la-Résistance à Fontenay-sous-Bois. La même commune a baptisé une de ses voies « rue Marcel et Jacques Gaucher » ; il s’agit d’une ancienne partie de la rue Castel, où il résidait. Un arrêt de bus de la RATP porte le nom « Mallier-Gaucher » ; il est desservi par la ligne 524.
Les archives municipales de Fontenay-sous-Bois conservent des toiles peintes par Marcel Gaucher.
Bords de mer, Marcel Gaucher (arch. Fontenay-sous-Bois)