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29 janvier 2022 6 29 /01 /janvier /2022 00:01

Suite de la biographie de Jules Beauvais

Au cours des élections municipales générales de mai 1912, le maire sortant, Eugène Voisin, âgé et malade, ne se représente pas. Le comité radical-socialiste accorde son soutien à son adjoint, Georges Briolay. Trois autres listes sont en course : les dissidents de 1911, conduits par Achille Mermet ; les libéraux, parmi lesquels Beauvais ; et les socialistes SFIO. Ces trois groupes ont conclu un pacte de fusion, sur la base des résultats proportionnels du premier tour. On retrouve donc au second tour une liste composée de dix radicaux dissidents, six libéraux et conservateurs et sept socialistes SFIO. Elle emporte la totalité des 23 sièges et Mermet est élu maire.

Au sein de l’assemblée, Beauvais, résident du quartier de Polangis, est souvent sollicité sur les problèmes que rencontre ce quartier. Dès le mois d’août, on lui rappelle sa promesse d’intégrer dans la voirie communale les rues du quartier de Polangis, alors classées encore comme des voies privées. Il s’oppose à la création d’une troisième classe à l’école maternelle de Polangis, dont il craint qu’elle attire trop d’élèves de la commune voisine de Champigny.

Auprès des commerçants, Beauvais sert d’intermédiaire quand un conflit éclate, encore en août 1912, au sujet d’une banderole annonçant le championnat du monde de natation, signée du journal l’Auto, que le bureau municipal avait fait décrocher et pour laquelle il avait émis une amende.

Désigné électeur sénatorial en février 1914, Beauvais qui, du fait de son âge, n’est pas mobilisé pendant la première guerre mondiale, fait partie de la dizaine de conseillers municipaux qui font tourner l’administration municipale. C’est lui qui, en l’absence du maire et des deux adjoints, est chargé de lire, le samedi 1er août 1914, le décret d’appel à la mobilisation générale dans les rues du Haut de Joinville, tandis qu’un autre conseiller municipal, Watrinet, le proclame en mairie.

En janvier 1915, l’hebdomadaire radical Voix des communes estime que « Beauvais s’emploie comme il peut, il assiste le maire dans son cabinet et dans ses visites aux marchés ». Mais le même journal sera plus critique en juin 1916, considérant alors que « Beauvais ne veut rien faire. »

Au sein de l’assemblée, il fait partie de ceux qui soutiennent, en février 1916, l’augmentation du prix du gaz, réclamée par la compagnie concessionnaire, contre l’avis de la minorité socialiste et des opposants radicaux.

Quand une polémique éclate, en février 1916, entre le maire Mermet et les radicaux-socialistes, qui l’accusent d’utiliser sans contrôle les fonds qui lui sont confiés par l’usine du Bi-Métal, Beauvais se solidarise avec lui en signant une lettre ouverte : « Nous sommes vos collaborateurs, vos complices ! Non seulement nous approuvons votre manière de faire, mais nous y applaudissons. »

La même année, en mai, Beauvais est le premier client de la boucherie municipale, créée pour vendre de la viande congelée, une nouveauté dans la commune.

Après le conflit mondial, Beauvais prend la tête de la liste dite du Bloc indépendant, qui regroupe les libéraux et conservateurs. Elle concurrence celle des sortants, conduits par Henri Vel-Durand, qui s’est rapproché des radicaux-socialistes tout en restant indépendant, et une liste socialiste SFIO. Il est également président d’un des deux bureaux de vote de la commune. La liste Beauvais obtient une moyenne de 26,2% des suffrages exprimés, contre 29,0% pour les socialistes et 44,8% pour la liste Vel-Durand. Beauvais lui-même est crédité de 457 voix pour 1 694 exprimées (27%) pour 1 715 votants sur 2 491 inscrits. Il retire sa liste, et le second tour voit la nette victoire de Vel-Durand, qui est élu maire.

Le contexte électoral change en 1925. Pour les élections municipales joinvillaises, le maire, Vel-Durand, se sépare des radicaux-socialistes, qui prennent la tête d’une liste de groupement des gauches, avec des socialistes SFIO et des indépendants, tandis que les communistes s’alignent eux-aussi. Plusieurs personnalités de droite rallient la majorité municipale, dont Jules Beauvais et celui qui l’accompagna lors de sa démission de 1911, Charles Provin.

L’Union républicaine pour la défense des intérêts communaux arrive en tête au premier tour, avec 47,5% des votes, devant le cartel des gauches (28,4%) et les communistes (21,1%). Elle l’emporte au second tour et envoie ses 27 candidats dans l’assemblée locale. Vel-Durand est réélu maire et Stephen Durande premier adjoint. François Provin devient le deuxième adjoint tandis que Jules Beauvais est désigné au poste, nouvellement créé, de troisième adjoint.

Jules Beauvais meurt le 15 janvier 1926 à Joinville. Il est inhumé à Paris, au cimetière du Père-Lachaise. Il était âgé de 65 ans et père de deux enfants.

L’éloge funèbre de Jules Beauvais, mort en fonction, est prononcé pendant la séance du 23 février du conseil municipal de Joinville.

Il avait reçu en 1910 et 1911 deux récompenses pour les actes de courage et de dévouement qu’il avait réalisés pendant les inondations du premier trimestre 1910. En août 1924, il avait été décoré des Palmes académiques comme officier d’académie pour son rôle d’administrateur de la caisse des écoles de Joinville.

Son fils aîné, Julien Beauvais (1895-1968), directeur de banque, fut blessé pendant la première guerre mondiale et prisonnier en Allemagne pendant deux ans et neuf mois. Il vivait à Joinville au moment de son décès.

Le cadet de ses enfants, Louis Beauvais (1896-1977), après avoir été employé de banque, dirigea un atelier de sellerie. Il fut blessé, malade des bronches et eut les pieds gelés pendant la première guerre mondiale. Prisonnier en Allemagne pendant sept mois, il fut cité à deux reprises, obtint la Croix de guerre, la Médaille militaire et fut fait chevalier de la Légion d’honneur.

Fin

Villa du quartier de Polangis (Joinville-le-Pont)

 

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27 janvier 2022 4 27 /01 /janvier /2022 00:01

Début de la biographie de Jules Beauvais

Jules Frédéric Julien Beauvais naît le 16 juin 1860 à Rouen (Seine-Maritime). Il est le fils d’Aimable Marie-Jeanne Louise Lefranc et de Julien Louis Beauvais. Ses parents vivent à Paris, où il est baptisé en décembre la même année. Ils résident rue Meslay (1er arr.).

Orphelin de père à sept ans, Jules Beauvais fait probablement un service militaire réduit en 1881. Il est bijoutier et vit rue de la Fontaine-au-Roi (11e arr.). Il épouse en décembre 1897 dans son arrondissement Hernestine Mary, originaire de La Bastide-Murat (Lot). Peu après, ils s’installent à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où ils vivent en 1901 dans le quartier de Polangis, avenue Jamin.

Lors des élections municipales de mai 1908, Jules Beauvais figure sur la liste présentée par le comité radical-socialiste de Joinville et conduite par le maire sortant, Eugène Voisin. Elle fait face à une liste socialiste SFIO et à une liste soutenue par un comité socialiste évolutionniste, qui regroupe des radicaux dissidents et des socialistes indépendants. Au second tour, les radicaux-socialistes emportent 21 des 23 sièges à pourvoir, en laissant un aux évolutionnistes et un autre à un indépendant. Eugène Voisin est reconduit en tant que maire. Beauvais recueille, au deuxième tour, 606 voix pour 1 188 suffrages exprimés (51%) et est élu.

Si comme les autres candidats, Beauvais a adhéré au comité radical-socialiste, un de ses membres, le chimiste Louis Rey, assura « qu’il n’avait jamais fait de politique républicaine, que ses tendances étaient plutôt réactionnaires », contrairement à la majorité du groupe, situé nettement plus à gauche.

En août 1908, Beauvais critique la construction d’une cheminée par la société cinématographique Pathé, qui est devenue depuis un des emblèmes visuels de la commune. Le conseil municipal autorise cependant l’usine à augmenter son stock de celluloïd, sous réserve de précautions.

La première prise de distance avec la majorité municipale a lieu en juillet 1909. Alors qu’un élu, qui passe pour le stratège du groupe radical-socialiste, Louis Rey, plaide pour le fait que les élus rendent compte de leur mandat auprès de leurs électeurs, Beauvais, en compagnie de six autres, proteste et estime qu’ils doivent s’adresser à tous les habitants.

Une autre faille s’ouvre, fin 1909, avec la querelle autour de l’entretien d’une voie communale, le chemin de Brétigny. Un entrepreneur y fait passer de lourds charrois depuis le port sur la Marne, endommageant la chaussée. Plusieurs opposants et dissidents profitent de l’exaspération de certains riverains pour la tourner contre l’ensemble du conseil municipal.

Les graves inondations de la rivière Marne, en janvier 1910, mettent un terme provisoire aux polémiques. Beauvais distribue les secours de la mairie aux centaines de réfugiés, en tant que membre du bureau de bienfaisance.

Alors que, après la fin de l’inondation, la querelle sur le chemin de Brétigny, Beauvais démissionne du conseil municipal en février 1911, en compagnie de Charles Provin. Le climat local se tend encore, autour d’une affaire de mœurs dans une école, dénoncée par le responsable radical Rey, au grand dam de beaucoup d’autres élus qui auraient préféré que la question ne soit pas portée sur la place publique. Cinq autres conseillers municipaux démissionnent en mars, provoquant une élection municipale complémentaire et une crise grave au sein du groupe radical-socialiste. Par la voie de Paul Guelpa, également conseiller municipal et dirigeant national du parti radical, les radicaux fustigent les démissionnaires : « Le vaniteux Mermet, l’obscur Beauvais, l’incapable et prétentieux croquemort Watrinet. Association d’intérêts personnels et mesquins fondée sur la trahison. »

Le scrutin voit s’opposer d’un côté une liste autour de René Martin, président de l’Union des commerçants de Joinville, et de l’autre l’ensemble des démissionnaires. Ces derniers obtiennent le soutien de l’Action libérale, formation réactionnaire, ainsi que du parti socialiste SFIO. Cinq d’entre eux, dont Beauvais, sont réélus dès le premier tour, les deux autres le sont au second. Guelpa, dans l’hebdomadaire radical Voix des communes s’interroge : « Leur réélection effacera-t-elle leur trahison ? Ils ne sont les élus que d’une fiction. Les dissidents sont les élus de la réaction avouée ; le comité radical-socialiste veut-il les conserver ? »

En mai, la tension monte d’un cran : un mannequin couvert d’emblèmes maçonniques est exposé sur le marché mais, selon Louis Rey, franc-maçon notoire, « La peur du commissaire a empêché l’autodafé du bonhomme de paille ». Au sein du conseil municipal, les relations sont houleuses. Dans la presse locale, les invectives se poursuivent, Beauvais étant une des cibles favorites de radicaux. Son activité de loueur de logements bon marché est aussi critiquée. Beauvais se saisit des mécontentements liées aux indemnités versées aux anciens inondés. Il critique la gestion du bureau de bienfaisance, où il ne siège plus.

À suivre

Inondations à Polangis en 1910 (Joinville-le-Pont)

 

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7 janvier 2022 5 07 /01 /janvier /2022 00:01

Félix Armand Penneret naît le 20 septembre 1869 à Paris (20e arr.), Il est le fils de Marie Charlotte Petitbled et de son époux Philippe Félix Penneret, distillateurs, qui vivent rue de Palikao. En 1887, la famille est installée à Fontenay-sous-Bois (Seine, act. Val-de-Marne).

Il s’engage, en novembre 1888, dans l’armée et est affecté au 32e régiment d’infanterie. Nommé caporal en mai 1889, il suit une école d’officiers de réserve. Après avoir fini son service militaire en novembre 1889, il est nommé sous-lieutenant en mars 1892 et affecté au 66e régiment d’infanterie. Il devient lieutenant en juillet 1901. Il démissionne de sa fonction d’officier de réserve en mars 1914.

Devenu marchand de bois et installé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis, il se marie à Fontenay en décembre 1898 avec Louise Dulac, fille de distillateurs de la commune. Les nouveaux mariés vivent à Joinville, route de Brie (act. avenue du Général-Galliéni), où se situe l’entreprise. Penneret est membre, en 1906-1907 du bureau de la Chambre syndicale des bois de sciage et d'industrie de Paris.

Le commerce du bois était une activité traditionnelle de Joinville, dominante au début du 19e siècle, mais reste importante ensuite. L’atelier Penneret est important, ce qui lui vaut d’être qualifié d’entrepreneur. Lors des grandes inondations de la Marne en janvier 1910, Penneret met à disposition des madriers pour assurer une circulation sur les trottoirs submergés. Il recevra des remerciements du conseil municipal en novembre la même année.

En mai 1910, Penneret est nommé membre de la Commission locale de la commune de Joinville-le-Pont chargée, en vertu de la loi du 18 mars 1910, d'examiner les demandes de prêts à consentir aux commerçants, industriels et artisans victimes des inondations. Il fit cependant part de son empêchement au préfet, qui le remplace à ce poste en juin.

Les élections municipales de mai 1912 voient la fin du mandat d’Eugène Voisin, maire radical-socialiste de la commune, depuis 25 ans, qui ne se représente pas.

Quatre listes se présentent : les fidèles du maire, emmenés par son adjoint Georges Briolay, un groupe de dissidents radicaux rejoints par des socialistes indépendants, conduits par Achille Mermet et Henri Vel-Durand, des libéraux et conservateurs derrière Pierre Dalbavie, enfin les socialistes SFIO derrière Émile Lebègue. Les trois dernières listes ont conclu un accord pour constituer, sur une base proportionnelle à leurs résultats du premier tour, une liste commune de second tour. La fusion permet à la coalition d’emporter les 23 sièges à pourvoir, les sortants n’en ayant aucun. Penneret figurait sur la liste des radicaux dissidents, qui obtient probablement dix sièges, les socialistes SFIO en ayant 7 tandis que les libéraux et conservateurs recueillent les 6 restants. Félix Penneret est élu.

En 1913, il est chargé de suivre la remise en état des voies conduisant au port sur la Marne, qu’il devait utiliser pour son approvisionnement en bois. Le mauvais état de ces rues a été un des arguments utilisés contre la municipalité sortante.

Pendant la première guerre mondiale, à cause de son âge, Penneret n’est pas mobilisé. Il fait partie de la dizaine de conseillers municipaux qui assument le travail de l’administration locale. S’il a été élu sur une liste dissidente, Penneret ne semble pas avoir eu d’animosité personnelle envers l’ancien maire Eugène Voisin. Après la mort de ce dernier, en juillet 1914, Penneret fait adopter un vœu pour nommer une voie communale en son honneur. Il rappelle sa demande en janvier 1915.

En février 1916, Penneret se prononce, avec le socialiste Henri Lacroix, contre l’augmentation du prix du gaz demandée par la compagnie gestionnaire, tandis qu’elle est approuvée par les huit membres présents de la majorité municipale. Il se solidarise avec le maire, Mermet, le même mois, quand ce dernier est accusé par le journal radical-socialiste Voix des communes d’utiliser sans contrôle des moyens financier qui lui ont été remis par l’usine du Bi-Métal. Dénonçant « diffamation et calomnie », douze élus, dont Penneret, écrivent : « Nous sommes vos collaborateurs, vos complices ! Non seulement nous approuvons votre manière de faire, mais nous y applaudissons. »

Pour répondre à la cherté du combustible servant au chauffage, et pour devancer une initiative prise par les radicaux-socialistes, Penneret propose avec un autre conseiller municipal, Barreau, l’achat d’un stock de 600 tonnes de charbon à vendre 25 francs la tonne. Le conseil adopte son projet en mars 1916.

Ensuite, la participation de Penneret à la vie municipale semble décliner. L’hebdomadaire Voix des communes range les élus dans trois catégories : 8 sont soldats, 7 assistent aux séances hebdomadaires du conseil et les 7 autres non. Il commente : « Penneret ne vient plus perdre son temps devant les fourneauteries de Dalbavie et face à l’ahurissement du maire devant la mauvaise foi de Watrinet », mentionnant ainsi les deux adjoints.

Lors des élections municipales d’après-guerre, en novembre 1919, Penneret n’est pas candidat à Joinville. Tout en ayant conservé son atelier dans cette ville, il était revenu en 1911 dans la commune proche de Fontenay-sous-Bois, avenue Marigny ; il sera ensuite domicilié avenue de la Belle-Gabrielle.

S’il n’exerce plus de fonctions électives, Penneret est cependant le représentant patronal pour la commission élaborant la liste électorale des élections prud’homales de 1932.

Felix Penneret meurt le 25 février 1936 à Fontenay-sous-Bois. Il était âgé de 66 ans et était père de trois enfants.

Felix Penneret

 

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24 novembre 2021 3 24 /11 /novembre /2021 00:01

Raymond Aubry naît le 18 décembre 1906 à Nogent-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils d’Isabelle Pion et de son époux, Mathurin Joseph Aubry, boulangers, qui vivent rue de Montreuil. Sa mère est d’origine parisienne, tandis que son père est natif de Saint-Brieuc (Côtes du Nord, act. Côtes-d’Armor).

Pendant la première guerre mondiale, son père est mobilisé. Après le conflit, la famille est installée dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, quartier de Polangis, avenue Henri et Mathurin Aubry travaille dans une boulangerie de Saint-Maur-des-Fossés. Raymond, alors âgé de 14 ans, est également employé de boulangerie en 1921 et l’est toujours en 1926.

Le mariage de Raymond Aubry avec Clémence Tachet, employée de banque, est célébré à Joinville en janvier 1927. Elle réside dans le même quartier, quai de Béthune, où ils vont s’installer. Il devient également employé de banque en 1928.

Vivant au bord du canal, dit rivière de Polangis, Raymond Aubry s’implique dans le Groupe de défense des riverains. Construit au moment du lotissement du quartier par l’ancien propriétaire, pour attirer des acheteurs voulant canoter, le canal souffre d’un défaut d’entretien et d’un statut incertain. En janvier 1931, le groupement rappelle au maire, Georges Briolay, un engagement électoral pris en 1928 de faire le curage. Il s’étonne que le maire n’ait pas engagé de poursuites contre l’ancien propriétaire, M. Chavignot, et ait obligé les riverains à constituer un syndicat. La lettre ouverte conclut : « Vous vous êtes fait le protecteur de M. Chavignot contre les 125 riverains ». Elle est signée du secrétaire François Galabert, conseiller municipal, élu en tant que socialiste SFIO sur la liste du cartel des gauches en 1925, comme Briolay (radical-socialiste), mais qui s’est depuis éloigné de la SFIO et s’oppose violemment au maire sur plusieurs dossiers, comme celui du chômage. Aubry est membre du bureau du groupement et c’est lui qui polémique dans la presse avec Claude Noizat, chroniqueur de l’hebdomadaire de droite Gazette de l’Est ; il soutient que « Les riverains s’aperçoivent un peu tard qu’ils sont encore roulés ». Noizat lui répond que « Le syndicat n’ayant pas été constitué, il n’y a plus de subvention possible du conseil général. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs, les riverains vont en faire la triste expérience. »

Sans doute mobilisé pendant la deuxième guerre mondiale, Raymond Aubry reste à Joinville après le conflit. Au début de la cinquième République, il s’implique dans la vie politique en étant candidat sur la liste divers-droite du maire sortant, Georges Defert, pour les élections municipales de mars 1959 à Joinville. Le maire, étiqueté RGR (Rassemblement des gauche républicaines, droite) s’oppose pour ce scrutin à une alliance centriste (gaullistes de l’UNR, démocrates-chrétiens du MRP et socialistes SFIO) et à une liste communiste ainsi qu’à une candidature d’intérêt local. Sa liste est en tête au premier tour avec une moyenne de 3 084 voix sur 7 488 suffrages exprimés (41,2%) pour 7 780 votants sur 10 276 inscrits. Malgré le maintien de l’alliance centriste, les colistiers de Defert emportent au second tour les 27 sièges à pouvoir avec 52,4% des votes en moyenne.

Dans une configuration semblable, en mars 1965, la liste Defert remporte également le scrutin, mais sans concurrence à droite et au centre au second tour. Raymond Aubry devient adjoint au maire et Defert est reconduit.

Lors des élections municipales de mars 1971, les candidats de Georges Defert n’ont plus comme concurrents que les communistes. Ils l’emportent dès le premier tour, avec une moyenne de 64,2% des suffrages exprimés. Raymond Aubry est reconduit dans son poste d’adjoint au maire.

Après la mort, en octobre 1975, de Georges Defert, le premier adjoint, Jean-Pierre Garchery (divers-droite) devient maire, et Raymond Aubry conserve sa fonction. Lors des élections municipales suivantes, en mars 1977, alors que Jean-Pierre Garchery ne se présentait pas en tête de liste au premier tour, ses successeurs font face à plusieurs concurrents issus de la droite. Au deuxième tour, la gauche emporte tous les sièges à pourvoir.

Raymond Aubry meurt le 7 mai 1979 à Créteil. Il était âgé de 72 ans et résidait toujours à Joinville.

Son fils Pierre Aubry est élu conseiller général de Joinville en 1982 et devient maire de Joinville en 1983, le restant jusqu’en 2008. Il est également député du Val-de-Marne de 1997 à 2002. Quant à son petit-fils, Olivier Aubry, il est maire-adjoint auprès de son père de 2001 à 2008. Entre 2008 et 2020, il est conseiller municipal d’opposition (UMP puis divers-droite). La famille aura ainsi siégé au conseil municipal de Joinville sur une durée de 61 ans, avec une interruption de six ans seulement.

Raymond Aubry n’avait pas de lien avec Gustave Aubry, conseiller municipal radical-socialiste de Joinville de 1919 à 1925.

Le canal de Polangis

 

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22 novembre 2021 1 22 /11 /novembre /2021 00:01

Gustave Émile Aubry naît le 4 novembre 1868 à Paris (19e arr.). Il est le fils d’Élisa Augustine Thiébault et de son mari François Aubry, journalier.

Il fait son service militaire à partir d’octobre 1889 au 30e régiment d’artillerie, mais est réformé en janvier 1892, étant atteint de syphilis.

Il est mécanicien et vit à Paris (11e arr.), où il épouse en mars 1894 Céline Adèle Bidault. Ils vont s’installer à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où ils résident en 1911 avenue Bourguignon (act. rue des Frères-Lumière) dans le quartier de Polangis.

Pendant la première guerre mondiale, Gustave Aubry est maintenu dans sa position et continue à faire fonctionner son atelier. Il s’installe après le conflit dans une rue voisine, avenue du Parc.

En novembre 1919, Gustave Aubry est candidat aux élections municipales sur la liste d’Union républicaine et sociale, conduite par Henri Vel-Durand, adjoint au maire sortant, radical dissident, qui rassemble également les radicaux-socialistes et des socialistes indépendants. Elle fait face à une liste libérale et à une autre socialiste SFIO. Au premier tour, elle arrive en tête. Aubry obtient 764 voix pour 1 694 suffrages exprimés (45,1%), avec 1 715 votants sur 2 491 inscrits. Après le retrait des libéraux, la liste remporte les 23 sièges à pourvoir au second tour et Vel-Durand est élu maire.

Aubry est désigné électeur sénatorial en décembre 1919. L’union entre la majorité du conseiller municipal et les radicaux-socialistes se fragilise au cours du mandat. En mars 1923, Aubry se joint à plusieurs conseillers municipaux de gauche, Roux, Augros, Graillat et Georges Briolay, futur maire de la commune, pour créer une section de la Ligue de la République à Joinville. Cette organisation veut grouper tous les partis de gauche pour « faire échec à la réaction ». Outre les radicaux et des socialistes indépendants, elle regroupe des militants qui rejoignent la SFIO, en voie de reconstitution dans la commune, après le passage de l’ancienne section au parti communiste en 1920.

En mars 1925, Aubry marque son soutien au Cartel des gauches, étiquette sous laquelle se présente, en mai, la liste conduite par Georges Briolay lors des élections municipales. Aubry figure probablement comme candidat. La liste obtient au premier tour une moyenne de 648 voix pour 2 275 suffrages exprimés (28,4%) sur 2 310 votants pour 2 761 inscrits ; elle devance les communistes (21,1%) mais est distancée par l’Union républicaine du maire sortant (47,5%), qui est désormais soutenu par la droite. Au second tour, le cartel des gauches est battu, malgré le retrait des communistes, et n’a aucun élu.

Gustave Aubry meurt le 5 mars 1927 à Joinville. Il était âgé de 59 ans et n’a pas eu d’enfant, mais a élevé la fille d’un premier mariage de sa femme. Il avait été décoré en tant que chevalier du Mérite agricole en février 1923. Il n’a pas de lien avec Mathurin Aubry, aïeul de deux maires-adjoints (Raymond et Olivier Aubry) et d’un député-maire de Joinville (Pierre Aubry).

Joinville : Polangis en 1910

 

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20 novembre 2021 6 20 /11 /novembre /2021 00:01

André Jean Pierre Calmon naît le premier août 1898 à Figeac (Lot), dans la maison du garde au Roc de la Clouque. Il est le fils d’Anaïs Pradier (ou Pradié), giletière, et de son mari Hubert Jean Alphonse Calmon, gardien de la paix. La famille réside à Paris.

Pendant la première guerre mondiale, Pierre Calmon, qui appartient à la classe 1918 pour son service militaire et aurait donc dû rejoindre l’armée en 1919, est mobilisé de manière anticipée. Il sert probablement dans l’artillerie. Dans la réserve, il est nommé maréchal des logis en août 1931.

Devenu employé à la Bourse, Pierre Calmon, qui réside à Paris (15e arr.), rue Blomet, épouse dans cet arrondissement en octobre 1923 Marguerite Chédin, employée de bureau, originaire de Bourges (Cher).

La famille s’installe vers 1925 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis, avenue du Bac (act. avenue Guy-Môquet). Il continue de travailler à la bourse mais est, semble-t-il, sans emploi en 1936.

Au cours de la deuxième guerre mondiale, Calmon est de nouveau mobilisé. Un « Pierre Calmon » sans aucune indication précise est identifié par le Service historique de la défense dans les Dossiers administratifs de résistants, mais il n’est pas possible de faire le lien avec lui.

Après le conflit, Pierre Calmon s’engage dans l’action politique au sein du mouvement du général de Gaulle, le Rassemblement du peuple français (RPF). Il figure en seconde position derrière Pierre Perly. Avec 3 066 voix en moyenne pour RPF sur 6 974 suffrages exprimés (44%) pour 7 073 votants et 8 376 inscrits, la liste arrive en tête, devant celle du maire sortant, communiste, Robert Deloche à 3 017 voix (43,3%), mais les deux listes sont à égalité avec 11 sièges. Les socialistes SFIO ont un seul élu avec 452 voix (6,5%) ; il vote en faveur de Deloche, qui est réélu.

En tant que président de la section RPF de Joinville, Calmon fait célébrer en novembre 1951 dans l’église Saint-Charles-Borromée de la ville, la grand-messe en mémoire du maréchal Leclerc.

Candidat sur les listes RPF pour les élections législatives de mai 1951, en sixième position derrière Louis Vallon dans le 4e secteur de la Seine, puis pour les élections sénatoriales en mai 1952 dans le même département, en quinzième place derrière Edmond Michelet, Pierre Calmon n’est pas élu.

Au sein du conseil municipal de Joinville-le-Pont, la démission du maire Deloche, exclu du parti communiste, va provoquer en avril l’élection, pour un mois, d’un nouveau maire. 25 des 27 élus participent au scrutin. La communiste Amélie Trayaud obtient 12 voix, Pierre Calmon en a 8 tandis qu’un groupe dissident, dont Georges Defert est le porte-parole, obtient 5 voix pour la candidature de Pierre Perly. Ces derniers, malgré leur score, refusent de soutenir Calmon, soutenant la légitimité de Perly, tête de liste en 1947. Trayaud est élue.

La droite se présente désunie aux élections municipales de mai 1953. Pierre Calmon conduit la liste RPF qui obtient six sièges avec 1 334 voix en moyenne pour RPF sur 6 748 suffrages exprimés (19,8%) pour 6 979 votants et 8 482 inscrits ; avec le même nombre d’élus, elle est devancée par la liste divers-droite (22,1%) et par les communistes (35,6%), qui ont dix postes. Les socialistes SFIO avec trois sièges (12,3%) et les démocrates-chrétiens du MRP, deux élus (9,2%) complètent le tableau. C’est le choix de ces derniers qui permet à Georges Defert (Rassemblement des gauches républicaines, RGR, divers-droite) d’être élu maire, même si sa liste avait eu Pierre Perly en tête. Calmon devient premier adjoint.

Toujours en mai 1953, Pierre Calmon, qui se présente alors comme journaliste, est candidat en quatrième position sur la liste RPF pour le conseil général. La liste a trois élus.

En juin et juillet 1953, le RPF et ses élus, dont Calmon, s’associent à une demande de révision du procès Rosenberg aux États-Unis, votée à l’unanimité au conseil municipal. Une manifestation est organisée dans la ville et une motion envoyée par le RPF.

Comme une grande part du RPF, Calmon s’éloigne de la position en faveur d’une union des droites. Ainsi, en mars 1954, à l’occasion d’une élection législative partielle en Seine-et-Oise, il publie avec plusieurs parlementaires de son mouvement, un manifeste en faveur de ta candidature d’un socialiste SFIO contre un RGR « moralement disqualifié. »

Le ministre de la justice, Edmond Michelet, appelle Pierre Calmon comme attaché à son cabinet. S’étant séparé du maire sortant, Calmon conduit une liste concurrente en alliance entre le parti gaulliste, rebaptisé UNR (Union nationale pour la République), le MRP et la SFIO. Elle obtient 23,5% des voix au premier tour et 13,1% au second et n’a pas d’élus. Defert est réélu maire.

Lors de l’élection cantonale de mars 1959, Calmon est de nouveau battu par Defert. Il obtient au premier tour 2 872 voix sur 14 827 suffrages exprimés (19,4%) pour 15 369 votants et 21 457 inscrits dans le canton qui comprend une partie de Saint-Maur-des-Fossés et Joinville. Il se retire avant le deuxième tour.

En septembre 1959, encore journaliste, Pierre Calmon est nommé maire du 4e arrondissement de Paris en remplacement de M. Mouly, récemment décédé. Le poste n’est pas électif à ce moment-là.

Il accueille dans sa mairie en janvier 1960 le banquet annuel de l'amitié figeacoise, sa ville d’origine. Calmon quitte son poste en février 1969 et est alors nommé maire honoraire.

Pierre Calmon meurt le 29 janvier 1987 à Créteil, il est inhumé à Joinville où il résidait toujours probablement. Il était âgé de 86 ans et a eu un fils. Il était décoré de la Croix de guerre et de la Médaille militaire ; il était officier de la Légion d’honneur depuis juillet 1968.

Joinville, vers 1960

 

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18 novembre 2021 4 18 /11 /novembre /2021 00:01

Charlotte Annette Étiennette Fruton naît le 25 avril 1898 à Paris (6e arr.). Elle est la fille d’Annette Dupré et de son époux, Étienne Joseph Fruton, employé de commerce. Ils vivent rue Mayet.

En 1911, la famille est installée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avenue Ratel, dans le quartier de Polangis. Étienne Fruton est devenu ouvrier dans les usines cinématographiques Pathé, situées dans le même quartier, tandis qu’Annette Fruton travaille au grand magasin parisien Le Bon Marché.

Une bourse d’internat à l’école primaire supérieure et professionnelle de Melun (Seine-et-Marne) est accordée à Charlotte Fruton pour l’année scolaire 1913-1914. Ayant obtenu un diplôme d’institutrice, elle ouvre après-guerre une institution privée, installée en 1922, toujours dans le quartier de Polangis, quai de Béthune. Elle intègre la formation musicale dans son école qui fonctionne toujours en 1932. Proche des milieux chrétiens, elle est par exemple la correspondante du centre de vacances de la Maison Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus, aux Sables-d’Olonne (Vendée).

Elle reprend ensuite des études, pour devenir médecin. Elle soutient sa thèse en 1938, présentant un ouvrage court mais remarqué sur Mérimée et la médecine, éditée ensuite chez un imprimeur de Tournan-en-Brie (Seine-et-Marne). L’écrivain André Billy apprécie dans Le Figaro en juillet 1939 : le romancier Prosper Mérimée « avait une grande préoccupation de sa santé et faisait l'analyse de ses troubles physiques avec autant de lucidité que celle de ses sentiments et de son caractère. C'est ce qui a permis au docteur Charlotte Fruton de porter sur ses maladies des diagnostics si bien motivés ». Dans la Revue d'histoire littéraire de la France, le romancier Pierre Trahard, spécialiste de l’auteur de Colomba, remarque que la Faculté de Médecine a non seulement « conféré le grade de docteur à Mlle Fruton, mais elle lui a attribué un prix, soulignant ainsi la valeur scientifique de son travail ». Il considère que « la santé d'un écrivain peut avoir une influence sur son œuvre », citant notamment Edgar Poe, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud et Émile Verhaeren. Et il s’interroge : « Le goût de Mérimée pour l'étrangeté, le mystère, la violence, les mœurs primitives et sauvages, l'instinct brutal, l'amour physique, est surtout intellectuel et volontaire. N'y entrerait-il pas néanmoins des éléments d'ordre physiologique ? » Il rend ensuite hommage au travail de Charlotte Fruton, « à sa précision scientifique et à l'élégance de ses analyses, qui dépassent déjà l'étude médicale et abordent avec sûreté la psychologie de l'homme. »

Au cours de la deuxième guerre mondiale, le Dr Fruton a établi son cabinet dans son logement de Joinville. Elle a une spécialisation en stomatologie et exerce dans les hôpitaux de Brévannes (Limeil-Brévannes) et d’Ivry (tous deux act. Val-de-Marne). Elle est la seule femme parmi les dix praticiens de la commune.

En février 1944, Charlotte Fruton se marie à Paris (13e arr.) avec l’ingénieur Joseph Turco, originaire de Tunisie et naturalisé français en août 1933.

Après le conflit mondial, Charlotte Turco-Fruton est membre du Mouvement populaire des familles. C’est un mouvement d'action catholique qui s’est radicalisé sur le plan politique à la fin des années 1940 et auquel l'épiscopat catholique retirera son mandat à l'automne 1949 pour créer l'Action catholique ouvrière (ACO). Pendant la guerre, le curé de la paroisse Sainte-Anne de Polangis était l’abbé Jacques Hollande, supérieur à partir de 1944 de la Mission de Paris et fondateur des prêtres-ouvriers.

Une autre personnalité des milieux chrétiens engagés socialement, Henri Melchior, syndicaliste et plus tard délégué permanent du Secours catholique pour Paris et la banlieue, vit également à proximité. Comme Melchior, Charlotte Turco-Fruton adhère au Mouvement républicain populaire (MRP, démocrate-chrétien).

En août 1950, elle fait partie des organisateurs de l’anniversaire de la Libération célébré dans la commune, avec les responsables des partis de gauche, les anciens combattants de la Résistance et deux autres mouvements féminins, l’Union des Femmes françaises (proche des communistes) et les Jeunes filles de France. Avec Mme Fabre, Charlotte Turco-Fruton représente le Mouvement populaire des familles.

Lors des élections municipales de mai 1953, elle figure en cinquième position sur la liste du MRP à Joinville. Le MRP obtient deux sièges, derrière les communistes qui en ont dix, deux listes de droite (six chacune) et les socialistes SFIO avec trois élus. Le MRP avait recueilli, en moyenne, 620 voix pour 6 748 suffrages exprimés soit 9,2%, la liste communiste ayant 35,6%, les gaullistes du RPF 19,3%, les divers-droite 19,7% et les socialistes 12,3%. C’est Georges Defert, membre du Rassemblement des gauches républicaines, élu sur la liste divers droite, qui devient maire, avec l’appui du MRP.

Le scrutin de mars 1959 se déroule avec un nouveau scrutin majoritaire. Le MRP figure sur une liste commune avec la RPF gaulliste et les socialistes SFIO, mais Charlotte Turco-Fruton a rejoint le maire sortant, Georges Defert qui emporte, au second tour avec 52,4%, les 27 sièges à pourvoir devant les communistes (34,1%), l’alliance perdant un grande partie de ses voix du premier tour à 13,1%. Mme Turco entre au conseil municipal, qui ne compte que deux femmes, plus petit chiffre depuis qu’elles sont éligibles. Defert est réélu maire.

Charlotte Turco-Fruton meurt le 15 mai 1985 à Cannes (Alpes-Maritimes). Elle était âgée de 87 ans et est inhumée à Joinville. Elle n’avait pas eu d’enfant.

Une maison à Polangis

 

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9 octobre 2021 6 09 /10 /octobre /2021 00:01

Lucien François Pinton naît le 15 décembre 1886 à Paris (3e arr.). Il est le fils de Marie Henriette Véronique Janisson et de son époux François Pinton, employé de la maison d’orfèvrerie Boulenger. Ils sont tous deux originaire de la Creuse et vivent rue du Vertbois.

Comme son père, Lucien Pinton rejoint l’entreprise Boulenger. Fondée en 1810 à Paris sous le nom de Hautin, prolongée par le neveu de ce dernier, Adolphe Boulenger, qui la reprend en 1864, puis par son fils, Charles Boulenger, en 1898, elle est particulièrement réputée pour la fabrication de couverts, notamment pour l'argenterie de la Marine nationale. Elle dispose d’une usine à Créteil (Seine, act. Val-de-Marne), créée en 1871. La maison Boulenger y employait 60 ouvriers en 1902. D’abord employé commercial, il deviendra ultérieurement fondé de pouvoir et directeur, en charge du personnel.

À cause d’une « faiblesse générale », Pinton est dispensé de service militaire en 1908. La famille est alors installée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis, avenue du Château (act. av. Foch). Il épouse dans cette ville en mai 1912 Émilie Julie Joséphine Provin, fille d’un entrepreneur de serrurerie, président de la société de secours mutuels des sapeurs-pompiers et plus tard adjoint au maire.

Au cours de la première guerre mondiale, Lucien Pinton est affecté à des services auxiliaires, à cause de l’état de ses pieds. Il intègre la 2e section de commis et ouvriers de l’armée en janvier 1915 puis est envoyé en juin la même année sur les théâtres d’opérations orientales, en Serbie. Il y est nommé brigadier en juillet 1918 puis maréchal des logis en novembre. Il rentre d’Orient en janvier 1919 et est démobilisé en avril.

Après le conflit, Pinton partage son temps entre son domicile parisien et celui de ses beaux-parents à Joinville, rue du Pont (act. rue Jean-Mermoz). C’est dans cette ville qu’il prend des responsabilités politiques et associatives.

En préparation des élections municipales de mai 1925, il est un des organisateurs d’une importante réunion publique de l’Union républicaine pour la défense des intérêts communaux, la liste du maire sortant Henri Vel-Durand, radical dissident, qui réunit des candidats de droite et quelques indépendants, radicaux ou socialistes.

En octobre 1932, c’est Pinton qui, comme vice-président, supplée l’absence de Guye, malade, en tant que président du Comité d’union républicaine et d’action sociale, qui regroupe les partisans de la droite conservatrice et libérale dans la commune. Ce dernier est remplacé par Émile Lecuirot, tandis que Pinton reste vice-président.

Accompagnant encore son beau-père, qui en fut un des fondateurs en 1923, Pinton est en 1934 trésorier de la société d’escrime La Dague, dont Pierre Lorry est président. C’est au cours une soirée organisée par cette association, en novembre 1934, que Lucien Pinton raconte son voyage en Norvège et au Spitzberg, devant de nombreux élus, dont le député Adolphe Chéron (radical), ancien sous-secrétaire d’État à l’éducation physique, ou le maire Georges Briolay (radical-socialiste). C’est sous l’impulsion de Pinton que La Dague lance en 1935 pour cinq années un challenge Charles-Provin, en souvenir de son beau-père, mort la même année. Il concerne des équipes de trois tireurs à l’épée.

Participant à plusieurs expositions au titre de son orfèvrerie, il obtient un diplôme d’honneur lors de l’Exposition coloniale internationale de Paris, organisée en 1931 dans le Bois de Vincennes, à Nogent-sur-Marne.

Cité comme témoin par un juge d’instruction de Saint-Quentin, Lucien Pinton, alors directeur général de la maison Boulenger, assure que en février 1937 le docteur Hecker de Flavy-le-Martel (Aisne) était en fait René Hecker, ancien comptable de sa société, dépourvu de tout titre universitaire. Il avait profité de la guerre pour se faire nommer « médecin auxiliaire » et avait ensuite usurpé le titre de docteur, exerçant la médecine, y compris dans des fonctions officielles, pendant 17 ans.

Lucien Pinton meurt le 11 octobre 1938 à Paris (11e arr.), dans son domicile de la rue du Grand-Prieuré. Il est inhumé à Joinville, dans le caveau de son beau-père. Il était âgé de 51 ans et père d’un enfant. En 1931, il avait été décoré de la médaille commémorative serbe.

 

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1 octobre 2021 5 01 /10 /octobre /2021 00:01

Berthe Quéru naît le 7 mai 1878 à Bry-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne). Elle est la fille de Catherine Fruyss, couturière, et de son époux, Louis André Quéru, jardinier.

Après la première guerre mondiale, Berthe Quéru vit dans la commune de Joinville-le-Pont où elle réside d’abord avenue Joyeuse (quartier de Palissy) puis avenue Oudinot (quartier de Polangis). Ces deux quartiers sur la rive gauche de la Marne ont connu une rapide expansion démographique et leur équipement en services publics devient une nécessité.

Déjà, en 1907, le conseil général de la Seine avait émis le vœu qu’un bureau de poste soit créé « à la Fourchette, entre Joinville et Champigny » et, lors des élections municipales de mai 1908, la liste socialiste évolutionniste demandait la création d’un bureau de poste route de la Brie (act. avenue Galliéni). Un arrêté préfectoral de novembre 1919, a autorisé la création d'une recette succursale auquel est affecté un personnel de deux dames employées.

Installé rue du Parc, le bureau de poste auxiliaire a pour responsable Mme Quéru. Le receveur de Joinville, M. Lismon Tamisier, en assure la supervision.

L’embauche de Berthe Quéru provoque une polémique dans la presse locale. L’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes, opposé au maire radical dissident, Henri Vel-Durand, s’étonne dans une tribune libre du 15 décembre 1922 signée « Pipe-Lait » que des « femmes non veuves » ont eu des emplois, citant Mme Quéru, Mme Boulard, tenancière de la baignade l’été et cuisinière aux écoles de Polangis l’hiver ainsi que Mlle Graillat, employée de mairie et fille d’un conseiller municipal. Cependant, un article publié la semaine suivante donne acte à Mmes Boulard et Quéru qu’elles sont seules et ont des revenus modestes. Enfin, le journal précise que cette dernière a quitté son poste.

Le bureau auxiliaire de l’avenue du Parc est remplacé, en mars 1923, par un bureau de plein exercice, situé avenue Galliéni. Une receveuse est désignée à sa tête, Marguerite Bonnal.

En octobre 1922 à Paris (13e arr.), Berthe Quéru a épousé Émile Eugène Pierre, employé de commerce puis expéditeur, originaire des Ardennes et vivant à Paris. sa date de décès n’est pas connue.

L'immeuble du 2, avenue du Parc, ancien bureau de Poste auxiliaire à Joinville-le-Pont

 

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11 septembre 2021 6 11 /09 /septembre /2021 00:01

Georges Clément Constant Chotard naît le 29 avril 1875 à Mayenne (Mayenne). Il est le fils de Marie Antoinette Redet et de son mari, Prosper René Chotard, bourrelier qui vivent rue Saint-Martin.

Travaillant alors comme bourrelier, l’ancien métier de son père, décédé, à Servon (Ille-et-Vilaine), Georges Chotard est mobilisé pour un service militaire raccourci en tant que fils unique de veuve. Il intègre en novembre 1897 le 130e régiment d’infanterie et est démobilise en septembre 1898. Après un passage par Neuilly-le-Vendin (Mayenne), il rejoint Élancourt (Seine-et-Oise, act. Yvelines) où il séjourne à l’orphelinat.

En octobre 1901, Georges Chotard est à Versailles (Seine-et-Oise, act. Yvelines), au grand séminaire catholique diocésain. Après son ordination comme prêtre, sans doute en 1905, il est nommé vicaire de la paroisse de Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise, act. Val-de-Marne). Il séjourne rue de l’Église, avec sa mère et sa tante, sœur de celle-ci.

Au cours du mois de mars 1907, la commune de Villeneuve-Saint-Georges est le théâtre d’un conflit religieux. Joseph-René Vilatte, prêtre catholique français, missionnaire au Québec (Canada), élevé à l’épiscopat en 1892 à Colombo (Ceylan, act. Sri-Lanka) par un évêque de rite jacobite, s’opposait à certaines règles de l’église catholique romaine, notamment le dogme de l’infaillibilité pontificale. Il constitua l'Église vieille-catholique, qui rejoignit l’Union d’Utrecht, avec plusieurs autres groupes en Angleterre, Pays-Bas ou Suisse notamment. Ayant été excommunié, n’ayant pu s’implanter à Paris, Mgr Vilatte tenta de constituer une association cultuelle, conformément à la toute récente loi de 1905 sur la séparation de l'Église et de l’État.

Cette implantation n’était pas du goût du clergé catholique, notamment du curé de Villeneuve, M. Péprié et de son vicaire, l’abbé Chotard. Ce dernier, selon le quotidien La Patrie, déclare que « les catholiques de Villeneuve sont décidés à chasser, par tous les moyens possibles » les schismatiques. Le curé souligne le caractère « sectaire » du conseil municipal, qui avait baptisé la rue de l’Église du nom de rue Étienne-Dolet, un imprimeur, accusé d’avoir édité des textes hérétiques et soupçonné d’athéisme, qui eut la langue coupée puis fut étranglé et conduit au bûcher à Paris en 1546. Une manifestation, estimée à cinq cents protestataires par le journal bonapartiste L'Autorité, fait que la conférence projetée, qualifiée par ce quotidien de « comédie-bouffe ridicultuelle », est annulée, Mgr Vilatte retournant à Paris.

En juin 1907, toujours à Villeneuve-Saint-Georges, l’abbé Chotard célèbre une messe, à la demande du groupe d'action catholique et patriotique de la commune, pour Hippolyte Debroise, jeune parisien du quartier des Batignolles à Paris, mortellement blessé au Bourget (Seine, act. Seine-Saint-Denis) en revenant d’une procession de la Fête-Dieu à Dugny. Le quotidien d’extrême-droite La Libre Parole accusait « des anarchistes avinés ». Les dirigeants de la Ligue d’action catholique et patriotique étaient présents. Dans son allocution, l’abbé Chotard fustigea « l’apathie des catholiques », et, refusant d’appartenir à « l'Église dormante » ou à « l'Église gémissante », il se revendiqua de « l'Église militante. »

À partir de 1909, Georges Chotard réside à Puiseux (peut-être Puiseux-lès-Louvres, act. Puiseux-en-France ou Puiseux-Pontoise, toutes deux en Seine-et-Oise, act. Val-d’Oise).

Mobilisé au début de la première guerre mondiale, Georges Chotard est réformé en décembre 1914 pour gastro-entérite, ce qui est confirmé par la commission de réforme de Versailles en avril l’année suivante. Bien que dispensé, Chotard souscrit un engagement spécial pour la durée guerre en décembre 1916 ; il est affecté à la 24e section d’infirmiers puis démobilisé en février 1919. Il retourne alors à Puiseux.

Il devient curé d’Essonnes (act. Corbeil-Essonnes, Essonne) vers novembre 1919. Il réside ruelle du Chêne, d’abord avec sa tante, puis ensuite avec une de ses cousines et les deux enfants de cette dernière, devenue veuve. Il exerce toujours son ministère sur place en 1926 et réside ruelle des Chênes.

Quittant le diocèse de Versailles, Georges Chotard rejoint celui de Paris et est prêtre à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en 1928. Il deviendra en 1936 vicaire de la paroisse Sainte-Anne, qui couvre les quartiers de Palissy et de Polangis (Joinville et Champigny) et dont le curé est le syndicaliste Victor Simonard.

Installé d’abord rue du Pont, l’abbé Chotard prend en location en novembre 1930 un appartement avenue Gallieni, à Palissy. Il se plaint du prix fixé par la propriétaire, et le tribunal d’appel lui donne raison, jugeant qu’il contrevenait à une loi d’avril 1926, destinée à lutter contre la cherté de la vie et la crise du logement. Il réside toujours avec sa cousine et ses petits-cousins.

En octobre 1932, le père Chotard organise une kermesse pour terminer la construction de la salle paroissiale de Polangis. Il célèbre dans ladite église, en décembre 1936, la messe à la mémoire des cinéastes, sous la présidence du cardinal Verdier, archevêque de Paris.

Peut-être l’abbé Chotard doit-il assurer l’intérim du curé Émile Simonard, décédé en janvier 1937 et remplacé par l’abbé Lucien Lachambre en avril la même année. En mars 1938, le poste de vicaire à Polangis est confié à l'abbé Mégrot.

Georges Chotard meurt le 3 octobre 1953 à Paris (2e arr.). Il était âgé de 78 ans et résidait rue Saint-Denis. Il est inhumé au cimetière parisien de Bagneux (Seine, act. Hauts-de-Seine).

Sainte-Anne de Polangis

 

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