Suite de la biographie de Mayer List
Les frères List Izhak, Herschs, Mayer et Shlomo ont émigré tous les quatre de Pologne en Argentine en 1929, où ils se font désormais appeler Jacob, Marcos, Gregorio et Julio. Ils deviennent membres du parti communiste argentin (PCA) et d’organisations syndicales, poursuivant les activités dans lesquelles ils étaient engagées avant le coup d’État polonais de 1926, selon les informations de Chaja Palgon-Urlant, chroniqueur des Juifs originaires d’Ostrów Mazowiecka. Marcos (Mayer) devient éditeur d’un journal édité en yiddish.
Il est membre actif du PCA lors du coup d’État argentin de septembre 1930, qui porte au pouvoir le lieutenant-général José Félix Uriburu. Le nouveau dictateur fit interdire le PCA et voter une loi prévoyant l'expulsion des militants d'origine étrangère. Une « section spéciale de lutte contre le communisme » est chargé de la mise en œuvre de ces mesures.
D’abord arrêté, Marcos (Mayer) émigre ensuite en Uruguay, en compagnie notamment de son frère Jacob (Izhak). Ce dernier, rentré clandestinement en Argentine, organise en septembre 1931 une grève des ouvriers du bâtiment à Rosario de Santa Fe pendant laquelle il trouve la mort.
Revenu également de manière illégale à Buenos Aires, Marcos est arrêté à plusieurs reprises, incarcéré à la prison du quartier de Devoto où il est torturé, d’après le témoignage familial d’Ezequiel Goldberg. Il y conduit une grève de la faim pour y obtenir de meilleures conditions de détention.
Devenu influent au sein du PCA clandestin, Marcos List est à la tête d’un groupe de choc, qui prépare notamment une tentative révolutionnaire au Brésil. Cependant, le Bureau sud-américain de l’Internationale communiste jugera que cette opération était « mal coordonnée » et avait des « objectifs équivoques. »
En mars 1936, Marcos est expulsé d'Argentine en compagnie de plusieurs personnes, dont son frère Gregorio (Herschs) sur un bateau à destination de la ville libre de Dantzig (act. Gdansk, Pologne). Il s’évade lors d’une escale au Brésil mais est repris par la police locale et doit poursuivre son voyage. Il fuit une deuxième fois à l’occasion d’une autre escale à Vigo (Galice, Espagne). Il participe, en juillet 1936, aux manifestations organisées à Vigo pour protester contre le putsch du général Franco. Il est arrêté avec deux autres polonais. Ils obtiennent un sauf-conduit du consul polonais, sous prétexte de retourner en Pologne. Marcos List stoppe son trajet à Paris. Selon Jean-Pierre Besse et Daniel Grason, qui signent sa biographie dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français de Jean Maitron, il aurait demandé l’asile politique en France, qui lui aurait été refusé.
Il se rend au siège du parti communiste français pour s’engager dans les Brigades internationales qui viennent de se créer et luttent pour défendre le régime républicain espagnol contre les forces nationalistes. En septembre, il est envoyé à Valence.
Marcos List parlait plusieurs langues : l'hébreu, le yiddish, l'espagnol, le portugais, l'allemand et le russe. Il est recruté en tant qu’interprète au sein du Bataillon Dombrowski, constitué en octobre 1936 par 600 hommes, originaires de Pologne, placés sous le commandement de Stanislaw Ulanowski, et intégrés à la XIe Brigade Internationale puis en décembre à la XIIe.
Avec son bataillon, Marcos List combat sur les fronts de Motril (Andalousie), de Bilbao, de Santander, des Asturies, de Teruel et de Castellón. Il est blessé dans un accident à Valence et ensuite est employé au ministère de la Défense nationale.
La dissolution des Brigades internationales est décidée en septembre 1938 par le gouvernement républicain, suite à une décision de la Société des Nations. Les volontaires étrangers sont renvoyés dans leur pays. N’ayant plus de nationalité, Marcos List, qui ne peut retourner ni en Argentine, ni en Uruguay, dont il avait été expulsé auparavant, souhaite se rendre à Moscou. Cependant, le récit d’Ezequiel Goldberg assure que les cadres du parti communiste espagnol se méfiaient de lui, comme de beaucoup d'autres étrangers, considérés comme des espions ou des trotskistes. Il présentait d'excellentes références du PCA et du parti communiste d'Uruguay, mais son frère David List, qui était adhérent du parti bolchevique et membre d’un soviet de Moscou avait été, en novembre 1937, victime des purges staliniennes dans cette ville.
Marcos List entre clandestinement en France à Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales) au printemps 1939, réussissant à ne pas être repéré par les gardes-frontières. Selon l’historien David Diamant, il arrive sans papier et sans moyen de subsistance, dans la région de Toulouse. Il est contrôlé, couché dans un champ et à demi-évanoui, par des gendarmes, qui ne l’arrêtent pas, du fait de son état de santé, étant tuberculeux. Il gagne Paris.
À suivre
Photo Mayer List, arch. fam.
/image%2F1166198%2F20221210%2Fob_6caaff_list-mayer-1939.png)
commenter cet article …