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24 septembre 2023 7 24 /09 /septembre /2023 01:01

Lydie Desrousseaux naît le 29 août 1836 à Cherbourg (act. Cherbourg-en-Cotentin, Manche). Elle est la fille de Joséphine Lydie Desrousseaux et de Joseph Alphonse Desrousseaux, mariés en janvier 1831 à Rio de Janeiro (Brésil), qui vivent rue du Val-de-Saire.

Ses parents sont tous deux originaires de l’est, issus de familles très nombreuses et apparentées, sa mère étant la nièce de son père. Celle-ci est native en 1805 de Sarrelouis, alors dans le département français de la Moselle (act. Sarre, Allemagne) ; le second a vu le jour en 1789 à Sedan (act. Ardennes). Ils se sont établis en Normandie, son procréateur étant officier de marine ; ils se sont mariés en janvier 1831 à Rio de Janeiro (Brésil). Son père a été commandant des îles de Saint-Pierre-et-Miquelon puis du port de Marseille (Bouches-du-Rhône). C’est dans cette ville qu’il meurt en novembre 1849 ; Lydie a 13 ans. Il était officier de la Légion d’honneur. Le frère aîné de Lydie, Charles Desrousseaux (1833-1863), enseigne de vaisseau, meurt à La Havane (Cuba).

Vivant à Paris (7e arr.), rue de l'Université, Lydie Desrousseaux suit les cours de peintures d’Hippolyte Lazerges (1817-1887), diplômé de l’École nationale supérieure des beaux-arts, peintre et compositeur, qui sera ultérieurement un des fondateurs, avec Joseph Sintès, de l’école orientaliste d’Alger. Elle est également élève de Léon Cogniet (1794-1880), peintre et lithographe romantique, professeur de peinture à l'École des Beaux-Arts de Paris.

Henri Adolphe Louis Laurent, employé au ministère de la guerre, et Lydie Adèle Desrousseaux se marient à Paris (7e arr.) en janvier 1857, dans l’église Saint-Pierre du Gros Caillou. Lui va également entamer une carrière de peintre, elle-même utilisant désormais le patronyme de Laurent puis, ultérieurement, de Laurent-Desrousseaux, au moins à partir de 1876.

Les premières œuvre, signées Lydie Laurent, sont exposées lors du Salon de peinture et de sculpture de Paris en 1857. Elle y présente deux portraits, dont un pastel. Elle accroche un d’autre portraits en 1857 et 1859. L’Intérieur de Ferme, qui est figure dans l’édition de 1861 de la même manifestation, est présenté par Alfred Darcel comme un « pittoresque assemblage de masures basses, que recouvrent des chaumes plaqués de mousses ». Mais il s’interroge sur l’absence de couleur : « À quoi bon employer le crayon noir pour être gris ? »

Le couple d’Henri et Lydie Laurent séjourne en 1862 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), probablement dans l’hôtel tenu Alphonse Demeestère, situé quai Beaubourg. C’est une personnalité politique locale, président du comité radical-socialiste de la circonscription, très influent, conseiller municipal de sa commune et militant dans les groupes de libre-pensée. C’est dans cet établissement que naît en juillet leur fils Henri Alphonse Louis.

À partir de 1866, les deux époux vont se retrouver à confier des œuvres au Salon. En 1866, elle donne une Vierge aux donateurs, d'après Van Dyck. Elle revient en 1869 avec une Descente de croix.

Ayant installé son atelier d’abord rue de Grammont à Paris (2e arr.), puis rue Lamartine (9e arr.) et enfin, à partir de 1879, rue Hippolyte-Lebas, dans le même arrondissement, elle revient très régulièrement au Salon. En 1876, on y voit Convalescence et La moulière de Villerville (Calvados). Elle confie en 1877 A l'abri et Inquiétude. Pendant l’édition 1879, on voit Pêcheuse de moules et Sur la falaise. Les Vaneuses de Saint-Briac (Côtes-du-Nord) sont accrochées en 1880.

Le Salon de Paris accueille en 1886 La leçon de tricot, tandis que la même année elle présente à Reims des Raccommodeuses de filets. De nouveau à Paris on retrouve en 1887 À quoi pense-t-elle ? et en 1888 Tendresse maternelle, que le Journal des artistes juge « supérieurement traité ». Il lui vaut pour la première fois une récompense, sous la forme d’une mention honorable.

Ayant reproduit La Lecture du journal (ou Le petit journal), qu’elle a accroché en 1889, l’hebdomadaire Le Monde illustré assure : « Nous sommes trop heureux de voir que les arts comptent une femme de talent de plus ». Elle livre en 1891 Visite à grand-mère puis en 1894 Portrait de M. A. Enfin, quatre pastels sont transmis en 1895.

Lydie Laurent-Desrousseaux meurt le 23 janvier 1914 à Paris (9e arr.), dans son domicile de la rue Hippolyte-Lebas. Elle était âgée de 77 ans, veuve depuis 1888  et mère d’un enfant.

Une partie de ses tableaux sont vendus aux enchères par sa belle-fille le 6 avril 1914 à l'hôtel Drouot à Paris. Son fils, Henri (1862-1906), artiste peintre, céramiste et illustrateur, signe Henri Laurent-Desrousseaux, sans doute pour éviter la confusion avec son père, Henri Laurent.

Voir aussi Henri Laurent-Desrousseaux : transparence inouïe

Lydie Laurent-Desrousseaux : À la ferme

 

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30 août 2023 3 30 /08 /août /2023 01:01

Suite de la biographie d’Eugène Ramelet

Chef machiniste de l’Opéra-comique, Eugène Ramelet est mobilisé comme 150 autres salariés de l’institutions dès le début de la première guerre mondiale. Du fait de son âge, 42 ans à la mobilisation en août 1914, il aurait dû être affecté à la réserve de l’armée territoriale. Cependant, il se porte volontaire pour rejoindre, en tant que sous-officier, les troupes combattantes.

En septembre, il rejoint le bataillon de marche du 1er régiment de la légion étrangère. Il est nommé adjudant-chef en octobre puis promu officier, en novembre la même année, en tant que sous-lieutenant. Il est blessé gravement à Belloy (Oise) à la tête de sa section de mitrailleuses « qu’il avait installée dans les conditions les plus difficiles sur la position conquise ». Dans une citation à l’ordre de l’armée, il est qualifié comme « Officier de réserve ayant la plus haute conception du devoir. »

Devenu lieutenant en février 1918, il est remis à disposition de son institution d’origine, l’Opéra-comique, pour réaliser une mission aux États-Unis. Il embarque à Bordeaux sur La Lorraine pour rejoindre New-York en septembre. Il est invité à visiter le Metropolitan Opera House. La revue Musical America le présente comme « l'une des plus grandes autorités dans les coulisses de théâtre ». Il soutient l’idée que la scénographie de l'opéra présente une spécificité en fonction de chaque œuvre.

Démobilisé juste après l’armistice, le 13 novembre 1918, Eugène Ramelet est nommé directeur technique de l’Opéra-comique. Il dispose d’un entrepôt, boulevard Berthier (17e arr.).

Encore avec l’architecte Ferret, il collabore en 1923 à la réorganisation du Théâtre du Capitole à Toulouse (Haute-Garonne).

Sans lien direct avec son activité principale, Eugène Ramelet constitue en juillet 1922 avec un tailleur italien, Gaston Venditti, installé rue des Filles-Saint-Thomas (2e arr.), une société, dénommée Ramelet et Venditti, destinée à commercialiser des machines à coudre portatives. Les deux associés dissoudront leur entreprise en septembre 1925 et feront apport de son actif au fabricant des machines.

Ayant quitté l’Opéra-comique, Ramelet est en 1927 directeur technique du Théâtre Mogador, dans la rue éponyme à Paris (9e arr.). Le Figaro salue en avril cette même année à propos de Rose Marie (Otto Harbach) « La conception des décors, la machinerie font le plus grand honneur à l'habileté de M. Ramelet » tandis que Le Gaulois considère qu’il a « monté cette, œuvre de la façon la plus heureuse et la plus somptueuse en même temps ». Mais, quand il réalise Le Chant du Désert du même Harbach, en avril 1930, Le Figaro est plus critique : « On frémit, en lisant sur l'affiche qu'un M. Ramelet a apporté sa direction technique à ces déhanchements de l'ancien Rat Mort. Où la technicité va-t-elle se nicher ? »

Il retrouve la faveur du quotidien du matin parisien pour La Bataille de Claude Farrère à la Gaité-Lyrique en mars 1931, celui-ci saluant « La machinerie ingénieuse et pittoresque de l'excellent technicien, M. Ramelet », tandis que son confrère du soir, Le Temps, juge que « les décors de MM. Bertin et Ramelet font merveille. »

L’hebdomadaire Gringoire félicite Ramelet pour la machinerie de L'Auberge du Cheval-Blanc (Ralph Benatzky), que le Théâtre Mogador affiche en octobre 1932. En septembre1934, c’est pour La Vie Parisienne d’Offenbach que félicite comme ayant fourni un « luxe de présentation scénique », jugé « fort heureux » et ayant produit une mise en scène « extrêmement vivante ». Plusieurs autres journaux ont également des appréciations positives, comme Le Temps qui assure que décors et costumes « charment et éblouissent ». Quant à L’Ami du peuple, après avoir considéré que « Tout » la machinerie fonctionne à souhait », il conclut « bravo, Eugène Ramelet. »

Cette présentation du chef-d’œuvre d’Offenbach est la dernière dont on trouve la trace dans la presse comme attribuée à Ramelet. Il a alors 62 ans. Depuis 1933, il est domicilié à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il vit avec sa deuxième épouse, Marie Jeanne Albertine Euphrasie Leblanc, originaire de Haute-Marne. Ils s’étaient mariés en décembre 1925 à Paris (17e arr.) et l’associé de Ramelet, Eugène Ferret, était son témoin. Ils résident avenue d’Hill, une voie rebaptisée avenue de la Plage peu après leur installation, dans le quartier de Palissy.

Pendant la deuxième guerre mondiale, le gouvernement français de Vichy publie le nom d’Eugène Ramelet dans une « liste des dignitaires (hauts gradés et officiers de loge) de la franc-maçonnerie » dans l’objectif des les ostraciser. Curieusement, il y figure à deux reprises, à son adresse joinvillaise en tant que directeur technique de théâtre et à l’adresse de son entrepôt parisien sous le qualificatif de chef machiniste. Son grade (18e degré dans le rite écossais) est bien mentionné. Il est considéré comme membre de la loge Les Admirateurs de l'Univers, fondée au début du XIXe siècle.

Eugène Ramelet meurt le 26 juillet 1949 à Joinville-le-Pont. Il était âgé de 77 ans et vivait toujours dans le quartier de Palissy, avenue de la Plage. Il semble n’avoir eu qu’un enfant, une fille de sa première épouse, décédée en juin 1903 quelques jours après sa naissance.

Décoré des Palmes académiques en tant qu’officier d'académie en janvier 1905 puis officier de l’instruction publique en mars 1911, Eugène Ramelet avait obtenu la Croix de guerre en août 1916 et était chevalier de la Légion d’honneur depuis avril 1917.

Son neveu et homonyme, Eugène François Louis Ramelet (1903-1987), originaire du même village que son père (Séchin, Doubs), a été enregistré par le Service historique de la Défense dans un dossier administratif de résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale.

Fin

Eugène Ramelet en 1924 (Lectures pour tous)

 

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28 août 2023 1 28 /08 /août /2023 01:00

Début de la biographie d’Eugène Ramelet

Eugène François Marie Ramelet naît le 14 mars 1872 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Salomé Bülher et de son époux Eugène Ramelet, gardien de la paix. Sa mère est d’origine alsacienne, sa famille ayant fui l’invasion allemande de 1870 tandis que son père est natif de Franche-Comté (Doubs). Ils vivent rue de la Folie-Méricourt.

Alors qu’il est étudiant et réside rue Pierre-Nys (11e arr.), Eugène Ramelet fils s’engage pour trois ans dans l’armée en mars 1890 à Paris (7e arr.). Il est affecté au 52e régiment d'infanterie. En octobre de cette année-là, il devient caporal. Nommé sous-officier, avec le grade de sergent, en juillet 1891, il finit son service militaire en mars 1893.

Devenu chef machiniste l'Opéra-Comique, théâtre lyrique de Paris (2e arr.), Eugène Ramelet est remarqué par la presse à l’occasion de la programmation de Grisélidis, de Jules Massenet en novembre 1901. Gil Blas commente « l’admirable organisation de la machinerie qui a opéré des prodiges », saluant le « jeune et distingué chef machiniste » grâce auquel le fonctionnement de la machinerie « a été absolument merveilleux ». Pour le quotidien parisien, « M. Eugène Ramelet s'est révélé hier comme un maître de machinerie de tout premier ordre ». Parmi d’autres journaux culturels, Le Gaulois qualifie Ramelet « d'habile chef machiniste » (janvier 1904) tandis que Comœdia le classe parmi « les trois mousquetaires qui ont la garde et le souci du plateau de l'Opéra-Comique, de ses frises et de ses dessous » (janvier 1909).

En juillet 1902, à Paris (3e arr.), Eugène Ramelet, qui vit alors rue Richelieu, épouse Hélène Blanche Chap, fleuriste. Ils s’installent dans le 2e arrondissement, rue d’Aboukir puis rue du Sentier. Ils divorceront en juillet 1914.

Secrétaire de l'Association des chefs machinistes en septembre 1909, reçoit avec une délégation de son organisation, le nouvellement créé syndicat des machinistes, affilié à la Confédération générale du travail (CGT). Il y adhérera. Il défend la revendication d’amélioration de leur situation matérielle, remarquant dans Comœdia que les députés viennent de s’octroyer 66% d’augmentation. Avec le soutien des autres chefs machinistes, L'Association des directeurs de théâtres de Paris signe un accord avec le syndicat.

Un an plus tard, à l’occasion d’une grève des machinistes en octobre 1910, Eugène Ramelet regrette son engagement syndical. Il s’en expliquera en mai 1912. Selon lui, « toute entente était impossible avec les révolutionnaires de la CGT » et il mettait en garde « contre les principes dissolvants des organisations révolutionnaires ». Il poursuit son engagement social en étant président en juillet 1912 de l'Œuvre de la maison de retraite du personnel du spectacle, qui installe une maison d’accueil en forêt de Montmorency à Saint-Brice (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise).

En juin 1911, Ramelet embarque vers Buenos-Aires. La traversée en bateau dure 21 jours. Il débarque en avant-garde afin de recevoir les décors envoyés de l'Opéra-Comique pour une tournée dans la capitale de l’Argentine. Il recrute une équipe italo-espagnole afin de disposer la scène de l'Opéra de Buenos-Aires et manier les décors. Prévue pour 36 représentations, la troupe, dirigée par Albert Wolff en fera 39, pour répondre à une très forte demande. Elle crée dans la ville Pelléas et Mélisande (Claude Debussy), puis présente Louise (Gustave Charpentier), La Reine Fiammette (Xavier Leroux), Le Roi d'Ys (Édouard Lalo), Le Mariage de Télémaque (Claude Terrasse), Fortunio (André Messager), Carmen (Georges Bizet), Manon, Griselidis, Le Jongleur de Notre-Dame, ainsi que Werther (Jules Massenet), Lakmé (Léo Delibes), Mignon et Caïd (Ambroise Thomas), et enfin, seule œuvre non française, Madame Butterfly (Giacomo Puccini). Les spectacles rencontrent un franc succès.

Toujours chef machiniste à l'Opéra-Comique, Eugène Ramelet crée en décembre 1910 avec deux ingénieurs, le constructeur Abel Pifre et l’architecte Eugène Ferret, une société anonyme appelée Constructions scéniques et théâtrales ; ils la dissolvent cependant, sans qu’elle ait eu d’activité, en mars 1911.

La collaboration de Ramelet avec Ferret va cependant se poursuivre, notamment pour l’aménagement du théâtre du Casino de Trouville (Calvados) en 1912. Il intervient également à Paris pour la Gaîté lyrique (3e arr.).

Lors du départ d’Albert Carré, directeur de l’Opéra-Comique, en janvier 1914, c’est Ramelet qui s’exprime au nom du personnel de l’établissement.

Plusieurs organismes opposés à la franc-maçonnerie signalent qu’il y est affilié depuis 1906. Au cours d’une cérémonie tenue au siège du Grand Orient de France, rue Cadet (9e arr.), il est initié au 18e degré selon le rite écossais, ce qui lui octroie le titre de « Souverain Prince Chevalier Rose-Croix ». La cérémonie était organisée par les loges Les Amis Bienfaisants et Les Vrais Amis Réunis.

À suivre

Symbole de la loge maçonnique Les Admirateurs de l'Univers

 

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17 juin 2023 6 17 /06 /juin /2023 01:01

Suite de la biographie d’Albert Kownacki

Le professeur de biologie, publiciste et dirigeant de l’Association philotechnique, société d’éducation populaire, Albert Kownacki exprime en octobre 1907 son opinion sur l’utilité de l’enseignement philotechnique : « donner au jeune homme une éducation plus complète, plus coûteuse par conséquent. Le courage, le labeur incessant ne suffisent pas, il faut le travail aidé du savoir ». Il analyse que si, « Aux États-Unis, les fabricants disent que s'ils peuvent lutter contre l'Europe avec des salaires deux fois plus élevés, c'est que leurs ouvriers plus instruits travaillent plus vite, mieux et savent tirer meilleur parti des machines ». Il considère que cette « influence prépondérante de l'instruction sur la puissance de production apparaît partout et en tout temps ». Il prend un exemple : « dès le XVIIIe siècle, l'Écossais, naguère pauvre et ignorant, l'emportait sur l'Anglais dans toutes les carrières parce que le Parlement d'Édimbourg avait doté le pays d'un enseignement public. »

Ses conférences, en 1907, sont toujours extrêmement centrées sur Herbert Spencer et sa sociologie : la conservation de l’espèce, l’évolution de la famille, les institutions cérémonielles, la genèse des institutions politiques, la religion, la morale évolutionniste… En mai, il aborde cependant un sujet décalé : La transmission de la pensée, à partir d’un cas de télépsychie. Il ose, pour sa conférence d’ouverture des cours, en octobre, un titre provocateur : « Ici on forme des lâches. »

Le père d’Albert Kownacki, Joseph, qui était venu les rejoindre à Joinville-le-Pont, meurt à l’âge inhabituel de 101 ans en janvier 1908. Il est célébré par la communauté polonaise émigrée en France comme le dernier officier survivant de l’insurrection contre les russes en 1830. La même année, Kownacki devient président de l’association philotechnique de Joinville. Il est également fondateur et président des associations philotechnique de Vitry et de La Varenne, à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne).

Au long de ses cours, le fils poursuit en 1908 son regard sur l’œuvre du sociologue anglais Herbert Spencer, développant l’approche morale : égoïsme, altruisme, vie individuelle. Puis, après avoir causé en mai sur L’idée de justice à travers les âges, et avoir établi en octobre que La Terre est la seule planète habitable, il entame un nouveau cycle consacré à Karl Marx et au Capital à partir de décembre. Il poursuit à partir du même matériau en 1909.

La villa des Kownacki, dans le quartier de Palissy, est inondée pendant les crues séculaires de la Marne entre janvier et mars 1910. Cependant, Kownacki refuse de demander une indemnisation. Au contraire, il participe à l’organisation d’une Loterie lancée par le docteur Chéhadé Charles Zalta en faveur des sinistrés ; il prononce une allocution lors du versement des aides aux sinistrés.

La même année 1910, Albert Kownacki publie une Histoire de douze ans (1898-1910), consacrée à l’expérience de La Coopération des idées, une université populaire implantée faubourg Saint-Antoine à Paris (11e arr.). Ses conférences de l’année, dont le rythme semble fléchir, s’intéressent à Auguste Comte et au positivisme. Mais il persiste à communiquer aussi sur la cosmologie, entretenant les auditeurs de la Coopération des Idées, qui devient le lieu principal de son enseignement, de La fin du monde d'après la science.

Il consacre un autre livre, en 1911, à Jules Ferry et l’enseignement populaire. Ses premiers cours de l’année, en automne, sont sur Le Pragmatisme, de William James, Bergson et Le régime des eaux dans le bassin de la Seine. À partir de novembre, il entame une série consacrée au corps humain. Il s’interroge en décembre que Comment on se meut.

L’approche du corps humain par Kownacki se poursuit en 1912 : travail, fatigue, repos en janvier, apport des aliments et de l’air en mars, dépuration et protection en avril, transmission des informations en mai, direction et contrôle du cerveau en juin. Mais il n’oublie pas les techniques, évoquant en mai Les grands paquebots et la sécurité des voyageurs.

Les interventions de Kownacki en 1913 se font toutes à l’université populaire du Faubourg Saint-Antoine, nouvelle appellation de la Coopération des Idées. Son programme comporte huit séances consacrées à la philosophie de Bergson : la vie consciente, déterminisme et problème de la liberté, représentation du monde et système nerveux, matière et mémoire, mémoire et cerveau, mémoire et esprit, union de l’âme au corps.

Il démarre en décembre une deuxième série de son enseignement bergsonien par l’Évolution créatrice. Elle continue en mai et juin 1914.

Albert Kownacki est hospitalisé en septembre 1914 pendant trois semaines « en vue d’une opération grave. »

À la suite de cette détérioration de son état de santé, il poursuit son activité associative, mais ne donne plus que rarement de cours ni de conférences – sauf, à une occasion, en juin 1920 sur Les maladies du langage et de la personnalité pour L'Émancipation de Vincennes.

Il vit depuis au moins 1926 et toujours en 1936 à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne), avenue Victor-Hugo, à l’hospice Lenoir-Jousserand, un établissement desservi par des employés laïques, ce qui était encore rare dans les organismes hospitaliers. S’il n’a plus d’activités physiques, il conserve cependant certaines responsabilités et correspond probablement avec ses interlocuteurs. Il organise ainsi en novembre 1927 les 25 ans de la société d’éducation populaire joinvillaise.

Il est présent, jusqu’en juillet 1934, aux manifestations organisées dans les écoles de Joinville. Cette année-là, Kownacki est toujours vice-président de l’Union des philotechniques, fondée en 1901, alors présidée par Paul Strauss, ancien ministre et président du sénat.

Devenu membre titulaire de la Société astronomique de France en mai 1934, Albert Kownacki, s'inscrit comme membre perpétuel de cette association en 1941. Il est alors âgé de 90 ans.

La date et le lieu de son décès ne sont pas connus. Si celui-ci a eu lieu à Saint-Mandé, il serait postérieur à 1942. Il était père de trois enfants ; ses deux filles, Gabrielle et Marthe Kownacka, furent artistes peintres, comme leur mère et leur grand-père. Son fils Marcel fut deux fois blessé et fait prisonnier pendant la première guerre mondiale, où il obtint la Croix de guerre et la Médaille militaire.

Décoré des médailles de bronze (1888), d’argent (1906) et de vermeil de l’instruction des adultes, Kownacki avait obtenu les Palmes académiques comme officier d’académie en juillet 1888 et officier de l’instruction publique en juillet 1896. Il était titulaire du Mérite agricole et avait été fait, en juillet 1914, chevalier de la Légion d’honneur.

Fin

Bulletin de l'union des associations philotechniques de 1934. Albert Kownacki en est alors vice-président

 

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15 juin 2023 4 15 /06 /juin /2023 01:01

Suite de la biographie d’Albert Kownacki

La part la plus importante de l’engagement public du professeur Albert Kownacki est son engagement dans l’éducation populaire.  

À parti de 1881, il s’implique dans l'Association Philotechnique où il assure un enseignement gratuit pour adultes comme professeur et conférencier. En novembre 1881, il cause sur « Comment on arrive » au lycée Fontanes de Paris. En janvier 1882, son thème d’intervention est l'Origine de l'homme. Il développe en mars 1883 les principes de l'éducation intégrale. Au lycée Charlemagne, en février 1888, on l’entend sur La dernière catastrophe.

Devant la section des sciences économiques et sociales du Comité des travaux historiques et scientifiques de Paris, en juin 1887, Kownacki présente une contribution sur les effets de l’enseignement professionnel et technique donné par l'Association philotechnique au point de vue de l'économie politique. Créée en 1848, l’association connait depuis 1870 un grand développement avec 10 000 auditeurs dans ses 330 cours donnés dans 22 sections. Kownacki que le programme « cherche à se plier aux besoins, aux exigences de l'industrie et du commerce contemporains ». Aux cours commerciaux qu’elle délivrait à l’origine, elle a adjoint l’horlogerie, la menuiserie, le travail des métaux, l'électricité, la reliure. Faute de professeurs, elle n'a pu établir un enseignement de pâtisserie, mais par contre elle a réussi à créer un cours d'arabe. Depuis 1870, des femmes ont été admises parmi les auditeurs et parmi les professeurs.

Au sein de l’École de sociologie de la rue Cadet, il traite, en 1888 de l'Évolution de la morale puis de la morale évolutionniste en avril, de l'Évolution organique et de la morale en mai. Le même mois, il poursuit sur les sentiments égoïstes et altruistes, En juin, il se consacre aux conceptions primitives.

En juillet 1889, Kownacki est élu au bureau de l’association, présidé par Ed. Jacques, président du Conseil général de la Seine. Il en devient secrétaire l’année suivante, sous la présidence de Jules Ferry. Avec l’ancien ministre de l’éducation Léon Bourgeois, Kownacki prononce le discours d'ouverture des cours en décembre 1893. Il devient secrétaire général en juillet 1896, Ferdinand Buisson étant devenu le président. Puis il est désigné l’année suivante comme vice-président, toujours avec le même.

On retrouve des conférences de Kownacki en octobre 1892 au lycée Charlemagne sur L'œil et la vision. Il discourt en avril 1894 à propos d’une femme poète : Simone Arnaud. En octobre 1896, à l'école communale de la rue de Belzunce (10e arr.), il parle de L'Art de prolonger la vie.

Le Féminisme est un thème qu’il traite dans une autre école, celle de la rue La Vieuville (18e arr.) en mars 1898 ; l’annonce précise que « Les dames sont invitées » à l’invitation de la Société républicaine des Conférences populaires. Kownacki examine d’abord les raisons économiques qui sont selon lui la « cause première du mouvement féministe : l'homme détenteur de tous les avantages sociaux forçant la femme à une sorte de lutte pour la concurrence sur le marché du travail ». Postulant que « Tout ce qui est juste finit par triompher », Kownacki « déduit du passé oppresseur la justesse et la justice des revendications féminines et sa déduction de l'avenir est que les deux pôles humains reposeront un jour sur l'assise de droits équivalents et d'égalité fraternelle ». Pour y arriver, il « exhorte les femmes à évoluer sans heurts, méthodiquement ». Il remarque que « Trois États de l'Amérique du Nord ont accordé aux femmes leurs droits politiques. Il y est déjà reconnu qu'elles les exercent avec un grand discernement ». Pour lui, « la femme est appelée par la force des choses à triompher sur le terrain politique, comme sur le terrain économique ». Il qualifie « d'infâme trafic » les mariages d'argent et conclut en citant le dirigeant social-démocrate allemand August Bebel « La femme jouira dans la société future des mêmes droits et des mêmes avantages que les hommes ». Il reprendra ce thème en septembre 1900, à l’occasion d’un congrès féministe, devant L'Égalité, université populaire du 7e arrondissement.

Parmi les nouveaux sujets qu’il aborde au tournant du siècle figure Matière brute et matière vivante en novembre 1900 et L'Origine des espèces un mois plus tard. Au début du 20e siècle, il évoque Les Origines de la civilisation en février 1901 puis la Civilisation primitive, morale et religieuse en mars. Il se consacre, avec des projections, à L'Homme primitif en avril. En mai, il s’intéresse à une Tournée d'inspection dans les couvents de Camaldules par un général de l'ordre, une très ancienne congrégation religieuse catholique bénédictine, disparue au 18e siècle. En octobre, Kownacki parle de La Maladie des mystiques. Il interroge, le mois suivant : Peut-on démontrer la vérité ? Puis, pour clôturer l’année, en décembre à Vincennes expose L'art d'arriver au vrai.

C’est accompagné de pièces anatomiques que, de nouveau à Vincennes, on retrouve le professeur de biologie venant parler du Squelette en janvier 1902. Il se consacre ensuite aux questions religieuses, avec Un autodafé au dix-septième siècle le même mois à Paris (11e arr.) puis L’Inquisition en février, de retour à Vincennes. Il étudie le linceul du Christ en juin. La biologie revient au premier rang avec Le cerveau et la pensée ainsi que La physiologie et la question sociale et Le mécanisme de la pensée en mai. En juin, Les maladies du langage et de la personnalité, puis en juillet Le cerveau et ses fonctions et en août Les maladies de la mémoire et du langage sont à son programme. En octobre, il examine L’inconscient et le spiritisme, un mois plus tard La folie et l’éducation. Les sciences de la Terre concernent Kownacki aussi, comme Les volcans et la constitution du globe en août.

L’association philotechnique de Joinville-le-Pont est créée en 1902. Elle inaugure ses cours le 22 novembre en présence du député radical Adolphe Maujan. Kownacki en confie la présidence à Henri Vel-Durand, conseiller d’arrondissement également radical. Kownacki a quitté sa fonction de vice-président de l’association-sœur de Paris et est devenu délégué de la Ligue de l’enseignement. Il prononce, chaque année en novembre, les discours d’ouvertures des cours, qui sont accompagnés d’une partie musicale, avec des élèves des cours de musique. Les élèves de la société d’enseignement populaire installée à Joinville participent à ces manifestations, notamment en jouant de la musique, sous la direction de Louise Allaire.

Au cours de l’année 1903, les thèmes politiques et philosophiques sont mis au premier plan. En janvier, Kownacki discute de La liberté, d’après Stuart Mill puis en mars L’individu contre l’État de Herbert Spencer. Il aborde la Question d'Alsace-Lorraine en mars et les Deux Républiques en avril puis Comment on est devenu transformiste. Démocratie et parlementarisme est à l’ordre du jour en mai puis La révolte de l’homme en septembre. L’intolérance à travers l’histoire est son sujet d’octobre. L’astronomie en images est au programme de novembre autour des Étoiles filantes. Les deux thèmes se retrouvent en décembre, encore avec des illustrations, pour Histoire du calendrier.

Pour l’an 1904, philosophie, économie et politique montrent la diversité des centres d’intérêt de Kownacki. Il organise d’abord en janvier un débat autour de Deux années d'action républicaine (1902-1903). Il discute ensuite ce même mois Les conseils d’un milliardaire, M. Andrew Carnegie. Puis il profite de son centenaire pour exposer la philosophie de Kant en février, avant d’examiner l’idéal américain d’après le président Roosevelt en mai. L’Hygiène humane l’occupe en octobre, puis il revient à la philosophie d’Herbert Spencer (l’inconnaissable) et à Darwin en novembre (les origines des espèces).

Les conférences d’Albert Kownacki en 1905 vont mélanger les questions biologiques et astronomiques. Il débute par La planète Mars en janvier, enchaîne L'air et la vie, se consacrant surtout à Herbert Spencer : philosophie, principes de biologie, développement de l’intelligence, psychologie, métaphysique, religion… L’œuvre du théoricien du darwinisme social (1820-1903) nourrit de très nombreuses séances dans les universités populaires, comme la Coopération des Idées ou l’Aube sociale.

À suivre

Joseph Kownacki, père d'Albert, officier polonais émigré et centenaire

 

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13 juin 2023 2 13 /06 /juin /2023 01:01

Début de la biographie d’Albert Kownacki

Stanislas Albert Jean Kownacki naît le 6 juin 1850 à Noyon (Oise). Il est le septième enfant d’Alexandrine Bullet et de son époux Joseph Kownacki. Son père, jeune officier polonais réfugié en France, a été un des artisans de l’insurrection polonaise contre l’occupation russe en 1830 ; il avait d’abord été ingénieur dans les chemins de fer et était devenu professeur de dessin.

Après avoir vécu à Noyon, Albert Kownacki suit un cours de rhétorique au lycée Charlemagne à Paris (4e arr.). Au cours la guerre franco-allemande de 1870, Kownacki se retrouve enfermé dans la capitale pendant le siège de Paris (20 septembre 1870 – 28 janvier 1871). Âgé de 20 ans, il décide de s’engager dans l’armée, mais le bureau de recrutement de la mairie du quatrième arrondissement refuse sa candidature à cause de sa petite taille (il fait 1 mètre 49) et de son état maladif. Il tente alors de rejoindre la garde nationale, milice supplétive, sans plus de succès. Enfin, il rejoint le Bataillon des jeunes qu’organisait Joachim Durandeau, directeur du journal Le Baccalauréat. Mais le commandant de la place de Paris, le général Louis Jules Trochu s’écria, selon le témoignage de Kownacki : « Il ne manquait plus que cela : jouer aux soldats ! ». Et il refusa l’autorisation de constituer la nouvelle unité et de lui fournir des armes.

Faute de pouvoir combattre, Albert Kownacki passe son baccalauréat à la session de novembre 1870. Il réside en 1877 rue du Petit-Musc, dans le quartier du Marais (4e arr.). L’année suivante, Kownacki devient directeur associé de l'institution Mary, une école privée de Clichy-la-Garenne (Seine, act. Hauts-de-Seine) ; il y vit, rue de Neuilly.

En mars 1877 à Paris (3e arr.), Albert Kownacki, qui vit alors rue du Petit-Musc (4e arr.), épouse Gabrielle Krahnass, artiste peintre qui expose aux salons de Paris sous le nom de Gabrielle Kownacka après l’avoir fait à Poitiers (Vienne) sous son patronyme. Elle est, comme lui, fille d’un officier polonais réfugié en France, François Krahnass, devenu comptable.

Membre de l’Association française pour l’avancement des sciences, Kownacki présente une communication sur les maîtres d’études à son congrès de Montpellier en 1879 et y constitue, l’année suivante une section pédagogique. Il est l’un des principaux orateurs et le secrétaire général du Congrès de l'Éducation et de l'Enseignement qui se tient à Paris en octobre 1879 puis en mars 1880.

Ayant déménagé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), le couple s’installe en 1883 d’abord dans le quartier de Palissy, rue de Brétigny (act. Avenue du Président-Wilson) puis sur la rive droite, avenue de la Marne. En 1891, la famille retourne à Palissy, rue du 42e de Ligne, où elle restera installée des dizaines d’années.

Kownacki enseigne la biologie en lycée et est notamment chargé du cours de morale à l’École de sociologie à Paris en 1887. Il est connu par ses idées anticléricales. Mais son activité principale est celle de publiciste. Il collabore notamment à des publications à vocation pédagogique : Bien Public, Estafette du Nord, La Science pour tous, Le Journal du lundi, Cahiers de l’Université populaire, Bulletin de l'Association philotechnique, L'Union morale (organe de la ligue française d'éducation).

Il consacre en 1889 un ouvrage au directeur d’une de ces publications, Le Journal du lundi, Émile Baras, journaliste économique, ancien responsable de La Semaine financière, un auteur dont il vantait la probité.

Dans son nouveau territoire de résidence, Albert Kownacki est délégué cantonal de l’Éducation nationale pour la circonscription de Saint-Maur et membre de la commission d’examen du certificat d’études.

Albert Kownacki est affilié à la franc-maçonnerie française. Il donne en février 1883, une Conférence intitulée « La France maçonnique et le gouvernement de la République d'après les cléricaux » pour l’installation des officiers de la loge L'École mutuelle, du Grand-Orient de France. À partir de 1884, il est orateur et surveillant de la loge L'Avant-Garde Maçonnique, dont le temple se situe au siège du Grand-Orient, rue Cadet. Il en est le vénérable en 1886. Il rejoint en 1903 la loge Les Rénovateurs de Clichy, dont le ministre de la guerre, Maurice Berteaux, a été le vénérable.

À suivre

Le premier ouvrage d'Albert Kownacki

 

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26 mai 2023 5 26 /05 /mai /2023 01:01

Marie-Thérèse-Eugénie Fabre naît le 24 août 1863 en Avignon (Vaucluse). Elle est la fille de Thérèse Blanc et de son mari, Joseph Xavier Fabre, employé de préfecture.

Au début des années 1880, Marie Fabre suit au conservatoire de musique d’Avignon des cours de piano auprès de Mary Soullière, élève du chanteur, compositeur et pianiste français Théodore Ritter.

En rejoint Paris et vit, avec son père devenu attaché à la direction des cultes, rue des Acacias (15e arr.). Elle suit les cours de piano et de composition de César Franck (1822-1890) au Conservatoire de Paris, ainsi que probablement son enseignement d’orgue. En mars 1885, elle participe au concert, donné par son ancienne professeure d’Avignon à la salle Kriegelstein de la rue Charras à Paris (9e arr.). Le programme a été composé par César Franck et comprend des morceaux de Mendelssohn, Meyerbeer, Beethoven et Schubert, que Marie Fabre accompagne au piano avec César Franck. La Tarentelle de Louis Moreau Gottschalk, clôture la soirée, interprétée par Mlles Soullière et Fabre.

Le 20 mai 1887, Marie Fabre donne à Paris son premier concert. Le compositeur Guy Ropartz (1864-1955) commente ainsi dans L'Indépendance musicale sa prestation : « Elle avait, pour débuter, abordé la sonate en fa dièse mineur de Schumann, œuvre d’une extrême difficulté et qui demande une grande ampleur d’exécution ; la jeune artiste s’en est tirée tout à fait à son avantage, la première émotion, bien compréhensible, une fois passée. Différentes œuvres de Chopin, Heymann, Alkan, deux petites pièces d’elle, heureusement écrites pour l’instrument, ont fait ressortir ses bonnes qualités de mécanisme ; mais où elle a été supérieure, c’est dans la sonate pour piano et violon de C. Franck, que l’on entendait à Paris pour la seconde fois seulement. En résumé, Mlle Marie Fabre a beaucoup de doigts, une grande sûreté, beaucoup de nerf, trop peut-être ; son style n’est pas encore absolument défini, bien qu’elle donne déjà aux œuvres qu’elle interprète une certaine physionomie qui n’est pas celle de tout le monde : nous pouvons attendre d'elle une excellente artiste. »

Poursuivant ses cours au Conservatoire ans la classe de Mme Angot-Montier, elle participe aux concerts devant le jury d’examen, présidé par le compositeur Antonin Marmontel en janvier 1889 puis en mars 1890, la presse remarquant à ces occasions son interprétation.

Le 16 mars 1889, à la Société nationale de musique à Paris, Marie Fabre exécute avec le quatuor Heymann une Étude de Charles Valentin Alkan pour piano et quatuor à cordes, arrangée par César Franck.

En avril 1891, à l’occasion de l’inauguration de l’hôtel de la comtesse de Montebello, rue Barbet-de-Jouy, Marie Fabre donne un concert, en compagnie du violoncelliste Liégeois. Ils interprètent la sonate de Grieg, la Polonaise de Chopin, et la romance du prince Serge Walkonsky.

Frère de son ancienne professeure d’Avignon, Louis Soullière, commissaire de police à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), l’épouse à Paris (17e arr.) en décembre 1891. Les deux témoins qu’elle avait choisis sont le comte Jean de Montebello et le compositeur Gabriel Fauré. Elle poursuit son activité en tant que professeure de musique.

Le nouveau couple vit d’abord à Joinville puis, au gré des nominations du mari par la préfecture de police, à Paris, Saint-Ouen et Neuilly-sur-Seine (Seine, act. Hauts-de-Seine). Marie Soullière accouche, en octobre 1892, d’un enfant mort-né et n’aura pas de descendant.

Après le décès de son époux, en octobre 1934 à Boulogne-Billancourt (Seine, act. Hauts-de-Seine), où ils s’étaient installés après sa retraite rue de l’Est, Marie Soullière reste vivre dans la commune rue de Sèvres. Elle demande une pension au conseil général du département, qui la lui refuse, soulignant qu’elle percevait déjà une réversion de la retraite de son mari. Il lui avait légué, par testament, 50 000 francs.

Le 30 mars 1939, Marie Soullière meurt à Boulogne-Billancourt. Elle était âgée de 75 ans. Décorée des Palmes académiques, elle avait été faite officière d'académie en janvier 1900 puis officière de l’instruction publique en mars 1906 pour son activité de compositrice et de professeure de musique.

César Franck lui a dédié le manuscrit de la première page de sa symphonie en ré mineur, transcrite pour piano à quatre mains. Le journaliste Louis Schneider, dans le quotidien Le Gaulois, considérait, en novembre 1922, qu’elle avait été « une des meilleures élèves du maître. »

Symphonie en ré mineur de César Franck, offerte à Marie Soullière

 

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20 mai 2023 6 20 /05 /mai /2023 01:01

Adrienne Louise Léonide Jadin naît le 27 janvier 1816 à Paris (10e arr.). Elle est la fille d’Annette de Molière et de son mari, Adolphe Jadin.

Fils du professeur de chant Georges Jadin, son père est né à Paris en 1794. Il fait une carrière militaire, en tant que capitaine dans l’infanterie, mais mène également, comme bon nombre de membres de sa famille, une activité artistique. Il est l’auteur de plusieurs pièces de théâtre et de livrets pour des opéras-comiques mis en musique par son père. Il compose également de la musique et publie des articles et poèmes, notamment dans la presse pour enfants ou pour femmes.

En 1830, Adolphe Jadin est membre du conservatoire royal et publie, dans un recueil de Charles Lafillé, Le souvenir des ménestrels, une romance dédiée à Léonide intitulée Plus de bonheur. Au sein du même ouvrage, on trouve une chanson de cette dernière, Le souvenir suppliant, adressée à sa sœur Césarine, avec des paroles de son père. Plusieurs autres œuvres sont attribuées à Léonide, comme La Jouvencelle, ou le Chant chevaleresque. Elle épouse en juillet 1835 à Paris (9e arr.) un avocat, André François Borel d’Hauterive, historien et fondateur de la Revue historique de la noblesse de France.

Léonide Jadin avait été élevée au couvent royal de Versailles. Après des études à Paris, elle enseigna la musique.

Sa sœur cadette, Charlotte Louise, a épousé en août 1848 un employé de la préfecture de police de Paris et orateur régulier de la Société républicaine centrale, présidée par le dirigeant socialiste Louis-Auguste Blanqui, appelé Marie Alexandre Lucien Routier de Bullemont. C’est sans doute par l’intermédiaire de ce dernier qu’elle rencontre Joseph Timoléon Routier de Bullemont, lui aussi républicain engagé, arrêté après l’insurrection de juin 1848.

Il s’oppose au coup d'État du 2 décembre 1851, organisé par Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République, pour se maintenir au pouvoir. Après avoir participé à une assemblée républicaine, rue d’Assas, il est incarcéré à la prison de Mazas, dans la capitale. La résistance, menée par les républicains et soutenue notamment par Victor Schœlcher et Victor Hugo, est un échec. Son frère Lucien lui rend visite dans sa cellule ; il lui conseille de choisir de s’exiler en Amérique pour sortir de prison. Libéré en janvier 1852 sur cette promesse, il obtient du futur empereur Napoléon III l’autorisation de passer neuf mois en Belgique auprès de sa famille avant de traverser l’Atlantique, suite à l’intercession en sa faveur de Léonide Jadin, à deux reprises, auprès du président de la République. Elle semble en effet bien introduite à l’Élysée.

Joseph Timoléon Routier de Bullemont épouse Claire Augustine Suleau en août 1852, à Paris (9e arr.). Mais c’était avec Léonide qu’il quitte la France le 8 novembre. Les deux exilés arrivent à San Francisco, le 31 mai 1853, en provenance du Havre et après avoir contourné le Cap Horn. Selon son témoignage, un juge ou un officiel, dont elle ne se rappelle plus la fonction exacte en 1898, les aurait alors mariés juste après leur arrivée. À ce moment-là, ils ont tous les deux des époux en France. La femme légitime de Joseph Timoléon meurt à Paris moins d’un mois plus tard, le 22 juin.

Par républicanisme, assurera-t-il, le fils d’aristocrate adoptera le nom de Joseph Routier pendant tout son séjour en Amérique. Au contraire de son nouveau compagnon, Léonide assure avoir conservé les sentiments royalistes et légitimistes de sa famille.

Immédiatement après leur débarquement, ils s’installent près de Sacramento, capitale de l’État de Californie, où Joseph Routier doit devenir intendant d’une vaste propriété appartenant au capitaine Joseph Folsom, pour y planter et entretenir une vigne et un verger. Les premières plantations ne peuvent être faites, les semences transportées par bateau ayant pourri. Folsom meurt quelques mois plus tard. Joseph Routier reste cependant sur place, reprenant la gestion et, plus tard la propriété du domaine.

Une cérémonie religieuse à Sacramento, en novembre 1863, officialise l’union de Joseph, devenu veuf, avec Léonide, bien qu’elle soit toujours légalement mariée en France. C’est en juillet 1876 qu’André Borel d’Hauterive fait constater, à Paris, la séparation de corps d’avec son épouse. Le divorce, aboli en France par la loi du 8 mai 1816, puis rétabli par une loi du 27 juillet 1884, fait l’objet d’un jugement par le tribunal civil de la Seine en juillet 1888 ; Léonide avait donc vécu, pendant 35 ans, dans une situation de polyandrie.

La famille Routier devient riche, avec la production de vin et de fruits, notamment des prunes et des abricots. Le domaine est souvent cité en exemple dans les publications agricoles. La construction d’une ligne ferroviaire amène une desserte par train, et la gare prend le nom de station Routier, tout comme la poste qui lui est attenante puis le petit village qui se forme. Joseph Routier figure parmi les personnalités éminentes de la communauté française, et Léonide ; elle-même recueille en septembre 1884, notamment parmi les émigrés, une souscription pour les victimes du choléra en France, dont le premier donateur est le gouverneur G. Stoleman.

Joseph Routier s’engage aussi dans la vie politique locale, devenant sénateur de l’État californien au cours des années 1880 avec l’étiquette de Républicain ; après la fin de son mandat, il rejoindra le parti Démocrate.

Au milieu des années 1890, les affaires des Routier périclitent : des sécheresse, et la montée de mouvements antialcooliques les obligent à mettre en vente une partie de leur propriété. À la mort de son mari, survenue en février 1898 à Sacramento après un accident, Léonide, qui ne parle pas l’anglais, assure être sans ressources. Avec l’aide d’amis de son époux, elle peut cependant s’installer dans une demeure plus petite, où elle décède quatre mois plus tard, le 25 juin 1898 à Sacramento.

Elle avait donné naissance à deux enfants pendant son union avec André Borel d’Hauterive : Charles Édouard Edmond (1838-1840) et Jeanne (décédée en 1870). Elle eut ensuite trois enfants de son mariage avec Joseph Routier de Bullemont, dont un seul survécut jusqu’à l’âge adulte, George Louis (1859-1888).

Léonide Routier de Bullemont (coll. Lucie Catlin)

 

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14 mai 2023 7 14 /05 /mai /2023 01:01

Le premier artiste connu dans la famille Jadin est Nicolas Emmanuel (1704-1758), hautboïste. Il transmet la pratique de son instrument à son fils, François (1731-1790), également bassoniste. Ce dernier est installé à Versailles avec son épouse Marie Marguerite Raiffer. Il intègre l’Ordinaire de la musique du Roi.

Quatre de ses enfants seront des musiciens célèbres. Adrien Paul (né en 1762) fut musicien des Gardes du corps du Roi.

Louis Emmanuel Jadin (1768-1853), sans doute le plus fameux de la fratrie, a été compositeur, violoniste, claveciniste, pianiste, pédagogue et chevalier de la Légion d'honneur. Figurant parmi les pages de la musique du roi Louis XVI, il sut s’adapter à la Révolution, composant des hymnes patriotiques comme Ennemis des tyrans, Citoyens, levez-vous, ou le Chant de l'esclave affranchi, représenté au théâtre de l'Opéra en 1794. Il s’adapta au régime impérial napoléonien, en donnant un Hommage à Marie-Louise. La Restauration ne le surprit guère, lui donnant l’occasion de présenter la Fête du roi, encore à l’Opéra, en 1817. Le Larousse du XIXe siècle, estime qu’il avait alors gagné « une place d'honneur dans le Dictionnaire des girouettes ». Il avait également été professeur au Conservatoire, chef d'orchestre.

Le troisième frère, Georges Jadin (né en 1773), fut professeur de chant à Paris et auteur de romances.

Le dernier, Hyacinthe Jadin (1776-1802) s’affirma comme compositeur, claveciniste et pianiste. Nommé professeur au Conservatoire lors de sa fondation, il était particulièrement remarqué mais mourut d’une maladie de poitrine à 25 ans.

Les enfants de Louis Emmanuel et Marie Marguerite jouèrent eux aussi un rôle sur la place culturelle française. Adolphe Jadin (1794-1867), fut capitaine de cavalerie pendant 30 ans, journaliste, chansonnier, librettiste et auteur dramatique, compositeur de musique. On lui doit notamment La Demoiselle en loterie, Le Lundi des ouvriers, L'Amour et l'homéopathie (1836), Le Carnaval et les arrêts (1841), Quoniam (1851). Il fut souvent joué dans plusieurs théâtres parisiens : Feydeau, Vaudeville, Nouveautés. Il écrivait dans le Journal des enfants, le Journal des Demoiselles et la Quotidienne. Il avait épousé Annette Molière.

Son frère, Louis Godefroy Jadin (1805-1882) fut un artiste peintre, graveur et aquarelliste. Il a été chevalier de la Légion d’honneur.

Deux des filles d’Adolphe et Annette Jadin eurent également une activité remarquée. Léonide Jadin (1816-1898) fut musicienne, compositrice de romance et professeure de piano. Elle épousa André Borel d’Hauterive, avocat, journaliste et écrivain, éditeur notamment de l’Annuaire de la noblesse. On publiera sur ce site sa biographie sous son deuxième nom d’épouse, Léonide Routier de Bullemont.

Sa sœur, Louise Charlotte Jadin (1821-1902), épousa un autre Routier de Bullemont, frère du précédent, Lucien, qui fut notamment secrétaire général de la préfecture de police de Paris.

Louis Emmanuel Jadin

 

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17 mars 2023 5 17 /03 /mars /2023 00:01

Louis Édouard Burgard naît le 11 janvier 1888 à Troyes (Aube). Il est le fils de Sophie Mathern et de son mari Louis Napoléon Burgard, employé de la compagnie des Chemins de fer de l’Est. Ils résident rue Traversière. Ses parents sont originaires d’Alsace, ayant quitté le pays suite à l’occupation allemande de 1870. Ils sont germanophones et profondément catholiques.

Inscrit au Petit-Séminaire de Troyes, Édouard Burgard se classe chaque année en première ou deuxième place des élèves et est reçu, avec mention, au baccalauréat en juillet 1905. Il avait obtenu en 1904 un accessit en version latine au concours général de l’institut catholique de Paris.

Le 30 juin 1907, Édouard Burgard est ordonné prêtre dans la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Troyes par Mgr Sébastien Herscher, évêque de Langres. Il devient professeur au Collège Urbain IV, établissement catholique privé de Troyes.

D’octobre 1909 à septembre 1911, il fait son service militaire au sein du 37e régiment d'infanterie. Il devient caporal en avril 1910 puis sous-officier, comme sergent, en septembre la même année.

Édouard Burgard s’implique dans le mouvement catholique progressiste La Jeune République, fondé après la dissolution du Sillon, dans la fidélité aux idées de Marc Sangnier. Il signe, en septembre 1912 dans l’hebdomadaire de la formation politique un article intitulé Élections d’autrefois où il entend « calmer un peu les irréductibles de l’Action française », parti royaliste et antisémite. Il illustre la corruption des mœurs politiques sous la Restauration.

Il livrera plusieurs articles, de février à juin 1914, consacrés à la situation de l’Alsace, en utilisant le pseudonyme d’Édouard Oberlé. Parlant de la région d’origine de sa famille, il estime qu’elle « remplirait, dans la liberté, ce qui semble bien être sa mission providentielle, sa vocation : rapprocher et réunir deux grands peuples, deux races, deux génies ». Il considère qu’elle « se vengera du pangermanisme en semant la Liberté ! » Il qualifie la politique allemande comme une « oppression économique de l’Alsace-Lorraine. »

Poète, il a obtenu au premier semestre 1914 une lyre d’or au concours du Palinod pour À l’Alsace éternelle.

Son frère cadet, Raymond, lui est manifestement lié. Il suit également ses études secondaires au Petit-Séminaire (transféré à Saint-Dizier, après la séparation de l’église et de l’État en 1905) et est également, à compter de 1914, engagé dans La Jeune République.

Les deux frères se rendent à l’enterrement de leur grand-père paternel, François Michel Burgard, cultivateur, âgé de 83 ans, décédé le 22 juillet 1914 à Niederlauterbach où il était né, dans le nord de l’Alsace. Ils sont toujours en Allemagne le 1er août, quand fut publié l’ordre français fixant le premier jour de la mobilisation générale au 2 août.

Comme ce fut le cas en France à la même date pour les sujets Allemands et Autrichiens, les Français présents sur le territoire de l’empire n’ont plus le droit de le quitter et sont internés dans des camps. C’est le cas de Raymond, qui sera conduit à Holzminden, dans le Brunswick. Par contre, Édouard put, non sans difficulté selon les témoignages, regagner la frontière et rentrer en France.

Immédiatement, il fut réincorporé à son ancien régiment, le 37e d’infanterie qui est alors divisé, lui-même étant incorporé au 237e. Il est envoyé sur la frontière lorraine, toujours comme sergent. Le 25 août 1914, il participe à la contre-attaque initiée par le général Édouard de Castelnau. Il est déclaré disparu.

Il a été tué dans des circonstances racontées par un officier, non nommé, dont la lettre est publiée par la Revue catholique de Troyes (1915/04/24) : « Arrivés à 600 mètres de la lisière ouest du bois, nous sommes tombés sous un feu intense de mitrailleuses. Burgard, qui se trouvait en serre-file, la section placée à ma gauche, s’est détaché pour venir m’offrir ses bons offices. Ceci était le résultat de conversations antérieures au cours desquelles je luis avais dit : « Le jour où ça chauffera, bien qu’en temps ordinaire je ne sois pas pratiquant, je compte sur vous pour me mettre en règle avec ma conscience ». Esclave du devoir, mon brave sergent s’est donc rapproché de moi. Je me trouvais en ce moment à genoux, face au bois. Burgard se mit face à moi, me couvrant, pour ainsi dire de son corps. Il commença la conversation. (…) Je ne lui avais pas encore répondu qu’il ouvrit les bras, ouvrit de grands yeux que je revois encore, et, tombant sur moi, il eut la force de me dire : Ils m’assassinent ! Il avait reçu, par derrière, à travers son sac, une balle qui était allée droit au cœur. Il n’a pas souffert. Je suis convaincu que, dans la circonstance, il m’avait peut-être sauvé la vie puisque j’étais sur la trajectoire. (…) Voilà ce que, encore tout contristé, je puis vous dire sur les derniers moments du fidèle et loyal soldat que nous avons le devoir de pleurer. »

La missive est reprise par différents organes de presse, comme La Croix, Courrier breton, La Grande guerre du XXe siècle.

Le date de son décès diffère selon les sources : son livret militaire et le Journal officiel mentionnent le 10 octobre 1914 ; ce dernier organe précisant, pour l’attribution de la Médaille militaire, qu’il est « mort glorieusement pour la France au combat de Champenoux » qui ont lieu à cette date. Cependant, un jugement du tribunal civil de Troyes, rendu le 11 septembre 1917, précise que cette date est celle de la découverte de son corps et fixe la mort au jour de sa disparition, le 25 août 1914. C’est cette même date qui était déjà, antérieurement à la décisions judiciaire, mentionnée dans la presse et par sa famille.

Le lieu du trépas est lui aussi variable dans les mentions qui en sont faites, qui le situent toutes dans le département de Meurthe-et-Moselle. En accord cette fois avec les sources militaires, le jugement le fixe à Champenoux. Cependant, le témoignage de l’officier parle de la ferme Saint-Libaire, dans la commune de Serres. La famille cite le village limitrophe de Courbesseaux, situé à huit kilomètres de Champenoux. Il est probable que cette commune fut celui où le corps fut transporté et la mort constatée, les combats du 25 août s’étant déroulés principalement autour de Courbesseaux. Le décès eut donc probablement lieu dans cette commune ou dans celle de Serres.

À titre posthume, Édouard Burgard a été décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze et, en avril 1921, de la Médaille militaire. Il est mentionné dans le Livre d'or du clergé et des congrégations. Son nom est sur le monument aux morts de la ville de Troyes.

Le quotidien La Croix considère qu’il s’agit d’une « Belle figure de prêtre soldat ». En septembre 1918 dans Nos annales de guerre, publié par La Jeune République, son frère Raymond, libéré et transféré en Suisse, lui rend hommage : « Il fut prêtre, Alsacien et démocrate. Et il fut fout cela passionnément, car une âme ardente se cachait sous son masque tranquille et parfois un peu sévère. C’est pour ce triple idéal, d'ailleurs, qu’il mourût. Il fut frappé d’une balle au moment où il protégeait de son corps son capitaine, afin de pouvoir entendre sa confession, et il tomba dans cette guerre où nos soldats veulent conquérir, à la pointe de leurs baïonnettes, et la liberté du monde et cette Alsace qu’il chérissait d’un amour filial. Tempérament fortement trempé et d’un parfait équilibre, esprit largement ouvert et très cultivé, heureux de vivre, parce que vivre c’est agir, il avait devant lui une vie pleine de promesses. »

En juin 1973, la Société académique de l'Aube, consultée pour proposer Des noms pour les rues de Troyes mentionna « Les frères Burgard : l'un, Raymond, résistant, a été exécuté à la hache à Cologne en 1944 ; le second, Edouard, sergent, a été tué en Lorraine en 1914 ». la ville ne retint que celui de Raymond pour le nommage d’une de ses voies.

Édouard Burgard (arch.)

 

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