Militante d’extrême gauche, elle adopta le nom de Marx, celui de son premier époux ; pacifiste activiste, elle prit l’état-civil de Paz, son deuxième conjoint. Mais Magdeleine fut aussi un écrivain de grand talent, féministe et défenseure des droits des noirs américains.
Magdeleine Legendre naît le 6 juillet 1889 à Étampes. Elle épouse l’écrivain de tendance socialiste Henry Marx (1885-1954).
Magdeleine participe à la Ghilde Les Forgerons, une communauté d'amis née en 1911 parmi d'anciens élèves du lycée Chaptal à Paris. Le groupe, composé de jeunes de tendances socialistes ou anarchistes, est animé par Luc Mériga (pseudonyme de Maurice Liger, un biographe de Jean Jaurès). Il lance « l'Action d'Art », prenant de nombreuses initiatives culturelles et publiant la revue La Forge. Influents dans les milieux pacifistes pendant la première guerre mondiale, Les Forgerons ne résisteront pas au conflit qui divise le socialisme français après-guerre et conduira à sa division en 1920.
Magdeleine Marx rejoint un autre groupe littéraire, engagé à gauche, le mouvement Clarté, animé par Henri Barbusse et Paul Vaillant-Couturier. Elle fait partie de la poignée de Français qui, comme l’expliquera une de ses compagnes de séjour, fait le « voyage aventureux » en Russie (1920-1922) (*). Elle publie en 1923 un reportage enthousiaste sur ses six mois au pays de Lénine « C’est la lutte finale ! »
Après s'être séparée de Henry Marx, Magdeleine épouse Maurice Paz, l'un des fondateurs du Parti communiste français. Il s’en sépare avec la montée du stalinisme, et devient dirigeant de l’Opposition de gauche, proche de Léon Trotski, avant de se brouiller très vite avec lui.
Magdeleine Paz s’engage fortement en faveur des écrivains menacés, comme le Russe Victor Serge. Elle réussit à convaincre Magdeleine Paz, lors du Congrès international des écrivains pour la défense de la culture (Paris, 1935), André Gide et Romain Rolland d’intervenir en sa faveur auprès des autorités soviétiques. Grâce à leur intercession et à la campagne internationale en sa faveur, Victor Serge obtiendra l'autorisation de quitter l’URSS et s’installera en Belgique.
Comme Maurice Paz, Magdeleine adhère au parti socialiste SFIO où elle figure dans la minorité de gauche. Mais son principal engagement se fait dans le mouvement pacifiste et pour les droits de l’Homme. Elle participe à la fondation en 1935 du Comité de liaison contre la guerre et l’union sacrée avec l’écrivain Jean Giono, la philosophe Simone Weil ou le syndicaliste-révolutionnaire Pierre Monatte. Elle est membre en 1936 du bureau du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes.
Adhérente à la Ligue des droits de l’Homme, elle s’en retire suite au refus de celle-ci de condamner la situation en Union soviétique lors du congrès d’Avignon en 1938. Elle fonde en septembre 1938, avec Yvonne Hagnauer et Jeanne Alexandre La Ligue des femmes pour la Paix, en réaction aux tensions occasionnées par la rencontre de Munich des dirigeants français et anglais avec Hitler. Ce sera son dernier engagement public, car elle se retire de toute activité politique après l’entrée en guerre en 1939.
Magdeleine, qui divorce de Maurice Paz en 1947, se consacre à son travail d’écrivain. Elle met en avant les thèmes féministes et s’attache à la situation des Noirs américains. Elle traduira de nombreux livres, notamment de l’anglais, ainsi que quelques films. On lui doit notamment une biographie de George Sand (La vie d’un grand homme, Corréa, 1947) et plusieurs romans, comme Frère noir (Flammarion, 1930), Une seule chair (Corréa, 1933) ou Femmes à vendre (Rieder, 1936).
Magdeleine Paz meurt le 12 septembre 1973, dans le 16e arrondissement de Paris.
(*) Hélène Brion en « Russie rouge » (1920-1922), Une passagère du communisme, Le Mouvement social, no 205 –2003/4