Nicolas Jean Macchi naît le 4 novembre 1913 à Casablanca, au Maroc sous protectorat français. Il est le fils de Thérèse Françoise Macchi. Le 26 juin 1917 à Paris (18e arr.), Auguste Henri Grésy, mécanicien, le reconnaît pour son enfant, la veille de son mariage avec sa mère. Il porte désormais le nom de Nicolas Jean Grésy.
Son père avait rejoint l’Afrique du Nord au cours de son service militaire. Il avait débarqué à Casablanca le 7 octobre 1913, donc moins d’un mois avant sa naissance. Pendant la première guerre mondiale, il était revenu en métropole en juillet 1916 via Marseille, et la famille s’était installée à Paris (18e arr.), rue du Mont-Cenis.
Après le conflit, la famille s’installe en Seine-et-Oise (act. Val-d’Oise) d’abord à Osny en 1920 puis en 1923 à Saint-Ouen-l'Aumône, rue des Grandes-Côtes, dans le quartier d’Épluches. En 1931, Nicolas Grésy est aide-comptable à la Société générale d’électricité à Paris. Il est devenu comptable en 1933 et épouse en juin 1933 à Pontoise (Seine-et-Oise, act. Val-d’Oise) Éliane Élise Fournier, originaire du village proche d’Auvers-sur-Oise.
Le couple s’installe à Paris (10e arr.), dans le quartier de la Porte Saint-Denis, rue de Paradis. Ils divorcent en décembre 1939.
Pendant la deuxième guerre mondiale, Nicolas Grésy est certainement mobilisé. Il sera cité à l’ordre du régiment. Il est sans doute caserné à Versailles (Seine-et-Oise, act. Yvelines) où il est proche du poète Claude Aveline (1901-1992), qui s’était engagé volontairement dans l’armée et qui en fera son fils adoptif. Il s’agit d’une adoption simple, les parents de Nicolas Grésy n’étant pas décédés.
Comme Claude Aveline, Nicolas Grésy devient résistant à l’occupation allemande. Il s’engage dans les Forces françaises de l’intérieur, où il a le grade de lieutenant ; il utilise le pseudonyme de Nico. Il a rejoint l’Organisation civile et militaire dans le Pas-de-Calais en 1944.
Ses deux frères cadets, Jean Grésy (né en 1922) et Charles Edmond Grésy (1917-1953) ont également été résistants. Le second est mort au combat pendant la guerre d’Indochine en tant que capitaine dans le 6e bataillon de la légion étrangère en décembre 1953 au Laos.
Après le conflit, devenu Nicolas Grésy-Aveline, il travaille comme agent contractuel au haut-commissariat au ravitaillement à Paris. Il s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) et se remarie avec Janette.
Dans sa ville de résidence, Grésy-Aveline devient un militant communiste actif et en vue. Joinville a pour maire, depuis la Libération, Robert Deloche, communiste et résistant, qui a assuré pour le PCF, avant-guerre, le suivi des communistes algériens et marocains. Mis en cause pour des raisons ayant officiellement liées à son mode de vie, il est exclu et démissionne début 1953 de son poste. Il est remplacé, pour deux mois, par Amélie Trayaud, également ancienne résistante et communiste, doyenne du conseil municipal. Lors des élections municipales de mai 1953, Grésy-Aveline se présente sur la liste d'Union républicaine et résistante, qui rassemble les communistes, des radicaux-socialistes et des personnalités de gauche. La liste communiste arrive en tête, avec une moyenne de 35,6% des votes valides et dix sièges, devant la liste divers-droite de Georges Defert (RGR, 22,1%, 6 sièges), les gaullistes de Pierre Calmon (RPF, 19,8%, 6 sièges), les socialistes de Léon Berthet (12,3%, 3 sièges) et les démocrates-chrétiens de Gaston Moutenot (MRP, 9,2%, 2 sièges). Avec 2 393 voix pour 6 748 suffrages exprimés (35,5%) sur 6 979 votants et 8 482 inscrits, Grésy-Aveline est élu conseiller municipal. Il siègera cependant dans l’opposition, car Defert, appuyé par les élus RGR, RPF et MRP est élu maire.
Au sein des élus communistes, Grésy-Aveline se fait remarquer par son activisme. Dès le lendemain du scrutin, la nouvelle municipalité décide d’expulser la section de Joinville de l’Union des vaillants et vaillantes – le mouvement d’enfants communiste – du baraquement qu’elle occupait dans le parc du dispensaire municipal, avenue du Président-Wilson, dans le quartier Palissy. Pendant le conseil municipal qui, fin mai 1953, évoque la question, Grésy-Aveline proteste et, avec deux autres élus, Langat et Bideaux, ils entonnent le chant révolutionnaire La Jeune Garde pendant la séance.
Au mois de juillet a même année, une autre intervention de Grésy-Aveline, présenté comme « leader communiste » par l’hebdomadaire Nouvelle Union régionale, provoque, selon ce journal « tumultes et bousculade au conseil municipal ». C’est la suppression du trait barrant le nom de Lesestre sur la plaque de marbre avec le nom des anciens maires de la ville dans le hall de la mairie qui provoque l’incident. Lesestre, maire de mai 1935 à août 1944, fut arrêté par le comité local de Libération et transféré au camp de Drancy où il séjourna six mois. Il était notamment accusé d’avoir couvert la transmission aux autorités allemandes par la mairie d’une liste de jeunes gens supposés devoir partir au Service du travail obligatoire.
Toujours en juillet, Grésy-Aveline organise l’élection de tous les candidats communistes lors de l’assemblée générale de la caisse des écoles, à laquelle 200 personnes participent. Il avait fait rejeter par les présents le financier présenté par André Blocher, un ancien adjoint au maire qui avait été élu en mai sur la même liste que lui mais classé divers-gauche.
Avec les élus communistes et leurs alliés, Grésy-Aveline vote, en janvier 1957 contre une aide de 100 000 francs destinée « à la population hongroise », victime de l’occupation par les forces russes et du Pacte de Varsovie. Cependant, les élus socialistes rejoignent la majorité pour ce vote.
Les élections municipales organisées au début de la cinquième République se font désormais au scrutin majoritaire ; il n’y a plus de représentation des listes minoritaires et Grésy-Aveline cesse de siéger au conseil à partir de mai 1959.
En juillet 1956, Grésy-Aveline est signalé, lors du congrès à Ivry de la fédération du parti communiste de la Seine-Sud (qui couvre l’essentiel de l’actuel Val-de-Marne) en tant que secrétaire de section de Joinville et membre du conseil politique fédéral. Il y a alors 149 adhérents dans la section, répartis en six cellules d’entreprises et deux cellules locales ; le PCF comptait en décembre 1945 à Joinville 455 adhérents dans 17 cellules (huit d’entreprises et neuf locales). Par ailleurs, les communistes revendiquaient pour Joinville en 1956 217 adhérentes à l’Union des femmes de France, 119 membres de l’association France-URSS et la diffusion, en juin, de 450 numéros de L’Humanité-Dimanche, édition de leur quotidien vendue à la criée sur les marchés. Aux élections législatives de 1956, les candidats communistes avaient obtenu, à Joinville, 32,8% des votes, contre 10,6% pour les socialistes SFIO, 15,7% pour les divers-gauche et 40,7% pour les réactionnaires, selon le classement fait par le rapport du congrès.
Nicolas Grésy-Aveline meurt fin février ou début mars 1977. L’hebdomadaire communiste Le Réveil du Val-de-Marne lui consacre une nécrologie. Il était titulaire de la Croix de guerre (1939-1945) et, depuis août 1949, chevalier du Mérite agricole. Âgé de 63 ans, il était père de plusieurs enfants.
Nicolas Grésy-Aveline (arch. PCF)
/image%2F1166198%2F20210905%2Fob_b9bebc_gresy-aveline-n.jpg)
commenter cet article …