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30 mai 2023 2 30 /05 /mai /2023 01:01

Suite de la biographie de Louis Soullière

Sa disgrâce terminée, Soullière est de nouveau nommé commissaire à Aubervilliers (Seine, act. Seine-Saint-Denis) en mars 1897, mais il est transféré immédiatement dans la commune voisine de Saint-Ouen où il inaugure, en janvier 1898 un nouveau commissariat de police. En octobre la même année, il rejoint Neuilly-sur-Seine (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il y crée une brigade d'agents cyclistes, qui est à l’origine de l’arrestation de malfaiteurs qui s’attaquaient aux promeneurs dans le bois de Boulogne, désignés comme la bande du « Grand Caïman ».

En août 1901, Soullière, ouvre une enquête suite au cambriolage du Pavillon des Muses, propriété située boulevard Maillot de Robert de Montesquiou, alors en villégiature à Capvern, dans les Pyrénées. Le comte, poète, dandy et critique d'art, était très proche du milieu littéraire de son époque. Il entretint une abondante correspondance avec Marcel Proust, pour lequel il fut un des inspirateurs d’un des personnages de La Recherche du temps perdu, le baron de Charlus.

Promu commissaire de police de la ville de Paris, Soullière est chargé du quartier de Javel (15e arr.) en mai 1902. Il devient commissaire-chef deux ans plus tard et est nommé à la tête de la première brigade des recherches, dite brigade des jeux. Il organise de très nombreuses opérations de police dans les Cercles de jeux parisiens. Mais il conduit également des enquêtes sur l’exercice illégal de la médecine ou le trafic de drogue. En avril 1906, il réalise une perquisition au siège du Comité antimaçonnique et chez son président, l’abbé Joseph Tourmentin, s’attirant une protestation dans les milieux catholiques.

Le quartier Le Soleil, commente son attitude en juin 1906 dans les Propos d’une parisienne : « Il y a des magistrats qui ont du tact et savent à l’occasion se montrer conciliants, voire même courtois en certaines circonstances. (…) M. Soullière, par exemple ! l’intelligent commissaire de la première brigade des jeux. Dernièrement encore il faisait une descente dans un cercle mixte, quand il s’aperçut qu’à son entrée une femme très élégante, en robe décolletée, avait brusquement saisi l'enjeu et l'avait vivement caché dans son corsage, puis... simulant un évanouissement, s'était laissé tomber dans un fauteuil. Le tenancier du cercle, avec un air de circonstance, cherchant à attendrir M. Soullière, lui demanda l’autorisation de faire conduire Mme X... à sa voiture. (…) Le spirituel commissaire des jeux, moins farouche et plus humain que celui de Longchamp, mais ne voulant pas laisser croire qu’il était dupe de la comédie, se tourna vers ses agents et d’un geste plein de convoitise : Messieurs, leur dit-il, laissez passer la cagnotte. »

Avant les législatives, Soullière produit en avril 1910 un rapport sur « La Ligue patriotique des Françaises et les élections », une institution qu’il surveille depuis deux ans. Il souligne le rôle des jésuites dans la mobilisation féminine selon l’historienne Magali Della Sudda, qui relève la « bonne connaissance de l’association et de l’inquiétude que suscite la compagnie de Jésus » à une époque où le « péril clérical » reste un thème politique important, le gouvernement et la presse voyant dans les jésuites une « Internationale noire (…) aux ordres d’une puissance étrangère. »

En avril 1911, tout en restant chargé du service des jeux, M. Soullière est nommé commissaire divisionnaire. Il fait partie, en novembre 1912 de la commission chargée d’étudier la réglementation des séances publiques de boxe. Il fait également saisir la comptabilité du Sou du Soldat et de nombreux documents dans les bureaux de la Fédération communiste anarchiste, rue Henri-Chevreau, en mai 1913.

Après la première guerre mondiale, durant laquelle il dirige un des districts de la police de Paris, M. Soullière, est chargé en décembre 1919 du service des locataires expulsés et des réfugiés. Le journaliste et écrivain Gabriel Reuillard, proche du romancier Henri Barbusse, l’interroge pour le quotidien socialiste L’Humanité qui publie leurs longs échanges le 26 janvier 1920 :

« - Ce que je fais des personnes qui viennent me demander un domicile, nous dit-il, je les héberge, actuellement, boulevard Jourdan, en des masures dont je suis en quelque sorte le gérant.

- Sont-elles nombreuses et habitables ?

- Euh !... On doit en trouver d'autres plus vastes et mieux aménagées, car les solliciteurs sont nombreux et je suis accablé de requêtes.

- Prévoyez-vous que la crise actuelle puisse avoir une fin prochaine ?

- Hélas ! je te voudrais ; mais je n'y vois pas de solution possible avant des années ! Car les raisons qui l'ont provoquée et qui ne cessent de l'entretenir sont loin de disparaître, La crise provient de la congestion de Paris pendant la guerre Les régions libérées ne sont pas reconstruites et un grand nombre de réfugiés ne peuvent regagner encore des pays dévastés et que l'on ne se hâte pas, il faut le dire, de reconstruire. C'est difficile, je le sais : pas de transports, de matériel, de machines et peu de main-d’œuvre. Alors... Alors...

- Alors, il faudra des années ?

- Des années... Du moins, c'est à craindre... Ce sont aussi les expropriations de plus en plus importantes et de plus en plus nombreuses de maisons d'habitation à cinq, six ou sept étages, en vue de l'agrandissement de tel ou tel grand magasin ou pour souscrire à la folie d'édification de cafés, de dancings, de restaurants, de cinémas ou de boites à spectacles ou à plaisirs, qui aggravent le mal. Le gouvernement devrait autoriser les administrations qu'il a chargées de chercher des remèdes à cet état de choses, à employer des mesures énergiques.

- Lesquelles ?

- Elles sont très simples. Ce ne sont, pas les logements inhabités qui manquent. Tel ou tel grand appartement que je pourrais citer abrite depuis 7, 8, 9 ou 10 ans, le mobilier de familles qui se sont retirées au bord de la mer ou à la montagne. Ce système de garde-meubles est onéreux, me dites-vous. Ces personnes-là sont riches. Quelques milliers de francs par an de plus ou de moins, n'est-ce pas, pour elles !...

Et les maisons entières, les maisons d'exhibition ou de rendez-vous, les garçonnières de toutes sortes !...

Il faudrait pouvoir réquisitionner tous ces logements et distribuer les locaux disponibles à ceux dont la mauvaise volonté de certains propriétaires intransigeants a l'ait comme une espèce nouvelle de vagabonds...

Il faudrait, il faudrait que l'on nous autorise à prendre des mesures énergiques. »

Et M. Soullière ajoute :

« - Tout le mal provient de ce que certains ont trop de moyens et de ce que d'autres n'en ont pas assez. De là le déséquilibre constant entre les situations, les heurts de plus en plus fréquents, de plus en plus violents, de plus en plus pénibles, entre les individus de catégories diverses. Les uns ont trois ou quatre appartements spacieux, les autres n'en ont pas du tout. Et pour tout, c'est la même chose ! »

L’écrivain pacifiste conclut : « La conclusion de cette juste argumentation ? M. Soullière ne pouvait la formuler : le caractère et l'essence même de ses fonctions le lui interdisent, on le comprend. Mais son impression pessimiste demeure et l'on s'explique combien il est difficile, impossible même, de trouver une solution : équitable à la crise des loyers dans l'état actuel de notre société bourgeoise. »

Louis Soullière prend sa retraite en octobre 1920. Il meurt le 22 octobre 1934 à Boulogne-Billancourt, où il résidait rue de l'Est. Il était âgé de 73 ans.

Un médecin, ami de longue date de la famille, rapporte, dans la Revue métapsychique en 1935, que le décès de Louis Soullière fut pour lui l’objet, la veille, d’une « monition de mort ». Il raconte sa disparition : « M. Soullière qui avait été bien portant, gai et allant le 21 octobre, fut réveillé le lundi 22 octobre, à 2h moins le quart, par une crise d’étouffement, accompagnée d’un vomissement. Il dit « J’étouffe, comme j’étouffe ! ». Sa femme envoya de suite sa bonne chercher un docteur dans le voisinage. Celui-ci arriva et lui mit des ventouses. M. Soullière dit : « S'il me faut encore souffrir comme ça, j'aime mieux mourir. » Et il expira à trois heures moins le quart. »

Le commissaire Soullière était officier dans l’ordre de l'Étoile noire du Bénin (Dahomey) depuis mai 1900, commandeur dans celui du Medjidié (empire Ottoman) depuis février 1905, décoré des Palmes académiques comme officier d'académie en décembre 1905. Il était chevalier de l'ordre de Victoria, dont la croix lui avait été remise en mai 1906 par le roi d'Angleterre Edouard VII. Il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur en février 1919.

Son épouse avait accouché d’un enfant sans vie en octobre 1892. Par testament rédigé en 1925, il lui avait légué 50 000 francs. Elle sollicita, mais n’obtint pas, une aide du conseil général du département, en sus de sa pension de réversion.

Fin

Un cercle de jeux à Paris

 

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28 mai 2023 7 28 /05 /mai /2023 01:01

Début de la biographie de Louis Soullière

Louis Marius Barnabé Soullière naît le 11 juin 1861 à Orange (Vaucluse). Il est le fils de Pauline Perrin et de son époux Jean Pierre Gustave Soullière, négociant en matériaux de construction (bois et pierre). Son père décède moins d’un an plus tard en mai 1862, à Serrières (Ardèche), où la famille était implantée.

Son grand-père paternel, Jean Marie Amédée Soullière (1783-1863) y meurt également peu après, en janvier 1863. Médecin, ancien chirurgien major, il avait accompagné l’empereur Napoléon Ier dans diverses campagnes, en Autriche, Prusse, Pologne, Espagne, Portugal, Russie et Saxe. En 1850, sous la présidence de Louis-Napoléon Bonaparte, il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur et était également titulaire de la médaille de Sainte-Hélène

Résidant alors à Marseille, probablement avec son frère aîné Jean Marie, il s’engage, à 18 ans, dans l’armée à Avignon en novembre 1879, devançant de deux ans l’appel du service militaire. Il rejoint le 38e régiment d’artillerie. Nommé brigadier en août 1880, il est promu maréchal des logis en octobre 1881 puis maréchal des logis chef en février 1884. Il quitte l’armée en novembre 1884. Dans la réserve, il est nommé sous-lieutenant en janvier 1885, affecté comme officier d’approvisionnement, il est promu ensuite lieutenant dans l'artillerie territoriale.

Il quitte la Provence après sa période militaire et rejoint Paris, où il est embauché comme commis dans la police municipale en février 1885. Il travaille comme secrétaire de M. Goron, chef de la Sûreté. Il est ainsi un des quatre cadres de ce service qui compte plus de 340 agents. En mars 1889, le journaliste Horace Valbel lui consacre un portrait dans le quotidien La Petite République ; « Depuis quatre ans, M. Soullière appartient au service de la Sûreté. Il a subi avec succès les examens exigés des secrétaires du commissariat. Très assidu à son travail, très dévoué à son chef, dont il est fort estimé, M. Soullière aura, j'en suis certain, un fort bel avenir. »

En avril 1889, il est chargé des soixante agents du service de sûreté qui sont détachés au Champ-de-Mars et à l'Esplanade des Invalides pendant toute la durée de l'Exposition universelle de Paris.

Nommé dans le grade de commissaire de police des communes de la Seine en juillet 1891, il est d’abord affecté à Courbevoie (Seine, act. Hauts-de-Seine) mais son poste est modifié et il rejoint finalement Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), en remplacement d’Armand Routier de Bullemont. Le commissariat, qui existe dans cette commune depuis 1874, a dans sa circonscription les villes de Bry-sur-Marne, Champigny, Nogent-sur-Marne et Saint-Maur-des-Fossés. Il comptait en 1883 14 agents : le commissaire, un secrétaire, un brigadier et onze sergents de ville. En mars 1887, son territoire est élargi à la commune du Perreux, qui vient de se détacher de Nogent.

En janvier 1891, le commissaire fait interpeller deux enfants de six à neuf ans qui s’étaient enfuis à pied du domicile de leurs parents, rue des Batignolles à Paris, et tentaient de traverser la Marne par un gué. Les agents voulurent les ramener chez leurs parents mais, selon la presse, ils refusèrent : « On nous maltraite, on nous roue de coups pour la moindre chose. Souvent on nous envoie coucher avec un morceau de pain et un verre d’eau. Quelquefois même nous passons la journée tout entière sans manger ». Ils assurent vouloir gagner Château-Thierry (Oise), où ils connaissaient « une famille honorable ». Ils racontent : « Nous avions sept sous à nous deux pour les frais du voyage [35 centimes] ; ce matin nous avons acheté un petit pain de deux sous ». Le commissaire dut les envoyer au Dépôt, après leur avoir donné un déjeuner et une paire de souliers neufs puis il fit prévenir les deux familles des garçons.

En décembre 1891 à Paris (17e arr.), Louis Soullière épouse Marie Thérèse Eugénie Fabre (1863-1939), pianiste, professeure de musique et compositrice, élève de César Franck et amie de Gabriel Fauré. Ce dernier est un des témoins du mariage, avec notamment le Jean comte de Montebello et le chef de la sûreté de Paris, François Marie Goron.

Au sein de son commissariat, pour faire face aux cambriolages dans les pavillons des bords de Marne, Soullière crée fin 1891 une brigade spéciale de sûreté, basée dans le poste de police de Saint-Maur. En juillet 1892, il doit gérer une affaire qui est mise en avant dans la presse comme relevant de la haute trahison, un en comptable de la manufacture de Bourges, employé chez un teinturier à Joinville s’étant vanté de pouvoir se procurer des armes et des munitions de guerre. Il avait pour maîtresse une domestique d’origine allemande. Une perquisition ne permit cependant de trouver qu’une seule cartouche, mais la police mit la main sur des objets volés chez les employeurs de la bonne. Tous deux ne furent écroués que sous l’inculpation de vol.

Le jour de Noël 1893, une femme complètement nue se présenta au commissariat, déclarant « être une fille naturelle du prince de Galles, se nommer Jeanne d'Arc et être envoyée par Dieu pour sauver la France de l’anarchie ! ». Selon la presse, elle était d’une rare beauté et voulait du commissaire « une lettre d'audience pour le président de la République ». Elle avait déjà été internée pour troubles psychiatriques et fut envoyée à l'infirmerie du Dépôt de la préfecture de police.

Dans un contexte d’attentats politiques, le commissaire Soullière fait arrêter, à La Varenne, quartier de Saint-Maur-des-Fossés, début juillet 1894, un jardinier de 16 ans, Joseph Léger, que son patron a dénoncé comme préparant des manipulations chimiques. Il fait procéder à une perquisition dans chambre du jeune homme, trouve une boîte cylindrique et des produits chimiques, en conclut qu’il s’agit donc d’un anarchiste préparant une bombe. Le garçon, orphelin, s’était enfui deux mois auparavant d’une ferme-école dans les Vosges. Il est incarcéré à la prison de Fontevraud (Maine-et-Loire) pendant 18 mois environ, bien qu’il ait nié toute intention de fabriquer un engin explosif, que le caractère inoffensif de ses produits ait été certifié et qu’il n’y ait pas trace d’un engagement dans un mouvement terroriste.

Les jours suivants, le commissaire fait arrêter plusieurs militants anarchistes dans les communes de sa circonscription : Naudé, à Saint-Maur, Albert Mainfroy, imprimeur, au Perreux et Didier Laurent sur le pont de Joinville, après qu’il ait crié « Vive l'anarchie ! Les bourgeois s'inclineront devant nous » et fait l'apologie des crimes commis par Ravachol, Vaillant, Émile Henry et Caserio.

Fin juillet 1894, Louis Soullière est remplacé en tant que commissaire de police de Joinville par M. Rougean et redevient simple commis à la Préfecture de police. Les motifs de cette disgrâce, qu’il partage avec cinq autres anciens de la Sûreté parisienne, dont son ancien chef et témoin de mariage, M. Goron, est constitué par des irrégularités découvertes par le service de contrôle, dans des comptes relatifs à l’année 1889. La presse évoque largement la rétrogradation. Pour L’Intransigeant, « ce n’est pas autre chose qu’une vengeance » du préfet de police Louis Lépine. Soullière tarde cependant à rejoindre son nouveau poste et réclame, selon Le Libéral, « contre la façon de procéder à son égard. Nommé commissaire de police par décret présidentiel, il estime que le préfet de police n'a pas le droit de toucher à [cette] décision ». Selon Le Soleil, il ne veut pas qu’on le rétrograde d’un « poste de 12 000 francs (…) à un emploi de 3 000 francs. »

Évoquant de nouveau l’affaire, en Une cette fois-ci, L’Intransigeant assure qu’il « proteste contre la mesure lépinière qui le frappe et principalement contre les procédés anticonstitutionnels du préfet (...) Il n’admet pas qu’un vulgaire préfet de police touche à une décision qu’une révocation ou une démission peut seule rendre nulle. Il ne veut pas permettre au préfet de défaire ce qu’a fait le président de la République ». L’Univers s’interroge : « Est-ce que les décisions du président de la République comptent devant la volonté du tout-puissant cancre du boulevard du Palais ? »

À suivre

Mairie de Joinville-le-Pont, où était installé le commissariat, années 1890

 

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26 mai 2023 5 26 /05 /mai /2023 01:01

Marie-Thérèse-Eugénie Fabre naît le 24 août 1863 en Avignon (Vaucluse). Elle est la fille de Thérèse Blanc et de son mari, Joseph Xavier Fabre, employé de préfecture.

Au début des années 1880, Marie Fabre suit au conservatoire de musique d’Avignon des cours de piano auprès de Mary Soullière, élève du chanteur, compositeur et pianiste français Théodore Ritter.

En rejoint Paris et vit, avec son père devenu attaché à la direction des cultes, rue des Acacias (15e arr.). Elle suit les cours de piano et de composition de César Franck (1822-1890) au Conservatoire de Paris, ainsi que probablement son enseignement d’orgue. En mars 1885, elle participe au concert, donné par son ancienne professeure d’Avignon à la salle Kriegelstein de la rue Charras à Paris (9e arr.). Le programme a été composé par César Franck et comprend des morceaux de Mendelssohn, Meyerbeer, Beethoven et Schubert, que Marie Fabre accompagne au piano avec César Franck. La Tarentelle de Louis Moreau Gottschalk, clôture la soirée, interprétée par Mlles Soullière et Fabre.

Le 20 mai 1887, Marie Fabre donne à Paris son premier concert. Le compositeur Guy Ropartz (1864-1955) commente ainsi dans L'Indépendance musicale sa prestation : « Elle avait, pour débuter, abordé la sonate en fa dièse mineur de Schumann, œuvre d’une extrême difficulté et qui demande une grande ampleur d’exécution ; la jeune artiste s’en est tirée tout à fait à son avantage, la première émotion, bien compréhensible, une fois passée. Différentes œuvres de Chopin, Heymann, Alkan, deux petites pièces d’elle, heureusement écrites pour l’instrument, ont fait ressortir ses bonnes qualités de mécanisme ; mais où elle a été supérieure, c’est dans la sonate pour piano et violon de C. Franck, que l’on entendait à Paris pour la seconde fois seulement. En résumé, Mlle Marie Fabre a beaucoup de doigts, une grande sûreté, beaucoup de nerf, trop peut-être ; son style n’est pas encore absolument défini, bien qu’elle donne déjà aux œuvres qu’elle interprète une certaine physionomie qui n’est pas celle de tout le monde : nous pouvons attendre d'elle une excellente artiste. »

Poursuivant ses cours au Conservatoire ans la classe de Mme Angot-Montier, elle participe aux concerts devant le jury d’examen, présidé par le compositeur Antonin Marmontel en janvier 1889 puis en mars 1890, la presse remarquant à ces occasions son interprétation.

Le 16 mars 1889, à la Société nationale de musique à Paris, Marie Fabre exécute avec le quatuor Heymann une Étude de Charles Valentin Alkan pour piano et quatuor à cordes, arrangée par César Franck.

En avril 1891, à l’occasion de l’inauguration de l’hôtel de la comtesse de Montebello, rue Barbet-de-Jouy, Marie Fabre donne un concert, en compagnie du violoncelliste Liégeois. Ils interprètent la sonate de Grieg, la Polonaise de Chopin, et la romance du prince Serge Walkonsky.

Frère de son ancienne professeure d’Avignon, Louis Soullière, commissaire de police à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), l’épouse à Paris (17e arr.) en décembre 1891. Les deux témoins qu’elle avait choisis sont le comte Jean de Montebello et le compositeur Gabriel Fauré. Elle poursuit son activité en tant que professeure de musique.

Le nouveau couple vit d’abord à Joinville puis, au gré des nominations du mari par la préfecture de police, à Paris, Saint-Ouen et Neuilly-sur-Seine (Seine, act. Hauts-de-Seine). Marie Soullière accouche, en octobre 1892, d’un enfant mort-né et n’aura pas de descendant.

Après le décès de son époux, en octobre 1934 à Boulogne-Billancourt (Seine, act. Hauts-de-Seine), où ils s’étaient installés après sa retraite rue de l’Est, Marie Soullière reste vivre dans la commune rue de Sèvres. Elle demande une pension au conseil général du département, qui la lui refuse, soulignant qu’elle percevait déjà une réversion de la retraite de son mari. Il lui avait légué, par testament, 50 000 francs.

Le 30 mars 1939, Marie Soullière meurt à Boulogne-Billancourt. Elle était âgée de 75 ans. Décorée des Palmes académiques, elle avait été faite officière d'académie en janvier 1900 puis officière de l’instruction publique en mars 1906 pour son activité de compositrice et de professeure de musique.

César Franck lui a dédié le manuscrit de la première page de sa symphonie en ré mineur, transcrite pour piano à quatre mains. Le journaliste Louis Schneider, dans le quotidien Le Gaulois, considérait, en novembre 1922, qu’elle avait été « une des meilleures élèves du maître. »

Symphonie en ré mineur de César Franck, offerte à Marie Soullière

 

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24 mai 2023 3 24 /05 /mai /2023 01:01

Suite de la biographie de Joseph Routier

Joseph Timoléon Routier de Bullemont ayant choisi de s’appeler dorénavant Joseph Routier, un choix qu’il justifiera ensuite par son engagement républicain s’installe avec son épouse (selon le droit américain), Léonide, à proximité de Sacramento, capitale de la Californie.

Il doit devenir l’intendant du vaste domaine appartenant au capitaine Joseph Folsom, appelé Paterson, d’environ 6 lieues carrées, soit près de 140 km². Ce dernier fit partie des premiers militaires états-uniens venus s’installer dans le nouveau territoire des États-Unis, en 1846. La Californie a été annexée suite après la guerre américano-mexicaine de 1845. Elle devient, en 1850, le 31e État de l’Union. Le nom de Folsom a été donné à la ville qu’il avait fondée sous le nom de Granite, à proximité de son exploitation.

Joseph Routier doit planter et entretenir une vigne et un verger. Cependant, les premières plantations ne peuvent être faites, les semences transportées par bateau ayant pourri. Folsom meurt en juillet 1856. Il reste cependant sur place, reprenant la gestion et, en 1863, la propriété d’une partie du domaine.

Il exploite une ferme, baptisée Rancho Rio de los Americanos, située sur la rive sud de l’American river, de près de 90 hectares, dont une quarantaine en vigne et autant en verger, une vingtaine d’hectares étant consacrés à l’élevage. Il cultive notamment des prunes, amandes, pêches, abricots et oranges. Ses vignes sont constituées à partir d’un cépage de Tokay. Son vin acquiert une grande réputation.

En 1858, Joseph Routier est inscrit sur les listes d’immigration du comté de Sacramento. En juillet 1859, il est inscrit sur les listes électorales. Une cérémonie religieuse de mariage de Charles Marie Joseph Timoléon Routier de Bullemont avec Léonide Jadin est célébrée dans l’église catholique de Sacramento en novembre 1863. Cette dernière est toujours légalement mariée en France.

En 1871, la ligne de chemin de fer Sacramento Valley Railroad ouvre une gare à proximité du domaine des Routier sur la ligne secondaire reliant Sacramento à Folsom. Elle prend le nom de Routier station ; un bureau de poste attenant, installé en 1887, se nomme également Routier postoffice, et le village qui se développe prend lui aussi la dénomination de Routier, comptant environ 75 familles installées dans les années 1890.

La desserte ferroviaire, après la fin de la guerre de Sécession, va favoriser le développement de la ferme. Une conserverie de fruits est installée en 1876. Les améliorations apportées aux fruits, notamment les prunes et les pêches, sont remarquées dans les journaux professionnels. Il obtient une médaille d’or en 1886 lors de l’exposition de la Citrus Fair Association de Sacramento.

Sa prospérité étant établie, Joseph Routier prend part aux affaires publiques. Il est une des personnalités de la communauté française de Californie. Il est ainsi, en 1870, président du comité constitué à Sacramento pour soutenir l’effort de guerre français. Après la défaite devant l’armée allemande, il reste vice-président du comité qui tient une réunion, en août 1871 dans la capitale californienne. La presse parisienne publie une de ses résolutions : « Nous, citoyens Français-Américains de Californie, félicitons cordialement la France du choix qu'elle a fait pour Président de la République française de M: A. Thiers, qui s'est montré son ami vrai en adoptant une ligne de politique ferme et droite, et qui ne froisse ni les susceptibilités des partis politiques ni les grands intérêts des puissances européennes; Nous félicitons le peuple français des sages réformes de l'instruction publique et de la nouvelle loi militaire, .qui sont les seules; et les plus solides bases de la régénération de la France et du respect dû à sa forme républicaine de gouvernement ». En 1872, le même comité lance une autre souscription pour la « libération du territoire », à savoir l’Alsace-Lorraine, incluse dans l’empire allemand.

Selon le témoignage de sa femme, Joseph Routier, après avoir appris la fin du régime de Napoléon III, aurait envisagé de se rendre en France. Une dépêche télégraphique envoyée début 1871 par pigeon voyageur à Paris (alors assiégée par les forces coalisées autour de la Prusse) depuis Saint-Bonnet (probablement Saint-Bonnet-de-Joux, Saône-et-Loire) à son frère Lucien, secrétaire général de la préfecture de police, mentionne « oncle inquiet sur Timoléon ». Il est peut-être fait référence à un projet de retour. Il ne serait cependant jamais revenu d’après son épouse.

L’instauration de la troisième République va permettre la restauration du droit de divorce, aboli en France le 8 mai 1816, puis rétabli par une loi du 27 juillet 1884. Léonide Jadin obtient un jugement du tribunal civil de la Seine rompant son union d’avec qu’André Borel d’Hauterive en juillet 1888 ; elle avait vécu, pendant 35 ans, dans une situation de polyandrie.

Au cours des années 1870, Joseph Routier s’engage dans la vie politique californienne. Il est d’abord juge de paix du Township de Brighton, où se situe sa résidence. En 1877, il est élu membre de l’assemblée législative de l’État qui tient sa 22e session ordinaire. Il figurait sur la liste du parti républicain. C’est avec la même étiquette qu’il est élu en 1882 membre du Sénat de Californie, où il siège jusqu’en 1886. Lorsqu’il finit son mandat, il devient président de la commission de la pêche et de la chasse, mise en place par le gouverneur. Il a à ce moment quitté la formation conservatrice pour rejoindre le parti démocrate.

L’environnement économique de l’activité viticole se dégrada dans les années 1890, du fait de la montée des ligues antialcooliques et de sécheresses. Joseph Timoléon Routier poursuivit cependant son train de vie assez dispendieux, du fait notamment de l’accueil de visiteurs fréquents, en s’endettant. Il dut céder une partie de son domaine à ses créanciers en 1894, puis le reste en 1897. Il ne conserva alors qu’une maison plus modeste.

Joseph Timoléon Routier de Bullemont fut tué le 5 février 1898 dans un accident, sa calèche ayant été renversées par un écart du cheval au moment où il rentrait dans son domaine le 6 février 1898 à Sacramento. Il était âgé de 72 ans. De nombreux journaux américains, de Boston à la Californie, publièrent des informations nécrologiques. Il en fut de même pour l’hebdomadaire de la communauté américaine à Paris. Il était père de trois enfants, issus de son deuxième mariage, dont deux moururent jeune ; son fils George était décédé en 1888 sur le domaine à 29 ans, après avoir eu deux descendants, fille et garçon.

Les lieux environnants le domaine continuèrent à porter le nom de Routier : le village, la poste, la gare. Au 21e siècle, l’ensemble est inclus dans l’agglomération de Sacramento ; une voie, Routier road, longue de 2 300 mètres, parcourt la ville à proximité de l’ancienne résidence.

Plusieurs des frères de Bullemont ont joué un rôle significatif en France ou en Belgique. L’aîné, Lucien (1822-1904) fut secrétaire général de la préfecture de police de Paris ; il épousa Louise Charlotte Jadin, sœur de la seconde épouse de Joseph. Emmanuel (1836-1913) devint membre de la Société royale de botanique de Belgique et auteur de plusieurs ouvrages. Alfred (1840-1872), natif de Belgique, a été critique d’art à Paris. Son neveu, Armand, fut commissaire de Paris à Joinville-le-Pont et Paris.

Fin

La propriété Routier et le chemin de fer

 

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22 mai 2023 1 22 /05 /mai /2023 01:01

Début de la biographie de Joseph Routier

Charles Marie Joseph Timoléon Routier de Bullemont naît le 4 mars 1825 à Tailly (Somme). Il est le fils de Lucie Jenny Joseph Vassel et de son époux Alexandre Annibal Routier de Bullemont. La famille de son père est d’une petite noblesse de Picardie, lui-même étant propriétaire terrien.

La famille sera fort nombreuse, puisqu’elle a compté au moins 15 enfants nés vivants. Ils déménagent fréquemment, d’abord dans la Somme, puis à Paris en 1830 et en Belgique à partir de 1834, dans différentes provinces : d’abord celle de Liège, à Fallais, dans la commune de Braives puis en Flandre, à Anvers en 1840. Les parents s’installeront ensuite dans le Luxembourg belge, où ils procèderont à différents essais agricoles, avant de revenir s’installer en France, dans la Meuse, après la fin de la guerre franco-prussienne.

Pour sa part, Joseph Routier de Bullemont est employé, en 1846, au sein des cristalleries du Val-Saint-Lambert, installées près de Liège, sur le site de l’ancienne abbaye de Seraing.

Il quitte la Belgique pour s’installer, début 1848, à Paris. Il s’inscrit probablement à l’université et prend part à la révolution de 1848, qui renverse, en février, le régime du roi Louis-Philippe.

Son frère aîné, Lucien Routier de Bullemont (1822-1904), employé à la préfecture de police de Paris, est adhérent depuis février 1848 à la Société républicaine centrale, présidée par le dirigeant socialiste Louis-Auguste Blanqui. Il en devient un des orateurs. Cependant, en février 1850, il collabore avec le nouveau préfet de police, Auguste Carlier, pour lequel il rédige une circulaire aux commissaires de police titrée « Le socialisme, c'est la barbarie ».

Pour sa part, Joseph Timoléon Routier de Bullemont assurera être resté fidèle à ses convictions républicaines. Lors de la deuxième phase de la révolution, en juin 1848, il est membre de la Garde mobile, et domicilié dans la caserne de la Grande-Rue-Verte (Paris 8, act. rue de Penthièvre). La classe ouvrière parisienne s’est soulevée contre la suppression des mesures sociales prises par le gouvernement provisoire, et une partie des gardes territoriaux s’est solidarisée avec les insurgés. Il est inculpé pour sa participation à l’insurrection de Juin 1848. Le 30 juillet, la 3e Commission, qui siège en tant que conseil de guerre, décide de le remettre en liberté.

Selon les archives militaires françaises, il est recensé en 1849 pour le service militaire, ayant été omis sur le tableau de recensement de sa classe, en 1845.

Il s’oppose au coup d'État du 2 décembre 1851, organisé par Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République, pour se maintenir au pouvoir. Après avoir participé à une assemblée républicaine, rue d’Assas, il est incarcéré à la prison de Mazas, dans la capitale. La résistance, menée par les républicains et soutenue notamment par Victor Schœlcher et Victor Hugo, est un échec. Son frère Lucien lui rend visite dans sa cellule ; il lui conseille de choisir de s’exiler en Amérique pour sortir de prison. Libéré en janvier 1852 sur cette promesse, il obtient du futur empereur Napoléon III l’autorisation de passer neuf mois en Belgique auprès de sa famille avant de traverser l’Atlantique, suite à l’intercession en sa faveur de Léonide Borel d’Hauterive auprès du président de la République, le prince Napoléon. Celle-ci, née Jadin, musicienne, est issue d’une famille d’artistes proches des familles royales depuis plus d’un siècle. Elle est la sœur de Charlotte Louise Jadin, mariée depuis août 1848 à Lucien Routier de Bullemont, frère de Joseph Timoléon. Son mari est un avocat, également historien et éditeur de l’Annuaire de la noblesse.

En attendant son départ pour l’Amérique, Joseph Timoléon Routier de Bullemont épouse Claire Augustine Suleau en août 1852, à Paris (9e arr.). Peut-être est-elle liée à Élysée, vicomte de Suleau (1793-1871), conseiller d’État, préfet, directeur de l’administration des domaines et administrateur de sociétés, sénateur sous le second empire. Cependant, c’est avec Léonide que Joseph Timoléon embarque au Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime) le 8 novembre 1852. Ils voyagent jusqu’à San Francisco, via le Cap Horn, un itinéraire de plus de six mois.

Selon le témoignage de Léonide en 1898, un juge ou un officiel, dont elle ne se rappelle plus la fonction exacte, les aurait mariés juste après leur arrivée le 31 mai 1853. À ce moment-là, ils ont tous les deux des époux en France. La femme légitime de Joseph Timoléon, Claire Augustine, meurt à Paris moins d’un mois plus tard, le 22 juin.

À suivre

Joseph Routier

 

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20 mai 2023 6 20 /05 /mai /2023 01:01

Adrienne Louise Léonide Jadin naît le 27 janvier 1816 à Paris (10e arr.). Elle est la fille d’Annette de Molière et de son mari, Adolphe Jadin.

Fils du professeur de chant Georges Jadin, son père est né à Paris en 1794. Il fait une carrière militaire, en tant que capitaine dans l’infanterie, mais mène également, comme bon nombre de membres de sa famille, une activité artistique. Il est l’auteur de plusieurs pièces de théâtre et de livrets pour des opéras-comiques mis en musique par son père. Il compose également de la musique et publie des articles et poèmes, notamment dans la presse pour enfants ou pour femmes.

En 1830, Adolphe Jadin est membre du conservatoire royal et publie, dans un recueil de Charles Lafillé, Le souvenir des ménestrels, une romance dédiée à Léonide intitulée Plus de bonheur. Au sein du même ouvrage, on trouve une chanson de cette dernière, Le souvenir suppliant, adressée à sa sœur Césarine, avec des paroles de son père. Plusieurs autres œuvres sont attribuées à Léonide, comme La Jouvencelle, ou le Chant chevaleresque. Elle épouse en juillet 1835 à Paris (9e arr.) un avocat, André François Borel d’Hauterive, historien et fondateur de la Revue historique de la noblesse de France.

Léonide Jadin avait été élevée au couvent royal de Versailles. Après des études à Paris, elle enseigna la musique.

Sa sœur cadette, Charlotte Louise, a épousé en août 1848 un employé de la préfecture de police de Paris et orateur régulier de la Société républicaine centrale, présidée par le dirigeant socialiste Louis-Auguste Blanqui, appelé Marie Alexandre Lucien Routier de Bullemont. C’est sans doute par l’intermédiaire de ce dernier qu’elle rencontre Joseph Timoléon Routier de Bullemont, lui aussi républicain engagé, arrêté après l’insurrection de juin 1848.

Il s’oppose au coup d'État du 2 décembre 1851, organisé par Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République, pour se maintenir au pouvoir. Après avoir participé à une assemblée républicaine, rue d’Assas, il est incarcéré à la prison de Mazas, dans la capitale. La résistance, menée par les républicains et soutenue notamment par Victor Schœlcher et Victor Hugo, est un échec. Son frère Lucien lui rend visite dans sa cellule ; il lui conseille de choisir de s’exiler en Amérique pour sortir de prison. Libéré en janvier 1852 sur cette promesse, il obtient du futur empereur Napoléon III l’autorisation de passer neuf mois en Belgique auprès de sa famille avant de traverser l’Atlantique, suite à l’intercession en sa faveur de Léonide Jadin, à deux reprises, auprès du président de la République. Elle semble en effet bien introduite à l’Élysée.

Joseph Timoléon Routier de Bullemont épouse Claire Augustine Suleau en août 1852, à Paris (9e arr.). Mais c’était avec Léonide qu’il quitte la France le 8 novembre. Les deux exilés arrivent à San Francisco, le 31 mai 1853, en provenance du Havre et après avoir contourné le Cap Horn. Selon son témoignage, un juge ou un officiel, dont elle ne se rappelle plus la fonction exacte en 1898, les aurait alors mariés juste après leur arrivée. À ce moment-là, ils ont tous les deux des époux en France. La femme légitime de Joseph Timoléon meurt à Paris moins d’un mois plus tard, le 22 juin.

Par républicanisme, assurera-t-il, le fils d’aristocrate adoptera le nom de Joseph Routier pendant tout son séjour en Amérique. Au contraire de son nouveau compagnon, Léonide assure avoir conservé les sentiments royalistes et légitimistes de sa famille.

Immédiatement après leur débarquement, ils s’installent près de Sacramento, capitale de l’État de Californie, où Joseph Routier doit devenir intendant d’une vaste propriété appartenant au capitaine Joseph Folsom, pour y planter et entretenir une vigne et un verger. Les premières plantations ne peuvent être faites, les semences transportées par bateau ayant pourri. Folsom meurt quelques mois plus tard. Joseph Routier reste cependant sur place, reprenant la gestion et, plus tard la propriété du domaine.

Une cérémonie religieuse à Sacramento, en novembre 1863, officialise l’union de Joseph, devenu veuf, avec Léonide, bien qu’elle soit toujours légalement mariée en France. C’est en juillet 1876 qu’André Borel d’Hauterive fait constater, à Paris, la séparation de corps d’avec son épouse. Le divorce, aboli en France par la loi du 8 mai 1816, puis rétabli par une loi du 27 juillet 1884, fait l’objet d’un jugement par le tribunal civil de la Seine en juillet 1888 ; Léonide avait donc vécu, pendant 35 ans, dans une situation de polyandrie.

La famille Routier devient riche, avec la production de vin et de fruits, notamment des prunes et des abricots. Le domaine est souvent cité en exemple dans les publications agricoles. La construction d’une ligne ferroviaire amène une desserte par train, et la gare prend le nom de station Routier, tout comme la poste qui lui est attenante puis le petit village qui se forme. Joseph Routier figure parmi les personnalités éminentes de la communauté française, et Léonide ; elle-même recueille en septembre 1884, notamment parmi les émigrés, une souscription pour les victimes du choléra en France, dont le premier donateur est le gouverneur G. Stoleman.

Joseph Routier s’engage aussi dans la vie politique locale, devenant sénateur de l’État californien au cours des années 1880 avec l’étiquette de Républicain ; après la fin de son mandat, il rejoindra le parti Démocrate.

Au milieu des années 1890, les affaires des Routier périclitent : des sécheresse, et la montée de mouvements antialcooliques les obligent à mettre en vente une partie de leur propriété. À la mort de son mari, survenue en février 1898 à Sacramento après un accident, Léonide, qui ne parle pas l’anglais, assure être sans ressources. Avec l’aide d’amis de son époux, elle peut cependant s’installer dans une demeure plus petite, où elle décède quatre mois plus tard, le 25 juin 1898 à Sacramento.

Elle avait donné naissance à deux enfants pendant son union avec André Borel d’Hauterive : Charles Édouard Edmond (1838-1840) et Jeanne (décédée en 1870). Elle eut ensuite trois enfants de son mariage avec Joseph Routier de Bullemont, dont un seul survécut jusqu’à l’âge adulte, George Louis (1859-1888).

Léonide Routier de Bullemont (coll. Lucie Catlin)

 

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18 mai 2023 4 18 /05 /mai /2023 01:01

Marie Armand Lucien Routier de Bullemont naît le 7 mai 1862 à Montrouge (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il est le fils d’Élisabeth Alexandrine Rocmont et de Marie Arthur Édouard Routier de Bullemont, alors commis principal à la préfecture de police de Paris. Ses parents se marieront en juillet 1865, toujours à Montrouge.

Un oncle paternel travaille également dans les forces de sécurité parisiennes : Alexandre Routier de Bullemont (1822-1904) sera secrétaire général de la préfecture de police de Paris.

Pour sa part, Armand Routier de Bullemont fait partie des quinze candidats admissibles après les examens pour devenir commissaire de police organisés à Paris en juillet 1885. Il est nommé secrétaire au quartier Saint-Lambert ; il passe dans la même fonction au commissariat du quartier Vivienne en octobre 1887.

C’est en juin 1888 qu’il devient officiellement commissaire de police dans la banlieue. Il rejoint en juillet son poste à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il remplace Charles Wilfrid Carpin. Sa circonscription comprend les communes de Bry-sur-Marne, Champigny, Nogent-sur-Marne et Saint Maur.

En juillet 1891, Routier de Bullemont, est promu en tant que commissaire de police à Paris. Il est remplacé à Joinville par M. Soulliére. Il est affecté au quartier des Ternes (17e arr.). Dans cette fonction, il doit gérer en septembre cette année-là une affaire d'avortement d’une jeune femme, interprète dans un grand magasin de confections du quartier de l'Opéra, droguée puis violée « par une bande de jeunes viveurs » et qui avait, seule, mis fin à sa grossesse dans le lit qu’elle partageait avec sa jeune sœur, âgée de 14 ans. Elle s’était débarrassée du fœtus et avait été dénoncée par une lettre anonyme.

Armand Routier de Bullemont meurt le 15 janvier 1894 à Paris (17e arr.), en fonction de commissaire. Il était âgé de 31 ans et n’était pas marié.

Son père mourut en février 1909 à Bois-Colombes, à 79 ans, après avoir constaté la disparition d’une grosse somme d’argent (9 500 francs). En janvier 1910, sa domestique fut jugée, en compagnie de sa sœur, aux assises de la Seine. Elle fut cependant acquittée, après avoir assuré que la somme était un don du vieillard.

Plusieurs de ses autres oncles paternels ont joué un rôle significatif aux États-Unis, en Belgique et en France. Joseph (1825-1898), d’abord militant républicain en France, deviendra agriculteur en Californie et membre du Sénat de cet État. Emmanuel (1836-1913) fut membre de la Société royale de botanique de Belgique et auteur de plusieurs ouvrages. Alfred (1840-1872), originaire de Belgique, a été critique d’art à Paris.

Le château de Warlus (Somme), demeure de la famille Routier de Bullemont, devenu une maison de la préfecture de police de Paris

 

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16 mai 2023 2 16 /05 /mai /2023 01:01

Marie Joseph Alfred Routier de Bullemont naît le 15 juillet 1840 à Louvain, Brabant (Belgique). Il est le fils de Lucie Jenny Joseph Vassel et de son mari, Alexandre Annibal Routier de Bullemont, propriétaire. Ils sont originaires de la Somme, en France, où son père est agriculteur. Alfred est le onzième des douze enfants nés vivants du couple.

La famille s’installe en Belgique vers 1836, résidant dans la province de Liège, le Brabant puis le Luxembourg belge où Annibal Routier de Bullemont a une exploitation dans laquelle il procède a des essais de cultures nouvelles, notamment la spergule pour laquelle il est récompensé à l’exposition de Bruxelles en décembre 1848.

En 1865, Alfred de Bullemont publie plusieurs articles, dans la revue Les Beaux-arts, sur La peinture d'histoire. S’il apprécie l’orientalisme de Guillaumet, qu’il présente comme « Africain, de beaucoup de talent », il est bien plus critique sur beaucoup d’autres artistes. S’agissant d’Henri Fantin-Latour, il écrit : « Ainsi M. Fantin voudrait nous persuader que la Vérité c'est cette grosse fille rousse aux chairs flasques, aux yeux gris, et que le vrai c'est le vin bleu qu'on boit aux barrières, dans des verres communs. Il nous accordera que ce n'est qu'une vérité relative, vraie seulement pour les matelots et les charretiers, les brutes et les ivrognes qui n'aiment que la fille qui jure et le vin qui gratte. »

Commentant l’œuvre d’Ernest Meissonier, il écrit « On n'en est plus aujourd'hui à nier le talent de M. Meissonier, mais ce talent nous semble si uniforme, si monotone, que nous ne pouvons comprendre l'engouement ridicule dont il est l'objet ». Il attaque aussi Victor Mottez : « M. Mottez, déjà assez coupable d'avoir abîmé l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, essaye de nous faire rire avec sa Médée. Si M. Mottez était jeune, nous ririons peut-être de sa caricature, mais M. Mottez a l'âge du repos. »

Alexandre Protais, proche de la famille impériale, n’est pas épargné par de Bullemont : « La mode a pris M. Protais sous sa protection : il est peintre de cour ; il fait de mauvaises choses, mais on le trouve toujours admirable ». C’est peut-être Eugène Courbet qui est le plus férocement attaqué : « Terminons ce premier article en parlant des erreurs d'un homme entêté, qui veut rompre en visière avec le genre humain et que ses amis, ses élèves et ses admirateurs sont obligés d'abandonner. Le portrait de la Famille de Proudhon est le dernier mot du mauvais. M. Courbet n'avait encore rien fait d'aussi peu raisonnable, et, comme le disait un de nos camarades, en présence de cette nullité : Il aimait trop Proudhon, c'est ce qui l'a tué ! »

En avril 1870, Alfred de Bullemont épouse Marie Dupuis à Paris (17e arr.).

Il fait paraître, en août 1871, peu après la fin de la Commune de Paris, un Catalogue raisonné des peintures, sculptures et objets d'art qui décoraient l'hôtel de ville de Paris avant sa destruction. Il en avait fait un relevé en 1869, et il estime nécessaire de publier ce témoignage alors que l’insurrection parisienne a détruit l’ancienne mairie et ses nombreuses œuvres d’art.

Il publie en 1872 deux tomes d’un Catalogue des peintures, sculptures et objets d'art des églises de Paris, concernant Saint-Étienne du Mont et Saint-Denis du Saint-Sacrement.

Alfred de Bullemont meurt le 5 octobre 1872. Il était âgé de 32 ans et résidait rue du Faubourg-Saint-Denis. L’écrivain Armand Renaud lui a dédié un des poèmes de son recueil Les nuits persanes (1870), intitulé Le supplice.

L'ancien Hôtel de Ville de Paris, avant sa destruction en 1871

 

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14 mai 2023 7 14 /05 /mai /2023 01:01

Le premier artiste connu dans la famille Jadin est Nicolas Emmanuel (1704-1758), hautboïste. Il transmet la pratique de son instrument à son fils, François (1731-1790), également bassoniste. Ce dernier est installé à Versailles avec son épouse Marie Marguerite Raiffer. Il intègre l’Ordinaire de la musique du Roi.

Quatre de ses enfants seront des musiciens célèbres. Adrien Paul (né en 1762) fut musicien des Gardes du corps du Roi.

Louis Emmanuel Jadin (1768-1853), sans doute le plus fameux de la fratrie, a été compositeur, violoniste, claveciniste, pianiste, pédagogue et chevalier de la Légion d'honneur. Figurant parmi les pages de la musique du roi Louis XVI, il sut s’adapter à la Révolution, composant des hymnes patriotiques comme Ennemis des tyrans, Citoyens, levez-vous, ou le Chant de l'esclave affranchi, représenté au théâtre de l'Opéra en 1794. Il s’adapta au régime impérial napoléonien, en donnant un Hommage à Marie-Louise. La Restauration ne le surprit guère, lui donnant l’occasion de présenter la Fête du roi, encore à l’Opéra, en 1817. Le Larousse du XIXe siècle, estime qu’il avait alors gagné « une place d'honneur dans le Dictionnaire des girouettes ». Il avait également été professeur au Conservatoire, chef d'orchestre.

Le troisième frère, Georges Jadin (né en 1773), fut professeur de chant à Paris et auteur de romances.

Le dernier, Hyacinthe Jadin (1776-1802) s’affirma comme compositeur, claveciniste et pianiste. Nommé professeur au Conservatoire lors de sa fondation, il était particulièrement remarqué mais mourut d’une maladie de poitrine à 25 ans.

Les enfants de Louis Emmanuel et Marie Marguerite jouèrent eux aussi un rôle sur la place culturelle française. Adolphe Jadin (1794-1867), fut capitaine de cavalerie pendant 30 ans, journaliste, chansonnier, librettiste et auteur dramatique, compositeur de musique. On lui doit notamment La Demoiselle en loterie, Le Lundi des ouvriers, L'Amour et l'homéopathie (1836), Le Carnaval et les arrêts (1841), Quoniam (1851). Il fut souvent joué dans plusieurs théâtres parisiens : Feydeau, Vaudeville, Nouveautés. Il écrivait dans le Journal des enfants, le Journal des Demoiselles et la Quotidienne. Il avait épousé Annette Molière.

Son frère, Louis Godefroy Jadin (1805-1882) fut un artiste peintre, graveur et aquarelliste. Il a été chevalier de la Légion d’honneur.

Deux des filles d’Adolphe et Annette Jadin eurent également une activité remarquée. Léonide Jadin (1816-1898) fut musicienne, compositrice de romance et professeure de piano. Elle épousa André Borel d’Hauterive, avocat, journaliste et écrivain, éditeur notamment de l’Annuaire de la noblesse. On publiera sur ce site sa biographie sous son deuxième nom d’épouse, Léonide Routier de Bullemont.

Sa sœur, Louise Charlotte Jadin (1821-1902), épousa un autre Routier de Bullemont, frère du précédent, Lucien, qui fut notamment secrétaire général de la préfecture de police de Paris.

Louis Emmanuel Jadin

 

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12 mai 2023 5 12 /05 /mai /2023 01:01

Marie Alexandre Lucien Routier de Bullemont naît le 28 janvier 1822 à Abbeville (Somme). Il est le fils de Josèphe Jeanny Lucie Vassel et de son mari, Alexandre Annibal Routier de Bullemont, propriétaire. Ils sont originaires du département, d’une famille de petite noblesse. Son père est agriculteur. Alexandre est le second des quinze enfants nés vivants du couple, dont quatorze, filles comme garçons, portent le prénom de Marie.

La famille s’installe en Belgique vers 1836, résidant dans la province de Liège, le Brabant puis le Luxembourg belge où Annibal Routier de Bullemont a une exploitation dans laquelle il procède à des essais de cultures nouvelles, notamment la spergule pour laquelle il est récompensé à l’exposition de Bruxelles en décembre 1848.

Installé à Paris, Lucien de Bullemont rentre comme employé à la préfecture de police de Paris en 1846, recruté par le préfet de police Alexandre-François Vivien. Il est chef de la comptabilité en 1848. En août 1848 à Paris (2e arr.), il épouse Charlotte Louise Jadin, fille d’un musicien et auteur dramatique, issue d’une famille comptant de très nombreux artistes.

Au surlendemain de l’abolition de la monarchie et de l’instauration de la deuxième République, il adhère le 27 février 1848 à la Société républicaine centrale, présidée par le dirigeant socialiste Louis-Auguste Blanqui. Ses séances se tiennent dans la salle du Conservatoire, rue Bergère. Routier de Bullemont devient un « des orateurs ordinaires du club Blanqui » selon Alphonse Lucas, auteur d’une histoire des clubs politiques pendant la révolution de 1848. Il partageait ce rôle avec Hippolyte Bonnelier et Arnoult Frémy, hommes de lettres, Alphonse Esquiros, Malapert, avocat, et Savary, ouvrier cordonnier puis employé au gaz.

Selon La Voix de la vérité, qui cite la Chronique de Paris et lui consacre un article en septembre 1850, de Bullemont « se signala dans les bureaux de la préfecture par l’activité de sa propagande socialiste ». Mais le journal assure que son engagement ne dura pas longtemps : Auguste Carlier, nouveau préfet de police, fit appel à lui, en février 1850, pour rédiger une circulaire aux commissaires de police, diffusée le 12 de ce mois, sous le titre « Le socialisme, c'est la barbarie ». L’auteur de l’article remarque que Routier de Bullemont « avait donc commencé par être tout ce qu'il y a de plus barbare avant que M. Carlier eût pris la peine de le civiliser. »

En récompense de son style, il fut nommé chef de division. Il poursuivit cet emploi sous le second Empire. Il siège, en tant que responsable de la gestion des fonds parisiens, à la commission instituée en novembre 1865 pour répartir les secours aux familles nécessiteuses atteintes par l’épidémie de choléra. Les aides furent distribuées à 3 000 familles et concernèrent 1 700 orphelins, dont 428 sans famille d’accueil.

Considéré comme bonapartiste par le quotidien La République, Routier de Bullemont remplace en septembre 1872 au secrétariat général de la préfecture de police M. Fouquier, bonapartiste également, passé au secrétariat du conseil d'État.

En septembre 1879, après une campagne du quotidien La Lanterne, il est révoqué de ses fonctions dans ce qu’un autre journal, Le Français, appellera une épuration. Quand il prit sa retraite, en 1886, La Lanterne soutient que par ce départ, « le tribunal de la Seine admettait les concussions [de Routier de Bullemont] comme prouvées. »

Ayant quitté son poste de fonctionnaire, il devint en 1979 directeur de la Compagnie parisienne de vidanges et engrais, présidée par Frédéric Lévy, ancien maire du 11e arrondissement de la capitale.

En 1881, il est directeur de la Banque de prêts à l’industrie à Paris. Il en est toujours administrateur en 1884.

Résidant à Bruxelles en 1889, il héberge Jacques Meyer, un escroc recherché par la police française, arrêté chez lui en

Ayant pris sa retraite, Lucien de Bullemont est installé à Aincreville, dans la Meuse. Il rejoint la Société des Amateurs naturalistes en juin cette année-là, qui le qualifie de « botaniste émérite » et salue « sa science approfondie des végétaux » et apprécie qu’il dispose d’un herbier de quinze mille plantes. La Société compte 71 adhérents. Lors d’une excursion en mai 1890, il est accompagné par son frère, Emmanuel Routier de Bullemont, qui réside à Bruxelles et est membre de la Société linnéenne de la capitale belge. Lors de l’assemblée générale de 1891, Lucien de Bullemont, mentionné comme « botaniste des plus expérimentés » est élu président d'honneur ; il conservera cette fonction jusqu’en 1900.

Lucien Routier de Bullemont meurt le 12 octobre 1904 à Paris (16e arr.). Il est inhumé à Charny-sur-Meuse (Meuse), où avait déjà été enterrée son épouse deux ans plus tôt. Il était officier de la Légion d’honneur depuis février 1866 après avoir été fait chevalier en 1856.

Plusieurs de ses frères jouent un rôle significatif en France, aux États-Unis et en Belgique. Joseph (1825-1898), d’abord militant républicain en France en 1848, deviendra agriculteur en Californie et membre du Sénat de cet État ; il épousa Léonide Jadin, probablement apparentée à la femme d’Alexandre. Emmanuel (1836-1913) fut membre de la Société royale de botanique de Belgique et auteur de plusieurs ouvrages. Alfred (1840-1872), natif de Belgique, a été critique d’art à Paris. Un autre de ses frères, Arthur (1830-1909) fut également responsable d’un service à la préfecture de police, tandis que le fils de ce dernier, Armand (1862-1894) a été commissaire de police.

Armoiries de la famille Routier de Bullemont

 

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