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5 juin 2018 2 05 /06 /juin /2018 01:01

Suite de la biographie de Georges Moreau

Si la presse conservatrice se déchaine contre l'abbé Moreau et son Monde des prisons, il a cependant des défenseurs. Ainsi, le président du conseil (premier ministre) René Goblet, radical-socialiste, évoque son livre à l’occasion d’une réunion du conseil supérieur des prisons, le 1er février 1887, en assurant que « l'administration ne peut que se féliciter de toute occasion qui s'offre de provoquer l'examen d'hommes compétents et de faire la lumière »

Le quotidien de gauche Le Rappel s’intéresse à l’hostilité de Moreau envers peine de mort. « Personne, excepté le bourreau, ne l'a vue de plus près. Personne donc n'est plus à même de s'en faire une idée nette. Il a conduit les condamnés à l'échafaud. Il les a vus à l'heure suprême, au moment où les masques tombent, où l'âme apparaît toute nue. Il est descendu, par la confession, dans les profondeurs du crime. Il n'ignore aucun des replis hideux de la scélératesse. Et sa conclusion est que la peine de mort est atroce, monstrueuse, inadmissible. Et, lui qui a le dernier mot des condamnés, il est pour qu'on les laisse vivre. Quel argument contre le meurtre légal ! »

Mais le quotidien, anticlérical, se réjouit des attaques proférées contre l’abbé, sans même les discuter : « C'est un joli monsieur cet aumônier qui a accusé les autres des méfaits qu'il a commis. Encore un abbé qui fait honneur au clergé. »

Le Temps, organe des milieux d’affaires, prend en considération des arguments de Moreau au sujet en reproduisant une citation qu’il attribue au poète, escroc et criminel Pierre François Lacenaire (1803-1836) : « Le nombre effrayant des récidives ne provient que des vices du système pénitentiaire français. Les bagnes et les maisons de réclusion, qui revomissent périodiquement dans la société l'écume des malfaiteurs, sont les gouffres de démoralisation où se prépare et se distille le poison qui corrompt jusqu'au cœur du détenu et le rejette, au sortir d'une condamnation correctionnelle sur les bancs de la cour d'assises ». Le journal, reprend aussi des commentaires de l’abbé concernant les directeurs de prison : « À côté de braves gens sans éducation, sans instruction, on trouve trop d'ivrognes, trop de grossiers personnages, trop de vieux caporaux à trois brisques qui croient qu'on leur parle volapük quand on les entretient de relever le moral des détenus. »

Le même quotidien fait place aux dénégations du directeur mis en cause. Il assure que la « nourriture est à la fois suffisante et saine, et que les détenus n'ont jamais élevé aucune plainte à cet égard ». Quant aux surveillants, il assure que les reproches qu'on leur adresse ne sont point mérités.

Le Gaulois, quotidien à vocation culturelle, rapporte, le 5 février 1887, l’entretien qu’ont eus l'abbé Moreau et le préfet Arthur Gragnon. Il assure qu’il fut cordial, que le fonctionnaire a démenti avoir jamais songé à faire saisir son livre. Le journal rapporte que le préfet aurait laissé entendre que l'enquête judiciaire ouverte à propos des faits qu’il signale, avait des chances d’être étouffée dans l'œuf. Le commentaire du journal est que « La préfecture de police sait fort bien que rien de ce qu'a avancé l'abbé Moreau n'est exagéré; aussi se propose-t-elle de réformer les abus, mais tout en ayant l'air d'en nier l'existence ». Le même journal tient présente également une hypothèse : la préfecture de police « n'ignore pas que c'est l'administration supérieure, représentée par MM. Herbette et Nivelle, qui a fourni à l'auteur du Monde des prisons une bonne partie des documents dont il s'est servi et que, par conséquent, il ne peut y avoir doute sur la sûreté de ses informations. » Louis Herbette (1843-1921) était le directeur de l’Administration pénitentiaire (1882-1891).

À suivre

Pierre François Lacenaire (lith. Wikipédia)

 

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3 juin 2018 7 03 /06 /juin /2018 01:01

Suite de la biographie de Georges Moreau

Après les longs articles du Figaro et du Matin, la presse continue en février 1887 de faire une place considérable à la parution du Monde des prisons  de l’abbé Moreau, mais les ripostes s’organisent aussi. Dans XIXe siècle, l’écrivain Paul Ginisty, après avoir brièvement évoqué les abus mentionnés par Moreau, assure ne pas prétendre que « tout soit parfait dans la façon dont sont menées nos prisons ». Mais il se demande « quel degré de confiance on peut accorder à M. l'abbé Moreau » ? Il lui reproche de s'amuser « à noter ses impressions et à en former des chapitres d'un livre où il découpait en petites tranches, à la façon des romans-feuilletons, les scènes les plus émouvantes dont il avait été le témoin ». Il s’insurge sur le fait qu’il aurait provoqué « dans les journaux, par tous les moyens, de tapageuses réclames », exploitant ainsi une « passion malsaine. »

Paul Ginisty s’indigne : « que penser quand ce prêtre, au lieu d'être tout à son émotion et à des pensées supra-humaines, n'a que des préoccupations de reporter et ne guette les dernières manifestations du condamné, affalé, à deux pas du couteau, que pour les raconter, à grand renfort d'alinéas remplis de points de suspension et de trucs typographiques à la Montépin ? » Xavier de Montépin (1823-1902) est un romancier populaire français qui a publié des dizaines de drames dont La Porteuse de pain.

Toujours à sa colère, le journaliste du XIXe siècle, qui vit pourtant de sa plume, éructe contre Moreau « qui vend à un libraire, lui, ministre de la religion, ses tragiques appréciations! Est-il quelque chose de plus révoltant, de plus cynique? » Il lui voit pour « seule excuse » « son inconscience, son absence de tout sens moral. »

Pour Ginisty, Moreau est un « écrivain pitoyable » dont le témoignage ne serait pas digne de quelque estime.

De nombreux journaux vont relayer l’information que le préfet de police Arthur Gragnon a ordonné une enquête, confiée au commissaire Clément, qui doit demander à l'abbé Moreau les noms de ceux qu'il a voulu désigner dans son livre. « Au cas où l'abbé Moreau refuserait de citer les noms, il serait poursuivi pour diffamation ; dans le cas, contraire, où les faits affirmés par lui seraient exacts, le préfet procédera immédiatement aux changements qu'il croira devoir faire dans le personnel de la prison » écrit le quotidien catholique conservateur L’Univers.

Beaucoup d’organes de presse reviennent aussi sur les conditions dans lesquelles l'abbé Moreau aurait dû quitter son poste : il y aurait eu « de nombreuses plaintes » contre lui, il aurait commis « plusieurs infractions au règlement » et se serait notamment « chargé de remettre directement des sommes d'argent aux détenus » selon le Journal des débats.

Le registre politique est également utilisé par les commentateurs. Ainsi, le romancier Georges Grison, de nouveau dans Le Figaro, voit « des coïncidences vraiment bien fâcheuses. Juste au moment où le verdict, au moins singulier, du jury de la Seine donne à toute la presse radicale l'occasion de tomber à bras raccourci sur l'abbé Roussel, voilà un autre prêtre qui prête au scandale en lançant un livre à tapage ». D’ailleurs, le journaliste a enquêté sur les faits : « J'ai interrogé non pas des détenus, mais des libérés. Ils m'ont ri au nez. Il ferait beau voir qu'on les battît ! » Quant au directeur de la Grande-Roquette, mis en cause par Moreau, Grison l’exonère de toute responsabilité en lui laissant la parole : « Je défie qu'ou puisse prouver que j'aie jamais battu personne ». D’ailleurs, « la Roquette dépôt des condamnés n'est point une prison d'opéra-comique. »

En conclusion, Georges Grison, qui reprend totalement les dires de M. Beauquesne, directeur de la prison, assure que « l'abbé Moreau commettait tranquillement les irrégularités dont il accuse les autres ! » Il se réjouit que « la publication du Monde des Prisons ne retarde un peu les grandeurs qu'il ambitionne », rapportant qu’il aurait eu pour objectif l'épiscopat. Il accuse même ce dernier d’avoir volé les notes de l’abbé Crozes, qu’il a utilisé pour rédiger les Souvenirs de la Roquette. Mais le même journal publiera plus tard la copie de la lettre de l’abbé Crozes confiant ses notes à son successeur.

À suivre

Paul Ginisty (phot. Wikipédia)

 

 

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1 juin 2018 5 01 /06 /juin /2018 01:01

Suite de la biographie de Georges Moreau

L’article d’Albert Wolff paru dans Le Figaro le 30 janvier 1887, posait clairement des questions qui vont nourrir le débat public autour du Monde des prisons de l'abbé Moreau/ Si ses opinions sur la politique pénitentiaire sont critiquables, ses révélations sur le traitement des détenus sont crédibles et exigent une enquête officielle.

Le lendemain, c’est le quotidien populaire Le Matin qui insère, toujours en Une, un très long papier (non signé) et un entretien avec l’abbé Moreau. Qualifiant le livre d’étrange, il assure que « jamais volume ne visa moins au scandale et que jamais écrivain ne chercha davantage à éviter la réclame malsaine ». Il voit un « traité de pathologie spéciale dont les formules arides et les descriptions seraient enrobées dans des anecdotes typiques. »

Pour Le Matin, l'auteur est « un prêtre assez indépendant et assez hardi pour rompre en visière avec les traditions et oser mettre son nom sur un travail qui touche aux côtés les plus honteux et les plus immoraux de la société. L'abbé Georges Moreau est encore jeune, bien que ses cheveux soient tout blancs. Grand, droit, l'air très crâne, l'œil franc, regardant bien en face, il a l'allure décidée de l'homme qui ne sait pas reculer ».

L’interview permet au vicaire général honoraire de Langres de préciser ses intentions : « Je l'ai écrit [le Monde des prisons] parce que seul je pouvais faire connaître l'intérieur des prisons, ce qui s'y passe et ce qui s'y dit. (…) Personne n'ajouterait foi aux mémoires d'un prisonnier ; le personnel administratif se garderait bien de signaler des abus dont il est en grande partie responsable (…) C'était un devoir pour moi de le faire connaître et de signaler avant tout ce fait, que les réformes pénitentiaires sont enrayées par ceux-là même qui ont mission de les assurer. »

Revenant sur les réactions qu’il a provoquées, G. Moreau poursuit : « Je suis déjà en butte, aux critiques les plus violentes. On m'accuse de faire mon évangile des livres de Goncourt et de Zola, mais peu m'importe. En somme, c'est un peu vrai. Bien résolu à peindre des morceaux sombres, j'ai étudié, dans les auteurs qui ont osé aborder ce genre, leurs procédés et leurs manières, et j'estime que je ne pouvais pas me servir du style de Mme Deshoulières pour parler des bandits qui sont internés à la Grande Roquette. » Antoinette Deshoulières (v. 1634-1694) est l’auteur de poésies comme l’Idylle des Moutons ou Les Amours de Grisette.

La thèse que défend Moreau est qu’il y a trois catégories de criminels : les voleurs par profession, les voleurs par accident qui récidivent et les voleurs par accident qui ne récidivent pas. Il écarte « les brutes et les passionnels », qui selon lui « ne constituent pas un danger plus grand qu'un chien enragé. »

Il évalue le nombre des voleurs par profession en France à 300 000, sur une population inférieure alors à 40 millions d’habitants. Il postule que la prison, supposée les empêcher d'agir, « est un endroit infernal ». Elle serait un encouragement à la récidive : « Avec la promiscuité des prisonniers, c'est l'école de tous les vices, des débauches les plus crapuleuses. L'homme en sort plus pourri, moralement, qu'il n'y est entré et, grâce à la mauvaise nourriture qu'on lui donne, à l'hygiène déplorable qu'il y trouve, il quitte l'établissement anémié, veule, sans forces, incapable physiquement de gagner sa vie et parlant obligé de recommencer à voler. »

Poursuivant sa présentation, l’abbé oppose la sévérité du régime pénitentiaire aux adoucissements et aux faveurs « réservées aux bandits les plus incorrigibles » qui disposent d’argent ou de complices. Il explique que « grâce à la promiscuité dans la prison, la société n'est nullement protégée par l'internement du voleur. Si celui-ci a préparé un coup qui pouvait manquer par le fait de sa mise en prison, il en vend l'exécution avec tous les détails pour le faire à un camarade qui va finir son temps, et à son tour, au moment de sa sortie, il achète d'un nouvel arrivant le plan d'une expédition fructueuse. »

En venant au rôle des directeurs de prisons, Moreau parle d’un « arbitraire sans limite ». Il accuse certains d’entre eux de susciter des révoltes pour faire remarquer leur poigne.

Moreau ne voir qu’un remède, radical par rapport à l’organisation des prisons à cette époque, le système cellulaire : « Avec la cellule, la pourriture de prison ne peut se propager. Les voleurs de profession susceptibles d'un retour au bien ne s'amenderont que dans l'isolement. Les autres deviendront fous ou mourront. Faudrait-il les pleurer ? »

Continuant sa catégorisation, il passe aux voleurs par accident. « Une fois en prison, la pourriture les prend, les gangrène, et, quand ils sont sortis, l'accident est devenu habitude. » Quant à ceux  qui ne récidivent pas, l'abbé Moreau assure qu’il y en a bien peu : « j’en ai bien connu… deux. »

À suivre

 

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30 mai 2018 3 30 /05 /mai /2018 01:01

Suite de la biographie de Georges Moreau

Après avoir démissionné de l’aumônerie de la prison parisienne de la Grande-Roquette, l’abbé Moreau est nommé vicaire général de l’évêché et chanoine titulaire de la cathédrale de Langres (Haute-Marne). Une fonction qu’il ne va occuper que fort peu de temps de manière effective, puisque qu’il démissionne début mars, tout en étant nommé alors vicaire général honoraire de Langres, titre qu’il portera ensuite pendant le reste de sa carrière.

Ce sont les suites des activités éditoriales de Georges Moreau qui sont à l’origine du renoncement à sa nouvelle fonction. En février 1885, il publie une lettre ouverte à plusieurs journaux, reprise dans le Journal des villes et des campagnes ou Le Pays, dans laquelle il affirme sa totale fidélité avec la doctrine de l'Église catholique assurant, au sujet de ses propres écrits : « d’avance, je condamne tout ce que le Saint-Siège n’approuverait pas. » De manière rétroactive, il assure « Il y a des pages que je voudrais n’avoir jamais écrites. C’est pourquoi de moi-même j’ai retiré de chez mon éditeur les exemplaires qui restaient. Je n’ai qu’un désir : vivre et mourir non seulement dans une entière communion de croyances avec mes vénérés confrères, mais encore dans une pratique absolue de la réserve sacerdotale, et dans un respect aussi filial qu’inaltérable envers mes supérieurs. »

Toujours sollicité lors des débats parlementaires au Sénat sur la question de la suppression de la publicité des exécutions capitales en mai 1885, l'abbé Moreau va se lancer dans la rédaction d’un essai qu’il intitule Le Monde des prisons et qui est daté de 1887, mais déjà annoncé dans la presse à partir de février 1886.

Au travers des cas qu’il raconte, l’abbé Moreau essaie de faire vivre la prison, pointant du doigt son inhumanité. La Troisième République venait, en 1885, d’ouvrir les bagnes de Cayenne (Guyane) et de Nouvelle-Calédonie, Georges Moreau mettait en cause le sentiment de protection de la société, fondement de cette loi sécuritaire. Mais il avouait préférer encore la « guillotine sèche » du bagne à la « guillotine sanglante. »

Plus encore que les Souvenirs, ce nouvel ouvrage va avoir un impact dans l’opinion publique, suscitant des dizaines d’articles et une polémique virulente.

Dans un long article en Une du quotidien Le Figaro, le critique d’art Albert Wolff ouvre le bal, le 30 janvier 1887, en décrivant Georges Moreau comme « un abbé parisien quoiqu'il soit chanoine honoraire de Langres ; il est dans le train, comme on dit, c'est-à-dire en plein mouvement ». Il le crédite de qualités littéraires : « Ce prêtre est doublé d'un chroniqueur et il n'ignore aucune ficelle du métier. (…) [Il] connaît bien son public; il sait que pour lui faire avaler ses idées philosophiques il lui faut les cacher dans du pain à chanter, comme une mauvaise drogue dont le lecteur n'est pas friand. »

Le même Albert Wolff résume ensuite ce qu’il considère comme les idées philosophiques de M. l'abbé Moreau : « Il est au fond contre la peine de mort ; dans tous les cas, il trouve indigne de notre civilisation les honteuses exécutions sur la place publique. De plus, M. l'abbé est d'avis que la promiscuité de la prison répand le vice et rend impossible tout retour vers une vie honorable, car les anciens camarades de détention sont là pour l'empêcher. Ils s'accrochent à la vie de l'homme qui voudrait rentrer dans le sentier de la vertu ; ils le font chanter et, quoi qu'il fasse, il lui faudra bien devenir un récidiviste. L'abbé Moreau est donc pour le régime cellulaire et non pour la vie en commun dans les prisons. Je crois qu'il a raison. »

Mais ce que retient d’abord le journaliste du Figaro, ce sont les révélations sur la façon dont sont administrées les prisons. Pour lui, on entre dans l'invraisemblable et il ajoute « si tout autre qu'un ancien aumônier de la Grande-Roquette nous racontait ces choses, nous ne voudrions pas y ajouter foi un seul instant ». Il ajoute un commentaire personnel : « Un dimanche, j'ai vu à Mazas [autre prison parisienne] la distribution des rations de viande, ou plutôt d'une graisse jaunâtre dont mon chien ne voudrait pas ». Mais Wolff refuse de s’en indigner car, selon lui, « l'honnête homme est souvent plus misérable que le criminel. »

Wolff insiste sur ce qu’il considère comme le plus grave, la question des gardiens. L'abbé Moreau les dénonce comme trafiquant avec les détenus et se faisant en quelque sorte leurs complices pour de l'argent. Le détenu a donc en la personne de son gardien « un valet de chambre attentif à ses désirs, obéissant à ses ordres ». Le chroniqueur y voit une preuve de « l'incurie administrative, la crainte de faire un scandale ; le gardien-chef ferme les yeux, le directeur de la prison laisse aller les choses, la préfecture les ignore et le train-train ordinaire continue. »

En conclusion Albert Wolff considère que « l'abbé Moreau a rempli un devoir en divulguant toutes ces infamies, et il est de notre devoir à nous, journalistes de toutes les opinions, de les faire connaître au grand public qui nous lit ». Il assure ne pas partager « toutes les illusions de l'ancien aumônier de la Grande-Roquette », mais  s’interroge « que dire d'une société se disant civilisée et dans laquelle peuvent se commettre impunément des atrocités dans le genre de celles que relate l'abbé Moreau? » Et il appelle la Préfecture de police a le devoir d'intervenir dans le débat.

À suivre

 

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28 mai 2018 1 28 /05 /mai /2018 01:01

Suite de la biographie de Georges Moreau

C’est par arrêté préfectoral du 17 juin 1882 que l'abbé Moreau quitte sa fonction de curé de Joinville-le-Pont et devient aumônier de l'hôpital militaire Beaujon, à Paris : il bénéficie d’un en traitement de 2 000 francs en tant que fonctionnaire.

Moins d’un an et demi plus tard, il devient, le 12 octobre 1883, aumônier de la prison de la Grande-Roquette, dans le quartier du Père-Lachaise toujours à Paris, sur la proposition de l'archevêque de Paris. Il prend la suite de l’abbé Abraham Crozes (1806-1888) qui officia 43 années comme aumônier de prison et, pendant 22 ans, accompagna à l’échafaud 51 condamnés à mort, avec une réputation d’humaniste. Emprisonné pendant la Commune de Paris, il fut libéré par un capitaine communard, baptisé Révol. L’abbé Crozes fut l’un des fondateurs des Sociétés ouvrières de Saint François Xavier. On évalua à cinquante mille le nombre des petits et grands criminels à qui il prodigua l'assistance de son ministère.

L'abbé Moreau fait ses débuts devant la guillotine lors de l'exécution de Campi, un criminel qui mourut sans avoir voulu dévoiler sa véritable identité et fut donc enterré sous ce surnom. Accompagnant un autre condamné, Gamahut il remarquera que « tous les criminels sont spiritualistes. »

Georges Moreau publia, à partir de sa propre histoire et surtout des documents que lui confia l’abbé Crozes, des Souvenirs de la petite et de la grande Roquette en juillet 1884. Il inclut un dictionnaire d’argot, une des premières sources sur le parler populaire du peuple parisien. On y retrouve des lettres, des poèmes et textes de guillotinés, par exemple de La Pommerais, les confidences de Troppmann ou le compte-rendu des derniers instants d’un prêtre exécuté, Verger.

La publication répondait à la pensée constante de l’abbé Crozes, qui voulait susciter de la commisération sur les déchus et de plaider en quelque sorte les circonstances atténuantes devant la postérité, après avoir sauvé bien des têtes et avoir obtenu la commutation des peines pour un grand nombre.

L’écho de ces Souvenirs fut rapide et large. Mais l’opinion de la presse fut loin d’être unanime. Le quotidien catholique conservateur L'Univers proteste « contre l'oubli total des sentiments de convenance que suppose une publicité semblable donnée » aux documents inclus dans le livre. Il considère une page d’un journal de détenu « comme étant un outrage à la plus vulgaire décence. »

Le Figaro s’offusque que l'abbé Moreau ait obtenu du président de la République a grâce de criminels mais tient le livre pour « le plus curieux qui ait été écrit depuis longtemps ». Le quotidien de droite estime qu’en publiant l'histoire de la guillotine en deux volumes « Il a perdu deux excellentes occasions de se taire. »

Le journal littéraire et conservateur Le Gaulois assure que le seul nom de La Roquette éveille « un effroyable spectacle de crimes et d'assassinats commis en pleine civilisation, qui peut cependant; approfondi par le philosophe, servir d'utile enseignement. »

La Nouvelle revue, publication républicaine, remarque que les deux tomes de l’ouvrage « révèlent plus d'une erreur et d'une lacune dans l'administration de la justice criminelle en France et signalent plus d'une réforme indispensable. Il faut lire notamment les curieuses lettres d'un déporté à la Nouvelle-Calédonie; elles fournissent sur notre colonie pénitentiaire de précieux renseignements, que l'on chercherait en vain dans les rapports officiels, et qui font comprendre les dangers de la transportation à outrance. On se convaincra, en les lisant, que la Nouvelle-Calédonie est peut-être un excellent pénitencier, mais qu'elle ne deviendra jamais une véritable colonie. »

Pour le Journal des débats comme pour plusieurs de ses confrères, ce sont les prétentions littéraires de Georges Moreau qui choquent : « Si indulgent que l’on soit pour les petits écarts de la, vanité humaine, on doit regretter, que l’aumônier de la Roquette ait appelé tous les assassins illustres à rehausser l’éclat de sa propre apothéose. »

La Revue du Midi regrette que l'abbé Moreau parle avec une certaine légèreté des institutions d'autrefois : « Autant j'excuse les amateurs de vieilles porcelaines, autant je m’insurge quand ceux auxquels un peuple confie ses destinées gaspillent leur temps à recoudre de vieilles lois. »

Ce sont probablement les critiques contenues dans le livre qui vont susciter l’hostilité d’une partie du personnel. Accusé d’avoir transmis des lettres de prisonniers à des personnes du dehors, ce qui est défendu par les règlements, il est conduit à la démission après avoir été menacé de révocation et quitte ses fonctions le 1er janvier 1885.

Peu de jours avant, l'abbé Moreau assiste à une séance publique du Sénat pour discuter la proposition de d'Agénor Bardoux (arrière-grand-père du président Valéry Giscard d'Estaing) sur la non-publicité des exécutions capitales, étape pour lui avant l’abrogation de la peine de mort, où les arguments de son livre sont reprises.

Plusieurs conférences sur la peine de mort, tenues par le pasteur Hirsch en 1885, prennent précisément le livre de l'abbé Moreau comme point de départ. Dans les années 1960, la revue jésuite Études citera encore l’abbé Moreau : « Donner la mort à un homme, c'est le supprimer, ce n'est pas le punir ».

À suivre

 

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22 mai 2018 2 22 /05 /mai /2018 01:01

Georges Pierre Moreau naît le 14 octobre 1842 à Boissy-le-Sec (act. Boissy-lès-Perche, Eure-et-Loir), au château du Mesnil, propriété du maire de la commune, Florimond Denis de Beausacq. Il est le fils de Louise Charlotte Angelina Clément et de son époux, Édouard Moreau, percepteur receveur des contributions directes.

Après la fin de l’activité professionnelle de son père, la famille s’installe à Paris. Georges Moreau intègre le séminaire diocésain de Saint-Sulpice, à Issy-les-Moulineaux (Seine, act. Hauts-de-Seine) où il est sous-diacre en 1866.

Devenu prêtre, il est d’abord professeur à l’école Bossuet située rue Madame à Paris (6e arr.), avant d’en devenir directeur. Pendant la Commune de Paris, au printemps 1871, il demeure dans l’école, malgré les risques que rencontrent les religieux et leurs institutions. Déguisé en concierge, et il réclama lui-même une garde communarde pour les bâtiments de cet établissement, et la présence de celle-ci écarta tout danger.

Adhérent dès 1875 à la section parisienne du Club alpin français, fondée l’année précédente, Georges Moreau est un pionnier des « caravanes scolaires », emmenant avec lui des élèves en visite dans les pays alpins. Cette même année, l’abbé Moreau devient directeur de l'école Sainte-Anne à Saint-Ouen (Seine, act. Seine-Saint-Denis). En 1877, il conduit trois de ses élèves, du 9 août au 8 septembre, en Allemagne, Suisse et Italie. Il leur a fait visiter Heidelberg, Stuttgart et Munich, le lac de Constance, les Grisons, l'Engadine et la Valteline, Vérone, Venise, Brindisi, Naples, Rome, Florence, Milan et Turin.

En janvier 1877, les élèves et prêtres de l’école se mobilisent pour éteindre un incendie dans le voisinage, quarante de ses élèves participant à l’organisation des secours. L’institution de Sainte-Anne, belle propriété dont les terrasses dominent la Seine, préparait les enfants au baccalauréat et à l’école polytechnique. Le quotidien Le Gaulois estime qu’il dirigea avec « habileté et succès » cet établissement.

C’est peut-être Georges Moreau qui est prédicateur dans plusieurs églises parisiennes lors de la Toussaint ou pendant l’Avent, par exemple en 1871 à Saint-Eustache.

À suivre

 

 

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20 mai 2018 7 20 /05 /mai /2018 01:01

Auguste Blanchar naît le 10 novembre 1834 à Paris (6e arr.). Il est le fils de Valentine Thomas et de son mari Jean Blanchar. Il vit ensuite à Ménilmontant, alors commune indépendante. Après avoir été ordonné prêtre, il devient vicaire à Charonne, à Notre-Dame de la Croix de Ménilmontant, annexée au 20e arrondissement de Paris en 1860 puis à Saint-Eustache.

Fin décembre 1876, l’abbé Blanchar est nommé curé de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il y reste peu, puisqu’il est nommé curé de Notre-Dame de la Croix de Ménilmontant en septembre 1878. Il est réputé pour « une bonhomie pleine de charme » selon le quotidien L’Univers.

Tout en restant à son poste, l’abbé Blanchar devient en janvier 1893 nommé chanoine titulaire de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il est alors souvent chargé de prêches : pour le carême à Saint-Jean-Baptiste de Grenelle en 1894, à Vitry en 1895 et à Notre-Dame de Paris en 1896 ; pour l’avent à Saint-Laurent en 1896 et Saint-Denis de la Chapelle en 1898.

C’est le l’abbé Blanchar qui célèbre à Notre-Dame Paris en janvier 1895 le service funèbre à la mémoire de Mgr Sibour, archevêque de Paris, assassiné le 3 janvier 1857. C’est toujours luis qui chante, le 8 septembre 1895 à Saint-Denis de la Chapelle, la messe de commémoration du séjour de Jeanne d'Arc à la Chapelle.

Quittant sa cure, l'abbé Blanchar est nommé chanoine pénitencier de Notre-Dame de Paris, c’est-à-dire chargé du ministère de la prédication, de l'audition des confessions et de l'injonction des pénitents.

Auguste Blanchar meurt le 26 juillet 1900 à Paris (4e arr.) à son domicile du 14, rue Chanoinesse. Il était âgé de 65 ans et est inhumé au cimetière du Père-Lachaise au côté de sa mère.

La tombe de l'abbé Blanchar au cimetière du Père-Lachaise

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18 mai 2018 5 18 /05 /mai /2018 01:01

Marie Joseph Juhel naît le 26 mai 1823 à Paris (2e arr.). Il est le fils de Marie Françoise Bresson et de son mari, Jean Charles Juhel.

Il est ordonné prêtre le 17 juin 1848 à Paris, une semaine avant le début de l’insurrection ouvrière qui marque la fin de la révolution. L’abbé Juhel va servir dans des églises parisiennes : vicaire à Saint-Laurent en 1849, second vicaire à Saint-Marcel, puis premier vicaire à la Villette le 20 octobre 1857.

Prenant la succession de Jean Pierre Fayon, le père Juhel devient le second curé de Saint-Charles de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) le 19 décembre 1864. Il a administré la paroisse pendant la guerre de 1870, qui voit l’évacuation des habitants et des services municipaux, repliés à Paris, la destruction du pont qui reliait les deux rives de la Marne puis l’occupation par les troupes allemandes, l’abbé Juhel.

Il va contribuer à la décoration de l’église, recevant par exemple un chemin de croix en porcelaine, offert en 1868 par Didière Gille, veuve de Jean-Marie Gille, fabricant de porcelaines et créateur du quartier de Palissy sur la rive gauche de la Marne.

De grandes inondations ont lieu en mars 1876, sans doute parmi les plus importantes avec celles de 1910. Elles touchent 160 maisons, dont 37 sont évacuées et 300 personnes, soit plus du dixième de la population municipale de 2 900 habitants, doivent être secourues. Sur l’île Fanac, l’eau atteint le toit des bâtiments et seule surnage la cime des arbres.

L’abbé Juhel démissionne pour raisons de santé le 1er janvier 1877. Il est nommé aumônier de l’orphelinat Saint Charles, rue de Vaugirard à Paris. Il y meurt le 20 août 1883, âgé de 60 ans.

Il a déposé une collection de lettres, datant du 17e au 19e siècle, conservées au département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France.

L'église Saint-Charles

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16 mai 2018 3 16 /05 /mai /2018 01:01

Jean Pierre Fayon naît le 5 janvier 1807 à Montrouge (Seine, act. Hauts-de-Seine) dans un famille modeste. Sa mère est Héloïse Sophie Vauquelin et son père, Antoine Fayon, ouvrier journalier, ne sait pas signer.

Il est ordonné prêtre à Paris en 1833 et exerce d’abord dans la capitale. Il donne des conférences de l’avent en 1847 aux Blancs-Manteaux puis à Saint-Leu. Il aurait été vicaire, à Saint-Eustache et peut-être à Villetaneuse et Pierrefitte. Il est aumônier de la Maison centrale d'éducation correctionnelle (prison de La Roquette). Alors second vicaire des Batignolles, il est nommé premier vicaire de Saint-Nicolas-des-Champs en 1854.

En 1858 l’abbé Fayon quitte la capitale pour être affecté comme curé à Gennevilliers (Seine, act. Seine-Saint-Denis).

Deux ans plus tard, Jean Pierre Fayon devient le premier curé de la paroisse Saint-Charles, qui couvre le territoire de la commune de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). En l’an 10 (1802) La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, qui deviendra Joinville-le-Pont en 1831, était la seule des 77 communes du département de la Seine à n’avoir pas de titre paroissial, malgré une tentative inaboutie de changer de statut l’antique chapelle Saint-Léonard, qui tombait d’ailleurs en ruine. Les habitants restent donc rattachés à la paroisse Saint-Nicolas de Saint-Maur.

C’est Charles Chapsal (1787-1858), riche grammairien et maire de Joinville, puis sa veuve qui financent en grande partie l’édification de l’église, nommée ensuite Saint-Charles-Borromée pour lui rendre hommage. Le maire qui a succédé à Chapsal, mort en fonctions, est Auguste Courtin, son fils adoptif et héritier. La paroisse est officiellement créée par décret impérial du 22 août 1860, Joinville ayant alors une population de 1 750 habitants.

Quittant Joinville pour retourner dans le Nord-Ouest du département, l'abbé Fayon devient curé de Saint-Ouen en décembre 1864. Il l’est toujours en mai 1873, quand le journal Le Figaro le choisit comme caissier pour gérer les fonds qu’il a recueilli pour les victimes des inondations de la Seine, soit 1 760 francs pour onze familles. Mais depuis plusieurs années, il avait demandé à l'archevêché une cure moins importante, évoquant sa fatigue.

Il obtient satisfaction en juin de la même année, et rejoint Le Bourget. Son arrivée est fêtée par une grande procession. Mais il démissionne rapidement et est remplacé en février 1874 ; étant nommé aumônier de l'Hôtel-Dieu de Saint-Denis. Toujours à Saint-Denis, il devient aumônier des carmélites en juillet 1876.

Étant déjà chanoine honoraire de Nancy, l'abbé Fayon est nommé en septembre 1877 chanoine honoraire du second ordre au chapitre de Saint-Denis.

Prenant sa retraite pour raison de santé en février 1882, l'abbé Fayon s’installe à Sens (Yonne) où il réside chemin de l’Esplanade. Il y meurt le 18 avril 1882 à l’âge de 75 ans.

Deux ouvrages signés par Jean Pierre Fayon sont signalés en 1872 : 50 cours d'instructions religieuses à l'usage des enfants de première communion et de persévérance ainsi que Instructions pour une retraite de première communion.

L'église Saint-Charles

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14 mai 2018 1 14 /05 /mai /2018 01:01

Paul Eugène Henry Jodelay naît le 5 avril 1884 à Malakoff (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il est  fils d’Alix Jeanne Charlot, couturière, et de son époux Eugène Jean Baptiste Paul Jodelay, piqueur des ponts et chaussées.

Embauché en décembre 1899 par la préfecture de la Seine, à l’âge de 15 ans, Paul Jodelay y travaille comme commis dessinateur au service des chemins de fer métropolitains. Il est en 1920 au Service de la voie publique, du nettoiement, de l'éclairage et des plantations puis en 1921 au service d'Architecture. Il réussit le concours de conducteur des travaux de Paris en 1927, affecté au bureau de la comptabilité de la direction des services d'Architecture et des Promenades.

Ayant effectué un service militaire en 1903-1904, Paul Jodelay est lieutenant de réserve en 1934. Son frère, Jean Isidore, a été tué pendant la première guerre mondiale.

Installé avec ses parents dans le Bois de Vincennes à la Ferme de la Faisanderie de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en 1902, Jodelay dispose d’un logement personnel dans la commune, rue de Paris, en 1909. Il se marie en avril de cette année à Paris (19e arr.) avec Rachel Amélie Massé, puis est veuf dès novembre 1911. Il se remarie avec Lucie Isabelle Guillaume.

Le club cycliste Joinville Sportif confie en avril 1924 le poste de secrétaire général à Jodelay, en remplacement de René Henri Graillat. Ses deux frères, Eugène et Henri, seront eux-aussi administrateurs du club. Il est vice-président en 1929 et réélu à ce poste en octobre. Il en est le président en 1933.

C’est sans doute son père Eugène Jodelay (mais ce peut également être Paul) qui est candidat lors des élections municipales de novembre 1919 sur la liste libérale du Bloc indépendant conduite par Jules Beauvais, conseiller municipal. La liste n’a pas d’élu et se retire au second tour, qui voit la victoire d’Henri Vel-Durand, élu maire.

Lors des élections municipales partielles d’octobre 1934, Paul Jodelay est candidat sur la liste des républicains indépendants, proche de la majorité municipale de cartel des gauches, et menée par Antoine Liou. Elle s’oppose à une liste de concentration républicaine, plus marquée à droite, et à deux listes communiste et socialiste. Jodelay recueille 602 voix sur 2 297 suffrages exprimés (26,2%) pour 2 360 votants et 3 225 inscrits. La liste n’a pas d’élu et se retire au second tour devant celle de concentration républicaine.

L’année suivante, avec les élections municipales générales de mai 1935, Jodelay rejoint la liste de l’Union des républicains, dont Frédéric Bautsch est le promoteur. Face à la municipalité sortante de centre-gauche, dirigée par Georges Briolay, et aux listes communiste et socialiste, l’Union des républicains, nettement marquée à droite, est en tête au premier tour. Jodelay obtient 937 voix sur 2 856 suffrages exprimés (32,8%) pour 2 923 votants et 3 433 inscrits. Elle emporte au second tour, marqué par l’union des candidatures de gauche, 25 des 27 sièges à pourvoir, les communistes en ayant deux. Jodelay est élu après avoir enregistré 1 171 voix sur 2 899 suffrages exprimés (40,4%) pour 2 924 votants. Emile Lesestre est élu maire.

Paul Eugène Jodelay décède le 6 décembre 1936 à Joinville. Il était âgé de 52 ans et veuf de sa deuxième épouse depuis mars 1934. Il vivait dans le quartier de Palissy, avenue Galliéni. Son fils Roger Eugène Paul (né en 1913), orphelin, obtient un secours du conseil municipal de Paris 1937. Sergent pendant la deuxième guerre mondiale, il est fait prisonnier et détenu au camp de Charleville dans les Ardennes françaises. C’est probablement lui qui, ingénieur chimiste, rejoint en 1958 l’Association des anciens de la météorologie militaire. Est-ce lui le Roger Jodelay, décorateur de cinéma sur plusieurs films (La Communication, de Domingue Rollin ou Topaze, de Marcel Pagnol) et productions télévisuelles (Vieille France d’André Michel  ou Les Enquêtes du commissaire Maigret) ?

Paul Jodelay était titulaire de plusieurs décorations : médaille d’honneur communale en décembre 1927, chevalier du Nichan el-Anouar au titre de l’exposition coloniale en mai 1933, médaille d'argent de l’éducation physique en septembre 1934.

Le bureau de Joinville Sportif en 1933

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