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9 octobre 2024 3 09 /10 /octobre /2024 00:01

Suite de la biographie de Gaston Marot

Au cours des années 1870, Gaston Marot, auteur prolifique, produit des opérettes, comme Un télégramme, écrite avec Henry Buguet, sur une musique de Victor Robillard (1870) et des chansonnettes, toujours avec le même musicien. Il s’associe à Clairville pour une revue fantaisiste, Aristophane à Paris (1873). Son drame, Le Pont-Marie, est présenté à l’Alhambra national de Bruxelles en février 1874.

Gaston Marot s’associe à un autre auteur dramatique, Léon Pournin, pour reprendre en janvier 1875 le Théâtre-Cluny, boulevard Saint-Germain (Paris, 5e arr.). Le chroniqueur théâtral du quotidien Le Figaro s’interroge : « Qui peut les avoir poussés à jouer les pièces des autres lorsqu'on a déjà tant de mal à faire jour les siennes ? J'espère bien qu'ils respecteront les mœurs placides de ce théâtre, qui est presque, un théâtre de province. »

Leur première représentation est La Vie infernale, drame de Georges Richard. La gestion de l’établissement semble compliquée, puisque le théâtre est mis en vente en décembre 1875, dans une ambiance de conflit entre les deux directeurs.

Marié en juillet 1877 à Paris (19e arr.) à Sophie Eugénie Collard, fille d’un commissionnaire en vins, Gaston Marot poursuit une activité intense sur la scène parisienne. Il propose cette année-là à Bobino une revue ; l’année suivante, il offre deux opérettes, des chants patriotiques et un drame, Le Docteur Jackson, monté au Château-d’Eau.

Fin 1879 et début 1880, Gaston Marot tient une rubrique « Échos et nouvelles » des théâtres dans le quotidien Le Globe. Il collaborera aussi au Gaulois.

La décennie 1880 est sans doute la plus prolifique, avec des bouffonneries et vaudevilles, mais aussi des opéras-comiques. Le Ménétrier de Meudon, sur une partition de Germain Laurens, est programmé aux Fantaisies-Parisiennes en septembre 1880. La Cour d’amour, musique de Charles Hubans, est à l’affiche de l’Alcazar royal de Bruxelles en décembre 1882. Le Clairon, sur une musique de Georges Jacobi, est au théâtre de la Renaissance de Paris en novembre 1883.

Les affaires militaires et historiques intéressent aussi Gaston Marot, qui écrit un drame, Kléber, en 1882 et Les Français au Tonkin, en 1885. La même année, il livre Le Cardinal Dubois, La Convention nationale, et L'Ouvrier du faubourg. La Casquette au père Bugeaud, en 1886. La préparation de la pièce au théâtre du Château-d'Eau est l’objet d’un incident, qui sera traité au tribunal d’instance de Paris en mars. Gaston Marot témoigne dans le quotidien Le Matin : « J’étais dans la salle, suivant, avec anxiété mon premier acte qui n'était pas au point. J'étais fort énervé ! Tout à coup j'aperçus le sergent de pompiers qui non seulement avançait la tête sur la scène mais même entrait on scène (…) Perdant patience (…) je m'écriai Fichez donc le camp de là, pompier ! » S’estimant outragés, les pompiers portèrent plainte. Gaston Marot fut condamné à 25 francs d'amende – mais sa hiérarchie admonesta le pompier importun.

Poursuivant sa fibre biographique, Marot présente Augereau, en 1887 puis en 1889 Desaix. Les faits-divers l’inspirent également, et il a un certain succès avec Jack l'éventreur, drame qu’il cosigne avec Louis Péricaud, donné au théâtre du Château-d'Eau en août 1889.

Lors de l'assemblée générale de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques en mai 1889, Gaston Marot provoque un incident. Il considère que le contrôleur général « ne contrôle rien du tout, qu'il ne rend aucun service à la Société et que, par conséquent, ses 6,000 francs d'appointements seraient infiniment mieux employés en pensions à de vieux sociétaires ». Son intervention provoque un vrai tumulte, mais sa proposition est écartée. En mai 1892, Gaston Marot est candidat à l’élection des membres de la commission de l’association, mais il n’est pas élu.

Entre août et novembre 1889, le quotidien La France insère en feuilleton un roman, Mère et Fille, signé Gaston Marot-Belle. Il a peut-être construit ce pseudonyme en référence à sa belle-sœur, Marguerite Caillard dite Belle, épouse de son frère cadet Amédée Marot ; elle a peut-être collaboré à l’écriture.

Les année 1890 voient quelques uns des principaux succès de Gaston Marot. Il tire La Petite Mionne, du roman d'Émile Richebourg pour un drame présenté au Théâtre-historique de Paris en novembre 1890. En 1895, il donne Les Aventures de Thomas Plumepatte, au Théâtre de la République et adapte Le Fils de Lagardère, de Paul Féval. La Goualeuse, drame écrit avec Alévy en 1898 sera probablement sa pièce la plus reprise ultérieurement.

Après un bref passage au Raincy (Seine-et-Oise, act. Seine-Saint-Denis) en 1885, la famille Marot s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en 1886, dans le quartier de Palissy, rue de Brie (act. av. Gallieni). Le chroniqueur du quotidien Le Soir, J. des G., lui rend visite en novembre 1895, voyant en lui un « honnête fournisseur d’amusements » et le qualifie « d’excellent citoyen et bon père de famille » qui vit paisiblement à Joinville. Il chiffre sa production, qui n’est pas terminée, à 180 pièces.

Au cours des années 1900, continue dans la trame vaudevillesque avec La Fille du sergot au Château-d’Eau en février 1900. De nouveau avec Alévy, il donne Le Drame de la rue Murillo, pièce ambitieuse, en 1902 au théâtre de l'Ambigu. De retour à l’Alhambra de Bruxelles, il monte en septembre 1903 Le Tour du monde à pied. Tentant de reprendre le Gant rouge, sur une ébauche de jeunesse d’Edmond Rostand, il n’a aucun succès et la Société des auteurs intervient en juillet 1903 pour régler le conflit entre les deux écrivains.

C’est la censure officielle qui, en juin 1904, impose à Gaston Marot de faire de nombreuses modifications dans la pièce Le Rabiot, préparée pour le Théâtre-Cluny. Après un drame, Casse-museau, en 1906, la dernière pièce connue de Gaston Marot, faite en collaboration avec Victor Darlay, s’intitule Les Aventures de Gavroche. Elle est à l’affiche du Châtelet en janvier 1909.

Depuis 1904, la famille Marot a rejoint Montmorency (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise) et s’est installée avenue des Acacias.

Antoine Adolphe dit Gaston Marot meurt le 1er décembre 1916 à Marseille (Bouches-du-Rhône), où il séjournait rue Paradis, avec son épouse. Le Petit Marseillais publie une courte nécrologie, soulignant que « auteur dramatique et romancier, il eut des succès notoires » et annonce une messe de sortie de deuil le 14 décembre en l’église Saint-Adrien (8e arr., remplacée en 1920 par la basilique du Sacré-Cœur). La Société des auteurs et compositeurs dramatiques salue sa mémoire en mai 1917, parmi les auteurs « qui n'auront pu attendre l'heure de la victoire », comme Émile Verhaeren et Octave Mirbeau.

Les pièces de Gaston Marot continuent d’être à l’affiche des théâtres de boulevard parisiens dans les années 1920 et 1930 et même au cours de la deuxième guerre mondiale. Une partie de son œuvre est disponible, en téléchargement, sur la plateforme numérique de la Bibliothèque nationale de France, Gallica. Mort à l’âge de 79 ans, il était père de cinq enfants, dont quatre de son mariage avec Sophie Collard, parmi lesquels trois sont morts très jeunes. Il était décoré des Palmes académiques comme officier d'académie.

Fin

Les Français au Tonkin, pièce de Gaston Marot (1885)

 

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9 octobre 2024 3 09 /10 /octobre /2024 00:01

Suite de la biographie de Gaston Marot

Au cours des années 1870, Gaston Marot, auteur prolifique, produit des opérettes, comme Un télégramme, écrite avec Henry Buguet, sur une musique de Victor Robillard (1870) et des chansonnettes, toujours avec le même musicien. Il s’associe à Clairville pour une revue fantaisiste, Aristophane à Paris (1873). Son drame, Le Pont-Marie, est présenté à l’Alhambra national de Bruxelles en février 1874.

Gaston Marot s’associe à un autre auteur dramatique, Léon Pournin, pour reprendre en janvier 1875 le Théâtre-Cluny, boulevard Saint-Germain (Paris, 5e arr.). Le chroniqueur théâtral du quotidien Le Figaro s’interroge : « Qui peut les avoir poussés à jouer les pièces des autres lorsqu'on a déjà tant de mal à faire jour les siennes ? J'espère bien qu'ils respecteront les mœurs placides de ce théâtre, qui est presque, un théâtre de province. »

Leur première représentation est La Vie infernale, drame de Georges Richard. La gestion de l’établissement semble compliquée, puisque le théâtre est mis en vente en décembre 1875, dans une ambiance de conflit entre les deux directeurs.

Marié en juillet 1877 à Paris (19e arr.) à Sophie Eugénie Collard, fille d’un commissionnaire en vins, Gaston Marot poursuit une activité intense sur la scène parisienne. Il propose cette année-là à Bobino une revue ; l’année suivante, il offre deux opérettes, des chants patriotiques et un drame, Le Docteur Jackson, monté au Château-d’Eau.

Fin 1879 et début 1880, Gaston Marot tient une rubrique « Échos et nouvelles » des théâtres dans le quotidien Le Globe. Il collaborera aussi au Gaulois.

La décennie 1880 est sans doute la plus prolifique, avec des bouffonneries et vaudevilles, mais aussi des opéras-comiques. Le Ménétrier de Meudon, sur une partition de Germain Laurens, est programmé aux Fantaisies-Parisiennes en septembre 1880. La Cour d’amour, musique de Charles Hubans, est à l’affiche de l’Alcazar royal de Bruxelles en décembre 1882. Le Clairon, sur une musique de Georges Jacobi, est au théâtre de la Renaissance de Paris en novembre 1883.

Les affaires militaires et historiques intéressent aussi Gaston Marot, qui écrit un drame, Kléber, en 1882 et Les Français au Tonkin, en 1885. La même année, il livre Le Cardinal Dubois, La Convention nationale, et L'Ouvrier du faubourg. La Casquette au père Bugeaud, en 1886. La préparation de la pièce au théâtre du Château-d'Eau est l’objet d’un incident, qui sera traité au tribunal d’instance de Paris en mars. Gaston Marot témoigne dans le quotidien Le Matin : « J’étais dans la salle, suivant, avec anxiété mon premier acte qui n'était pas au point. J'étais fort énervé ! Tout à coup j'aperçus le sergent de pompiers qui non seulement avançait la tête sur la scène mais même entrait on scène (…) Perdant patience (…) je m'écriai Fichez donc le camp de là, pompier ! » S’estimant outragés, les pompiers portèrent plainte. Gaston Marot fut condamné à 25 francs d'amende – mais sa hiérarchie admonesta le pompier importun.

Poursuivant sa fibre biographique, Marot présente Augereau, en 1887 puis en 1889 Desaix. Les faits-divers l’inspirent également, et il a un certain succès avec Jack l'éventreur, drame qu’il cosigne avec Louis Péricaud, donné au théâtre du Château-d'Eau en août 1889.

Lors de l'assemblée générale de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques en mai 1889, Gaston Marot provoque un incident. Il considère que le contrôleur général « ne contrôle rien du tout, qu'il ne rend aucun service à la Société et que, par conséquent, ses 6,000 francs d'appointements seraient infiniment mieux employés en pensions à de vieux sociétaires ». Son intervention provoque un vrai tumulte, mais sa proposition est écartée. En mai 1892, Gaston Marot est candidat à l’élection des membres de la commission de l’association, mais il n’est pas élu.

Entre août et novembre 1889, le quotidien La France insère en feuilleton un roman, Mère et Fille, signé Gaston Marot-Belle. Il a peut-être construit ce pseudonyme en référence à sa belle-sœur, Marguerite Caillard dite Belle, épouse de son frère cadet Amédée Marot ; elle a peut-être collaboré à l’écriture.

Les année 1890 voient quelques uns des principaux succès de Gaston Marot. Il tire La Petite Mionne, du roman d'Émile Richebourg pour un drame présenté au Théâtre-historique de Paris en novembre 1890. En 1895, il donne Les Aventures de Thomas Plumepatte, au Théâtre de la République et adapte Le Fils de Lagardère, de Paul Féval. La Goualeuse, drame écrit avec Alévy en 1898 sera probablement sa pièce la plus reprise ultérieurement.

Après un bref passage au Raincy (Seine-et-Oise, act. Seine-Saint-Denis) en 1885, la famille Marot s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en 1886, dans le quartier de Palissy, rue de Brie (act. av. Gallieni). Le chroniqueur du quotidien Le Soir, J. des G., lui rend visite en novembre 1895, voyant en lui un « honnête fournisseur d’amusements » et le qualifie « d’excellent citoyen et bon père de famille » qui vit paisiblement à Joinville. Il chiffre sa production, qui n’est pas terminée, à 180 pièces.

Au cours des années 1900, continue dans la trame vaudevillesque avec La Fille du sergot au Château-d’Eau en février 1900. De nouveau avec Alévy, il donne Le Drame de la rue Murillo, pièce ambitieuse, en 1902 au théâtre de l'Ambigu. De retour à l’Alhambra de Bruxelles, il monte en septembre 1903 Le Tour du monde à pied. Tentant de reprendre le Gant rouge, sur une ébauche de jeunesse d’Edmond Rostand, il n’a aucun succès et la Société des auteurs intervient en juillet 1903 pour régler le conflit entre les deux écrivains.

C’est la censure officielle qui, en juin 1904, impose à Gaston Marot de faire de nombreuses modifications dans la pièce Le Rabiot, préparée pour le Théâtre-Cluny. Après un drame, Casse-museau, en 1906, la dernière pièce connue de Gaston Marot, faite en collaboration avec Victor Darlay, s’intitule Les Aventures de Gavroche. Elle est à l’affiche du Châtelet en janvier 1909.

Depuis 1904, la famille Marot a rejoint Montmorency (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise) et s’est installée avenue des Acacias.

Antoine Adolphe dit Gaston Marot meurt le 1er décembre 1916 à Marseille (Bouches-du-Rhône), où il séjournait rue Paradis, avec son épouse. Le Petit Marseillais publie une courte nécrologie, soulignant que « auteur dramatique et romancier, il eut des succès notoires » et annonce une messe de sortie de deuil le 14 décembre en l’église Saint-Adrien (8e arr., remplacée en 1920 par la basilique du Sacré-Cœur). La Société des auteurs et compositeurs dramatiques salue sa mémoire en mai 1917, parmi les auteurs « qui n'auront pu attendre l'heure de la victoire », comme Émile Verhaeren et Octave Mirbeau.

Les pièces de Gaston Marot continuent d’être à l’affiche des théâtres de boulevard parisiens dans les années 1920 et 1930 et même au cours de la deuxième guerre mondiale. Une partie de son œuvre est disponible, en téléchargement, sur la plateforme numérique de la Bibliothèque nationale de France, Gallica. Mort à l’âge de 79 ans, il était père de cinq enfants, dont quatre de son mariage avec Sophie Collard, parmi lesquels trois sont morts très jeunes. Il était décoré des Palmes académiques comme officier d'académie.

Fin

Les Français au Tonkin, pièce de Gaston Marot (1885)

 

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7 octobre 2024 1 07 /10 /octobre /2024 15:43

Début de la biographie de Gaston Marot

Antoine Adolphe Marot naît le 13 août 1837 à Rochefort (Charente-Inférieure, act. Charente-Maritime). Il est le fils de fils Pierre Maury Marot et de son épouse Rosalie Martin. Ses parents habitent rue des Fonderies, où le père est marchand de vin.

Selon Philippe Duprat, président de la Société de géographie de Rochefort, qui lui consacre un article biographique dans la revue de l’association Roccafortis en janvier 2001, Antoine Adolphe Marot fait ses études à Rochefort. Il est embauché à 17 ans, en février 1855 par le commissariat de la Marine, basé dans la ville, en tant qu'écrivain auxiliaire attaché au détail des armements. Il devient titulaire en 1856. Peut-être du fait de son état de santé, il est affecté à Royan (Charente-Inférieure, act. Charente-Maritime), soigné à l’hôpital militaire et affecté à la gestion des approvisionnements. Il revient en janvier 1858 à Rochefort, puis donne sa démission en janvier 1859.

Quittant le territoire charentais quelques mois avant le décès de son père, Antoine Adolphe Marot rejoint Paris où il devient clerc d'avoué. Il va cependant rapidement abandonner le travail juridique pour se consacrer au théâtre. Il change alors son prénom et adopte celui de Gaston. Sa mère vit également à Paris en 1868, rue de la Folie-Méricourt (11e arr.).

La première œuvre signée Gaston Marot est un vaudeville en un acte, Les Amours de M. Peutimporte, qu’il présente, au Théâtre Beaumarchais de Paris, situé dans le boulevard éponyme (4e arr.). Au cours des années suivantes, il présente de nombreux autres vaudevilles, toujours à Beaumarchais mais aussi dans d’autres salles parisiennes, comme les Délassements-Comiques, le Théâtre de la Bastille, le Théâtre Lafayette ou les Nouveautés. En septembre 1866, Gaston Marot revient dans sa ville d’origine pour présenter, devant un vaste public, Train direct pour Rochefort.

Ces pièces sont typiques des comédies de boulevard ; à côté des vaudevilles, on compte des parodies, des revues, des dîners… Il utilise également le genre patriotique, comme dans le Retour du zouave en 1866 et écrit aussi des drames, tels Le Pont du Diable (1867). Depuis 1866, Marot est membre de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques.

En janvier 1868 à Paris (10e arr.) naît un enfant, prénommé Gaston Michel Charles, présenté par la sage-femme qui l’a accouché boulevard Saint-Denis comme étant de père et mère non nommés. Antoine Adolphe Marot, qui se déclare comme homme de lettres et réside rue de Belleville, reconnaît en décembre 1873 dans une déclaration à la mairie du 19e arrondissement de Paris être le père de l’enfant, qui porte ensuite son patronyme.

La mère n’est jamais identifiée dans les documents d’état-civil. Selon la généalogie familiale, diffusée par Tiphaine Marette (Geneanet), il s’agirait de la « sœur d'Antoine Marot, grand-mère Lacaze ». Jeanne Rosalie Lodoïska Marot, née en septembre 1835 à Rochefort, épouse en juillet 1868 à Paris (11e arr.) Jean Lacaze, capitaine à l’état-major de l’infanterie de marine où il officie comme inspecteur des affaires indigènes. À sa mort, en juillet 1917 à Clichy (Seine, act. Hauts-de-Seine), c’est la veuve de son fils présumé, Marie Jaouennet, qui déclare son décès à l’état-civil. Gaston Michel Charles Marot fait carrière dans les troupes de marine, au Sénégal, au Soudan (act. Mali), en Nouvelle-Calédonie puis en Guyane, où, avec un grade d’officier de réserve, il devient fonctionnaire civil dans l’administration pénitentiaire puis chef du cabinet du gouverneur de la colonie, Fernand Lévecque. Il y décède en août 1914. Il laisse six enfants, dont l’aîné des garçons, également nommé Gaston Marot, meurt en opérations en juin 1916 au cours de la première guerre mondiale.

Pendant le siège de Paris par les forces allemandes, en novembre 1870, une poésie de Gaston Marot, La Journée de Châteaudun, est dite au théâtre du Château-d’Eau par le comédien Henri Roze.

À suivre

Gaston Marot

 

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24 septembre 2024 2 24 /09 /septembre /2024 01:01

Suite de la biographie de Charles Laurent Parvy, maire de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur puis de Nogent-sur-Marne

 

Charles Laurent Parvy, ancien maire de La Branche du Pont de Saint-Maur s’installe à Nogent-sur-Marne où il séjourne au moins à partir de prairial an 3 (mai-juin 1795). Il est présenté comme marchand de vin et restaurateur. Lui-même indique être pâtissier et traiteur. Il exploite un établissement à la Porte du Parc (en lisière du Bois de Vincennes). Il continue d’entretenir des relations familiales à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur.

Il fait faillite en 1826 et ses biens sont vendus par adjudication les 1er avril et 29 juillet 1827 selon le répertoire d’un notaire de Charenton, cité par Gérard Blanc-Césan. Son activité après cette date n’est pas connue.

D’après l’historien Jean Roblin, Charles-Laurent Parvy aurait été membre de la franc-maçonnerie.

En l’an 5 (1796-1797), Charles-Laurent Parvy est nommé par le Directoire adjoint municipal de Nogent-sur-Marne (département de Paris, act. Val-de-Marne). Il assure notamment la fonction d’officier d’état-civil.

Plusieurs personnalités exercent pendant cette période la fonction d’agent municipal : Alexandre Nicolas Dudoit, menuisier (antérieurement et ultérieurement maire de Nogent), Nicolas Michel Gary ainsi que Jean Baptiste Coiffier, vigneron. Ces trois personnes font partie, comme Charles-Laurent Parvy, des francs-maçons nogentais. Les agents municipaux sont membres de la municipalité du canton.

Après l’instauration du Consulat, la constitution de l’an 8 fut promulguée et les municipalités collectives furent supprimées. Chaque commune eut à nouveau un maire, un ou deux adjoints et un conseil municipal. Ils n’étaient plus soumis à l’élection, mais nommés par le pouvoir exécutif, en l’occurrence le préfet. Charles-Laurent Parvy fut nommé maire de Nogent sur Marne en messidor an 8 (juin-juillet 1800). Il est à nouveau désigné maire le 15 pluviôse an 9 (14 février 1801) et prête serment sur la constitution de l'an 12. Parvy exerce cette fonction jusqu’en janvier 1808 ; il est remplacé par Léonard Michel Loubet, nommé le 2 mai 1808.

Charles-Laurent Parvy résidait en 1834 à Paris (9e arr.), rue Montholon, avec son fils. Il est décédé vers le 12 avril 1837 dans cet arrondissement, âgé de 76 ans. Il a été inhumé le 14 avril au cimetière du Père-Lachaise (Paris, 20e arr.) dans la dépulture des Auziots, en compagnie de 13 autres personnes. Cette fosse commune accueillait plusieurs dizaines de cadavres d’indigents chaque semaine.

Fin

Signature de Charles Laurent Parvy, maire de Nogent-sur-Marne

 

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22 septembre 2024 7 22 /09 /septembre /2024 01:01

Début de la biographie de Charles Laurent Parvy, maire de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur puis de Nogent-sur-Marne

Charles-Laurent Parvy, dont le nom est parfois orthographié Parvi ou Parvis et qui signe « Parvÿ », est né en 1761. Il est le fis de de Marie Madeleine Contour et de son époux Pierre Jacques Parvy, marchand chandelier à Paris. Il épouse Denise Adelaïde Angot en février 1791 à Vincennes, département de Paris (aujourd’hui Val-de-Marne). Ils auront trois enfants.

Il réside au début de la Révolution française à La Branche du Pont de Saint-Maur et exerce la profession de marchand.

Charles-Laurent Parvy fait partie en 1792 des onze électeurs du onzième canton du département de Paris, celui de Vincennes qui sont désignés pour l’Assemblée électorale de Paris. Sept d’entre eux sont domiciliés à Vincennes, deux au Petit-Bercy, un à Fontenay-sous-Bois ; Parvy réside à La Branche du Pont de Saint-Maur.

La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur a été érigée en commune en 1790, à partir d’un village dépendant de la paroisse Saint-Nicolas de Saint-Maur. Elle deviendra Joinville-le-Pont en 1831.

En tant qu’électeur désigné par les « citoyens actifs » de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, Charles-Laurent Parvy succède à Jean-Charles Contour, son oncle, qui siège en 1790 et à Jean Acher qui a été élu en 1791. L’assemblée électorale de Paris cesse de fonctionner en l’an 2 (1793). Elle désigne l’ensemble des fonctionnaires soumis à élection, notamment les juges, le procureur, l’évêque, les curés, les députés et les administrateurs du département.

Charles-Laurent Parvy est en 1793 un des notables de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur. Il est membre du conseil général (équivalent du futur conseil municipal), sans doute élu en novembre 1792 avec Nicolas Lheureux comme maire.

Réélu officier d’état civil de la commune le 4 avril 1793, il devient maire en l’an 2 ; il signe pour la première fois en tant que maire un document d’état-civil le 22 pluviôse an 2 (10/02/1794). La municipalité a comme officiers municipaux Louis Lucot, blanchisseur, et Jean Lejeune, maréchal-expert. Charles-Laurent Parvy signe une grande partie des actes d’état-civil de la commune. Il exerce la fonction jusqu’à la suppression des maires de communes en l’an 3 (août 1795) ; il était toujours en fonction le 27 ventôse an 3 (17/03/1795). Jean Acher, ancien procureur de la commune, lui succède, faisant fonction de maire en tant qu’agent municipal et membre de la municipalité de canton.

Avant la mise en œuvre de la Constitution de l'an 3, le maire, les deux officiers municipaux et le procureur sont élus pour 2 ans par les citoyens actifs (payant des impôts) au scrutin individuel ; six notables sont élus au scrutin de liste et à la « simple pluralité relative des suffrages ». Les notables et le corps municipal forment le conseil général de la commune. Un secrétaire greffier est choisi à la pluralité des voix par le conseil général, qui peut désigner dans les mêmes conditions un trésorier si le conseil général le trouve nécessaire, ce qui fut le cas à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur. Le maire est rééligible une fois (loi du 14 décembre 1789). Les notables et officiers municipaux sont réélus par moitié tous les ans le premier dimanche après la Saint Martin (11 novembre).

Charles-Laurent Parvy ne figure pas sur la liste des maires de La Branche du Pont de Saint-Maur affichée en mairie de Joinville-le-Pont, ni sur la liste publiée dans l’ouvrage commémoratif de la commune en 1981. Son nom figure par contre dans l’ouvrage historique de Basile Nivelet.

La constitution de l’an 3, qui institue le Directoire, réduisit le nombre des municipalités à une seule par canton (octobre 1795). Les maires de cantons sont assistés par des agents et adjoints municipaux.

À suivre

Signature de Charles Laurent Parvy, maire de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur

 

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20 septembre 2024 5 20 /09 /septembre /2024 01:01

Charles Louis Jules Lefebvre (ou Lefèvre) naît le 8 avril 1905 à Lille (Nord). Il est le fils de Joséphine Marie de Schryver, couturière d’origine belge et de son mari, Louis Antoine Lefebvre, menuisier qui vivent rue du Sec-Arembault, dans le centre-ville.

Après avoir sans doute suivi le séminaire d’Issy-les-Moulineaux (Seine, act. Hauts-de-Seine) il est ordonné prêtre catholique du diocèse de Paris en 1932. En juillet la même année, il est nommé vicaire de l’église Saint-Denis de l’Estrée à Saint-Denis (Seine, act. Seine-Saint-Denis).

Toujours vicaire, il rejoint l’église Saint-Roch, dans le quartier du Palais-Royal à Paris (1er arr.) en mai 1938.

Il est en 1955 curé de la paroisse Saint-Charles-Borromée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il prend la succession de l’abbé Augustin Baudot.

En mai 1956, l’abbé Lefebvre organise la commémoration du centenaire de la paroisse. La première pierre de l’église Saint-Charles avait été posée le 24 avril 1856. À cette occasion, la cloche Reine-Marie-Andrée-Antoinette est baptisée. Elle a pour parrains MM. Mabille et Deseveaux, et marraines Mmes Dosse et Lambert ; elle porte la devise « Je sonne la concorde ». La cérémonie permet également de célébrer les noces d’or sacerdotales de l’abbé Baudot, prédécesseur de Lefebvre.

Le successeur de Charles Lefebvre est l’abbé André Rideau, qui est en poste en 1969.

L’abbé Charles Lefebvre meurt le 13 février 2000 à Paris (14e arr.). Il était âgé de 94 ans.

Église Saint-Charles-Borromée à Joinville-le-Pont, années 1960

 

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10 septembre 2024 2 10 /09 /septembre /2024 16:39

Laurent Joseph Marie Lozet naît le 9 septembre 1868 à Paris (4e arr.). Il est le fils de Brigide Raffort, couturière, et de son époux Antoine Auguste Lozet, journalier. Mal orthographié sur l’acte de naissance qui porte « Lezet », son nom est rectifié par jugement en mars 1886. Ses parents sont tous deux originaire du village d’Aigueblanche (Savoie). Le père meurt en juillet 1879, quand Joseph a dix ans.

C’est peut-être leur situation d’orphelins qui explique que ni Joseph ni ses deux frères aînés ne semblent pas avoir été convoqués pour le service militaire.

Devenu marchand ambulant brossier, Lozet se fournit dans l’usine métallurgique Ollagnier de Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). En avril et juin 1903, il intervient à Paris dans plusieurs réunions de l’Alliance, syndicat des marchands ambulants.

En matière politique, c’est probablement Joseph Lozet qui, désigné dans les sources seulement en tant que Lozet, milite dans les organisations socialistes à Paris. En 1900-1901, Lozet est un trois membres suppléants, au côté d’autant de titulaires, de la Fédération des travailleurs socialistes de France qui participe aux discussions pour la tenue d’un congrès général des socialistes. Avec comme secrétaire Aristide Briand, le comité général de préparation groupe également le Parti socialiste révolutionnaire, l’Alliance communiste et des fédérations départementales autonomes. Entre 1901 et 1905, Lozet est membre des comités électoraux lors des élections législatives et municipales du 20e arrondissement, dans le quartier de Charonne, mais il est parfois également invité à des réunions dans le 14e arrondissement, quartiers de Plaisance et de Montparnasse. C’est par exemple lui qui, en mars 1904, apporte la contradiction lors d’une réunion radicale-socialiste, boulevard de Charonne, dans laquelle il oppose la candidature socialiste de Le Page à celle du sortant radical Patenne. Le groupe Charonne s’affilie à la Section française de l’internationale ouvrière dès sa fondation par la fusion des organisations socialiste en avril 1905. En juin la même année, avec son groupe local, il souscrit « Pour la lutte révolutionnaire en Russie. »

Courant 1906 ou début 1907, Joseph Lozet s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), rue du Canal, quartier limitrophe de Saint-Maur, à proximité de l’usine de son fournisseur Ollagnier.

Lors des élections municipales de mai 1908 à Joinville, Lozet est candidat au 1er tour sur la liste socialiste unifiée (SFIO), qui est conduite par Henri Lacroix. Il obtient 172 voix sur 1319 suffrages exprimés (13%). La liste, qui ne comportait que sept noms pour 21 postes à pourvoir, s’opposait à une liste dite socialiste évolutionniste, comprenant d’anciens socialistes comme Eugène Hainsselin, et à la liste radicale-socialiste d’Eugène Voisin, le maire sortant, réélu. Les socialistes SFIO n’ont aucun élu. Pendant la campagne, Lozet est l’orateur socialiste au cours d’un débat contradictoire avec des représentants des trois listes.

Lozet représente, avec Lacroix et Émile Lebègue, la section SFIO de Joinville lors d’une réunion de l’Union cantonale de Saint-Maur en mai 1909.

En mai 1911, Lozet réside à Joinville avec Marie Antoinette Joséphine Raffort, sa cousine maternelle, employée chez Ollagnier. Elle est également sa belle-sœur, vivant séparée de son frère aîné, Anatole Lozet, lequel mourra en mai 1921. Joseph et Marie Lozet continueront à vivre ensemble, au moins jusqu’en 1931, avec un petit-fils d’Anatole, Louis. Ils sont installés à l’automne 1911 à Saint-Maur, place Garibaldi.

Le quotidien socialiste L’Humanité rend compte de la mort de Louis Anatole Lozet, neveu de Joseph, fils de sa compagne Marie et père de Louis qu’ils élèvent. Également brossier, il s’était engagé dans l’infanterie coloniale en octobre 1909 et avait été envoyé au Maroc où la France s’implantait. L’article, paru le 23 octobre 1911 dans le Carnet militaire raconte le drame :

« L'aventure marocaine et sa rançon. La prise de possession du Maroc sera une affaire d'or pour les flibustiers du groupe des coloniaux du Parlement dont l'indigène est la proie. C'est avec le sang du peuple et le deuil d'une foule de familles ouvrières que sera payée la rançon de la conquête. La famille Lozet qui habite dans la Seine, à Saint-Maur-des-Fossés, paie une partie de cette rançon. Un de ses membres, Louis Lozet, du 21e régiment d'infanterie coloniale vient de mourir à l'hôpital militaire de Marseille, à l'âge de 23 ans. Il fit six mois d'une rude campagne dans la colonne Gouraud. Il fut épargné par les balles. Mais la fièvre le prit. La dysenterie l'exténua. Il revint vers les siens pour se réfugier dans la mort après quinze jours d'atroces souffrances. L'inhumation a eu lieu le 20 de ce mois à Saint-Maur-des-Fossés. »

Joseph Lozet, encore marchand ambulant et domicilié à Saint-Maur, meurt hospitalisé à Paris (13e arr.) le 18 juin 1932. Il était âgé de 64 ans et est inhumé au cimetière parisien de Thiais (Seine, act. Val-de-Marne).

Lors de son décès, en avril 1934 à Saint-Maur, son ancienne compagne Marie Lozet, née Raffort, sera considérée comme indigente.

Rue du Canal à Joinville-le-Pont

 

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12 août 2024 1 12 /08 /août /2024 01:01

Suite de la biographie de Harry Kaganoff

Ayant fermé en 1931 son cabinet de Champigny-sur-Marne pour en ouvrir un à Paris (10e arr.), rue de la Grange-aux-Belles, le docteur Harry Kaganoff va se spécialiser en gynécologie, et notamment dans les accouchements. Il déplacera son activité dans le 17e arrondissement, boulevard Malesherbes en 1937 et s’associera à la création d’une clinique médicale, chirurgicale et obstétricale rue Geoffroy-Saint-Hilaire dont il est, à parité avec M. Alphonse Barroso-Rebello, le premier porteur de parts.

Parallèlement à son activité libérale, le docteur Kaganoff intervient dans des établissements visant en particulier la population juive pauvre, en particulier immigrée. C’est le cas, à partir de 1931 du dispensaire Linas-Hatzédek à Belleville et de la clinique W. Tiomkine rue du Buisson-Saint-Louis (11e arr.) en 1933. Le Dr Kaganoff précise que cette institution accueille plus de 50 malades par jour et que Juifs et non-Juifs du quartier en bénéficient. Dans sa spécialité, il participe également en 1937 au dispensaire La Mère et l’Enfant, situé rue Amelot (11e arr.). Le docteur poursuit également son activité de conférencier, avec en décembre 1931, une intervention à Pavillons-sous-Bois (Seine, act. Seine-Saint-Denis) pour soutenir la vaccination antituberculeuse. Il contribue également régulièrement aux collectes effectuées par les instances communautaires juives.

L’activité publique de Kaganoff va prendre une dimension sioniste, en appui à l’installation des Juifs dans la Palestine mandataire et au lien de leur communauté avec les Juifs de France.

En 1929, le Dr Kaganoff devient un cadre du Sporting-Club Maccabi, établissement sportif international qui dispose d’une section française. Lors d’une manifestation du club en mars 1931, il explique : « Le peuple juif était devenu un peuple cérébral. Mais avec le cerveau on ne peut pas construire des routes, labourer la terre, il faut des muscles. Le Maccabi prépare ce type juif, sain de corps et d’esprit, qui s’est si bien développé en Palestine. »

Lors d’un autre évènement en mai 1933, à laquelle participait lord Melchett, président d’honneur de l’Union mondiale Maccabi, ainsi que l’ancien ministre Henry Paté, le Dr Kaganoff précisa ses conceptions. Pour lui, il y avait « nécessité, pour les nouvelles générations, de se développer physiquement, surtout dans les pays où les Juifs sont constamment menacés ». Parlant de de la France, il souligna son rôle dans la défense des juifs persécutés. Pour lui, se référant à son expérience personnelle, « Si la France, dit-il, était à nouveau menacée, la jeunesse juive immigrée n’hésiterait pas à imiter ceux qui, en 1914, sont allés aux Invalides s’engager dans l’armée française. »

C’est dans les locaux du Maccabi France que le Dr. Kaganoff, président, rend compte en juin 1934 de son voyage en « Eretz-Israël ». Il décrit Jaffa « ville essentiellement arabe », Sarona, « village allemand » (au sens de peuplé de Juifs allemands), et Tel-Aviv, dont « l’aspect général est celui d’une cité américaine », dont il regrette qu’elle soit construite en béton armé et estime qu’il « faudra un jour [la] balayer et reconstruire sans hâte ». Selon Harry Kaganoff, « Pour retrouver le style juif, il faut aller à Jérusalem, la ville conservatrice par excellence ». Commentant la situation générale, il estime, dans le compte-rendu qu’en fait L'Univers israélite, que « Le travail ! c’est la raison d’être des Juifs palestiniens. Et l’on travaille moins pour s’enrichir que pour servir le pays. Rendre la Palestine capable de recevoir des milliers de frères, c’est là leur rêve. »

Harry Kaganoff embarque une nouvelle fois en mars 1935 de Marseille pour la Palestine. Il assiste à la deuxième Maccabia, évènement sportif qu’il compare à des Jeux olympiques juifs. Il est réélu président du club français en novembre.

La Conférence palestinienne de France se tient en octobre 1936, dans les Salons de l'Hôtel Lutétia à Paris. Elle rassemble 150 délégués des associations juives de Paris et de province. Elle donne naissance à un comité dénommé Vaad Bitzaron Oubitahon, pour faire campagne pour la sécurité du peuple juif après les attentats dans le territoire sous contrôle britannique. Le Dr Kaganoff en est membre. Il est l’un des fondateurs, en mai 1937, encore à Paris, de l’Association des sionistes traditionalistes Mizrahi et l’un des membres de son comité ; le mouvement assure qu’il continue « la tradition française de libéralisme et de foi. »

En janvier 1939 fait l’historique du travail de reconstruction en Palestine devant le Cercle amical féminin propalestinien, rendant hommage notamment aux premiers colons, des intellectuels ayant fui les pogromes russes.

Sur le plan professionnel, le docteur Harry Kaganoff fait face, en mars 1939 à une mise en cause qui lui vaut d’être arrêté pour « manœuvres criminelles abortives » en compagnie d’une sage-femme, propriétaire d'une clinique d'accouchement rue de Chabrol à Paris (10e arr.). ayant choisi Me Etienne Nouveau comme défenseur, il « proteste de sa parfaite correction » et indique que ses interventions ont toujours été faites sur des femmes qui présentaient un commencement de fausse-couche et qu’elles étaient motivées dans l'intérêt de la santé des patientes pour éviter un accident.

L’hebdomadaire d’extrême-droite Le Défi, dirigé par l’avocat antisémite Jean Charles Legrand, créateur du Front de la jeunesse, même campagne contre « la vaste entreprise des médecins étrangers, Juifs et Allemands, montée pour estropier et mutiler les femmes françaises ». Il se réjouit de l’incarcération, commentant l'enquête qui aurait établi « les crimes commis par ce Kaganoff contre notre race. »

L’affaire ne semble pas avoir de suites, et, en 1955, le casier judiciaire de Kaganoff est vierge de toute condamnation. C’est cependant cette même année que Harry Kaganoff est inscrit au Fichier central de la Sûreté nationale, qui recense des personnes dont l’activité publique, notamment politique, est sous surveillance.

La situation de Harry Kaganoff pendant la deuxième guerre mondiale et l’occupation allemande n’est pas connue. Ni lui ni sa famille directe ne sont victimes du conflit et sa mère, comme ses sœurs et son frère ou sont épouse survivent aux persécutions antisémites. Par contre, plusieurs membres de la famille de sa femme meurent en déportation.

Après le conflit, le docteur Kaganoff poursuit son activité, d’abord à Paris (7e arr.), avenue Duquesne, puis dans le 17e arrondissement, avenue du Colonel-Moll.

Son engagement public se concentre désormais sur la vie de deux organisations de soldats : l’Association des anciens combattants engagés volontaires juifs dont il a été un des fondateur et vice-président depuis 1919 puis président en 1947. Et l’association des anciens combattants volontaires juifs, à la vice-présidence de laquelle il accède en 1946. Il ouvre le sociétariat de ces mouvements aux combattants du deuxième conflit mondial.

En juin 1935, Kaganoff était déjà intervenu, au nom des combattants Juifs palestiniens, lors de la Conférence mondiale des anciens combattants Juifs, qui avait réuni à Paris, dans l’amphithéâtre de La Sorbonne les représentants de quinze nations.

Il préside, en juin 1964, la manifestation du souvenir organisée au cimetière de Bagneux (Seine, act. Hauts-de-Seine) rendant hommage aux « martyrs morts pour la France, pour la liberté » et souhaitant « Shalom » à tous les pays, ajoutant « et surtout à Israël qui en a tant besoin. »

Une de ses dernières interventions publiques est l’inauguration, en janvier 1965, à Levens (Alpes-de-Haute-Provence) de la Maison de repos et de convalescence des anciens combattants.

Harry Kaganoff meurt le 9 septembre 1967 à Paris (17e arr.), dans son domicile de la rue du Colonel-Moll. Il était âgé de 74 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant.

Fin

Portrait de Harry Kaganoff (Notre volonté, 06/1964)

 

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8 août 2024 4 08 /08 /août /2024 01:01

Début de la biographie de Harry Kaganoff

Harry Hirsch Kaganoff-Kagan naît le 2 juin 1893 à Mstislawe, ville alors en Russie (act. Biélorussie). Il est d’origine juive, fils de Rebecca Ratner et de son époux Joseph Kaganoff-Kagan. Selon le recensement de l'Empire russe de 1897, la ville comptait 49% de Juifs ; il y en avait toujours 20% lors du recensement soviétique de 1939. Tous ceux qui résidaient encore dans la ville, soit entre 850 à 1 300, sont assassinés le 15 octobre 1941 par les forces allemandes dans le cadre de la « Shoah par balles. »

La famille Kaganoff quitte Mstislawe, deux sœurs de Harry voyant le jour en 1907 et 1910 à Zaporijia (Russie, act. Ukraine).

La situation sociale de la famille n’est pas connue. Elle est cependant probablement confortable. En 1916, Harry Kaganoff fait des études de médecine à Bordeaux (Gironde). Il s’engage volontairement, en juillet, dans la légion étrangère pour la durée de la première guerre mondiale et sert donc avec les troupes françaises. Il est nommé en novembre 1917 médecin sous-aide-major (sous-officier, grade équivalent à celui d’adjudant-chef). Promu officier en septembre 1918, comme médecin aide-major de deuxième classe (sous-lieutenant), il est affecté au 172 régiment d'infanterie. Au cours des combats, qui lui valent deux citations, il est blessé au front par un « petit projectile ». Il obtiendra en février 1920 une première pension chiffrée à 20%, doublée en janvier 1922, sa brèche osseuse entraînant une « baisse de l’aptitude au travail et à la mémoire. »

Après la fin du conflit, Harry Kaganoff reprend ses études médicales à Bordeaux. Il présente en novembre 1919, avec deux collègues, MM. Rocher et Lescalle, le cas de cinq blessés guéris de pseudarthrose par la méthode de Delagénière, c’est-à-dire par greffons ostéopériostiques tibiaux. Adhérent à la Société anatomoclinique de Bordeaux en décembre 1919, il exerce à Orléans (Loiret) en janvier 1922, date à laquelle il est naturalisé français par décret.

Il soutient sa thèse à la faculté de médecine bordelaise en avril 1924. Devenu docteur, Harry Kaganoff exerce comme médecin dans l’Orne, installé en août la même année dans la commune de Le Sap, où il signale à la justice le meurtre d’une cultivatrice du village voisin d’Orville.

Rejoignant la région parisienne, Harry Kaganoff ouvre un cabinet à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne). Il est installé rue Mignon avec sa mère, un frère et deux sœurs. En plus de son activité médicale, Kaganoff prend des responsabilités civiques. Depuis 1919, il est vice-président de l’Association des anciens combattants engagés volontaires juifs. Il assure, à titre honorifique, le même rôle dans le Vélo-club de Champigny en décembre 1927.

En novembre 1926, des juifs ayant quitté l’empire russe suite à la révolution bolchévique, constituent une association cultuelle, considérant que leurs besoins ne sont pas couverts par les institutions dépendant du Consistoire israélite de Paris, pour des raisons de langue et d’usages. Baptisée Ohel Jacob, elle finance notamment la création d’écoles à Paris et dans quelques villes de banlieue. Les israélites de Joinville et de Champigny se regroupent pour former une école (Talmud Tora), située à Champigny, route de Villiers, mais fréquentée par une majorité de joinvillais. Elle est financée par l’association Ohel Jacob et le docteur Kaganoff en est le président en 1928.

En 1929, on compte 9 écoles du réseau Ohel Jacob ; 3 sont situées à Paris et comptent 250 élèves. Les 9 de banlieue totalisent et celle de Joinville Champigny est la plus importante, avec 45 élèves.

Tout en maintenant ses cours, l’union israélite locale change de dénomination et de caractère en 1930. Elle devient l’association Ohavé Shalom (Les Amis de la Paix), abandonnant son identité d’origine russe. L’hebdomadaire Tribune juive considère que « ce groupement a ceci de remarquable qu’il se compose d’israélites originaires les uns de Pologne et les autres de Turquie. »

Personnalité identifiée, Harry Kaganoff donne des conférences qui sont mentionnées dans la presse. En avril 1928, Les Cahiers des droits de l'homme (LDH), signalent son intervention à Champigny. La même année, en novembre, L’Univers israélite évoque sa causerie au Cercle Salonicien, à Paris, devant l’Union des femmes juives françaises pour la Palestine. Il participe aussi à des réunions de nature politique. Il est ainsi, en juin 1929, un des orateurs du meeting de protestation organisé « Contre les pogromes de Lemberg » (Pologne, act. Lviv, Ukraine) par la Ligue internationale contre l’antisémitisme. De nombreux intellectuels et personnalité sont présents.

Le docteur Kaganoff inaugure, en tant que président de l’association Ohavé Shalom, en mai 1930 un oratoire implanté dans leur local campinois. Il s’exprime, dans la ville proche d’Alfortville, en octobre 1930, toujours au titre de cette fonction. Il cesse cependant probablement de l’exercer l’année suivante, lorsqu’il déménage pour installer son cabinet à Paris. C’est sans doute dans la première moitié des années 1930 que se produit le mariage d’Harry Kaganoff avec Rebecca Wygodzka, native de Vilnius (Pologne, act. Lituanie).

À suivre

Rue de Villiers à Champigny-sur-Marne (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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4 août 2024 7 04 /08 /août /2024 01:01

Georges Guy Gérard Legras naît le 3 juin 1927 à Tours (Indre-et-Loire). Il est le fils d’Adrienne Élisabeth Lelong et de son mari Jacques Georges Ernest Legras, voyageur de commerce. Ils vivent, avec les grands-parents paternels, rue Avisseau, dans le quartier de la cathédrale.

En 1931, la famille est installée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), au centre-ville, rue Émile-Moutier. Le père est devenu projectionniste ; il sera ensuite ingénieur du son. La ville de Joinville comporte plusieurs sites importants consacrés au cinéma (studios de production et entreprises de traitement des films notamment).

Pendant la deuxième guerre mondiale, on trouve un « Georges Legras » enregistré, sans autre précision, dans les Dossiers administratifs de résistants conservés par les archives du Service historique de la Défense.

Après le conflit, Georges Legras est assistant monteur en cinéma. Le 10 novembre 1949, il se trouve dans l’immeuble du 19, rue Saint-Georges à Paris (9e arr.). Anciennement utilisé par la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) pendant l'occupation allemande de Paris, il a été affecté après la Libération à plusieurs organisations liées au parti communiste, notamment le Front national, qui y a son siège, comme des mouvements d’anciens combattants.

Georges Legras et une de ses collègues, Ina Brocki, travaillaient au 4e étage. Ils sont retrouvés recroquevillés, complètement carbonisés, par les sauveteurs sur le palier du 3e étage. L’accident a fait une autre victime, Germaine Fromentin, et huit blessés.

Plusieurs sociétés d’exploitation de films avaient une activité dans l’immeuble : Armor, Miramar et le studio Saint-Georges. L’enquête a estimé que le feu aurait pris dans les sous-sols, suite à un court-circuit, et aurait embrasé des pellicules de film stockées dans les caves, dans des conditions non conformes à la règlementation. Il s’est ensuite propagé très rapidement dans les étages.

Georges Legras a été déclaré mort le 10 novembre 1949 à Paris (9e arr.). Il était célibataire, âgé de 22 ans et toujours domicilié chez ses parents à Joinville-le-Pont et son corps a été inhumé dans le cimetière communal de cette ville.

Des obsèques solennelles ont été organisées pour deux des trois victimes, Germaine Fromentin et Georges Legras. Elles se sont déroulées le 19 novembre à la Maison des Métallurgistes, rue Jean-Pierre-Timbaud à Paris (11e arr.). Tous les deux ont été salués comme des camarades de lutte et des militants par des dirigeants du Front National, tels Laurent Casanova, Pierre Villon. Plusieurs hauts responsables communistes étaient présents, comme Léon Mauvais et Charles Tillon.

Jacques, le père de Georges Legras, a été candidat communiste lors des élections municipales de Joinville-le-Pont en mars 1965.

Lutte contre l’incendie dans l’immeuble, L’Humanité, 11/11/1949

 

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