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2 août 2021 1 02 /08 /août /2021 00:01

Suite de la biographie de Stephen Durande

Le décès d’Henri Vel-Durand, en septembre 1928, fait que Stephen Durande devient maire par intérim et prononce le premier des onze discours des funérailles. À ce titre, il prononce également, selon l’hebdomadaire de centre-droit, Gazette de l’Est, une « oraison funèbre » lors de la séance de l’assemblée communale le même mois.

Pour compléter le conseil municipal, des élections municipales partielles sont organisées en octobre 1928. Comme lors du scrutin de 1925, elles voient trois listes : le centre-droit, avec le dirigeant sportif Émile Lecuirot, les communistes derrière Bénenson et le cartel des gauches, conduit par le radical-socialiste Briolay. C’est ce dernier qui emporte les trois sièges. Les communistes, quant à eux, avaient présenté une candidate, Mme Martin, dont les bulletins furent annulés, car les femmes n’étaient ni électrices, ni éligibles.

Pour l’élection du maire, les voix se sont réparties au premier tour : les deux adjoints, Stephen Durande et Provin ont chacun huit voix, Briolay en a trois et deux conseillers municipaux, Liou et Gillot en reçoivent une. Provin annonça ne pas être candidat et, au second tour, Stephen Durande a été élu par quatorze voix contre trois à Briolay et une à Liou. Deux élus n’avaient pas voté au tour initial, ils sont cinq à le faire au deuxième. Provin devient premier adjoint et Louis Caillon, second adjoint.

Le premier investissement d’importance du nouveau maire est de faire construire un nouvel hôtel des postes, rue de Paris, en face de la mairie, remplaçant celui du quai du Barrage, qui existait depuis le second Empire.

Lors des élections municipales de mai 1929, les prédictions des journaux divergent. Le Petit Parisien estime que Joinville-le-Pont fait partie des communes « où les éléments de gauche rivalisent d'efforts pour renverser les municipalités modérées ». Le Matin croit que « La municipalité sortante présidée par M. Stephen Durande, recueille, au cours de la campagne, une force nouvelle et ne semble pas menacée ». Pour L’Avenir «  La lutte sera circonscrite, à Joinville-le-Pont entre la liste du maire sortant, M. Stephen Durande, radical modéré, et une liste plus accentuée à gauche, à la tête de laquelle se trouve M. Briolay, conseiller municipal sortant, élu il y a très peu de temps, lors d'une élection complémentaire. Radical-socialiste, M. Briolay fait alliance avec les SFIO. Les deux listes arriveront avec un nombre sensiblement égal de voix. Aussi, est-il difficile de prévoir l’issue de la bataille. »

Les résultats du scrutin donnent, au premier tour, une avance à la liste de concentration républicaine, dont les candidats recueillent, en moyenne, 43% des suffrages exprimés quand les gauches républicaines suivent avec 36% et le Bloc ouvrier et paysan, du PCF, se situe à 16%, le solde se répartissant entre quelques radicaux indépendants, dont Liou et Gillot.

Le second tour marque, au contraire, un progrès des gauches, malgré le maintien des communistes. Avec 46%, les candidats conduits par Briolay emportent 22 des 27 sièges à pourvoir, le nombre de membres du conseil municipal ayant augmenté, tandis que la liste de Durande en a 5 avec 42%, mais lui-même est battu. L’extrême-gauche se tasse à 12%.

S’il cesse de jouer un rôle politique, Stephen Durande n’abandonne pas son activité publique à Joinville-le-Pont. En décembre 1930, il participe, avec les représentants des commerçants et la municipalité, à la formation d’un syndicat d’initiative. Il poursuit aussi sa présence dans les associations, notamment dans le club sportif USJ, dont il est réélu président entre 1930 et 1938.

Vers 1924, Stephen Durande avait acquis un petit château auprès du comte Charles de Goascaradec à Saint-Michel-des-Loups (Manche, act. Jullouville). Il versait à sa veuve, la comtesse Maria, ancienne couturière, une rente mensuelle de 200 francs et elle vivait dans une petite maison voisine, dans le hameau de Perrières, village de granitiers. Se croyant persécutée par le jardinier de Stephen Durande, Anatole Lebranchu, elle tire sur celui-ci en août 1934, sans l’atteindre. Elle a été arrêtée.

Stephen Durande meurt le 15 novembre 1951 à Joinville. Il était âgé de 76 ans et père de deux enfants.

Il avait obtenu, en mars 1925, une médaille d'argent pour actes de courage et de dévouement. Décoré comme chevalier du Mérite agricole en février 1914, il était officier depuis avril 1923 en tant que constructeur de matériel d'élevage et horticole. Pour services rendus à l’éducation physique, il avait obtenu les Palmes académiques entant qu’officier d’académie en mars 1926 puis comme officier de l’instruction publique en avril 1932.

Son épouse, engagée dans les œuvres sociales de la commune, avait obtenu une médaille d’honneur du grand prix humanitaire en décembre 1927.

Son premier fils a été appelé lui aussi Stephen Durande. Le second, Jean Stephen Durande fut récompensé, à l’âge de neuf ans, en 1924, pour avoir sauvé un camarade de la noyade en Marne.

Fin

Stephen Durande

 

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31 juillet 2021 6 31 /07 /juillet /2021 00:01

Suite de la biographie de Stephen Durande

Revenu à la vie civile, Stephen Durande va prendre une part croissante dans la vie locale. Toujours président du Groupement de Polangis et Palissy, il répond à la proposition de fusion faite par l’Union des commerçants de Joinville, qui représente le vieux Centre, sur la rive droite de la Marne.

Sur le plan sportif, Stephen Durande est en octobre 1919 le président-fondateur de l’Union sportive de Joinville (USJ). Basé dans le restaurant familial Les Bibelots du Diable, quai Hector Bisson, le club est principalement axé sur la natation en Marne, mais comprend d’autres sections, comme le basket ou la marche. On retrouve dans l’exécutif de la société Pierre Bureau, entrepreneur de maçonnerie, socialiste indépendant, Georges Briolay, figure de proue des radicaux-socialistes ou Fernand Paraiso, petit-fils d’un esclave africain au Brésil, originaire du Dahomey (act. Bénin), officier de l’armée française et futur résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale. En juillet 1921, Durande met à disposition de l’USJ un gymnase qu’il aménage sur un des sites de son entreprise, à Champigny-sur-Marne, route de Villiers. Le club procède également, en février 1927, à l’élection de la reine de Joinville.

Les élections municipales de Joinville-le-Pont, repoussées pendant le conflit mondial, sont organisées en novembre 1919. Durande figure sur la liste conduite par Henri Vel-Durand, adjoint au maire et, comme le maire sortant, Achille Mermet, radical dissident. Il s’est allié avec des socialistes indépendants et, effet de l’union nationale à l’œuvre pendant la guerre, avec les radicaux-socialistes officiels auxquels il s’était pourtant vivement affronté.

Le scrutin oppose la liste d’Union républicaine et sociale à celle du parti socialiste SFIO présente une liste conduite par Georges Laruelle, ainsi qu’au Bloc indépendant de la droite conservatrice et libérale, derrière Jules Beauvais. Les candidats de la majorité sortante obtiennent une moyenne de 44% des suffrages exprimés contre 30% aux socialistes et 26% à la droite. Durande recueille 798 voix sur 1 694 votes exprimés (47%) pour 1 715 votants et 2 491 inscrits. La droite s’étant retirée, l’Union républicaine et sociale remporte le scrutin avec plus de 63% des voix et tous les sièges. Durand a 961 bulletins en sa faveur sur 1 518 (63%). Le soir du deuxième tour, Achille Mermet, décède ; même s’il ne s’était pas représenté, il était toujours le maire en fonction.

Henri Vel-Durand est élu maire, avec comme adjoints Julien Périn, socialiste indépendant (ex-SFIO) et Stephen Durande. Il est, avec Théophile Leteuil et la recette municipale, un de ceux qui sont chargés de reprendre les jetons de la monnaie de guerre émise Groupement des commerçants, industriels et habitants de Joinville, dont la valeur cesse en décembre 1922. Ils sont échangés à leur valeur faciale et permette aussi de régler les taxes municipales.

Critiqué par le maire, Henri Vel-Durand, qui lui reproche ses absences, le premier adjoint, Julien Périn, qui s’en défend, est démis de ses fonctions en septembre 1923. Durande est élu à l’unanimité à sa place, tandis qu’un autre socialiste indépendant, Léon Roux, devient deuxième adjoint. Rancunier, Périn attaque dans le journal radical Voix des communes : « Le 1er adjoint [Durande], (passé par de louches combinaisons) a gardé la présidence de la commission de la voirie qui revient au 2e adjoint. De grâce, quittez la voirie ! »

Les élections municipales de mai 1925 signent la rupture de l’union de 1919 avec les radicaux-socialistes et le rapprochement avec la droite conservatrice, ainsi que l’apparition d’une candidature communiste. Un cartel des gauches non communistes est initié par une section de la Ligue de la République. Voix des communes accuse le maire sortant d’être « un pilier d’église », qui « défend les intérêts des gros capitalistes ». Le journal radical critique l’atteinte à l’urbanisme que serait, selon lui, l’extension de l’usine Pathé qui « masqua une partie des bords de notre belle rivière, empoisonna l’air » ainsi que les Studios de cinéma : établissement « informe, hideux, moitié caserne, moitié cage à gorilles. »

La liste d’Union républicaine pour la défense des intérêts communaux, conduite par Vel-Durand, attire un socialiste indépendant et un radical dissident, mais marque surtout le retour des représentants de la droite locale. Elle présente un programme revendiquant que les lois de laïcité soient « appliquées sans rigueur et sans sectarisme », souhaite le maintien de l’octroi, et propose des économies dans les dépenses budgétaires. Sa liste arrive largement en tête, avec 47,5% des voix au premier tour, loi devant le cartel des gauches à 28,4% et les communistes à 21,1%. Malgré le retrait de ces derniers, l’union de centre-droit remporte les 27 sièges à pourvoir au second tour avec 1 080 voix en moyenne, soit 47,5% des suffrages exprimés. Vel-Durand est réélu maire, Stephen Durande premier adjoint et François Provin prend la dernière place du bureau municipal.

Ayant conservé ses fonctions à la tête de l’Union sportive joinvillaise, Stephen Durande est également président de la Société symphonique communale en 1924. Il est réélu dans cette fonction jusqu’en 1927 au moins. Avec l’appui marqué des usines Pathé, elle organise dans un des restaurants de la ville plusieurs concerts chaque année, généralement en juin et autour de Noël.

En matière sociale, Stephen Durande devient vice-président de la section locale de la mutualité maternelle de Paris en mars 1924. Intéressé à la colombophilie, il avait participé en avril 1914 à l'exposition d'aviculture de Saint-Maur en présentant des pigeons Mondains et Carneaux. Il fonde en mars 1925 l’association Le Ramier de Joinville, qu’il préside. À ses différents titres, Durande joue un rôle dans l’organisation des fêtes des quartiers de Polangis et Palissy.

Continuant son activité professionnelle, Durande participe en mai 1926, à Suresnes (Seine, act. Hauts-de-Seine), au 12e Congrès de la Fédération des groupements industriels et commerciaux de la Région parisienne.

À suivre

Stephen Durande

 

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2 avril 2021 5 02 /04 /avril /2021 00:01

Suite de la biographie de François Boileau

Lors des élections municipales de mai 1900, s’il n’a de nouveau pas de concurrents à droite, le maire sortant Eugène Voisin fait face pour la première fois à une présence socialiste-révolutionnaire. Sa liste emporte cependant, dès le premier tour, les 23 sièges avec des scores élevés. François Boileau est réélu avec 625 voix, pour 1 096 électeurs inscrits.

Quand Jules Ferdinand Baulard décide de ne pas se représenter aux élections législatives de mai 1902, les radicaux décident de présenter Adolphe Maujan, qui réside à Saint-Maur-des-Fossés et fut déjà député de la Seine de 1889 à 1893. Boileau est le secrétaire de la réunion publique qu’il organise, sous la présidence de Baulard, en mars 1902. Elle est perturbée par une « bande de nationalistes », selon l’hebdomadaire radical Voix des communes, qui explique que c’est le conseiller municipal Raoult, qualifié « d’homme à tout faire des nationalistes », qui est à leur tête. En avril, Boileau fait partie des délégués de la commune de Joinville lors de la constitution du Comité d’union et d’action républicaines de la 2e circonscription de Sceaux, qui appuie le candidat radical. Maujan est élu de justesse, au second tour, après retrait du candidat socialiste.

Au sein du conseil municipal de Joinville, et contrairement à ses collègues radicaux, Boileau se prononce en juin 1902 en faveur de l’autorisation d’installation du des Sœurs enseignantes de la Providence. Cependant, le conseil municipal refuse leur présence par treize voix contre, cinq pour et une abstention. Se différenciant en cela des autres responsables radicaux de la ville (Demeestère, Baulard, Vaudémont, Rey…) Boileau n’est pas mentionné comme participants aux activités anticléricales.

Il figure cependant de nouveau sur la liste conduite par Eugène Voisin, en mai 1904 et qui assure avoir « une réprobation énergique du nationalisme et du cléricalisme » avec une adhésion au programme radical-socialiste. Ce choix provoque le départ de quatre conseillers, que les colistiers de Voisin qualifient d’adversaires de la République. Leur liste remporte 22 des 23 sièges à pourvoir. Boileau est réélu dès le premier tour, avec 629 pour 1 119 votants (56,2%) sur 1 363 inscrits. Baulard commente la réélection de la majorité radicale : « Je souhaite que nous puissions décrasser notre commune dont nous avons été considérés pendant longtemps comme des anarchistes qui voulaient tout bouleverser ; c’est une satisfaction que nos efforts et nos idées ont gain de cause ». Signe probable d’une certaine réduction de son influence, Boileau n’est désormais plus désigné comme électeur sénatorial.

La campagne municipale de mai 1908 dans une certaine tension. Outre la liste socialiste unifiée, soutenue par la SFIO, on trouve une liste du comité socialiste évolutionniste local, de composition hétéroclite et comprenant plusieurs personnalités libérales et conservatrices. Il y a aussi un candidat indépendant. Les candidats de la majorité sortante se présentent sous la houlette du comité radical-socialiste et assurent vouloir « une gestion sage et une administration prudente des finances de la commune ». Ils entendent « réaliser des économies, encourager les œuvres laïques d’instruction, d’éducation, d’assistance et de solidarité » et s’opposent à de nouveaux impôts. Boileau fait partie des cinq élus dès le premier tour, la liste Voisin disposant de 21 sièges, contre un au comité évolutionniste et un indépendant. Boileau avait recueilli 688 votes pour environ 1 300 suffrages exprimés (53%) sur 1 613 électeurs inscrits.

Face au maire, malade, à son adjoint, Georges Briolay et au conseiller municipal Louis Rey, une fronde s’organise derrière le conseiller d’arrondissement Henri Vel-Durand. Elle trouve un appui auprès des socialistes mais également des libéraux et des conservateurs de la commune et provoque des incidents sur divers sujets, comme l’entretien d’un chemin communal, la discipline dans une école, le ramassage des animaux morts ou la gestion de la caisse des écoles. Boileau reste fidèle à Eugène Voisin et tente, auprès de la préfecture, de résoudre le problème de voirie qui empoisonne la vie locale.

Une grave inondation de la Marne place sous les eaux, au premier trimestre 1910, les deux-tiers des quartiers du bas de Joinville, dont celui où réside Boileau. Il fait partie de la commission chargée d’organiser le service des désinfections, mise en place mi-février au début de la baisse de la rivière, qui fournit du matériel aux évacués et les autorise, ou non, à réintégrer leur logement.

La crispation de la vie politique locale s’accroît au cours de la réunion de compte-rendu de mandat qui se tient en février 1911. En l’absence pour raison de santé du maire, ses adjoints Paul Villain et Briolay assurent la défense de la gestion municipale, vivement critiquée par les dissidents, les libéraux et les socialistes. À 23 heures, les conseillers municipaux qui, l’hiver, habitent Paris, demandent la permission de se retirer pour prendre leur train ; Boileau quitte alors la salle en compagnie de Guelpa, Roux, Nivelet et Rey. Leur départ est accompagné des cris de « Démission ! Démission ! », de la part des socialistes, évolutionnistes et libéraux. Les dissidents font voter un ordre du jour dénonçant « l’incurie administrative et la mauvaise gestion municipale » et réclamant la démission du conseil municipal, notamment celles de ceux « n’y résidant que pendant les rares beaux jours de la bonne saison » tels Roux et Boileau.

Le second semestre 1911 voit Boileau participer à une réunion d’hommage à Eugène Voisin. Il est membre de la commission qui prépare les inaugurations de la mairie et de deux ponts sur la Marne. Des élections partielles, organisées en octobre suite à la démission des dissidents, voient la victoire de ces derniers, qui sont réélus.

Le maire ne se représentant pas, le scrutin de mai 1912 voit s’opposer, derrière Briolay, la majorité sortante et trois listes, des dissidents radicaux, des libéraux et conservateurs et des socialistes SFIO, qui s’unissent au second tour et emportent la totalité des sièges. C’est le dissident, Ernest Mermet, qui est élu maire. La liste des candidats n’est pas connue.

Après 22 ans de mandat, Boileau ne siège plus au conseil municipal. Il conserve cependant une activité civique. Il est toujours administrateur de la caisse des écoles de Joinville. De plus, il exerce, la fonction de commissaire répartiteur, membre d'une commission, chargée de répartir les impôts entre les contribuables joinvillais.

Pendant la première guerre mondiale, Boileau est un informateur de Louis Rey, chroniqueur du journal radical Voix des communes.

François Boileau meurt le 14 avril 1917 à Paris (11e arr.), boulevard Beaumarchais ; il était officiellement domicilié à Joinville, avenue Gille. Âgé de 77 ans, il avait une fille. Pour son activité à la caisse des écoles de Joinville, il était décoré des Palmes académiques, en tant qu’officier d’académie en janvier 1906 puis officier de l’instruction publique en février 1914.

Fin

L'avenue Gille à Joinville

 

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29 mars 2021 1 29 /03 /mars /2021 00:01

Début de la biographie de François Boileau

François Martin Jules Boileau naît le 16 juillet 1839 à Osselle (act. Osselle-Routelle, Doubs). Il est le fils de Jeanne Louise Tisserand, épinglière (fabricante d’épingles) et de Martin Michel Boileau, cordonnier. Le décès de sa mère, en août 1854 est suivi par celui de son père, en février 1860.

Venu à Paris, François Boileau y est lampiste en 1869, c’est-à-dire chargé de l'entretien des lampes à huile ou à gaz. Il réside rue du Faubourg-Poissonnière (3e arr.). Il épouse, en avril 1869 dans le même arrondissement Amélie Tassin, fille d’un ferblantier. La famille de sa femme est très liée à Jules Ferdinand Baulard, ancien ouvrier devenu industriel, bombeur de verre, combattant républicain en 1848, 1851 et 1871, qui sera conseiller général puis député radical-socialiste de la Seine. François Boileau deviendra également très proche de lui.

C’est probablement après le décès de son beau-père, en mai 1881, que François Boileau abandonne son métier de lampiste et devient propriétaire foncier, exploitant un immeuble rude des Gardes, dans le 18e arrondissement de Paris.

Comme Baulard, Boileau acquiert une maison à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) au cours des années 1880. Contrairement au futur député, qui réside dans le quartier du Centre, Boileau va cependant s’installer dans le quartier de Palissy, avenue Gille, qui a été créé une vingtaine d’année plus tôt par le fabricant de porcelaines Jean Marie Gille.

Si leurs nouvelles implantations sont à usage de résidence secondaire, Baulard comme Boileau vont s’impliquer fortement dans la vie du village de banlieue, en train de se transformer d’abord en destination de loisirs dominicale pour les parisiens puis en agglomération industrielle. Ainsi, la famille Boileau est recensée à Joinville en 1891 et 1901, mais pas en 1896 ni 1911, bien qu’elle y réside toujours en 1917. À Paris, elle est probablement installée boulevard Beaumarchais (11e arr.).

En mars 1890, des élections municipales partielles sont organisées à Joinville-le-Pont pour remplacer cinq conseillers municipaux, suite au décès de Nicolas Chéret, adjoint au maire. Deux listes se présentent : l’une est à l’initiative du premier adjoint, Honoré Jullien ; l’autre est montée par Henry Vaudémont, journaliste et rédacteur en chef de l’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes. La première se présente comme une liste de concentration, comprenant d’ailleurs un radical ; la seconde veut promouvoir des candidats de la rive gauche de la Marne, du quartier de Palissy, dont les habitants, souvent venus de Paris, s’estiment mal représentés par les indigènes, du quartier historique. La liste Vaudémont emporte trois sièges, dont Boileau (élu dès le premier tour) et le publiciste ; la liste municipale en a deux.

Une des batailles des habitants des nouveaux quartiers, c’est la construction d’une école. Un établissement privé, laïque, a été constitué aux limites de Champigny et Joinville, dite école de la Fourchette. Boileau et un le président du comité radical-socialiste de la circonscription, Alphonse Demeestère, intègrent une commission pour la communalisation de cet établissement.

Lié notamment à Baulard, Demeestère et Vaudémont, Boileau va jouer un rôle politique significatif. Dès la première année de son mandat, il participe à une réunion de compte rendu de mandat de trois conseillers radicaux Demeestère, Diot et Vaudémont. Il est également désigné comme délégué sénatorial, suppléant en décembre 1890 puis titulaire en avril 1891, sur l’engagement qu’il prenait de voter en faveur de sénateurs radicaux.

On retrouve en octobre 1891 Boileau avec la majorité des élus municipaux, mais contre les deux conservateurs, pour l’organisation d’un compte-rendu de mandat, une première dans l’histoire communale. La réunion est présidée par Baulard, alors député et qui avait été conseiller municipal jusqu’en 1888.

En décembre 1891, Boileau s’implique sur une autre des questions qui préoccupent les habitants du bas de Joinville, la question des transports. Il fait partie d’une commission pour le lancement d’un service d’omnibus depuis la gare de Joinville vers la Fourchette.

Au cours des élections municipales de mai 1892, le maire sortant, Eugène Voisin, constitue une liste avec le soutien des radicaux-socialistes, face à une liste conservatrice. François Boileau, présent au côté du maire, est réélu dès le premier tour avec un score élevé, obtenant 437 voix pour 639 suffrages exprimés (68%) ; la liste de la majorité sortante remporte 22 des 23 sièges à pourvoir et Eugène Voisin est reconduit.

Pendant le premier conseil municipal, Boileau demande qu’aucun commerçant ne fasse partie de la commission de l’octroi, qui fixe les tarifs des taxes frappant les marchandises entrant dans la commune. Soutenue par le premier adjoint, Jullien, et par Vaudémont, sa proposition est pourtant refusée de justesse par 10 voix contre 9. Boileau siège dans les commissions en charge de la caisse des écoles, des chemins, travaux et éclairage, des fêtes, des finances, du marché d’alimentation et de celle qui travaille à la délimitation de la commune avec les villes voisines, ainsi que d’une autre spécialement constituée pour résoudre un problème foncier sur le quai de la Marne. En décembre 1893 puis en mars 1896, confirmant son rôle politique, Boileau est de nouveau délégué sénatorial. Il est un des signataires d’un ordre du jour de confiance à Jules Ferdinand Baulard, qui vient faire un compte-rendu de son mandat de député en octobre 1894.

Le scrutin municipal de mai 1896 se déroule à Joinville, par exception, sans concurrence. La liste du maire, Eugène Voisin, avec l’appui des radicaux-socialistes, est seule en lice et remporte donc dès le premier tour les 23 sièges à pourvoir. Boileau est réélu.

Toujours fidèle au député radical Baulard, Boileau est le secrétaire de sa réunion de compte-rendu de mandat à Joinville en octobre 1896. Il présente et fait adopter un ordre du jour de soutien. On le retrouve encore à délégué sénatorial lors de tous les scrutins organisés, en juillet 1897 comme en janvier, avril et décembre 1899. En compagnie du maire, Voisin, de son adjoint, François Couppé et d’un autre conseiller municipal, Henri Vel-Durand, Boileau représente Joinville lors de la quatrième assemblée de la Ligue Paris banlieue qui se tient en décembre 1897 et cherche à définir des formes de coopération en la capitale et ses banlieues. En avril 1899, l’école publique de Polangis, pour laquelle Boileau avait milité, est inaugurée.

À suivre

Un lampiste

 

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13 mars 2021 6 13 /03 /mars /2021 00:01

Georges Félix Aumont naît le 29 juillet 1826 à La Forêt-du-Parc (Eure). Il est le fils de Marie Barbe Bouffay et de son époux, Jean François Aumont, tisserand.

Pendant qu’il effectue son service militaire en tant que canonnier au 5e régiment d’artillerie, en garnison en Alsace, Georges Félix Aumont se marie en août 1851 à Strasbourg avec Élisa Joséphine Denninger, fille d’un ancien militaire.

Devenu dentiste, Aumont exerce à partir de 1862 sur le quai Saint-Michel à Paris (5e arr.).

Pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, Aumont s’engage dans la garde nationale à cheval, constituée pendant le siège de Paris. Il intègre le troisième escadron, commandé par le capitaine Agnan Demonts.

Après le conflit et l’insurrection de la Commune de Paris, Aumont reprend son activité comme chirurgien-dentiste et la poursuit jusqu’en 1878.

C’est très probablement lui qui s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Palissy, en cours de développement. Profitant de la croissance de l’activité touristique sur les bords de Marne, Aumont exploite un café-restaurant, avec un bal, rue de Brétigny. Ces établissements sont nombreux à Joinville, attirant une clientèle importante les dimanches.

Lors des élections municipales de janvier 1881, Aumont est élu conseiller municipal de Joinville. Les sources donnent son nom sous la forme « G. Aumont ». Le maire, Gabriel Pinson, est un républicain modéré, les élus les plus radicaux ayant été battus lors du scrutin. Il n’est pas réélu en 1884.

Le bal tenu par Aumont fait faillite en septembre 1885. La procédure se terminera par un concordat, signé en octobre 1886. Aumont redevient chirurgien-dentiste, en s’installant à Fontainebleau (Seine-et-Marne), rue de la Paroisse.

Georges Félix Aumont meurt le 11 janvier 1890 à Fontainebleau, un an après le décès de son épouse. Il était âgé de 63 ans et ne semble pas avoir eu d’enfants.

Joinville, 1880

 

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11 mars 2021 4 11 /03 /mars /2021 00:01

Jean Louis Rigault naît le 7 mars 1818 à Paris (1er arr.). Il est le fils de Rosalie Emilie Deloyen et de son époux, Louis Jean Baptiste Rigault, cuisinier.

Il se marie, en août 1839 à Paris, avec Marie Eugénie Noyer. Devenu avocat à la cour impériale, Rigault dispose d’un cabinet rue de Rivoli à Paris (1848-1867). Il mène également plusieurs opérations immobilières, par exemple à Levallois-Perret (Seine, act. Hauts-de-Seine) et à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).

La famille Rigault s’installe dans cette dernière commune, route de Brie, dans le quartier de Palissy. Il y est inscrit sur les listes électorales en 1848, en tant qu’électeur censitaire. Le Journal de Roanne s’amuse, en février 1865, le l’héroïque tentative de fuite d’un lièvre pris dans la cour de la famille Rigault, tentant d’échapper à sa cuisinière en faisant des bonds de plus de trois mères.

Retiré des affaires juridiques, Jean Louis Rigault s’implique dans la vie politique de Joinville à partir de 1870. Suite à la programmation de la troisième République, il est élu en septembre 1870 conseiller municipal. Le maire est Auguste Courtin, conservateur. La population de la commune fuit la ville lors des combats du siège de Paris en décembre et se réfugie dans la capitale, où une mairie provisoire de Joinville est installée d’abord dans le quartier de Montparnasse puis boulevard Voltaire. Après l’armistice, la commune se repeuple, et des troupes allemandes d’occupation s’y installent jusqu’en septembre 1871. Le pont de Joinville, axe principal de l’Est parisien et importante source d’activité de la commune, avait été détruit en décembre 1870.

En juillet 1871, le conseil municipal est renouvelé ; Rigault est réélu et Auguste Courtin reconduit. Il en est de même lors des élections municipales de novembre 1874. Par contre, Rigault ne figure pas parmi les élus de 1878.

Jean-Louis Rigault meurt le 19 novembre 1890 à Joinville. Il était âgé de 72 ans et est inhumé au cimetière de Saint-Maur-des-Fossés. Son fils, Paul Jean-Louis Rigault, est notaire à Paris.

Le quotidien XIXe siècle, qui publie sa nécrologie, remarque qu’il était « un des plus riches propriétaires du quartier de la Madeleine » à Paris, ayant manifestement profité des travaux initiés par le baron Haussmann.

Le Pont de Joinville

 

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5 mars 2021 5 05 /03 /mars /2021 00:01

Louis Adolphe Gobin naît le 11 mai 1828 à Sézanne (Marne). Il est le fils de Marie Thérèse Paysant et de son mari François Henry Gobin, voiturier.

En juin 1854 à Paris (5e arr.), Louis Adolphe Gobin épouse Maria Rosalie Méaux. Il était alors employé puis fonde, en novembre de la même année la société Gobin, Méaux et compagnie, basée rue Saint-Denis à Paris (2e arr.), dont les associés sont sa sœur Joséphine, son beau-frère et son épouse. En février 1855, le commerce est rebaptisé Gobin et compagnie. Il est spécialisé dans la fabrication et la vente d’apprêts et feuillages pour fleurs. L’activité de la boutique se poursuit dans la même rue jusqu’en 1888, date où elle est cédée à E. Andrieu.

C’est sans doute après la guerre franco-prussienne de 1870-1871 que la famille Gobin s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Elle est recensée, à partir de 1891, dans la quartier de Palissy, chemin de Brétigny (act. av. du Président-Wilson). Elle héberge un domestique à son domicile.

En janvier 1878, lors des élections municipales de Joinville, Louis Gobin est élu en même temps que Gabriel Pinson, républicain modéré. Le maire sortant, bonapartiste, Louis Ferdinand Rousseau, est battu, et sur les 17 élus du premier tour, pour 21 conseillers municipaux, on compte seize républicains et un orléaniste.

Le 27 septembre 1879, Louis Gobin est signataire d’une motion du conseil municipal dans laquelle une majorité des élus « blâment sévèrement le citoyen [Alphonse] Demeestère », principale figure de la tendance radicale-socialiste, qui avait lancé une souscription en faveur d’un ancien officier de l’insurrection de la Commune de Paris (mars-mai 1871), Adolphe Morandy.

Lors du scrutin suivant, en janvier 1881, les radicaux sont écartés, tandis que Louis Gobin figure parmi les sortants réélus, Gabriel Pinson étant reconduit au poste de maire. À l’automne 1882, Gobin est désigné pour siéger dans la commission municipale scolaire, constituée pour mettre en l’instruction obligatoire, laïque et gratuite instaurée l’année précédente.

Les élections municipales de mai 1884 voient la reconduction de l’équipe sortante, avec le retour de plusieurs radicaux, dont Demeestère. Gobin est crédité de 386 voix pour environ 500 suffrages exprimés dès le premier tour. Il est désigné, en juillet 1885 comme délégué sénatorial avec le soutien des radicaux.

Une nouvelle rupture entre Pinson et le comité radical-socialiste se produit pour les élections municipales de mai 1888. La liste du maire obtient 18 sièges, tandis que celle de Demeestère en a trois. Gobin est réélu dès le 1er tour avec 339 voix pour environ 540 suffrages exprimés. Le décès du maire et son remplacement, en juillet 1888 par son adjoint, Eugène Voisin, va provoquer le rassemblement des deux tendances, les radicaux prenant un poids de plus en plus important. Peut-être Gobin fait-il partie des cinq élus remplacés au cours d’un scrutin partiel en mars 1890. Il n‘est en tout cas pas élu en mai 1892.

Parallèlement à son activité politique, Louis Gobin est également vice-président de la société des sapeurs-pompiers de Joinville, principale structure mutualiste de la commune.

Louis Adolphe Gobin meurt le 18 octobre 1915 à Joinville. Il était âgé de 86 ans et père d’un fils. Il avait été décoré de la médaille de bronze de la mutualité en 1892 pour son engagement au sein de la société des sapeurs-pompiers.

Joinville, 1885

 

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18 janvier 2021 1 18 /01 /janvier /2021 00:01

René Marcel Chauvin naît le 15 mars 1887 à Nemours (Seine-et-Marne). Il est le fils de Jeanne Louise Patron et de son époux Louis Édouard Chauvin, maître serrurier.

Devenu tourneur mécanicien, René Marcel Chauvin s’installe à Paris (10e arr.), boulevard de La Chapelle. Il fait son service militaire dans l’artillerie à Orléans à partir d’octobre 1908. En novembre 1909, il est musicien dans son régiment jusqu’à sa démobilisation en septembre 1910.

En janvier 1911 à Paris (11e arr.), il épouse Pauline Sponcet, couturière. Ils vivent d’abord dans le 19e arrondissement, rue Secrétan, puis dans le 15e, boulevard de Grenelle.

En 1914, la famille s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), d’abord dans le quartier de Palissy puis dans celui voisin de Polangis, avenue Foch. Toujours mécanicien, Chauvin travaille pour la firme cinématographique Pathé, qui dispose d’une usine à Joinville dans ce même quartier.

Pendant la première guerre mondiale, René Marcel Chauvin est d’abord mobilisé dans l’artillerie, puis dans le train.

En juillet 1928, il est récompensé d’une mention honorable en tant que délégué de la Mutuelle du cinéma à Joinville-le-Pont. En 1931, il est établi à son compte comme loueur de taxi.

Consacrant ses loisirs au domaine musical, René Marcel Chauvin est, dès juin 1914, le directeur et chef de la Société symphonique de Joinville. Il exerce toujours cette fonction en 1935. L’association, qui a le soutien de la firme Pathé et de la municipalité, donne en principe un concert par an dans les locaux de la mairie ou dans un établissement touristique de la commune.

René Marcel Chauvin meurt le 7 février 1962 à Créteil. Il résidait probablement toujours à Joinville-le-Pont. Âgé de 74 ans, il avait un enfant. Sa fille Henriette avait épousé André Malcouronne, syndicaliste et militant communiste, premier adjoint au maire de Joinville à la Libération en 1944.

Les usines Pathé à Joinville

 

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16 janvier 2021 6 16 /01 /janvier /2021 00:01

Marcel Roque naît le 16 décembre 1893 à Paris (10e arr.). Il est le fils de Claire Joséphine Dive et de Gaston Roque, employé de commerce. En 1906, la famille est installée à Noyon (Oise) où le père est cordonnier et y réside toujours en 1913.

Devenu employé de chemin de fer, Marcel Roque est ajourné lors de sa convocation pour le service militaire pour faiblesse. Son ajournement est maintenu en 1914.

Il est cependant mobilisé pour la première guerre mondiale en septembre 1914. Incorporé au 106e régiment d’infanterie, il est cependant mentionné comme insoumis, une erreur qui ne sera rectifiée qu’en août 1916, après sa nomination en tant que caporal dans un régiment de chasseurs à pieds. Affecté brièvement en mars 1919 dans un régiment de génie, il est démobilisé en mai de la même année.

Travaillant pour la Compagnie des chemins de fer du Nord, puis, après la fusion des réseaux, pour la Société nationale des chemins de fer français (SNCF), Marcel Roque vit à Paris, Aubervilliers et la Courneuve (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il épouse, en septembre 1919 à Paris (10e arr.) Marguerite Jeanne Héloïse Tellier.

Au cours de la deuxième guerre mondiale, Marcel Roque est affecté spécial au service des chemins de fer dès septembre 1939. Il est démobilisé en février 1943.

Installé à Joinville-le-Pont (Val-de-Marne) en 1983, dans le quartier de Palissy, rue du 42e de Ligne, Marcel Roque fait partie des derniers anciens combattants survivants de la première guerre mondiale. À ce titre, il est décoré, en février 1996, à l’âge de 102 ans, en tant que chevalier de la Légion d’honneur.

Marcel Roque meurt le 30 décembre 1996 à Joinville. Il était âgé de 103 ans et père de trois filles.

Le quartier de Palissy à Joinville-le-Pont dans les années 1960

 

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29 décembre 2020 2 29 /12 /décembre /2020 00:01

Alexandre Lévine naît le 2 novembre 1912 à Valenciennes (Nord). Il est le fils d’Isaac Lévine et de Fénia Beiline, des marchands forains immigrés la même année depuis Minsk (Russie, act. Biélorussie) et vivant rue des Maillets. À sa naissance, il a la nationalité russe.

Après la première guerre mondiale, la famille s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Palissy, avenue Galliéni, à proximité immédiate des studios de cinéma Pathé.

Devenu cinéaste, Alexandre Lévine est annoncé comme devant collaborer à la réalisation de Marie des Angoisses, de Michel Bernheim, en 1935. Cependant, il est embauché en mai par Gelma-Film pour assister Ladislas et Irène Starewitch, réalisateurs de cinéma d’animation vivant à Fontenay-sous-Bois (Seine, act. Val-de-Marne) ainsi que Marc Gelbart.

En septembre 1935, Alexandre Lévine annonce qu’il va tourner un film intitulé Kol Nidre (Le chant sublime), assisté de Luis Morales et René Petit. Son régisseur est Tony Brouqulère et l’administrateur Lazare Corn. La partition musicale est écrite par le compositeur Jacques Dallin. Il s’agit d’une comédie qui se déroule, au début, dans les milieux universitaires et se poursuit dans une atmosphère dramatique. Le projet est présenté comme un « film juif » par Le Journal juif et la production est assurée par Les Films Léo Cohen. La presse souligne que ce sera la première fois qu’on verra à l'écran la reconstitution complète d'un temple Israélite. En 1939, un film au titre homonyme, est réalisé aux États-Unis par Joseph Seiden.

Alexandre Lévine épouse en juin 1938 au Raincy (Seine-et-Oise, act. Seine-Saint-Denis) Renée Lipkin (dont le nom est parfois orthographié Sipkin), native de Tolotchine (Russie). Ils s’installent dans cette commune, allée de Bellevue.

Pendant la deuxième guerre mondiale, la famille se réfugie à Toulouse (Haute-Garonne) où Renée Lévine est vendeuse et vit rue Agathoise. Arrêtée en tant que juive, elle est internée au camp de Beaune-la-Rolande (Loiret). Elle fait partie du convoi n° 5, qui part pour le camp de concentration d’Auschwitz (Allemagne, act. Pologne) le 28 juin 1942. Elle y meurt le 3 juillet 1942, à l’âge de 26 ans. Plusieurs membres de la famille d’Alexandre Lévine meurent également dans le même camp de concentration : sa mère Fénia, sa sœur Élise, épouse de Marc Kac, et son neveu Paul Kac.

Séjournant sans doute lui-même à Toulouse puis à Asnières (Seine, act. Hauts-de-Seine), Alexandre Lévine s’engage dans la résistance à l’occupation allemande en France. Son activité est homologuée, avec le titre de chef de bataillon, au sein des Forces françaises combattantes et des Forces françaises de l'intérieur. Il aura sans doute rejoint l’Afrique du Nord, dans les troupes d’Henri d'Astier de la Vigerie. Revenu en France, il monte le réseau Alexandre qui a mené de nombreux combats au Raincy et ses environs.

L’historien Jean-Paul Lefebvre-Filleau raconte qu’il participe, en juillet 1944, à une rencontre dans la clinique Parot, au Raincy, où est installé l’état-major du général Jacques Chaban-Delmas. La présence de Georges Bidault et de Pierre Mendès-France est mentionnée.

Le commandant Alexandre rassemble les combattants dans le bataillon de sécurité FFI 107/22, intégré dans les troupes du général Harry, fidèle au gouvernement provisoire du général de Gaulle. Le beau-frère d’Alexandre Lévine, Marc Kac, est également un membre reconnu de la Résistance.

Après-guerre, Alexandre Lévine, de nouveau installé au Raincy, devient gérant d’une entreprise de cosmétiques, la société Rouge-Très-Bien en août 1949. Il épouse en mars 1950 à Paris (6e arr.) Jacqueline Prongué, titulaire de la médaille de la Résistance française. Ils vivent dans cet arrondissement, rue Monsieur-le-Prince.

Selon l’historien Jean Bossu, Alexandre Lévine, comme son frère Léon, est membre de la loge Europe unie (n° 64) de l’orient de Paris et de la Grande Loge Nationale Française en novembre 1961.

En décembre 1971, Alexandre Lévine est nommé administrateur du collège Sainte-Barbe, plus vieille institution privée d’enseignement subsistante à Paris.

Alexandre Lévine meurt le 26 avril 2007 à Issy-Les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) où il résidait avec son épouse. Il était âgé de 84 ans et était titulaire, depuis juillet 1947, de la médaille de la Résistance française.

Le Raincy, synagogue

 

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