Joseph Py naît le 26 juin 1898 à Bucarest (Roumanie), probablement d’un père roumain.
Il vite en 1925 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), quai de la Marne, et dispose de la nationalité française, puisqu’il est inscrit à cette date sur les listes électorales de la commune. Il exerce la profession d’ajusteur, étant identifié en 1926 comme mécanicien au ministère de la guerre.
Si Joseph Py ne semble pas s’être marié, il a une compagne qui partage son logement joinvillais en 1931, Blanche Serrent, soudeuse.
Lors des élections municipales de mai 1935, Joseph Py est candidat en quatorzième et dernière position sur la liste soutenue par le parti socialiste SFIO et dirigée par Robert Derivière ; incomplète, la lite obtient 12,5% des suffrages exprimés. Py recueille 337 votes pour 2 856 exprimés (11,8%) et 2 923 votants sur 3 433 inscrits. Au second tour, la SFIO rejoint les communistes de Robert Deloche dans une liste d’union, conduite par le responsable de l’Association républicaine des anciens combattants, André Blocher. Dix socialistes y figurent, mais pas Py. La droite l’emporte avec 25 sièges, en laissant deux aux communistes ; les sortants radicaux-socialistes sont battus. Émile Lesestre est élu maire.
Deux autres Py sont mentionnés à Joinville en même temps que Joseph : Maurice Gaston Victor Py est épicier et réside rue de Paris avec sa famille en 1936, dont son fils Maurice Marius Marcel (1919-1957), mort pendant la guerre d’Algérie ; Maurice Py est sergent-chef instructeur à l’école des sports de Joinville, située dans le Bois de Vincennes. Ils ne semblent pas apparentés. L’un des deux est, pour la fin de l’année 1935, un des donateurs du vestiaire municipal constitué pour les pauvres.
En 1942, Joseph Py est contremaître à la sous-direction de l'Afrique du Nord du service des fabrications dans l'industrie. Il est « relevé de ses fonctions, par application de l'article 1er de la loi du 17 juillet 1940 » le 2 février 1942. Ledit article stipule que « Nul ne peut être employé dans les administrations de l'État, des départements, communes et établissements publics s'il ne possède la nationalité française, à titre originaire, comme étant né de père français. »
Séjournant peut-être en Algérie, Joseph Py rejoint les Forces françaises combattantes. Son décès est transcrit, le 27 mai 1942, sur l’état-civil de Joinville-le-Pont. Il était âgé de 43 ans et est reconnu comme ayant participé à la résistance à l’occupation allemande en France. Cependant, son nom ne figure pas sur le monument aux morts de Joinville, ce qui fait supposer qu’il n’est pas décédé au cours de combats.
René Marcel Chauvin naît le 15 mars 1887 à Nemours (Seine-et-Marne). Il est le fils de Jeanne Louise Patron et de son époux Louis Édouard Chauvin, maître serrurier.
Devenu tourneur mécanicien, René Marcel Chauvin s’installe à Paris (10e arr.), boulevard de La Chapelle. Il fait son service militaire dans l’artillerie à Orléans à partir d’octobre 1908. En novembre 1909, il est musicien dans son régiment jusqu’à sa démobilisation en septembre 1910.
En janvier 1911 à Paris (11e arr.), il épouse Pauline Sponcet, couturière. Ils vivent d’abord dans le 19e arrondissement, rue Secrétan, puis dans le 15e, boulevard de Grenelle.
En 1914, la famille s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), d’abord dans le quartier de Palissy puis dans celui voisin de Polangis, avenue Foch. Toujours mécanicien, Chauvin travaille pour la firme cinématographique Pathé, qui dispose d’une usine à Joinville dans ce même quartier.
Pendant la première guerre mondiale, René Marcel Chauvin est d’abord mobilisé dans l’artillerie, puis dans le train.
En juillet 1928, il est récompensé d’une mention honorable en tant que délégué de la Mutuelle du cinéma à Joinville-le-Pont. En 1931, il est établi à son compte comme loueur de taxi.
Consacrant ses loisirs au domaine musical, René Marcel Chauvin est, dès juin 1914, le directeur et chef de la Société symphonique de Joinville. Il exerce toujours cette fonction en 1935. L’association, qui a le soutien de la firme Pathé et de la municipalité, donne en principe un concert par an dans les locaux de la mairie ou dans un établissement touristique de la commune.
René Marcel Chauvin meurt le 7 février 1962 à Créteil. Il résidait probablement toujours à Joinville-le-Pont. Âgé de 74 ans, il avait un enfant. Sa fille Henriette avait épousé André Malcouronne, syndicaliste et militant communiste, premier adjoint au maire de Joinville à la Libération en 1944.
Aimé Jean Baptiste Paul Daénès naît le 26 novembre 1907 à Cauchy-à-la-Tour (Pas-de-Calais). Il est le fils de Julie Louise Ducrocq et de Bienaimé Alphonse Marie Joseph Daénès, houilleur. Leur nom est parfois orthographié Daënes. Ils vivent ensuite dans diverses communes du bassin minier : Auchel, Sains-en-Gohelle, Liévin, Burbure et Bruay.
Son père est grièvement blessé dans un accident du travail alors qu’il est déjà ouvrier trieur aux mines de Marles, à Rimbert-lez-Auchel (Pas-de-Calais), à 13 ans. Il est mêlé, en 1901, à une bagarre à Auchel et son agresseur, un autre mineur, est inculpé de voies de faits. Pendant la première guerre mondiale, il est mobilisé dans les chasseurs à pieds et blessé une première fois en janvier 1915. Bienaimé Daénès est condamné, en avril 1916 par le conseil de guerre de la 72e division d’infanterie à trois ans prison pour « outrages par des gestes et menaces envers son supérieur », mais il est immédiatement amnistié. Blessé une seconde fois le même mois, il rentre avec une semaine de retard de sa permission de convalescence et est affecté, en juin 1916, à une section disciplinaire. Affecté aux mines de Bruay en février 1917, il est ensuite à celles de Ferfay-Cauchy jusqu’en avril 1922 toujours sous statut militaire. Après le conflit, Bienaimé Daénès redevient mineur à Liévin. Il est condamné à deux reprises à des amendes et quelques jours de prison en février 1920 à Béthune pour bris de clôture et tapage injurieux et en janvier 1922 à Lille pour coups et blessures volontaires. Peut-être suite à ces évènements, le couple se sépare. Bienaimé Daénès reste à Liévin, où il se remariera en 1931. Julie Ducrocq s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) et vit en 1926 rue du Canal avec ses trois enfants et un manœuvre, Maurice Hibon, qui travaille pour la compagnie cinématographique Pathé, à Joinville.
Aimé Daénès est manœuvre à l’usine de la Canalisation électrique installée dans la commune voisine de Saint-Maurice. Son frère Moïse exerce le même métier à l’établissement du Bi-Métal à Joinville.
La Canalisation électrique
Yvonne Marcelle Aubignat, fille d’un mineur et terrassier, épouse en avril 1928 à Joinville Aimé Daénès. Son beau-père, Jean Aubignat, est candidat communiste aux élections municipales de 1929 à Joinville. La famille vit d’abord à Paris (6e puis 14e arr.) avant de revenir à Joinville où Aimé Daénès, devenu en 1931 tourneur sur métaux, est à son tour également candidat communiste aux élections municipales de mai 1935.
Yvonne Daénès
Il travaille alors comme manœuvre pour la ville de Paris, peut-être à l’usine des eaux de Joinville, et se présente comme employé des services publics ; il sera également câbleur. Aimé Daénès figure en quatrième position sur la liste conduite par Robert Deloche. Il obtient au premier tour 669 voix sur 2 856 suffrages exprimés (23,4%) pour 2 923 votants et 3 433 inscrits. Au second tour, la liste fusionne avec celle du parti socialiste SFIO et recueille deux sièges sur 27. Daénès comptabilise 1 108 votes sur 2 899 exprimés et 2 924 votants (38,2%). Il n’est pas élu. Les deux conseillers municipaux communistes sont Deloche, futur maire de la ville après la Libération et Paul Rouhaud.
Pendant la deuxième guerre mondiale, Aimé Daénès s’engage dans la résistance à l’occupation allemande en France. Son cousin germain, Moïse Jean Baptiste Henri Daénès (1912-2000), qui vit à Burbure (Pas-de-Calais) est également résistant.
Aimé Daénès meurt le 11 juin 1979 à Paris (14e arr.) ; il résidait toujours à Joinville, rue des Réservoirs. Âgé de 71 ans, il était père de six enfants.
Louis Charles Rouin naît le 15 novembre 1892 à Paris (11e arr.). Il est le fils d’Emma Lucie Juliette Pacilé, couturière, et de son mari Armand Louis Rouin, sculpteur sur bois.
Avant-guerre, il vit à Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) avec sa mère, devenue veuve, rue des Bordeaux, et est forgeron.
Effectuant son service militaire à partir d’octobre 1913, Rouin reste dans le 45e régiment d’artillerie au début de la première guerre mondiale. Il est nommé brigadier en mai 1916 puis blessé dix jours plus tard sur le front de l'Argonne au ravin des Courtes Chausses. Il subit une amputation de l’avant-bras droit, avec le gros orteil désarticulé. De ce fait, il est placé en retraite en juin 1917 avec une pension à 100%. Une citation à l’ordre de l’armée en mai 1916 signale qu’il était un « excellent brigadier qui a donné à maintes reprises des preuves de bravoure. A été grièvement blessé le 10 mai en servant une pièce de tranchée. »
Louis Rouin épouse à Champigny (Seine, act. Val-de-Marne) en janvier 1918 Lucie Cazal.
Après-guerre, devenu mécanicien, Louis Rouin et son épouse vivent à Maisons-Alfort (Seine, act. Val-de-Marne), chemin de Saint-Maur. Ils s’installent, dans le même département, dans la commune voisine de Joinville-le-Pont où il réside en 1921 dans le quartier de Polangis, avenue Marceau. Louis Rouin devient successivement agent commercial, puis chef de travaux puis représentant.
En 1922, il est condamné par la 12e chambre du tribunal correctionnel de la Seine à 50 francs d’amende pour coups et blessures volontaires.
Lors du scrutin municipal de mai 1929, Louis Rouin est candidat à Joinville sur la liste de concentration républicaine du maire sortant, Stephen Durande, qui rassemble essentiellement des personnalités conservatrices ou libérales. Devancée par la liste de cartel des gauches dès le premier tour, la liste de droite est battue au second tour, malgré le maintien des postulants communistes. Elle obtient cinq sièges sur 27. Georges Briolay, radical-socialiste, est élu maire. Rouin avait eu 905 voix sur 2 126 votants (42,6%) pour 2 969 inscrits. Il n’est pas élu.
Au cours des élections municipales joinvillaises suivantes, en mai 1935, Rouin est de nouveau sur la liste d’Union des républicains, dont les membres se revendiquent comme des « hommes d’ordre et d’action », « sans aucune préoccupation politique, n’ayant pour but que la bonne gestion communale ». Ils se féliciteront cependant que « Les Joinvillais, dans le seul but de barrer la route aux communistes, ont apporté leurs suffrages en masse à la liste d’ordre de l’Union républicaine. Ils ont montré leur réprobation pour la turbulence et de la démagogie. »
Devançant dès le premier tour les radicaux-socialistes du maire sortant, l’Union républicaine emporte au second tour 25 sièges face à ces derniers et à une union communiste et socialiste, qui a les deux derniers postes de conseillers municipaux.
Rouin recueille au premier tour 908 votes sur 2 856 suffrages exprimés, pour 2 923 votants (31,8%) et 3 433 inscrits. Il est élu au second tour avec 1 135 suffrages sur 2 899 exprimés (38,9%) avec 2 924 votants. Léon Lesestre (proche du Parti social français) devient maire.
Contre la majorité des élus de droite, Rouin s’oppose en juillet 1939 à la concession de la baignade municipale à un opérateur privé. Le même mois, il propose au conseil municipal de subventionner un monument à la gloire de l’infanterie française.
Alors que l’élection a été abandonnée, Louis Rouin est nommé conseiller municipal de Joinville par arrêté préfectoral du 20 février 1942. Après l’exclusion des élus communistes deux ans plus tôt, les autorités du régime de Vichy ont reconduit le bureau municipal et une partie des élus les plus conservateurs. En août 1944, le maire et ses adjoints seront arrêtés par le comité local de Libération qui prit possession de l’hôtel de ville.
Louis Charles Rouin meurt le 21 mars 1970 à Ferrières-en-Gâtinais (Loiret). Il était âgé de 77 ans et père de trois enfants. Il était décoré de la médaille militaire, de la Croix de guerre avec palmes et chevalier de la Légion d’honneur depuis mars 1939.
Ange Jean Morel naît le 24 juillet 1906 à Bouillé-Ménard (Maine-et-Loire). Il est le fils de Joséphine Bougué et d’Ange Morel. Ses parents sont d’origine bretonne et son père est venu travailler dans les ardoisières d’Anjou.
Ange Jean Morel vit à Fougères, puis à Cholet où il travaille lui aussi comme perreyeux (ardoisier). Il va s’installer en 1926 à Paris, rue Montmartre.
Il habite ensuite un petit pavillon à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne) à partir de 1932 et adhère alors au Parti communiste. Il exercera divers métiers, comme figurant de cinéma, marchand de légumes, manœuvre chez Renault ou standardiste à l’agence Havas (l’ancêtre de l’AFP).
Ange Morel est arrêté le 13 janvier 1941 à Saint Maur, puis transféré dans plusieurs camps : Châteaubriant d’abord, Voves en 1942 puis Pithiviers où il arrive fin 1943 ou début 1944. Ange Morel est économe du camp. Il prépare une évasion avec 19 autres militants communistes, dont Louis Dolly, ancien maire de Villejuif. Ils s’évadent le 15 mars 1944 en creusant un tunnel sous l’économat.
Les évadés ne seront pas repris, sauf un. Ange Morel s’engage dans les Forces françaises de l’intérieur (FFI). Il participe à la libération de Paris, puis à la bataille du pont de Joinville.
Engagés le 25 août, alors que Paris est déjà libre et que le comité de Libération de Joinville-le-Pont occupe la mairie depuis le 20 août 1944, des violents combats opposent des allemands qui veulent quitter la capitale et faire sauter le pont de Joinville, aux forces de la résistance. Le 22 août, des membres des FFI, des FTP et des cheminots résistants avaient dressé des barricades sur le pont et rue Chapsal.
Ange Morel combat avec près de lui un clochard, qui avait juré, pendant l’occupation, qu’il tuerait un Allemand. Il le fait, mais meurt lors de la bataille, comme 18 autres du côté français.
La famille d’Ange Morel s’était installée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans l’ancienne rue du Canal, vers 1943. C’est là qu’il est venu habiter après être sorti de la clandestinité. L’ancien résistant devient membre de la délégation spéciale qui fait fonction de conseil municipal à partir du 13 octobre 1944. Il est élu conseiller municipal le 29 avril 1945 avec plusieurs autres résistants sur la liste de Robert Deloche, maire communiste de Joinville-le-Pont.
Tout en exerçant des responsabilités comme secrétaire à l’organisation de la fédération Seine Sud du parti communiste, Ange Morel travaille à la Centrale sanitaire internationale, une organisation satellite du Pcf. Il est secrétaire de Léon Mauvais, membre du Conseil de la République (Sénat) en 1947-1948.
Il exerce des responsabilités de plus en plus importantes, comme permanent, d’abord comme envoyé du Pcf dans le Puy-de-Dôme puis comme secrétaire fédéral dans l’Orne. À ce poste, il est confronté à une réduction des financements internes de l’organisation communiste, et doit reprendre un travail salarié en tant que représentant en vins.
Maurice Thorez, secrétaire général du Pcf, l’écartera de sa fonction pour s’être « embourgeoisé » dans son nouveau travail.
Ange Morel meurt le 4 août 1978 à Fleury-Mérogis (Essonne). Il était âgé de 72 ans.
Sa fille, Colette Morel, qui fut publicitaire et journaliste dans des publications culturelles communistes, a raconté les relations difficiles qu’elle entretenait avec son père dans un témoignage, Ma vie en rouge, paru en 2004.
Michel Émile Chédeville naît le 14 mars 1830 à Boissy-le-Sec (Seine-et-Oise, act. Essonne). Il est le fils de Marie Magloire Binant et de son époux Louis François Chédeville, cultivateur. Ses parents seront ensuite fruitiers à Passy (Seine, act. Paris, 16e arr.).
Résidant à Passy, menuisier en voiture, Michel Chédeville épouse en juillet 1854 à Neuilly-sur-Seine Joséphine Hortense Leybe. Ils vivent rue de Chaillot.
En 1866, Michel Chédeville exploite à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne) une société constituée avec Louis-Adolphe Mathieu de commerce de vins en gros. Il est installé sur le lieu dans le quartier de La Varenne-Saint-Hilaire, rue du Bac. L’entreprise est dissoute, mais Chédeville poursuit un temps l’activité en nom propre.
Devant la Cour d'assises de la Seine, Michel Chédeville témoigne en juillet 1868 dans le procès de ce que la presse appelle l’affaire de La Varenne-Saint-Hilaire, dans laquelle une servante et sa fille sont accusée du meurtre de la maîtresse de maison et de l’incendie du pavillon. Il résidait dans le pavillon voisin et a porté secours pendant le feu, découvrant le cadavre de Mme Forest.
Pendant la guerre franco-allemande de 1870, comme une grande partie des habitants des bords de Marne, la famille Chédeville est installée à Paris, où elle exploite un commerce de fruitier place des Vosges, dans le quartier du Marais. Ils reviennent, après le conflit, à La Varenne.
Le couple Chédeville vit à Joinville-le-Pont, commune voisine de Saint-Maur, dans le quartier du Centre, rue de Paris, lors de la mort de son épouse en novembre 1887. Il s’installera ensuite rue de Créteil (act. rue du Maréchal-Leclerc). Michel Chédeville s’y implique dans la vie politique en étant candidat, en mai 1888, aux élections municipales. Il figure sur la liste du maire sortant, républicain modéré, Gabriel Pinson, qui s’oppose à une liste radicale-socialiste constituée par Alphonse Demeestère. Au premier tour, les colistiers de Pinson emportent 17 des 21 sièges à pourvoir. Chédeville obtient 227. Il se présente au second tour et est alors élu par 214 suffrages, à côté de trois radicaux-socialistes. Réélu, Gabriel Pinson décède un mois plus tard et est remplacé par son premier adjoint, Eugène Voisin, qui se rapproche des radicaux.
Lors du scrutin suivant, en mai 1892, Eugène Voisin constitue une liste avec le soutien des radicaux-socialistes face à des opposants, libéraux et conservateurs. Elle remporte 22 des 23 sièges. Chédeville est élu sur cette liste dès le premier tour avec 390 voix pour 639 suffrages exprimés (61%) sur 644 votants. Il siège dans les commissions des chemins, travaux et éclairage, scolaire, du marché ainsi que dans celles traitant du quai de la Marne et de l’octroi. Il est désigné comme délégué sénatorial en décembre 1893.
N’ayant pas été candidat au renouvellement de son mandat municipal en mai 1896, Michel Chédeville vit alors à Aubervilliers (Seine, act. Seine-Saint-Denis), rue des Cités près de son fils. Il reviendra plus tard à Saint-Maur-des-Fossés.
Michel Chédeville meurt le 13 décembre 1901 à Versailles. Son décès est transcrit sur l’état-civil de Saint-Maur, où il résidait à La Varenne. Il était âgé de 71 ans et avait eu au moins trois enfants. Gustave Gaston, né en décembre 1870, garçon boucher, marin en Indochine, a connu une vie agitée sur le plan judiciaire. Son livret militaire mentionne cinq condamnations entre 1899 et 1911 pour vol, faux en écriture publique, destruction de documents, détournement d’objet saisi et abus de confiance pour au total 44 mois de prison.
Jean Brision naît le 14 septembre 1889 à Nantes (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique). Il est le fils de Rose Marie Lequillec, cigarière et de son mari Jean Marie Félix Brision, ajusteur.
Apprenti ajusteur, à l’image de son père, en juillet 1904, il est mordu par un chien à Nantes. Il perd ses père et mère à deux mois d’intervalle à l’été 1907. Avec un autre ajusteur, il est arrêté, en juillet 1911 pour « complicité de vol ». Il n’est sans doute pas condamné car aucune mention n’est portée sur son livret militaire.
En octobre de la même année, il est incorporé au service militaire, dans le 116e régiment d’infanterie puis dans le 2e régiment de sapeurs ; il finit sa période sous les drapeaux, malade, en novembre 1913 et s’installe à Paris, rue de Lille.
Toujours en mauvaise santé au début de la première guerre mondiale, il est réformé en août 1914 pour tuberculose. En 1934, il effectue une demande de pension, estimant que son état s’était dégradé du fait de son passage à l’armée. Elle sera rejetée pour cause de forclusion.
Pendant le conflit, il retourne en Loire-Inférieure et vit à Nantes en 1918 puis à Montoir-de-Bretagne en 1920. Il se marie à Nantes en novembre 1921 avec Hermine Francoise Eugénie André. Le couple Brision et leurs deux enfants s’installent ensuite à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où ils résident dans le quartier du Centre, rue de Paris, en 1927. Jean Brision est devenu voyageur, représentant de commerce.
Engagé dans la vie politique locale, Jean Brision est candidat lors des élections municipales partielles d’octobre 1934, convoquées pour compléter le conseil municipal suite à des décès et démissions. Il figure sur la liste socialiste SFIO, conduite par Robert Derivière, qui arrive en quatrième position, juste derrière les communistes et les deux listes regroupant des radicaux et des libéraux ou conservateurs. Brision recueille 403 suffrages exprimés sur 2 297 (17,5%) pour 2 360 votants et 3 225 inscrits. Au second tour, la liste socialiste se retire au profit des communistes. C’est la liste de Concentration républicaine qui emporte les dix sièges.
Le secrétaire des Jeunesses socialistes de Joinville, Roger Jamet, était poursuivi, en mars 1935, devant la dix-septième Chambre correctionnelle de la Seine pour « outrages à agents », après être intervenu en faveur d'un vendeur de journaux qui avait été arrêté. Prié de circuler, Jamet, mutilé d'une jambe, tomba et, assurant avoir reçu des coups violents, traita les agents de « saligauds ». Les deux responsables de la section, Derivière et Brision, témoignèrent en sa faveur. Le quotidien socialiste Le Populaire considéra que la peine prononcée, 50 francs d'amende avec sursis, équivalait à une absolution.
Lors des élections municipales générales de mai 1935, Jean Brision est de nouveau candidat, en quatrième position, sur la liste de Robert Derivière, qui présente un nombre incomplet de postulants. Nettement distancée par l’union des droites, les radicaux de la municipalité sortante et les communistes, elle arrive encore au dernier rang. Brision ne recueille plus que 355 voix sur 2 856 suffrages exprimés (12,4%), 2 923 votants et 3 433 inscrits. Pour le second tour, dans le cadre de la préparation du Front populaire, la SFIO fusionne sa liste avec les communistes de Robert Deloche, qui ont obtenu 23,5% en moyenne. La liste fusionnée, conduite par le responsable des anciens combattants (ARAC) André Blocher, inclut dix socialistes sur 27, dont Brision qui recueille 990 votes pour 2 899 (34,1%) sur 2 924 votants. La droite emporte 25 sièges, les communistes en ayant deux, tandis que les radicaux-socialistes sont battus.
En septembre 1936, Brision accueille chez lui une réunion des Jeunes socialistes.
Suite à des conflits internes avec la minorité de gauche de Marceau Pivert, très influente autour de Paris, la SFIO dissout en avril 1938 la fédération socialiste de la Seine. Des responsables provisoires sont désignés pour enregistrer les demandes de réintégrations des adhérents qui s’engagent à respecter les règles internes. Pour Joinville, c’est un militant de Champigny qui est d’abord désigné, Albert Duquenne. Il est remplacé, dans le courant du mois, par Brision qui devient secrétaire. Comme de nombreux militants de la section de Joinville, il avait pourtant signé en septembre un « Appel pour la création d'une Gauche révolutionnaire du Parti socialiste. »
Jean Marie Félix Brision meurt le 7 novembre 1948 à Paris (1e arr.). Il résidait rue de Clichy, et était toujours représentant de commerce à l’âge de 59 ans. Il était père de deux enfants.
Rue de paris, à Joinville-le-Pont ; le n° 1, demeure de Brision, est à gauche
Émile Louis Eugène Herluison naît le 11 juillet 1887 à Rosny-sur-Seine (Seine-et-Oise, act. Yvelines). Il est le fils de Victorine Augustine Cléret et d’Émile Jules Herluison, garde particulier puis plus tard imprimeur.
En 1899, il est placé comme apprenti brocheur à l'Imprimerie Chaix, 20, rue Bergère, à Paris. Le petit-fils du fondateur de la société, Alban Chaix, le récompense en 1903 d’un livret de caisse d'épargne de dix francs avec ce compliment : « Satisfait grandement ses professeurs qui en font le plus grand éloge; travailleur intelligent et sérieux, montrant une très grande bonne volonté deviendra assurément un bon ouvrier, donne toute satisfaction à ses parents et un excellent exemple à ses quatre frères plus jeunes. »
Effectuant son service militaire entre octobre 1908 et septembre 1910 au 153e régiment d’infanterie, stationné à Toul, Herluison est nommé caporal puis sergent en septembre 1909. Il se marie en janvier 1911 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) avec Juliette Germaine Toussaint, couturière. Il s’installe avec sa belle-mère avenue Marie-Louise dans le quartier de Polangis, à Joinville, et est brocheur chez Wolff, cité Fénelon, à Paris (9e arr.).
Au cours de la première guerre mondiale, mobilisé au 94e régiment d’infanterie, il est promu adjudant puis sous-lieutenant en novembre 1914 et, le même mois, est blessé près de l’œil de petits éclats de balle. À cause d’un double leucome, il est placé hors cadres en septembre 1917, puis démobilisé en juin 1919. Réintégré dans la réserve en mars 1921, il voit son grade d’officier confirmé.
Adresses : 1908 Bois-Colombes, 25, rue des Halles ; 05/02/1911 Joinville 5, av. Marie-Louise ; 09/12/1917 id. ; 03/07/1928 Rouen 105, rue Lafayette ; 02/12/1929 Persan 26, rue Jean-Jaurès ; 25/02/1932 Joinville 16, av. des Lilas ; 20/04/1937 Joinville 62, av. Oudinot.
Revenu à Joinville après le conflit, il s’implique dans la vie locale. C’est peut-être lui qui souscrit, en février 1919 des actions du quotidien L’Humanité, alors organe du parti socialiste SFIO et qui deviendra l’année suivante celui du parti communiste. Il fait partie, en mars 1925, de la liste présentée par le groupement local du Cartel des gauches qui tente, en vain, d’obtenir des délégués sénatoriaux. Le cartel regroupe les radicaux-socialistes, auxquels Herluison est affilié, les socialistes SFIO qui se reconstituent et des socialistes indépendants.
Après un échec en mai 1925, le groupement des gauches non communistes remporte les élections municipales de mai 1929. Cependant, suite à des conflits internes et à une succession de décès ou de défections, il faut compléter le conseil en octobre 1934. Avec Léon Lesestre, porte-parole de la droite locale, Émile Herluison conclut, avec l’appui des radicaux-socialistes, un accord pour constituer un Comité de coordination pour la défense des intérêts de Joinville dont l’objectif affiché est de « continuer l’œuvre déjà accomplie dans l’aménagement et l’embellissement de notre cité et envisager toute compression budgétaire susceptible d’être réalisée dans les conditions actuelles ». Il figure sur la liste constituée pour les dix sièges à pourvoir, avec un autre radical, Auguste Lobrot, à côté de libéraux et conservateurs ou indépendants. Face à une seconde liste, qui comprend également des radicaux, et à des concurrents communiste et socialiste, la liste de concentration arrive en tête au premier tour. Herluison obtient 850 voix pour 2 297 suffrages exprimés (37%) sur 2 360 votants pour 3 225 inscrits. Face à la seule liste communiste, il est élu au second tour en recueillant 1 112 des 1 903 suffrages exprimés (58,4%) pour 1 964 votants.
S’il est supposé être proche de la municipalité, il participe en janvier 1935, devant un public nombreux, à un très vif échange à propos du dépassement de crédit dans la construction du magasin et des ateliers communaux ; le dossier est renvoyé en commission à la demande d’Herluison et de trois élus de droite, Béal, Caillon et Lesestre.
Lors des élections municipales générales suivantes, en mai 1935, Herluison rejoint la liste des Gauches républicaines, conduite par le maire, Georges Briolay, qui s’oppose à celle de l’Union républicaine (droite) de Léon Lesestre. Ayant perdu le soutien du parti socialiste SFIO, le groupement des gauches concède avoir dû augmenter les impôts communaux du fait des « importants travaux d’amélioration et d’embellissement » et à cause de « l’aggravation des charges imposées à la commune (contingent, chômage, moins-values sur les recettes) » en cette période de crise économique. Refusant une « politique du moindre effort », ils préconisent l’amélioration de la voirie et des transports ainsi que l’installation d’un éclairage public. Ils veulent faire pression auprès des pouvoirs publics pour la réalisation des grands travaux d’intérêt national (élargissement du pont de Joinville, suppression du passage à niveau). Ils planifient également la construction d’une nouvelle école et d’une salle des fêtes ainsi que de cours de natation et d’aviron gratuits.
Talonnée par la liste communiste, celle de la municipalité sortante est nettement devancée par la droite de l’Union républicaine. Herluison obtient un score meilleur que celui de la majorité de ses colistiers, avec 787 suffrages exprimés sur 2 856 (27,6%) pour 2 923 votants sur 3 433 inscrits.
Après la fusion des listes communiste et socialiste, les radicaux, qui se maintiennent, reculent fortement au second tour au profit de la droite et n’ont aucun élu. Herluison obtient 595 suffrages exprimés sur 2 899 (20,5%) pour 2 924 votants. Léon Lesestre est élu par les 25 conseillers municipaux de sa liste, contre les deux voix communistes.
La famille Herluison vit dans le quartier de Polangis, avenue des Lilas puis avenue Oudinot. Il est représentant de commerce.
Émile Herluison meurt le 27 juin 1952 au Mans (Sarthe). Il était âgé de 64 ans et avait eu un fils.
Gaston Maisonpierre naît le 10 janvier 1881 à Paris (18e arr.), il est le fils de Caroline Maisonpierre, couturière native de Hollande qui vit boulevard de Clichy, et d’un père non dénommé. Sa mère le reconnaît en janvier 1883 à Paris (10e arr.). Enfin, il est reconnu à Paris (17e arr.) en janvier 1885 par Joseph Victor Florence, distillateur alsacien ayant opté pour la nationalité française ; ce dernier meurt en avril 1889.
Travaillant comme ouvrier dans la métallurgie en tant que chauffeur à Joeuf (Meurthe-et-Moselle), Gaston Florence s’engage pour quatre ans dans l’armée à Briey (Meurthe-et-Moselle) en février 1901. Il est affecté au 12e régiment de dragons. Il se marie, toujours à Joeuf, en février 1906 avec Marie Véronique Thévenin.
En 1907, Florence est ouvrier à l’usine du Bi-Métal, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il réside dans la commune voisine de Saint-Maur-des-Fossés, rue du Four puis place des Écoles. Il va prendre un rôle actif dans la grande grève de cette usine qui fabrique notamment des fils téléphoniques.
Au début de l’année 1910, les communes riveraines de la Marne ne sont pas encore sous les eaux : l’inondation historique débutera à la fin du mois de janvier. Le 19 janvier 1910, la majorité des quelques 240 ouvriers de Bi-Métal se mettent en grève avec l’appui de l'Union syndicale des ouvriers sur métaux. Le syndicat est affilié à la Confédération générale du travail (CGT), fondée en 1895 et unifiée en 1902 avec la fédération des bourses du travail ; elle a adopté en 1906 la charte d’Amiens, qui reste la base idéologique du syndicalisme français.
Les demandes des syndicalistes consistent en une revalorisation des salaires. Le conflit, particulièrement long, deviendra très violent, illustrant la rudesse des rapports sociaux au début du vingtième siècle. Il aura des échos à la Chambre des députés comme dans toute la presse. Selon Gaspard Ingweiller, qui dirige la grève en tant que secrétaire de l’Union des métaux, qui s’exprime dans le quotidien socialiste L’Humanité « Les métallurgistes s'étant aperçus qu'un foyer de jaunisse [des non-grévistes embauchés par la direction] existait à l'usine de canalisation électrique de Joinville-le-Pont, décidèrent d'accord avec les autres organisations en grève, de prendre de vigoureuses mesures de prophylaxie pour éteindre le foyer infectieux, considérant qu'il vaut mieux prévenir que guérir. Des groupes se, constituèrent et administrèrent aux malades en question une potion énergique qui les remit immédiatement sur pied. »
Des « cuisines communistes » fonctionnent pour fournir les repas aux grévistes et à leurs familles. Les enfants des métallurgistes en lutte sont pris en charge par d’autres militants afin d’écarter « le souci moral occasionné dans les luttes ouvrières par la présence des enfants. »
Début mars, la Marne s’étant retirée, la direction se mit en devoir de procéder au graissage des machines qui avaient été submergées. Une équipe de mécaniciens parisiens est recrutée par les contremaîtres vendredi 18 mars ; ils arrivent accompagnés matin et soir par une escorte de policiers entre la gare du chemin de fer et l’usine. Mais l'entrée des ateliers est barrée par des grévistes embusqués qui leur interdisent l'accès de l'usine, tirant même des coups de revolver ; dix grévistes seront arrêtés.
La direction décide alors de faire appel au « Syndicat des jaunes », un mouvement anti-gréviste fondé en 1899 et soutenu par des groupes d’extrême droite. Le lundi 21 mars, ils sont une quarantaine, toujours accueilli par des protestations des grévistes. La tension monte encore. Des menaces de mort ont été adressées au directeur et fils télégraphiques et téléphoniques ont été coupés à Saint-Maurice.
Changement de tactique alors parmi les syndicalistes des métaux. Jeudi 24 mars, il vient cinquante jaunes, ou prétendus tels. Afflux de chômeurs attirés par l’espoir d’un travail ? Peut-être, mais il y a sans doute également, selon le quotidien libéral Le Journal des débats, de pseudo-jaunes se seraient glissés dans l’équipe, pour discréditer l’organisation des anti-grévistes et prouver que, selon le mot de L’Humanité « La jaunisse coûte cher. »
Un des ouvriers nouvellement embauché est surpris emportant des pièces de cuivre dans une toile dissimulée sous son veston. La police procède à une fouille à l’entrée de la gare parmi les ouvriers qui regagnaient Paris : elle trouve sur six d’entre eux une moyenne de vingt kilos de métal ; ils sont eux aussi envoyés en prison. Le lendemain, un autre est encore convaincu de vol.
La direction de l'usine décide alors de congédier tout le personnel nouvellement embauché et de fermer les ateliers. Au sein du personnel, un certain essoufflement apparaît après presque trois mois de conflit ; des ouvriers ont des entrevues avec les directeurs de l'usine au sujet d’une reprise du travail et une pétition est lancée par quelques-uns d’entre eux.
L'usine du Bi-Métal était gardée par la gendarmerie et la police, mais devant la violence des affrontements, le gouvernement juge que c’est insuffisant et fait appel à l’armée : chasseurs à pied et dragons viennent donc faire la garde à Joinville, à partir du 11 avril.
Le 16 mars, les ouvriers en grève du Bi-Métal qui dure depuis deux mois sont rejoints par ceux de La Canalisation électrique, usine voisine située à Saint-Maurice. Avec le reflux de l’inondation, La Canalisation électrique embauche vingt nettoyeurs, cependant le 17 mars, une centaine de grévistes tentent de les empêcher d’opérer à coups de pierres. La police s’interpose, et plusieurs coups de revolver sont tirés, sans faire de blessés. Cinq arrestations sont faites, dont celle de Florence. Dans l'après-midi, des métallurgistes de Montreuil, également grévistes, se sont joints à ceux de Joinville et la police locale réclame des renforts des commissariats de Charenton, Ivry, Vincennes et Gentilly puis fait appel à l’armée.
Florence, Victor Bluche, Jean Elipoura, François et Jean Lucchi ont nié avoir tiré des coups de feu et avoir jeté des pierres sur la police. Ils sont cependant maintenus sous mandat d'écrou. À la demande de leurs avocats, le président du Conseil des ministres, Aristide Briand, leur octroie le régime des détenus politiques. Ils sont jugés le 12 avril devant la neuvième chambre du tribunal de police correctionnelle, présidée par M. Ausset, sous les inculpations d'entraves à la liberté du travail, outrages aux agents, infraction à la loi sur les étrangers (pours trois d’entre eux) et port d'arme prohibée, en compagnie d’une femme, Catherine Gutrod, née Thomé. Florence et Bluche sont condamnés à trois mois de prison pour entrave à la liberté du travail et port d'arme prohibée, Jean Elipoura et François Lucchi à deux mois, Catherine Gutrod à quinze jours tandis que le jeune Jean Lucchi est relaxé.
Le même jour, Gaspard Ingweiller, le dirigeant syndical à la tête de la grève, est arrêté après une course poursuite. Il était porteur d'un revolver. Conduit au commissariat, puis envoyé au dépôt, il est inculpé d'entraves sérieuses à la liberté du travail. Six autres personnes sont inculpées le même jour, pour entraves à la liberté du travail et violences, sans être mises en prison.
Après sa sortie de prison, Florence repart en Lorraine avec sa famille. Il travaille à Joeuf où existe une importante usine sidérurgique appartenant à la famille de Wendel.
Pendant la première guerre mondiale, est d’abord mobilisé dans l’artillerie puis, en novembre 1916, détaché aux Forges de Chatillon à Commentry (Allier) avant d’être reversé, en juillet 1917, dans l’infanterie. Il est démobilisé fin février 1919 et s’installe à Neuves-Maisons (Meurthe-et-Moselle), autre haut lieu de la sidérurgie.
Revenant en région parisienne, Florence s’installe avec sa famille à La Courneuve (Seine, act. Seine-Saint-Denis), un des centres métallurgiques de l’agglomération. Il est en 1931 chauffeur dans une usine de la ville voisine d’Aubervilliers puis, en 1936, lamineur à La Courneuve.
Gaston Florence meurt le 11 avril 1963 à La Courneuve (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il était âgé de 82 ans et père de trois enfants. Il avait été décoré de la médaille commémorative française de la grande guerre.
Son deuxième fils, Max Florence (1918-1944), boxeur et résistant à l’occupation allemande, combattant dans les Forces françaises de l'intérieur (FFI), a été fusillé par les allemands le 16 août 1944 à Garges-lès-Gonesse, Seine-et-Oise (act. Val-d’Oise).
François Alexis Vannet naît le 29 janvier 1853 à Longwy-sur-le-Doubs (Jura). Il est le fils de Reine Fournier, journalière et de son mari Claude François Vannet, journalier également.
Devenu menuisier, François Vannet vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en 1891, avenue Pauline, dans le quartier de Polangis, avec une autre menuisière, Victorine Joseph Marchand. Par coquetterie ou souci des conventions, il la présente dans les recensements de population comme sa femme et lui octroie un âge bien inférieur à la réalité, mentionnant, suivant les enquêtes, 7 à 11 ans d’écart, alors qu’elle a 25 années de plus que lui. Ils se marient à Paris (7e arr.) en août 1902.
En mars 1901, François Vannet est un des fondateurs de la section de Joinville-le-Pont de la Ligue des droits de l’Homme (LDH). Le président de la section est Henri Lacroix, responsable du groupe socialiste-révolutionnaire de la commune et futur conseil municipal socialiste SFIO de la ville en 1912. Vannet complète le bureau en tant que trésorier-secrétaire.
Animée par des socialistes et des radicaux-socialistes, la section joinvillaise de la LDH très active, menant d’abord campagne contre le cléricalisme, le nationalisme et le militarisme. Elle réclame en 1902 la dissolution des tribunaux militaires. En 1905, elle soutient les victimes des massacres conduits en Russie pendant la révolution. Toujours en fonctionnement pendant la première guerre mondiale, elle est déchire après-guerre par l’exclusive lancée par le nouveau parti communiste mais reste en activité.
Après le décès de sa première épouse, en mars 1909, François Vannet épouse en décembre de la même année, une voisine également veuve, Estelle Malpert, âgée de 59 ans. De nouveau, il réduit de six ans l’âge de sa nouvelle femme sur les formulaires de recensement. Il exerce toujours son métier de menuisier en 1926, après la mort de sa seconde femme en février 1925.
Résident alors dans l’hospice Favier, rue du Four à Bry-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne), François Vannet se marie une troisième fois avec Marie Marasse en novembre 1927 à Bry. Ils vivent ensemble dans un appartement de l’hospice en 1931. Sa femme meurt à Nogent-sur-Marne en octobre 1932.
La date de décès de François Vannet, qui avait alors 75 ans, n’est pas connue.