Joseph Brégeot naît le 17 juin 1828 à Dompaire (Vosges). Il est le fils de Marie Catherine Laumont et de son mari, Jean-Baptiste Brégeot. Son père est, comme son grand-père paternel, instituteur ; il deviendra ensuite vigneron.
Comme eux, Joseph Brégeot devient instituteur en 1847 à Saint-Vallier (Vosges). Il fait la promotion auprès de ses collègues enseignants du quotidien La Réforme, journal fondé par Alexandre Ledru-Rollin qui défend des idées républicaines et sociales. Parmi ses collaborateurs, on a compté Étienne Arago, dramaturge et parlementaire républicain, qui fut maire de Paris en 1870, l’antimonarchiste Godefroy Cavaignac, l’historien socialiste Louis Blanc, membre du gouvernement provisoire de 1848, le philosophe Pierre-Joseph Proudhon, le fondateur de l’Internationale communiste Karl Marx, le ministre républicain qui supprima l’esclavage, Victor Schœlcher et le théoricien anarchiste Michel Bakounine.
L’attitude de Brégeot au cours des élections municipales de Saint-Vallier, est dénoncée par le sous-préfet de Mirecourt en janvier 1850 : « Il a amené presque toute la commune à voter pour les candidats de la liste la plus avancée ». Le même fonctionnaire mentionne une plainte du curé de Bouxières, village voisin qui l’accuse d’être rouge et d’utiliser la couleur rousse de ses cheveux pour illustrer ses convictions. Il propose : « Une suspension [...] le fera réfléchir [...] il a été réprimandé par le conseil supérieur dans sa séance du 14 août dernier. »
Après cette sanction, Joseph Brégeot quitte son poste et devient instituteur dans le village de Madécourt en 1853. En 1855, il est en poste à Nonville, dans le sud du département. Dans cette commune, il épouse Marie Augustine Galice, originaire de ce village. Il est ensuite muté en 1859 à Monthureux-sur-Saône, commune voisine et chef-lieu de canton. Il continue d’affirmer de défendre des positions radicales, socialistes et athées. Il est de ce fait de nouveau sujet à des ennuis avec l’administration, qui l’amènent à quitter les Vosges et l’enseignement. Installé à Paris vers 1864, il est employé de commerce en 1882 puis comptable en 1893.
Joseph Brégeot meurt le 24 février 1893 à Paris (4e arr.). Il résidait passage Saint-Paul. Âgé de 64 ans, il était père de deux enfants.
Ses obsèques civiles ont lieu au cimetière du Père-Lachaise où il est incinéré. Elles rassemblent un grand nombre de personnes, du fait de la personnalité de son fils Marie Henri Brégeot, di Henry Vaudémont, qui joue un important rôle dans la presse française ainsi que dans la vie politique et sociale de la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux (Seine), au sud-est parisien. Des allocutions sont prononcées par Jules Ferdinand Baulard, député radical-socialiste et par Brisson-Joly, ancien conseiller général et personnalité de la franc-maçonnerie. On note aussi la présence du maire de Joinville-le-Pont, Eugène Voisin, commune dont son fils est conseiller municipal, ainsi que celle du secrétaire de la Fédération Française de la Libre-Pensée, au bureau de laquelle siège également son fils. Les intervenants célèbrent « le vieux républicain, le libre-penseur convaincu. »
Suite de la biographie de Gabrielle Céline de Dombasle
Gabrielle Céline de Dombasle devient veuve, en janvier 1834, au moment du décès de son époux, Joseph Antoine Mathieu de Dombasle, officier d'état-major. Elle reste vivre dans le domaine de Brabois, à Villers-lès-Nancy, où se marie, à l’âge de 16 ans, sa fille aînée, Caroline, en décembre 1834, avec Lucien Salmon. Il fut l'un des trois arbitres d’une sentence arbitrale rendue entre son oncle Christophe Joseph Alexandre Mathieu de Dombasle et son grand-père, Antoine Bertier au sujet de la gestion de l’établissement agricole de Roville.
Blason des Mathieu de Dombasle
Sa seconde fille, Gabrielle Adélaïde dite Adèle, se marie en février 1842 à Paris avec Adrien Garreau, artiste musicien, professeur au conservatoire de musique de Toulouse (Haute-Garonne).
Les ressources financières de Gabrielle Céline de Dombasle sont probablement assez limitées ; elle se fait recruter en avril 1843 comme directrice de la poste aux lettres de Milly (Seine-et-Oise, act. Milly-la-Forêt, Essonne). Contrairement aux grands bureaux de poste urbains, réservés de fait aux hommes, les femmes peuvent accéder à la direction des bureaux ruraux, le terme de receveuse n’étant pas encore en usage. C’est une fonction qui est assez fréquemment attribuée à des veuves d’aristocrates ou de militaires.
Peu payé, le métier assure cependant une certaine considération, tout en imposant une responsabilité financière et un temps de travail considérable. En effet, les bureaux étant ouverts 7 jours sur 7, il n’y a pas de temps de repos. Les responsables ont certes droit à 15 jours d’absence, mais c’est sous réserve d’embaucher, à leur frais et sous leur responsabilité un remplaçant.
En 1845, Gabrielle Céline de Dombasle est toujours à Milly, et c’est chez elle que naît le troisième enfant de sa fille Adèle. Peu après, elle obtient la direction d’un autre bureau de poste, toujours classé comme rural, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est probable qu’elle emménage en compagnie des deux plus jeunes parmi les trois enfants d’Adèle : Ferdinand Joseph, né en 1843, et Georges Armand, né en 1845. En effet, Adèle, séparée de son mari, entame en 1847 un voyage en Océanie, à Tahiti et aux îles Marquises, en passant par le Chili, d’où elle ne reviendra qu’en 1849 ; plusieurs des gravures qu’elle a réalisées sont exposées à Paris au musée Jacques-Chirac du quai Branly.
La poste aux lettres de Joinville-le-Pont est mentionnée à partir de 1838 ; elle est desservie par la poste aux chevaux de Champigny-sur-Marne. Gabrielle Céline de Dombasle figure comme directrice dans les annuaires à compter de 1848 ; le nom de son prédécesseur n’est pas connu. Le bureau est situé quai Beaubourg (act. quai du Barrage), dans le quartier du Centre.
Mme de Dombasle participe, en 1856, à la collecte de dons en faveur de l'armée d'Orient, 52 personnes et deux groupes souscrivant à Joinville. Sa fille aînée, Caroline, devenue veuve, se remarie à Joinville en octobre 1861 avec Nicolas Martignon, notaire.
L’administration des postes accorde, en octobre 1865, une modeste retraite de 428 francs par an à Gabrielle Céline de Dombasle, qui était toujours en poste à Joinville. Le décret mentionne qu’elle souffre d’infirmités ; elle était alors âgée de 68 ans et avait 22 ans et demi d’ancienneté.
La succession à la direction du bureau est accordée à une autre aristocrate d’origine auvergnate, Antonine de La Chassaigne de Sereys, veuve Potrolot de Grillon. Elle deviendra l’épouse du colonel Broutta et exercera sa fonction jusqu’en 1896.
Après sa retraite, Gabrielle Céline de Dombasle vit à Paris (16e arr.) chez sa fille aînée et son gendre, Caroline et Gabriel Nicolas Martignon, rue Guillou. Elle y meurt le 7 juillet 1870. Elle était âgée de 73 ans et est inhumée à Joinville dans un caveau qui accueille également plusieurs de ses descendants, dont son petit-fils, Georges Garreau-Dombasle, journaliste, chevalier de la Légion d’honneur, ainsi que ses deux épouses, Louise, née Duchon et Lucie, née Faure.
Un autre de ses petits-fils, Ferdinand Garreau-Dombasle, professeur à l'École des mines d’Alès, est le père du diplomate et résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, Maurice Garreau-Dombasle, lui-même époux de la résistante et poète Man’ha Garreau-Dombasle. Leur fille, Francion Garreau-Dombasle, a épousé Jean Louis Melchior Sonnery de Fromental ; ce sont les parents d’Arielle Dombasle, épouse de Bernard Henri-Lévy.
Gabrielle Céline de Dombasle est donc la quadri-aïeule de l’actrice.
Début de la biographie de Gabrielle Céline de Dombasle
Céline Gabrielle Bertier naît le 12 ventôse an 5 (2 mars 1797) à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Elle est la fille de Marie Dorothée de Rennel et de son mari Thomas Joseph Bertier, qui vivent place de la République.
Sa mère, née à Nancy en 1758 et morte à Méhoncourt (Lorraine, act. Meurthe-et-Moselle) en 1807, est la fille du comte Joseph Balthazar de Rennel et de son épouse, Marguerite Gabrielle, également née de Rennel. En décembre 1758, à l’âge de huit mois, elle est reçue comme chanoinesse-comtesse de l’abbaye de Neuville-les-Dames (act. Ain). À l’instar d’autres établissements, comme ceux de Remiremont (Vosges), Baume-les-Dames (Doubs) ou Saint-Martin de Salles en Beaujolais (Rhône), elle faisait partie des abbayes nobles, où seules étaient admises des filles pouvant prouver une noblesse suffisante (16 quartiers de noblesse). Les pensionnaires ne faisaient pas vœu de célibat et pouvaient quitter l'abbaye et se marier. Une des sœurs cadettes de Marie Dorothée de Rennel, Charlotte Gabrielle, la rejoignit en 1761, à l’âge de quatre mois. Pour la différencier, elle fut désignée sous le nom de Mlle de Lescut, autre titre porté dans la famille. Le couvent fut dispersé, comme toutes les congrégations religieuses, en 1790. Marie Dorothée de Rennel épousa Thomas Joseph Bertier le 8 nivôse an 3 (28 décembre 1794) à Roville-devant-Bayon (Meurthe, act. Meurthe-et-Moselle) ; la mention d’état-civil omettait la particule.
Blason des de Rennel
Le père de Gabrielle Céline, Thomas Joseph Bertier, négociant en épices et denrées coloniales était le fils d’Antoine Bertier. La famille, riche, est alliée à plusieurs maisons nobles, comme les Robert de Jubainville à Bar-le-Duc. Lesté d’un baccalauréat en philosophie obtenu à Nancy (1779), il étudie le commerce pendant deux ans à Hambourg puis s’établit comme planteur à Saint-Marc (act. département de l'Artibonite, Haïti), dans la colonie française de Saint-Domingue. Selon la généalogie familiale établie par Cédric Touvet, « il acquit rapidement une fortune considérable. Il devait vendre des propriétés de colons, mais il lui est arrivé, à l'occasion, de vendre des esclaves faisant partie du lot ». Il revint en France en 1789, se déclara en faveur de la Révolution et fut nommé officier de la garde nationale de Nancy. Il acheta une vaste propriété à Roville-devant-Bayon en 1791. Maire de la commune et conseiller général de la Meurthe pendant plus de 50 ans, il fut député, membre de la Chambre des représentants durant les 100 jours, après le retour de l’île d’Elbe de Napoléon Ier.
Maison des Bertier à Nancy
Avec son père, Thomas Joseph Bertier fut le fondateur de l’établissement agricole de Roville, qui s’étendait sur 190 hectares. Ils en confièrent la gestion en 1820 à l’agronome Christophe Joseph Alexandre Mathieu de Dombasle (1777-1843) qui en fit le précurseur des écoles supérieures d’agriculture en France.
Gabrielle Céline Bertier avait épousé, en février 1817 à Méhoncourt (Meurthe, act. Meurthe-et-Moselle), Joseph Antoine Mathieu de Dombasle (1780-1834), frère du précédent, vicomte et lieutenant d'état-major. Ils vivaient à Villers-lès-Nancy, où ils étaient propriétaires du domaine de Brabois. Ils eurent deux filles, Marie Joséphine Caroline (1818-1877) et Gabrielle Adélaïde dite Adèle (1819-1901).
Jean Francois Xavier Arquinet naît le 19 novembre 1832 à Vesoul (Haute-Saône). Il est le fils de Marie Lallemand et de son époux Joseph Arquinet, cultivateurs.
En 1860, il vit rue du Faubourg Saint-Antoine à Paris (12e arr.) et est sculpteur, dans la zone où sont regroupés les artisans du bois. Ayant déménagé rue de Citeaux dans le même quartier, il épouse Marie Rose Prévost en avril 1866 à Lunéville (Meurthe, act. Meurthe-et-Moselle).
Au cours des années 1880, le couple Arquinet vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le centre de la commune, rue du Pont. Ils sont alors rentiers.
Lors des élections municipales de mai 1888, Jean Arquinet est candidat sur la liste du maire sortant, Gabriel Pinson, républicain modéré, qui s’oppose à celle du comité radical-socialiste, conduite par Alphonse Demeestère, conseiller municipal sortant. La liste Pinson emporte 18 des 21 sièges à pourvoir, les radicaux ayant les trois autres. Arquinet est élu dès le premier tour, avec 302 voix sur environ 550 votants soit 55%.
Reconduit à la mairie, Gabriel Pinson meurt un mois plus tard et est remplacé par le premier adjoint, Eugène Voisin, qui se rapproche des radicaux. Arquinet fait partie, en décembre 1890, de la délégation pour les élections sénatoriales, soutenue par les radicaux. Il fait partie de la majorité des conseillers qui, à l’appel du comité radical-socialiste, rendent compte de leur mandat en séance publique en octobre 1891.
Lors des élections municipales de mai 1892, Arquinet est réélu dès le premier tour avec 436 voix sur 639 suffrages exprimés (68,2%) pour 644 votants. La liste des radicaux avec Eugène Voisin à sa tête remporte 22 des 23 sièges à pourvoir, une liste conservatrice en recueillant un. Arquinet fait partie des commissions en charge de la bibliothèque, des chemins, travaux et éclairage, des finances, ainsi que du marché d’alimentation. Il est de nouveau délégué sénatorial en mars 1896.
Commentant son attitude pendant le mandat, le journaliste Henry Vaudémont écrit dans l’hebdomadaire radical Voix des communes : « Arquinet, épicurien, rêve de pêche à la ligne et de repos. »
La liste Eugène Voisin est réélue en mai 1896 sans concurrents avec Arquinet. Il est de nouveau délégué sénatorial en juillet 1897 puis en avril 1899.
Le scrutin suivant, en mai 1900, voit une liste socialiste-révolutionnaire contester les candidats radicaux. Ceux-ci, derrière Eugène Voisin, remportent cependant tous les sièges. Il y a 1 096 inscrits et Arquinet obtient 626 votes.
Le Comité d’union et d’action républicaines de la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux se constitue en avril 1902 avec comme président le député radical Jules Ferdinand Baulard, résidant à Joinville. Arquinet est avec Boileau, Gobert, Vel-Durand et Volant, conseillers municipaux, au nombre de la délégation joinvillaise, avec Roussel et Salles.
En juin 1902, bien qu’absent du conseil municipal, Arquinet fait savoir qu’il se prononce contre l’autorisation d’installation des Sœurs enseignantes de la Providence, comme la majorité radicale-socialiste du conseil.
Jean Arquinet meurt le 17 avril 1904 à Joinville. Il était âgé de 71 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant. Il siégeait depuis 16 ans au conseil municipal.
Jules Warin naît le 18 janvier 1853 à Sedan (Ardennes). Il est le fils d’Esther Victorine Percheron et de son mari, Ponce Warin, boulangers.
Au cours des années 1870, il effectue des études de pharmacie à Nancy (Meurthe-et-Moselle) ; il publie en 1878 une Étude sur l'acide mucique, antioxydant que l'on retrouve dans différents fruits, notamment la pomme. Il s’établit comme pharmacien à Stenay (Meuse). Il a sans doute effectué un service militaire comme sous-officier dans une unité sanitaire.
Installé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) vers 1882, sa pharmacie route de Brie. Les deux quartiers de la rive gauche de la Marne, Palissy et Polangis, sont encore peu peuplés mais se développent rapidement, de même que la partie de Champigny proche, autour du lieudit la Fourchette. Ils ne disposent que de fort peu de services publics. Pour se rendre à l’école communale de Joinville, les enfants doivent parcourir d’assez longues distances.
En 1880, des parents de ladite zone, proches des milieux radicaux-socialistes et socialistes-révolutionnaires, décident de créer un groupe scolaire libre, qui ouvre d’abord une école laïque enfantine (maternelle). Warin est à l’initiative de sa constitution, qui devient effective en 1882. Comme président du conseil d’administration, il procède en 1888 au recrutement d’instituteurs pour permettre l’élargissement de l’école à l’enseignement primaire, en 1889.
La ville de Champigny prend à sa charge l’école, qui est communalisée en octobre 1892 tout en continuant à accueillir les enfants de Joinville. Warin et le conseil d’administration décident donc la dissolution de leur association en mai 1893. Du côté de Joinville, un ensemble scolaire est ouvert à Polangis en 1899. À cette occasion, le docteur Piettre, vice-président du Conseil général de la Seine, prononce un éloge de l’action de Warin et de la mobilisation de la population du quartier, qui avait supporté seule les frais de l’école de la Fourchette.
En matière sociale, Warin est également membre du comité de Saint-Maur-Joinville de la Société française de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge) en 1885 et de l'Œuvre des enfants tuberculeux en 1891-1892.
Sur le plan professionnel, Jules Warin suit les cours de l’École supérieure de Pharmacie de Paris. Il publie en 1890 une mise en garde sur la digitaline, que certains médecins prescriraient à tort selon lui. Devenu lauréat en 1893, il est nommé pharmacien de première classe et publie une étude sur Les bulles glutineuses.
Il a installé une pharmacie dans le 14e arrondissement de Paris, rue Guilleminot. En juin 1894, il épouse, au Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime), Augustine Martin, abandonnée par ses parents à sa naissance.
Soutenant sa thèse sur une Étude comparative sur la préparation de quelques extraits fluides, Jules Warin devient docteur en pharmacie avec la mention très bien en 1901. Il ouvre une officine à Villiers-sur-Marne (Seine-et-Oise, act. Val-de-Marne). Il poursuit des publications scientifiques, comme en 1908 sur l'extrait de cola ou en 1913 sur un Extrait fluide de quinquina pour vin. Pour ses produits, il dispose d’un dépôt à Paris (4e arr.), rue du Pont-Louis-Philippe
Élu membre correspondant national de la Société de pharmacie de Paris, en avril 1903, Jules Warin est également président de l'Association des docteurs en pharmacie des universités de France.
Jules Warin meurt le 7 juillet 1915. Il était âgé de 62 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant. En avril 1899, il avait été décoré des Palmes académiques, comme officier d’académie, pour son rôle en faveur de l’école de la Fourchette de Champigny-Joinville.
Saluant sa mémoire, la Chambre syndicale des pharmaciens de la Seine met en avant « la droiture de son caractère et la solidité de sa technique professionnelle. »
Gaston Maisonpierre naît le 10 janvier 1881 à Paris (18e arr.), il est le fils de Caroline Maisonpierre, couturière native de Hollande qui vit boulevard de Clichy, et d’un père non dénommé. Sa mère le reconnaît en janvier 1883 à Paris (10e arr.). Enfin, il est reconnu à Paris (17e arr.) en janvier 1885 par Joseph Victor Florence, distillateur alsacien ayant opté pour la nationalité française ; ce dernier meurt en avril 1889.
Travaillant comme ouvrier dans la métallurgie en tant que chauffeur à Joeuf (Meurthe-et-Moselle), Gaston Florence s’engage pour quatre ans dans l’armée à Briey (Meurthe-et-Moselle) en février 1901. Il est affecté au 12e régiment de dragons. Il se marie, toujours à Joeuf, en février 1906 avec Marie Véronique Thévenin.
En 1907, Florence est ouvrier à l’usine du Bi-Métal, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il réside dans la commune voisine de Saint-Maur-des-Fossés, rue du Four puis place des Écoles. Il va prendre un rôle actif dans la grande grève de cette usine qui fabrique notamment des fils téléphoniques.
Au début de l’année 1910, les communes riveraines de la Marne ne sont pas encore sous les eaux : l’inondation historique débutera à la fin du mois de janvier. Le 19 janvier 1910, la majorité des quelques 240 ouvriers de Bi-Métal se mettent en grève avec l’appui de l'Union syndicale des ouvriers sur métaux. Le syndicat est affilié à la Confédération générale du travail (CGT), fondée en 1895 et unifiée en 1902 avec la fédération des bourses du travail ; elle a adopté en 1906 la charte d’Amiens, qui reste la base idéologique du syndicalisme français.
Les demandes des syndicalistes consistent en une revalorisation des salaires. Le conflit, particulièrement long, deviendra très violent, illustrant la rudesse des rapports sociaux au début du vingtième siècle. Il aura des échos à la Chambre des députés comme dans toute la presse. Selon Gaspard Ingweiller, qui dirige la grève en tant que secrétaire de l’Union des métaux, qui s’exprime dans le quotidien socialiste L’Humanité « Les métallurgistes s'étant aperçus qu'un foyer de jaunisse [des non-grévistes embauchés par la direction] existait à l'usine de canalisation électrique de Joinville-le-Pont, décidèrent d'accord avec les autres organisations en grève, de prendre de vigoureuses mesures de prophylaxie pour éteindre le foyer infectieux, considérant qu'il vaut mieux prévenir que guérir. Des groupes se, constituèrent et administrèrent aux malades en question une potion énergique qui les remit immédiatement sur pied. »
Des « cuisines communistes » fonctionnent pour fournir les repas aux grévistes et à leurs familles. Les enfants des métallurgistes en lutte sont pris en charge par d’autres militants afin d’écarter « le souci moral occasionné dans les luttes ouvrières par la présence des enfants. »
Début mars, la Marne s’étant retirée, la direction se mit en devoir de procéder au graissage des machines qui avaient été submergées. Une équipe de mécaniciens parisiens est recrutée par les contremaîtres vendredi 18 mars ; ils arrivent accompagnés matin et soir par une escorte de policiers entre la gare du chemin de fer et l’usine. Mais l'entrée des ateliers est barrée par des grévistes embusqués qui leur interdisent l'accès de l'usine, tirant même des coups de revolver ; dix grévistes seront arrêtés.
La direction décide alors de faire appel au « Syndicat des jaunes », un mouvement anti-gréviste fondé en 1899 et soutenu par des groupes d’extrême droite. Le lundi 21 mars, ils sont une quarantaine, toujours accueilli par des protestations des grévistes. La tension monte encore. Des menaces de mort ont été adressées au directeur et fils télégraphiques et téléphoniques ont été coupés à Saint-Maurice.
Changement de tactique alors parmi les syndicalistes des métaux. Jeudi 24 mars, il vient cinquante jaunes, ou prétendus tels. Afflux de chômeurs attirés par l’espoir d’un travail ? Peut-être, mais il y a sans doute également, selon le quotidien libéral Le Journal des débats, de pseudo-jaunes se seraient glissés dans l’équipe, pour discréditer l’organisation des anti-grévistes et prouver que, selon le mot de L’Humanité « La jaunisse coûte cher. »
Un des ouvriers nouvellement embauché est surpris emportant des pièces de cuivre dans une toile dissimulée sous son veston. La police procède à une fouille à l’entrée de la gare parmi les ouvriers qui regagnaient Paris : elle trouve sur six d’entre eux une moyenne de vingt kilos de métal ; ils sont eux aussi envoyés en prison. Le lendemain, un autre est encore convaincu de vol.
La direction de l'usine décide alors de congédier tout le personnel nouvellement embauché et de fermer les ateliers. Au sein du personnel, un certain essoufflement apparaît après presque trois mois de conflit ; des ouvriers ont des entrevues avec les directeurs de l'usine au sujet d’une reprise du travail et une pétition est lancée par quelques-uns d’entre eux.
L'usine du Bi-Métal était gardée par la gendarmerie et la police, mais devant la violence des affrontements, le gouvernement juge que c’est insuffisant et fait appel à l’armée : chasseurs à pied et dragons viennent donc faire la garde à Joinville, à partir du 11 avril.
Le 16 mars, les ouvriers en grève du Bi-Métal qui dure depuis deux mois sont rejoints par ceux de La Canalisation électrique, usine voisine située à Saint-Maurice. Avec le reflux de l’inondation, La Canalisation électrique embauche vingt nettoyeurs, cependant le 17 mars, une centaine de grévistes tentent de les empêcher d’opérer à coups de pierres. La police s’interpose, et plusieurs coups de revolver sont tirés, sans faire de blessés. Cinq arrestations sont faites, dont celle de Florence. Dans l'après-midi, des métallurgistes de Montreuil, également grévistes, se sont joints à ceux de Joinville et la police locale réclame des renforts des commissariats de Charenton, Ivry, Vincennes et Gentilly puis fait appel à l’armée.
Florence, Victor Bluche, Jean Elipoura, François et Jean Lucchi ont nié avoir tiré des coups de feu et avoir jeté des pierres sur la police. Ils sont cependant maintenus sous mandat d'écrou. À la demande de leurs avocats, le président du Conseil des ministres, Aristide Briand, leur octroie le régime des détenus politiques. Ils sont jugés le 12 avril devant la neuvième chambre du tribunal de police correctionnelle, présidée par M. Ausset, sous les inculpations d'entraves à la liberté du travail, outrages aux agents, infraction à la loi sur les étrangers (pours trois d’entre eux) et port d'arme prohibée, en compagnie d’une femme, Catherine Gutrod, née Thomé. Florence et Bluche sont condamnés à trois mois de prison pour entrave à la liberté du travail et port d'arme prohibée, Jean Elipoura et François Lucchi à deux mois, Catherine Gutrod à quinze jours tandis que le jeune Jean Lucchi est relaxé.
Le même jour, Gaspard Ingweiller, le dirigeant syndical à la tête de la grève, est arrêté après une course poursuite. Il était porteur d'un revolver. Conduit au commissariat, puis envoyé au dépôt, il est inculpé d'entraves sérieuses à la liberté du travail. Six autres personnes sont inculpées le même jour, pour entraves à la liberté du travail et violences, sans être mises en prison.
Après sa sortie de prison, Florence repart en Lorraine avec sa famille. Il travaille à Joeuf où existe une importante usine sidérurgique appartenant à la famille de Wendel.
Pendant la première guerre mondiale, est d’abord mobilisé dans l’artillerie puis, en novembre 1916, détaché aux Forges de Chatillon à Commentry (Allier) avant d’être reversé, en juillet 1917, dans l’infanterie. Il est démobilisé fin février 1919 et s’installe à Neuves-Maisons (Meurthe-et-Moselle), autre haut lieu de la sidérurgie.
Revenant en région parisienne, Florence s’installe avec sa famille à La Courneuve (Seine, act. Seine-Saint-Denis), un des centres métallurgiques de l’agglomération. Il est en 1931 chauffeur dans une usine de la ville voisine d’Aubervilliers puis, en 1936, lamineur à La Courneuve.
Gaston Florence meurt le 11 avril 1963 à La Courneuve (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il était âgé de 82 ans et père de trois enfants. Il avait été décoré de la médaille commémorative française de la grande guerre.
Son deuxième fils, Max Florence (1918-1944), boxeur et résistant à l’occupation allemande, combattant dans les Forces françaises de l'intérieur (FFI), a été fusillé par les allemands le 16 août 1944 à Garges-lès-Gonesse, Seine-et-Oise (act. Val-d’Oise).
Nicolas Émile Deiber naît le 13 mars 1847 à Neufchâteau (Vosges). Il est le fils de Marie Anne Villemont et de Joseph Deiber, tailleur d’habits.
Devenu employé de banque au Comptoir d’escompte de Neufchâteau, Émile Deiber épouse en octobre 1869 à Goussaincourt (Meuse) Adeline Sophie Mélinat, dont le père, ancien coiffeur, est hospitalisé à l’établissement des Incurables (act. hôpital Bicêtre, Paris) et dont la mère vit à Versailles (Seine-et-Oise, act. Yvelines).
Peut-être Deiber combat-il pendant la guerre de 1870-1871, qui oppose la France à plusieurs États allemands, dont la Prusse. Il est officier dans la réserve, affecté au 80e régiment territorial d’infanterie comme sous-lieutenant en 1878. En mai 1884, il est promu au grade de capitaine dans la même unité.
La famille est installée en 1873 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), rue Bernier, dans le quartier du Centre, où naissent leurs deux filles. Émile Deiber est chef comptable dans la société des Forges de Saint-Maur, implantée dans la commune et dirigée par Alphonse Pilté. Elle emploie 150 ouvriers. Deiber témoigne devant le tribunal civil de la Seine en faveur de Pilté, qui agissait comme président de la caisse de secours des Forges de Joinville, contre un des employés blessé ; l’affaire est jugée en leur faveur en appel en 1878.
Cette même année, Deiber et Pilté font partie d’un groupe de républicains de la commune qui décident de s’opposer au maire sortant, bonapartiste, Ferdinand Rousseau. La liste emporte 20 des 21 sièges à pourvoir, le dernier échéant à un orléaniste. Gabriel Pinson, républicain modéré, est élu maire. Un conflit éclate au sein du conseil, en septembre 1879 ; Alphonse Demeestère, qui sera plus tard le dirigeant du comité radical-socialiste de la circonscription, veut porter secours à Adolphe Morandy, ancien lieutenant des Francs-tireurs pendant la guerre franco-allemande de 1870 et officier sous la Commune de Paris en 1871, récemment amnistié et malade. Il lance une souscription, ce que conteste le maire. Deiber est signataire avec la majorité de la motion du conseil municipal du 27 septembre 1879, dans laquelle les élus « blâment sévèrement le citoyen Demeestère. »
Pour prendre la suite d’Alphonse Pilté, Deiber s’associe avec Julien Grand, administrateur, et devient directeur d’une nouvelle société, au capital de deux millions de francs, formée en juin 1879, la Société anonyme des forges, laminoirs et aciéries de Seine-et-Rhône, basée à Joinville, spécialisée dans les fers de ferraille. L’entreprise gère également les forges, laminoirs et aciéries d’Oullins (Rhône). Deiber devient ainsi maître de forges.
En janvier 1881, Deiber est réélu conseiller municipal de Joinville, sur la liste de Gabriel Pinson ; les éléments les plus radicaux, dont Demeestère, ne sont pas reconduits. C’est Deiber qui, au nom de la municipalité, prononce le discours pour l’inauguration des écoles communales, au moment où l’instruction publique devient obligatoire. Il conclut en assurant que « l'instruction était la compagne obligée de la liberté ». Le délégué du préfet, M. Roux, fait l'éloge de Joinville, considérant qu’il s’agissait de « la commune la plus instruite du département ». Elle accueillait déjà un important établissement privé laïc, le Parangon.
Selon l’historienne Michelle Perrot, Deiber, conseiller municipal républicain, « passe parmi ses ouvriers pour un royaliste ennemi des ouvriers ». Elle raconte l’anecdote suivante, qu’elle ne date pas : « Aux forges de Joinville-le-Pont, où sévit le chômage, les ouvriers ayant proposé de ne travailler que quinze jours pour employer tout le monde, le directeur Debert [Deiber] les apostrophe : Vous voulez travailler quinze jours ? – Oui – Eh bien ! Vous ne travaillerez pas du tout ; foutez-moi le camp. »
La dissolution de la Société des Forges laminoirs et aciéries de Seine-et-Rhône est décidée par les actionnaires en mars 1885. Deiber est désigné comme un des deux liquidateurs. Il vend aux enchères l’usine d’Oullins. L’usine de Joinville sera elle exploitée par la société Édouard Martin, Ducamp et Cie avant de rejoindre, en 1892, la Compagnie française du Bi-Métal.
Quittant les bords de Marne, Deiber s’installe rue du Parc-Royal, dans le quartier du Marais à Paris (3e arr.), où il reprend un atelier de fabrication de timbres élastiques et en caoutchouc. Il présente ses produits lors de l'exposition universelle de 1889 à Paris.
Revenant aux activités métallurgiques en 1896, il fonde la société Deiber et Allagnier avec son gendre, Alphonse Allagnier. Elle est basée à Alfortville (Seine, act. Val-de-Marne), un peu en aval de Joinville. Il constitue en outre la société Deiber, Grondard et Cie pour fabriquer des bandages de roues, des chaudières et réservoirs. Ils rachètent, en 1897 un train circulaire pour le bandage des roues sans soudure. Au cours de l'exposition universelle de 1900 à Paris, elle est gratifiée d’une médaille d'or.
Nicolas Émile Deiber meurt le 13 février 1901 à Paris (3e arr.). Il était âgé de 53 ans et père de deux filles. Décoré des Palmes académiques, il était officier d’académie depuis 1881 et avait été fait ensuite officier de l’instruction publique. L’entreprise qu’il dirigeait en tant que maître de forges deviendra les Forges et laminoirs d’Alfortville en 1901.
L'usine métallurgique de Joinville-le-Pont en 1907
Raymond Jean Léon Nègre naît le 13 juillet 1908 à Domjulien (Vosges). Il est le fils de Marcelle Rachel Léontine Dalby et de son époux Jules Nègre, ciseleur. La sœur de Jules Nègre épouse le frère de Marcelle Dalby, dont les parents vivent à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).
Mirabelle de Domjulien, dessin Raymond Nègre
C’est dans cette commune que Raymond Nègre va vivre dans les années 1930. Il réside d’abord quai du Barrage, puis place Mozart, dans le quartier de Polangis, à proximité des studios Pathé où il est décorateur pour le cinéma. Peut-être est-ce lui qui bénéfice, en 1921 et 1922, d’une remise des frais d’externat dans le collège Chaptal à Paris (act. lycée Chaptal, 8e arr.)
En juillet 1933, il épouse à Joinville Marie Louise Pilar Bergasa y Gallardo. Ils vivent en 1937 toujours dans le quartier de Polangis, mais dans la commune voisine de Champigny, rue Charles-Infroit.
Spécialiste des trucages, Raymond Nègre signe les décors de plus de 60 films, notamment parmi ceux tournés aux studios de Joinville entre 1937 et 1971. Il travailla comme assistant pour deux des chefs-d’œuvre de Marcel Carné, Les Enfants du paradis et Drôle de drame, puis fut le chef-décorateur de nombreux films d'André Berthomieu comme L’Ange de la nuit (1944) ou La Femme nue (1949). Il collabora aussi avec Jacques Becker (Dernier Atout, 1942) et travailla pour la télévision.
Il a réalisé des croquis qui sont publiés dans la brochure Trucage et effets spéciaux propres aux décors (CST, 1978).Ils sont repris pour illustrer les effets spéciaux utilisés dans les films au sein du Dictionnaire technique du cinéma (Vincent et Christophe Pinel, Nathan, 1996, rééd. Armand Colin, 2016).
Le Pouldu, par Raymond Nègre
Raymond Nègre meurt le 7 juillet 1985 à Créteil (Val-de-Marne). La commune de Joinville-le-Pont a dénommé « allée Raymond-Nègre » une voie du quartier de Palissy. Elle se situe sur le site des anciens studios de cinéma.
Sa fille, Osanne Nègre (1934-2020), fut artiste peintre et graveuse. Son fils, Alain Nègre (né en 1937), également décorateur de cinéma, a déposé les archives de son père au département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France en 2008. Elles comprennent notamment des croquis faits pendant sa collaboration avec Abel Gance et Jean-Christophe Averty.
Louis Jules Debeuré naît le 7 janvier 1831 à Triconville (Meuse). Il est le fils de Marguerite Anne Julie Devraine et de son époux Nicolas Debeuré, tisserand.
Il est cordonnier à Paris, où il épouse en avril 1854 (6e arr.) Marie Anne Justine Bousquet. Au cours des années 1860, il devient doreur sur métaux et vit dans le 11e arrondissement de Paris, dans le quartier de la Folie-Méricourt. Il installa sa société de dorure au mercure dans le même quartier, rue de Nemours.
Au début des années 1880, Debeuré est propriétaire d’une maison de campagne à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), route de la Brie (act. av. Galliéni), dans le quartier de Palissy. Il va s’impliquer dans la vie locale.
Il est d’abord membre de la fanfare locale mais il s’en retire, en octobre 1884, pour consacrer tout son temps à la société d’escrime et de tir Les Volontaires de Joinville et Champigny, fondée le même mois. Dans le contexte de la défaite encore récente de la France face aux troupes prussiennes et allemandes en 1870, de nombreuses sociétés de ce type voient le jour. Celle de Joinville et Champigny démarre avec une centaine d’adhérents. Elle en compte 163 en 1866, dont 38 tireurs actifs.
L’objectif de ces organismes de tir, de gymnastique et d'exercices militaires est patriotique. Mais, dans un contexte où la montée de forces populistes est sensible, le conseiller général du département de la Seine, Faillet, qui fait approuver en novembre 1887 une subvention pour Les Volontaires de Joinville et de Champigny précise : « Quoique nous ne soyons pas boulangistes, nous sommes disposés à venir en aide à toutes les sociétés de cette nature qui ont pour objet la défense de la France démocratique. »
Si le démarrage de la société fut rapide, la vie associative va s’avérer très compliquée. En 1885, le propriétaire du stand, le cafetier Vingdlet, se brouille avec Debeuré. L’assemblée générale de fin d’année est agitée, avec la démission du porte-drapeau après une pétition de 32 signataires. Le journaliste radical-socialiste Henry Vaudémont essaie « de donner de l’entrain à la société ». Mais il témoigne en juin 1888 : « J’essuyai presque autant de déboires que Debeuré lui-même, ce qui n’est pas peu dire. »
Lors des élections municipales de mai 1888 à Joinville, Debeuré est candidat sur la liste du républicain modéré Gabriel Pinson, maire sortant. La lise emporte dès le premier tour 17 des 21 sièges à pourvoir, et en récupère un de plus au second tour, tandis que les radicaux-socialistes en obtiennent trois, derrière Alphonse Demeestère. Avec 283 voix, Debeuré est le dernier des élus du premier tour.
Un mois après le scrutin, le maire réélu meurt. La désignation d’Eugène Voisin pour le remplacer est l’occasion d’un rapprochement entre la majorité municipale et les radicaux. Debeuré, libre-penseur affirmé, comptait de nombreux amis parmi ces derniers. Il est désigné, en décembre, comme membre du bureau de bienfaisance, en charge du fonctionnement du fourneau.
Louis Jules Debeuré meurt le 5 janvier 1890 à Joinville, dans sa maison de campagne. Il était âgé de 59 ans et vivait de ses rentes depuis 1888. Il avait semble-t-il eu deux enfants, dont une fille morte très tôt.
Debeuré est inhumé au Père-Lachaise, en présence de beaucoup de joinvillais et de commerçants du quartier de la Folie-Méricourt. Le député radical-socialiste Jules Ferdinand Baulard, l’adjoint au maire de Joinville, Honoré Jullien et l’ancien conseiller général et militant de la libre-pensée Brisson-Joly prononcèrent des discours au cimetière parisien du Père-Lachaise, où il eut des obsèques civiles. Henry Vaudémont, ancien vice-président de la société de tir, malade, fit lire un message.
François Constant Martin naît le 27 octobre 1842 à Vignot, dans la Meuse. Il est le fils de Françoise Level et de son mari, Sébastien Rémy Martin, tisserand.
Exerçant la profession de carrier, mais également cultivateur dans son village, Constant Martin épouse en décembre 1863 à Vignot Justine George, fille d’un garde-champêtre. Leur fille Alice Juliette Martin naît dans la commune en août 1870.
Au mariage de celle-ci, en mars 1893 à Paris (10e arr.), ils vivent dans cet arrondissement, passage Delessert et Constant Martin est terrassier.
Au début du 20e siècle, la famille est installée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avenue du Bac, dans le quartier de Polangis.
En 1905, Constant Martin adhère à la Société française pour la propagation de l'espéranto. Plusieurs personnalités ont défendu, à Joinville, le développement de langues internationales. Le journaliste Henry Vaudémont s’engagea entre 1885 et 1889 pour le Volapük, dans laquelle il voyait une intéressante façon d’échanger, notamment en matière scientifique. L’ingénieur anarchiste Jules Vallety, dit Charles Papillon, réside dans le quartier voisin de Palissy. Il adhère également la même année à cette société ; Papillon défendra ensuite l’Ido, version modifiée de l'espéranto.
François Constant Martin meurt le 3 août 1921 à Joinville, où il est déclaré comme journalier. Il était âgé de 78 ans.
Son petit-fils Henri Fraissange (1899-1966), électricien puis employé de commerce, fut sans succès candidat sur la liste radicale-socialiste aux élections municipales de Joinville-le-Pont en mai 1935 puis maire du village de Cérilly dans l’Yonne (1951-1953).