Louis Louveau naît le 11 mars 1781 à Cossé-le-Vivien (Mayenne). Il est le fils de Françoise Perrine Louise Saulou et de son époux René François Louveau. Le couple a 14 enfants nés vivants, Louis étant le 12e.
La famille Louveau garde le titre de sieur de La Pagerie, un hameau de Cossé-le-Vivien. L’oncle paternel de Louis, Joseph Pierre Louveau (1744-1822), magistrat, fut élu député au Conseil des Cinq-Cents, lors des élections législatives de 1797. Il était membre du Club de Clichy, de tendance républicaine modérée, formé par Germaine de Staël suite à la chute de Robespierre.
Résidant à Paris, Louis Louveau est élu conseiller municipal de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), le 30 septembre 1831. La commune vient d’abandonner depuis un mois son ancien nom de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur. Laurent Nicolas Pinson, récent maire, est élu en même temps que lui.
Village rural, Joinville accueille des parisiens qui y disposent de résidences secondaires. Louveau habite à Paris, peut-être rue des Francs-Bourgeois, dans le quartier du Marais. Il est recensé dès 1822 à Joinville, où il possède une résidence quai Beaubourg, sur les bords de Marne. Il est désigné comme propriétaire.
Le 28 mai 1837, Louveau est réélu, au suffrage censitaire, arrivant en seconde position sur six candidats derrière Pinson avec 28 voix sur 46 suffrages exprimés et 61 inscrits. Il n’est pas réélu le 18 février 1843 lors du scrutin qui suit la démission de Pinson.
La presse conservatrice (Gazette nationale, Journal des débats) mentionne le nom de Louis Louveau comme participant à plusieurs souscriptions : pour l’extinction de la mendicité en 1829, en faveur des pauvres en 1832, pour la mémoire de Casimir Périer la même année, pour les incendiés de Hambourg en 1842 et pour les victimes du désastre de la Guadeloupe en 1843.
Louis Louveau meurt le 31 janvier 1863 à Neuilly-sur-Seine (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il était âgé de 82 ans et célibataire. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris (act. 20e arr.)
Château des Alleux, Cossé-le-Vivien (Arch. dép. Mayenne)
Laurent Joseph Marie Lozet naît le 9 septembre 1868 à Paris (4e arr.). Il est le fils de Brigide Raffort, couturière, et de son époux Antoine Auguste Lozet, journalier. Mal orthographié sur l’acte de naissance qui porte « Lezet », son nom est rectifié par jugement en mars 1886. Ses parents sont tous deux originaire du village d’Aigueblanche (Savoie). Le père meurt en juillet 1879, quand Joseph a dix ans.
C’est peut-être leur situation d’orphelins qui explique que ni Joseph ni ses deux frères aînés ne semblent pas avoir été convoqués pour le service militaire.
Devenu marchand ambulant brossier, Lozet se fournit dans l’usine métallurgique Ollagnier de Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). En avril et juin 1903, il intervient à Paris dans plusieurs réunions de l’Alliance, syndicat des marchands ambulants.
En matière politique, c’est probablement Joseph Lozet qui, désigné dans les sources seulement en tant que Lozet, milite dans les organisations socialistes à Paris. En 1900-1901, Lozet est un trois membres suppléants, au côté d’autant de titulaires, de la Fédération des travailleurs socialistes de France qui participe aux discussions pour la tenue d’un congrès général des socialistes. Avec comme secrétaire Aristide Briand, le comité général de préparation groupe également le Parti socialiste révolutionnaire, l’Alliance communiste et des fédérations départementales autonomes. Entre 1901 et 1905, Lozet est membre des comités électoraux lors des élections législatives et municipales du 20e arrondissement, dans le quartier de Charonne, mais il est parfois également invité à des réunions dans le 14e arrondissement, quartiers de Plaisance et de Montparnasse. C’est par exemple lui qui, en mars 1904, apporte la contradiction lors d’une réunion radicale-socialiste, boulevard de Charonne, dans laquelle il oppose la candidature socialiste de Le Page à celle du sortant radical Patenne. Le groupe Charonne s’affilie à la Section française de l’internationale ouvrière dès sa fondation par la fusion des organisations socialiste en avril 1905. En juin la même année, avec son groupe local, il souscrit « Pour la lutte révolutionnaire en Russie. »
Courant 1906 ou début 1907, Joseph Lozet s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), rue du Canal, quartier limitrophe de Saint-Maur, à proximité de l’usine de son fournisseur Ollagnier.
Lors des élections municipales de mai 1908 à Joinville, Lozet est candidat au 1er tour sur la liste socialiste unifiée (SFIO), qui est conduite par Henri Lacroix. Il obtient 172 voix sur 1319 suffrages exprimés (13%). La liste, qui ne comportait que sept noms pour 21 postes à pourvoir, s’opposait à une liste dite socialiste évolutionniste, comprenant d’anciens socialistes comme Eugène Hainsselin, et à la liste radicale-socialiste d’Eugène Voisin, le maire sortant, réélu. Les socialistes SFIO n’ont aucun élu. Pendant la campagne, Lozet est l’orateur socialiste au cours d’un débat contradictoire avec des représentants des trois listes.
Lozet représente, avec Lacroix et Émile Lebègue, la section SFIO de Joinville lors d’une réunion de l’Union cantonale de Saint-Maur en mai 1909.
En mai 1911, Lozet réside à Joinville avec Marie Antoinette Joséphine Raffort, sa cousine maternelle, employée chez Ollagnier. Elle est également sa belle-sœur, vivant séparée de son frère aîné, Anatole Lozet, lequel mourra en mai 1921. Joseph et Marie Lozet continueront à vivre ensemble, au moins jusqu’en 1931, avec un petit-fils d’Anatole, Louis. Ils sont installés à l’automne 1911 à Saint-Maur, place Garibaldi.
Le quotidien socialiste L’Humanité rend compte de la mort de Louis Anatole Lozet, neveu de Joseph, fils de sa compagne Marie et père de Louis qu’ils élèvent. Également brossier, il s’était engagé dans l’infanterie coloniale en octobre 1909 et avait été envoyé au Maroc où la France s’implantait. L’article, paru le 23 octobre 1911 dans le Carnet militaire raconte le drame :
« L'aventure marocaine et sa rançon. La prise de possession du Maroc sera une affaire d'or pour les flibustiers du groupe des coloniaux du Parlement dont l'indigène est la proie. C'est avec le sang du peuple et le deuil d'une foule de familles ouvrières que sera payée la rançon de la conquête. La famille Lozet qui habite dans la Seine, à Saint-Maur-des-Fossés, paie une partie de cette rançon. Un de ses membres, Louis Lozet, du 21e régiment d'infanterie coloniale vient de mourir à l'hôpital militaire de Marseille, à l'âge de 23 ans. Il fit six mois d'une rude campagne dans la colonne Gouraud. Il fut épargné par les balles. Mais la fièvre le prit. La dysenterie l'exténua. Il revint vers les siens pour se réfugier dans la mort après quinze jours d'atroces souffrances. L'inhumation a eu lieu le 20 de ce mois à Saint-Maur-des-Fossés. »
Joseph Lozet, encore marchand ambulant et domicilié à Saint-Maur, meurt hospitalisé à Paris (13e arr.) le 18 juin 1932. Il était âgé de 64 ans et est inhumé au cimetière parisien de Thiais (Seine, act. Val-de-Marne).
Lors de son décès, en avril 1934 à Saint-Maur, son ancienne compagne Marie Lozet, née Raffort, sera considérée comme indigente.
Antoine Baron naît le 6 octobre 1776 et est baptisé le 9 du même mois à la paroisse Saint-Nicolas de Saint-Maur (act. Saint-Maur-des-Fossés), à laquelle est rattachée le village de Pont-de-Saint-Maur où vit sa famille. Il est le fils de Marie Anne Ambelouis et de Jean Philippe Baron, son époux.
Le père Jean Philippe Baron, natif du même village en septembre 1724, sert dans les armées révolutionnaires et meurt en prairial an 6 (juin 1798). Trois mois plus tard, c’est Antoine Baron qui rejoint en vendémiaire an 7 (septembre 1798) le 4e régiment de ligne.
La mère vient d’une famille de notables locaux, comprenant des gardes forestiers dans le Bois de Vincennes, des artisans et des artistes.
Antoine Baron est membre de la municipalité élue en fructidor an 9 à La Branche du Pont de Saint-Maur (Seine, act. Joinville-le-Pont, Val-de-Marne) en tant que notable. Le maire est Laurent Pinson (1755–1814). Baron est mentionné comme « absent pour le service public », car il sert toujours dans l’armée, en Allemagne puis à Boulogne (Pas-de-Calais). Son beau-frère, Félix Ambelouis, est également élu dans l’assemblée communale, mais lui aussi absent.
Toujours au sein du 4e régiment de ligne, Antoine Baron devient caporal en brumaire an 14 (octobre 1805), il est promu sergent en novembre 1807 puis sergent-major. Il combat d’abord en Autriche puis en Prusse et en Pologne. Il stationne en 1808 à Cherbourg (Manche) avant de retourner en Autriche, où il est blessé d’un coup de feu à la tête en juillet 1809.
Il quitte en février 1812 l’infanterie de ligne pour rejoindre une unité d’élite de la Garde impériale, le 1er régiment de grenadiers à pied. Il doit pour cela abandonner son grade, mais retrouve ses galons après la campagne de Russie et de Saxe, comme caporal en avril 1814. Quittant alors l’habit militaire dans le Jura, Antoine Baron rentre en région parisienne et devient homme de peine.
Il rejoint en avril 1815 les armées napoléoniennes pendant la période des Cent-jours, dans le 3e régiment de grenadiers. Il quitte l’armée avec le grade de sergent major après la défaite de Waterloo (Belgique) en juin 1815.
Fin 1815 ou début 1816, tandis que sa mère est toujours à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, Antoine Baron s’installe à Meaux (Seine-et-Marne) où il travaille comme orfèvre, place du Marché. Il est mentionné comme « compagnon orfèvre » en 1819, ce qui signifie qu’il a fini son apprentissage.
Ayant obtenu une pension pour ses 17 ans de service militaire, Antoine Baron épouse en juin 1818 à Meaux Sophie Virginie Plaisir, ouvrière en robes. Ils résident rue Sainte-Maure. Ils vivent toujours à Meaux à la naissance de leur deuxième enfant en octobre 1826, puis déménagent rue Transnonain à Paris (anc. 7e arr., act. rue Beaubourg 3e arr.).
Sophie, sa première épouse, meurt en janvier 1832. Antoine Baron se remarie en juillet 1834 Paris, dans l’église Saint-Merry, avec Aimée Louise Houdrichon. Ils rejoignent la rue de Sèvres (anc. 10e arr., act. 15e).
Antoine Baron meurt le 29 mars 1844 à Paris (10e arr.). Il était âgé de 67 ans, père de deux enfants et est inhumé au cimetière Montparnasse.
Pour sa participation aux campagnes de l’armée impériale, Antoine Baron a été fait chevalier de la Légion d’honneur en février 1814. Il reçut la médaille du préfet du Jura en mai la même année mais n’eut son diplôme qu’en juin 1830.
Pierre Joseph Germain Lucien Régneron naît le 3 janvier 1912 à Pont-sur-Yonne (Yonne). Il est le fils de Germaine Paule Clémence Pierre et de son époux, Lucien Alexandre Antoine Régneron, employé de chemin de fer.
Pierre Joseph Régneron est ordonné en tant que prêtre catholique du diocèse de Paris en 1938. Il est nommé en juillet vicaire de la paroisse Saint-Joseph des Quatre-Routes, à Asnières (Seine, act. Hauts-de-Seine).
L’année suivante, en juillet 1939, l’abbé Régneron devient vicaire de la paroisse Saint-Charles-Borromée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Le curé est l’abbé Augustin Baudot. En octobre 1953, il représente sa paroisse à la cérémonie d’installation du nouveau curé de Sainte-Anne de Polangis, l’autre paroisse de la commune, l’abbé Jean Lamour. Le prélat installateur est le chanoine Jacques Hollande, ancien curé de la paroisse de Polangis, et alors supérieur des prêtres ouvriers de la Mission de Paris.
En décembre 1953, l’abbé Régneron célèbre une messe pour le maréchal Leclerc à la demande du Rassemblement du peuple français (RPF, gaulliste), en l’absence du curé, toujours l’abbé Baudot, malade.
Pierre Joseph Régneron meurt le 19 novembre 2006 à Paris (14e arr.). Il était âgé de 94 ans.
Ayant fermé en 1931 son cabinet de Champigny-sur-Marne pour en ouvrir un à Paris (10e arr.), rue de la Grange-aux-Belles, le docteur Harry Kaganoff va se spécialiser en gynécologie, et notamment dans les accouchements. Il déplacera son activité dans le 17e arrondissement, boulevard Malesherbes en 1937 et s’associera à la création d’une clinique médicale, chirurgicale et obstétricale rue Geoffroy-Saint-Hilaire dont il est, à parité avec M. Alphonse Barroso-Rebello, le premier porteur de parts.
Parallèlement à son activité libérale, le docteur Kaganoff intervient dans des établissements visant en particulier la population juive pauvre, en particulier immigrée. C’est le cas, à partir de 1931 du dispensaire Linas-Hatzédek à Belleville et de la clinique W. Tiomkine rue du Buisson-Saint-Louis (11e arr.) en 1933. Le Dr Kaganoff précise que cette institution accueille plus de 50 malades par jour et que Juifs et non-Juifs du quartier en bénéficient. Dans sa spécialité, il participe également en 1937 au dispensaire La Mère et l’Enfant, situé rue Amelot (11e arr.). Le docteur poursuit également son activité de conférencier, avec en décembre 1931, une intervention à Pavillons-sous-Bois (Seine, act. Seine-Saint-Denis) pour soutenir la vaccination antituberculeuse. Il contribue également régulièrement aux collectes effectuées par les instances communautaires juives.
L’activité publique de Kaganoff va prendre une dimension sioniste, en appui à l’installation des Juifs dans la Palestine mandataire et au lien de leur communauté avec les Juifs de France.
En 1929, le Dr Kaganoff devient un cadre du Sporting-Club Maccabi, établissement sportif international qui dispose d’une section française. Lors d’une manifestation du club en mars 1931, il explique : « Le peuple juif était devenu un peuple cérébral. Mais avec le cerveau on ne peut pas construire des routes, labourer la terre, il faut des muscles. Le Maccabi prépare ce type juif, sain de corps et d’esprit, qui s’est si bien développé en Palestine. »
Lors d’un autre évènement en mai 1933, à laquelle participait lord Melchett, président d’honneur de l’Union mondiale Maccabi, ainsi que l’ancien ministre Henry Paté, le Dr Kaganoff précisa ses conceptions. Pour lui, il y avait « nécessité, pour les nouvelles générations, de se développer physiquement, surtout dans les pays où les Juifs sont constamment menacés ». Parlant de de la France, il souligna son rôle dans la défense des juifs persécutés. Pour lui, se référant à son expérience personnelle, « Si la France, dit-il, était à nouveau menacée, la jeunesse juive immigrée n’hésiterait pas à imiter ceux qui, en 1914, sont allés aux Invalides s’engager dans l’armée française. »
C’est dans les locaux du Maccabi France que le Dr. Kaganoff, président, rend compte en juin 1934 de son voyage en « Eretz-Israël ». Il décrit Jaffa « ville essentiellement arabe », Sarona, « village allemand » (au sens de peuplé de Juifs allemands), et Tel-Aviv, dont « l’aspect général est celui d’une cité américaine », dont il regrette qu’elle soit construite en béton armé et estime qu’il « faudra un jour [la] balayer et reconstruire sans hâte ». Selon Harry Kaganoff, « Pour retrouver le style juif, il faut aller à Jérusalem, la ville conservatrice par excellence ». Commentant la situation générale, il estime, dans le compte-rendu qu’en fait L'Univers israélite, que « Le travail ! c’est la raison d’être des Juifs palestiniens. Et l’on travaille moins pour s’enrichir que pour servir le pays. Rendre la Palestine capable de recevoir des milliers de frères, c’est là leur rêve. »
Harry Kaganoff embarque une nouvelle fois en mars 1935 de Marseille pour la Palestine. Il assiste à la deuxième Maccabia, évènement sportif qu’il compare à des Jeux olympiques juifs. Il est réélu président du club français en novembre.
La Conférence palestinienne de France se tient en octobre 1936, dans les Salons de l'Hôtel Lutétia à Paris. Elle rassemble 150 délégués des associations juives de Paris et de province. Elle donne naissance à un comité dénommé Vaad Bitzaron Oubitahon, pour faire campagne pour la sécurité du peuple juif après les attentats dans le territoire sous contrôle britannique. Le Dr Kaganoff en est membre. Il est l’un des fondateurs, en mai 1937, encore à Paris, de l’Association des sionistes traditionalistes Mizrahi et l’un des membres de son comité ; le mouvement assure qu’il continue « la tradition française de libéralisme et de foi. »
En janvier 1939 fait l’historique du travail de reconstruction en Palestine devant le Cercle amical féminin propalestinien, rendant hommage notamment aux premiers colons, des intellectuels ayant fui les pogromes russes.
Sur le plan professionnel, le docteur Harry Kaganoff fait face, en mars 1939 à une mise en cause qui lui vaut d’être arrêté pour « manœuvres criminelles abortives » en compagnie d’une sage-femme, propriétaire d'une clinique d'accouchement rue de Chabrol à Paris (10e arr.). ayant choisi Me Etienne Nouveau comme défenseur, il « proteste de sa parfaite correction » et indique que ses interventions ont toujours été faites sur des femmes qui présentaient un commencement de fausse-couche et qu’elles étaient motivées dans l'intérêt de la santé des patientes pour éviter un accident.
L’hebdomadaire d’extrême-droite Le Défi, dirigé par l’avocat antisémite Jean Charles Legrand, créateur du Front de la jeunesse, même campagne contre « la vaste entreprise des médecins étrangers, Juifs et Allemands, montée pour estropier et mutiler les femmes françaises ». Il se réjouit de l’incarcération, commentant l'enquête qui aurait établi « les crimes commis par ce Kaganoff contre notre race. »
L’affaire ne semble pas avoir de suites, et, en 1955, le casier judiciaire de Kaganoff est vierge de toute condamnation. C’est cependant cette même année que Harry Kaganoff est inscrit au Fichier central de la Sûreté nationale, qui recense des personnes dont l’activité publique, notamment politique, est sous surveillance.
La situation de Harry Kaganoff pendant la deuxième guerre mondiale et l’occupation allemande n’est pas connue. Ni lui ni sa famille directe ne sont victimes du conflit et sa mère, comme ses sœurs et son frère ou sont épouse survivent aux persécutions antisémites. Par contre, plusieurs membres de la famille de sa femme meurent en déportation.
Après le conflit, le docteur Kaganoff poursuit son activité, d’abord à Paris (7e arr.), avenue Duquesne, puis dans le 17e arrondissement, avenue du Colonel-Moll.
Son engagement public se concentre désormais sur la vie de deux organisations de soldats : l’Association des anciens combattants engagés volontaires juifs dont il a été un des fondateur et vice-président depuis 1919 puis président en 1947. Et l’association des anciens combattants volontaires juifs, à la vice-présidence de laquelle il accède en 1946. Il ouvre le sociétariat de ces mouvements aux combattants du deuxième conflit mondial.
En juin 1935, Kaganoff était déjà intervenu, au nom des combattants Juifs palestiniens, lors de la Conférence mondiale des anciens combattants Juifs, qui avait réuni à Paris, dans l’amphithéâtre de La Sorbonne les représentants de quinze nations.
Il préside, en juin 1964, la manifestation du souvenir organisée au cimetière de Bagneux (Seine, act. Hauts-de-Seine) rendant hommage aux « martyrs morts pour la France, pour la liberté » et souhaitant « Shalom » à tous les pays, ajoutant « et surtout à Israël qui en a tant besoin. »
Une de ses dernières interventions publiques est l’inauguration, en janvier 1965, à Levens (Alpes-de-Haute-Provence) de la Maison de repos et de convalescence des anciens combattants.
Harry Kaganoff meurt le 9 septembre 1967 à Paris (17e arr.), dans son domicile de la rue du Colonel-Moll. Il était âgé de 74 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant.
Fin
Portrait de Harry Kaganoff (Notre volonté, 06/1964)
Harry Hirsch Kaganoff-Kagan naît le 2 juin 1893 à Mstislawe, ville alors en Russie (act. Biélorussie). Il est d’origine juive, fils de Rebecca Ratner et de son époux Joseph Kaganoff-Kagan. Selon le recensement de l'Empire russe de 1897, la ville comptait 49% de Juifs ; il y en avait toujours 20% lors du recensement soviétique de 1939. Tous ceux qui résidaient encore dans la ville, soit entre 850 à 1 300, sont assassinés le 15 octobre 1941 par les forces allemandes dans le cadre de la « Shoah par balles. »
La famille Kaganoff quitte Mstislawe, deux sœurs de Harry voyant le jour en 1907 et 1910 à Zaporijia (Russie, act. Ukraine).
La situation sociale de la famille n’est pas connue. Elle est cependant probablement confortable. En 1916, Harry Kaganoff fait des études de médecine à Bordeaux (Gironde). Il s’engage volontairement, en juillet, dans la légion étrangère pour la durée de la première guerre mondiale et sert donc avec les troupes françaises. Il est nommé en novembre 1917 médecin sous-aide-major (sous-officier, grade équivalent à celui d’adjudant-chef). Promu officier en septembre 1918, comme médecin aide-major de deuxième classe (sous-lieutenant), il est affecté au 172 régiment d'infanterie. Au cours des combats, qui lui valent deux citations, il est blessé au front par un « petit projectile ». Il obtiendra en février 1920 une première pension chiffrée à 20%, doublée en janvier 1922, sa brèche osseuse entraînant une « baisse de l’aptitude au travail et à la mémoire. »
Après la fin du conflit, Harry Kaganoff reprend ses études médicales à Bordeaux. Il présente en novembre 1919, avec deux collègues, MM. Rocher et Lescalle, le cas de cinq blessés guéris de pseudarthrose par la méthode de Delagénière, c’est-à-dire par greffons ostéopériostiques tibiaux. Adhérent à la Société anatomoclinique de Bordeaux en décembre 1919, il exerce à Orléans (Loiret) en janvier 1922, date à laquelle il est naturalisé français par décret.
Il soutient sa thèse à la faculté de médecine bordelaise en avril 1924. Devenu docteur, Harry Kaganoff exerce comme médecin dans l’Orne, installé en août la même année dans la commune de Le Sap, où il signale à la justice le meurtre d’une cultivatrice du village voisin d’Orville.
Rejoignant la région parisienne, Harry Kaganoff ouvre un cabinet à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne). Il est installé rue Mignon avec sa mère, un frère et deux sœurs. En plus de son activité médicale, Kaganoff prend des responsabilités civiques. Depuis 1919, il est vice-président de l’Association des anciens combattants engagés volontaires juifs. Il assure, à titre honorifique, le même rôle dans le Vélo-club de Champigny en décembre 1927.
En novembre 1926, des juifs ayant quitté l’empire russe suite à la révolution bolchévique, constituent une association cultuelle, considérant que leurs besoins ne sont pas couverts par les institutions dépendant du Consistoire israélite de Paris, pour des raisons de langue et d’usages. Baptisée Ohel Jacob, elle finance notamment la création d’écoles à Paris et dans quelques villes de banlieue. Les israélites de Joinville et de Champigny se regroupent pour former une école (Talmud Tora), située à Champigny, route de Villiers, mais fréquentée par une majorité de joinvillais. Elle est financée par l’association Ohel Jacob et le docteur Kaganoff en est le président en 1928.
En 1929, on compte 9 écoles du réseau Ohel Jacob ; 3 sont situées à Paris et comptent 250 élèves. Les 9 de banlieue totalisent et celle de Joinville Champigny est la plus importante, avec 45 élèves.
Tout en maintenant ses cours, l’union israélite locale change de dénomination et de caractère en 1930. Elle devient l’association Ohavé Shalom (Les Amis de la Paix), abandonnant son identité d’origine russe. L’hebdomadaire Tribune juive considère que « ce groupement a ceci de remarquable qu’il se compose d’israélites originaires les uns de Pologne et les autres de Turquie. »
Personnalité identifiée, Harry Kaganoff donne des conférences qui sont mentionnées dans la presse. En avril 1928, Les Cahiers des droits de l'homme (LDH), signalent son intervention à Champigny. La même année, en novembre, L’Univers israélite évoque sa causerie au Cercle Salonicien, à Paris, devant l’Union des femmes juives françaises pour la Palestine. Il participe aussi à des réunions de nature politique. Il est ainsi, en juin 1929, un des orateurs du meeting de protestation organisé « Contre les pogromes de Lemberg » (Pologne, act. Lviv, Ukraine) par la Ligue internationale contre l’antisémitisme. De nombreux intellectuels et personnalité sont présents.
Le docteur Kaganoff inaugure, en tant que président de l’association Ohavé Shalom, en mai 1930 un oratoire implanté dans leur local campinois. Il s’exprime, dans la ville proche d’Alfortville, en octobre 1930, toujours au titre de cette fonction. Il cesse cependant probablement de l’exercer l’année suivante, lorsqu’il déménage pour installer son cabinet à Paris. C’est sans doute dans la première moitié des années 1930 que se produit le mariage d’Harry Kaganoff avec Rebecca Wygodzka, native de Vilnius (Pologne, act. Lituanie).
À suivre
Rue de Villiers à Champigny-sur-Marne (Arch. dép. Val-de-Marne)
Georges Guy Gérard Legras naît le 3 juin 1927 à Tours (Indre-et-Loire). Il est le fils d’Adrienne Élisabeth Lelong et de son mari Jacques Georges Ernest Legras, voyageur de commerce. Ils vivent, avec les grands-parents paternels, rue Avisseau, dans le quartier de la cathédrale.
En 1931, la famille est installée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), au centre-ville, rue Émile-Moutier. Le père est devenu projectionniste ; il sera ensuite ingénieur du son. La ville de Joinville comporte plusieurs sites importants consacrés au cinéma (studios de production et entreprises de traitement des films notamment).
Pendant la deuxième guerre mondiale, on trouve un « Georges Legras » enregistré, sans autre précision, dans les Dossiers administratifs de résistants conservés par les archives du Service historique de la Défense.
Après le conflit, Georges Legras est assistant monteur en cinéma. Le 10 novembre 1949, il se trouve dans l’immeuble du 19, rue Saint-Georges à Paris (9e arr.). Anciennement utilisé par la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) pendant l'occupation allemande de Paris, il a été affecté après la Libération à plusieurs organisations liées au parti communiste, notamment le Front national, qui y a son siège, comme des mouvements d’anciens combattants.
Georges Legras et une de ses collègues, Ina Brocki, travaillaient au 4e étage. Ils sont retrouvés recroquevillés, complètement carbonisés, par les sauveteurs sur le palier du 3e étage. L’accident a fait une autre victime, Germaine Fromentin, et huit blessés.
Plusieurs sociétés d’exploitation de films avaient une activité dans l’immeuble : Armor, Miramar et le studio Saint-Georges. L’enquête a estimé que le feu aurait pris dans les sous-sols, suite à un court-circuit, et aurait embrasé des pellicules de film stockées dans les caves, dans des conditions non conformes à la règlementation. Il s’est ensuite propagé très rapidement dans les étages.
Georges Legras a été déclaré mort le 10 novembre 1949 à Paris (9e arr.). Il était célibataire, âgé de 22 ans et toujours domicilié chez ses parents à Joinville-le-Pont et son corps a été inhumé dans le cimetière communal de cette ville.
Des obsèques solennelles ont été organisées pour deux des trois victimes, Germaine Fromentin et Georges Legras. Elles se sont déroulées le 19 novembre à la Maison des Métallurgistes, rue Jean-Pierre-Timbaud à Paris (11e arr.). Tous les deux ont été salués comme des camarades de lutte et des militants par des dirigeants du Front National, tels Laurent Casanova, Pierre Villon. Plusieurs hauts responsables communistes étaient présents, comme Léon Mauvais et Charles Tillon.
Jacques, le père de Georges Legras, a été candidat communiste lors des élections municipales de Joinville-le-Pont en mars 1965.
Lutte contre l’incendie dans l’immeuble, L’Humanité, 11/11/1949
Jacques Georges Ernest Legras naît le 25 juillet 1903 à Paris (20e arr.). Il est le fils Blanche Ernestine Marie Denis et de son époux Georges Victor Alexis Legras. Ils vivent cours de Vincennes et son père est voyageur de commerce. Son père avait été marié une première fois en janvier 1894, mais son épouse était décédée dix jours plus tard ; il avait contracté une nouvelle union avec Blanche six mois plus tard.
La famille d’installe dans la commune de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), située de l’autre côté du Bois de Vincennes, où ils résident rue de Créteil (act. boulevard du Maréchal-Leclerc), dans le centre-ville, en 1911. Après la première guerre mondiale, pendant laquelle ni le père, trop âgé, ni le fils, trop jeune, ne sont pas mobilisés, les Legras déménagent à Tours (Indre-et-Loire), d’abord rue Bernard-Palissy puis rue Avisseau, dans le centre de la commune. Jacques épouse en décembre 1925 à Saint-Calais (Sarthe), Adrienne Elisabeth Lelong, couturière. Il est voyageur de commerce, comme son père. Suite au décès de celui-ci, en janvier 1927, puis à la naissance de leur enfant en juin, le nouveau couple et la mère de Jacques reviennent à Joinville-le-Pont.
Ils vivent dans le quartier central, rue Émile-Moutier. Toujours employé commercial en 1931, Jacques Legras devient projectionniste de cinéma ; il sera ingénieur du son en 1949. En novembre cette année-là, son fils unique, Georges, âgé de 22 ans et qui travaille également dans le cinéma, comme assistant monteur, meurt dans un incendie à Paris (9e arr.). Il se trouvait alors dans l’immeuble de la rue Saint-Georges qui abritait plusieurs organisations liées au Parti communiste, dont le Front national ; ainsi que des maisons d’édition ou des sociétés cinématographiques. Les obsèques des trois victimes du feu rassemblent de nombreuses personnalités proches du PCF.
Vivant toujours à Joinville-le-Pont, Jacques Legras est candidat, en mars 1965 lors des élections municipales sur la liste d’Union démocratique conduite par Henri Bideaux, ancien conseiller municipal et commerçant. Redevenu représentant de commerce, Legras figure en quatorzième position, avec l’étiquette communiste comme 24 des autres postulants, mais la liste comprend également un socialiste, un radical-socialiste et un républicain.
Au premier tour, la liste communiste arrive en deuxième position, avec une moyenne de 2 316 suffrages soit 29,9% des 7 758 exprimés pour 7 974 votants et 10 441 inscrits. Elle est devancée par le maire sortant, Georges Defert (divers droite), qui obtient 45,4% et précède une liste gaulliste, qui a 26,6% des votes et se retire. Au second tour, la liste communiste recueille 38,1% des bulletins déposés. Elle n’a pas d’élu.
Jacques Legras meurt le 4 février 1980 à Paris (13e arr.) où il était hospitalisé. Il résidait toujours à Joinville-le-Pont, rue des Réservoirs, était veuf et âgé de 76 ans.
Obsèques de Georges Legras, fils de Jacques Legras, 19 novembre 1949
Léopold Augustin Chauveau naît le 30 mai 1874 à Sainte-Maure-de-Touraine (Indre-et-Loire). Il est le fils d’Augustine Deffond, lingère et de son mari, Léopold Chauveau, sabotier.
En octobre 1892, dans la préfecture du département, à Tours, Léopold Chauveau est l’auteur d’une agression de nuit sur le boulevard Heurteloup, près de la gare du chemin de fer d’Orléans. Croisant deux promeneurs, il veut s’emparer de la canne de l’un d’entre eux, mais, comme celui-ci résiste, il sort un couteau-revolver et lui loge une balle dans l’œil gauche. Arrêté, il passe quatre semaines en détention préventive.
La presse locale est surprise que l’affaire n’ait pas été soumise à la cour d’assises, n’ayant pas été qualifiée de crime, malgré la gravité des faits. Il est jugé début mai par le tribunal correctionnel. Chauveau assure qu’il ne se souvient de rien, ayant été complètement ivre. Selon le Journal d'Indre-et-Loire, les parents, « négociants très honorables de Sainte-Maure, sont désespérés de ce que vient de faire leur fils ». Chauveau est condamné à 16 francs d’amende et deux ans de prison. N’ayant pas d’antécédent judiciaire, il bénéficie du sursis, notion créée en 1885 par loi Bérenger.
Dix jours après sa condamnation, devançant le service militaire de deux ans, Léopold Chauveau s’engage dans l’armée, signant en novembre 1892 un contrat de quatre ans et rejoignant le 6e bataillon de chasseurs à pied. En septembre, 1893, nommé caporal, il devient moniteur à l’École normale de gymnastique et d’escrime de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Promu sergent dans le même établissement, situé dans le Bois de Vincennes, en janvier 1894, il prolonge de cinq ans son contrat en 1896, puis de deux ans en 1901 et pour trois ans supplémentaires en 1903. Il est sergent major instructeur de gymnastique en octobre 1904.
Le sergent Chauveau est, à son tour, victime d’une agression en mars 1897, alors qu’il revenait de Charenton-le-Pont en traversant le Bois de Vincennes. Il est frappé à la nuque d’un violent coup de bâton, mais échappe à ses agresseurs, qu’il tente de poursuivre, sans y arriver.
Pratiquant de nombreuses activités sportives, Chauveau participe aux Jeux olympiques de Paris, organisés en 1900 en même temps que l’exposition universelle. Son équipage de quatre rameurs remporte l’épreuve, une course réservée aux instructeurs de l'école de gymnastique de Joinville en yoles franches.
Léopold Chauveau épouse en mai 1906, à Joinville Marie Thérèse Lucie Latulippe, originaire d’Ivry-sur-Seine (Seine, act. Val-de-Marne). Ils vivent quai Beaubourg à Joinville (act. quai Pierre-Brossolette). Poursuivant sa carrière militaire à l’école de Joinville, il est commissionné en septembre 1907, et obtient le grade d’adjudant, toujours comme instructeur de gymnastique. Il quitte l’armée active en novembre 1910.
En septembre 1908, en compagnie d’un autre (instructeur à l’école de gymnastique de Joinville, Antoine Poulitou, il devient vice-président de la Société Athlétique de Joinville, qui a à sa tête Albert Gallas, artisan mouleur en cuivre, également président du comité radical-socialiste de Joinville.
Au milieu des années 1900, le sergent-major Chauveau dirige les séances de gymnastique de l'Orphelinat de la Seine, installé à La Varenne, dans la commune de Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). Il leur apprend à se développer physiquement par la gymnastique suédoise et les jeux en plein air. Son activité est mise en avant par la Ligue française pour l'hygiène scolaire à partir de 1909. Elle est présentée au troisième Congrès international d'hygiène scolaire, qui se tient à Paris en 1911 puis encore au congrès de l'éducation physique, encore à Paris en mars 1913.
L’adjudant Chauveau, en 1909, accompagne à Sucy-en-Brie (Seine-et-Oise, act. Val-de-Marne) La Laborieuse, société de gymnastique et d’instruction militaire.
Ayant quitté l’armée active, Chauveau est en 1910 l’entraîneur d’une société de préparation militaire, Le Jeune soldat. Il s’installe avec sa famille à Saint-Maur en 1911, dans le quartier de La Varenne-Saint-Hilaire, d’abord avenue Adam puis avenue du Bac, avant de rejoindre la rue de la République puis la rue Émile-Zola.
C’est probablement en janvier 1907 que Chauveau rejoint une loge affiliée au Grand-Orient de France, Les Philanthropes Réunis. Il y retrouve le secrétaire général de la mairie de Joinville, Eugène Doret. Sa participation à la franc-maçonnerie vaut à Chauveau plusieurs attaques dans la presse d’extrême-droite. En juin 1910, le quotidien Le Conservateur reproduit une affiche de l’Association antimaçonnique de France placardée à Paris (1er et 2e arr.) : « La Franc-Maçonnerie, Société secrète, dont toutes les décisions tous les actes, permettent de dire qu’elle est, en France, l'agent de l’Étranger, a créé, depuis quelques années, des écoles spéciales de préparation militaire, dans lesquelles ses adeptes essaient de s’emparer de l'esprit de nos jeunes gens. La Société qui a pour titre Le Jeune Soldat et qui a son siège 6, rue Louvois (2e arrondissement), est de celles-là. (…) Un de ses professeurs les plus assidus, M. Chauveau, adjudant à l'École de Gymnastique de Joinville le-Pont, est un f.*. »
Le quotidien antisémite La Libre parole publie son nom à deux reprises, en mai 1912 puis en avril 1914, mettant en avant ses activités auprès de l’orphelinat et des sociétés de préparation militaire. Un grand nombre de sous-officiers de Joinville, comme Paul André Giansilj ou Antoine Poulitou, sont également francs-maçons.
Au déclenchement de la première guerre mondiale, Léopold Chauveau est rappelé en août 1914 et affecté au 69e régiment d'infanterie. Il est promu officier, avec le grade de sous-lieutenant en octobre la même année puis devient lieutenant en octobre 1916. Il est démobilisé par le 46e régiment d'infanterie en décembre 1918. Dans la réserve, il accède en juillet 1922 au grade de capitaine.
Après la fin du conflit, Léopold Chauveau devient associé de la société Boulbain et Cie, qui pour objet l’exploitation par la fabrication et la vente d’appareils indicateurs de location pour de sièges de théâtre ou de chemins de fer. Elle est basée avenue Émile-Zola, à Saint-Maur, où il fixe son domicile.
Toujours professeur d’éducation physique, âgé de 53 ans, Léopold Chauveau meurt le 9 avril 1928 à Saint-Maur-des-Fossés. Il avait eu une fille, morte en bas âge, et un fils, enseignant à l’Éducation nationale après avoir été prisonnier pendant la deuxième guerre mondiale.
Entre 1894 et 1910, Léopold Chauveau avait reçu près de 25 récompenses et médailles pour ses activités sportives et associatives. Son rôle d’instructeur lui avait valu les Palmes académiques comme officier d'académie en mai 1908. Il avait été décoré de la Médaille militaire en décembre 1910. Il avait aussi été récompensé pour son rôle actif lors des graves inondations de la Marne au premier trimestre 1910.
École de gymnastique et d’escrime de Joinville (Arch. dép. Val-de-Marne)
Marcel Édouard Chauveau naît le 11 janvier 1893 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Marie Augustine Louise Joséphine Lemoine et de son époux Édouard Fortuné Chauveau. Sa mère est couturière, tandis que son père est sous-officier à l'École normale de gymnastique. Ils résident dans la Ferme de la Faisanderie, à Joinville, située dans le Bois de Vincennes, à proximité de l'École. Ils s’installeront ensuite dans le quartier de Palissy, rue de Brétigny (act. avenue du Président-Wilson), à proximité des grands-parents maternels. Son grand-père, Auguste Lemoine, est menuisier et membre du comité radical-socialiste de la ville.
En 1902, Édouard Chauveau père quitte la carrière militaire. Il devient professeur de gymnastique au collège et aux écoles communales de la ville de Pontoise (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise) et donne également des leçons particulières de gymnastique, de boxe, de canne, de bâton d’escrime, de gymnastique médicale et de natation. La famille s’installe dans cette ville, d’abord rue Victor-Hugo puis rue d’Ennery et enfin rue Gambetta.
Fréquentant le collège de Pontoise, Marcel Chauveau est fréquemment mentionné de 1902 à 1904 comme figurant au tableau honneur de sa classe et recevant des félicitations pour ses résultats trimestriels. Fréquentant la Société de Gymnastique pontoisienne, dont son père est un des moniteurs, Marcel reçoit plusieurs récompenses, dont un premier prix en novembre 1906.
En 1911, ayant alors 18 ans, il est employé de bureau à la Compagnie des chemins de fer du Nord.
Il débute son service militaire en mars 1913, au sein du 51e régiment d'infanterie. Il devient caporal en avril 1914. Il est affecté comme moniteur à l’école de gymnastique de Joinville, où avait servi son père. Toujours sous les drapeaux au début de la deuxième guerre mondiale, il est promu sergent fin août 1914.
Blessé en février 1915, il va en traitement à l’hôpital de Privas (Ardèche) ; il aura quatre blessures de guerre. En mars 1915, il est promu officier en tant que sous-lieutenant et passe au 1er puis au 412e régiment d'infanterie. En juillet 1916, il rejoint le 65e bataillon de chasseurs à pied.
Son comportement lui vaut plusieurs citations dont, à l’ordre de l’armée pour ses actions en janvier 1916, alors qu’il était sous-lieutenant au 412e régiment d'infanterie : « a pris le commandement de la compagnie, dont le capitaine et deux officiers avaient été tués ou blessés. L'a énergiquement maintenue dans la position conquise après un violent combat. Deux fois blessé au cours de la campagne. »
En août 1916, il est remarqué à l’ordre de la brigade : « au cours d’une opération de nuit, s’est élancé à la tête de la section et arrivé le 1er dans la tranchée allemande a abattu un allemand d’un coup de revolver. En a tué plusieurs à la grenade, donnant à tous le plus bel exemple de courage et de mépris du danger. »
De nouveau blessé le 6 octobre 1916, il quitte le poste d’infirmerie le lendemain, pour participer à une attaque. Il prend le commandement de la compagnie et l’a conduite à son objectif malgré trois blessures reçues en cours de route.
Après avoir été promu lieutenant en mars 1917, on le voit de nouveau félicité en avril : « Jeune et brillant officier d’un superbe courage et d’un dévouement à toute épreuve. S’est distingué sur la Somme, puis aux combats des 17 et 18 avril où il a entraîné magnifiquement sa section, contribuant dans une large mesure au succès de la journée. »
Marcel Chauveau meurt le 29 mars 1918 à Courtemanche (Somme), lors des combats de la bataille de Montdidier. Il était âgé de 25 ans et est déclaré mort pour la France. Son nom est gravé sur les monuments aux morts de Joinville-le-Pont et de Pontoise.
Le lieutenant Chauveau a été décoré de la Croix de guerre, avec deux étoiles de bronze et de vermeil ainsi qu’une palme. Il a été fait chevalier de la Légion d’honneur en mai 1917.
École de gymnastique et d’escrime de Joinville (Arch. dép. Val-de-Marne)