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24 novembre 2024 7 24 /11 /novembre /2024 00:01

Début de la biographie de Henry Coëylas

Marie Henry Coëylas naît le 7 juin 1844 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). il est le fils de Louise Pauline Aubusson et de son époux Pierre Auguste Maximilien Coëylas Soupessendet, buraliste receveur des contributions indirectes. Par un jugement de janvier 1875, sa mère (avec ses frères et neveux) obtient de reprendre le nom patronymique « Aubusson de Cavarlay », que son propre père avait abandonné sous la Révolution, pendant la Terreur. L’acte de naissance de Henry Coëylas est alors rectifié.

Selon l’homme de lettres d'origine polonaise Apollon Mlochowski de Belina, qui dresse en juin 1882 un portrait de lui dans le quotidien La Presse, « Coeylas a commencé ses études artistiques en 1865, dans l'Académie artistique de la rue de l'École de Médecine. L'année suivante il entra à l'École nationale des beaux-arts, dans l'atelier de Pils, où il faisait déjà des progrès rapides quand des raisons particulières l'obligèrent à interrompre ses études. »

Ses premiers maîtres sont Isidore Pils, peintre militaire et orientaliste (1815-1875) et Gabriel Ferrier (1847-1914) également orientaliste.

Devenu employé de commerce, Henry Coëylas fait en janvier 1875 à Paris (1er arr.) ce que de Belina qualifie comme « un assez brillant mariage » avec Hélène Jeanne Jolly, fille de teinturiers de la rue de Rivoli. Il établit lui-même une teinturerie spéciale de noir rue du Jour (1er arr.) qu’il exploite en 1877 et jusqu’en 1884.

Parallèlement, Henry Coëylas a repris ses travaux artistiques dans l'atelier de Gustave Boulanger (1824-1888, orientaliste) et Jules Lefebvre (1834-1912, représentant de l'art académique). À partir de 1877, sans abandonner encore son métier de teinturier, il se présente comme artiste peintre.

La première fois qu’il expose, au Salon de Paris, en mai 1879, il présente un Portrait. C’est l’année suivante, en 1880, qu’il est remarqué par la critique, avec Cyparisse, pleurant le cerf qu’il vient de tuer. Pour de Belina, c’est « une toile véritablement remarquable ». Le poète Émile Blémont (1839-1927) lui envoie de « sympathiques encouragements » dans Le Réveil social trouvant le tableau « un peu grêle et un peu pâteux, mais d’un bon travail et d’une très sincère impression (…) avec une rare intuition synthétique. »

Le Pardon ! qu’il présente au Salon de Versailles en juillet 1882 est, pour le critique littéraire Jules de Marthold (1847-1927) « une scène sentimentale de la vie moderne avec un tact exquis et une couleur absolument juste » avec lequel il « est pardieu bien sûr d’avoir pour lui tous les cœurs et aussi les amateurs ». La toile lui vaut une médaille de vermeil.

Il reçoit une médaille d’argent au Salon d’Amiens (Somme) en juin 1883 puis la même année en septembre une médaille d’or à l’Exposition de Rochefort (Charente-Inférieure, act. Charente-Maritime) et, le même mois, de nouveau une médaille de vermeil à Versailles.

La Société des artistes indépendants présente La Jeune fille au papillon d’Henry Coëylas en 1884 à côté d’Odilon Redon, Georges Seurat ou Paul Signac. Il accroche au Salon de Paris en juin la même année L’Atelier de teinture, jugé comme « une très bonne étude » dans La Cravache parisienne qui voit « L’opposition de lumière ou plutôt la dissemblance de jour des deux salles de la teinturerie, celle où se passe la scène et celle de droite, éclairée d’en haut par un vitrail, est d’une justesse absolue ». Il reçoit une médaille de bronze à l’Exposition de Dijon (Côte-d'Or) en juillet 1887.

Si aucune activité politique significative de Coëylas n’est connue, c’est probablement lui (ou son père) qui participe en octobre 1887 à un souscription républicaine pour les élections législatives lancée notamment par le quotidien Le Siècle.

Lorsque, en février 1888, un incendie d'une importance considérable éclate hier dans un des pavillons des Halles Centrales de Paris, Henry Coëylas vient en voisin et réalise un croquis, qu’il remet dans la Salle des Dépêches du journal Le Figaro où il est fort remarqué.

À suivre

Henry Coëylas, portrait (arch. fam.)

 

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22 novembre 2024 5 22 /11 /novembre /2024 00:01

Suite de la biographie d’André Courtin

Pendant la première guerre mondiale, André Courtin s’efforce à contribuer au ravitaillement, ce qui lui vaudra des félicitations. Son épouse Eugénie est infirmière bénévole, dans les hôpitaux de Romorantin et de Salbris d'août 1914 à fin janvier 1916, et sera décorée de ce fait de la médaille de bronze de la reconnaissance française.

Après le conflit, les Courtin reviennent à Salbris, au château de L’Isle. André Courtin participe, en septembre 1922 à la fête de l’agriculture organisée à Salbris. Il fait partie des invités d’honneur à côté de son ancien adversaire, Pichery, devenu sénateur, du maire, du préfet et du curé.

Retiré du domaine politique, André Courtin va accroître son implication dans les organisations professionnelles. Il troque son mandat de secrétaire général contre celui de vice-président de la Société des agriculteurs de France. Avec le même président, il est aussi vice-président de la Chambre syndicale de l’Union centrale des syndicats des agriculteurs de France. On trouve de fréquentes contributions de sa part à la Revue des agriculteurs de France depuis 1928, par exemple sur la décalcification, ou le monopole des engrais.

Un ouvrage de Courtin, paru en 1920, Les congrès nationaux des syndicats agricoles, est salué dans la presse professionnelle.

En mai 1928, il prend position sur la question de La main-d’œuvre agricole et l’immigration. Pour Courtin, il faut créer « Des comités franco-étrangers, sous la haute surveillance des gouvernements intéressés, grâce au concours de l’organisme professionnel français, pourraient avantageusement maintenir le contact entre les émigrants, leur conserver certaines habitudes morales et religieuses du pays d’origine. Une telle organisation est pour les émigrants eux-mêmes un bienfait, en leur apportant un peu de l’air de leur pays natal ; ils seraient moins désorientés, et leur équilibre moral se maintenant plus facilement, nous éviterons, en partie tout au moins, les dangers que fait courir à notre Nation l’introduction de certains ferments aisément nocifs, par cette immigration qui est indispensable cependant, durant les longues années nécessaires à la natalité française pour reconstituer le nombre d’hommes que réclame l'exploitation intensive de notre terre de France. »

En 1932, à 72 ans, André Courtin quitte ses fonctions à la chambre syndicale. Il fait de même en 1934 à la Société des agriculteurs de France, qui l’élit alors vice-président honoraire. Il porte toujours ce titre en 1939.

L’épouse d’André Courtin, Eugénie née Roger-Marvaise, meurt en novembre 1933 à Salbris. Son époux continue à se partager entre la Sologne et la région parisienne.

La date de décès d’André Joseph Courtin n’est pas connue. Pendant la deuxième guerre mondiale, il réside à Clamart (Seine, act. Hauts-de-Seine), où une carte d’alimentation lui a été délivrée ; il avait 83 ans en 1942. Il était veuf et n’a pas eu d’enfant.

Récompensé d’une médaille d’or lors de l’exposition universelle de Paris, en 1900, André Courtin, fait peut-être partie des personnes décorées du Mérite agricole par Noulens, sous-secrétaire d’État à la guerre en novembre 1910. Il a reçu en septembre 1917 une lettre d’éloges du ministre du ravitaillement, Maurice Viollette pour son action pendant la première guerre mondiale. Fait chevalier de la Légion d’honneur en septembre 1923, Courtin voyait son parcours de syndicaliste récompensé : « Après s'être consacré pendant près de trente ans à l'exploitation d'un grand domaine en Sologne, apporte à la défense des intérêts agricoles comme secrétaire général adjoint d'une puissante union des syndicats agricoles, le concours le plus actif et le plus apprécié. »

Fin

La propriété Le Péage à Pierrefitte-sur-Sauldre

Voir aussi :

Auguste Courtin, enfant de Noël puis châtelain (1/3) ; Auguste Courtin, maire de Joinville à la fin du 2d empire (2/3) ; Auguste Courtin, agriculteur solognot et maire de Salbris (3/3)

Charles-Pierre Chapsal que la grammaire rend riche (1/3) ; Charles-Pierre Chapsal châtelain à Polangis (2/3) ; Charles-Pierre Chapsal, maire, père et grand-père de maires (3/3)

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20 novembre 2024 3 20 /11 /novembre /2024 00:01

Suite de la biographie d’André Courtin

Comme son père, son grand-père paternel ou son beau-père, André Courtin va avoir un engagement civique. Il est en 1893 secrétaire de la Société des agriculteurs de France. Et il prend part, en juillet cette année-là, aux élections législatives dans la circonscription de Romorantin. Il s’affiche comme candidat républicain libéral et progressiste. Son positionnement amène son père, alors maire de Salbris et conseiller général du Loir-et-Cher à publier une lettre dans laquelle il explique que son fils « grâce aux trésors d'illusion que possède la jeunesse, s'est avisé de croire subitement à l'avenir d'une République honnête et libérale » mais il ajoute que cet optimisme conviendrait mal à mon âge ». Le quotidien La Lanterne, écrit que pour Courtin père, « monarchiste impénitent », voir « son fils passer tout d'un coup à l'ennemi et se déclarer républicain » ce doit être cruel, « après une vie tout entière consacrée à combattre la République ». Mais le journal, qui se situe à gauche, considère que « M. Courtin fils est resté assez réactionnaire pour ne pas mentir à ses origines » et appelle les électeurs à lui donner « en guise de bienvenue dans la République, une veste des mieux conditionnées ».

De fait, c’est le député sortant, Philippe Émile Jullien, radical-socialiste, qui est largement réélu. Courtin obtient 4 893 voix sur 13 508 votants (36%) pour 17 034 électeurs inscrits.

Membre de la Société d'économie sociale depuis 1891, André Courtin adhère aussi en 1896 à la Société internationale des études pratiques d'économie sociale. Il préside en 1903 la société Saint-Georges, structure de secours mutuels de Salbris, constituée en 1868 et qui compte alors 188 membres. Continuant son activité agricole, il participe à l’exposition universelle de 1900 dans la capitale. En 1904, André Courtin prend la présidence de la Société coopérative de l’union centrale des syndicats des agriculteurs de France.

Malgré leur antagonisme politique antérieur, c’est à son fils qu’Auguste Courtin transmet, en mai 1900, le poste de maire de Salbris.

En juin la même année, il est également élu, sans concurrent, conseiller d’arrondissement pour le canton de Salbris. Puis, en juillet 1901, il devient conseiller général du Loir-et-Cher dans le même ressort, poste qu’avait occupé Courtin père jusqu’en 1895.

En vue des élections législatives de 1902, « Un groupe d’électeurs » sollicite André Courtin dans l’hebdomadaire conservateur L'Écho de la Sologne pour représenter les républicains modérés, assurant qu’il est « d’un républicanisme sage et modéré » et doté de « connaissances très étendues en agriculture ». Mais il n’est finalement pas candidat.

Au sein du conseil général, Courtin proteste en avril 1904 contre l’appui qu’apportent les élus au président de la République, Émile Loubet et au ministre de l’intérieur Émile Combes pour « l’œuvre d’action laïque et de progrès social qu’ils poursuivent avec une grande fermeté ». Pour sa part, il fustige « une œuvre de désorganisation sociale » avec la séparation proposée entre l’église et l’État.

Réélu, dès le premier tour, conseiller municipal puis maire de Salbris en mai 1904, André Courtin revient à la politique nationale avec les élections législatives de mai 1906, toujours dans la circonscription de Romorantin. Il conserve son étiquette de républicain libéral et affronte le député sortant radical, Pierre Pichery. Le quotidien l'Union libérale, conteste son positionnement, assurant que Courtin est un « conservateur, affublé pour la circonstance d’un faux nez républicain auquel personne ne s’était laissé prendre ». Le programme qu’il présente est fort à droite : « l’ordre, la paix sociale, la liberté religieuse, le rétablissement des finances par la réduction du trop grand nombre de fonctionnaires, le respect du drapeau et de l’armée » ; il repousse l’impôt sur le revenu mais admet la création de retraites ouvrières par la mutualité. Courtin rappelle qu’il a « combattu l’œuvre du Bloc sur la Séparation de l’Église et de l’État. Cette loi est à ses yeux (…) exigée par les Francs-Maçons, et les Juifs, qui veulent détruire la religion catholique, comme ils veulent désorganiser l’armée et les finances pour pousser la France à la ruine et la réduire à leur merci ». Il obtient un résultat en net retrait sur son score de 1893, avec 2 761 voix pour environ 16 200 suffrages exprimés, soit 17% ; Pichery est réélu.

Lors du scrutin de juillet 1907 pour le poste de conseiller général, face à deux candidats présentés comme favoris par la presse locale, Courtin ne se représente pas. Il est par contre de nouveau réélu, dès le premier tour, maire en mai 1908.

Après la mort de son père, en avril 1908, sa succession fait l’objet d’une mise au enchères, qui comprend notamment le château du Chesne et sa propriété de 1 380 hectares. André Courtin et son épouse emménagent dans une autre demeure, plus modeste, le château de La Moussaye.

André Courtin ne se représente pas aux élections municipales de 1912. Le couple est installé dans le village voisin de Pierrefitte-sur-Sauldre, au lieu-dit Le Péage.

À suivre

Le château du Chesne à Salbris

Voir aussi :

Auguste Courtin, enfant de Noël puis châtelain (1/3) ; Auguste Courtin, maire de Joinville à la fin du 2d empire (2/3) ; Auguste Courtin, agriculteur solognot et maire de Salbris (3/3)

Charles-Pierre Chapsal que la grammaire rend riche (1/3) ; Charles-Pierre Chapsal châtelain à Polangis (2/3) ; Charles-Pierre Chapsal, maire, père et grand-père de maires (3/3)

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18 novembre 2024 1 18 /11 /novembre /2024 08:00

Début de la biographie d’André Courtin

André Joseph Courtin naît le 10 août 1859 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), au château de Polangis. Il est le fils d’Anna Caroline Spooner, fille d’un industriel des États-Unis, fabricant de produits chimiques. Son père est Auguste Courtin (1825-1908), alors rentier et maire de Joinville. Ce dernier est le fils naturel de Charles Pierre Chapsal (1787-1858), Charles-Pierre Chapsal, (1787-1858), professeur au lycée Louis-le-Grand (Paris), grammairien, professeur de grammaire générale au lycée Louis-Le-Grand à Paris, maire de Joinville-le-Pont (1843-1848 et 1852-1858), qui avait fait l’acquisition du château de Polangis ; il est également le fils adoptif de son épouse Adélaïde Favray (1783-1880) et hérite, à sa disparition, du domaine de Polangis.

Pendant le siège de Paris au cours de la guerre de 1870, la population de Joinville est déplacée dans la capitale, y compris la municipalité. Les très violents combats de la bataille de Champigny en novembre et décembre 1870 entraînent la mort de plusieurs milliers de soldats, notamment dans le quartier de Polangis. Le pont de Joinville est détruit. Le retour des Joinvillais se fait en janvier 1871. La commune est ensuite occupée par les troupes bavaroises et wurtembergeoises jusqu’au 24 septembre 1871.

Après avoir mis fin, avant terme, à ses fonctions municipales en 1876, pour des raisons inconnues, Auguste Courtin quitte Joinville en 1877. Il vend le domaine de Polangis en février 1881 à la Société immobilière de Polangis qui lotit le terrain et démolit le château.

La famille s’installe en Sologne, à Salbris (Loir-et-Cher), où elle achète en 1880 le château du Chesne et un très vaste terrain. Devenu un agriculteur, réputé pour son activité modernisatrice, Auguste Courtin reprend des fonctions électives, comme maire de Salbris (1884-1900) et conseiller général du Loir-et-Cher (1889-1895), de tendance très nettement conservatrice.

Pour sa part, André Courtin intègre en juillet 1878 l'Institut national agronomique de Paris, reconstitué en 1876 à Paris, hébergé dans les locaux du Conservatoire national des arts et métiers, rue Réaumur, et disposant de champ d'expériences dans le Bois de Vincennes. Il obtient en juillet 1880 le diplôme d’ingénieur agronome. Il a eu notamment comme professeur Édouard Lecouteux (1819-1893), agronome réputé, qui a mis en place en Sologne, à Nouan-le-Fuzelier (Loir-et-Cher) une ferme modèle dans son château de Cerçay. Il a été conseiller général du département (1871-1874) puis maire de Lamotte-Beuvron (1886-1893).

Probablement après son service militaire, André Courtin devient un « châtelain-agriculteur » selon l’expression de son ancien maître, Lecouteux, qui lui rend visite en janvier 1883, se félicitant que « son excellent ami » fait partie de ceux qui « savent faire aimer la vie rurale ». Il assurera en juillet 1892 qu’il fait « le plus grand honneur à son école ». Ce dernier avait été le fondateur, en mai 1868, de la Société des agriculteurs de France, dont Courtin deviendra un des piliers.

Au cours des années 1880 et 1890, il participe très activement aux comices agricoles, et publie des rapports ou ouvrages sur la culture du blé, l’élevage bovin, les plantations d’arbres ou l'irrigation des prairies.

En avril 1887 à Paris (9e arr.), André Courtin, qui réside à Salbris et dispose d’un pied-à-terre rue de Penthièvre (8e arr.), épouse Eugénie Thérèse Roger-Marvaise. Elle est la fille de Théophile Roger-Marvaise, avocat à la Cour de cassation, chevalier de la Légion d’honneur, alors sénateur d’Ille-et-Vilaine. Leur domicile, rue de la Victoire, deviendra entre les deux guerres l’adresse parisienne du couple Courtin.

Voir aussi :

Auguste Courtin, enfant de Noël puis châtelain (1/3) ; Auguste Courtin, maire de Joinville à la fin du 2d empire (2/3) ; Auguste Courtin, agriculteur solognot et maire de Salbris (3/3)

Charles-Pierre Chapsal que la grammaire rend riche (1/3) ; Charles-Pierre Chapsal châtelain à Polangis (2/3) ; Charles-Pierre Chapsal, maire, père et grand-père de maires (3/3)

À suivre

Portrait d’André Courtin (arch. fam.)

 

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4 novembre 2024 1 04 /11 /novembre /2024 15:32

Louis Ernest François Cadet naît le 9 août 1894 à Lyon (4e arr.). Il est le fils de Louise Pierrette Muriat et de son mari, François Cadet, droguistes, qui vivent passage Lamure, dans le quartier de la Croix-Rousse.

Son père, qui est originaire de Haute-Savoie, décède en novembre 1909, quand Louis Ernest a 15 ans. Pendant toute son enfance, Louis Ernest Cadet n’est pas recensé avec ses parents dans leur domicile de Lyon ; peut-être a-t-il été confié à quelqu’un de la famille. Cependant, son adresse légale demeure celle de Lyon en 1913.

En octobre 1913, il signe un engagement volontaire dans l’armée pour trois ans et rejoint le 14e escadron du train des équipages.

Il est déjà sous les drapeaux au moment de la déclaration de guerre en août 1914. Il est affecté en mai 1915 au 82e régiment d'infanterie puis, le même mois au 4e régiment de zouaves. Nommé caporal en juin 1916, il passe sergent en juillet la même année puis devient officier avec le grade d’aspirant en septembre, toujours de l’année 1916. Il séjourne à l’école de gymnastique militaire de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), qui prépare de manière accélérée des cadres pour les armées. Il réside alors dans l’Île Fanac, à Joinville, située au milieu de la Marne.

Rejoignant les troupes coloniales, il sert au sein du 1er régiment de marche d’Afrique au sein de l’armée d’Orient. Il est une première fois blessé par balle à l’omoplate dans le village d’Orizari (Serbie, act. Macédoine-du-Nord) en novembre 1916.

Son comportement lui vaut une citation à l’ordre du corps d’armée : « Blessé alors qu’ayant fait contact avec les petits postes bulgares il poursuivait sa mission en conduisant bravement une reconnaissance de nuit en Serbie. Gradé expérimenté, très audacieux et d’un dévouement à tout épreuve, s’étant déjà fait remarquer au cours de l’expédition aux Dardanelles pour son calme et sa ténacité devant l’ennemi. »

C’est suite à une nouvelle blessure qu’il meurt, le 17 avril 1917 à Dihovo (Serbie, act. Macédoine-du-Nord). Il est déclaré mort pour la France.

Décoré de la Croix de guerre pour son action saluée par la citation, il reçoit, à titre posthume en février 1920 la Médaille militaire.

Le nom de Louis Ernest figure sur les monuments aux morts de Joinville-le-Pont et de Lyon, ainsi que sur la plaque commémorative de l'église Saint-Denis de la Croix-Rousse (Lyon).

Salle d'armes de l'école de Joinville (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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22 octobre 2024 2 22 /10 /octobre /2024 00:01

Louis Georges Touchard naît le 13 juillet 1886 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Joséphine Eugénie Gandon et de Marie Anatole Edgard Touchard. Ses parents vivent dans le centre-ville, quai Beaubourg (act. quai Pierre-Brossolette). Son père est receveur buraliste, et ses deux grands-pères sont également receveurs des contributions indirectes. Il meurt en mai 1895, trois mois après la naissance de leur fille, quand Georges a huit ans.

Un soir de juillet 1897, Georges vient d’avoir 11 ans et sa sœur Pauline en a deux, sont emmenés en début de soirée par leur mère pour une partie de canot sur la Marne, rivière qui passe devant leur domicile. Joséphine Touchard avait installé sa fille sur ses genoux, tandis que Georges ramait. Une fausse manœuvre, peut-être pour éviter un autre bateau, provoque la chute de la maman et de son bébé dans l’eau. Pendant un temps, Mme Touchard réussit à tenir la fillette à bout de bras hors de l’eau, puis elle perdit ses forces et la lâcha. Un marinier, qui s’était jeté dans le fleuve pour venir à leur secours, réussit à ramener la mère sur la rive, mais ne retrouva pas l’enfant. Ramenée chez elle, en état d’hébétude, elle reçoit, vers dix heures, le cadavre de Pauline qui venait d’être repêchée. Elle monte alors dans sa chambre, saisit un revolver et se tue. La mort fut instantanée.

La presse nationale a largement rendu compte du naufrage. Le terme de drame revient souvent : « terrible », pour Le Peuple français, « émouvant » dans XIXe siècle et Le Rappel. La notion d’accident est aussi fréquente : « bien triste », écrit le Journal des débats, « terrible » de nouveau, selon La Petite République. Le sort de la veuve est mis en avant : « désespoir d’une mère » pour La Souveraineté nationale, « Pauvre mère ! » dans Le Figaro.

Après la disparition de ses parents, les deux enfants survivants, Adolphe (14 ans) et Georges quittent pour un temps Joinville, probablement avec leur grand-père paternel. Ils sont de retour à Joinville en 1901, vivant alors dans leur établissement du quai Beaubourg chez les grands-parents maternels, qui sont désignés comme tuteurs.

Travaillant alors comme employé de commerce, Georges Touchard fait son service militaire en octobre 1907 au sein du 76e régiment d'infanterie. Il devient caporal en novembre 1908 puis est blessé le mois suivant en tentant de rejoindre son groupe au cours d’une marche militaire. Sa plaie au genou gauche lui vaudra, dans les années 1960, une reconnaissance de son invalidité. Il finit sa période sous les drapeaux en septembre 1909.

Au cours de la première guerre mondiale, Georges Touchard est mobilisé début août 1914. Lors des combats de la Marne, il est blessé au pied droit près de Soissons (Aisne) en janvier 1915. En juin de cette année-là, il est transféré au 176e régiment d'infanterie et envoyé en Orient, face aux troupes autrichiennes. Il rentre en France en février 1917 au 143e régiment d'infanterie et est démobilisé en avril 1919, avec une pension pour sa blessure de guerre.

Touchard monte une activité de cristaux et verrerie, avec un atelier de production et une boutique à Paris (10e arr.), rue du Faubourg-Saint-Martin. Il produit notamment des lampes et lustres, mais aussi des cristaux d’art, coupes gravées et bonbonnières.

En février 1920, Georges Touchard épouse Jeanne Catherine Marie Duran, gérante en chaussures, à Paris (4e arr.). Ils s’installent dans la demeure familiale de Joinville.

S’impliquant dans la vie locale, Georges Touchard fait partie, en avril 1925, des fondateurs du Constitution du comité d’union et d’action républicaines, qui regroupe la plupart des libéraux et conservateurs de Joinville. Présidé par Félix Soulié (1858-1934), négociant en tissus, il comprend également notamment Georges Defert (1896-1975), menuisier puis directeur de société, futur maire de Joinville (1953-1975).

Suite à la mort à l’hôpital d’un sommelier parisien en juillet 1927, les époux Touchard recueillent sa fille Odette. Ils l’adoptent officiellement en janvier 1946.

En mars 1936, Touchard fait partie des donateurs qui appuient le vestiaire municipal. Il est membre, en novembre la même année, du conseil d’administration de la Mutualité scolaire de Joinville, présidée par Ernest Gillot (1872-1947), ébéniste puis électricien, ancien conseiller municipal radical indépendant.

Louis Georges Touchard meurt le 28 mars 1977 à Nice, un mois après épouse. Il n’avait pas eu d’autre enfant que celle qu’il avait adoptée. Il avait été décoré en juin 1931 de la Médaille commémorative serbe pour son engagement au cours de la première guerre mondiale dans l’armée d’Orient.

Canots sur la Marne à Joinville-le-Pont

 

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20 octobre 2024 7 20 /10 /octobre /2024 00:01

Baptiste Joseph Debau naît le 6 novembre 1825 à Grenoble. Il est le fils d’Anne Renouvin, d’origine normande (Manche) et de Jean Baptiste Debau, natif du Gard, sous-officier dans l’infanterie. Il utilisera la graphie « Debeau » pour son patronyme.

Engagé également dans l’armée, il sert comme musicien en 1852 au 6e régiment d'infanterie légère (6e Léger), stationné en 1852 à la caserne Ave Maria à Paris (4e arr.). Il épouse en janvier cette année-là Catherine Wéeber, brodeuse, originaire d’Alsace. Elle meurt, hospitalisée à Strasbourg en septembre 1855, mais ils étaient déjà séparés puisqu’un enfant naît de sa future seconde femme dès avril 1856. Il épouse celle-ci, Joséphine Dehon, blanchisseuse, en novembre 1856 à Saint-Denis (Seine, act. Seine-Saint-Denis).

L’infanterie légère est transformée en 1855, convertis en unités d'infanterie de ligne Toujours comme musicien, Baptiste Debeau sert au 3e RIL, en garnison à Romainville. Dix ans plus tard, il est basé à Nice (Alpes-Maritimes). Il devient sous-chef de musique, nommé en 1877 à l’École d’artillerie de Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne).

Installé dans la commune de Joinville-le-Pont, riveraine du Bois de Vincennes, Baptiste Debeau est en 1888 le directeur de la Fanfare de Joinville, constituée dans le courant de la décennie et présidée alors par Théodore Létang (1835-1909), industriel, officier pendant la guerre de 1870 et conseiller municipal de la ville. Les Debeau vivent dans le centre-ville, rue de Paris.

Il participe en avril 1888 à l’organisation d’un bal de la fanfare au profit des pauvres. Elle compte 22 exécutants en 1893. En 1894, Debeau gère un festival-concours d'harmonie et de fanfares qui se tient en mai à Joinville. Après une grave explosion à la société métallurgique du Bi-Métal, à Joinville en février 1895, plusieurs compagnies musicales sont mobilisées pour les obsèques, dont celles de Saint-Maur-des-Fossés, Saint-Maurice et Joinville, sous la direction de Debeau.

Baptiste Debau meurt le 11 novembre 1896 à Joinville. Âgé de 71 ans, il était décoré de la Médaille militaire depuis août 1866. Ses deux fils, qui déclarent son décès à l’état-civil, ignorent le nom de sa première femme.

L’aîné, Alfred Joseph Debeau (1856-1937), sera également chef de musique, adjudant-chef au 32e régiment d'infanterie coloniale. Il s’est vu attribuer la Médaille militaire et a été fait chevalier de la Légion d’honneur.

Le cadet, Léopold Debeau (1865-1932), comptable, marié en juin 1889 à Nice avec Julie Augustine Thomas, a eu comme témoin à ses noces Joseph Pochon (1840-1908), alors député radical-socialiste, président du conseil général de l’Ain et franc-maçon.

Exercice à l’école d’artillerie de Vincennes (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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18 octobre 2024 5 18 /10 /octobre /2024 00:01

Louis Victor Gautherot naît le 12 février 1878 à Vieure, Allier. Il est le fils de Pauline Cornier et de son époux François Auguste Gautherot, jardinier, qui vivent au village de Lasalle.

La famille Gautherot s’installe à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne), où le père et les deux fils aînés travaillent comme jardiniers fleuristes.

Le service militaire de Louis Gautherot se déroule entre novembre 1899 et septembre 1900 au sein du 31e régiment d'infanterie, avec une dispense d’un an, son frère aîné étant déjà sous les drapeaux.

En mars 1901, Louis Gautherot épouse Rose Pannetier, également auvergnate, native de l’Allier et fille d’une épicière de Saint-Maurice. Ils vont s’installer à Boulogne (Seine, act. Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine) et Louis Gautherot va travailler pour la Ville de Paris, toujours comme jardinier.

Au cours de la première guerre mondiale, Louis Gautherot est mobilisé, d’abord en août 1914 au 39e régiment territorial d'infanterie, en décembre 1917 au 340e puis en novembre 1918 au 26e. Il est démobilisé en janvier 1919.

Prenant sa retraite vers 1928, Louis Gautherot s’installe avec son épouse et leur fille à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), commune limitrophe de Saint-Maurice, mais dans le quartier de Polangis, qui est partagé avec Champigny. À la faveur d’un déménagement dans la même rue, le boulevard de Polangis, ils vont d’ailleurs rejoindre cette nouvelle commune à la fin des années 1930.

Au cours des élections municipales de mai 1935, Louis Gautherot se présente, en 13e position, sur la liste des 14 candidats présentés par le Parti socialiste SFIO. Elle est conduite par Robert Derivière, employé et arrive, au premier tour, en quatrième position avec 12,3% des votes, derrière l’Union des républicains (droite, 32,6%), le Groupement des gauches de la municipalité sortante (radicaux-socialistes et socialistes indépendants, 26,8%), et les communistes (23,5%). Louis Gautherot obtient 346 voix pour 3 433 inscrits, 2 923 votants et 2 856 exprimés, soit 12,1%. Au second tour, les listes communiste et socialiste fusionnent, et, eu égard à son rang, Gautherot ne figure pas sur la nouvelle candidature de Front populaire, qui obtient deux sièges, contre vingt-cinq à la droite et aucun aux sortants radicaux.

Louis Gautherot meurt le 30 août 1943 à Champigny-sur-Marne, toujours domicilié boulevard de Polangis. Il était âgé de 65 ans et père de deux enfants.

Il avait obtenu, en juillet 1924, la Médaille d’honneur agricole puis avait été fait, en février 1927, chevalier du Mérite agricole.

Vue de Polangis, s.d., Arch. dép. Val-de-Marne

 

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16 octobre 2024 3 16 /10 /octobre /2024 12:41

Léopold Macque naît le 21 décembre 1861 à Paris (3e arr.), Il est le fils de Louise Boucher et de son époux Jean Baptiste Éloi Macque. Ses parents sont blanchisseurs. Il a un frère jumeau, Georges, qui meurt en février 1862. Son père est originaire de la Somme.

Devenu garçon de café à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), où il vit place des Écoles, il épouse en septembre 1886 Marie Aline Camus à Joinville-le-Pont, commune voisine où réside la mère de Léopold Macque. Aline Camus, couturière, est la sœur d’une personnalité locale, Aristide Camus (1852-1897), architecte, franc-maçon, libre-penseur et militant radical-socialiste à Joinville.

Parmi les témoins du mariage, on compte Jules Ferdinand Baulard (1827-1910), ouvrier puis chef d’entreprise, militant républicain sous le second empire, alors conseiller général de la Seine, franc-maçon et futur député radical-socialiste de la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux (1889-1902). Autre témoin, Eugin Thime (1830-1904), cordonnier, également libre-penseur et militant radical-socialiste à Joinville.

Les époux Macque vivent à Saint-Maur, rue de La Varenne, puis avenue des Îles, dans le quartier Schaken. Léopold Macque s’affirme également comme un libre-penseur militant, membre du groupe de Saint-Maur, adhérent à la Fédération française de la libre-pensée. Il reste très proche de la famille Camus et des libres-penseurs de Joinville. Ainsi, il est, avec Aristide Camus, l’un des rédacteurs d’une Tribune des mécontents, parue en octobre 1889 dans l’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes, où ils protestent contre le fait que l’église touche 60% du prix des obsèques « sauf pour les protestants et les israélites », y compris donc pour les athées militants. Suite à cette demande, le maire de Saint-Maur modifiera la pratique locale.

Toujours avec Camus et Thime, ainsi que le rédacteur-en-chef de Voix des communes, Henri Vaudémont, Macque est l’un des organisateurs d’un banquet qui se tient chez Jullien, sur l’île Fanac (Joinville), pour fêter l’élection de Baulard. De nouveau avec Baulard et Vaudémont, Macque participe en avril 1891 à un « banquet gras » organisé le vendredi-saint par le groupe de libre-pensée La Raison, présidé par un conseiller municipal de Joinville, Alphonse Demeestère.

Lors du congrès de la Fédération de la libre-pensée, qui se tient à Paris le 25 octobre 1891, Macque est l’un des quatre délégués de Saint-Maur avec Galand, Harvey et Charton. Gustave Charton (1835-1900), est un teinturier, communard, militant socialiste-révolutionnaire à Joinville-le-Pont, conseiller municipal de Corbeil (1884-1888) puis de Saint-Maur-des-Fossés (1896).

À partir au moins de 1891, Léopold Macque est employé d’octroi, les communes du département de la Seine appliquant des taxes à l’entrée des marchandises sur leur territoire. Il est l’auteur, avec M. Garbe d’un Guide pour la commune de Saint-Maur-des-Fossés, livre paru en août 1893 qui détaille les rues de la ville et donne des informations sur l'administration municipale.

Léopold Macque meurt le 26 octobre 1898 à Saint-Maur, à l’âge de 37 ans et n’a pas eu d’enfant.

Une vue du quartier de la Villa Schaken à Saint-Maur-des-Fossés (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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13 octobre 2024 7 13 /10 /octobre /2024 11:55

Amélie Damassine Blessel naît le 26 juin 1847 à Eurville (Haute-Marne, act. Eurville-Bienville). Elle est la fille de Marie Louise Simonnet et de son époux, Auguste Blessel, qui travaille dans les forges de la ville. Un sœur jumelle décède trois mois plus tard.

En 1871, Amélie Blessel vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où elle exerce la profession de sage-femme. Elle réside rue du Canal.

Le mariage d’Amélie Blessel avec Jean Henri Roche a lieu à Joinville en mars 1875. Son époux est originaire du Rhône et exerce la profession de rustiqueur, c’est-à-dire de maçon rocailler. Ils s’installent rue de Paris, dans le centre de la commune.

Dans le cadre de sa profession, Amélie Roche était fréquemment confrontée à des femmes lui faisant part de la détresse que leur procurait des grossesses non désirées, les méthodes de contraception étant fort peu répandues. L'article 317 du code pénal de 1810 fait de l'avortement un crime, relevant de la cour d’assise. Le fait qu’il soit pratiqué par un professionnel de santé constitue une circonstance aggravante.

Trois affaires successives vont mettre en scène Amélie Roche, qui sera traduite à chaque fois devant un jury populaire.

La première concerne Clotilde Villette née Giroux, épouse d’André Villette, jardinier du château de Polangis à Joinville, alors propriété de l’ancien maire de la commune, André Courtin. Clotilde Villette meurt à Joinville le 23 novembre 1880. La police soupçonne qu’elle ait pu être empoisonnée par des substances administrées par Amélie Roche, qui le conteste. Le cadavre est exhumé et une analyse chimique est organisée et la sage-femme est incarcérée dans l’attente de son procès. Défendue par Me Crochard, elle est acquittée.

La deuxième affaire concerne Julie Mousseaux, née Guyot, épouse de Louis Adolphe Mousseaux, menuisier à Joinville et sapeur-pompier dans la compagnie municipale. Mère de quatre enfants, elle aurait dissimulé sa cinquième grossesse selon l’enquête de police et aurait consulté la sage-femme Roche. Elle meurt le 15 novembre 1881. Arrêtée le 16 novembre, elle est jugée en avril 1882 et toujours défendue par Me Crochard. De nouveau, elle est acquittée.

Une dernière affaire aboutit devant la cour d'assises de la Seine en février 1883. Amélie Roche a alors quitté Joinville pour Paris. Cette fois c’est une veuve, tenant un café à Saint-Maur-des-Fossés, commune voisine de Joinville, Mme Charron, qui meurt en août 1882. Là aussi la sage-femme est inculpée. Le témoignage du fils de la veuve Charron, âgé de dix ans, venu dire que « la dame avait donné à maman une poudre à boire dans du lait » est jugé déterminant. Malgré la défense, toujours assurée par Me Crochard, Amélie Roche est condamnée du crime d'avortement, mais le jury enlève la circonstance aggravante de qualité de sage-femme et reconnaît au contraire des circonstances atténuantes. Elle est condamnée à cinq ans de prison.

Amélie Roche meurt le 30 décembre 1892 à Paris (12e arr.) où elle est hospitalisée. Elle était âgée de 45 ans et résidait dans le quartier de Montmartre, rue d’Orient (act. rue de l’Armée-d’Orient, Paris 18e arr.). Elle est désignée comme exerçant la profession de cuisinière. Elle est enterrée dans le cimetière parisien d’Ivry (Seine, act. Val-de-Marne).

Joinville-le-Pont, vers 1885

 

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