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14 juin 2016 2 14 /06 /juin /2016 01:01

Georges Paul Élie Bitterlin naît le 1er décembre 1864 à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils d’un médecin, Élie Laurent Bitterlin et de son épouse Julie Héloïse Chaure.

Son père, médecin à Saint-Maur, a été le fondateur en 1870 du comité local de la Société de secours aux blessés militaires (future Croix-Rouge), particulièrement actif pendant la guerre franco-prussienne notamment durant la bataille de Champigny. Il publiera un ouvrage d’hommage à l’action de son père en 1912, après sa disparition trois ans plus tôt.

Georges Bitterlin est élève au collège Stanislas à Paris. Il fait ensuite des études d’histoire et est diplômé en avril 1891, après avoir soutenu une thèse sur l’étiologie de la tuberculose chez les enfants. La même année, il épouse en mai à Coulommiers Ernestine Jeanne Marie Piat, fille d’un banquier. Il s’installe rue Pasteur à Joinville-le-Pont, rue limitrophe de la commune de Saint-Maur. Ils auront quatre enfants, dont les deux garçons (Charles et Jean) seront également médecins.

En tant que médecin, le Dr Bitterlin s’implique dans la vie locale, s’interrogeant sur la crémation en 1892, participant aux commissions municipales sur les logements insalubres ou l’enfance en bas âge et produisant un rapport sur les risques liés à un projet d’usine de vaseline en 1894. Il intervient pour porter les premiers secours avec deux confrères lors de l’explosion dramatique d’une chaudière au sein de l’usine Bi-Métal en février 1895.

Au cours de l’année 1908, il s’oppose à la municipalité lors d’un conflit entre elle et un autres médecin, le Dr Gripon et publie une lettre à ce sujet dans deux journaux l’Indépendant (organe d’un groupement d’opposants joinvillais) et l’Écho républicain (proche des milieux conservateurs à Saint-Maur). Après les graves inondations de la Marne en janvier et février 1910, le Dr Bitterlin participe à l’organisation du service de désinfection.

Georges Bitterlin s’engage au cours du scrutin municipal de Joinville en mai 1912. Il est élu au second tour sur une liste regroupant des radicaux dissidents, des socialistes unifiés (Sfio) et des libéraux, qui remporte les 23 sièges à pourvoir face à la municipalité radical-socialiste sortante. Pour ses adversaires, Bitterlin est avec Louis Gallas et Pierre Dalbavie, un des représentants du parti réactionnaire auprès du nouveau maire, Ernest Mermet.

Médecin aide-major de l’armée de terre, versé dans la réserve en été 1892, Bitterlin va reprendre une activité comparable à celle de son père lors de la guerre précédente, en étant affecté à l’hôpital militaire auxiliaire numéro 5, implanté dans la propriété du Petit Bourbon à Saint-Maur. Des incidents sont signalés dans la gestion de cet établissement en novembre 1916. Dans une lettre rendue publique en février 1917 dans un hebdomadaire régional, La Gazette de l’Est, le Dr Georges Bitterlin explique qu’il a « été débarqué de ma fonction de médecin-chef de l’hôpital auxiliaire n° 5, par la commission exécutive du comité de Saint-Maur de la Croix-Rouge 9/01, pour cause de mauvais accord avec l’administrateur, Greiss ». Selon lui, il avait subi « une pression religieuse mesquine, tracassière et puérile » qui a blessé sa « conscience de catholique sincère mais tolérant ». Il dénonce des « actes arbitraires et brutaux vis-à-vis d’infirmières » et qualifie son renvoi de « décision absolument inique. »

Du fait de la proximité géographique, Bitterlin continue de siéger au conseil municipal pendant la période de guerre. Il prend part, en soutien au maire, à la querelle qui l’oppose en février 1916 à Louis Rey, ancien conseiller municipal, et rédacteur du journal radical-socialiste Voix des communes, à propos de la gestion des fonds recueillis pour les nécessiteux. Il anime des collectes humanitaires et participe à des manifestations patriotiques.

Le Dr Bitterlin est intégré dans différents organismes de santé publiques, comme la commission du dispensaire départemental d'hygiène sociale et de préservation antituberculeuse (juillet 1918), le conseil de surveillance de l'Office public d'hygiène sociale (juillet 1921), le comité départemental des mutilés et réformés de guerre (de 1924 à 1939). Il participe à la Mutualité maternelle de Joinville, que préside son épouse, après avoir accompagné au début du siècle à l’œuvre de l’Allaitement maternel.

Il se rend à Lourdes en 1925 et publiera deux ouvrages ; le premier, la même année, pour observer au point de vue médical les faits qu’il a constatés lui-même. Le second, en 1929, pour discuter du cas de Mme Angault, de Craon (Mayenne) guérie en août 1926 par la disparition subite d'un fibrome utérin.

Bitterlin continue son action politique. Il est candidat lors des élections municipales de Joinville en novembre 1919 sur la liste libérale du Bloc indépendant de Jules Beauvais, qui s’oppose à celle des socialistes Sfio et à une autre, regroupant radicaux dissidents, radicaux-socialistes et socialistes indépendants, qui remporte tous les sièges au second tour et désigne Henri Vel-Durand, radical dissident, comme nouveau maire.

La Ligue d'Action Française crée en avril 1920 une section de la région nogentaise dont Bitterlin est un des fondateurs. Son fils Jean Bitterlin y contribue également. Lors des élections législatives de mai 1924, Georges Bitterlin est candidat en 16e position sur la liste Action française et Union Nationale révisionniste dans le département de la Seine, conduite par Georges Valois qui préconise la suppression du parlement. Il organise le 19 avril une réunion publique à Champigny, mais l’auditoire est composé aux trois-quarts de sympathisants communistes. La formation d’extrême-droite est nettement distancée par les communistes de Paul Vaillant-Couturier (9 sièges), les républicains sociaux (droite) de Maurice Bokanowski (5 sièges) et le Cartel des gauches conduit par Pierre Laval (5 sièges également). Les candidats d’Action française, qui n’ont pas d’élus, obtiennent 3,3% des suffrages exprimés dans l’ensemble du département et 4,3% à Joinville.

Georges Bitterlin, qui n’avait plus d’action politique publique, va cependant être nommé conseiller municipal de Joinville par arrêté préfectoral du 20 février 1942, pris en exécution de la loi du 16 novembre 1940. La municipalité désignée par les autorités vichystes conserve le maire Léon Lesestre, tandis que les deux élus communistes ont été démis et que la moitié des élus de 1935 en est exclue. Elle est dissoute par le comité local de Libération en août 1944 et une délégation spéciale prend sa suite avec l’arrêté préfectoral du 26 septembre.

Georges Bitterlin, qui avait obtenu un accessit en histoire au concours général en 1884, était un des fondateurs de l’association des Amis du Vieux Saint-Maur, qui publie la revue Le Vieux Saint-Maur ; il en était vice-président à sa disparition.

Georges Bitterlin meurt accidentellement le 4 septembre 1946 à Paris (12e arr.), à l’âge de 81 ans. Il avait obtenu plusieurs récompenses, dont en 1929, une médaille d’or de la mutualité pour services rendus aux œuvres de prévoyance sociale.

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12 juin 2016 7 12 /06 /juin /2016 01:01

Adolphe Candellé (1807-1893), marchand de vins-traiteur à Joinville-le-Pont, insurgé en 1831 puis juin 1848.

Né le 9 juin 1807 à Chartres (Eure-et-Loir). Condamné, en 1831, à trois jours de prison pour une coalition d’ouvriers, il présidait en 1848 le Club de Joinville (anc. Seine, Val-de-Marne), où il était alors établi marchand de vins-traiteur. Arrêté en juillet 1848 sans motif précisé avec six autres habitants de sa commune, également tenanciers de débits de boisson, il fut mis en liberté le lendemain.

Adolphe Candellé s’installe avant 1856 à Charenton-le-Pont (anc. Seine, Val-de-Marne), où il décède le 21 janvier 1893 à l’âge de 86 ans. Il était alors rentier et avait épousé successivement Cécile Benoit puis Augustine Boussard.

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10 juin 2016 5 10 /06 /juin /2016 01:01

Né le 28 avril 1816 à Ablon (anc. Seine-et-Oise, Val-de-Marne), Eustache D’Heurle est le fils d’un vigneron, ancien soldat de l’empire, portant le même nom et chevalier de la Légion d’honneur. Eustache D’Heurle exerce l’activité de tonnelier et de marchand de vins à Joinville-le-Pont (anc. Seine, Val-de-Marne). Il participe aux évènements de juin 1848. Il est arrêté en tant qu’insurgé le 25 juin, et condamné à la transportation le 26 juillet par la 4e commission.

Incarcéré au Fort de Vincennes (anc. Seine, Val-de-Marne), il est transféré à destination de Belle-Isle (Morbihan) dans la nuit du 5 au 6 août 1848. Il rejoint Brest (Finistère), via Le Havre (anc. Seine-Inférieure, Seine-Maritime), et décède aux hôpitaux maritimes où il a été conduit en provenance du ponton La Guerrière le 30 septembre 1848.

Eustache D’Heurle était âgé de 32 ans et avait épousé Thérèse Margot.

Sources : Arch. Min. Guerre, A 1839 ; Service historique de la Défense 2849 cote 6 J 39 ; Arch. Val-de-Marne (état-civil, recensements) ; Le Constitutionnel, quotidien, 1848/08/10 ; Le Siècle, quotidien, 1848/08/11.

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8 juin 2016 3 08 /06 /juin /2016 01:00

Hélène Veinstein naît le 15 mai 1931 à Paris (10e arr.). Elle est la fille d’Itla Veinstein, née Baran et la sœur de Rose Veinstein.

En septembre 1942, la famille réside 7, rue de l’Égalité, dans une cité populaire créée dix ans plus tôt dans le quartier de Palissy, à Joinville-le-Pont (anc. Seine, Val-de-Marne).

Toutes les trois sont déportées depuis le camp de Drancy (anc. Seine, Seine-Saint-Denis) vers le camp d’extermination nazi d’Auschwitz, en Pologne. Elles sont embarquées dans le convoi n° 37 du 25 septembre 1942. Il compte 1 004 déportés dont 130 enfants. 873 d’entre eux sont gazés à l’arrivée au camp ; il y aura seulement 15 survivants en 1945. Ce convoi inclut notamment Bernard Natan, producteur de cinéma, ancien propriétaire de la société Pathé-Natan à Joinville.

Comme la plupart des déportés du convoi, Hélène Veinstein meurt le 30 septembre 1942 à Auschwitz ; elle était âgée de 11 ans. Par arrêté du 2 mai 2001, la mention « Mort en déportation » est apposée sur son acte de décès, transcrit sur l’état-civil de Joinville. Son nom figure, parmi les victimes civiles de la guerre de 1939-1945, sur le monument aux morts de Joinville-le-Pont. Il est inscrit sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris.

Sources : Arch. dép. Paris (état-civil) ; Arch. dép. Val-de-Marne (état-civil) ; Monument aux morts de Joinville-le-Pont (1939-1945) ; Mémorial de la Shoah, Paris, Mur des Noms ; Journal officiel 2001/07/08 (N157) ; Jacques Giami, Chroniques des années de déportation: 1942-1944, Pro-Arte ; 2009.

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6 juin 2016 1 06 /06 /juin /2016 01:01

Rose Veinstein naît le 26 janvier 1935 à Paris (14e arr.). Elle est la fille d’Itla Veinstein, née Baran et la sœur d’Hélène Veinstein.

En septembre 1942, la famille réside 7, rue de l’Égalité, dans une cité populaire créée dix ans plus tôt dans le quartier de Palissy, à Joinville-le-Pont (anc. Seine, Val-de-Marne).

Toutes les trois sont déportées depuis le camp de Drancy (anc. Seine, Seine-Saint-Denis) vers le camp d’extermination nazi d’Auschwitz, en Pologne. Elles sont embarquées dans le convoi n° 37 du 25 septembre 1942. Il compte 1 004 déportés dont 130 enfants. 873 d’entre eux sont gazés à l’arrivée au camp ; il y aura seulement 15 survivants en 1945. Ce convoi inclut notamment Bernard Natan, producteur de cinéma, ancien propriétaire de la société Pathé-Natan à Joinville.

Comme la plupart des déportés du convoi, Rose Veinstein meurt le 30 septembre 1942 à Auschwitz ; elle était âgée de 7 ans. Par arrêté du 2 mai 2001, la mention « Mort en déportation » est apposée sur son acte de décès, transcrit sur l’état-civil de Joinville. Son nom figure, parmi les victimes civiles de la guerre de 1939-1945, sur le monument aux morts de Joinville-le-Pont. Il est inscrit sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris.

Sources : Arch. dép. Paris (état-civil) ; Arch. dép. Val-de-Marne (état-civil) ; Monument aux morts de Joinville-le-Pont (1939-1945) ; Mémorial de la Shoah, Paris, Mur des Noms ; Journal officiel 2001/07/08 (N157) ; Jacques Giami, Chroniques des années de déportation: 1942-1944, Pro-Arte ; 2009.

naît le 26 janvier 1935 à Paris (14e arr.). Elle est la fille d’Itla Veinstein, née Baran et la sœur d’Hélène Veinstein.

En septembre 1942, la famille réside 7, rue de l’Égalité, dans une cité populaire créée dix ans plus tôt dans le quartier de Palissy, à Joinville-le-Pont (anc. Seine, Val-de-Marne).

Toutes les trois sont déportées depuis le camp de Drancy (anc. Seine, Seine-Saint-Denis) vers le camp d’extermination nazi d’Auschwitz, en Pologne. Elles sont embarquées dans le convoi n° 37 du 25 septembre 1942. Il compte 1 004 déportés dont 130 enfants. 873 d’entre eux sont gazés à l’arrivée au camp ; il y aura seulement 15 survivants en 1945. Ce convoi inclut notamment Bernard Natan, producteur de cinéma, ancien propriétaire de la société Pathé-Natan à Joinville.

Comme la plupart des déportés du convoi, Rose Veinstein meurt le 30 septembre 1942 à Auschwitz ; elle était âgée de 7 ans. Par arrêté du 2 mai 2001, la mention « Mort en déportation » est apposée sur son acte de décès, transcrit sur l’état-civil de Joinville. Son nom figure, parmi les victimes civiles de la guerre de 1939-1945, sur le monument aux morts de Joinville-le-Pont. Il est inscrit sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris.

Sources : Arch. dép. Paris (état-civil) ; Arch. dép. Val-de-Marne (état-civil) ; Monument aux morts de Joinville-le-Pont (1939-1945) ; Mémorial de la Shoah, Paris, Mur des Noms ; Journal officiel 2001/07/08 (N157) ; Jacques Giami, Chroniques des années de déportation: 1942-1944, Pro-Arte ; 2009.

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5 juin 2016 7 05 /06 /juin /2016 01:01

Itla Baran, épouse Veinstein, naît le 9 octobre 1903. Le Journal officiel situe sa naissance à Przedborg en Pologne ; il s’agit sans doute de Przedbórz, dans la voïvodie de Łódź, ville majoritairement peuplée de juifs avant-guerre. Une liste conservée au Mémorial de la Shoah et établie au camp de Drancy indique comme lieu de naissance Plzedberg (localité inconnue) et précise qu’Itla Veinstein serait de nationalité roumaine (son prénom est orthographié Ilsa).

Elle est mère d’Hélène et Rose Veinstein.

En septembre 1942, la famille réside 7, rue de l’Égalité, dans une cité populaire créée dix ans plus tôt dans le quartier de Palissy, à Joinville-le-Pont (anc. Seine, Val-de-Marne). Itla Veinstein est présentée comme étant sans profession.

Toutes les trois sont déportées depuis le camp de Drancy (anc. Seine, Seine-Saint-Denis) vers le camp d’extermination nazi d’Auschwitz, en Pologne. Elles sont embarquées dans le convoi n° 37 du 25 septembre 1942. Il compte 1 004 déportés dont 130 enfants. 873 d’entre eux sont gazés à l’arrivée au camp ; il y aura seulement 15 survivants en 1945. Ce convoi inclut notamment Bernard Natan, producteur de cinéma, ancien propriétaire de la société Pathé-Natan à Joinville.

Un autre habitant de la même cité d’habitations à bon marché (HBM), Adrien Thomas, résistant communiste, est également déporté à Auschwitz quelques semaines plus tôt, par le convoi du 6 juillet 1942.

Comme la plupart des déportés du convoi, Itla Veinstein et ses deux enfants meurent le 30 septembre 1942 à Auschwitz ; elle était âgée de 38 ans tandis que ses filles avaient 7 et 11 ans. Par arrêté du 2 mai 2001, la mention « Mort en déportation » est apposée sur son acte de décès, transcrit sur l’état-civil de Joinville. Son nom figure, parmi les victimes civiles de la guerre de 1939-1945, sur le monument aux morts de Joinville-le-Pont. Il est inscrit sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris.

Sources : Arch. dép. Val-de-Marne (état-civil) ; Monument aux morts de Joinville-le-Pont (1939-1945) ; Mémorial de la Shoah, Paris, Mur des Noms ; Journal officiel 2001/07/08 (N157).

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9 février 2016 2 09 /02 /février /2016 00:01
Louis Joseph Mercier, ouvrier anarchiste

Louis Joseph Mercier, naît le 23 mars 1851 à Châteauneuf (Cher). Il est le fils de Suzanne Guillot et de son mari, Pierre Mercier, tréfileur.

Lui-même exercera la profession paternelle, à l’instar de son frère Alexis et comme le fera ensuite son fils aîné Gaston. Il semble mal maîtriser l’écriture, au vu de sa signature.

Mercier travaille d’abord à Bourges (Cher) où il épouse en juin 1877 Marie Berthe Beauvais avec laquelle il avait sept enfants vivants en 1895. À cette date, il vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) et travaille à l’usine métallurgique du Bi-Métal, située dans la commune sur les bords du canal, toujours comme tréfileur. L’usine a connu deux évènements importants récemment : entre octobre et décembre 1894, une grève de 52 jours de tréfileurs permet de limiter à 11% la réduction du salaire des tréfileurs décidée par la direction, qui voulait qu’elle soit de 25%. Le 8 février 1895, une explosion de chaudière fait cinq morts et plusieurs blessés dans l’usine.

La famille Mercier est proche du trésorier du syndicat et animateur du mouvement gréviste, Hilaire Prieur, qui est témoin de la naissance de sa fille Jeanne Mélanie en avril 1895. Il réside dans le quartier du Canal, à proximité de l’usine.

Six mois après une manifestation comparable d’un chimiste originaire de l’empire russe, Joseph Epeler, dans la même rue, Louis Joseph Mercier, selon les comptes-rendus de presse, donne, le 12 septembre 1895, une conférence improvisée sur des thèmes anarchistes dans un café de la rue de Paris, au centre de Joinville. Puis il sort dans la rue et crie « Vive Ravachol ! Gloire à Caserio ! », faisant ainsi l’apologie de deux anarchistes récemment condamnés, l’un pour des attentats à Paris, l’autre pour l’assassinat du président Sadi Carnot.

Malgré une vive résistance, Mercier est arrêté. Il est cependant rapidement relâché et poursuit son activité professionnelle. Il vit en 1900 à Saint-Maurice, commune voisine de Joinville. Il est alors âgé de 49 ans. La date de son décès n’est pas connue.

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24 octobre 2014 5 24 /10 /octobre /2014 01:10
Roger GUY
Roger GUY

Roger Guy naît en août 1909 à Paris. Il est employé commercial et réside à Joinville-le-Pont (alors dans le département de la Seine) au 55, avenue des Familles avec sa mère veuve handicapée.

Il a été secrétaire des Jeunesses communistes, peut-être à Joinville-le-Pont (selon la notice publiée sur le site Mémoire Vive).

Au cours de la guerre 1939-1940, il est mobilisé pendant un an.

Sous l’occupation, toujours d’après la notice du site Mémoire Vive, il reste actif au sein du Parti communiste clandestin. Selon la police, il « s’emploie à la reconstitution des anciennes cellules de Joinville et participe à la propagande clandestine ». Il aurait été arrêté à son domicile lors de la grande vague d’arrestations ciblées organisée dans les départements de la Seine et de la Seine-et-Oise par les préfets du gouvernement de Pétain à l’encontre des responsables communistes de la région parisienne avant-guerre (élus, cadres du PC et de la CGT) le 5 octobre 1940.

Il est d’abord transféré au centre de séjour surveillé d’Aincourt, un ancien sanatorium aujourd’hui dans le Val d’Oise. Le directeur du camp lui a confié la direction des jeunes âgés de moins de 25 ans (50 internés) ; selon le témoignage d’un de ceux-ci, Fernand Devaux Roger Guy, « n’a fait aucun excès de zèle en terme de discipline, restant un camarade très estimé. »

Il sera ensuite déplacé en mai 1942 au camp de Voves (Eure et Loir) avant de transiter 5 jours plus tard par le camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht. Guy est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs en représailles des actions armées de la résistance contre l’armée.

Roger Guy fait partie, comme un autre Joinvillais, Adrien Thomas, du convoi qui quitte le camp le 6 juillet 1942. Les détenus sont conduits à l’aube sous escorte allemande à la gare et entassés dans des wagons de marchandises. Le voyage dure deux jours. Les déportés ne sont pas ravitaillés en eau.

Le 8 juillet 1942, Roger Guy est enregistré au camp de concentration d’Auschwitz, sans doute sous le numéro 45648.

Il meurt à Auschwitz le 30 septembre 1942, selon les registres du camp. Deux semaines auparavant a lieu une grande sélection des « inaptes au travail » à l’intérieur du camp à la suite de laquelle 146 des personnes déportées en même temps que lui sont inscrits sur le registre des décès en deux jours (probablement gazés).

Le Musée d’État d'Auschwitz-Birkenau, Oswiecim (Pologne) dispose d’une photo mentionnant le n° 45648, qui est donc probablement celle de Roger Guy.

Roger Guy, mort en déportation à Auschwitz

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17 octobre 2014 5 17 /10 /octobre /2014 01:08

Adrien Thomas naît en novembre 1908 à Paris. Agent hospitalier à l’hôpital Tenon, dans la 20ème arrondissement de la capitale, il réside dans les habitations à bon marché au 7, rue de l’Égalité à Joinville-le-Pont (alors dans le département de la Seine).

Sous l’occupation, la police le considère comme un « communiste notoire, agent actif de la propagande clandestine ». Le 5 octobre 1940, il est appréhendé, peut-être en tant que détenteur de tracts par la police française lors de la grande rafle organisée dans les départements de la Seine et de la Seine-et-Oise par la police française.

Le gouvernement du maréchal Pétain a proposé aux autorités d’occupation allemandes, qui l’ont accepté, l’arrestation des responsables communistes de la région parisienne (élus, cadres du PC et de la CGT).

Après avoir été regroupés en différents lieux, ceux-ci sont rapidement placés en internement administratif au centre de séjour surveillé d’Aincourt (aujourd’hui dans le Val d’Oise), un ancien sanatorium.

Le 6 septembre 1941, Adrien Thomas fait partie d’un groupe de 150 détenus d’Aincourt (dont 106 de la Seine) transférés au camp français de Rouillé (Vienne).

Le 9 février 1942, il est parmi les 52 « communistes » (dont 36 seront déportés avec lui) remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits par des Feldgendarmes à la gare de Poitiers. Enfermés dans deux wagons à bestiaux, ils sont transférés - via Paris - au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht.

Il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande.

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le voyage dure deux jours. Les déportés ne sont pas ravitaillés en eau.

Le 8 juillet 1942, Adrien Thomas est enregistré au camp de concentration d’Auschwitz sous le numéro 46143.

Il meurt à Auschwitz le 19 septembre 1942, d’après les registres du camp, alors qu’a lieu une grande sélection des « inaptes au travail » à l’intérieur du camp à la suite de laquelle 146 des personnes déportées en même temps que lui sont inscrits sur le registre des décès en deux jours (probablement gazés).

Le nom d’Adrien Thomas est inscrit sur le Monument aux morts de Joinville-le-Pont, situé dans le cimetière communal.

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26 septembre 2014 5 26 /09 /septembre /2014 01:02

Plan de la boucle de la Marne, 1865

Fils cadet d’une compositrice et salonnière, la comtesse Anaïs Pilté (voir Anaïs Pilté, comtesse du pape), et d’un très riche pionnier du gaz à Paris, Pierre Pilté (mort en 1853), Alphonse va se lancer dans une aventure industrielle.

Alphonse Louis Pilté naît le 4 novembre 1838 à Paris (10e arr.). Il est le fils d’Anne Laure Joséphine Hurel, qui sera connue en tant que comtesse Anaïs Perrière-Pilté, et de son époux, Pierre Pilté, industriel et directeur de théâtre.

Une forge a été créée vers 1834 sur le territoire de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), qui vient tout juste d’échanger son ancien nom de « La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur » pour celui d’un fils du roi Louis-Philippe en 1831. Elle occupe un espace situé sur le tracé de l’actuel quai Pierre Mendès-France, à l’angle de la rue Henri Barbusse, à proximité du canal nouvellement créé et près du futur pont de Maisons-Alfort (qui sera construit trois-quarts de siècle plus tard).

La forge utilise une chute d'eau de 4 mètres qui actionne une roue, produisant une force de 40 à 50 chevaux. Sous le nom de « Forges de Saint-Maur », la société produit du fer de riblon, c’est-à-dire du métal fait à partir de ferraille de récupération. À l’époque, la lutte contre le gaspillage était d’actualité.

Elle est, avec celle de Grenelle, une des deux forges du département de la Seine présente à l'exposition des produits de l'industrie française, qui tient sa dixième édition en 1844. Les Forges disposent également d’un stand lors de l’exposition universelle de Paris en 1855.

Alphonse Pilté séjourne à Joinville pendant la guerre de 1870 contre la Prusse. Brigadier à cheval dans une unité de volontaires (l’escadron Franchetti) pendant le siège de Paris, en 1870, il combat aux alentours du carrefour Pompadour, puis est affecté à la garde de l’état-major du général Ducrot, installé dans le château de Polangis, pendant la grande bataille de novembre et décembre, dite de Champigny, qui se déroule entre le pont de Joinville et la plaine du Tremblay.

Après-guerre, celui que le journal Le Figaro qualifie de « jeune et intelligent industriel », prend la direction des forges « après bien des vicissitudes ». Elles comptent alors plus d’une cinquantaine d’ouvriers et employés. Fin novembre 1872, la Marne connaît une très importante inondation. L’usine sera fermée pendant 25 jours. Le journal a ouvert une souscription en faveur des inondés, et des secours sont versés à 520 personnes de Joinville-le-Pont, dont les ouvriers de la forge, qui ont perdu toute rémunération pendant cette période. Le quotidien leur attribue 3 000 francs (équivalent en pouvoir d’achat actuel à 10 000 euros), ce qui représente un tiers des salaires perdus par les ouvriers.

Après l’eau, c’est la crise qui touche l’entreprise avec un « ralentissement considérable des affaires depuis le commencement de juin 1873, et par conséquent la gêne que subissent les ouvriers par le manque de travail », selon Alphonse Pilté, qui s’exprime toujours dans Le Figaro. Il n’y a, à l’époque, ni allocation de chômage, ni assurance sociale et que les salaires dépendent des heures travaillées.

Le maître de forges réside à Joinville. Il s’implique dans la vie locale, et affiche des convictions républicaines, même si sa famille a été annoblie par le pape Pie IX en 1869. En novembre 1874, il participe à la constitution d’une liste républicaine pour les élections municipales, première incursion connue des clivages poltiques dans les scrutins municipaux. Trois des sept candidats connus de cette liste se font élire, Louis Benoit, Antoine Cambier et Pilté ; un autre colistier, battu cette fois-ci, Alphonse Demeestère, sera ensuite le fondateur du comité radical-socialiste de la 2e circonscription de l’arrondissement Sceaux (Seine). La majorité des 16 membres du conseil municipal élu en novembre 1874 est conservatrice, avec Auguste Courtin, rescapé du second empire, qui démissionne en 1876. Il est remplacé par Louis Ferdinand Rousseau, qui échoue à la tête d’une liste bonapartiste en 1878. Alphonse Pilté est réélu dans la nouvelle majorité républicaine, qui désigne Gabriel Pinson, premier maire franchement républicain de Joinville.

Lors d’une élection au conseil général de mars 1876, Pilté, avec l’ancien adjoint au maire, Hippolyte Pinson, fait partie du comité de soutien au Dr Béclard, qui obtiendra à leur demande l’investiture du comité de la gauche républicaine pour le canton de Charenton.

Venu d’un milieu très introduit dans la grande société parisienne, Alphonse Pilté n’en a pas moins une vie assez éloignée des règles de l’époque. Ainsi, Louise Françoise Pain lui donne deux filles hors mariage en 1868 et 1875, avant leurs noces à Paris en mai 1880. L’élu profère alors, sous serment, un gros mensonge. Son frère et lui déclarent que leurs parents « sont décédés et qu’ils ignorent le lieu de leur décès et leur dernier domicile. »

Ils seraient bien les seuls du Tout-Paris à méconnaitre que la comtesse, leur mère, habitait un splendide hôtel particulier, 57, rue de Babylone à Paris, devenu depuis le siège du conseil régional d’Île-de-France. Ils le savaient d’autant plus que c’est Alphonse lui-même qui a effectué, auprès de la mairie du 7e arrondissement, la déclaration du décès de sa mère, tout juste un an et demi plus tôt… Mais sans doute, peu soucieux des démarches administratives, voulait-il éviter d’avoir à fournir un certificat de décès.

Alphonse Pilté n’est pas réélu à Joinville en 1881. Il demeure depuis 1880 à Paris où il meurt, à l'âge de 52 ans, le 2 février 1891.

L’usine des forges pouruivra son activité. En 1879, elle est devenue Aciéries de Seine-et-Rhône, dirigée par un autre élu municipal, Émile Deiber. Elle sera rebaptise en 1892 Compagnie du Bi-Métal et sera reprise, dans les années 1960, par la société Pirelli après avoir emmenagé de l’autre côté du canal, à Saint-Maurice.

Plan de Joinville, avec indication des forges, en 1865.

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