Charles Eugène Videpied naît le 16 septembre 1834 à Paris. Il est le fils de Marie Magdeleine Jeanne Vigneron et de son époux Louis Claude Videpied, chaudronnier. Il vit dans une famille républicaine : son père est inculpé devant une commission militaire après l’insurrection ouvrière de juin 1848 ; sa tante paternelle, Marie-Thérèse Cellier, est actionnaire de de la Société du 15 juin 1840 « pour la propagation et pour la réalisation de la théorie de Fourier ».
S’il est sans doute trop jeune pour prendre part aux activités révolutionnaires en 1848, Eugène Videpied va se lier avec des acteurs du mouvement social et politique ouvrier. Devenu lunetier, il rejoint une coopérative fondée en 1849, la Société des lunetiers (ancêtre d’Essilor). En janvier 1864, il devient, suite à la démission d’Henri Béry, un des trois gérants, au côté de Simon-François Delabre et d’Onésime Nicolas Muneaux. Les héritiers de l'Association fraternelle des ouvriers lunetiers qui étaient nourris par les écrits de Saint-Simon, Fourier, de Proudhon, et surtout ceux du journal l'Atelier. Il continue à exercer cette fonction jusqu’après 1881. Suivant l’usage, la coopérative qui compte en 1864 24 coopérateurs, prend le nom de Société industrielle et commerciale des ouvriers lunettiers Delabre, Muneaux, Videpied et Cie. Au fur et à mesure des changements de gérants, elle deviendra Muneaux, Videpied, Trumet ; Muneaux, Videpied, Delafond ; Muneaux, Videpied, Okermans ; et enfin en 1881 Videpied, Okermans, Poircuitte.
Agathe Maillot, lingère, avait épousé Eugène Videpied en mars 1861 à Paris (3e arr.). Ils résidaient rue Caffarelli.
Dès la fin de l’empire, Videpied prend des positions publiques. Avec 26 autres membres de la Société des lunetiers, il participe pendant le siège de Paris en octobre 1870 à une souscription « destinée à offrir une batterie de canons à la République. »
Courant octobre 1873, environ 150 entrepreneurs du 3e arrondissement de Paris signent une déclaration communiquée aux députés de la Seine dans laquelle ils se disent « Profondément inquiétés et troublés dans nos affaires et dans notre travail par les intrigues incessantes des agitateurs politiques qui se proposent de restaurer la monarchie, profondément convaincus que cette restauration amènerait de nouvelles et effroyables révolutions et désireux d'épargner à la France les malheurs qui en seraient la conséquence, nous protestons énergiquement centre toute tentative de restauration monarchique ; nous affirmons notre dévouement à la République, dont le maintien peut seul assurer au pays le repos et la sécurité. Nous espérons que nos députés, les députés de la Seine, d'accord avec M. Thiers, l'homme d'État illustre qui a donné tant de gages de clairvoyance, de dévouement et de patriotisme, sauront conjurer, les malheurs que nous redoutons, et feront sortir la République plus vivante et plus robuste de l'épreuve qu'elle traverse. »
Parmi les signataires on compte, outre Videpied, Delafond, autre gérant de la Société des lunetiers et Jules Ferdinand Baulard, fabricant de glaces, futur conseiller municipal de Joinville-le-Pont, conseiller général de Charenton-le-Pont et député de la Seine (radical-socialiste).
(A suivre)
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