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13 juillet 2023 4 13 /07 /juillet /2023 01:01

Suite de la biographie de Charles Monsarrat

En juin 1911, Charles Monsarrat est promu commissaire de police de la Ville de Paris et chargé du quartier de la Monnaie (6e arr.). Il laisse la place de Joinville-le-Pont à Louis Gourdel, venu de Montreuil. En janvier 1913, il est transféré à Belleville (20e arr.). En mai, il arrête rue de Ménilmontant, Gabriel Bonton, dit Gaby, âgé de vingt-huit ans, accusé d’avoir frappé à coups de canne plombée un agent de police lors d’une manifestation faubourg du Temple, le soir du 1er mai. Il est considéré comme liés aux milieux anarchistes des quartiers de Belleville et Ménilmontant. Des brochures révolutionnaires et antimilitaristes sont découvertes chez lui, ainsi que sa canne plombée et deux couteaux-poignards.

Alors qu’il n’était jamais resté très longtemps dans ses postes précédents, le record étant de 30 mois à Joinville, Monsarrat va obtenir, en janvier 1914 une affectation où il va s’installer durablement : celle de commissaire de police spécial des Halles centrales de Paris. Il est chargé des marchés d’approvisionnement de la Ville de Paris, mais aussi des abattoirs de La Villette et de Vaugirard. Il publie, dans le cadre du VIe congrès des pêches maritimes, qui se tient à Tunis en mars 1914, un article sur Le Marché du poisson à Paris.

Sa fonction aux Halles sera primordiale pendant la première guerre mondiale mais aussi à son issue, alors que l’alimentation de la capitale est compliquée par les combats, les destructions et les pénuries.

En 1909, alors qu’il dirigeait le commissariat de Pantin, Charles Monsarrat créa une association, dont il restera le président jusqu’à sa disparition, Les Enfants de Gayant de Paris. Les personnages de la famille Gayant sont des symboles de la ville de Douai depuis le 16e siècle. Chaque année, en juillet, des mannequins géants (signification du mot de gayant dans le parler artésien), sont transportés dans la ville, symbolisant sa défense contre les attaques dont elle a été victime. Le terme Enfants de Gayant désigne les habitants du territoire, et un square de la commune porte ce nom. La société amicale et philanthropique fondée par Monsarrat organise notamment un banquet et un bal annuels, généralement en novembre, pour financer ses activités. Elle apporte ses services aux originaires de cet arrondissement du département du Nord.

Pendant la première guerre mondiale, l’association va avoir une importante action humanitaire. Douai et ses environs sont occupés par l’armée allemande en octobre 1914. C’est toujours le cas en septembre 1918, quand toute la population restante est évacuée vers la Belgique puis que le centre-ville est pillé et incendié, notamment la place d’Armes où avait vécu la famille Monsarrat. Les Enfants de Gayant de Paris apportent 80 000 francs de secours en nature aux soldats du front ou prisonniers de guerre et procurent plusieurs centaines d’emplois aux réfugiés.

Peu avant l’armistice, le 4 novembre 1918, Monsarrat fait adopter, au siège social, rue de Richelieu à Paris, le vœu suivant : « Que les Allemands soient tenus de réparer Intégralement tous les dommages causés et que tous les crimes commis soient justement châtiés en la personne de leurs auteurs responsables ; Qu'avant toute conclusion d’un armistice l’ennemi sait tenu de rapatrier, dans des conditions de transport humaines et convenables, toutes les populations évacuées par la force et emmenées en esclavage ; Que non seulement l'Allemagne soit tenue de rendre matériel pour matériel, outil pour outil, mais soit astreinte à fournir la main-d’œuvre nécessaire à la reconstruction des usines et des immeubles détruits. »

Après l’arrêt des combats, il appelle les originaires de Douai à participer à la manifestation patriotique en l’honneur de l’Alsace-Lorraine organisée place des Ternes à Paris le dimanche 17 novembre.

Dans son activité de surveillance du marché des Halles, Monsarrat a mis en place, le 7 août 1914, soit moins d’une semaine après le début de la guerre, une commission comprenant des marchands de bestiaux, des bouchers, tripiers et charcutiers ainsi qu’un représentant du syndicat des travailleurs des Halles. Il la réunit chaque semaine pour fixer les prix maximums pour les viandes. En octobre 1915, il étend la détermination d’un prix-plafond à toutes les marchandises vendues aux Halles.

Une fois la guerre terminée, Monsarrat doit intervenir pour calmer les affrontements entre les commerçants et groupements de consommateurs. Lors d’une manifestation en août 1919, organisée par les crémiers qui refusaient de vendre leur marchandise moins cher qu'ils ne l'avaient achetée, un journaliste est molesté. Monsarrat se fit d'abord conspuer, puis applaudir quelques instants après, lorsqu'il proposa de soumettre les doléances des mécontents au préfet de police. 100 gardes républicains et 50 agents étaient venus renforcer l’effectif du commissariat. Mais les blocages et incidents conduisirent à la perte de beaucoup de produits, que la chaleur empêchait de conserver. Monsarrat fait arrêter plusieurs spéculateurs sur le marché aux veaux.

En septembre, ce sont les employés des Halles qui expriment leur mécontentement. Au cours d'une réunion syndicale, ils demandent au commissaire Monsarrat d'intervenir pour éviter d’avoir à se mettre en grève.

C’est de nouveau lui que, en janvier 1920, les ouvriers des abattoirs de la Villette et de Vaugirard, en grève, proposent comme arbitre. Il organise et préside la commission d’arbitrage, ce qui permet la reprise du travail.

En mars la même année, il provoque une réunion des bouchers et des tripiers pour traiter du prix des abats qui connaît une hausse « fantastique » selon L’Écho de Paris. Monsarrat l’attribue à la surenchère de centres de production de province pour avoir le monopole de ces ventes. Le commissaire assure que « Ces pratiques, non seulement il les condamne, mais il est résolu à poursuivre, sans pitié, ces spéculateurs. »

À suivre

Charles Monsarrat, commissaire de police en 1907

 

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11 juillet 2023 2 11 /07 /juillet /2023 01:01

Début de la biographie de Charles Monsarrat

Charles Jules Oscar Monsarrat naît le 21 décembre 1874 à Douai (Nord). Il est le fils de Philomène Marie Joseph Ponce et de son époux Étienne Louis Monsarrat, cordier. Ils résident place d’Armes. Sa sœur jumelle, Rosa Julia Philomène, meurt six mois plus tard. Son père (1836-1928) a été président d’honneur des anciens combattants de 1870-1871 dans son département et chevalier de la Légion d’honneur. Le frère aîné de Charles, Jules Monsarrat (1870-1934), docteur vétérinaire, sera officier de la Légion d’honneur.

Après avoir obtenu son baccalauréat, Charles Monsarrat s’engage dans l’armée pour quatre ans en mars 1895. Il est envoyé en Algérie, servant dans le 1er régiment de zouaves et y reste pendant toute la durée de son contrat. Il devient caporal en mai 1896 puis sergent en mars 1898.

Revenu à la vie civile, il épouse à Lille en mars 1900 Gabrielle Aimée Félicie Adèle Vandrisse. Le couple s’installe d’abord à Paris, rue Papillon (9e arr.). Embauché par la préfecture de police du département de la Seine, il est secrétaire de commissariat, adjoint du commissaire.

En mai 1900, il est affecté au commissariat de police d’Ivry-sur-Seine (Seine, act. Val-de-Marne). Il désarme en août 1902, un « étudiant en médecine, parent d'un des plus grands artistes peintres du siècle », selon Le Matin, qui menaçait les passants avec plusieurs armes et qu’on estima victime du surmenage avant de l’hospitaliser à la demande de sa famille. Il est ensuite en poste à Boulogne (Seine, act. Hauts-de-Seine) puis nommé à Paris au quartier de la Roquette. Il occupe ce poste lorsqu’il est le premier reçu, en juin 1905, au concours annuel pour le grade de commissaire de police ou d’officier de paix. Il est nommé inspecteur principal des gardiens de la paix du sixième arrondissement.

Lors des grandes manifestations parisiennes pour le 1er mai 1906, Monsarrat dirige le service d’ordre fixe qui protège l'Institut de France, l'école des beaux-arts, l'école de médecine, ainsi que les patrouilles cyclistes, chargées de la surveillance des imprimeries.

Promu commissaire de police des communes de la Seine, c’est dans à nouveau à Ivry qu’il est nommé pour la première fois en janvier 1907. Il prend la succession de Gustave Pichenot, qui s'est suicidé. Il doit gérer, en août cette année-là, la disparition d’une enfant, dont la famille craint qu’elle ait été violée et assassinée ; elle sera retrouvée et le responsable du rapt arrêté. Plusieurs articles dans la presse relatent les recherches conduites par le commissaire.

Nommé en septembre 1908 à Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis), Monsarrat va y passer un peu plus d’une année jusqu’en décembre 1909.

Charles Monsarrat rejoint le poste de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), commissariat important avec une trentaine d’agents, dont la circonscription comprend des villes comme Saint-Maur-des-Fossés, Champigny-sur-Marne et Nogent-sur-Marne. Il est identifié en tant que franc-maçon par le Bulletin hebdomadaire des groupes du Grand-Orient de France, mentionnant une adresse à Paris, rue de Charenton (12e arr.) et sa fonction à Joinville. Il résidera dans cette ville route de la Brie (act. avenue Galliéni).

Dès sa nomination, la rivière qui arrose toutes les communes de sa circonscription, la Marne, connaît une crue séculaire. Champigny est une des localités les plus éprouvées, avec une superficie d'environ 300 hectares complètement submergée. Monsarrat organise un service de bacs pour évacuer les habitants en danger et les faire héberger dans des hôtels de la commune. Avec le début de la décrue, en février 1910, il faut prendre de « rigoureuses mesures d'hygiène » pour éviter la propagation de maladies, et la presse remarque que M. Monsarrat, son secrétaire et de tout son personnel font preuve d’un « inlassable dévouement », n’ayant pas pris un seul moment de repos depuis le début de la crue.

En même temps que la lutte contre les inondations, le territoire doit faire face à un profond conflit social : la grève des métallurgistes de l’usine du Bi-Métal, qui dure trois mois, est soutenue par plusieurs autres groupes d’ouvriers de la Canalisation électrique, à Saint-Maurice, ou Leclère de Montreuil et conduite par la Confédération générale du travail (CGT). Des bagarres se produisent quand les propriétaires de l’usine tentent de faire remplacer les ouvriers qui ont arrêté le travail par des « nettoyeurs », qui doivent également dégager les installations qui ont été recouvertes de boues par la montée des eaux. Une centaine de grévistes conspuent et frappent la vingtaine de « jaunes », tandis que les agents qui viennent s’interposer sont accueillis avec des coups de revolver. Six des meneurs du mouvement sont arrêtés, dont le secrétaire du syndicat, Ingweiller, porteur d’une arme. Cependant, la troupe commandée par Monsarrat ne fit pas feu.

Le comportement du commissaire n’est pas apprécié par les grévistes. Le 20 mars 1910, lors d’une réunion publique tenue dans la commune voisine de Saint-Maurice, ils adoptent la motion suivante : « À Sa Majesté le commissaire de police. Depuis quelques années, de même qu'un empereur vous commandez en chef. Non content de cette quasi-majesté, vous vouliez nous faire subir le régime de votre bon plaisir ; vous vous êtes trompé, nous ne sommes pas vos esclaves, soyez-en persuadé, en prenant connaissance de l'ordre du jour suivant : Les compagnons révolutionnaires de Saint-Maurice protestent contre les brutalités du tyran, chef de la police de Joinville, cherchant par tous les moyens à faire un nouveau Villeneuve, et préviennent tous les exploiteurs que les camarades sont prêts à descendre dans la rue ». Les syndicalistes font référence à la répression du mouvement social des cheminots de Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise, act. Val-de-Marne), qui fit quatre morts le 30 juillet 1908 et 200 blessés parmi les ouvriers, ainsi que 69 blessés dans les forces de l'ordre.

Une demi-douzaine des remplaçants sont arrêtés par Monsarrat pour avoir volé des matériaux dans l’établissement, et l’usine finit par renoncer à briser la grève. Les personnes arrêtées sont condamnées à des peines modérées de quelques jours de prison avec sursis, à l’exception du responsable de la CGT, condamné à six mois fermes. Le quotidien L’Humanité considéra que l'affaire des grévistes du Bi-Métal avait été « machinée dans les conditions scandaleuses que nous avons déjà signalées, par le commissaire de police Monsarrat », qui aurait été « d'accord avec les patrons ». Le journal socialiste en veut la preuve dans la comparution d’un des témoins cités par l'accusation, Lucien Achille Zo qui assura que s’il avait fait une déposition utilisée contre les accusés, c'était « qu'il y avait été forcé par le commissaire de police. »

En octobre 1910, une délégation de la société des vétérans du Wurtemberg (Allemagne) vient inaugurer, à Champigny un monument aux morts, commémorant les pertes lors de la très meurtrière bataille qui eut lieu en novembre et décembre 1870. Compte tenu du contexte nationaliste dans ce haut lieu du souvenir de la défaite française, un service d'ordre très important fut mis en place par le commissaire Monsarrat. Il n’y eut pas d’incident, et une couronne fut déposée avec l'inscription « Les vétérans wurtembergeois à leurs camarades français. »

Le même mois d’octobre 1910, les forces du commissariat de Joinville sont de nouveau mobilisées pour un mouvement social. Deux cents maçons grévistes armés de matraques ont parcouru les communes de Champigny et Saint-Maur cherchant à débaucher les ouvriers qui travaillaient dans les chantiers. Dans cette dernière ville, quai de la Varenne, apercevant trois « renards », ils leur donnèrent l’ordre de cesser immédiatement le travail. Deux des ouvriers obéirent, mais comme le troisième se faisait prier, les grévistes se saisirent de lui et le frappèrent à coups de pied et de poing. Monsarrat avait obtenu le renfort d’un peloton de dragons, et, après une bagarre en arrêta trois pour entrave à la liberté du travail, rébellion et insultes aux agents.

À suivre

Charles Monsarrat, commissaire de police en 1907 (à gauche)

 

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21 juin 2023 3 21 /06 /juin /2023 01:01

Maximilien Jean Mathurin Parnet naît le 13 avril 1865 à Moncontour (Côtes-du-Nord, act. Côtes-d'Armor). Il est le fils de Caroline Marie Joséphine Camus (ou Le Camus) et de son mari Jean Marie Parnet, absent au moment de sa naissance car il navigue.

Jean Marie Parnet est capitaine au long cours. À partir de janvier 1867, il est commandant du paquebot trois-mâts le Java. Il voyage principalement entre Le Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime) et l’Amérique du Sud. Il récupère des chargements de guano dans les îles Chinchas et Guanape du Pérou, charge du nitrate de soude et de la laine au Chili, du cuir et des cornes en Argentine… Son bateau part de Buenos-Aires pour Le Havre le 28 octobre 1871 et il en est identifié comme le capitaine. Il meurt cependant le même jour, selon le consul de France dans la capitale argentine, probablement victime d’un accident qui a conduit à ce qu’il soit ramené à terre.

Les deux enfants vivants du couple, Maximilien, 6 ans, et sa sœur Marguerite, 2 ans, sont alors confiés Mathurin Droüart (1812-1884), notaire à Moncontour et futur avocat, qui ne leur est pas apparenté et n’est pas marié, mais qui avait déjà accueilli dans sa maison la naissance de Marguerite. Leur mère, fille naturelle non reconnue, vit toujours à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) en 1922.

En tant que fils aîné de veuve, Maximilien Parnet est dispensé d’effectuer son service militaire. Il devient lieutenant de la marine marchande et navigue pendant deux ans sur les côtes des Antilles et de l’Indochine.

Il quitte la flotte et se fait embaucher par la préfecture de police de Paris, où il est nommé en septembre 1889 secrétaire suppléant des commissariats de la capitale. Il est nommé secrétaire titulaire (adjoint du commissaire de police) à Asnières (Seine, act. Hauts-de-Seine) en janvier 1891 puis revient, dans la même fonction, au commissariat du quartier des Invalides à Paris (7e arr.) en mars 1893. Il est ensuite inspecteur-principal de gardiens de la paix.

Marie Josèphe Pallier, fille de marchands de bois de Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord, act. Côtes-d'Armor), épouse Maximilien Parnet à Paris (17e arr.). Signalé comme membre d’une loge maçonnique lorsqu’il exerce ses fonctions de secrétaire de commissariat, il le sera toujours en 1904.

En février 1897, il est promu commissaire de police des communes de la Seine et affecté à Saint-Denis-Nord (Seine, act. Seine-Saint-Denis) où il remplace M. Baube, décédé.

La même année, en octobre, il rejoint dans la même fonction Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où son prédécesseur, M. Rougean, prend sa retraite. Le commissariat compte une trentaine d’agents. Sa circonscription comprend des villes souvent plus importantes que celle du siège : Bry-sur-Marne, Champigny, Nogent-sur-Marne, Le Perreux et Saint-Maur-des-Fossés.

Une des premières affaires à laquelle il fait face est le cambriolage de la mairie en novembre 1897. Les bureaux du maire et du secrétaire sont visités, et les cambrioleurs forcent les tiroirs-caisses du secrétariat, où ils trouvent 378 francs, ainsi que le tronc des pauvres, qui contenait plusieurs centaines de francs. Son commissariat ayant été envahi par des abeilles en juin 1898, il fait appel à un de ses gardiens de la paix, ancien apiculteur, pour récupérer les insectes et les fait vendre dans la journée aux enchères publiques au bénéfice du bureau de bienfaisance communal.

Deux violents incendies de déclarent, en janvier puis en avril 1899, dans des bâtiments industriels à Joinville-le-Pont. Le premier, dans un entrepôt, fait plusieurs blessés. Le second, dans la principale usine métallurgique locale, le Bi-Métal, nécessite l’appel à cinq compagnies de pompiers et à l’armée. Il n’y a pas de victimes, mais les dégâts sont importants. La même année, c’est un chien enragé qui s’introduit dans le commissariat de Joinville, mordant deux agents et un enfant avant d’être abattu. Les victimes suivirent un traitement antirabique à l'Institut Pasteur.

Recevant un avancement en tant que commissaire de police de la Ville de Paris, Maximilien Parnet est nommé en septembre 1901 au quartier Sainte-Avoye (3e arr.). Il est remplacé à Joinville par M. Orsatti. Puis, en juillet est muté au quartier du Gros-Caillou (7e arr.).

Parallèlement à ses activités professionnelles, il est membre actif de l’association Amicale et de prévoyance de la préfecture de police, une structure mutualiste. Il est aussi formateur au sein de la Société sportive de la préfecture de police, où il exerce la fonction de directeur des cours de culture physique. Il aurait été l’auteur de trois ouvrages sur l’éducation physique, ce qui lui aurait valu d’être lauréat de l’Académie des sports.

Tout en restant commissaire, Parnet est nommé suppléant du ministère public au sein du tribunal de simple police en octobre 1913. L’année suivante, en janvier, il prend le poste de commissaire du quartier des Champs-Élysées (8e arr.).

Gravement malade et opéré en 1916, il décide de rester à Paris. Il prend sa retraite pour raison de santé en juillet 1918.

Il reprend cependant une activité, d’abord en étant associé d’une société anonyme créée en avril 1920, baptisée Rénovation ayant pour objet la reprise et le développement des affaires. Un article antisémite du journal La Vieille-France, commentant cette constitution remarque « Le commissaire de police est français. Les garçons de bureau pareillement. »

Se séparant de son épouse, sans cependant divorcer, Maximilien Parnet prend pour compagne Augusta Bell, fille de commerçants et divorcée. Ils s’installent à Saint-Servan (act. Saint-Malo, Ille-et-Vilaine) mais conservent un appartement à Paris (15e), avenue Émile-Zola. Il collabore avec la maison Berland, société La Morue française dont il est chef du personnel à Saint-Malo en 1923.

Maximilien Parnet meurt le 16 novembre 1939 à Saint-Servan (Ille-et-Vilaine). Il était âgé de 74 ans et n’avait pas eu d’enfant.

Titulaire d’une douzaine de décorations françaises et coloniales, il était attributaire des Palmes académiques en tant qu’officier d'académie (novembre 1902) puis officier de l’instruction publique (1907). Il avait été fait chevalier du Mérite agricole en 1906 et ensuite officier pour l’organisation des services d’ordre et de police pendant onze ans aux concours agricoles du Champ-de-Mars. Il avait reçu une médaille de vermeil pour Actes de courage et de dévouement, la médaille d'or de Sauvetage et la médaille des Épidémies. Son action dans la mutualité lui avait valu deux médailles, de bronze et d’argent. Il était titulaire de la médaille d'Anjouan (Comores) et de l’Ordre royal du Muniseraphon du Cambodge. En juillet 1923, il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur.

Des bateaux aux îles Chincha (Pérou), semblables au Java de Jean René Parnet (Wikipédia)

 

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17 juin 2023 6 17 /06 /juin /2023 01:01

Suite de la biographie d’Albert Kownacki

Le professeur de biologie, publiciste et dirigeant de l’Association philotechnique, société d’éducation populaire, Albert Kownacki exprime en octobre 1907 son opinion sur l’utilité de l’enseignement philotechnique : « donner au jeune homme une éducation plus complète, plus coûteuse par conséquent. Le courage, le labeur incessant ne suffisent pas, il faut le travail aidé du savoir ». Il analyse que si, « Aux États-Unis, les fabricants disent que s'ils peuvent lutter contre l'Europe avec des salaires deux fois plus élevés, c'est que leurs ouvriers plus instruits travaillent plus vite, mieux et savent tirer meilleur parti des machines ». Il considère que cette « influence prépondérante de l'instruction sur la puissance de production apparaît partout et en tout temps ». Il prend un exemple : « dès le XVIIIe siècle, l'Écossais, naguère pauvre et ignorant, l'emportait sur l'Anglais dans toutes les carrières parce que le Parlement d'Édimbourg avait doté le pays d'un enseignement public. »

Ses conférences, en 1907, sont toujours extrêmement centrées sur Herbert Spencer et sa sociologie : la conservation de l’espèce, l’évolution de la famille, les institutions cérémonielles, la genèse des institutions politiques, la religion, la morale évolutionniste… En mai, il aborde cependant un sujet décalé : La transmission de la pensée, à partir d’un cas de télépsychie. Il ose, pour sa conférence d’ouverture des cours, en octobre, un titre provocateur : « Ici on forme des lâches. »

Le père d’Albert Kownacki, Joseph, qui était venu les rejoindre à Joinville-le-Pont, meurt à l’âge inhabituel de 101 ans en janvier 1908. Il est célébré par la communauté polonaise émigrée en France comme le dernier officier survivant de l’insurrection contre les russes en 1830. La même année, Kownacki devient président de l’association philotechnique de Joinville. Il est également fondateur et président des associations philotechnique de Vitry et de La Varenne, à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne).

Au long de ses cours, le fils poursuit en 1908 son regard sur l’œuvre du sociologue anglais Herbert Spencer, développant l’approche morale : égoïsme, altruisme, vie individuelle. Puis, après avoir causé en mai sur L’idée de justice à travers les âges, et avoir établi en octobre que La Terre est la seule planète habitable, il entame un nouveau cycle consacré à Karl Marx et au Capital à partir de décembre. Il poursuit à partir du même matériau en 1909.

La villa des Kownacki, dans le quartier de Palissy, est inondée pendant les crues séculaires de la Marne entre janvier et mars 1910. Cependant, Kownacki refuse de demander une indemnisation. Au contraire, il participe à l’organisation d’une Loterie lancée par le docteur Chéhadé Charles Zalta en faveur des sinistrés ; il prononce une allocution lors du versement des aides aux sinistrés.

La même année 1910, Albert Kownacki publie une Histoire de douze ans (1898-1910), consacrée à l’expérience de La Coopération des idées, une université populaire implantée faubourg Saint-Antoine à Paris (11e arr.). Ses conférences de l’année, dont le rythme semble fléchir, s’intéressent à Auguste Comte et au positivisme. Mais il persiste à communiquer aussi sur la cosmologie, entretenant les auditeurs de la Coopération des Idées, qui devient le lieu principal de son enseignement, de La fin du monde d'après la science.

Il consacre un autre livre, en 1911, à Jules Ferry et l’enseignement populaire. Ses premiers cours de l’année, en automne, sont sur Le Pragmatisme, de William James, Bergson et Le régime des eaux dans le bassin de la Seine. À partir de novembre, il entame une série consacrée au corps humain. Il s’interroge en décembre que Comment on se meut.

L’approche du corps humain par Kownacki se poursuit en 1912 : travail, fatigue, repos en janvier, apport des aliments et de l’air en mars, dépuration et protection en avril, transmission des informations en mai, direction et contrôle du cerveau en juin. Mais il n’oublie pas les techniques, évoquant en mai Les grands paquebots et la sécurité des voyageurs.

Les interventions de Kownacki en 1913 se font toutes à l’université populaire du Faubourg Saint-Antoine, nouvelle appellation de la Coopération des Idées. Son programme comporte huit séances consacrées à la philosophie de Bergson : la vie consciente, déterminisme et problème de la liberté, représentation du monde et système nerveux, matière et mémoire, mémoire et cerveau, mémoire et esprit, union de l’âme au corps.

Il démarre en décembre une deuxième série de son enseignement bergsonien par l’Évolution créatrice. Elle continue en mai et juin 1914.

Albert Kownacki est hospitalisé en septembre 1914 pendant trois semaines « en vue d’une opération grave. »

À la suite de cette détérioration de son état de santé, il poursuit son activité associative, mais ne donne plus que rarement de cours ni de conférences – sauf, à une occasion, en juin 1920 sur Les maladies du langage et de la personnalité pour L'Émancipation de Vincennes.

Il vit depuis au moins 1926 et toujours en 1936 à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne), avenue Victor-Hugo, à l’hospice Lenoir-Jousserand, un établissement desservi par des employés laïques, ce qui était encore rare dans les organismes hospitaliers. S’il n’a plus d’activités physiques, il conserve cependant certaines responsabilités et correspond probablement avec ses interlocuteurs. Il organise ainsi en novembre 1927 les 25 ans de la société d’éducation populaire joinvillaise.

Il est présent, jusqu’en juillet 1934, aux manifestations organisées dans les écoles de Joinville. Cette année-là, Kownacki est toujours vice-président de l’Union des philotechniques, fondée en 1901, alors présidée par Paul Strauss, ancien ministre et président du sénat.

Devenu membre titulaire de la Société astronomique de France en mai 1934, Albert Kownacki, s'inscrit comme membre perpétuel de cette association en 1941. Il est alors âgé de 90 ans.

La date et le lieu de son décès ne sont pas connus. Si celui-ci a eu lieu à Saint-Mandé, il serait postérieur à 1942. Il était père de trois enfants ; ses deux filles, Gabrielle et Marthe Kownacka, furent artistes peintres, comme leur mère et leur grand-père. Son fils Marcel fut deux fois blessé et fait prisonnier pendant la première guerre mondiale, où il obtint la Croix de guerre et la Médaille militaire.

Décoré des médailles de bronze (1888), d’argent (1906) et de vermeil de l’instruction des adultes, Kownacki avait obtenu les Palmes académiques comme officier d’académie en juillet 1888 et officier de l’instruction publique en juillet 1896. Il était titulaire du Mérite agricole et avait été fait, en juillet 1914, chevalier de la Légion d’honneur.

Fin

Bulletin de l'union des associations philotechniques de 1934. Albert Kownacki en est alors vice-président

 

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15 juin 2023 4 15 /06 /juin /2023 01:01

Suite de la biographie d’Albert Kownacki

La part la plus importante de l’engagement public du professeur Albert Kownacki est son engagement dans l’éducation populaire.  

À parti de 1881, il s’implique dans l'Association Philotechnique où il assure un enseignement gratuit pour adultes comme professeur et conférencier. En novembre 1881, il cause sur « Comment on arrive » au lycée Fontanes de Paris. En janvier 1882, son thème d’intervention est l'Origine de l'homme. Il développe en mars 1883 les principes de l'éducation intégrale. Au lycée Charlemagne, en février 1888, on l’entend sur La dernière catastrophe.

Devant la section des sciences économiques et sociales du Comité des travaux historiques et scientifiques de Paris, en juin 1887, Kownacki présente une contribution sur les effets de l’enseignement professionnel et technique donné par l'Association philotechnique au point de vue de l'économie politique. Créée en 1848, l’association connait depuis 1870 un grand développement avec 10 000 auditeurs dans ses 330 cours donnés dans 22 sections. Kownacki que le programme « cherche à se plier aux besoins, aux exigences de l'industrie et du commerce contemporains ». Aux cours commerciaux qu’elle délivrait à l’origine, elle a adjoint l’horlogerie, la menuiserie, le travail des métaux, l'électricité, la reliure. Faute de professeurs, elle n'a pu établir un enseignement de pâtisserie, mais par contre elle a réussi à créer un cours d'arabe. Depuis 1870, des femmes ont été admises parmi les auditeurs et parmi les professeurs.

Au sein de l’École de sociologie de la rue Cadet, il traite, en 1888 de l'Évolution de la morale puis de la morale évolutionniste en avril, de l'Évolution organique et de la morale en mai. Le même mois, il poursuit sur les sentiments égoïstes et altruistes, En juin, il se consacre aux conceptions primitives.

En juillet 1889, Kownacki est élu au bureau de l’association, présidé par Ed. Jacques, président du Conseil général de la Seine. Il en devient secrétaire l’année suivante, sous la présidence de Jules Ferry. Avec l’ancien ministre de l’éducation Léon Bourgeois, Kownacki prononce le discours d'ouverture des cours en décembre 1893. Il devient secrétaire général en juillet 1896, Ferdinand Buisson étant devenu le président. Puis il est désigné l’année suivante comme vice-président, toujours avec le même.

On retrouve des conférences de Kownacki en octobre 1892 au lycée Charlemagne sur L'œil et la vision. Il discourt en avril 1894 à propos d’une femme poète : Simone Arnaud. En octobre 1896, à l'école communale de la rue de Belzunce (10e arr.), il parle de L'Art de prolonger la vie.

Le Féminisme est un thème qu’il traite dans une autre école, celle de la rue La Vieuville (18e arr.) en mars 1898 ; l’annonce précise que « Les dames sont invitées » à l’invitation de la Société républicaine des Conférences populaires. Kownacki examine d’abord les raisons économiques qui sont selon lui la « cause première du mouvement féministe : l'homme détenteur de tous les avantages sociaux forçant la femme à une sorte de lutte pour la concurrence sur le marché du travail ». Postulant que « Tout ce qui est juste finit par triompher », Kownacki « déduit du passé oppresseur la justesse et la justice des revendications féminines et sa déduction de l'avenir est que les deux pôles humains reposeront un jour sur l'assise de droits équivalents et d'égalité fraternelle ». Pour y arriver, il « exhorte les femmes à évoluer sans heurts, méthodiquement ». Il remarque que « Trois États de l'Amérique du Nord ont accordé aux femmes leurs droits politiques. Il y est déjà reconnu qu'elles les exercent avec un grand discernement ». Pour lui, « la femme est appelée par la force des choses à triompher sur le terrain politique, comme sur le terrain économique ». Il qualifie « d'infâme trafic » les mariages d'argent et conclut en citant le dirigeant social-démocrate allemand August Bebel « La femme jouira dans la société future des mêmes droits et des mêmes avantages que les hommes ». Il reprendra ce thème en septembre 1900, à l’occasion d’un congrès féministe, devant L'Égalité, université populaire du 7e arrondissement.

Parmi les nouveaux sujets qu’il aborde au tournant du siècle figure Matière brute et matière vivante en novembre 1900 et L'Origine des espèces un mois plus tard. Au début du 20e siècle, il évoque Les Origines de la civilisation en février 1901 puis la Civilisation primitive, morale et religieuse en mars. Il se consacre, avec des projections, à L'Homme primitif en avril. En mai, il s’intéresse à une Tournée d'inspection dans les couvents de Camaldules par un général de l'ordre, une très ancienne congrégation religieuse catholique bénédictine, disparue au 18e siècle. En octobre, Kownacki parle de La Maladie des mystiques. Il interroge, le mois suivant : Peut-on démontrer la vérité ? Puis, pour clôturer l’année, en décembre à Vincennes expose L'art d'arriver au vrai.

C’est accompagné de pièces anatomiques que, de nouveau à Vincennes, on retrouve le professeur de biologie venant parler du Squelette en janvier 1902. Il se consacre ensuite aux questions religieuses, avec Un autodafé au dix-septième siècle le même mois à Paris (11e arr.) puis L’Inquisition en février, de retour à Vincennes. Il étudie le linceul du Christ en juin. La biologie revient au premier rang avec Le cerveau et la pensée ainsi que La physiologie et la question sociale et Le mécanisme de la pensée en mai. En juin, Les maladies du langage et de la personnalité, puis en juillet Le cerveau et ses fonctions et en août Les maladies de la mémoire et du langage sont à son programme. En octobre, il examine L’inconscient et le spiritisme, un mois plus tard La folie et l’éducation. Les sciences de la Terre concernent Kownacki aussi, comme Les volcans et la constitution du globe en août.

L’association philotechnique de Joinville-le-Pont est créée en 1902. Elle inaugure ses cours le 22 novembre en présence du député radical Adolphe Maujan. Kownacki en confie la présidence à Henri Vel-Durand, conseiller d’arrondissement également radical. Kownacki a quitté sa fonction de vice-président de l’association-sœur de Paris et est devenu délégué de la Ligue de l’enseignement. Il prononce, chaque année en novembre, les discours d’ouvertures des cours, qui sont accompagnés d’une partie musicale, avec des élèves des cours de musique. Les élèves de la société d’enseignement populaire installée à Joinville participent à ces manifestations, notamment en jouant de la musique, sous la direction de Louise Allaire.

Au cours de l’année 1903, les thèmes politiques et philosophiques sont mis au premier plan. En janvier, Kownacki discute de La liberté, d’après Stuart Mill puis en mars L’individu contre l’État de Herbert Spencer. Il aborde la Question d'Alsace-Lorraine en mars et les Deux Républiques en avril puis Comment on est devenu transformiste. Démocratie et parlementarisme est à l’ordre du jour en mai puis La révolte de l’homme en septembre. L’intolérance à travers l’histoire est son sujet d’octobre. L’astronomie en images est au programme de novembre autour des Étoiles filantes. Les deux thèmes se retrouvent en décembre, encore avec des illustrations, pour Histoire du calendrier.

Pour l’an 1904, philosophie, économie et politique montrent la diversité des centres d’intérêt de Kownacki. Il organise d’abord en janvier un débat autour de Deux années d'action républicaine (1902-1903). Il discute ensuite ce même mois Les conseils d’un milliardaire, M. Andrew Carnegie. Puis il profite de son centenaire pour exposer la philosophie de Kant en février, avant d’examiner l’idéal américain d’après le président Roosevelt en mai. L’Hygiène humane l’occupe en octobre, puis il revient à la philosophie d’Herbert Spencer (l’inconnaissable) et à Darwin en novembre (les origines des espèces).

Les conférences d’Albert Kownacki en 1905 vont mélanger les questions biologiques et astronomiques. Il débute par La planète Mars en janvier, enchaîne L'air et la vie, se consacrant surtout à Herbert Spencer : philosophie, principes de biologie, développement de l’intelligence, psychologie, métaphysique, religion… L’œuvre du théoricien du darwinisme social (1820-1903) nourrit de très nombreuses séances dans les universités populaires, comme la Coopération des Idées ou l’Aube sociale.

À suivre

Joseph Kownacki, père d'Albert, officier polonais émigré et centenaire

 

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13 juin 2023 2 13 /06 /juin /2023 01:01

Début de la biographie d’Albert Kownacki

Stanislas Albert Jean Kownacki naît le 6 juin 1850 à Noyon (Oise). Il est le septième enfant d’Alexandrine Bullet et de son époux Joseph Kownacki. Son père, jeune officier polonais réfugié en France, a été un des artisans de l’insurrection polonaise contre l’occupation russe en 1830 ; il avait d’abord été ingénieur dans les chemins de fer et était devenu professeur de dessin.

Après avoir vécu à Noyon, Albert Kownacki suit un cours de rhétorique au lycée Charlemagne à Paris (4e arr.). Au cours la guerre franco-allemande de 1870, Kownacki se retrouve enfermé dans la capitale pendant le siège de Paris (20 septembre 1870 – 28 janvier 1871). Âgé de 20 ans, il décide de s’engager dans l’armée, mais le bureau de recrutement de la mairie du quatrième arrondissement refuse sa candidature à cause de sa petite taille (il fait 1 mètre 49) et de son état maladif. Il tente alors de rejoindre la garde nationale, milice supplétive, sans plus de succès. Enfin, il rejoint le Bataillon des jeunes qu’organisait Joachim Durandeau, directeur du journal Le Baccalauréat. Mais le commandant de la place de Paris, le général Louis Jules Trochu s’écria, selon le témoignage de Kownacki : « Il ne manquait plus que cela : jouer aux soldats ! ». Et il refusa l’autorisation de constituer la nouvelle unité et de lui fournir des armes.

Faute de pouvoir combattre, Albert Kownacki passe son baccalauréat à la session de novembre 1870. Il réside en 1877 rue du Petit-Musc, dans le quartier du Marais (4e arr.). L’année suivante, Kownacki devient directeur associé de l'institution Mary, une école privée de Clichy-la-Garenne (Seine, act. Hauts-de-Seine) ; il y vit, rue de Neuilly.

En mars 1877 à Paris (3e arr.), Albert Kownacki, qui vit alors rue du Petit-Musc (4e arr.), épouse Gabrielle Krahnass, artiste peintre qui expose aux salons de Paris sous le nom de Gabrielle Kownacka après l’avoir fait à Poitiers (Vienne) sous son patronyme. Elle est, comme lui, fille d’un officier polonais réfugié en France, François Krahnass, devenu comptable.

Membre de l’Association française pour l’avancement des sciences, Kownacki présente une communication sur les maîtres d’études à son congrès de Montpellier en 1879 et y constitue, l’année suivante une section pédagogique. Il est l’un des principaux orateurs et le secrétaire général du Congrès de l'Éducation et de l'Enseignement qui se tient à Paris en octobre 1879 puis en mars 1880.

Ayant déménagé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), le couple s’installe en 1883 d’abord dans le quartier de Palissy, rue de Brétigny (act. Avenue du Président-Wilson) puis sur la rive droite, avenue de la Marne. En 1891, la famille retourne à Palissy, rue du 42e de Ligne, où elle restera installée des dizaines d’années.

Kownacki enseigne la biologie en lycée et est notamment chargé du cours de morale à l’École de sociologie à Paris en 1887. Il est connu par ses idées anticléricales. Mais son activité principale est celle de publiciste. Il collabore notamment à des publications à vocation pédagogique : Bien Public, Estafette du Nord, La Science pour tous, Le Journal du lundi, Cahiers de l’Université populaire, Bulletin de l'Association philotechnique, L'Union morale (organe de la ligue française d'éducation).

Il consacre en 1889 un ouvrage au directeur d’une de ces publications, Le Journal du lundi, Émile Baras, journaliste économique, ancien responsable de La Semaine financière, un auteur dont il vantait la probité.

Dans son nouveau territoire de résidence, Albert Kownacki est délégué cantonal de l’Éducation nationale pour la circonscription de Saint-Maur et membre de la commission d’examen du certificat d’études.

Albert Kownacki est affilié à la franc-maçonnerie française. Il donne en février 1883, une Conférence intitulée « La France maçonnique et le gouvernement de la République d'après les cléricaux » pour l’installation des officiers de la loge L'École mutuelle, du Grand-Orient de France. À partir de 1884, il est orateur et surveillant de la loge L'Avant-Garde Maçonnique, dont le temple se situe au siège du Grand-Orient, rue Cadet. Il en est le vénérable en 1886. Il rejoint en 1903 la loge Les Rénovateurs de Clichy, dont le ministre de la guerre, Maurice Berteaux, a été le vénérable.

À suivre

Le premier ouvrage d'Albert Kownacki

 

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6 janvier 2023 5 06 /01 /janvier /2023 00:01

Suite de la biographie de Bernard Klein

En septembre 1911 et janvier 1914, Bernard Klein signale auprès des autorités militaires qu’il réside à Buenos-Aires, en Argentine,

De retour en France, Klein est mobilisé pendant la première guerre mondiale en août 1914. Il est affecté en mai 1915 au 30e régiment territorial d’infanterie puis en juillet la même année au 13e régiment d’artillerie. Il est transféré en août 1916 au 19e escadron du train puis au 20e en avril 1917. Il est démobilisé en juin 1919 et réside de nouveau à Joinville.

Sur son registre militaire, peut-être pour gommer la sonorité allemande de son nom, Bernard Klein fait mentionner, en août 1915, un pseudonyme : il se dénomme Bernard Kersaint, fils de Charles Émile Kersaint et de Jeannette Duval. Il semble cependant en abandonner l’usage après-guerre.

Depuis 1911, la famille Klein vit dans le quartier de Polangis, d’abord avenue Oudinot puis route de la Brie, qui deviendra l’avenue du Général-Galliéni. Il figure, en mai 1927, sur une liste de 44 signataires de Joinville, publiée par le quotidien Le Soir, demandant, au gouverneur du Massachusetts (États-Unis), la grâce « des deux innocents » Sacco et Vanzetti, accusés d’espionnage au profit de l’Union soviétique.

En mai 1929, Klein figure sur la liste du groupement des gauches pour les élections municipales de Joinville-le-Pont. Comprenant des radicaux-socialistes, des socialistes SFIO et des socialistes indépendants, elle s’oppose à celles du maire sortant, Stephen Durande (droite, Union nationale) et à celle du communiste Roger Bénenson. Arrivée en seconde position au premier tour, avec 35;9% des suffrages exprimés contre 42,6% aux conservateurs et libéraux ainsi que 16% aux communistes, elle l’emporte au deuxième tour avec 45,9% et 22 élus, la droite ayant 41,6% et cinq sièges, le PCF reculant à 12,5% sans élu.

Au premier tour, Klein recueille 758 voix pour 2 126 suffrages exprimés (35,6%) et 2 969 inscrits. Il est élu au deuxième tour et Georges Briolay (radical-socialiste) devient maire. Lors de l’assemblée générale du Comité républicain radical et radical-socialiste de Joinville en janvier 1931, Klein est un des trois membres du bureau de cette assemblée. Il est l’un des délégué du conseil municipal au sein du conseil d'administration de l'Office public d'habitations à bon marché de Joinville, lors de la constitution de celui-ci en avril 1931. En janvier 1933, il est élu vice-président du comité radical, dont Briolay est le président. Il est confirmé dans cette fonction en novembre 1933, Briolay ayant laissé la présidence à Émile Herluison. Il conserve le titre en janvier 1935, quand Gabriel Vélard est élu président. Très présent lors de séances du conseil municipal, Klein est également souvent associé aux manifestations sportives ou festives, en particulier dans son quartier de Polangis. Il le quitte, en 1935, pour celui voisin de Palissy, avenue Joyeuse.

À l’occasion du scrutin municipal de mai 1935, Bernard Klein est de nouveau candidat sur la liste du groupement des gauches républicaines, toujours conduite par Georges Briolay, mais qui a perdu le soutien du parti socialiste SFIO après un mandat agité. Les sortants revendiquent avoir fait des importants travaux d’amélioration et d’embellissement, tout en concédant avoir dû augmenter les impôts. Ils assurent que c’est le fait de l’aggravation des charges imposées à la commune (contingent incendie, chômage, moins-values sur les recettes). Ils assurent avoir conduit une amélioration de la voirie et des transports et installé un éclairage public. À leur programme figure l’assainissement et la création de squares. Ils plaident aussi pour la réalisation de grands travaux d’intérêt national (élargissement du pont de Joinville, suppression du passage à niveau), ce qui procurerait de l’emploi, et entendent poursuivre la création d’un nouveau groupe scolaire à Polangis, dont le projet est déjà avancé.

Le Groupement des gauches de Briolay se place au deuxième rang au premier tour, avec 26,8% des suffrages exprimés, derrière l’Union des républicains (droite, 32,6%), et devant les communistes à 23,5% et les socialistes SFIO à 12,3%.

Bernard Klein, qui est désormais négociant en meubles, recueille 743 voix pour 2 856 suffrages exprimés (26%) sur 2 923 votants et 3 433 inscrits.

Au second tour, l’union du PCF et de la SFIO contribue à fragiliser les radicaux-socialistes, qui n’ont pas d’accord avec la droite, laquelle emporte 25 des sièges à pourvoir avec 40%, en laissant 2 à la gauche (39,7%), tandis que les radicaux sont réduits à 19,5% et n’ont pas d’élu.

Peut-être est-ce lui qui est inscrit, en août 1941, sur une liste publiée au Journal officiel et émanant de la présidence du conseil du gouvernement français, siégeant à Vichy, qui recense les « dignitaires et officiers des loges de la franc-maçonnerie ». Domicilié boulevard Voltaire à Paris (11e arr.), Klein (Bernard) est présenté comme premier surveillant de la loge La Jérusalem écossaise en 1939.

Il ne faut probablement pas identifier Bernard Klein avec le Klein qui est élu conseiller municipal de Joinville-le-Pont en avril 1945, sur la liste conduite par le résistant communiste Robert Deloche. Il n’est, en effet, pas inscrit sur les listes électorales de la commune cette année-là.

Bernard Klein meurt le 30 novembre 1948 à Paris (10e arr.), alors qu’il séjournait à l’hôpital Lariboisière, rue Ambroise-Paré. Il était répertorié comme voyageur de commerce et domicilié rue Louis Blanc, dans le même arrondissement. Âgé de 73 ans, il était père de trois enfants.

Fin

Decrombecque, Scornet et Klein en 1934

 

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4 janvier 2023 3 04 /01 /janvier /2023 00:01

Début de la biographie de Bernard Klein

Bernhard Dreyfus naît le 15 février 1875 à Gerstheim, alors en Basse-Alsace (Allemagne, act. Bas-Rhin). Il est légitimé par le mariage de sa mère Jeannette Dreyfus, demoiselle de magasin, avec Charles Émile Klein, dessinateur, à Paris (3e arr.) en mars 1879 et prendra désormais le nom de Bernard Klein.

En août 1893, alors employé de commerce et résidant rue du Four à Paris (6e arr.), Bernard Klein devance son service militaire et s’engage pour quatre ans dans l’armée. Il est affecté au 4e régiment de hussards et devient brigadier en avril 1894. Cependant, en février 1896, il est cassé de son grade et envoyé en Tunisie au sein de la première compagnie de fusiliers de discipline en décembre. À sa démobilisation, en août 1897, une « attestation de repentir » lui est accordée.

Devenu voyageur de commerce, Bernard Klein épouse en décembre 1898 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il s’est établi rue de Pont avec ses parents, marchands de meubles, Berthe Louise Grillot, couturière, dont les parents vivent également dans la commune. Ils s’installent ensuite avenue des Platanes. En décembre 1905, Bernard Klein est condamné à seize francs d’amende pour violences, voies de fait et port d’armes prohibées. Il est mentionné dans un répertoire de la franc-maçonnerie en octobre 1908.

À partir de 1901, Bernard Klein devient une personnalité en vue dans le domaine sportif. Il est l’un des fondateurs du Boxing-club de France (Paris) et la société nautique En Douce (aviron, basée à Joinville). Il est membre de nombreux jurys ou comités d’organisation, notamment pour des championnats du monde ou d’Europe de lutte entre 1901 et 1911. Le quotidien Le Journal le caractérise en 1902 comme un « amateur éclairé », L’Auto et La Petite République voient en lui un « sportsman bien connu » en 1904 tandis que le qualificatif de « sympathique sportsman » lui est attribué en 1905 par le Journal de l'automobile. En 1908, il va en Autriche pour la préparation d’un championnat de lutte. De 1904 à 1913, sa présence est notée à de nombreuses manifestations, comme par exemple le championnat du monde de joutes à la lance ou la fête du sabre en 1904, un cross-country international en 1905, un concours de dompteurs en 1906 ou un grand-prix de voiturettes en 1908 à Dieppe.

Il est un des organisateurs de manifestations organisées à Joinville-le-Pont, comme le congrès des nageurs en août 1905 ou les traversées de Paris à la nage, qui partent également de Joinville, en août 1906 et juin 1907.

À suivre

 

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5 novembre 2022 6 05 /11 /novembre /2022 00:01

Aimé Genevay nait le 27 novembre 1864 à Lyon (5e arr.). Il est le fils de Jeanne Genevay, épouse d’Alexis Vergnais, cultivateur à Collonges-au-Mont-d’Or (Rhône). Il naît chez une sage-femme de la rue Saint-Jean, qui effectue la déclaration à l’état-civil sous le nom de Vergnais. Cependant, le mari de sa mère ne le reconnaît pas. En mai 1865, une ordonnance du tribunal civil du Rhône le déclare « étranger à Alexis Vergnais » et à sa famille ; il doit alors porter le nom de Genevay.

Après la mort de son beau-père en octobre 1875, étant le fils d’une veuve, Aimé Genevay effectue un service militaire d’un an à partir de novembre 1885 dans l’infanterie au 96e régiment de Ligne.

Il est passementier et vit ensuite entre Villeurbanne et Lyon. Il épouse en décembre à Lyon (6e arr.) Anne Félicie Parret, enjoliveuse. Cette dernière reste cependant vivre à Lyon tandis qu’Aimé Genevay s’installe à Paris (11e arr.), boulevard Voltaire. Ils divorceront en mars 1920.

En janvier 1911, Aimé Genevay est le vénérable de la loge maçonnique Étienne-Marcel, rattachée au Grand-Orient de France, basée chez lui, boulevard Voltaire. Il organise la tenue solennelle d’installation en présence de l’industriel Georges Bouley, président du conseil de l’Ordre. Il est également actif dans L'Union Amicale de Solidarité, structure parallèle qui permet d’organiser des banquets et sert pour l’action laïque.

Il est, en juin 1914, représentant de commerce, et toujours franc-maçon, membre de la loge L’Évolution économique.

Après-guerre, Aimé Genevay exploite la société Genevay et Cie, en association avec Marcel Senac. Elle fabrique des sommiers et de la literie avec un magasin rue Charlemagne à Paris (4e arr.), et une usine à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avenue du Bac, dans le quartier de Polangis où ils s’est installé.

L’entreprise fait faillite et janvier 1923 mais la procédure se termine par un concordat en novembre la même année et Aimé Genevay, qui se présente comme industriel et s’est installé rue du Trésor à Paris (4e arr.), se remarie dans cet arrondissement avec Fernande Adèle Coppé en août 1924.

Aimé Genevay meurt le 18 mai 1942 à Paris (12e arr.), où il était hospitalisé faubourg Saint-Antoine. Il était âgé de 77 ans et de nouveau domicilié à Joinville, dans l’ancienne résidence de son fils, mort sur place trois mois plus tôt. Il s’y était installé en 1934, sans sa seconde épouse.

Une guinguette à Joinville-le-Pont

 

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19 janvier 2022 3 19 /01 /janvier /2022 00:01

Amédée Léon Roux naît le 24 novembre 1848 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Lucille Mutelle et de son époux, Jean François Gustave Roux.

Il vit à Paris (10e arr.), d’abord rue du Chemin-Vert puis, en 1874, passage des Trois-Couronnes. Il épouse, en juillet de cette année-là, Marie Joséphine Job, mécanicienne. Lui-même est monteur en bronze. Il devient ensuite fabricant d’appareils à gaz, avec un atelier dans le même arrondissement, rue de Bondy (act. rue René-Boulanger).

Il acquiert une résidence à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Palissy, avenue Hugedé, sans doute à la faveur de la commercialisation des terrains de ladite rue par le promoteur immobilier Louis Hugedé dans les années 1870. Ils en font leur domicile permanent après 1900.

Peut-être faut-il assimiler Amédée Léon Roux avec « A. Roux », directeur en 1885 de la société de la libre-pensée La Raison, basée à Champigny-sur-Marne et qui sera ensuite active à Joinville, avec le député radical-socialiste Jules Ferdinand Baulard, l’aubergiste Alphonse Demeestère ou le journaliste Henry Vaudémont. Roux est toujours membre de La Raison en 1889 mais n’en est plus le directeur. Léon Roux est membre de la franc-maçonnerie.

Il est également possible que Roux soit, en septembre 1891, un des assesseurs de la réunion de compte-rendu du mandat de parlementaire de Baulard à Joinville.

En mai 1904, Léon Roux, qui se présente comme industriel, est candidat aux élections municipales de Joinville sur la liste conduite par le maire sortant, Eugène Voisin. Soutenue par le comité radical-socialiste communal, elle fait face à une liste de droite et à une autre de tendance socialiste-révolutionnaire. Avec 562 pour 1 119 suffrages exprimés (50,2%) sur 1 363 inscrits, Roux est élu dès le premier tour. La liste Voisin remporte 22 des 23 sièges à pourvoir, et il est reconduit dans sa fonction. Signe de son rôle politique, Roux est désigné comme électeur sénatorial en janvier 1905.

Toujours avec Eugène Voisin et le soutien du comité radical-socialiste, Roux sollicite le renouvellement de son mandat en mai 1908. La liste met en avant sa « gestion sage » et son « administration prudente des finances de la commune ». Elle entend « encourager les œuvres laïques d’instruction, d’éducation, d’assistance et de solidarité », dit son opposition à de nouveaux impôts et entend faire un compte-rendu de mandat annuel. Face à une liste dite socialiste évolutionniste, qui regroupe des personnalités libérales avec des radicaux dissidents et certains socialiste, ainsi qu’une liste socialiste SFIO, les candidats de la municipalité sortante remportent 21 des 23 sièges, en laissant un à un indépendant, l’autre à un évolutionniste. Roux est réélu au second tour, avec 610 voix pour 1 188 votants (51,3%). Voisin est toujours maire. La campagne a été tendue, et Roux a notamment polémiqué avec le docteur Gripon, élu de manière isolée expliquant dans l’hebdomadaire radical Voix des communes : « Je vous ai défendu jadis, car je vous croyais digne d’estime. Votre conduite en période électorale et maintenant vous démasquent. Vous êtes de ceux que je ne salue plus ». Gripon avait été mis en cause pour son comportement et se plaignait qu’on l’ait écarté d’un poste de médecin dans les écoles.

De nouveau délégué sénatorial en décembre 1908, Roux se mobilise pendant les grandes inondations de la Marne au premier trimestre 1910, en participant à l’organisation de la loterie en faveur des inondés.

Lors de la séance de compte-rendu  mandat de février 1911, Roux fait partie des cinq élus qui, l’hiver, habitent Paris, et quittent la salle à 11 heures du soir pour aller prendre leur train. Dans un contexte très tendu entre la municipalité et une partie de la population, ce départ est accompagné des cris de « Démission ! Démission ! » lancés par les socialistes SFIO, les évolutionnistes et les libéraux.

Roux prend un part active à la vie municipale, toujours fidèle au maire et à la majorité des radicaux-socialistes, tandis que plusieurs d’entre eux s’en séparent, dans la perspective du départ d’Eugène Voisin, malade et vieillissant. Avec le chimiste Rey et l’adjoint Briolay, Roux est une des principales cibles des dissidents.

Lors des élections municipales de mai 1912, Roux est probablement candidat sur la liste conduite par Georges Briolay. Elle est battue par la fusion, au second tour, de ses trois concurrentes, les radicaux dissidents, les socialistes SFIO et les libéraux et conservateurs. Au cours de la campagne, la presse libérale reprochait à Roux de diriger, en compagnie de Briolay et Rey, le parti radical à Joinville. Un radical dissident, Achille Mermet, devient maire.

Battu, Roux poursuit cependant son activité sociale. Après avoir été administrateur de la caisse des écoles, il entre au conseil de l’Association philotechnique, importante société d’éducation populaire. Pendant la guerre, il s’associe à Briolay pour acheter du charbon, destiné à ravitailler la  population joinvillaise à meilleur marché. Roux redistribue en décembre 1916 aux familles de prisonniers les bénéfices tirés de la vente du stock.

Après-guerre, le scrutin municipal organisé en novembre 1919 voit la constitution d’une liste d’union républicaine et sociale, où se retrouve la municipalité radicale dissidente sortante, derrière l’adjoint Henri Vel-Durand, des socialistes indépendants et les radicaux-socialistes avec notamment Briolay et Roux. Face à liste de droite et à des socialistes SFIO, l’union centriste emporte au second tour les 23 sièges à pourvoir. Léon Roux est élu avec 949 voix pour 1 537 suffrages exprimés (61,2%) sur 2 491 inscrits.

Avec Vel-Durand maire, Julien Périn, socialiste indépendant et Chéri Arnaud sont élus adjoints. Ce dernier est remplacé en 1921 par Stephen Durande puis, lorsque le maire fait démettre Julien Périn, Léon Roux le remplace comme adjoint en septembre 1923.

En février 1923, Roux a pris part, en tant que vice-président, à la constitution de la section de Joinville de la Ligue de la République, qui groupe tous les partis de gauche « pour faire échec à la réaction ». Elle est présidée par un socialiste indépendant, René Caperon, ouvrier des PTT, mais ce dernier s’en séparera pour se rapprocher de Vel-Durand à la faveur des élections municipales de mai 1925.

Roux reste par contre fidèle au groupement des gauches qui s’esquisse derrière Briolay ; cependant, c’est Vel-Durand qui emporte le scrutin et Roux n’est pas réélu.

Amédée Léon Roux meurt le 13 mai 1932 à Joinville. Il était âgé de 83 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant. Par contre, il avait adopté Maurice Charles Kiehl (1911-2000). Roux était décoré des Palmes académiques, comme officier d’académie en 1906 puis comme officier de l’instruction publique en 1912 pour son rôle à la caisse des écoles. Il avait également obtenu en janvier 1911 la médaille d’honneur de la Société pour l’encouragement au bien.

Caricature du Cartel des gauches de 1924

 

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