Albert Joseph Antoine Guichard naît le 5 mars 1924 à Saint-Bonnet-le-Château (Loire). Il est le fils de Simone Lombardin et de son mari Joannès Guichard, quincailler, originaires de Saint-Jean-Soleymieux (Loire). Il n’est pas recensé avec ses parents entre 1926 et 1936, contrairement à ses deux sœurs et à son frère aînés, et a donc été probablement confié à de la famille. Selon les historiens André Caudron et Nathalie Viet-Depaule, il est élève au lycée Ampère de Lyon (Rhône) de la sixième à la seconde, puis en classe de première au petit séminaire de Montbrison (Loire). Pendant la deuxième guerre mondiale, il passe son bac en tant que candidat libre puis s’inscrit en première année de sciences politiques à Lyon. A la fin de la deuxième guerre mondiale, Albert Guichard fait deux années de service social au Secours national puis à l'Entraide française qui lui succède à la Libération,, où il fait fonction de chef de service.
En 1945, Albert Guichard rejoint le séminaire de la Mission de France à Lisieux (Calvados). Selon Oscar Cole Arnal, il fut attiré par la Mission « elle représentait... un vent de révolution dans l’église, une rénovation dans tous les domaines ». Il fait un stage d’un an dans une des équipes de prêtres-ouvriers, à Givors (Rhône), où il est chargé du catéchisme et des colonies de vacances. Il est ordonné prêtre du diocèse de Lyon le 24 mai 1951. Incorporé à la Mission de France, il poursuit des études supérieures à la Faculté de théologie de Lyon dont il est licencié.
Toujours selon des témoignages confiés à André Caudron et Nathalie Viet-Depaule, ses parents, hostiles à sa vocation, lui avaient refusé toute aide financière. Il est pris en charge matériellement par la paroisse catholique lyonnaise de Saint-Pothin (3e arr.). Domicilié à Vénissieux (Rhône), il y anime des groupes d'action catholique. Durant l’été, Albert Guichard, alors âgé de 26 ans, obtient du cardinal-archevêque de Lyon, Mgr Gerlier, l'autorisation d'entrer au travail et devient ainsi un des derniers prêtres-ouvriers, ainsi qu’un des plus jeunes. Il est en usine à Saint-Étienne (Loire).
Le 1er mars 1954, le pape Pie XI interdit aux prêtres de travailler en usine. Albert Guichard décide de refuser, avec 72 autres prêtres-ouvriers Ils publient un texte dans lequel ils déclarent « Nous ne pensons pas que notre vie d’ouvriers nous ait jamais empêchés de rester fidèles à notre foi et à notre sacerdoce. (…) La classe ouvrière n’a pas besoin de gens qui se « penchent sur sa misère » mais d’hommes qui partagent ses luttes et ses espoirs. En conséquence, nous affirmons que nos décisions seront prises dans un respect total de la condition ouvrière et de la lutte des travailleurs pour leur libération. »
Il figure parmi les dix réfractaires de l’équipe de Lyon, Saint-Étienne et Givors qui envoient, le 23 mars 1954, une lettre adressée à l'archevêque de Lyon, Albert Guichard mentionnant son appartenance à la Confédération générale du travail (CGT) et au Mouvement de la paix, organismes proches du parti communiste à cette période.
D’après la notice que lui consacrent André Caudron et Nathalie Viet-Depaule dans le Maitron (Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français), Albert Guichard fait partie, en mai 1955, d’une commission des insoumis qui se réunit à pour traiter de la question « Comment, coupés de l'Église, garder une vie de foi ? » Dans une lettre du 13 janvier 1955, il écrit : « Il paraît impensable à un nombre de plus en plus grand de croyants et de prêtres dont je suis que les membres de l'Église et en particulier sa hiérarchie se bloquent indéfiniment et s'enferment dans l'ancien monde, la société et le régime bourgeois qui s'opposent par la force à l'établissement du monde plus fraternel qui se fait. Le seul vœu que je forme en ce début d'année, c'est donc celui pour lequel j'ai engagé ma vie : que le message évangélique ne soit pas injustement rendu inaccessible à des millions d'hommes "nouveaux" par la faute de ceux qui le lient en fait au monde bourgeois, quelles que soient leurs intentions ou leurs inconsciences. Ce ne sont pas des mots pour nous, mais une profonde réalité, puisqu'y être fidèle entraîne pour nous ruptures, incompréhensions, discrédit, sanctions et écueils pour notre foi elle-même. »
En 1957, Albert Guichard rejoint le bureau d’études en urbanisme BERU, fondé sous forme de société coopérative ouvrière de production (SCOP) par Max Stern, qui regroupe des chrétiens progressistes dont un autre prêtre, Maurice Ducreux. Il est sociologue et économiste. Le BERU travaille, souvent avec les municipalités communistes, à la rénovation de la banlieue parisienne. À l'automne 1958, Albert Guichard rejoint la CEGOS, organisme privé de formation continue professionnelle.
Installé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), il quitte définitivement sa condition de prêtre et obtient sa réduction à l'état laïc des instances catholiques à Rome. Il épouse à Joinville, en février 1963, Paule Goubely, technicienne en publicité à Sedan (Ardennes), elle-même divorcée. Ils se séparent en automne 1965.
S’étant spécialisé dans l'étude de l'aménagement urbain des pays du Tiers-Monde, Albert Guichard séjourne au Brésil. Il épouse, en mai 1967 à Paris (12e arr.), Estella Pereira de Macedo. Il poursuit son activité, notamment pour le compte du ministère français de la Coopération et du secrétariat des missions d'urbanisme et d'habitat.
Albert Guichard meurt le 6 mars 2006 à Recife (Brésil). Il était âgé de 82 ans.
Joinville-le-Pont, années 1960
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